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Bulletin ouvrier : Lutte de classe dans le Léon (1) - Grève à la CBA

jeudi 27 octobre 2005

Ce bulletin est le récit et l’analyse d’une grève qui s’est déroulée à la CBA (Compagnie Bretonne de l’Artichaut) en juin et juillet 2005. Il est le fruit d’un travail mené en commun par des camarades de Mouvement Communiste et plusieurs ouvriers ayant fortement participé à l’animation de la grève. La première partie a été rédigée avec la participation de deux salariés de la CBA ; la seconde par des camarades de Mouvement Communiste.

Comme nous le disions déjà en 1995 : « Que des militants différents sur le plan de la tradition politique se retrouvent aujourd’hui et partagent l’essentiel en matière de préoccupations et de conceptions concernant les luttes défensives (ce qui n’empêche pas les divergences dans d’autres domaines), dans le cadre d’une structure à la fois plus vaste, plus ouverte ne peut qu’inciter à persévérer, à l’heure où la voix des communistes est dramatiquement absente en milieu ouvrier. C’est ainsi que nous souhaiterions faire de notre regroupement un lieu stable voué à l’écoute attentive des ferments ouvriers et, si possible, un lieu privilégié où une intervention concrète au sein des luttes pourrait s’élaborer. …. Cette activité globale se déploiera, bien sûr, à partir d’acquis et d’objectifs communs à savoir : la nécessaire participation aux luttes économiques défensives du prolétariat, en vue de la cristallisation d’un milieu ouvrier minoritaire d’avant-garde en rupture avec les organisations syndicales intégrées à l’Etat capitaliste. »

Il est nécessaire de rappeler la difficulté énorme de cette démarche qui, si elle ne veut pas se confiner à l’énonciation de quelques généralités caricaturales sur les « syndicalistes traîtres » et les vertus des « extensions miracles », devra se nourrir d’études détaillées des capitaux individuels concernés par les conflits afin d’offrir aux prolétaires combatifs des outils efficaces pour l’action et, par là même, une intelligence claire de leur condition. La reconstitution d’un authentique milieu prolétarien révolutionnaire est à ce prix.

Si des militants de Mouvement Communiste participent au Bulletin Ouvrier, cela ne fait pas de celui-ci la structure « ouvrière » - de même qu’il n’existe pas de structure « jeune » ou « immigrée » - où il irait racketter des militants. Comme toute formation communiste digne de ce nom, Mouvement Communiste prépare sa disparition dans un ensemble organisé plus vaste dont il ne prétend être ni le pépin, ni le noyau, ni l’embryon.

Une existence plus régulière, plus rayonnante de ce bulletin constituera une première preuve concrète de l’avancement de ce projet.

Pour tout contact, écrire, sans autre mention, à : Christian Fletcher, 17 rue de l’Alun 91630 - Marolles en Hurepoix.

Introduction Le lundi 21 juin 2005, des salariés de la CBA (Compagnie Bretonne de l’Artichaut) décident de lancer une grève illimitée, en réaction aux licenciements massifs annoncés par la direction. Elle va durer 22 jours, être payante et les salariés vont en sortir la tête haute.

Ce mouvement de grève des salariés de la CBA s’est déroulé, entre juin et juillet 2005, au cœur du pays léonard en Bretagne. C’est une région fortement agricole ; les mouvements de prolétaires y sont très rares. Le respect du travail y est très fort.

La CBA (Compagnie Bretonne de l’Artichaut) est une usine de surgélation de légumes, filiale de la SICA (Société d’Initiative et de Coopération Agricole) de Saint-Pol-de-Léon (Finistère). La SICA représente le 1er groupement français de la branche fruits et légumes avec 2 000 exploitants agricoles, et constitue, avec trois autres groupements finistériens, l’association de mise en marché du Nord Finistère. En 2004, la SICA a annoncé un chiffre d’affaires de 206 millions d’euros et a assuré, entre autres, une production de 40 000 tonnes d’artichauts. Elle est présidée par M. Bihan-Poudec, agriculteur et maire d’une petite commune du pays léonard (Plounéour-Trez).

En 1992, Alexis Gourvennec, fondateur et président, à l’époque, de la SICA, de la société de navigation Brittany Ferry et de CERAFEL augmenta ses parts dans la CBA jusqu’à 99,7 %. Entre 1998 et 2000, la CBA produisait 20 000 tonnes de légumes surgelés et 2 000 tonnes de légumes appertisés (conserve). Puis la production est retombée entre 12 000 et 15 000 tonnes de produits finis. Aujourd’hui, la CBA (avec un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros) connaît de grosses difficultés financières et une perte de 8,6 millions en 2004 après les 3,57 millions de 2003. Depuis 1992, la SICA n’a jamais investi dans le renouvellement du parc des machines, qui ont toutes plus de 15 ans.

En mars 2004, après l’échec de la revente de la CBA à ARDO, (groupe belge qui possède 15 usines de surgélation de légumes en Europe), qui prévoyait de garder tous les salariés, un premier plan de licenciement est envisagé.. Mais, suite à une action en justice des syndicats, le plan social fut annulé le 12 octobre 2004.

En mars 2005, la CBA annonce un nouveau plan de licenciement. Le plan social évolue de 87 licenciements, au départ, sur les unités de Saint-Pol-de-Léon et Plouénan, à 145 licenciés sur un total de 190 salariés. Au final, il doit rester 43,1 postes (selon les données de la direction) dont deux à la production pour 8 agents de maîtrise ! Le projet de la CBA consiste à remplacer les CDI par des contrats précaires. Les ouvriers sont employés uniquement pendant les périodes de récoltes.

L’usine se compose :

- d’une majorité d’employés et ouvriers (159),
- d’intermittents (8),
- d’un apprenti,
- d’agents de maîtrise (14),
- de cadres (7).

Après les licenciements, il restera :

- 29,8 employés et ouvriers,
- un apprenti,
- 8 agents de maîtrise,
- 4,3 cadres.

Les salariés ont pour la plupart 15 ans d’ancienneté et une moyenne d’âge de 40 ans. Les conditions de travail sur les chaînes de production sont très dures. Le bruit des machines est incessant, les décibels sont excessivement élevés. Le port obligatoire des protections auditives est plus ou moins respecté car elles sont difficiles à supporter toute la journée. Le temps de travail est organisé en deux équipes de sept heures. Les cadences de conditionnement et de production sont intensives et les postes mal adaptés. La vétusté des machines renforce la pénibilité du travail. A cela se rajoute la forte odeur des légumes, l’humidité et le froid.

En réponse au plan social, la pression commence à monter. A l’appel de l’intersyndicale, formée par la CFDT et FO, une assemblée générale se tient le 8 juin 2005 avec une participation d’environ 80 salariés.

Les travailleurs sont très remontés contre la direction qui leur propose un mois de salaire, différencié selon les coefficients, en plus des indemnités légales de départ qui sont de deux mois de préavis, plus un pourcentage par année d’ancienneté. Ils décident majoritairement de lancer un mouvement de lutte pour obtenir une prime de 20 000 € en complément des indemnités. Lors de cette réunion, ils décident d’une série de débrayages, d’une heure par jour, qui vont se tenir dans la semaine du 9 au 17 juin.

Si les ouvriers n’avaient pas fait grève jusqu’à ce moment-là, c’est parce qu’ils avaient préféré attendre la pleine saison d’artichauts pour avoir un moyen de pression plus important et démarrer un combat dur.

A l’issue de ces grèves et des perturbations provoquées dans la production, au vu de l’importance de la mobilisation et de l’absence de réponse de la direction, une assemblée est décidée le lundi 20 juin à 6 heures du matin. Elle se déroulera sur le parking de la CBA à Saint-Pol-de-Léon. Ce sera le point de départ de la grève illimitée. 1ere semaine de grève

Lundi 20 juin

Environ 80 salariés se réunissent en assemblée à 6 h sur le parking de l’usine de Saint-Pol-de-Léon. Vote à main levée et à l’unanimité de la grève illimitée.

Sur le site de Saint-Pol-de-Léon, usine principale de production de l’artichaut, seules 5 machines sur 27 tournent sans les mécaniciens d’entretien qui sont au nombre de trois.

Les grévistes se battent pour un vrai reclassement et une prime de 20 000 €. Ils votent la poursuite ou l’arrêt de la grève tous les matins.

L’intersyndicale (FO et CFDT) prend la parole pour faire le point sur la situation. Le Comité des chômeurs et solidaires des Pays de Morlaix vient soutenir les grévistes. Ses représentants évoquent l’idée d’une caisse de soutien. Les grévistes sont cependant réservés sur cette proposition car ils ne savent pas ce qu’est devenue la dernière caisse de grève. Des salariés suggèrent d’organiser des repas réguliers entre salariés en lutte, mais un délégué FO du Comité d’entreprise (CE) rétorque qu’il n’y a plus de sous dans la caisse du CE (info démentie par la suite par un membre de cet organisme).

Les grévistes passent à l’action…

Le matin, les grévistes décident d’aller voir M. Bihan-Poudec à sa mairie. Les représentants du Comité de chômeurs proposent de fournir aux salariés, draps et bombes de peinture pour fabriquer des banderoles, ce sera sa première action concrète de partage du combat des salariés en grève.

Une délégation, composée des délégués syndicaux, d’élus du CE et de trois salariés, est reçue par le maire. Une réunion des représentants du CE avec M. Bihan-Poudec et le directeur de la CBA doit avoir lieu à 16 heures. Les salariés rentrent chez eux à midi.

Ce jour-là, aucune information n’est diffusée sur l’état de la production, même si l’on imagine qu’elle est fortement perturbée.

Mardi 21 juin

Vote à main levée et à l’unanimité d’environ 80 grévistes (une seule abstention) pour continuer la grève malgré l’appel à la reprise lancé par la CFDT

La CFDT, dans son intervention, prétend « avoir obtenu des avancées » : 40 salariés pourraient être gardés en contrats intermittents de 600 h à 900 h par an ; 10 CDI de plus seraient gardés (les plus de 50 ans…) et deux mois de salaire en plus du mois proposé au départ (toujours différenciés selon les coefficients). Certains grévistes s’insurgent : « La dernière fois déjà on a dû influencer la CFDT pour continuer la grève. On ne va pas arrêter au bout d’un jour de grève sinon la SICA va penser qu’on est des moutons et qu’ils ont gagné. »

La CFDT fait pression pour que les votes se fassent à bulletins secrets. Un membre de FO défend auprès des salariées, la proposition du vote à main levée.

La direction a contacté tous les non-grévistes par téléphone ou directement sur leur lieu de travail afin qu’ils se déplacent pour faire basculer le vote à la faveur d’une reprise. Ils sont une trentaine à se déplacer. Le délégué départemental FO, rappelle que seuls les grévistes sont légitimes pour voter car ceux qui n’ont pas participé au mouvement ont accepté dans les faits ce que la direction propose. A l’exception près du mardi 5 juillet, le représentant FO sera présent tous les matins jusqu’à la fin de la grève. C’est le responsable de l’union départementale. Il est détaché de son emploi (dans son cas, la fonction publique) et travaille à plein temps pour le syndicat. Il intervient dans les différentes grèves qui ont lieu dans la région.

Les grévistes décident à l’unanimité que les votes se feront à main levée. La présence des femmes est très forte. Elles sont particulièrement virulentes pour défendre leur droit à la grève.

La CFDT, renforcée par la présence de son délégué départemental, appelle tous ses adhérents à reprendre le travail. Mais la majorité de ceux-ci répondent « on a voté, on ne revient pas sur le vote ».. Cependant, certains d’entre eux n’iront pas défiler dans les rues de Saint-Pol-de-Léon. Le directeur de la CBA, M. Le Floch, est présent en se montrant très agressif à l’égard des travailleurs en lutte.

Les grévistes investissent la ville de Saint-Pol-de-Léon

Les salariés partent à pied au centre ville de Saint-Pol-de-Léon. Le cortège est ouvert par le camion sono de FO. Ils distribuent aux passants et automobilistes des tracts rédigés par les responsables FO et CFDT.

Mercredi 22 juin

Assemblée Générale à 9 heures sur le parking de Saint-Pol-de-Léon ; environ 90 grévistes présents

Un délégué départemental CFDT présent ce jour-là appelle à nouveau les grévistes à la reprise et demande à nouveau le vote à bulletins secrets. Les grévistes refusent et s’expriment pour la poursuite de la grève. Six adhérents de la CFDT votent pour la reprise, d’autres ne choisissent pas.

Le directeur parvient à faire reprendre le travail à une dizaine de salariés en les prenant par petits groupes pour les convaincre. L’ensemble des travailleurs a reçu le matin un courrier de la direction plaidant pour la reprise.

Les grévistes vont déranger le sous-préfet

Le délégué départemental FO, qui n’est pas parvenu à obtenir un rendez-vous avec le sous-préfet, propose aux ouvriers d’aller le voir tous ensemble.

Les grévistes se déplacent en convoi escargot jusqu’à la sous-préfecture de Morlaix. Pendant la réunion, quelques-uns d’entre eux vont distribuer dans le centre ville les tracts FO-CFDT. Tracts écrits par les responsables syndicaux. Participent à la réunion, les délégués départementaux FO et CFDT, deux délégués syndicaux FO et CFDT de la CBA, la secrétaire du CE FO et un délégué du personnel de la CFDT. A la sortie, un représentant de FO rend compte de la rencontre à l’assemblée. Après quoi, les participants se quittent en se donnant rendez-vous le lendemain.

Jeudi 23 juin

Assemblée générale à 9 heures : environ 80 salariés. Bilan du CE extraordinaire du matin et de la rencontre entre le sous préfet, la CBA et le CE : pratiquement pas d’avancées. Que du flou.

Les deux syndicats en place s’accordent pour proposer aux grévistes le vote à bulletins secrets. Ils disent d’agir ainsi « sous la pression du sous-préfet »... Les salariés choisissent à nouveau la méthode de la main levée. Cette modalité de vote va être conservée jusqu’au dernier jour de grève.

Le directeur prétend que les salariés de la CBA vont conduire la boîte au dépôt de bilan comme pour la société Europa. Le délégué départemental FO fait venir un salarié FO de cette entreprise, pour expliquer aux salariés et répondre au directeur que le contexte n’était pas du tout comparable à celui de la CBA.

M. Le Floch apporte les photocopies du compte rendu du CE du matin signé de sa main. Il n’y en a pas assez pour tout le monde. Les salariés en font des boulettes et avions et les jettent aux pieds du directeur. Les grévistes refusent l’accord à l’unanimité (une abstention) et votent à la majorité pour poursuivre la grève. Trois adhérents de la CFDT votent contre.

Avant que les salariés ne se dispersent, du sein de la CFDT surgit la proposition de rédiger une pétition. Plusieurs travailleurs participeront ainsi à la rédaction collective d’un tract signé par l’intersyndicale. Vendredi 24 juin

Environ 80 salariés présents. Vote à la grande majorité pour la reconduction de la grève, deux contre.

La CFDT n’est plus représentée sur le terrain. L’intersyndicale est cassée, un délégué CFDT qui est en congé maladie est resté chez lui, deux autres ont repris le travail.

Des membres du Comité de chômeurs et des ouvriers révolutionnaires venus également soutenir les grévistes relancent la proposition de la caisse de soutien. Plusieurs d’entre eux prennent la parole à ce sujet. Sa création sera finalement adoptée en fin de matinée. Les salariés déposeront une quinzaine de boîtes dans les commerces de la ville.

Un membre de la CFDT présente une pétition commune signée CFDT-FO dénonçant l’embauche de salariés saisonniers intermittents ou intérimaires en remplacement de ceux à temps plein et appelant la population à se mobiliser pour le droit à un vrai travail, un vrai salaire et contre la précarité et la flexibilité.

La direction a fait savoir à un délégué du personnel de FO qu’elle ne se présenterait plus devant les salariés comme cela avait été le cas jusqu’ici. Ce qui signifie qu’elle n’accepterait plus de négocier directement avec l’assemblée des grévistes. Le patron réservait désormais ses entretiens à la seule CFDT et affirmait qu’il n’accorderait le paiement d’aucune heure de grève. Le délégué de FO va choisir de ne pas communiquer ces informations aux grévistes pour ne pas leur « casser le moral ».

Les grévistes se rendent au marché au cadran…

Dans la matinée, les salariés de la CBA envahissent le « marché au cadran » (marché aux enchères des légumes) de la SICA en face du site de Saint-Pol-de-Léon. Des représentants de FO s’adressent aux acheteurs. Les salariés leur distribuent le tract FO-CFDT et leur proposent les pétitions. Une majorité d’entre eux la signe. Puis, un cortège de voitures est organisé jusqu’au siège de la Brittany Ferry, à Roscoff. Les salariés de la CBA ne rencontrent quasiment personne dans le hall de la compagnie maritime. Ils n’ont aucun contact avec les responsables. Le cortège de voitures repart du port vers le centre de la ville en bloquant la circulation. Les grévistes en profitent pour distribuer les tracts FO-CFDT.

Les propositions de la direction apparaissent très floues aux travailleurs. Certains parlent de 3 000 € de prime de départ ; d’autres ne savent pas trop. Le montant de la revendication n’est pas précisé en assemblée. Il ne sera voté que le dernier jour de la grève. Pourtant, le délégué départemental FO a annoncé la veille par voix de presse la revendication de 10 000 €. Certains salariés ne semblent pas comprendre pourquoi les syndicats sont passés d’une revendication de 20 000 € à 10 000 €. « Pourquoi avoir coupé la poire en deux ? », s’interrogent-ils. Certains répondent qu’« on demande trop ». D’autres rétorquent qu’« il faut demander plus ». « On aurait dû exiger 15 000 €. C’était plus facile de les convertir en francs », avance un travailleur. Tout le long de la semaine les assemblées sont lancées et menées par les représentants syndicaux.

Samedi 25 juin

Le Comité de chômeurs se rend sur le marché avec les caisses de soutien pour informer la population. Un salarié de la CBA, qui a lu dans la presse locale l’appel à soutien du Comité, rejoint les membres de l’association. 93 € sont récoltés.

Des articles dans la presse locale (Ouest France et Télégramme) font bondir les membres du Comité de chômeurs : la CFDT négocie avec la direction malgré son retrait de la lutte et appelle par journaux interposés à la reprise du travail. Elle prétend que 144,5 emplois seraient sauvés grâce à son action ! Il n’en est rien.

Le Comité de chômeurs renouvellera ce rendez-vous sur le marché de Morlaix les deux samedis suivants et sera rejoint par quelques grévistes. Ils récolteront 130 € et 129 €. 2eme semaine de grève

Lundi 27 juin

Vote des 75 salariés présents à l’unanimité pour la poursuite de la grève

Le délégué départemental FO, prend la parole et dénonce les agissements de la CFDT. Un délégué du personnel décide, à la suite des articles parus le week-end dans la presse locale, d’inviter les journalistes aux portes de l’usine. Ceux du Télégramme et d’Ouest France répondent à l’appel. Ils leur précisent que « ce sont les salariés qui gèrent leur grève et non pas les délégués ».

Un groupe de salariés, d’élus et de membres du Comité de chômeurs font le décompte de la caisse de soutien et en confie la somme collectée aux représentants du CE. Les collecteurs souhaitent que la somme de 93 € soit annoncée avant le vote afin d’encourager les grévistes. Un salarié élu tente d’en faire part au micro mais sera repoussé par le délégué départemental FO.

Ça ne tourne pas rond au rond-point du pont de la Corde

Les grévistes décident de bloquer le rond point du pont de la Corde à quelques kilomètres de Saint-Pol-de-Léon, lieu stratégique de l’axe Roscoff-Morlaix. Arrivés sur place en cortège escargot, ils interceptent un camion d’artichauts de la CBA et le vident sur la voie express bloquant ainsi sa sortie pendant plus d’une heure. La satisfaction des grévistes est grande.

De là, un cortège d’une vingtaine de voitures repart sur Plouénan afin de rencontrer le maire de la commune où se trouve la maison mère de la CBA. Ce dernier n’a pas encore manifesté publiquement la moindre marque de sympathie à l’égard des travailleurs licenciés. Cette fois, les grévistes ne resteront pas à l’extérieur du bâtiment pendant qu’une délégation rencontre le maire. Tous rentrent en force dans la mairie. Certains délégués ouvrent la discussion avec l’adjoint au maire, des grévistes habitant la commune interviennent. L’adjoint au maire certifie que la municipalité adoptera un communiqué de soutien. A 12 h 30, le rassemblement prend fin.

Quelques discussions se font en aparté. Certains pensent que la plupart va reprendre le mercredi suivant, après la réunion du CE. Un élu FO déclare « qu’il faudra bien reprendre un jour et qu’on pourra toujours faire des débrayages ». Depuis plusieurs jours déjà, le syndicat FO affirme que : « de toute façon, la direction sait très bien que si les salariés reprennent le travail, ils ne seront pas motivés tant que les négociations n’auront pas lieu. »

Mardi 28 juin

73 salariés présents, sur le parking habituel.

Une réunion du CE consacrée au plan social doit se tenir dans l’après-midi. Les grévistes décident à la majorité de reporter au matin suivant leur avis sur le plan social. Six salariés préfèrent prendre position dès la sortie de la réunion du CE en arguant que certains travailleurs ne seront pas présents le lendemain.

Des signes de découragement apparaissent et quelques grévistes annoncent leur reprise du travail pour le lendemain. Le moral baisse. Les difficultés financières se font sentir.

Des frictions apparaissent au sein de la section FO de l’entreprise. Malgré les hésitations de certains, les élus de ce syndicat décident d’apporter leurs heures de délégation à la caisse de soutien (équivalent en salaire de 20 heures en moyenne). Le syndicat FO suggère de reprendre le travail et opérer des débrayages ensuite. Un de ses adhérents annonce d’ores et déjà que l’assemblée du matin suivant sera « la dernière ».

Un mécanicien FO qui veut reprendre le travail dit : « Ils arrivent quand même à faire tourner les chaînes car certains mécaniciens ont repris ; quand on débrayait c’était plus efficace car les femmes à la chaîne ne pouvaient plus travailler »

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