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La revue "Période" et la révolution russe : le grand décervelage radical-chic

jeudi 3 août 2017

Décerveler : Rendre une personne inapte à penser par elle-même.

Il existe un recueil de textes de Trotski en anglais qui s’intitule The Stalin School of Falsification (« L’école stalinienne de falsification »). Un des paradoxes de l’histoire est que, depuis la disparition de l’URSS, ce sont les trotskistes qui, alliés aux post- ou néo-staliniens, manipulent l’histoire de la révolution russe d’au moins trois façons :

– en cachant l’importance du mouvement anarchiste en URSS et sa répression féroce par le Parti bolchevik,

– en dissimulant l’apport théorique et les combats politiques des oppositions communistes au sein du Parti bolchevik (à part évidemment l’Opposition dite de gauche ou « trotskiste »),

– en ignorant l’apport théorique des communistes de gauche des années 20 et 30 dans le reste de l’Europe, et notamment leurs analyses de la nature de l’Union soviétique, analyses beaucoup moins superficielles et beaucoup plus durables que celles de Trotski et de ses disciples divers. Pour s’en rendre compte, il suffit de parcourir la bibliographie publiée sous le titre involontairement comique « 1917-2017. Politiser la révolution » dans la revue en ligne Période http://revueperiode.net/guide-de-le...

Face à des méthodes partisanes aussi grossières de décervelage historique, méthodes d’autant plus nuisibles que la révolution russe occupe une place de plus en plus réduite dans les programmes scolaires, il est important de faire connaître certaines lectures critiques à celles et ceux qui ne sont pas prêts à gober les manipulations historiques des trotskistes et de leurs amis stalinophiles. En effet certains intellectuels (et militants de contrebande) , au nom d’une prétendue « politisation » d’une question capitale comme celle de la révolution russe, dissimulent les critiques révolutionnaires du bolchevisme et présentent certains auteurs trotskistes au bilan politique calamiteux (P. Broué, T. Cliff, J.J. Marie) comme des spécialistes fiables ou des témoins offrant une analyse « scientifique (c’est ainsi qu’est présenté le livre de Trotski sur l’histoire de la révolution russe par l’auteur d’une bibliographie qui censure délibérément des décennies de réflexion et de pratique révolutionnaires !).

De plus, ils dissimulent ou minimisent l’importance des témoignages et des travaux de militants et d’historiens anarchistes (sous-entendu peu fiables à cause de leur idéologie non léniniste, ce qui est pour le moins culotté quand on sait le nombre de falsifications commises au nom du léninisme), mais aussi des écrits des communistes de gauche russes (pourtant membres du Parti bolchevik et marxistes, eux).

Lorsqu’on établit une bibliographie et que l’on se prétend « révolutionnaire » ou même vaguement « anticapitaliste » (en clair quand ses articles sont dignes du Monde diplomatique), la moindre honnêteté intellectuelle consiste à ne pas ignorer tout un pan de la pensée et de la pratique révolutionnaires... Mais sans doute est-ce trop demander à une revue comme « Période » qui préfère ne pas heurter certaines cliques politico-éditoriales, sinon ces dernières risqueraient de refuser de publier leurs livres ou leurs articles...

En effet, il ne faut jamais oublier que, derrière les intentions théoriques apparemment les plus radicales et novatrices, se cache souvent un opportunisme alimentaire, indispensable pour conserver ou conquérir des places, des rémunérations symboliques et des prébendes dans le champ intellectuel et universitaire.

Y.C. Ni patrie ni frontières, 30 juillet 2017

P.S. Je compléterai cette liste par tous les ouvrages ou brochures ou liens que l’on voudra bien me faire parvenir.

Commençons par les articles traduits ou/et publiés par la revue Ni patrie ni frontières et disponibles sur les sites mondialisme.org et npnf.eu

Emma Goldman : La vérité sur les bolcheviks (1918)

Emma Goldman : La révolution sociale est porteuse d’un changement radical de valeurs (1923)

Emma Goldman  : Le communisme n’existe pas en URSS (1935)

Emma Goldman : Trotsky proteste beaucoup trop (1938)

Mike Martin : Les bolcheviks contre la classe ouvrière (un article indispensable)

Loren Goldner  : Le communisme est la communauté humaine matérielle. Amadeo Bordiga et notre temps

Mais aussi les livres

1) La vision anarchiste

Piotr Archinov, Le mouvement makhnoviste, Éditions Bélibaste, 1969.

Piotr Archinov, La makhanovchtchina : l’insurrection révolutionnaire en Ukraine de 1918 à 1921, Éditions Spartacus, 2000

Paul Avrich, La tragédie de Cronstadt 1921, Seuil, 1975

Paul Avrich, Les anarchistes russes, Maspero, 1979

Berkman, Alexandre, Le Mythe bolchevik. Journal. 1920-1922, La Digitale-Calligrammes, 1987, ; rééd., 1996

Berkman Alexandre, La Tragédie russe. Étude critique, perspectives, éd. du Réfractaire-Les Amis de Louis Lecoin, 1977.

Berkman, Alexandre, Mémoires de prison d’un anarchiste, Presses de la Renaissance, 1977.

René Berthier, Octobre 1917 : le Thermidor de la révolution russe, Éditions CNT, RP, 2003 http://monde-nouveau.net/IMG/pdf/19...

Ettore Cinnella, Makhno et la révolution ukrainienne (1917-1921), suivi de Quarante jours à Gouliaï-Polié, de Galina A. Kouzmenko (compagne de Nestor Makhno), Atelier de création libertaire, 2003

Emma Goldman, L’agonie de la révolution, Mes deux années en Russie (1920-21) - à paraître en 2017 aux Nuits rouges

Emma Goldman, L’épopée d’une anarchiste. New York 1886 - Moscou 1920, Éditions Complexe, 2001.

Daniel Guérin, Ni dieu ni maître, volume IV, anthologie, Maspero 1970

Arthur Lehning, Anarchisme et marxisme dans la révolution russe, Spartacus, rééd. 2013

Nestor Makhno, "La révolution russe en Ukraine", Ressouvenances, 2003

Ida Mett, Souvenirs sur Nestor Makhno, Éditions Allia, 1983

Ida Mett "La commune de Cronstadt, crépuscule sanglant des soviets", (Spartacus).

R. Rocker  : Les soviets trahis par les bolcheviks, Cahiers Spartacus B 53

Alexandre Skirda, Les cosaques de la liberté, Nestor Makhno, le cosaque de l’anarchie et la guerre civile russe, 1917-192, JC Lattès, 1985

Alexandre Skirda, Les anarchistes russes, les soviets et la révolution de 1917 Editions de Paris, rééd. Spartacus

Alexandre Skirda, Cronstadt 1921, rééd. Spartacus,

Alexandre Skirda, Nestor Makhno, Le Cosaque de l’anarchie, Éditions Alexandre Skirda, 1982.

Alexandre Skirda, Nestor Makhno, Le Cosaque libertaire, Les Éditions de Paris, 1999, Lux Éditeur 2004

Voline, La révolution russe, Libertalia, 2017

Voline, La Révolution inconnue, Livre premier : Naissance, croissance et triomphe de la Révolution russe (1825-1917), éditions Entremonde, 2009

Voline, La Révolution inconnue, Livre deuxième : Le bolchevisme et l’anarchie, éditions Entremonde, 2009

Voline, La Révolution inconnue, Livre troisième : Les luttes pour la véritable Révolution sociale (1918-1921), éditions Entremonde, 2009

- "La commune de Cronstadt - Recueil de documents comprenant la traduction intégrale des Izvestias de Cronstadt" (Bélibaste).

- "Les anarchistes russes et les soviets" (textes de Rocker, Archinov, Valevsky, Yartchouk, Makhno). (Spartacus).

Groupe des anarchistes russes exilés en Allemagne : "Répression de l’anarchisme en Russie soviétique" http://monde-nouveau.net/IMG/pdf/Re...

2) La vision des communistes de gauche, des communistes de conseil et des auteurs critiques par rapport au léninisme et à l’interprétation trotskiste

Rene Girault, E. L. Keenan, Jacques Baynac, Laura Engelstein, Avraham Yassour, SUr 1905, Champ libre, 1974

Jacques Baynac La terreur sous Lénine, Sagittaire, 1975

Jacques Baynac, Les socialistes révolutionnaires, Laffont, 1992

Maurice Brinton, Les bolchéviques et le contrôle ouvrier, L’Etat et la contre-révolution (1973), rééd. Les nuits rouges et aussi https://bataillesocialiste.files.wo...

Boukharine, Ossinski, Radek, Smirnov, Moscou 1918, La revue Kommunist, Les communistes de gauche contre le capitalisme d’Etat, Smolny, 2011

Amadeo Bordiga, Russie et révolution dans la théorie marxiste (1954-1955), Spartacus et http://classiques.uqac.ca/classique...

C. Castoriadis, Les rapports de production en Russie, Socialisme ou Barbarie n° 2, mai 1949 https://www.marxists.org/francais/g...

Korsh, Mattick, Pannekoek, Ruhle, Wagner, La contre-révolution bureaucratique, 10/18 (un certain nombre de ces textes sont en ligne https://bataillesocialiste.wordpres... )

Michel Olivier, Gavril Miasnikov, Le Groupe ouvrier du Parti communiste russe (1922 - 1937), (2009) https://bataillesocialiste.wordpres...

Michel Olivier, La gauche bolchevik et le pouvoir ouvrier (1919-1927). Sommaire et présentation : http://www.leftcommunism.org/spip.p... (On peut commander les 2 brochures chez l’auteur : Michel Olivier, 7 rue Paul Escudier, 75009 Paris)

Anton Pannekoek, Lénine philosophe, Spartacus et https://www.marxists.org/francais/p...

Otto Ruhle et Paul Mattick, Fascisme brun, fascisme rouge, Cahiers Spartacus B 63

Otto Ruhle, Fascisme brun, fascisme rouge, https://www.marxists.org/francais/r...

Controverses : « D’octobre 1917 à l’effondrement de l’URSS » (numéro spécial, novembre 2011) http://www.leftcommunism.org/IMG/pd...

Revue Invariance  :
- Série I, n°4 : "Leçons des contre révolutions . Révolution double . Nature capitaliste-révolutionnaire de l’économie russe - Série I, n°9 "La Russie soviétique de la révolution à aujourd’hui" - Série II : n°4 : "Bordiga et la révolution russe. Russie et nécessité du communisme"
- Série II : n°6 "Manifeste du Groupe ouvrier du PC"

Munis, G. : Revolución y contrarrevolución en Rusia. Muñoz Moya, 1999

3) Autres sources

Éric Aunoble, Le communisme tout de suite ! Le mouvement des communes en Ukraine soviétique (1919-1920) Paris, Les nuits rouges, 2008

Oskar Anweiler, Les soviets en Russie, Gallimard, 1972

E.H. Carr, La révolution bolchevique (1917-1923), 3 volumes, Editions de Minuit, 1969-1974

Anton Ciliga, Dix ans au pays du mensonge déconcertant, Champ Libre, 1977

Anton Ciliga, Lénine et la révolution, Éditions Spartacus, 1947, rééd. 1978.

Orlando Figes, La révolution russe, Denoel, 2007

Christine Fauré : Terre, terreur et liberté, Maspero, 1979

Léonard Shapiro, Les bolcheviks et l’opposition (1917-1922), rééd. Les Nuits rouges

- Franco Venturi :Les intellectuels, le peuple et la révolution : Histoire du populisme russe au XIXe siècle, tome I, Gallimard, 1972

Rosa Luxembourg, La révolution russe, Spartacus et L’Aube, 2007 https://www.marxists.org/francais/l...

Gustaw Herling, Un monde à part, Gallimard, 1995

4) En anglais, on trouvera une liste assez fournie de livres en PDF et d’articles sur le site libcom https://libcom.org/library/russian-...

et aussi sur le site brésilien passapalavra

http://passapalavra.info/2017/03/110877 avec des textes en anglais et aussi certains en portugais

Sheila Fitzpatrick, The Russian Revolution, Oxford University Press, 3e édition 2008.

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ON RECHERCHE TRADUCTEUR BENEVOLE A PARTIR DU RUSSE

Un camarade m’a fait passer l’annonce suivante. Cela doit représenter environ 400 000 signes en français, estimation très grossière.... vu que je ne connais pas le russe. Большевистская диктатура в свете анархизма : десять лет советской власти коллективное исследование

Traduction : La dictature bolchevique à la lumière de l’anarchisme : dix ans de régime soviétique (travail collectif)

Document passé de Russie sous le manteau par François Bonnaud en 1927-28, après un congrès de l’Internationale syndicaliste rouge, puis remis à Lazarevitch et Ida Mett, personne ne sait si le document a été modifié par Lazarevitch lui-même ou d’autres, avant d’être complètement oublié de tous. Publication en russe de Delo Truda (La Cause des travailleurs) en 1928.

Lire le plan du livre en 1é chapitres de 141 pages sur le site de la fondation Besnard : http://www.fondation-besnard.org/sp...

Bref hommage aux camarades russes pour l’anniversaire 1917 - 2007

La dictature bolchevique vue par les anarchistes : dix ans de pouvoir bolchevique

Большевистская диктатура на свете на анахизма (десят лет советской власты)

Paris, 1928, 141 p. ; édition de l’organisation des anarcho-communistes russes Delo Truda et de la fédération des groupes anarcho-communistes d’Amérique du nord et du Canada.

Le livre est divisé en douze chapitres d’inégale longueur.

I Caractère de la révolution russe

La grande révolution russe, animée par les puissants courants des paysans et des ouvriers, adopta instinctivement les idées et les formes d’intervention anarchistes. Ce furent précisément les mots d’ordre anarchistes d’action directe et de prise en main immédiate des terres et des moyens de production, que les révolutionnaires et le peuple appliquèrent effectivement à l’époque.

Les anarchistes participèrent aux côtés des bolcheviks, mais ils furent éliminés par leur arsenal policier.

II Les anarchiste, leurs erreurs pendant la révolution

Il s’agit de la reprise de l’analyse de la Plateforme d’Archinov et de Makhno, avec un optimisme certain. Dix ans d’échec successif des utopies étatiques et de permanence dans les oubliettes de l’histoire ont servi de leçon à l’anarchisme. Il a uni ses forces dispersées, guéri à jamais son amorphisme maladif. Et cela lui a, enfin, donné un programme anarchiste réel.

III Le bolchevisme, théorie et pratique de la révolution bolchevique

Long chapitre d’analyse.

Dans la pratique, dans le fond, et non pas selon, la presse officielle, les utopies, ou les connaissances méthodologiques, le régime de la dictature soviétique est le capitalisme. [...] La caractéristique fondamentale du capitalisme -l’antagonisme entre les formes et les rapports sociaux- n’est effacé que formellement, par les décrets juridiques. Cet antagonisme dans les faits existe et il développe profondément et sûrement l’esprit de rebellion. L’esclavage dans le travail, la suppression, dans la fonction de travailleur et d’employé, de l’individu en tant que personnalité, l’extension du rôle exploiteur de l’État, l’augmentation du chômage, l’impossibilité caractérisée pour les masses travailleuses de défendre leurs intérêts, quand ils sont menacés par les directives du pouvoir, la transformation des syndicats en perroquets impuissants du parti, les sanctions impitoyables contre les individus qui protestent, l’accroissement monstrueux des forces de répression, l’éducation offerte aux groupes de parasites et de privilégiés, qui ont uniquement une fonction de surveillance et de contrôle, telles sont les caractéristiques principales du système étatique et capitaliste soviétique.

Seuls les philistins et les fanatiques peuvent voir dans la forme soviétique de salariat l’émancipation des travailleurs. Ce que nous venons de dire des ouvriers s’applique également aux paysans...

La violence vis à vis du prolétariat dans toutes ces formes, en commençant par les exécutions et en finissant pat le travail obligatoire, est, quelque paradoxal que cela puisse paraître, la méthode pour former l’humanité communiste à partir des individus issus de l’époque capitaliste.

IV L’économie soviétique : la NEP

... il est évident que les indicateurs économiques naturels n’existent pas, la comptabilité socialiste est une énigme vide, les prévisions des organes de planification ne sont que de la voyance.

V L’économie agricole et la politique agraire soviétique

VI Chômage et situation des travailleurs en URSS

Mobilité des travailleurs : Une telle fluctuation de la main d’œuvre entraîne une période de grande désorganisation, un travail de qualité inférieure, et c’est un sérieux obstacle à une rationalisation ultérieure de l’économie.

VII Syndicats et coopérativisme en URSS

Jusqu’à présent, la tranquillité de la mort règne dans les syndicats. Les fondements de l’égibilité, de la glasnot [déjà un mot d’ordre !], de la subordination, de la responsabilité sont annulés dans la pratique. L’obéissance aveugle aux directives et aux ordres, la discipline de caserne, la bureaucratisation mécanique ont transformé les syndicats en appendices sans âmes des organes centraux du Parti.

VIII La situation de la science

Le leninisme est un enseignement religieux, canonique, qui ne permet que la vénération du parti communiste. L’objection est le signe soit de la folie soit de la politique réactionnaire.

IX La bureaucratie soviétique

Reconnaissance du souci de la lutte contre la bureaucratie :

Mais le combat contre la bureaucratie et la paperasse est envisagé d’une façon complètement mensongère, c’est pourquoi non seulement leurs effets ne sont pas écartés, mais au contraire ils en sont stimulés. [...] La perestroika [encore un mot d’ordre repris] fébrile des tâches fondamentales qui incombent aux organes administratifs soviétiques, dépend des hésitations de la politique, des victoires ou des revers tant sur le plan intérieur qu’extérieur. Elle engendre donc la lassitude, le scepticisme et l’indifférence dans l’accomplissement des tâches.

X La politique des bolcheviks sur l’alcool

Selon la terminologie soviétique, toute utilisation de l’alcool par un parti est scandaleuse. Mais l’état-major bolchevique, pour couronner son œuvre, ne dédaigne pas l’argent. Allait-il s’arrêter devant les préjugés des siens pour en avoir ? Les maladies, les risques de mort, de pillage ne comptent pas. Que la vodka coule à flot, que les jeux de hasard se fassent. Que les gens dépensent (c’est un signe de progrès), que les gens en crèvent (c’est la punition suprême), du moment qu’il y a des bénéfices savoureux. Par la forte et magique dialectique de Lénine et Staline, l’ivrognerie et la dépravation deviennent une source de l’accumulation sociale.

XI L’opposition dans rangs du Parti

Deux groupes s’opposent qui ont appliqué la dialectique des manœuvres et des zig-zags jusqu’à devenir des virtuoses de la question. [...] C’est pour cette raison que le prolétariat, qui observe les deux groupes de charlatans, attend [...] et montre une relative tranquillité quant aux opposants crucifiés et en train de l’être.

Trotski, Zinoviev, Kamenenv et tutti quanti, une fois installés au pouvoir, n’auraient-ils pas appliqué la même politique despotique insensée contre ceux qui n’ont fait qu’ouvrir la bouche ? N’y-a-t’il pas dans la conscience de l’opposition actuelle autant de fautes grandes et petites que celles qu’elles collectionnaient il n’y a pas encore si longtemps ? Si un coup de théâtre de l’histoire faisait que les troskistes tuent les staliniens du Kremlin et qu’ils prennent le pouvoir, ne reverrait-on pas le même cirque ? La pratique soviétique abandonnerait-elle le favoritisme, la création de laquais, la paperasse, la censure, les emprisonnements et les exécutions ? Tout cela serait comme avant et chacun le sait.

XII Un crime par rapport à la révolution

Jamais les perceptions anarchistes que possèdent les masses ouvrières n’ont été confrontées aussi profondément et largement à la pratique du communisme d’État. Et c’est pourquoi jamais encore l’organisation prolétarienne libre, la coopération libre, l’union volontaire des communes sur la base de la volonté de ses membres, n’ont eu une aussi profonde force, une telle conviction pratique.

C’est le moment historique où les masses, après avoir franchi toutes les étapes des sophismes et des mensonges de l’État. se lancent seules, sans tutelles ni décret, pour construire leur monde. L’esprit de la destruction est celui de la création.

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