COREE DU SUD - mars 2004 - En proie à la crise économique et aux délocalisations vers la Chine (et la perspective d’exploiter les esclaves de la Corée du Nord), le capital coréen se débarrasse de ses travailleurs immigrés qui ont fourni la marchandise travail la moins chère et la plus exploitée durant les années prospères. La pression est telle sur ces “travailleurs migrants” qu’ils en sont réduits à d’ultime recours : immolation par le feu ou grèves de la faim.
Selon les chiffres officiels, il y aurait 136 000 immigrants sans-papiers dans le pays. De nouvelles lois ont été passées en juillet 2003 instituant un “Employment Permit System” (EPS) selon lequel un migrant peut travailler en Corée seulement trois années et pour un seul employeur, lequel peut imposer toutes conditions de salaire et de travail puisque tout changement du migrant entraîne l’expulsion immédiate. En application de ce texte, le gouvernement a commencé des expulsions de migrants exploités en Corée depuis plus de quatre ans et a créé des “centres de rétention”. C’est dans ces conditions que des migrants ont commencé des grèves de la faim : 17 dans le centre de rétention de Hwasung, 4 dans la cathédrale de Séoul qui a souvent servi de refuge aux militants syndicaux persécutés.(C)
INDUSTRIES CHIMIQUES
France - 18/2/04 - 197 travailleurs de la verrerie de Vianne (Lot-et-Garonne, 1 300 habitants) mise en liquidation occupent l’usine dans l’espoir - vain - d’une solution.
21/1/04 - Toujours des grèves, deux heures par jour bien contrôlées par l’intersyndicale, pour freiner la fermeture de l’usine Altadis (ex-Seita) de Lille (ou tout au moins avoir des meilleures garanties contre le chômage ; dans ce trust franco-espagnol du tabac, 1 678 licenciements sont annoncés jusqu’à 2005, dont 701 en France et 977 en Espagne (voir précédents bulletins). Le 30 janvier, 12 grévistes, poursuivis pour leur participation active à un piquet qui bloque entrées et sorties de camions, se voient enjoindre sous menace de pénalités et de recours aux “ forces de maintien de l’ordre ” de cesser tout blocage. (M,L, C.)
27/2/04 - Le PDG du groupe papetier Matussier et Forest se pointe à l’usine de Rambervilllers (Vosges) qui ferme avec le licenciement de 200 travailleurs : accueilli par des injures et des menaces, sa voiture immobilisée par un emballage plastique, il doit fuir en taxi, protégé par le maire de la localité.
30/2004 - La vallée de l’Aude (Pyrénées-Orientales), siège d’anciennes ou récentes activités industrielles (textile, cuir et dérivés) qui avait pu tenir le coup lors des grandes restructurations des industries de base dans les années 1970 est frappée de plein fouet par les délocalisations dans tout l’Est asiatique. La fermeture de l’usine Formica (résines synthétiques) à Quillan (Aude), qui exploitait 1 200 travailleurs en 1970, vire les 149 restant aujourd’hui. Ces derniers manifestent à Limoux, la sous-préfecture avec d’autres victimes de cette désertification industrielle (notamment les chaussures Myrys). Ils brûlent 500 cartes d’électeurs et menacent de déverser des produits dangereux dans l’Aude.
FINANCE
ANTILLES-GUYANE - 27/2/04 - Les 5 000 travailleurs des banques locales sont en grève depuis le 22 décembre 2003, suite à l’annulation par les patrons de la convention collective locale. Toute l’économie de ces territoires est totalement perturbée notamment par le manque de liquidités et d’autres instruments de paiement et de crédit. La grève se termine le 12 mars après une décision de justice qui annulait la décision patronale et la signature concomitante d’un accord qui prévoit le maintien de l’ancienne convention collective jusqu’à la signature de nouvelles conventions départementales, et une échelonnement dans le paiement des jours de grève.
France - 21/1/04 - Arrêts de travail successifs à l’usine de Pessac (Gironde) dépendant de la Banque de France et frappant les monnaies sur appel syndical contre une modification du calcul des salaires et l’instauration de la polyvalence. (C)
LUTTES GLOBALES
NIGERIA - 19/1/04 - La majorité des 125 millions d’habitants du pays (70% sous le seuil de pauvreté) doit lutter à la fois contre la dictature militaire et le régime d’austérité (lié à la corruption et à l’exploitation pétrolière) entraîne une dégradation des conditions d’existence. Tout cela fait le lit de l’islamisme intégriste dans la Nord, à des conflits tribaux dans le Sud et à des conflits sociaux partout tant dans le secteur privé que public :
grève des enseignants dans les premiers mois de 2003 ;
juin 2003 : une grève générale paralyse le pays une semaine et fait annuler une hausse du prix du pétrole dont une bonne partie est utilisée à usage domestique ;
une menace de reprise d’une telle grève fait de nouveau échouer fin 2003 une nouvelle tentative de hausse des prix mais n’a pu faire reporter une privatisation de quatre raffineries dans les zones pétrolières côtières, un conflit latent (voir précédents bulletins) des populations locales contre les société pétrolières et le pouvoir central s’appropriant la manne pétrolière dans une sorte de guérilla (kidnappings, coupures de pipelines, vol de carburant,etc.)
France - 13/2/04 - La nouvelle convention concernant l’indemnisation du chômage signée par trois syndicats ayant privé plus de 180.000 chômeurs de tout droit à l’indemnisation à laquelle ils avaient droit de par le contrat (PARE) qu’on leur avait fait signer, 1265 d’entre eux attaquent les ASSEDIC (organisme payeur) dans 71 départements pour faire rétablir leurs droits. En même temps, on assiste à des occupation de divers bureaux locaux de chômage (ANPE) (M,L)
EQUATEUR - 16/2/04 - Contre la politique néo-libérale d’austérité et de privatisation imposée par le FMI, les indiens (40% de 13 millions d’habitants, bien sûr les plus pauvres) bloquent les routes et les accès aux villes et envahissent la capitale Quito. Il y a tellement de prisonniers dans les geôles de la capitale qu’à l’appel d’un comité de détenues, 420 femmes emprisonnées ont commencé une grève de la faim et que 876 hommes d’une autre prison ont pris en otage 321 parents visiteurs et ont menacé de faire sauter la prison, le tout même pas pour demander leur libération mais seulement de meilleures conditions de détention. (FT.)
SUISSE - Toute une série de grèves contre les licenciements et la politique d’austérité. Le 25/11/03, 5 000 personnes manifestent en Argovie touchant 280 établissements scolaires. Un peu partout, des grèves contre des fermetures pour délocalisations (ZYLISS, Ems), contre des réductions d’avantages (Allpack à Bâle où après une grève de 9 jours, 13 grévistes sont licenciés et des piquets de grève arrêtés mais où finalement, la grève persistant et gagnant une solidarité locale, la direction annule une partie de ses mesures d’austérité).
PORTUGAL - 23/1/2004 - Une journée de grève générale syndicale contre le gel des salaires dans le secteur public (FT).
ZAMBIE - 19/2/04 - Grève nationale syndicale d’une journée contre un plan d’austérité impliquant une augmentation des impôts et le gel des salaires, le tout, comme d’habitude sous la pression du FMI (FT)
METALLURGIE
ALLEMAGNE - 2/2/04 - Série de grèves d’avertissement bien programmées et bien encadrées par le syndicat IG Metall, engagé dans des discussions pour le renouvellement du contrat dans la métallurgie, discussions achoppant - soi-disant - sur les offres patronales de lier la rallonge à une plus grande souplesse dans les horaires de travail des 3 400 000 métallos allemands. En tout, guère plus de 16 000 métallos le jeudi et 50 000 le vendredi ont été engagés dans des grèves limitées d’une heurer ou deux dans différents Länder, notamment dans les 58 usines de Daimler-Chrysler. La signature d’un accord, le 12 février, ne peut que satisfaire les patrons : 2,2% d’augmentation pour 12 mois, puis 2,7% après le 1er mars 2005. Contre partie : les horaires actuels pourront être portés à 40 heures sans compensation pour heures supplémentaires, après consultation des travailleurs concernés (FT).
ESPAGNE - 18/2/04 - Chantiers navals du groupe Izar qui regroupe les chantiers de différents ports espagnols. Une convention collective est en négociation depuis un an et les débats achoppent sur la question des salaires. Des débrayages et manifestations organisés par les syndicats se veulent plus radicaux que prévu. Les organisateurs étant débordés, la police réprime : à Cadix, Séville, Ferreol, Sestao (Bilbao), de durs affrontements autour de blocages routiers ou de barricades : 60 blessés à Séville, 30 à Sestao (El Pais)
FRANCE - 4/2/04 - Les syndicats contrôlent toujours les différents débrayages et manifestations autour de l’amaigrissement de GIAT Industries, l’armement national restructuré. Lors de séances de discussions paritaires pour aménager et améliorer la pilule, des actions symboliques à Roanne et Toulouse, principaux sites visés par les suppressions d’emploi. Par exemple, un blocage d’une route rebaptisée “avenue de la Casse”. Cela se termine par un barbecue ! De quoi inquiéter sérieusement le pouvoir ! (M,L). Les 1207 travailleurs de Roanne se voient proposer l’installation d’une boîte de télémarketing - Transcom - qui promet de 300 à 500 emplois en… 2007, 60 dès maintenant et 150 à 200 fin 2004. Au lieu de fabriquer des chars Leclerc, les heureux gagnants (entre 5 % et 15 % des licenciés) pourront exercer leur vue et les nouvelles cadences de travail entre le téléphone et l’écran d’ordinateur (M.L).
1/3/04 – Chez SKF (trust suédois des roulements à billes) à Thomery (Seine-et-Marne) 206 travailleurs occupaient et bloquaient l’usine jour et nuit depuis trois mois et demi ; ils mettent fin à leur grève en acceptant un plan social qui prévoit 80 reclassement dans d’autres usines du groupe, 37 préretraites et des indemnités pour les autres ; les journées de grève sont payées (L,M).
26/2/04 – L’usine de Mulhouse de Wartsila, trust finlandais de moteurs industriels, doit être fermée : les 276 travailleurs occupent l’usine, bloquent tout trafic et parviennent à perturber tout le système informatique des autres sites français travaillant en réseau avec l’usine de Mulhouse. (L,C.)
28/1/04 - Diverses actions dans les usines Alstom contre un plan social qui prévoit la suppression de 230 emplois à Belfort et 300 à La Courneuve (banlieue nord de Paris). Le trust envisage de se débarrasser ainsi de 7.000 emplois dans le monde (dont 5 000 en Europe, 2 000 en France) (M. L.).
MONDIALISATION DE LA MANIPULATION
FRANCE - 18/2/04 - 4 millions de personnes, dont 1 million d’enfants, vivraient sous le seuil de pauvreté – parmi elles, 250 000 familles d’immigrés hors Union européenne (L). A part cela, tout va bien ; en 2003, les “ plans sociaux ” (nouveau langage pour licenciements économiques) ont touché 253 000 travailleurs) et ils ont augmenté de 26 % par rapport à 2002, les faillites de 11,7%, etc. Chacun peut ajouter ce qu’il veut dans le lot quotidien de telles nouvelles, rien que dans l’Hexagone. (M,L.)
ETATS-UNIS - 12/2/04 - Depuis que Bush est président des Etats-Unis, 2 800 000 emplois industriels ont été perdus, la plupart pour raison de crise ou de délocalisation (16% du total). Mais, comme tout politique “ progressiste ” ou “ réactionnaire ”, il ne peut rien devant les “ impératifs ” du capital, seul le discours change. (FT.)
4/3/04 - Dans les dix années à venir, l’amiante (toujours pas interdite dans ce pays) va tuer 100 000 personnes (10 000 par an) alors que 1 300 000 Américains y sont toujours exposés du fait de son utilisation légale (FT).
Sur la lancée de cette “désindustrialisation”, si juteuse pour le capital, des voix d’hommes politiques ou autres économistes commencent à soulever la question de la survie même de la suprématie américaine mondiale. En premier lieu, on doit souligner que, tant que le mouvement d’externalisation et de délocalisation ne touchait que les cols bleus et les usines, il ne chagrinait guère les classes moyennes du secteur “matière grise”, qui pensaient garder dans le pays leur prébende hiérarchique. Ce n’est pas tant l’effondrement de la “bulle informatique” qui fait croître un mouvement d’opposition aux délocalisations, mais le fait que celles-ci touche précisément leur pré carré qu’ils entendaient bien conserver aux Etats-Unis. Les classes moyennes étant la colonne vertébrale de la domination politique démocratique, les pouvoirs politiques commencent à parler de ce problème, d’autant plus que les Etats-Unis entrent dans une période électorale. On trouve dans nombre de publications des articles du genre « Quelles tâches resteront en Amérique lorsque tout sera externalisé en Inde et ailleurs ? Ne nous restera-t-il que le ramassage des ordures, les loisirs et la nourriture ? Peut-être nous serons tous des livreurs de pizzas ? » L’Inde, paradis des délocalisation “matière grise”, fait particulièrement l’objet de ces études, à un tel point qu’une nouvelle législation est proposée aux Etats-Unis qui proscrirait le transfert à l’étranger de “l’industrie technologique” et imposerait des taxes pour toute infraction. Cette loi, dont l’application ne dépend plus que de la signature de Bush, soulève des protestation tant dans les milieux capitalistes américains (les gains de productivité en prendraient un sale coup) qu’en Inde (bien qu’actuellement cette activité “délocalisée” de partout ailleurs dans le monde ne représente que 2 % du PIB). Bien sûr, c’est le capital le plus puissant qui réglera le problème, mais aux dépens des travailleurs de ce secteur, les “mieux payés” se trouvant, à la fin, contraint d’accepter les conditions d’exploitation des “moins payés” (FT, Washington Post, Business Week).
EUROPE - 20/2/04 - Ayant liquidé les usines “ non rentables ” (notamment les derniers vestiges de la sidérurgie belge en Wallonie), le trust mondial de l’acier Arcelor (produit de la fusion d’Usinor français, Arbed luxembourgeois et Aceralia espagnol) cherche de nouveaux profits en Chine et au Brésil (FT).
CHINE - 28/1/04 - Entre dictature et démocratie, les régimes politiques capitalistes évoluent selon les nécessités du capital. La Chine, en proie à de profondes restructurations du secteur étatique et devant un développement exponentiel d’un capitalisme sauvage, doit endiguer des mutations sociales profondes et les luttes qu’elles engendrent. On commence à voir apparaître une timide tolérance vis-à-vis des mouvements sociaux (quasi quotidiens) tolérés pourvu qu’ils ne sapent pas l’autorité du système et servent les éléments réformateurs du Parti communiste (M).
MALAISIE - 4/2/04 - Redistribution - Cartouche ou Robin des Bois : un gang de voleurs de voitures de luxe (à la machette) distribuait le produit des larcins à toutes sortes d’œuvres caritatives et à des orphelinats (C).
Mexique - 29/2/04 - Autant en emporte le vent des délocalisations. Après avoir viré ses exploités de Detroit pour se transférer dans le Sud des Etats-Unis, les industriels américains se sont avisés qu’il se trouvait un réservoir inépuisable de main-d’œuvre juste de l’autre côté de la frontière avec le Mexique, sur la rive sud du Rio Grande. Ainsi naquirent les Maquiladoras qui surexploitent la misère mexicaine dans des conditions dignes du 19e siècle européen (voir précédents bulletins), le tout bien encadré juridiquement par l’accord de libre échange ALENA (NAFTA en anglais) qui fut essentiellement bénéfique au capital américain et ruina les paysans mexicains (ça faisait encore plus de main-d’œuvre facile à exploiter). Mais il s’avère aujourd’hui que les travailleurs mexicains, qui se sont quand même défendus et ont obtenu de meilleurs salaires, ne sont plus “compétitifs” devant les marées humaines notamment de la Chine. La différence est telle que l’éloignement n’est même plus un handicap. Alors les firmes américaines abandonnent le Mexique doublement ruiné et, comme le dit joliment le titre d’un journal, “Le Mexique pleure ses belles heures”.
La concurrence des pays asiatiques est encore renforcée par le fait que des pays comme la Chine ou l’Inde, des Etats formant des cadres disposant d’un savoir-faire technologique, affirment une supériorité que le Mexique ne peut égaler, les capitalistes exploiteurs ne s’étant guère souciés d’assurer une formation quelconque à ses esclaves salariés. Une contre-offensive des sous-traitants des Maquiladoras consiste à s’équiper pour baisser les coûts de production également en baissant les salaires et augmentant la productivité : le coût de l’unité de travail serait ainsi aujourd’hui de 30 à 40 % inférieur à ce qu’il était en 2001. Où s’arrêtera l’épuisement des exploités dans les deux bouts du monde ? (M). Grande-Bretagne - Nous avons souvent évoqué dans ces colonnes l’état déplorable des transports ferroviaires britanniques après la privatisation sauce Thatcher, tant dans le retard dans leur modernisation que dans les luttes parcellaires mais efficaces des cheminots pour les salaires et leurs conditions de travail. Le tout ponctué par la récurrence d’accidents qui ne sont que la partie émergée de l’iceberg des innombrables problèmes quotidiens que doivent affronter notamment les “commuters”(banlieusards), qui doivent utiliser ce moyen de transport pour se rendre à leur travail (suppression inopinée de trains ou fréquents retards - 20 % en moyenne quotidiennement). Pour résoudre ce dernier problème, un remède a été trouvé : rallonger la durée de chaque trajet quotidien de plusieurs minutes. Ainsi, il n’y aura plus de retards. “ Nous essayons de rendre les horaires plus réalistes” a précisé l’oganisation coordinatrice du trafic ferroviaire. Il fallait y penser et, surtout, ça ne coûte rien. (L).
SERVICES PUBLICS
FRANCE - 13/2/04 - Les pompiers d’Aix-en-Provence, après trois semaines d’actions diverses contre des sanctions imposées à l’un d’entre eux suite à un conflit avec le directeur du centre (dont ils exigent le départ), doivent se lancer dans l’ultime recours de la grève de la faim. Leur mouvement s’arrête le 25 février avec une enquête et une promesse de solution. Le même jour, une grève nationale sur appel syndical, suivie par 50 % à 70 % des pompiers, tente de faire admettre un avancement de l’âge de la retraite pour travail dangereux. Sans trop de perspective vu la pression générale visant à reculer cet âge de la retraite (L,M).
GRANDE-BRETAGNE - Toute une série de grèves dans les services publics, tant au niveau des collectivités locales que des fonctionnaires de l’Etat. Pour les collectivités, il est impossible de tout citer : le 31 janvier, les éboueurs de Hackney (quartier nord-est de Londres) sont engagés dans une série de grèves limitées contre un nouveau contrat que la municipalité veut leur imposer avec une baisse de salaires et qui tente de briser les grèves avec les jaunes d’entreprises privées protégés par la police (SW).
Le 24 février, 300 éboueurs de Brighton et de Hove (stations balnéaires de la Manche) sont en grève contre des sanctions imposées à un délégué, le tout sur fond de réorganisation du travail.
Quant aux fonctionnaires, les actions se succèdent et se ressemblent : le 19 janvier, 20 000 fonctionnaires de quatre ministères observent une grève de 48 heures pour les salaires ; le 6 février, 20 000 fonctionnaires sont en grève dans toute l’Irlande du Nord ; le 16 février, c’est la journée noire alors que 90 000 fonctionnaires sont en grève pour 48 heures pour les salaires ; en même temps, 1 000 examinateurs du permis de conduire débraient pour cette même question de salaire, mouvement renouvelé le 26 février (SW).
NOUVELLE-CALEDONIE - 21/1/04 - Les éboueurs de Nouméa sont en grève depuis six jours sur appel syndical contre le licenciement d’un délégué syndical qui aurait agressé un cadre ; puanteur et risques d’épidémie poussent à une solution. Les rats sont rois (C).
SANTE
GRANDE-BRETAGNE - 7/2/04 – 5 000 puéricultrices des crèches et maternelles d’Ecosse, après diverses actions pour les salaires et leur reclassement, se mettent en grève illimitée (SW).
ITALIE - 9/2 - Toute une série de mouvements et de manifestations de tous les secteurs des services hospitaliers à l’appel de 42 syndicats qui rejoignent les protestations d’autres secteurs (appareil judiciaire, retraites, etc.).
ETAS-UNIS - 19/2/04 - Pop Corn mortel. Les travailleurs des usines à pop corn victimes d’une maladie professionnelle dangereuse, leurs poumons étant irrémédiablement détruits par l’absorption continue des vapeurs nocives de diacétyle qui est à la base du parfum artificiel ajouté lors de la torréfaction du maïs ; tellement fréquent que ce symptôme est baptisé “pop corn packers’ lung ”. (FT).
AFRIQUE DU SUD - 5/3/04 - Entre 1998 et 2003 le nombre de décès des adultes s’est accru de 68 % au dessus de la moyenne et ce chiffre serait en dessous de la réalité (il serait de 168% pour les femmes). Sur 45 millions d’habitants, 5 millions seraient infectés par le virus. (FT.)
TEXTILE-CONFECTION
TUNISIE - 2/2/04 - Les 275 travailleurs de Hotrifa à Moknine (près de Sousse) n’ayant touché ni leurs salaires de décembre, ni leur prime de fin d’année, ni les indemnités de chômage technique occupent l’usine textile depuis le 7 janvier.
TRANSPORTS AERIENS
France - 16/2/04 - grève totale des 12 contrôleurs aériens d’Orly (aéroport sud de Paris) qui fait annuler plus de 60% des vols intérieurs et qui s’élargit ensuite à Roissy (aéroport Nord de Paris) contre un projet de réorganisation du contrôle aérien dans la région parisienne sans aucune consultation comme cela est prévu dans les accords antérieurs. La grève se termine le 19/2 avec le retrait du projet et l’ouverture de négociations (N, M,C).
18/2/04 - Faire des profits ne suffit pas pour Air France (24% de plus dans le 3ème trimestre 2003) qui absorbe sur sa lancée la compagnie hollandaise KLM et a le marché intérieur français en quasi monopole après l’élimination d’Air Littoral, d’Aeris et d’Air Liberté : la compagnie veut encore gagner 200 millions d’euros en réduisant les nombre des assistants de vol et les services en vol c’est-à-dire réduire les coûts de 6 % d’ici 2007. Le 28 février, une grève des hôtesses contre cette réduction d’équipage de 24 h lancée par les syndicats n’entraîne que 30% desdits travailleurs et peu de perturbations. Il en est de même pour des mouvements touchant les chefs avion (chargement et déchargement des avions) et les agents de piste (M, L).
25/2/04 - Aeroport de Metz-Nancy, 130 travailleurs de la firme de messageries - fret aérien DHL (filiale des postes allemandes) (11.000 travailleurs en France, 17.000 dans le monde) en grève contre un projet de transfert (M).
22/1/04 - Les 8.400 travailleurs des aéroports de Paris en grève contre la privatisation font annuler une dizaine de vols et retarder d’autres (C).
Italie - 9/2/04 - Une grève des pilotes de la compagnie aérienne Alitalia fait annuler 159 vols (FT).
TRANSPORTS MARITIMES
France - 4/3/04 - Toute la flotte de la compagnie de SNCM navigation assurant le trafic maritime avec la Corse bloquée par une grève à l’appel du Syndicat des Travailleurs Corses qui demandent le respect d’un accord garantissant un équilibre des emplois dans les équipages en faveur des Corses. Le travail reprend quelques jours plus tard après un nouvel accord (M., L).
Espagne - 13/2.2004 - Mouvements des dockers de différents ports contre une mécanisation accélérée des ports à commencer par celui de Gijon dans les Asturies. Les dockers du port de Barcelone bloquent avec des camions les principaux carrefours de la ville, provoquant des embouteillages monstres. (El Pais.)
TRANSPORTS TERRESTRES
GRANDE-BRETAGNE - Série de grèves dans les transports urbains dont on ne peut tout citer : 17 janvier, 24 heures à Trans Manchester, le 28 février, 150 bus à Grantham ; grève sauvage des heures supplémentaires des conducteurs en Ecosse ; de centaines de taxis du dépôt de Wrexham le 1/2 pour les conditions de travail ; le 19/2 des bus de Redcar dans le Lincolnshire ; le 5/3 Tyne and Wear Metro System (Newcastle) por les salaires et conditions de travail.
ROUMANIE - 4/3/2004 - grève de deux heures des chemins de fer pour les salaires et contre un projet de suppression de postes qui bloque plus de 500 trains (le salaire moyen d’un cheminot est de 200 euros alors que la moyenne nationale est de 150 euros mensuels).
France - 21/1/04 - Une grève syndicale de 36 heures suivie seulement par 30% des agents contre l’instauration projetée d’un service minimum ne fait que perturber le trafic très inégalement (M,L). Une autre grève distincte de 24 heures de 200 agen,ts de surveillance du réseau Paris RG contre un projet de réorganisation des horaires.(C.)
19/1/04 - Lyon - Deux lignes de tramways en grève de deux heures pour les salaires qui pourrait être renouvelée. (C.)
AUSTRALIE - 28/2/04 - 300 des 1 200 agents de conduite du système ferroviaire de transports de Sydney organisent contre les syndicats une grève sauvage des heures supplémentaires pendant plusieurs semaines provoquant d’importantes perturbations dans un système mal entretenu (C).
Italie - Janvier 2004 - Grèves des transports urbains (voir précédent bulletin) : après les fêtes de fin d’année et la “trêve des confiseurs” tous les pouvoirs syndicaux, patronaux, municipaux et nationaux ont réussi, par un mélange de discours, de pressions et de répression, à museler plus ou moins le mouvement de base dont l’initiative était revenue aux travailleurs des transports de Milan qui avaient, dans une grève sauvage, montré que le “service minimum” n’était qu’un chiffon de papier lorsque l’unité des travailleurs faisait basculer le rapport de forces. Ils avaient été imités dans de nombreuses villes d’Italie. Il y a bien eu dans la première quinzaine de janvier 2004 quelques nouvelles poussées sporadiques du mouvement autonome, reprise en mains syndicale dans des assemblées, quelques concessions notamment à Milan, réquisitions et menaces de sanctions (1 000 euros d’amende pour tout gréviste illégal), une dernière journée de grève syndicale massivement suivie a finalement été le chant du cygne de ce mouvement dans lequel on peut voir effectivement la persistance du courant d’autonomie ouvrière qui il y a plus de dix ans s’était exprimé dans les COBAS. (La lettre du Mouvement Communiste, L., M).
RESISTER
A L’OFFENSIVE DU CAPITAL PARTOUT EN EUROPE
Toutes les médiatisations autour du “terrorisme”, pour autant qu’il s’appuie sur une base réelle, sert d’une part à masquer les conséquences de la crise mondiale du capital (tout en étant son produit) et à développer aux niveaux national et européen les instruments d’une politique sécuritaire, c’est-à-dire l’arsenal juridique et organisationnel permettant de briser éventuellement tout mouvement radical surgi de la lutte de classe (par exemple le mot “terroriste” avait déjà été employé à propos des menaces des travailleurs de Cellatex ou autres conflits similaires).
Alorsque l’on nous promène dans l’exploitation depuis les faits divers jusqu’aux tragédies d’autant plus surdimensionnées qu’elles sont proches (les 200 victimes de Madrid valent-elles plus que les 200 victimes de Bali ou d’ailleurs, pour ne pas parler du Rwanda et autres boucheries ?), les “avancées sociales” du capital dans sa destruction de ce qu’il appelle “l’Etat-providence” se multiplient, pas seulement en France, mais dans une progression irrégulière mais constante autour de l’Union européenne. Là, le projet capitaliste est, à travers l’unité économique et politique, de tisser une unification des conditions d’exploitation de la force de travail pour permettre au capital européen de soutenir la compétitivité mondiale.
La crise que traverse le capital et dont on peut voir les effets dans les pays les plus pauvres comme dans les plus riches, contraint le capital, dans chaque unité nationale et à l’échelle de l’Europe, à réduire ses coûts de production (d’où les pressions pas seulement sur les salaires et le temps de travail ainsi que sur les accessoires que sont les indemnisations diverses (santé, chômage, retraite) et/ou à rechercher de nouveaux secteurs d’exploitation directe du travail (d’où les privatisations sous des formes diverses et les restructurations du cadre d’exploitation).
On peut dresser un tableau édifiant de cette offensive concertée prenant des formes différentes selon les Etats de l’Union européenne mais allant toutes dans le même sens en reprenant les faits cités dans les différents bulletins Dans le monde une classe en lutte. Pour ne citer que ce qui est mentionné dans celui-ci. :
Allemagne : attaques sur les retraites et l’indemnisation du chômage ; mais ce qui semble tout aussi sérieux est l’augmentation de la durée du travail de 35 à 40 heures sous la forme d’une flexibilité totale du temps de travail qui n’est pas sans rappeler ce qui a été acquis ici même avec les 35 heures et la RTT.
Espagne - les récents conflits dont il est question dans ce bulletin montrent la poursuite d’une modernisation-restructuration avec une pression sur les salaires et conditions de travail.
France : l’offensive sur les retraites et l’indemnisation du chômage a déjà porté ses fruits pour le capital, le secteur santé est sur la sellette de même que tout le secteur de l’éducation, de la recherche et de la culture où se mélangent la réduction des coûts (c’est-à-dire moins de ponction sur la plus-value extorquée aux travailleurs dans la redistribution de ce qui était des accessoires du salaire) que de la privatisation avec le double effet de réduction des coûts et d’extracton d’un profit.
Grande-Bretagne Cela fait des décennies que se poursuit l’irruption du capital dans toutes les structures du “service public” qui semble présentement l’objet d’une restructuration apparemment dispersée mais dont les éléments du puzzle s’assemblent peu à peu.
Italie - L’attaque sur les retraites est encore en cours mais des conflits récents montrent la pression sur les salaires et les conditions de travail notamment dans tout le secteur parapublic comme les transports.
On pourrait multiplier les exemples dans les autres Etats de l’Europe en soulignant que pour les “entrants” dans l’Union européenne, la pression du capital joue dans la mainmise sur le secteur public et dans le maintien de bas salaires permettant les transferts d’activités depuis l’ouest de l’Europe. Dans ce domaine de l’exploitation du travail, on assiste à un double mouvement : d’un côté l’exploitation sur place, de l’autre l’encouragement contrôlé à l’émigration. Dans les deux cas, le but est de faire pression sur les salaires et conditions de travail dans les pays les plus développés industriellement.
Dans ce grand chambardement, les travailleurs peuvent paraître d’autant plus désorientés que les pouvoirs politiques et/ou syndicaux sont les agents des intérêts du capital au niveau de l’Europe (avec une grande confusion idéologique sous-tendant la constitution d’une nouvelle entité économique et politique européenne). Les résistances existent mais elles sont dispersées, localisées et mêlées dans un mécontentement diffus, pris dans un sentiment d’impuissance. Nul doute qu’elles finiront par se matérialiser au niveau national, voire européen Le capital, lui, s’y prépare. Sous le couvert d’autres mesures de circonstances qui seront maintenues pour servir contre toute généralisation ou action subversive de résistance ouvrière.
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