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Dans le monde, une classe en lutte septembre 2015

samedi 17 octobre 2015

UNE FOIS N’EST PAS COUTUME Contrairement à tous les numéros parus jusqu’ici, ce numéro de septembre 2015 contient un long article traitant de l’ensemble des faits et méfaits présents du capital et des résistances que tout cela suscite. C’est une tentative de montrer que toutes ces questions se recoupent même si elles paraissent se dérouler dans des domaines distincts. Bien sûr, tout ce qui est écrit ci-dessous doit faire l’objet d’un débat, la seule chose qui puisse nous faire progresser dans cette compréhension du monde et des résistances qui peuvent surgir de partout, même là et quand nous ne les attendons pas, sous des formes négligées jusqu’alors. Pour recevoir individuellement ce bulletin, envoyer 6 enveloppes adressées et timbrées à 1,05 euro. Pour tout envoi en nombre donner juste l’adresse et la quantité requise. L’envoi se fait alors à nos frais. On souhaiterait que chacun notifie ses changements d’adresse et/ou signale s’il désire cesser de recevoir cet envoi.Aussi que des infos locales nous parviennent si possible déjà résumées selon ce qui figure dans le bulletin

OÙ VA LE SYSTÈME CAPITALISTE ? PEUT-IL SURMONTER CE QUI MET EN CAUSE SON EXISTENCE MÊME ?

Le plus grand danger qui menace le capital, et qui se place au-dessus de toutes autres menaces, insidieusement et inexorablement, réside dans les conséquences, aussi diverses que catastrophiques, de l’exploitation des ressources naturelles qui la font vivre avec l’exploitation de la force de travail. Ce sont ces ressources qui forment l’essentiel des matériaux de base depuis l’énergie, le sable et les autres minéraux de toutes sortes, l’air et l’eau dont la surexploitation entraîne des conséquences environnementales irréversibles, l’appauvrissement et la ruine sanitaire des populations autochtones. L’utilisation intensive des combustibles fossiles dans le procès de production, de transport et de consommation contribue, en même temps que la prolifération des mammifères, y compris les êtres humains, au réchauffement climatique, agent de ce que l’on appelle l’effet de serre, dont les faits et méfaits ne sont plus à démontrer. Dans le même temps, tous les éléments qui pourraient entraîner une régulation naturelle (les forêts, les océans) de ces gaz nocifs ne sont rien de plus que des ressources primaires surexploitées, accentuant encore plus les conséquences directes de la surexploitation d’autres matériaux primaires. Les dirigeants politiques savent cela mais de puissantes maffias économiques, expression actuelle de la domination capitaliste, les contraignent d’une manière ou d’une autre, dans un cortège de violence et de corruption, à ne rien faire pour tenter d’endiguer — s’il est encore temps — ce rouleau compresseur qui est une sorte de revanche d’une nature violée constamment. Sur le fond de cette mort annoncée dans quelques décennies, les remèdes, souvent plus nocifs que le mal, ne parent plus qu’à des conséquences visibles immédiates. Les solutions durables sont impossibles à mettre en œuvre car elles saperaient le fonctionnement et la dynamique nécessaires au système capitaliste. Ces remèdes à court terme ne font qu’accuser l’impuissance d’un système à changer quoi que ce soit dans sa course à toujours plus de profits, d’autant plus que la compétition inhérente au système, tant dans la mainmise sur ces ressources primaires que dans la vente de la marchandise sur le marché mondial, entraîne tout un cortège de guerres et de misère sociale. Ces puissances capitalistes sont d’autant plus incapables de faire face à l’ensemble des problèmes causés par son simple fonctionnement que le propre fonctionnement du système a engendré une crise économique (pour partie cause de l’exacerbation de tous les problèmes que nous venons de monter). Dans l’incapacité pour la masse des capitaux accumulés d’assumer dans ces circonstances leur propre reproduction, encore moins de s’accroître, on assiste à la mise en place de « mesures d’austérité » en vue de réduire les coûts de production et de réduire la part de plus-value consacrée aux services publics minimaux, dont l’effet pervers est d’accentuer la crise en réduisant la consommation globale en face d’une surproduction de marchandises. Le résultat en est d’une part, une dégradation à la fois des conditions individuelles de vie par la réduction des salaires et le développement de la précarité, d’autre part dans la suppression ou la réduction des services collectifs pourtant destinés à assurer un fonctionnement sans faille de l’activité économique elle-même. Il est symptomatique que parallèlement aux luttes contre l’exploitation de la force de travail (des petites luttes aux grandes, on remplirait des pages et des pages et ce bulletin ne peut en recenser qu’une faible part), d’autres luttes se développent concernant la dégradation des services publics nécessaires à la vie dans les centres urbains (là aussi, on trouvera des exemples dans ce bulletin, depuis l’Afrique du Sud jusqu’au Liban et à l’Irak). Ces dernières luttes souvent transcendent les divisions entre ethnies, religions et même sociales. L’ensemble de ces facteurs irrépressibles soulève quotidiennement des problèmes humains tout autant insolubles. Cela dépasse le problème central de l’exploitation de la force de travail, pourtant réduite dans certains secteurs à d’effroyables conditions n’assurant même pas et de loin sa reproduction. Un peu partout dans le monde, la pénétration capitaliste intensive contraint la population à des migrations internes et externes dans des proportions inconnues jusqu’alors. Cette pénétration capitaliste peut se faire pacifiquement, par l’accaparement des terres comme par le déversement de produits agricoles et industriels bon marché qui ruinent les économies locales, ou par la surexploitation des ressources naturelles dans des conditions qui ruinent l’existence des populations. Pour être pacifique, cette pénétration capitaliste n’en est pas moins source de violence, de misère, et conduit ces populations locales à l’exode, vers les bidonvilles ou vers les pays centres du capital. Tout comme un travailleur insatisfait de ses conditions d’exploitation lutte sur son lieu de travail ou change de lieu d’exploitation, les populations luttent ou s’expatrient. Ainsi des conflits d’un bout du monde à l’autre contre l’installation d’exploitations minières ou industrielles polluantes. Depuis la Bolivie jusqu’à la Chine, on trouvera dans le présent bulletin des exemples qui viennent s’ajouter à la lutte de classe traditionnelle sur le lieu de travail contre les conditions d’exploitation de la force de travail. Toutes se déroulent partout dans le monde bien que sous des formes différentes liées à ces mêmes conditions d’exploitation. Dans les pays en développement où les industries de base ont été délocalisées pour réduire les coûts de production, on trouve des luttes fréquentes proches de celles de l’aube du capitalisme, mais œuvrant avec des techniques modernes. Dans les pays industrialisés, cette délocalisation a entraîné une expansion démesurée de services et la pénétration du capital dans des secteurs de la vie quotidienne, d’où des spécificités dans les luttes. Mais, dans tous les secteurs de l’activité capitaliste, de manières différentes, tout est centré sur la productivité du travail pour une réduction des coûts de production et l’augmentation de la part de plus-value revenant au capital ; les résistances sont aussi diverses que le sont les conditions d’exploitation mais elles sont récurrentes, restant toujours localisées et parcellaires. La pénétration capitaliste peut se faire par la violence militaire. Mais elle a pris des formes différentes de celles des conquêtes coloniales passées. Elles ne visent plus à des conquêtes de territoires pour une gestion directe par le capital mais au maintien d’une domination indirecte pas la mise en place et le soutien à des clans locaux. Pour peu que des révoltes populaires ou les pouvoirs ainsi établis tentent d’échapper à cette tutelle et à s’orienter économiquement et politiquement vers d’autres acteurs économiques mondiaux, des interventions militaires directes tentent de rétablir l’ordre antérieur. Au cours des trois ou quatre décennies écoulées, de telles interventions des « grandes puissances » n’ont conduit qu’à un chaos économique et politique, à une désagrégation politique et à des conflits armés internes : tout le Moyen-Orient et l’Afrique subéquatoriale sont ainsi tombés dans d’inextricables conflits que rien ne semble pouvoir endiguer. Dans les pays capitalistes, il est devenu impossible de mobiliser idéologiquement et matériellement les populations pour des expéditions militaires conséquentes qui permettraient de « rétablir l’ordre » au prix d’une mobilisation générale et de massacres à l’échelle des dernières guerres mondiales. Ces interventions militaires limitées montrant chaque jour leur impuissance ont déclenché un effet boomerang, au-delà de ces échecs évidents dont le coût accroît les difficultés de fonctionnement intrinsèques au système. Cet effet est double et porte la guerre à l’intérieur même des puissances capitalistes. D’une part, le chaos résultant de l’intervention directe et indirecte des puissances capitalistes a fourni le terreau pour la formation et l’essor d’un mouvement puissant de résistance, une sorte d’hydre de Lerne aux tentacules qui essaiment de par le monde — sous l’étiquette religieuse de l’islamisme qui porte une guerre souterraine difficile à combattre. Sa domination, dans certaines parties du monde, entraîne un exode de ceux, opposants ethniques, politiques ou religieux qui fuient sa violence. Ou simplement la guerre et le danger de mort, tout autant que la ruine économique. Les pays capitalistes dominants doivent ainsi faire face à une sorte de guerre sur deux fronts dont les conséquences économiques et politiques viennent compliquer toute une série de difficultés engendrées par la crise du capital, celles que nous avons déjà évoquées. Non seulement la « lutte contre le terrorisme » symbolisée par l’État islamique a un coût financier « externe » engendré par les interventions directes ou indirectes sur le terrain, mais aussi un coût financier « interne » par le renforcement des mesures de garde et de contrôle des populations « menacées ». Cette « guerre » a aussi des conséquences politiques par l’accroissement des mesures d’austérité, dont la réduction des services collectifs, et le contrôle de plus en plus étroit de l’activité de chaque individu qui s’étendrait inévitablement non plus aux simples « terroristes » mais à l’ensemble de la population en révolte. Toute une fraction de la lutte de classe, importante mais encore parcellaire, tomberait sous le coup de ces mesures « antiterroristes » si elle s’unissait en un mouvement puissant. Il existe une sorte de second front d’attaque du capital dans le territoire même des États. C’est celui de l’émigration. D’une certaine façon, on peut l’assimiler à une sorte de lutte de classe : des populations prolétaires ou en voie de prolétarisation qui ne trouvent plus dans leur pays les conditions de leur survie et vont la chercher ailleurs. Elles fuient la dégradation porteuse de mort de leurs conditions d’existence car les possibilités de lutte interne n’existent plus. Quels que soient les moyens naturels ou matériels mis pour endiguer leur assaut contre les forteresses capitalistes, elles réussissent par la puissance de leur nombre à s’insinuer, ou plus récemment à forcer toutes les entraves, causant de nombreux problèmes politiques et aggravant les problèmes matériels. Les États tentent de limiter leur installation permanente en introduisant une distinction artificielle entre réfugiés (menacés par une situation de guerre ou politique) et migrants « économiques », comme si tous n’étaient pas victimes de l’activité globale du capital dans laquelle guerre et politique n’étaient pas les volants de cette activité. Le capital est malade, mais pourrait-il s’en sortir comme il a pu le faire dans le passé ? Toutes ces luttes dispersées pourraient-elles conduire à une contestation globale qui dépasserait les frontières des États ? L’ensemble des résistances et des actions pourraient-elles intervenir assez tôt avant que les conséquences mortelles pour la vie sur la terre de la domination globale du capital ne soient irréversibles ?

IMMIGRATION

REPUBLIQUE DOMINICAINE – 23/6/2015 – Sur 458 000 haïtiens vivant dans cette république, seulement 10% sont en situation « régulière » et leur nombre ne cesse de croître. Une régularisation récente ne toucherait que 275 000 d’entre eux toutes formalités devant être faites avant le 17/6. Un moratoire de 45 jours a différé l’expulsion des illégaux. ; Plus de 2000 policiers ont été spécialement formés pour procéder aux déportations qui devraient débuter le 19 ; La législation a été récemment modifiée qui refuse la nationalité aux enfants nés en république dominicaine de parents haïtiens AUSTRALIE – 3/6/2015 -Les bateaux chargés d’émigrés du sud-est asiatique tentant d’accoster dans le pays sont interceptés en haute mer et systématiquement refoulés pour finir pas échouer en Indonésie. Ceux qui réussissent quand même à prendre pied sur la terre australienne sont toujours internés dans des îles du Pacifique. On ne sait pas combien se noient en cours de route ISRAËL – 29/8/2015 – 45 000 africains entrés en Israël jusqu’en 2013 (dont 24 000 érythréens et 9 000 soudanais) sont de véritables parias dans le pays. Plus de 1200 d’entre eux internés depuis plus d’un an ont été libérés suit à une décision de la Haute Cour. Mais il leur est interdit de séjourner dans les grandes villes dont Tel Aviv et Eilat. Tous vivent clandestinement dans de petits boulots comme la restauration ou le bâtiment. MONDE -Septembre 201 - Chaque jour 42 500 personnes fuient leur domicile sus une menace ou sous une autre dont la moitié a moins de 18 ans ( la moitié de ceux-ci des enfants). L’exode présent concerne dans le monde 60 millions de « déplacés ». Au cours des 8 premiers mois de 2015, 500 000 migrants ont frappé aux portes de l’Union Européenne contre 280 000 dans toute l’année 2014

VENEZULA – 30/7/2015 –L’immigration peut se faire à l’intérieur d’un État. Fuyant le chômage, des milliers émigrent aux fins fonds du pays pour tirer dans des conditions dangereuses, de l’or des mines abandonnées par la faillite des Entreprises d’État par impéritie et corruption. Même si ces exploitations minières sont maintenant contrôlées par des mafias liées à l’armée et aux fonctionnaires locaux qui prélèvent une dîme d’au moins 20% sur les découvreurs d’or, les promesses de gains attirent de plus en plus de chercheurs d’or. Mais ils doivent affronter tous les dangers des corruption, des rackets des vols et des meurtres dans cette jungle qu’est , comme dans bien d’autres pays, l’ exploitation extrême d’une main d’œuvre dans la production de diamants ou métaux précieux ou rares dont les multinationales tirent un profit maximum. BIRMANIE – 8/6/2015 –Les Robingyas bien qu’établis en Birmanie depuis des générations sont présentés depuis des décennies par la majorité bouddhiste comme des étrangers dans leur propre pays (voir précédents bulletins). Ils sont privés de nationalité, parqué dans des camps proches du Bangladesh. Après les massacres de 2012 on assiste à un véritable nettoyage ethnique et une croisade anti musulmane qui les contraints à fuir le pays, essentiellement par mer, rejetés de tous les rivages où ils tentent d’accoster. FRANCE – 22/9/2015 – Dans les années 1970, la SNCF a cherché des costauds pour travailler à la réfection des voies et pour ce faire a recruté 2 000 marocains. Mais, prétextant qu’ils étaient étrangers et ne ouvraient pas travailler pour une entreprise nationale, ce fleuron des entreprises d’État a créé une catégorie spéciale les « PS25 » « bénéficiant » d’un statut de droit privé avec des salaires et conditions bien inférieurs à ceux de cheminots SNCF. Ces quasi esclaves n’ont jamais pu accéder à une promotion quelconque et si certains ont pu après des années être naturalisés et ont ainsi pu accéder au « cadre SNCF » toutes leurs années antérieures au service du même employeur n’ont pas été prises en considération et il en a été pour eux comme pour un nouvel embauché. Pendant des années ils ont tenté de faire valoir ce qui était leur droit mais la SNCF a fait de la procédure. Ils sont devenus vieux, certains sont morts, les autres sont devenus les « chibanis » (les cheveux blancs) et c’est seulement ce 23 septembre que le conseil des Prud’hommes a condamné la SNCF à verser à chacun des 830 plaignants entre 150 000 et 200 000 euros à peine ma moitié de l’évaluation de leur préjudice, environ 150 millions pour la SNCF qui – sans doute- fera appel. La crise du capital CHINE – 29/9/2015 – A quelque chose malheur est bon. Le ralentissement de l’économie chinoise correspond aux difficultés qu’ont les entreprises pour recruter de la chair fraîche à exploiter. Le vieillissement de la population (à cause de l’enfant unique décrété par Mao) et le développement des services dû à la croissance d’une classe moyenne consommatrice fait qu’au manque de jeunes, s’ajoute la séduction des emplois hors production. Le résultat de ce manque de main d’œuvre productive est que les patrons doivent proposer des salaires plus élevés qui atteignent plus de 500 euros mensuels, plus de deux fois le salaire minimum. Comme le dit un migrant de 29 ans « Ce n’est pas difficile de trouver du travail en ce moment si l’on n’est pas paresseux ». Mais ces hausses de salaires augmentent les coûts de production et les entreprises ou délocalisent en Chine ou hors de Chine ou bien automatisent les chaînes de production. Allemagne -9/9/2015 – Plusieurs centaines de migrants défoncent les barrières protégeant à Berlin le bâtiment de l’Office national des affaires sociales mais sont prévenus d’entrer dans les locaux par une impressionnante mobilisation policière. Certains campent nuit et jour devant le bâtiment pour protester contre leur condition précaire États –Unis 10/9/2015 – Rafle monstre en Californie contre les migrants sans papiers. En 4 jours 240 arrestations pour expulsion. Partout dans le pays on assiste à un renforcement de la répression contre les sans-papiers.

L’ INDUSTRIE DU MIGRANT

La migration a toujours été au cœur même du système capitalisme qui a absolument besoin de la force de travail, c’est inhérent à sa nature même qui réside dans l’exploitation de la force de travail. Il lui faut donc chercher les êtres humains porteurs de cette force de travail pour les contraindre, d’une manière ou d’une autre à quitter leur état présent et venir sur le lieu de cette exploitation. Toutes les époques ont eu leurs migrants, les seules modifications ont été la dimension géographique de ces transferts de populations : régionale, nationale et internationale qui souvent ont chevauché dans une même période. Pour une approche globale de cette question, on doit distinguer plusieurs stades dans le processus migratoire vu sous l’angle froid et cynique de l’intérêt du capital. Quand on sait qu’il est évalué que le simple trafic d’êtres humains rapporte plus que le trafic de drogue on voit qu’il s’agit d’une véritable industrie productrice de profits considérables, d’autant plus que dans ce processus migratoire, viennent se greffer d’autres industries que l’on ne soupçonne guère. Pour mieux approcher cette question, ces stades peuvent se définir autour d’une part de la « production » du migrant, la matière première de cette marchandise, ensuite du transport de cette marchandise vers les « pays d’accueil » et finalement leur utilisation et/ou leur stockage dans une destination qui peut être définitive ou provisoire.  Chacune de ces étapes comporte une source de profit dont le montant est difficile à évaluer car elles comportent toutes l’utilisation de matériels fournis par d’autres secteurs de production, comme une sorte de sous-traitance. La production du migrant est le produit direct ou indirect de l’activité capitaliste. Directe par un ensemble d’intervention qui vont de l’invasion capitaliste des terres dont les occupants sont expulsés, au déversement de produits agricole et industriels à bas coût qui ruinent les agricultures et artisanats locaux et aux guerres pour la mise sous tutelle de productions locales notamment le pétrole. Indirecte par les conséquences de l’activité capitaliste sur les conditions de vie soit localement par les pollutions minières et industrielles sot par l’effet global sur les conditions de vie planétaires (réchauffement climatique, montée des eaux, désertification, etc…). Les économies locales sont encore plus déstabilisées par le fait que le migrant doit vendre ses biens pour réunir les sommes nécessaires pour assurer le passage. Le transport du migrant peut se faire à l’intérieur d’un État vers les centres urbains ou vers d’autres contrées parfois très éloignées des lieux de production du migrant. Outre les sommes considérables que le passeur extorque à chaque migrant toute une industrie se greffe autour de ce transport dont l’approvisionnement matériel doit être renouvelé (véhicules, bateaux pneumatiques, barques de tous ordre et même navires) L’accueil du migrant, soit dans un pays de destination, soit dans un de ces nombreux camps de transit nécessite la fourniture d’un matériel qui va des tentes aux conteneurs convertis à tous autres logements précaires. Sans compter les fournitures de nourriture et toutes autres nécessités de base. ; Quand on sait que la seule Allemagne va consacrer en 2015 plus de 5 milliards d’euros rien que pour l’accueil de quelque 120 000 migrants on peut de faire une idée, à l’échelle des millions de migrants et déplacés (5 millions rien que pour la Syrie) des sommes ainsi introduites dans le circuit capitaliste de la marchandise. Le résultat global, c’est que la migration fournit au capital mondial en force de travail à la fois, pour une petite partie, du travailleur qualifié dont il fait l’économie d’une formation, et pour la plus grande partie du travailleur non qualifié standardisé que le passage des frontières a en quelque sorte dévalorisé en le privant des qualifications qu’il pouvait voir dans son pays d’origine. . LA CRISE DES SYNDICATS

ALLEMAGNE — 28/05/2015 — Déjà dans les années écoulées nous avons évoqué la formation de syndicats transfuges des grands syndicats IG Metall pour la métallurgie et Verdi pour les services. Dans les chemins de fer , les compagnies aériennes et les hôpitaux s’étaient formés des syndicats de professionnels ( agents de conduites, pilotes, hospitaliers) qui refusaient de se plier à la dictatures des « grands » syndicats ignorants, dans les accords leur spécificité. Notamment dans les chemins de fer et les compagnies aériennes , leur position de force leur ont permis avec des grèves très efficaces de résister aux restructurations les concernant (voir précédents bulletins) Mais ces dissidences restaient limitées à ces syndicats professionnels. Une étape semble franchie quant à la contestation des fédérations syndicales générales. ; Une idée peut être donnée quant à la puissance de ces fédérations avec IG Metall. Cette fédération contrôle dans la métallurgie 50 000 membres dans les conseils de gestion et 80 000 délégués d’entreprise. Elle dispose d’une fortune évaluée à 2 milliards d’euros placée en action de diverses sociétés. Elle exerce un strict contrôle des relations de travail dans les comité de gestion qu’elle domine en étroite collaboration avec le management au point qu’un de ses dirigeants vient d’être promu DRH du sidérurgiste Thyssen Krupp pour un salaire de près de 200 000 euros par mois.. ; Ce qui s’est passé lors des élections au conseil d’entreprise de l’usine sidérurgique Thyssen-Krupp à Duisbourg dans la Ruhr (13 000 travailleurs) peut signifier que la contestation syndicale de base s’est élargie de ces syndicats professionnels dissidents à une attaque plus générale concernant cette fois l’ensemble des travailleurs. Ces élections. ont vu l’entrée dans le conseil de 4 délégués (sur les 39 membres) d’un « Groupe d’intérêt pour une semaine de 35 heures », groupe d’opposition à la politique de collaboration d’IGMetall qui avait mené, de concert avec les dirigeants de l’entreprise une campagne d’intimidation, de pressions et de bataille juridique, pour briser le développement de cette contestation. 20/08/2015 – Après un mois de grève, 240 000 fonctionnaires chargés des soins à l’enfance rejettent un accord d’arbitrage sur les salaires, montrant ainsi l’écart grandissant entre les dirigeants du syndicat Verdi et la base. L’accord en question, pour une durée de cinq ans, ne prévoyait qu’une augmentation de 50 euros mensuels contre une interdiction de se mettre en grève. ÉTATS-UNIS – 16/06/2015 – Usine d’aluminium Kentucky Aluminium à Hawesville. Les 560 travailleurs ayant rejeté 4 tentatives du syndicat USW d’imposer un nouveau contrat de cinq ans comportant notamment la réduction des garanties maladie, la direction de la firme impose un lock-out. Le syndicat n’a pu rien faire d’autre que de décider la grève dans une usine déjà fermée, et d’installer des piquets de grève. Par l’entremise d’un médiateur, le syndicat a proposé et en quelque sorte imposé le contrat, pour la cinquième fois le 10 juin, avec la fin du lock-out et la reprise du travail. – septembre 2015 – Le syndicat USW ordonne aux 30 000 travailleurs des aciéries de rester au travail malgré l’expiration du contrat de trois ans et les nouvelles proposions patronales pour un nouveau contrat. Arcelor Mittal a déjà proposé pour ses 13 000 travailleurs un nouveau contrat de trois ans impliquant un gel des salaires et une réduction des primes, des congés payés et des garanties maladie. FRANCE — Septembre 2015 — Les sagas des compagnies de ferries (voir différents bulletins). Pour la Société nationale Corse Méditerranée, une nouvelle offre de reprise maintiendrait 7 à 800 emplois sur 1 583 ; quelques employés, dont des syndicalistes, font l’objet de poursuites pour trafics divers. SeaFrance pour le trafic trans-Manche. Diverses actions dont lancées par le syndicat créé par les exclus de la Cfdt, le « syndicat maritime du Nord » (occupation de navires, blocage des accès au tunnel sous la Manche), sur fond de tractations diverses entre concurrents sur le trafic trans-Manche. Accord en vue pour la reprise de 400 marins sur 487 à la Scop défunte. Là aussi, poursuites judiciaires contre des militants syndicalistes pour trafics divers. GRANDE-BRETAGNE – Septembre 2015 — Ce ne sont pas tant les grèves du métro de Londres qui motivent un durcissement de la répression mais la crainte que devant l’accentuation de la précarité, un vaste mouvement social sauvage balaie les contrôles syndicaux. Ces réformes visent en fait à renforcer le contrôle syndical sur la base, dans le même sens des lois Thatcher des années 80’.  Voici un aperçu de ce projet :
- un contrôle strict des contributions des syndicats au parti travailliste ;
- le contrôle par la police des piquets de grève dont le nombre est déjà limité à 6, et faire de toute infraction quant au nombre et au fait de s’opposer à l’entrée des « jaunes » un délit pénal ;
- l’obligation faite aux syndicats de renouveler un vote pour ou contre la grève quatre mois après un premier vote si celui-ci n’a pas été mis en œuvre, et en même temps autoriser les patrons à embaucher des « travailleurs de remplacement » comme aux USA ;
- l’obligation faite aux syndicats de prévenir l’employeur quinze jours avant le déclenchement d’une grève. ÉTATS-UNIS – Septembre 2015 – Les premiers votes pour le nouveau contrat signé avec les « grands » de l’automobile (GM, Ford) montrent un rejet d’une bonne majorité des travailleurs. Ce nouveau contrat entérine des concessions quant aux salaires et avantages sociaux contre une promesse de garantie d’emploi. Septembre 2015 — Vases communicants. Pour ses implantations américaines, Fiat-Chrysler vient de signer un accord avec le syndicat UAW pour une augmentation des salaires et des projets d’investissements. Les salaires vont passer à 15,20 euros de l’heure pour les entrants et ensuite, selon l’ancienneté, de 25 à 27 euros. Si l’accord est voté par les 36 000 travailleurs américains, Fiat-Chrysler versera à chacun un bonus de 2 700 euros. Mais toute une partie des investissements va financer de nouvelles délocalisations au Mexique avec des coûts de production imparables. Une comparaison entre les « grands » de l’automobile aux États-Unis quant aux salaires montre que Fiat-Chrysler emploie 45 % de ses effectifs dans le pays avec des bas salaires, alors que ce taux est de 28 % pour GM et de 20 % pour Ford. France — 11/09/2015 – Usine SMART à Hambach (Moselle). Placés devant des licenciements ou des dérogations à la législation du travail et aux accords d’entreprise antérieurs, les quelque 700 ouvriers du site ont accepté de « travailler plus pour gagner moins ». Vote (93 % de participants) quelque peu trompeur : les 385 cadres ont voté pour à 74 % et pour les 367 ouvriers (les vrais producteurs), ce fut le rejet à 61 % : mais on a mélangé les torchons et les serviettes et la moyenne a approuvé. Il faut dire que l’accord augmente la durée du travail à 39 heures payées 37 et réduit les RTT, aussi les 17 heures supplémentaires seront payées 90 euros alors qu’avec la situation antérieure, elles auraient rapporté 260 euros. Ce type d’accord arraché au chantage n’a pas été rare au cours des années écoulées et finalement, la loi Macron autorisant « légalement » de telles pratiques n’est qu’une régularisation d’une situation pratiquée « illégalement » mais sur laquelle on fermait jusqu’alors les yeux

LA CRISE DU CAPITAL

ÉTATS-UNIS – 26/08/2015 – Le taux de chômage des jeunes de 20-22 ans est de 7,2 % contre 5,5 % en 2007, et le taux de ceux qui n’ont qu’un emploi précaire est de 15 % contre 10 % pour la même année. Plus de 7 millions d’étudiants ayant emprunté pour continuer leurs études ne peuvent après l’entrée dans la « vie active » payer leur dette ; leur nombre a augmenté de 11 % en 2014 et leur dette représente 17 % de la totalité des dettes privées des citoyens américains. 3/07/2015 – Sur le papier, 223 000 nouveaux emplois ont fait chuter le taux de chômage à 5,3 %. En 1948, 86 % de la population active avait un emploi, aujourd’hui seul 60 %. Parmi ces derniers 1,85 million vivent avec des bas salaires et 1,83 million avec un salaire dit moyen. RUSSIE – 14/06/2015— Baisse des salaires et montée de la pauvreté. L’économie russe réduira son activité de 2,5 % en 2015 – Les salaires ont chuté de 13 % en 2014 et on prévoit qu’ils auront diminué de 10 % supplémentaire fin 2015. L’inflation grimpe de 12 à 18 % et le taux de pauvreté de 16 % ; 45 % de la population vit en 2015 avec moins de 9 euros par jour. Les services publics sont à la dérive. Par exemple, les enfants de 5 à 18 ans sont scolarisés à 53 % dans les villes et seulement à 23 % dans les campagnes. ESPAGNE – Entre 2007 et 2014, la crise a provoqué 600 000 expulsions de logements ; à Barcelone, un tiers du million d’habitants vit en situation d’exclusion sociale. FRANCE — Un enfant sur cinq vivrait sous le seuil de pauvreté. 30 000 auraient des parents SDF et 9 000 vivraient dans des bidonvilles. Près de 140 000 enfants seraient hors scolarisation. 4/09/2015 – Plus il y a de croissance (toute relative), plus le nombre de précaires augmente. En mai- juin 2015, par rapport à la même période de 2014, le nombre de contrats « 0 heure » a augmenté de 20 %. En moyenne, ces contrats fournissent 22 heures de travail dans la semaine. Ce qui fait que le taux de chômage est tombé à 5,6 % de la population active. Les autres formes de contrats précaires (auto-entrepreneuriat, intérim, salaires à la vacation, etc.) sont également tous en hausse ; l’ensemble, 0 heure compris, concerne un tiers de jeunes de moins de 25 ans. CHINE – 29/9/2015 – A quelque chose malheur est bon. Le ralentissement de l’économie chinoise correspond aux difficultés qu’ont les entreprises pour recruter de la chair fraîche à exploiter. Le vieillissement de la population (à cause de l’enfant unique décrété par Mao) et le développement des services dû à la croissance d’une classe moyenne consommatrice fait qu’au manque de jeunes, s’ajoute la séduction des emplois hors production. Le résultat de ce manque de main d’œuvre productive est que les patrons doivent proposer des salaires plus élevés qui atteignent plus de 500 euros mensuels, plus de deux fois le salaire minimum. Comme le dit un migrant de 29 ans « Ce n’est pas difficile de trouver du travail en ce moment si l’on n’est pas paresseux ». Mais ces hausses de salaires augmentent les coûts de production et les entreprises ou délocalisent en Chine ou hors de Chine ou bien automatisent les chaînes de production. France – 24/9/2015 –Lancé à Paris en février 2014 Uber Pop utilise les derniers avatars des techniques de communication pour briser un peu partout dans le monde les secteurs protégés du transport payant par voitures. Il s’agit e fait d’une opération qui vise à établir un trust mondial dans ce secteur en réduisant les conditions de travail et de rémunération à un strict minimum notamment échappant à toutes garanties sociales et contrôle des conditions d’exploitation liées au travail salarié. Les acteurs occasionnels n’ont pas plus de garanties que les voyageurs occasionnels. En France, la Cour de Cassation, après des luttes parfois violentes des chauffeurs de taxi notamment parisiens et des procédures juridiques, dans un arrêt récent vient d’interdire toute activité d’Uber Pop en France ; mais ce dernier a introduit un recours auprès de la cour européenne. Aux États-Unis, son pays d’origine, Uber Pop connaît aussi des problèmes : en Californie des poursuites sont en cours pour contraindre la firme de faire passer tous ses acteurs dans la condition de salarié. Par contre l’expansion d’Uber Pop est spectaculaire dans 60 pays, notamment en Inde e en Chine. Là où ce secteur du transport payant par voiture n’est pas réglementé

LA GREVE ET RIEN D’AUTRE

ETATS-UNIS – 23/6/2015 – Californie : 10 000 travailleurs hospitaliers votent le 16 juin la grève pour les salaires et avantages menacés lors du renouvellement du contrat. Le syndicat SEIU tardant à lancer le mouvement, trente travailleurs se font porter malades. Ils sont menacés de sanctions disciplinaires ‘ils ne produisent pas une ordonnance en bonne et due forme. Le syndicat se distancie nettement avec cette forme de lutte en a déclarant »illégale » 7/9/2015-Les douze aciéries réparties dans 6 États exploitant 2 2000 travailleurs sont ‘objet d’un lockout depuis le 12 août suite aux rejet des propositions d’un nouveau contrat réduisant les garanties sociales, supprimant la retraite pour les entrants et autorisant le recours à la sous-traitance. . Pourtant les usines continuent de tourner avec des « travailleurs de remplacement » (pratique légale) alors que le syndicat USW refuse d’engager une lutte pour les 30 000 travailleurs d’Arcelor et US Steel dont les contrats sont également expirés depuis le 1/9/2015. ; Le conflit doit être tranché par un médiateur 28/6/015 – neuf mois après que 30 000ouvriers eussent mené des grèves dans les principales raffineries (voir précédents bulletins) le syndicat USW met un terme au mouvement et à la dernière grève de 1 200 travailleurs de la raffinerie Marathon Petroleum à Galveston (Texas) en imposant un nouveau contrat (rejeté par deux fois par les syndiqués) qui, contre une augmentation de salaires (12% sur 4 ans) entérine les heures supplémentaires obligatoires et la possibilité de sous-traitance Allemagne – 26/1/2015 – 30 000 postiers après toute une série de grèves limitées géographiquement et dans le temps entament leur troisième semaine de grève à l’appel du syndicat Verdi contre l’externalisation vers une filiale. 20% des emplois sur 140 000 menacés pour des augmentations de salaires et la réduction de la durée hebdomadaire u travail. Situation confuse entre reprises et nouvelles grèves. TURQUIE - -Représailles – Le 15 mai, toute l’industrie automobile a été touchée par une vague de grèves (voir précédent bulletin) à la fois chez les constructeurs et chez les sous-traitants. Chez Tofas, filiale de Ford 140 « meneurs » sont licenciés. De nouvelles grèves pour les salaires menacent. GRANDE -BRETAGNE - en juillet et août 2015, séries de grèves dans le métro de Londres contre la mise en service sur certaines lignes des weekends en continu jour et nuit. Mais aussi avec des revendications de salaires (offre patronale 1 %). Le chaos pendant ces grèves a été tel que le gouvernement menace d’introduire une nouvelle législation restreignant encore plus le droit de grève SRI LANKA – 22/5/2015 – Les ouvriers des plantations de thé sont en grève contre une augmentation de la quantité de feuilles de thé à collecter de 16 à 18 kg par jour ; Ils doivent reprendre le travail sous la pression des dirigeants parons et autorités Arrestation de 7 « meneurs » et le licenciement de trois d’entre eux. ARGENTINE – 26/9/2015 – Grève illimitée des enseignants de l’État de Catamarca pou salaires de conditions de travail avec des blocages routiers. États-Unis -10/9/2015 – Seattle (Washington) 5 000 enseignants en grève pour les salaires et contre les classes surchargées. Sur recommandation du syndicat, la grève cesse le 16/9 avec une augmentation de salaire de 14% sur trois ans et divers aménagements.

LES CRIMES DU CAPITAL 2015 – Les problèmes et les victimes de l’émigration ne pèsent pas lourd face à l’ampleur des victimes du paludisme. Parce qu’ils se produisent ailleurs qu’en Europe, principalement en Afrique (90 % des cas et décès), et ne sont pas une menace quelconque à cause du climat. Pourtant, sur le globe, 3,2 milliards d’êtres humains (presque la moitié de la population mondiale actuelle) sont exposés au paludisme. En 2013, sur 200 millions de cas avérés, entre 600 à 700 000 malades sont décédés dont 430 000 enfants (aucune statistique fiable n’existe). En Afrique, un enfant meurt chaque minute, malgré une diminution de 40 % de la mortalité depuis 2000. D’après un chercheur américain en 2010, le palu aurait fait 1 200 000 victimes. Comparez avec les victimes de l’émigration GRANDE-BRETAGNE — En 2015, 90 personnes sont mortes quelque temps après avoir été déclarées « aptes au travail » (avec suppression des allocations) lors de l’application de la réforme sur la protection sociale. Entre décembre 2011 et fin 2014, 2 400 personnes sont décédées dans les 14 jours après avoir été reconnues ainsi « aptes au travail ». CHINE — En huit mois de l’année 2015, au moins 2 700 morts dans des accidents du travail et 640 personnes sérieusement blessées. FRANCE – Année 2014 – À ce jour, 9 personnes ont été tuées par la police et 9 personnes ont été mutilées. C’est du moins ce qui est révélé par la presse. Plus d’infos sur : http://paris-lutes.info. ÉTATS-UNIS — 27/08/2015 – Près de 2 500 000 enfants figurent parmi les SDF, dont 500 000 en Californie. AFRIQUE DU SUD – 28/05/2015 – Dérivatif de la tension sociale, vagues de violence xénophobe notamment à Durban et Johannesburg qui font plus de 7 morts et nécessitent l’intervention massive de la police. TURQUIE – Dans les huit premiers mois de 2015, 1 138 ouvriers ont été victimes d’accidents du travail. CHINE — 12/08/2015 – Deux explosions de grande ampleur détruisent une partie du port de Tianjin (10e port mondial, proche de Beijing, 12 millions d’habitants) et de l’environnement urbain, là où était entreposé sans précautions un cocktail de 3 000 tonnes de produits chimiques aussi explosifs que dangereux (notamment du cyanure). Officiellement, l’explosion aurait fait 173 morts (mais leur nombre s’accroît sans cesse) et près de 700 blessés. Le trafic du port a été réduit de 28 % et les conséquences sont encore mal évaluées : les compagnies de réassurances vont devoir débourser près de 6 milliards de dollars d’indemnisation et cela en place certaines dans de grandes difficultés financières ; les circuits logistiques sont sérieusement perturbés, stoppant l’acheminement de nombre de marchandises et contraignant les acteurs divers à indemniser les donneurs d’ordre. Pour fuir la pollution, mal identifiée, et craignant d’autres explosions, nombre de résidents ont quitté la ville entraînant un manque de main d’œuvre à un moment où elle serait plus que jamais nécessaire pour le déblaiement et la reconstruction du port, et de tout l’environnement urbain. ARABIE SAOUDITE – 25/09/2015 – Mieux que Daesch et Tianjin : la religion n’est pas seulement l’opium de la vie mais aussi sa mort : 717 morts et 863 blessés au pèlerinage de La Mecque, dans une panique causée par l’arrivée sur le site d’un des fils du roi venu pour « lapider le diable » et escorté de 350 militaires et de 150 flics. États-Unis –septembre 2015- La ville de Baltimore va payer 5,7 millions Freddie Gray assassiné par la police pour prévenir les révélations qu’un procès pourrait apporter. Dans la même situation, la ville de New York va payer 8 millions d’euros à la famille Garner assassiné par un flic Dans le monde, plus d’un milliard d’habitants vivent avec moins de 1,12 euro par jour. Cette pauvreté se concentre particulièrement dans l’Afrique subsaharienne (47% de la population), dans l’Asie du sud (25% de la population), dans l’Est asiatique de la Pacifique (15% de la population et en Amérique Latine (6,3% de la population) UKRAINE – septembre 2015 – Bien qu’ayant viré à l’ouest (sauf la partie est plus ou moins autonomisme sous contrôle russe) le pouvoir est toujours aux mains des oligarques, le président actuel qualifié de « roi du chocolat ». L’application des conditions mises pour l’octroi de prêts divers fait des ravages dans les conditions de travail et de vie qui avaient été héritées de la domination russe. En 2015, il est prévu une inflation de 46% alors que dans bien des secteurs la gratuité ait été supprimée. Les grèves sont aussitôt décriées comme « soutien à la Russie ». Les appels des jeunes au service militaire rencontrent de plus en plus de désertions.

OCCUPATIONS ET BLOCAGES

ARMENIE – 30/6/2015- Ce petit pays montagneux de 3,3 millions d’habitants, coincé entre la Turquie, l’Iran, l’Azerbaïdjan et la Géorgie, est aussi une place forte de la Russie qui lui fournit la totalité de son énergie et y entretient une base militaire importante. Il est difficile de savoir qui furent réellement les instigateurs de cette révolte contre une hausse de 16% de l’électricité qui déversa dans les rues des milliers de manifestants et entraîna une occupation de plusieurs jours de Freedom Square la place centrale de la capitale Erevan. La vigueur de la répression policière – 20 blessés et 237 arrestations – témoigne de l’importance de l’enjeu d’autant que les concessions du pouvoir sur le prix de l’électricité n’ont pas fait cesser immédiatement les affrontements. Certains ont assimilé ce mouvement à d’autres tentatives de « révolution de couleur » comme dans d’autres pays de la région sous influence russe. AUSTRALIE – 13/08/2015 – Les travailleurs de la chaîne de supermarchés et de centres de distribution Woolworth à Melbourne sont en grève depuis le 10 août. Ils bloquent les entrées et sorties des dépôts avec des piquets de grève, ceci malgré une injonction du tribunal ordonnant la reprise du travail. Les grévistes sont contre l’emploi de temporaires et d’intérimaires et les menaces de licenciement. UKRAINE – 18/06/2015 – Des centaines de travailleurs manifestent devant le Parlement de Kiev pour le rétablissement de l’indexation des salaires et des retraites sur les prix. Entre autres augmentations imposées par le plan d’austérité en contrepartie du prêt du FMI, le prix du gaz a augmenté de 50 %. IRAN — 19/06/2015 – 350 mineurs s’opposent depuis trois mois à la fermeture de la mine de Zarand proche de Kerman (600 000 habitants). Ils bloquent une avenue de la ville et sont attaqués par les flics ; un travailleur aveuglé par les grenades lacrymogènes ne voit pas un camion et est tué sur le coup. 20/06/2015 – 120 travailleurs sont en grève à l’usine textile de Barak près de Rasht depuis plus d’un mois pour des arriérés de neuf mois de salaires. LIBAN – Depuis juillet, manifestations et occupations à Beyrouth et dans quelques autres villes du pays dans ce qui au départ concernait un énorme dépôt d’ordures, sa fermeture et l’arrêt de la collecte des ordures. Le mouvement spontané au départ s’est donné comme slogan « Tu pues », en version plus étendue : « C’est la question des ordures politiques dans ce pays. » Le symbole de cette question d’ordures touche autant l’ensemble des carences dans la distribution de choses essentielles : eau, électricité, transports, qu’un immobilisme politique qui est la conséquence d’une cogestion des différents groupes politiques et ethniques. Le mouvement transcende les divisions politiques, ethniques et religieuses pour mettre en cause tout le système également totalement perturbé par la guerre en Syrie et par l’afflux des réfugiés. Le 22/08, les affrontements avec les flics font des centaines de blessés. INDONÉSIE – Août 2015 – Jakarta – Pierres et cocktails Molotov contre les flics qui tentent d’expulser les habitants d’un bidonville promis à la destruction. BRÉSIL – Août 2015 — Une bagarre contre la police qui tente d’expulser 80 familles d’un bidonville laisse 10 voitures et bus incendiés. MALAISIE — 29/08/2015 — Des dizaines de milliers de manifestants dans les rues de la capitale Kuala Lumpur occupent le centre de la ville contre la corruption et la dégradation des services publics. Avec pour slogan « Bersih » : nettoyer. Tout se polarise autour d’un paiement obscur de 700 millions de dollars qu’aurait reçu le Premier ministre. IRAK – Septembre 2015 – Chaque vendredi, dans les grandes villes de la partie chiite du pays et principalement à Bagdad, se déroulent des manifestations populaires contre les carences dans les approvisionnements de base (eau, électricité) et contre la corruption sous le slogan : « Au nom de la religion, ils nous volent. » Mais dans la situation présente de l’Irak, il est difficile de dire qui organise et qui manipule. COLOMBIE — 12/06/2015 — Les paysans sont souvent coincés entre les luttes des Farc, celles des forces de l’armée et celles des paramilitaires. Le problème concerne la possession de la terre ainsi que la reconversion des cultures alors que les paysans vivent, sous la coupe des narcos et des Farc, à 90 % de la culture de la coca. En juin 2013, 15 000 cultivateurs de la région de Catatumbo dans l’est de la Colombie se sont révoltés et ont lutté contre la répression pendant 57 jours. Ce fut la plus grande mobilisation de paysans dans tout le pays avec des occupations, des barrages routiers… Les affrontements avec la police et l’armée se soldèrent par 12 morts, 485 blessés et 4 disparus. Depuis, les affrontements sont récurrents, sans atteindre cette dimension d’alors. Les actions se font autour d’une sorte de coordination et d’un centre d’info alternatif « Prensa Rural ». CHILI – 30/06/2015 – Les enseignants continuent la grève débutée le 1/06 contre une réforme du système éducatif, pour la fin de la précarité ; ils sont rejoints par les étudiants et manifestent dans la capitale. Cette grève prend fin le 27 juin, mais reprend le 26/8 lorsque 80 000 enseignants de 5 500 écoles font une grève de 48 heures car rien n’a été réglé. AFRIQUE DU SUD – 12/06/2015 – Les travailleurs de la compagnie de téléphonie mobile MTN luttent depuis un mois pour les salaires, les congés payés et la fin des emplois temporaires ; la firme a obtenu une injonction interdisant la présence des grévistes dans un rayon de 100 mètres autour des entrées des lieux de travail (bien sûr, pour empêcher les piquets de grève). La grève prend fin le 24/07 par épuisement des grévistes qui n’ont rien obtenu. Août 2015 – Sur le chantier de construction d’une centrale thermique électrique à Medupi, les grèves se succèdent, elles concernant principalement les conditions d’hébergement des travailleurs. Les grèves sont toutes illégales et les affrontements sont fréquents avec flics et sécurité ; une bombe explose sur le site. Des blessés par balles réelles. CAMBODGE – 25/07/2015 – Au cours des deux années écoulées, l’industrie textile s’est accrue de 22 %, elle exploite 100 000 travailleurs. Les bas salaires et les conditions de travail autorisant les délocalisations depuis la Chine entraînent de fréquents conflits avec des manifestations diverses (occupations d’usines, blocages routiers, manifestations devant les bâtiments officiels). Toutes ces actions sont sévèrement réprimées par les flics et les poursuites judiciaires valent aux « meneurs » de lourdes condamnations ; au cours d’un conflit récent, la police militaire ouvre le feu, tuant et blessant. Au cours des trois premiers mois de 2015, on a recensé 74 % de grèves supplémentaires que dans la même période de 2014. Un récent recensement concernant les 700 000 travailleurs du textile a montré que le salaire moyen mensuel s’élevait à 170 euros environ (à peine 6 euros par jour). En juin, un groupe de grévistes manifestent à Phnom Penh pour déposer une pétition au ministère du Travail demandant des sanctions contre un cadre qui a violemment frappé un ouvrier qui demandait des explications sur la réduction de 5 $ de son salaire mensuel de 128 $. BANGLADESH – 19/06/2015 – Une entreprise d’État de traitement du jute menacée de privatisation alors que plus de 60 usines de jute ont été fermées récemment, mettant 600 travailleurs au chômage. 1 000 travailleurs de l’usine en question se mettent en grève et bloquent les routes alentour. La firme décide le lock-out et le 3/08 les employés trouvent les portes fermées lors de l’embauche. Nouveau blocage et répression policière. CHINE – 8/06/2015 – Artigas Clothing &Leathervear à Shenzhen en grève occupent l’usine contre sa délocalisation et demandent la réintégration des licenciés, prémices de la fermeture. C’est la seconde grève en 6 mois, la première ayant cessé après des promesses non tenues. Cette fois, ils feront grève jusqu’au bout ; encore aujourd’hui, 500 ouvriers sur 900 occupent l’usine jour et nuit pour empêcher le transfert des machines. BOLIVIE – 24/07/2015 – Les mineurs du centre de Potosi sont en grève depuis 19 jours et s’affrontent avec les flics en leur balançant des bâtons de dynamite. La police tire. 44 arrestations, des blessés. Ils ont pratiquement bloqué tous les accès à cette ville de 200 000 habitants, à 4 000 mètres d’altitude. Leurs revendications concernent l’amélioration de l’ensemble des services publics de la région, ce qui leur avait été promis suite à des grèves antérieures. 1 000 d’entre eux entament une grève de la faim avant qu’un accord soit conclu sur des améliorations diverses des conditions de vie locale. JAPON — 30/8/2015 – 120 000 manifestants dans les rues de Tokyo pour protester contre la nouvelle législation qui renforce l’armée et autorise son engagement sur des théâtres extérieurs ; près de 60 % de la population serait hostile à cette résurgence du militarisme nippon. BOSNIE-HERZEGOVINE – 16/05/2015 – L’usine Dita de Tuzla (détergents) est occupée depuis février 2014 lors de la vague de grèves qui a secoué toute la région (voir précédents bulletins). Le 18 mars, les travailleurs qui occupent l’usine et espèrent la faire redémarrer reçoivent notification de la mise en faillite, ce qui les priverait de toute indemnisation en cas de fermeture définitive. Situation confuse. USA – Premier anniversaire du meurtre d’un jeune Noir et des manifestations et émeutes qui ont suivi. Nouvelle manifestation interdite et affrontements avec les flics : 133 arrestations. INDONÉSIE — 1/09/2015 – L’économie du pays déjà affectée par la crise subit de plein fouet le ralentissement de l’activité économique en Chine. Licenciements et baisse des salaires s’allient avec une inflation qui dépasse 7 % pour accentuer la précarité. 25 000 travailleurs manifestent à Jakarta devant le palais présidentiel et des milliers d’autres défilent également dans les principales villes du pays pour une revalorisation des salaires. HONG-KONG – 5/09/2015 — Chacun peut se douter des conditions de vie et de travail des quelque 320 000 domestiques exploités dans les foyers aisés de l’ex-colonie britannique, surtout des femmes venant pour la plupart des Philippines et d’Indonésie. Leur salaire moyen, pour être « présentes et utilisables » 24 heures sur 24 est d’environ 500 euros par mois. Elles manifestent à la fois pour les salaires et pour une amélioration de leur condition. INDE – Juillet-Août-Septembre 2015 – État de Gujarat au nord-ouest de l’Inde dont la capitale est Ahmedabad, une ville de 3,5 millions d’habitants. Entre 15 et 20 % de la population de cet État appartient à une caste, les Patel, et fait l’objet de discrimination ; ils forment pourtant une classe aisée de commerçants et de propriétaires fonciers qui ont essaimé partout dans le monde, notamment aux USA où ils possèdent nombre de motels ; les Patel ont même pris une place mondiale prépondérante dans la taille et le commerce des diamants. Il leur est difficile de suivre des études comme ils le voudraient à cause d‘un complexe système de quotas et, même à qualification égale, ils trouvent difficilement un emploi. De plus, dans la période récente, comme ils occupent souvent de petits et moyens commerces, la concentration dans ce secteur les prive de leurs moyens habituels de vie et les contraints à occuper, difficilement, des emplois salariés. L’ ensemble de cette évolution économique et de cette discrimination produit une situation explosive qui entraîne une récurrence de manifestations et d’émeutes. En 2002, des affrontements avec la communauté musulmane ont causé plus de 700 morts. À partir du 6 juillet, des manifestations se déroulent dans les principales villes de l’État de Gujarat quasi quotidiennement. Celle du 28 juillet entraîne l’arrestation de 152 manifestants. Elles continuent de se développer aux mois d’août et début septembre avec un cortège de violence, d’incendies de voitures, de bus, de sabotage de voies ferrées, d’attaques et de vandalisme de bâtiments officiels. Le couvre-feu est déclaré mais ne stoppe rien. Le gouvernement interrompt les communications des portables et d’Internet et doit interrompre parfois plusieurs jours le trafic ferroviaire dans la région. Le 21 septembre, plus de 1 000 femmes sont arrêtées alors qu’elles affrontent les flics avec des pierres. Une manifestation monstre se déroule le 25 septembre à Ahmedabad avec 500 000 participants ainsi que dans d’autres villes du pays. Et comme les precedents, se transforment en émeutes, incendies, etc. Tout cela malgré une mobilisation miliaire et policière sans précédent et nombre d’arrestations ; dans ces derniers affrontements, on dénombrera plus de 10 morts. Des pourparlers sont engagés pour tenter de résoudre au moins ce problème de l’accès à l’éducation. Mais les manifestations continuent.

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