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Dans le monde, une classe en lutte Juin 2004 (1)

mardi 20 juillet 2004

Arrivé à l’apogée de sa puissance, le capitalisme est aussi arrivé au plus haut point de sa vulnérabilité ; il ne débouche nulle part ailleurs que sur la mort. Si faibles que soient les chances de révolte, c’est moins que jamais le moment de renoncer au combat (P.Mattick)

ECHANGES ET MOUVEMENT, BP 241,75866 PARIS CEDEX 18, FRANCE

Dans le monde une classe en lutte JUIN 2004 PUBLICATION DIFFUSEE GRATUITEMENT

C’EST TOUJOURS POSSIBLE

La technique capitaliste contre le capital

Avril-mai 2004 - Toutes les armées du monde ont toujours tué, torturé, violé, pillé, ce n’est un secret pour personne et les conventions style Genève pour " moraliser " la guerre ne peuvent gommer le fait que la guerre est faite pour tuer et qu’un bon ennemi quel qu’il soit, civil ou militaire, est un ennemi mort... La censure, dont le " secret d’Etat " couvrait les exactions de la " Grande Muette ", garantissait jusqu’ici le voile pudique sur les faits et méfaits de toutes les armées, les " révélations " ne venant que longtemps après pour la gloire des historiens... et de quelques humanistes. Aujourd’hui, n’importe qui sur le théâtre des opérations(élargi aux prisons et aux camps) peut pour sa petite gloriole combattante utiliser un portable numérique (un outil si inoffensif) et envoyer à la famille et aux copains des images de ses faits et méfaits. Le tout, balancé sur le Net par des mains glorificatrices, se retourne dans un effet boomerang pour révéler la réalité sordide et cruelle de la guerre. Et la censure n’y peut rien sauf, tardivement, interdire les téléphones portables sur ces théâtres d’opérations. Gageons que la technique capitaliste poussée par le profit engendrera d’autres perspectives révolutionnaires.

La technique capitaliste contre le capital(bis)

" Un spectre hante le capitalisme, la gratuité. " L’accusé est encore Internet. Après le logiciel gratuit plus ou moins récupéré, voici l’expansion imprévue des échanges P2P qui fait resurgir la pratique ancestrale précapitaliste du don qui touche toute l’industrie du spectacle. La course au profit dans certains secteurs conduit d’autres à la gratuité et à la disparition du profit, évolution ultime du progrès technique. Cela fait partie des nombreuses contradictions du système capitaliste, qu’il est incapable de prévenir et qui sapent de plus en plus son assise - la réalisation du profit -. Mais il tente toujours de colmater ces brèches, alors que d’autres s’ouvrent poussées par sa propre logique de fonctionnement.

Un mouvement autonome aux multiples têtes

Après la grève des nettoyeurs de trains et celle des transports urbains (voir précédents bulletins), l’Italie connaît une lutte du même genre mais dans un tout autre secteur, l’automobile et qui, pour être localisée, n’en est pas moins significative.

Fiat Melfi, à 160 km de Naples, avait été ouverte en 1993 dans les " vertes prairies " pour exploiter une main-d’œuvre abondante et supposée docile (20% de chômage régional) avec la bénédiction financière de toutes sortes d’aides au capital et inaugurant l’association de techniques de production ultra-modernes, d’une organisation non moins moderne de la chaîne d’approvisionnement, avec une discipline de fer héritée d’un autre âge. La nouvelle organisation regroupait, à proximité de l’usine mère, des sous-traitants rendus responsables de la production de pièces sous le régime du flux tendu (5 000 ouvriers pour l’usine de montage et 3 300 dans la nébuleuse des sous-traitants). Pour la discipline, outre le fait que les salaires étaient largement inférieurs à ceux des usines du Nord, avec des horaires très contraignants dans le cadre d’une flexibilité totale de jour comme de nuit, la moindre incartade valait une sanction. Quand elle n’était pas provoquée par exemple par l’impossibilité d’annoncer par téléphone un arrêt de travail parce que simplement la ligne était volontairement bloquée. En trois ans, 9 000 sanctions disciplinaires, et 5 000 pour la seule année 2003. L’usine " modèle " était si performante que la restructuration de Fiat de ces dernières années l’avait totalement épargnée, alors que celles du Nord connaissaient la ronde des licenciements.

La révolte est partie des travailleurs d’un sous-traitant mis à pied pour deux semaines. Ils ont établi des piquets et ont été rejoints par les ouvriers de l’usine mère. La grève a progressivement paralysé toutes les autres usines Fiat, approvisionnées en partie par Melfi. Un premier accord conclu par le syndicat FIOM (CGIL), qui s’est désolidarisé de la grève sauvage, ayant été rejeté, les flics sont intervenus pour rompre les piquets le 26 avril (7 blessés), mais sans qu’il y ait une reprise du travail. Finalement Fiat a dû céder en harmonisant les salaires et aménageant les horaires de travail trop contraignants..

La lutte paie

(quelquefois à plus ou moins long terme) Un jugement de cour d’appel a annulé les 104 licenciements de Cellatex (voir lointains bulletins) et accordé 2 ;8 millions d’euros d’indemnités. Les licenciés qui ne se sont pas laissé faire en auront bien besoin car sur 159 d’entre eux, moins de 50 ont retrouvé un emploi stable. (L)

AGRICULTURE -AGRIBUSINESS

ZIMBABWE - *8/3/04 - Conséquence des décolonisations succédant à une colonisation qui a détruit toutes structures préexistantes. Deux années de sécheresse, l’exode des fermiers blancs, le partage de grands domaines exploités industriellement au profit souvent d’ex guérilleros inexpérimentés et le SIDA qui touche près du 1/4 de la population ont entraîné une telle chute de la production agricole que ce pays riche des sols de des climats ne survit que grâce à une aide alimentaire mondiale. (NYT)

AFRIQUE DU SUD- *13/4/04 - Malgré toutes les promesses de l’ANC - parti (autrefois clandestin des Noirs) au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, cela fait dix ans -, seulement 3% des terres ont été redistribuées à 700 000 Noirs. Les Blancs (moins de 10% de la population totale) possèdent toujours 70 % des terres cultivables (à ce rythme il faudrait quatre-vingts ans pour réaliser la promesse de redistribuer 30% des terres). En 2001, des tentatives d’occupations par la force avaient été violemment réprimées mais d’autres sont signalées (voir précédent bulletin). Le pouvoir vit dans la hantise de l’effondrement agricole qui a suivi la redistribution des terres au Zimbabwe voisin. Le prolétariat agricole (taux de chômage 80% en milieu rural) est traité en esclave dans des conditions de travail (minimum de protection sociale non respecté) et de vie (pire que dans les bidonvilles) inégalées. Les tensions sont telles que les Blancs multiplient les protections sécuritaires contre les ripostes à leurs exactions et recourent à des mesures extrêmes pour maintenir la soumission dans la terreur alimentant encore plus le cycle de la violence sociale (récemment un propriétaire a tué un ouvrier agricole trop revendicatif en le balançant vivant dans l’enclos des lions d’une réserve). (L, FT, C)

BRESIL -* 12/4/04 - La carence du gouvernement " socialiste " du Parti du Travail qui ne peut tenir les promesses électorales faites aux " sans terres " (1% des exploiteurs occupent 45% des terres cultivables dont un tiers est laissé en friche) contraint le Mouvement des sans-terres à reprendre les occupations par la force : au cours des derniers mois, 53 propriétés ont ainsi changé de mains, ce qui est dénoncé par le gouvernement " socialiste " comme " atteinte à la propriété ", alors que Lula déclare que " La réforme agraire ne se fera pas par la force ". Présentées comme un moyen de pression sur le pouvoir, les occupations (tout comme la réforme agraire) provoquent les réactions violentes de propriétaires fonciers qui recourent comme autrefois aux milices privées pour récupérer leurs biens et à l’assassinat politique pour éliminer les leaders. (L, M, FT.)

AGRIBUSINESS

FRANCE -* 12/4/04 - Relocalisation - Quand le capitalisme d’Etat se transforme en se " libéralisant ", il donne naissance à des firmes plus puissantes que celles du " monde libre ". Chalkis, filiale agricole d’un trust chinois dérivé du complexe militaro-industriel " Corporation de production " du Xinjiang (un million de travailleurs à racheté les Conserveries de Provence. Pas de craintes pour les travailleurs de l’usine mais pour les paysans de la tomate car les tomates seront importées de Chine dont le coût est inférieur de 30 à 40 % à celui de la production européenne. (L.)

AUTOMOBILE

GRANDE-BRETAGNE - *Avril 2004 - Usine Peugeot de Ryton près de Coventry. En juillet 2003, pour éviter des licenciements, les ouvriers acceptent une réduction de salaires de 52 euros en moyenne par mois. Début avril 2004, on leur annonce 700 suppressions d’emploi (ceux qui ont moins de deux ans d’ancienneté). Réflexion d’un ouvrier : " Ici, le syndicat est réellement mené comme un business. " (SW.)

COMMUNICATIONS-MEDIAS

FRANCE - *7/4/604 - Il existe un marché de l’information financière et d’entreprise. ORT, une firme de cette industrie, emploie 430 travailleurs dont 200 à Rochecorbon, près de Tours (Indre-et-Loire). Après une série de cessions et rétrocessions, la boîte est reprise par COFACE, filiale des Banques Populaires (Nouvelle République). Dans une autre société du même genre, Press plus (revues de presse), 40 travailleurs sur 330 sont en grève à Clichy (banlieue nord ouest de Paris) pour les salaires et contre le harcèlement social (M).

- *10/5/04 - C’est bien connu que l’Etat a toujours donné le mauvais exemple quant à l’exploitation du travail. On révèle que les antennes régionales de France 3 emploient plus de 25 % de leurs effectifs en contrats temporaires, avec des pointes à 40 %. Et, pour éviter des histoires avec des revendications de transformation en CDI, elles ont mis au point un programme informatique spécial qui automatiquement met fin au CDD lorsque celui-ci atteint le seuil de 140 journées autorisé pour un CDD (L).

- *23/4/04 - D’ici 2009,un projet révélé par le syndicat SUD prévoit la suppression de 80 centres de tri sur 120. Démenti par la direction des postes qui n’en poursuit pas moins ses restructurations : 12 500 bureaux de postes vont être transformées en agences postales gérées par les communes ou par des commerçants. Les effectifs sont déjà passés de 272 622 (dont 206 000 fonctionnaires) fin 2002 à 267 954 (dont 194 846 fonctionnaires) fin 2003. Un peu partout, des conflits locaux marquent ces restructurations, accomplies au coup par coup pour ddésamorcer toute opposition globale : grève d’un mois à Niort des facteurs contre des suppressions de poste, le 6 avril à la poste principale de Lyon une grève pour les mêmes raisons.

GRANDE-BRETAGNE - * mars-avril 2004 - Les postiers britanniques sont toujours agités par des conflits locaux qui parfois s’étendent à une région. La direction, bien que battue en décembre par une grève sauvage qui menaçait de devenir générale, n’a pas renoncé pour autant à mettre en application un accord de restructuration voté par une minorité de postiers (voir précédents bulletins). Grève sauvage le 6 mars à Peterborough au Nord de Londres contre l’application desdites mesures. Le 6 même jour, grève sauvage au centre de distribution d’East London contre des sanctions prises à l’encontre de deux postiers puis, quelques jours plus tard, une autre grève sauvage : les toilettes étant inutilisables, les postiers du centre retournent à la maison. Le 15 mars, 100 postiers du centre de tri d’Asron à Birmingham contre le licenciement d’un postier accusé d’avoir bu lors de l’embauche. La direction prend comme mesure de rétorsion la suspension des heures sup pendant sept jours. Ce sont là des escarmouches quasi-quotidiennes mais le 17 avril, c’est plus sérieux à Oxford. La direction a cru bon, pour briser les résistances à la restructuration, d’embaucher une équipe temporaire de sept gros bras dont la mission n’est pas de travailler suivant les nouvelles règles mais de travailler à bras le corps les supposés " meneurs " ; un postier est attaqué par eux à la cantine et son fils menacé à la sortie de l’école, de même un représentant syndical est menacé à son domicile. La provocation d’un cadre déclenche une demande de sanction contre ce cadre. Contre ce harassement, 39 postier débraient trois quarts d’heure et tous reçoivent une lettre d’avertissement. Cela déclenche une grève sauvage le 30 mars avec comme revendication zéro tolérance de toute provocation. Mesures de rétorsion : suspension des heures sup et du temps de délégués. Près de 10 millions de plis sont bloqués. Habilement, la direction, pour éviter l’extension de la grève, ne les achemine pas vers d’autres centres de tri, mais la grève s’étend quand même à tous les centres postaux de la région d’Oxford. Après dix-sept jours de grève, un accord est signé par le syndicat CWU avec la direction locale, qui prévoit une enquête officielle sur les menaces, le déplacement de l’équipe des gros bras et l’annulation des mesures de rétorsion. La lutte continue, ce n’est qu’un armistice. (SW.)

DISTRIBUTION

FRANCE - *18/3/04 - A la société Sélecta (distributeurs de café et autres boissons), filiale du trust européen Compass, grève " illimitée " dans les agences d’Orléans, Tours, Blois et Paris pour les salaires et un reclassement des postes (Nouvelle République).

- *19/4/04 - Librairie Maxi-Livres, Gare de Lyon à Paris en grève depuis un mois et demi pour l’application des règles élémentaires du code du travail notamment celles concernant l’hygiène et la sécurité suspendent leur grève pour suivre un arbitrage et une plainte en justice (Métro).

- *31/3/04 - Une cinquantaine de grévistes manifestent à l’entrée de la FNAC Forum à Paris pour les salaires, grève suivie également dans d’autres magasins FNAC de Paris (Métro).

ELECTRONIQUE

FRANCE - *STMicroélectronique, dont l’Etat est actionnaire à 26%, en grève à Rennes depuis janvier contre la fermeture de l’usine, délocalisée à Singapour (voir précédents bulletins) (600 travailleurs et 150 précaires). Lors d’une manifestation à Montrouge (banlieue sud de Paris), devant le siège social lors d’une réunion du comité d’entreprise, les grévistes qui ont fait le déplacement en car doivent se bagarrer avec les CRS qui les contraignent à remonter dans les cars (2 blessés). L’usine est lockoutée ; en désespoir de cause, trois ouvrières font la grève de la faim devant l’usine (M,L).

ENERGIE-MINES

NORVEGE -* 13/5/04 - De temps à autre la dureté des conditions de travail dans l’exploration pétrolière, notamment sur les plates-formes de forage, se signale dans l’actualité médiatique par des conflits pleins de rebondissements et de difficultés, vu la nature très spécifique de ce travail (voir dans les précédents numéros de DLM des luttes en Alaska et en Ecosse, ou les problèmes au Nigeria ou en Bolivie, sans parler du Moyen-Orient). On apprend seulement maintenant les conditions d’exploitation des plongeurs ayant travaillé en Norvège (la plupart étaient salariés d’une entreprise française, la Comex). Ces plongeurs sous-marins ont contribué - et contribuent encore - à l’installation des plates-formes norvégiennes offshore. 235 plongeurs ont été ainsi exploités, bien payés mais pour un travail dangereux, sans aucune sécurité (notamment des profondeurs de plongée) de 1968 à 1995. 66 sont morts en plongée, 18 des suites d’accidents de plongée, et les survivants doivent affronter des séquelles physiques et psychologiques telles que tout travail leur est interdit. La plupart d’entre eux ont été licenciés sans indemnités et survivent avec des minima sociaux. Une tentative de réglementation a été établie en 1995 et un début d’indemnisation (quelques années de salaires) ne règle pas ce crime capitaliste. (L)

FRANCE - *24/4/04 - Incohérences capitalistes autour du profit à court terme. La dernière houillère de Lorraine est fermée dans un fracas médiatique alors que le charbon reste la deuxième énergie fossile (en Chine, Inde et aux Etats-Unis) pour la production d’électricité et l’industrie sidérurgique (la sidérurgie allemande, à court de coke, vient de racheter une cokerie en Lorraine) et que le prix du charbon ou du minerai de fer ont triplé (ainsi que le coût des transports maritimes de fret), ce qui rendrait de nouveau les mines fermées depuis des années compétitives. (M, FT.)

- 9/4/04 - Protestations platoniques rituelles contre le changement de statut et incertitudes pour les trusts nationaux EDF et GDF, changement que les syndicats semblent avoir plus ou moins accepté pourvu qu’ils gardent leurs prébendes syndicales. Car s’ils voulaient vraiment faire reculer le gouvernement, il y a bien d’autres moyens que les manifs rituelles. Une simple coupure de courant ciblée limitée suffirait à montrer qu’ils peuvent en peu de temps paralyser tout le pays. La coupure de l’éclairage public pour une nuit à Lille, Roubaix, Tourcoing et Wasquehal le 7 avril avant la manif nationale du 8 avril, si elle montre cette possibilité, montre aussi que cela peut se faire sans effet réel tout en le faisant croire (M,L).

RUSSIE - *Coup de grisou dans une mine de charbon du Kouzbass (Sibérie) : 44 mineurs assassinés par le défaut d’entretien et de mesures de sécurité dans toutes les mines du pays (M, FT).

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO (ex-Zaïre) -* 24/3/04 - 6 000 mineurs improvisés exploitent jour et nuit une ancienne mine d’uranium et de cobalt abandonnée par les trusts d’autrefois. S’y intéressent les pays proscrits du grand capital, les Nord-Coréens, les Iraniens et les Zimbabwéens intéressés par l’uranium, les Chinois, les Indiens intéressés par le cobalt. Les Etats-Unis veillent au grain et font pression sur Kabila, le chef de l’Etat, pour qu’il mette de l’ordre, pas contre la surexploitation des forcenés de la mine mais contre l’activité des " pays voyous " et autres trop puissants pour avoir droit à ce titre. Sans résultat.

On trouve une situation semblable dans des mines d’or du Zimbabwe, abandonnées par les trusts de l’or mais " reprises " dans d’effroyables conditions par des " mineurs bénévoles " qui alimentent, parfois au prix de leur vie, une contrebande de l’or. (M, FT.)

*Dans d’autres secteurs du Katanga, la hausse des cours des métaux rares attire de nouveau des exploitants dont les installations sont de véritables forteresses, protégées par des sociétés de sécurité principalement sud-africaines, dans un environnement où l’extrême pauvreté le dispute à l’insécurité des bandes rivales issues de la désintégration de l’armée (M).

ARGENTINE - *21/5/04 - Pour reconstituer le capital national, pour une bonne part dilapidé dans le pillage des prédateurs étrangers dans le sillage de la libéralisation de l’économie style FMI, le gouvernement essaie de recréer des sociétés nationales dans le pétrole et le gaz réduisant les exportations, d’où une crise avec le Chili et l’Uruguay dont les centrales tournent en partie avec pétrole et gaz argentin, échangeant du pétrole vénézuélien contre des vaches argentines (M).

GRANDE-BRETAGNE *- Au puits Kellingley à Pontefract (West Yorkshire), un des rares puits survivant à la privatisation Thatcher, 350 mineurs en grève 24 heures les 8 et 13 mars, pour protester contre de nouvelles pratiques de travail (horaires de travail de 95 à 145 heures par semaine, avec des équipes de 12 heures au fond). Nouvelle grève le 25 mars avec des menaces de rétorsion et de licenciement (SW).

- 6/3/04 - 60 ouvriers de British Gas en grève 36 heures pour une prime spéciale de résidence à Londres ; ils remettent ça le 6 avril (SW).

ENSEIGNANTS - EDUCATION

FRANCE - *Contre les restrictions de crédits entraînant des suppressions de classes, des parents agissent. Le 15 avril à Roubaix, au collège J.-B.-Lebas, une grève des parents contraint à l’embauche de 8 assistants d’éducation, dont la suppression avait totalement perturbé le fonctionnement (1). A tours, contre la nouvelle carte scolaire, manifestations. Dans différentes écoles d’Indre-et-Loire, protestations contre les fermetures de classes alors qu’en 2003, 500 élèves n’ont pu être scolarisés. (Nouvelle République.)

- 3/5/04 - Arithmétique - en 2005-2006 16.500 enseignants partiront à la retraite dans le secondaire et 15.700 dans le primaire Il n’est prévu de recruter dans le secondaire que 12.500 profs. Des mouvements dans 13 universités à la mi-mars contre la baisse drastique des postes de profs d’éducation physique offerts au concours (il y aurait 15.000 inscrits pour 780 postes alors que 1.800 postes sont vacants. Soupçons pour les 55.000 étudiants de cette discipline de manipulations pour transférer au secteur privé tout un ensemble de fonctions touchant au sport relevant actuellement de la fonction publique. Des mouvements similaires à la même époque dans différentes universités contre les restrictions d’embauche dans le secondaire et notamment des manifestations de 12/3/04 qui regroupent de 60 000 à 100 000 étudiants et chercheurs (M, L).

ESCLAVAGE - IMMIGRES DE PARTOUT

ESPAGNE - *16/3/04 - Déjà marqués par trois journées d’émeutes racistes, véritables pogroms, à El Edijo (Andalousie), les travailleurs agricoles marocains (50 000 gagnant 30 euros pour huit heures d’un travail épuisant et dans des conditions de vie particulièrement insalubres), subissent encore plus la pression de ce racisme agressif suite à l’attentat de Madrid du 11 mars (M,L).

BRESIL -* 13/4/04 - Pour endiguer l’insécurité croissante, fille de la misère, l’Etat de Rio a envoyé 1 000 flics dans la favella de la Rocinha pour ramener la " paix " dans une guerre des gangs qui a fait 18 morts en trois jours. Il a aussi fait appel à des unités spéciales de l’armée pour le contrôle des faubourgs pauvres, que le gouverneur propose d’entourer d’un mur en béton de 3 m de hauteur pour " protéger " les quartiers aisés de la ville (L).

FRANCE - * Bataille de chiffres sur les réalités de l’immigration en France (160 000 de plus en 2002). L’immigration (légale) aurait augmenté de 10% par an entre 1999 et 2002 mais il s’agirait essentiellement des régulations d’immigrés déjà sur place clandestinement. Il n’est pas du tout sûr que la politique sécuritaire ait eut un effet sur les entrées clandestines ou pas car la fonction économique est et sera de plus en plus dans les années à venir une nécessité pour le fonctionnement du capital (M, L).

ALLEMAGNE - *6/5/04 - Le parlement allemand discute d’une loi qui introduirait une immigration sélective préférentielle des travailleurs qualifiés avec des facilités d’établissement et des primes proportionnelles à la qualification. L’Allemagne compte déjà 7 ;3 millions d’immigrés " légaux " soit 9% de sa population. Le projet en question pourrait servir de modèle européen (FT)

INDUSTRIES CHIMIQUES

FRANCE - *7/4/04 - Hutchinson à Joué-les-Tours (Indre-et-Loire) en grève (manifs, etc.) du 31 mars au 7 avril pour salaires et primes. Reprise sans avoir rien obtenu (Nouvelle République).

-10/3/04 - Malgré toutes sortes d’actions bien contrôlées par les syndicats contre la fermeture en août 2005 des usines Altadis (ex-Seita) de Lille (546 travailleurs), Dijon (Côte-d’Or), Morlaix (Bretagne) et Tonneins (Lot-et-Garonne), rien n’a changé dans la décision de restructuration du trust franco-espagnol. Ceux de Lille, habillés de noir, s’allongent devant la mairie, des piquets paralysent l’entrée de l’usine pendant une nuit : voilà ce qui va faire changer le plan social qui prévoit deux tiers de " mesures d’âge " et 200 mutations, le reste en reclassement (L).

GRANDE-BRETAGNE - *On fait beaucoup de bruit médiatique quand une catastrophe minière ou autre se produit en Chine ou en Russie. Bien moins quand cela explose à l’Ouest. / 7 morts et 44 blessés (la totalité des travailleurs) dans l’explosion d’une usine de matières plastiques Stockline, filiale d’ICL à Glasgow (L).

LOISIRS - TOURISME

FRANCE - *les Intermittents du spectacle continuent leur guérilla depuis plus d’un an, donnant des inquiétudes à toute la classe moyenne des commerçants des villes festivalières de l’été, soucieux de leurs profit et clientèle électorale des partis au pouvoir, provoquant même des pressions au sein de la majorité : d’où l’amorce d’un semblant de dialogue autour d’une réforme de la réforme, mais à ce stade, il est difficile de savoir si ce n’est qu’une manœuvre électorale (avec même l’admission dans les discussions de la coordination, forme de lutte de base honnie des autorités et des syndicats) (M, L).

LUTTES GLOBALES

NEPAL - *1/2/04 - Des dizaines de manifestants à Katmandou contre la dictature monarchiste (la guérilla maoïste a fait plus de 9 000 morts depuis 1996).

IRAK - *Difficile de démêler la part du nationalisme, du religieux,etc.. dans ce qui se passe dans ce pays. Quelques faits seulement :

le 23/3, affrontement à Bassorah entre des troupes britanniques et des chômeurs qui manifestent pour demander du travail. 14 militaires blessés mais pas de chiffres du côté des irakiens.

*13 /4/04, à Nassiryah, tentative des religieux extrémistes de faire évacuer des usines et des ateliers pour en faire une base militaire. Les ouvriers de cette usine d’aluminium et de fabrication de sanitaires occupent l’usine pour la défendre contre cette intrusion (C).

*En février 2004, une Fédération des Conseils Ouvriers et des Syndicats (dont nous ne connaissons que le titre), qui veut mener une lutte politique contre le pouvoir religieux, présente une proposition d’une nouvelle loi du travail car le régime actuel et vraisemblablement le suivant mis actuellement en place, entend appliquer les lois sociales très restrictives du régime Saddam. (C.)

METALLURGIE

FRANCE - * 11/3/04 - Largesse ou prudence ou concession à la combativité - l’usine Wärtsilä-France, boîte finlandaise de diesels lents pour groupes électrogènes, restructure avec 267 licenciements sur 500 travailleurs à Mulhouse (Haut-Rhin) et 47 à Séclin (Nord). Ceux de Mulhouse avaient occupé l’usine et réussi à bloquer tout le réseau informatique de la firme (voir précédent bulletin). La direction est revenue sur ses propositions de n’allouer aux licenciés que le minimum légal et propose un plan social qui s’apparente à ce que Fiat avait prévu autrefois avec la « casa integrazione » : la firme paiera à chaque licencié 65% du salaire brut jusqu’à ce qu’il retrouve du travail et, en supplément, une prime incitatrice de 10 000 euros s’il y réussit dans les trois mois, 7 500 euros dans les quatre mois, 3 500 dans les cinq mois, ces délais étant allongés pour les travailleurs âgés de plus de 45 ans. Leur revendication de lutte était d’une indemnité de 15 000 euros augmentée de 2 000 euros par année d’ancienneté (ancienneté moyenne vingt ans). Si la firme propose, c’est qu’elle y gagne, en fric et en paix sociale.(M, L.)

26/4/04 - Sept semaines de grève à l’usine Alstom de La Courneuve (banlieue nord de Paris) contre un plan social qui supprime 291 emplois sur 500 (turbines) et 50 sur 200 (entretien). Le plan total pour toutes les usine Alstom prévoit 8 000 licenciements dans le monde, dont 1 862 en France.

EUROPE -*mars-avril 2004 - La valse des licenciements /délocalisations : Valeo (pièces détachées pour l’automobile) : d’ici 2010, 70% de la production sera délocalisée contre 25% actuellement Euromoteurs, filiale de Moulinex, licencie 248 travailleurs sur 381 General Trailers (équipements de camions en remorques) repris partiellement avec 675 licenciements sur 2 250 travailleurs. Volkswagen supprime 5.000 emplois en Allemagne mais développe sa production au Mexique. Daimler-Chrysler cherche en Allemagne 10 000 volontaires pour travailler 40 heures sans majoration pour heures sup.

Porsche veut faire passer 3 000 ouvriers aux 40 heures dans les mêmes conditions Dans toute l’Allemagne, 270 entreprises ont engagé des discussions avec les syndicats pour qu’à la volonté patronale, le temps de travail puisse être augmenté sans paiement des majorations pour heures sup à l’instar de ce qui a été conclu par le syndicat IG Metall dans le Bade-Wurtemberg (qui héberge nombre de firmes de l’automobile) autorisant que 50% des effectifs puissent passer aux 40 heures sans compensation. (FT.)

L’élargissement vers l’Est offre à la fois des conditions d’exploitation mirifiques et des marchés tout proches. Dans la métallurgie, notamment dans l’automobile, ces délocalisations s’accélèrent (60% des firmes allemandes de moins de 5 000 travailleurs ont créé des usines en Europe centrale et orientale où les coûts de fabrication sont inférieurs de 40% aux coûts de l’Ouest. La Slovaquie attire particulièrement l’automobile où l’on retrouve Renault, Peugeot, Volkswagen-Skoda, Kia Motors (filiale de Hyundaï).

CHINE - *7/5/04 - « Enrichissez-vous », avait lancé Deng XiaoPing. Il a été tellement écouté que les dirigeants du Parti craignent aujourd’hui que la machine s’emballe. Des entreprises accumulent des profits de 250%. Le Parti tente d’endiguer la frénésie d’investissements dans l’acier, l’aluminium, le ciment et l’immobilier. La fabrication de l’acier connaît un bond spectaculaire. Ce que Mao n’avait pas réussi avec le « Grand Bond en Avant » est en train de se réaliser avec des aciéries qui poussent un peu partout en toute illégalité et la corruption des autorités. Ce que l’on dit moins, c’est le sort des paysans dépossédés de leurs terres et celui des travailleurs dont les exploiteurs ignorent toutes les règles de sécurité et d’environnement (L).

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