Dans le numéro 60-61 de "Ni patrie ni frontières" nous avons publié quelques textes mais depuis pas mal d’autres sont parus
A mon avis le meilleur est celui de H.S. (Henri Simon) publié dans Echanges et mouvements.
http://www.echangesetmouvement.fr/2...
Posé, prudent et au moins lui n’a pas fumé la moquette... Ou plutôt respiré trop de gasoil. Certains ont balancé des textes grandiloquents et ridicules (inutile de les reproduire ici, donc, vous les connaissez déjà).
D’autres ont tenté de justfier leur intervention dans ce mouvement interclassiste sans chercher apparemment à le récupérer avec de gros sabots partidaires ou groupusculaires. Voici donc quelques articles et récits utiles :
Un journal avec des articles courts et compréhensibles pour une fois pas écrits en langue de bois gauchiste avec plein de bons conseils et de mises en garde politiques salutaires.
Et aussi ce qui est beaucoup plus rare des récits de témoins/participants
Lyon :
https://jaune.noblogs.org/post/2019...
Boulogne-sur-mer
https://lamouetteenragee.noblogs.or...
https://lamouetteenragee.noblogs.or...
Si vous connaissez d’autres témoignages qui ne ressemblent pas à un reportage halluciné sur la prise du Palais d’Hiver en octobre 1917, je les diffuserai avec plaisir
Y.C. Ni patrie ni frontières, 29/01/2019
POUR FINIR un extrait d’un texte de José Chatroussat dont je n’ai pas trouvé le lien mais je suppose qu’il sera bientôt en ligne. Je ne suis pas d’accord avec la totalité de cet article, pas plus qu’avec tous les articles de La Mouette Enragée, ou du Journal Jaune, mais cela n’a pas d’importance. Le débat doit continuer !
Journal de notre bord Lettre n° 181 (le 27 janvier 2019)
http://culture.revolution.free.fr/
"(...) Les extrême-droites européennes se regroupent, s’organisent, s’encouragent, s’échangent des formules et des argumentaires par-delà les frontières. Quelques envoyés spéciaux de l’extrême droite des États-Unis aident à la manoeuvre sur tous les plans. De Trump à Poutine en passant par Bolsonaro, chacun apporte sa contribution idéologique et financière. Une internationale fasciste est tranquillement en train de se mettre en place. Une bonne partie de la gauche radicale et de la gauche révolutionnaire ne semble pas comprendre qu’il est grand temps de devenir ou de redevenir internationaliste, concrètement et de multiples façons. Or, rien de tel n’apparaît au grand jour, car chaque parti ou organisation de gauche ou d’extrême gauche circonscrit son combat au cadre national. On s’en prend donc à son gouvernement qui est en cheville avec le Medef, ce qui est incontestable. Bien sûr, toutes les luttes contre les tenants du capitalisme que nous avons sous la main en France sont absolument nécessaires, c’est l’évidence même. Encore faut-il inscrire ces luttes dans un cadre plus général, à savoir européen et mondial pour se donner les moyens d’attaquer le capitalisme sur tous les terrains où il sévit, et dans l’immédiat, couper l’herbe sous le pied à tous les démagogues de droite ou d’extrême droite.
La question me semble avoir une importance assez considérable par rapport au mouvement des gilets jaunes. Les fascistes, qui sont décidément plus réactifs que ceux qui se réclament des idées de gauche ou des idées révolutionnaires, ont compris que ce mouvement de colère tout à fait légitime méritait qu’ils s’en occupent, tout particulièrement sur Internet, pour commencer à polluer les esprits avec une bonne dose de racisme, d’antisémitisme et d’insinuations répugnantes qui anesthésient les capacités critiques et préparent d’authentiques dérives autoritaires et barbares. Qualifier pour autant le mouvement hétérogène des gilets jaunes de fasciste, c’est l’offrir sur un plateau d’argent à ces manipulateurs. C’est aussi faire un cadeau à Macron qui a tout fait dans les premières semaines du mouvement pour qu’il soit perçu comme fasciste. Et lui s’en serait sorti en se donnant la posture de celui qui va sauver « nos institutions démocratiques » et qui pourfend le nationalisme. Son coup n’a pas marché. Les gens d’extrême droite sont influents dans ce mouvement, mais il les débordent encore très largement, parce que des syndicalistes et des militants de gauche y participent à juste raison, et parce que de nombreux gilets jaunes ne sont ni racistes, ni antisémites, ni prêts à croire n’importe quel bobard ou vidéo truquée qui circule sur la toile.
Mais la situation n’est pas stable. Et sauf à être fataliste (« les fachos ont déjà gagné la partie ») ou déraisonnablement optimiste (« la plupart des gilets jaunes sont fondamentalement anticapitalistes »), le destin de ce mouvement dépendra de l’intervention plus ou moins efficace de ses acteurs s’affranchissant de tous les préjugés nationalistes et souverainistes. Car c’est là où se trouve la ligne de démarcation : être nationaliste ou être internationaliste, telle est la question. Mais qu’est-ce qu’être internationaliste en 2019 ? C’est tout simplement se considérer comme un être humain, un habitant comme un autre d’une planète déjà bien dévastée. Le petit plus qui fait de ce simple habitant un internationaliste, c’est qu’il a l’impression que les problèmes les plus graves viennent du capitalisme qui nous asservit tous et toutes à l’échelle mondiale. La pollution et le réchauffement climatiques sont internationaux. La disparition des espèces est internationale. L’exploitation de la force de travail est internationale. Les formes de consommation les plus problématiques sont internationales. Et au bout du compte, pour combattre ce système, il faudrait s’en tenir au cadre national, à l’agenda électoral national, aux querelles politiciennes nationales, à la dénonciation de la malfaisance d’un chef d’État ou d’un patronat national ? Ou alors s’exciter prioritairement contre les institutions de l’Union européenne ? N’a-t-on pas compris que c’est toute une chaîne d’organismes locaux (les préfets), nationaux (les États) et transnationaux (UE, FMI, Banque mondiale, OMC, etc) qui sont à la manoeuvre pour sauver le capital, les multinationales et la poignée d’individus qui en profitent, quelle que soit leur nationalité soit dit en passant ?
Si la colère des travailleurs, des chômeurs, des populations pauvres partout dans le monde contre les riches et les gouvernants (qui les protègent avec leurs flics et leurs militaires, et les aident à être encore plus riches) s’exprime éternellement dans un cadre étroitement national, elle n’est pas seulement vouée à l’échec. Cette colère pourra partout être retournée contre des bouc-émissaires, les migrants, les étrangers, les Arabes, les Juifs, les plus pauvres que soi, on peut rallonger la liste à loisir. Un « anticapitalisme » nationaliste, franchouillard, du genre « citoyens français avant tout et les autres peuvent crever », constitue un danger mortel. Nous pouvons y faire face. Il faut trouver les mots qui nous soudent, qui parlent au coeur et à la raison. C’est un défi majeur.
« L’Internationale sera le genre humain » ou l’humanité va mourir à petits feux dans les quelques décennies qui viennent, piégée par ses divisions, ses frontières mentales et étatiques.
Bonne année à toutes et à tous,
José Chatroussat"