Ce texte est extrait du recueil d’articles intitulé "Contre l’écologie", traduit et publié par Ni patrie ni frontières, 170 pages, 12 €.
mercredi 24 mai 2017
Tout se passe comme si Robert Malthus n’avait jamais écrit les Principes d’économie politique. Le fantôme du modèle démographique exposé dans l’Essai sur le principe de la population continue à planer au-dessus de nos têtes et c’est celui qui, grâce aux écologistes et à leurs lobbies, nourrit les peurs de notre temps.
1.
Fondé en 1968, le Club de Rome a anticipé les positions du mouvement écologiste tant par son catastrophisme que par ses projections hasardeuses.
Dans son livre , Bjørn Lomborg attire l’attention sur le fait que les écologistes présentent les projections comme s’il s’agissait de prévisions. Formuler une projection consiste à prolonger dans le futur une tendance de développement que l’on peut observer aujourd’hui dans un processus donné, ou dans un petit nombre de processus, en supposant que les tendances de développement des processus restants demeureront inchangées, afin de détecter le point à partir duquel la situation risque de devenir intenable. C’est un outil de planification très utile pour calculer les contremesures nécessaires et les points sur lesquels elles devraient se concentrer. Mais, pour cette raison même, nous pouvons être sûrs qu’une projection, du simple fait qu’elle est prise en compte, ne correspondra jamais à la réalité future, parce qu’elle suscitera des interventions correctives. La projection constitue l’un des éléments au sein d’un processus global de changements ; elle indique les zones dans lesquelles il est urgent d’investir, de développer la recherche scientifique et ses applications pratiques. La prévision, pour sa part, cherche à embrasser l’ensemble des facteurs et leurs contre-effets réciproques ; elle part du point de vue que, précisément parce qu’elle a été mise en garde, la société a tendance à modifier les problèmes signalés par les projections.
Le Club de Rome, cependant, a présenté des projections comme s’il s’agissait de prévisions et le mouvement écologiste suit aujourd’hui la même ligne. Cette méthode intellectuellement frivole est scientifiquement dépourvue de validité, mais, lorsqu’elle est utilisée par des lobbies et des journalistes, elle obtient les effets souhaités. Elle arrive notamment à effrayer les gens, et la peur collective est l’un des moyens les plus efficaces du leadership politique puisque tous les démagogues l’utilisent.