Dans un texte paru sur son blog le 13 décembre 2019 et abordant les causes de la défaite électorale du Labour au Royaume uni, le dirigeant de la France insoumise a dénoncé "la génuflexion devant les ukases (sic) arrogante (sic) des communautaristes du CRIF ». Il ignore que le mot ukase est masculin et qu’un nom commun au pluriel s’accorde en genre et en nombre avec l’adjectif qui le suit. Pour un défenseur de l’identité française, ça la fout vraiment mal….
Ensuite il utilise le mot « ukases » (graphie anglaise car on écrit plus fréquemment « oukazes » ou « oukases » ) mot qui désigne un décret ou un édit en russe.
Or quiconque connaît l’histoire des Juifs sait qu’ils ont été systématiquement victimes de discriminations, persécutions et pogroms sous l’empire tsariste russe et que l’antisémitisme a fleuri aussi sous le régime soviétique. L’emploi du mot russe "oukase" est donc une preuve de son indifférence face à l’antisémitisme en Russie et en URSS.
Enfin, laisser croire que le CRIF aurait en France un pouvoir comparable à celui des tsars avant 1917 ou de Poutine en Russie aujourd’hui d’édicter des décrets permettant d’influencer le sort des élections en France ou au Royaume Uni, c’est reprendre à son compte l’un des thèmes favoris de l’antisémitisme.
Cela n’a rien d’étonnant de la part d’un individu qui déclarait déjà en 2013, lors d’un congrès du Parti de gauche, que Pierre Moscovici, dirigeant du PS, était " quelqu’un qui ne pense pas français, qui pense finance internationale (1) " (Selon une autre version, qu’on trouve dans le journal Politis et qui serait fidèle à la transcription et à la bande son en bas de l’article, il aurait dit "qui ne pense plus en français, qui pense dans la langue de la finance internationale (2)" cette seconde version étant aussi ignoble que la première, et tout aussi antisémite dans la mesure où justement les Juifs ont toujours été considérés par les antisémites comme des gens qui ne sont pas Français. Evidemment Politis, journal social-chauvin ne sait pas ce qu’est un stéréotype antisémite et a pris la défense de Mélenchon.)
Ces clichés antisémites font partie d’une vieille tradition de la gauche et de la droite françaises. Pour ce qui concerne la gauche et l’extrême gauche, elles auraient tout intérêt à se débarrasser de ce vocabulaire si elles veulent qu’on croie à la sincérité de leurs engagements pour l’égalité et contre toutes les discriminations et les haines antisémites et racistes.