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Dans le monde, une classe en lutte septembre 2012

lundi 24 septembre 2012

LA FUITE EN AVANT DU CAPITAL IL MASSACRE, DETRUIT, SES CRIMES SONT INNOMBRABLES ET NE PEUVENT LE SAUVER DE SA DISPARITION

Il faut beaucoup de courage dans un immense désespoir pour renoncer à la vie et se suicider : mais de toute façon, quelles que soient les raisons que l’on se donne ou que d’autres donnent, c’est parce que le système vous y a acculé et qu’on ne trouve pas d’autre issue à la vie de merde qu’il vous a faite. Nombre de ceux qui arrivent à cette ultime solution parce qu’ils ne voient pas d’autre moyen de lutter le font en silence. Quelles que soient les apparences, cela reste un acte individuel. Mais dans une période récente, le suicide individuel (parfois spectaculaire, comme cette immolation par le feu d’un chômeur dans un bureau de la CAF) est accompli de telle façon qu’il est une forme de protestation contre le système. Cela va actuellement des suicides à France Telecom jusqu’à ceux des travailleurs de Foxcon en Chine, ou à celui de paysans indiens ruinés par la « révolution verte » et les usuriers. Cette forme de suicide est accomplie de telle façon qu’elle puisse provoquer une certaine médiatisation et, par suite, conduire les travailleurs placés dans les mêmes conditions, ou l’ensemble des travailleurs, à réagir. A réagir et à lutter, pas tant contre le cadre précis nanti d’une autorité destructrice, mais contre le système que celui-ci met en application. Les travailleurs de Foxcon à Shenzhen qui sautaient individuellement dans le vide pour se tuer devant la porte de l’usine au moment du changement d’équipe faisaient de leur mort individuelle un acte de lutte contre leur exploitation, en espérant créer un choc tant pour les nombreux témoins de leur geste que pour tous ceux qui en seraient inévitablement informés. Cela restait pourtant un geste individuel. Peut-on relier de tels actes individuels à d’autres de même nature – l’autodestruction d’un être humain – qui cessent d’être individuels pour devenir collectifs ? Les travailleurs de Foxcon, rassemblés sur le toit de l’usine, qui menacent de sauter tous ensemble dans le vide si l’on ne tient pas compte de leurs revendications, sont-ils proches de la menace des travailleurs de Cellatex, qui est de se faire sauter avec l’usine, ou de ces mineurs italiens enfermés dans la mine avec des tonnes d’explosifs, ou de bien d’autres exemples extrêmes similaires de décisions ultimes, après avoir épuisé toute possibilité de lutte et constaté leur isolement ? Peut-on relier ces actes ou ces menaces à ces mineurs d’Afrique du Sud qui trouvent assez de courage pour affronter avec des lances et des machettes des forces de la répression dotées d’armement sans comparaison avec les leurs ? Un de ces mineurs d’Afrique du Sud exprimait bien le sens de tels affrontements : « Préférer mourir que de travailler dans ces conditions. » Ce n’est pas nouveau car, dans le passé, des affrontements directs de classe se sont affirmés autour de ce simple slogan : « Du pain ou la mort », et ont mis des prolétaires sans espoir mains nues face aux forces de la répression dotées d’armes létales. Quant un tel dilemme se pose, cela fait apparaître que le capital n’exploite les êtres humains que pour en prendre ce qui peut lui procurer un profit, en utilisant leur force physique et/ou mentale – au besoin à l’extrême – et le plus souvent seulement une partie des dites capacités (ce qui pourrait poser d’autres questions quant à l’évolution même d’une espèce humaine ainsi conditionnée). Cette destruction des êtres humains (avec leurs conditions de travail et leurs réactions extrêmes éventuelles), autrement dit d’une partie de ce que la nature met à la disposition du capital, peut-elle être reliée à deux autres conséquences globales de l’activité capitaliste : d’un côté l’élimination et la marginalisation d’une masse de plus en plus importante d’êtres humains – placés dans une précarisation totale parce que rendus inutiles par l’évolution même du système –, d’un autre côté la destruction de tout ce que la nature procure au capital et que, dans son évolution, celui-ci détruit et reste dans l’incapacité totale de contrôler ? Parmi les crimes du capital, on ne met habituellement que les guerres ou les catastrophes qui auraient pu être évitées, mais pas cette constante destruction d’un appareil de production (êtres humains et matériel) rendu obsolète par la recherche compétitive du profit à travers l’innovation : aujourd’hui, le monde entier est jalonné de ces déchets de l’industrie d’hier qui ne peuvent plus être résorbés (depuis les divers déchets atomiques jusqu’aux amoncellements de plastiques dans une zone du Pacifique). La destruction d’une manière ou d’une autre des êtres humains en regard leur exploitation n’en fait pas partie. Seules, de-ci delà, des luttes qualifiées d’arrière -garde (à l’aune du « progrès » capitaliste) viennent souligner ces destructions en acceptant des miettes permettant la survie. C’est le même « progrès » qui entraîne des luttes, souvent perdues, de deux sortes : celles de paysans dépossédés de leurs terres, soit par l’expansion capitaliste dans la production agricole, soit par l’implantation de zones industrielles ou de barrages fluviaux. C’est aussi le même « progrès » qui déclenche des luttes contre les formes diverses de « pollution » : celles des populations environnantes empoisonnées par des émanations nocives, celles des paysans dont l’implantation d’exploitations minières pollue ou tarit l’eau nécessaire à leur production agricole et à leur vie quotidienne. Essentiellement dans les pays en développement parce que là, le capital a la « liberté » d’exploiter sans limites, tant la nature que les populations, ces luttes donnent des résultats mitigés. Mais il est une forme de pollution plus globale qui vient de l’exploitation mondiale sans limite par le capital de ce que la terre peut fournir en surface et en sous-sol. Peut-on relier la diffusion de cette pollution à tout ce que nous venons d’écrire sur les destructions plus ponctuelles, matérielles et humaines ? Cette pollution est générale et étroitement liée au développement du capital lui-même, à son existence même. Pour ces caractères, ce « crime » n’est combattu qu’idéologiquement ou très localement. Les conséquences dramatiques prévisibles et déjà visibles ne suffisent pas à persuader les intérêts capitalistes globaux de la nécessité vitale pour sa survie d’une régulation impossible, qui mettrait en cause les bases de son fonctionnement. L’expansion industrielle du capital – la seule source du profit capitaliste – reste la seule mesure des solutions préconisées pour sortir de la crise mondiale du capital. L’émission croissante et irrépressible de gaz divers résultant de cette expansion entraîne des effets tels sur le climat que ce « crime suprême » du capital commence à surpasser tous les autres « crimes ». Ses conséquences sont pourtant régulièrement désastreuses sur des secteurs productifs et pour l’ensemble des populations concernées (famines, inondations, affrontements ethniques ou religieux, migrations forcées, le tout accompagné de guerres localisées et d’émeutes). On ne sait trop ce qui (et quand), entre la crise systémique de fonctionnement du capital d’une part et cette conséquence dramatique de l’exploitation illimitée de tout ce qui vit sur la terre et de ce que recèle son sous-sol d’autre part (bien que ces deux volets soient intrinsèquement liés), pourrait conduire à un chaos tel qu’il provoquerait des réactions de l’ensemble des « dominés » (exploités, précaires, assistés, déplacés, etc.). Ces réactions pourraient ouvrir une porte vers un monde communiste. Espérons seulement que cela ne viendra pas trop tard et sans trop de souffrances causées par les répressions des profiteurs d’un système qui, pour le moment, dispose d’un énorme potentiel de défense contre toute velléité de révolte globale.

LES DIFFERENTES FORMES DE LA LUTTE DE CLASSE DANS LE MONDE

La grève et rien d’autre

Corée du Sud – 24/08/2012 – Hyundai (44 000 travailleurs). Après quatre années de calme relatif, des grèves tournantes limitées de dix journées en juillet ont éclaté, notamment à Ulsan, pour une augmentation des salaires de 4 % et une prime liée aux bénéfices, ainsi que pour la régularisation des temporaires et la fin des équipes de nuit. Le ralentissement de la production a touché les exportations, la direction menace de réduire la production en Corée et de la transférer dans d’autres pays asiatiques dont la Chine. Devant la menace de reprendre ces grèves, un accord est conclu pour une augmentation des salaires (5,4%,prime de 5 mois de salaire)et la fin du travail de nuit en mars 2013), mais il doit être accepté par l’ensemble des travailleurs. Le même mouvement de lutte s’était étendu à Kia et General Motors qui signent un accord après des grèves partielles, accord qui prévoit 5,3 % d’augmentation, une prime équivalant à 5 mois de salaire, et la fin proche du travail de nuit. Brésil – 29/08/2012 – Le gouvernement propose une augmentation de salaire de 15,8 % sur trois ans aux 350 000 fonctionnaires, augmentation acceptée par certains syndicats et refusée par d’autres (notamment ceux de la police et des impôts) avec lesquels des pourparlers vont continuer. Le mouvement de grève a débuté de manière plus ou moins sauvage chez les enseignants en juillet et s’est étendue à l’ensemble des services de l’Etat. Elle a été combattue par le principal syndicat (CUT, Central Unica des Trabalhadores) , opposé à une grève générale qui « radicaliserait la situation ».

Etats-Unis – 21/06/2012 – Joliet, Illinois, 8e semaine de grève à l’usine Caterpillar après le rejet d’un nouveau contrat comportant une réduction des salaires (avec introduction de tarification de productivité individuelle), et menant à une aggravation des conditions de travail .

Espagne – 22/06/2012 – Suite à des mouvements de grève des 1 400 pilotes de la compagnie Iberia (filiale du groupe International Airlines Group dominé par British Airways), un jugement déclare qu’Iberia peut lancer une compagnie low cost – Iberia Express – mais doit payer le même salaire à tous ses pilotes, quelles que soient leurs conditions de travail. Cambodge – 16/07/2012 – Depuis novembre 2011, 300 000 travailleurs du textile se sont engagés dans des grèves sauvages. Ils ont obtenu une augmentation de 0,80 euro, ce qui porte le plus bas salaire à 60 euros mensuels à partir du 1er septembre. 25/08/2012 – 2 500 travailleurs de l’usine Ocean Garment à Phnom Penh (principal fournisseur de Gap) sont en grève depuis le 11/08 pour demander le départ d’un directeur accusé de harcèlement sexuel (pas d’heures supplémentaires pour les récalcitrantes). Une manifestation devant le ministère du Travail est dispersée par plus de 100 flics.

Vietnam – 25/08/2012 – L’impact de la crise mondiale entraîne un ralentissement de la croissance avec comme partout une pression sur les porteurs de la force de travail. Le « désordre social » s’aggrave, avec des violences autour de l’exploitation du sol et les grèves sauvages. En 2011 se sont déroulées plus de 1 000 grèves sauvages, deux fois plus qu’en 2010, quatre fois plus que la moyenne des seize années écoulées. Minés par la corruption, les dirigeants s’affrontent au sein du Parti dans des luttes d’influence. 19/08/2012 – Dans le district de Van Giang, près d’Hanoi, les paysans se battent plusieurs heures avec les flics venus réprimer leur protestation (convoquée via Internet) contre leur éviction de la terre pour la construction d’appartements de luxe. Et ce n’est qu’un exemple de luttes similaires dans tout le pays.

Norvège – 21/07/2012 – Le gouvernement met un terme à une vague de grèves des fonctionnaires et des pétroliers d’Etat en imposant un arbitrage obligatoire. La grève lancée par le syndicat LO ne concernait pourtant pas les 600 000 fonctionnaires, mais seulement 20 000 d’entre eux, et devait monter progressivement – sous contrôle – à 50 000. Elle était très populaire et menaçait de s’étendre. Après dix jours de ce mouvement contre les restrictions sur les salaires et la réforme des retraites, le gouvernement a accordé 4 % d’augmentation. Mais restaient dans la grève les 700 pétroliers de la compagnie d’Etat Statoil (6 500 travailleurs), grève que le syndicat n’avait nullement l’intention d’étendre aux sociétés pétrolières privées : seules 8 plates-formes étaient concernées, ne représentant que 13 % de la production de pétrole et 4 % de celle du gaz. Devant la menace d’extension sauvage, les pétroliers brandissaient la menace d’un lockout total si aucun accord n’intervenait avant le 9 juillet avec Statoil. Le gouvernement a pris les devants en décidant d’imposer un arbitrage obligatoire qui entraînait une interdiction de grève pendant deux années, et dont les décisions s’imposaient sans recours à toutes les parties. Déjà, en juin, un tel arbitrage avait été imposé aux 3 000 agents des services de sécurité d’Etat alors en grève.

Allemagne – 4/09/2012 – Seconde grève du personnel naviguant de la Lufthansa pour les salaires et l’interdiction de l’emploi d’intérimaires, grève qui ne sera annoncée qu’au dernier moment et qui devrait être plus étendue. La première, limitée à huit heures et à l’aéroport de Frankfort, avait causé l’annulation de centaines de vols.

Inde – 23/08/2012 – Tous les syndicats du secteur bancaire lancent une grève nationale de deux jours contre une libéralisation de ce secteur encore dominé par le secteur public.

Chine—24/8/2012 6– Wuhan (Hubei) usine de composants électroniques, après 3 jours de grève, les salaires mensuels sont portés à 206 euros Indonésie—29/8/2012—Batan câblage 700 temporaires sur 1200 travailleurs obtiennent après deux semaines de grève des garanties d’emploi et des contrats de travail Occupation d’usine, de lieux publics et autres

Angola – 27/08/2012 – Une nouvelle puissance pétrolière, avec son cortège habituel de corruption et de totalitarisme à la botte des multinationales, la présente semi dictature y est tolérée jusqu’ici à cause de la hantise des troubles qui ont marqué les quatre décennies de violence dans la guerre anticoloniale, suivie d’une longue guerre civile (un million de morts sur 19 millions d’habitants). Le « printemps arabe » a déclenché des manifestations contre le pouvoir politique ; comme ailleurs, elles ont été le fait de jeunes utilisant les techniques modernes de communication (les 2/3 de la population ont moins de 20 ans) qui n’ont pas connu les guerres mais qui sont touchés par l’urbanisation accélérée et l’inflation. Ce mouvement n’a pas mobilisé les foules mais a eu un impact tel dans la population que le pouvoir a déclenché une répression policière sans rapport avec cette faiblesse. Tunisie – 9/08/2012 – La police disperse à coup de grenades et de balles en caoutchouc plusieurs centaines de jeunes qui tentent, à Sidi Bouzid (50 000 habitants, d’où est parti le « printemps arabe »), d’envahir la préfecture pour protester contre l’orientation politique du pays.

Israël – 24/06/2012 – De nouveau, manifestation de protestation à Tel Aviv pour demander plus de justice sociale. Attaque policière musclée : 85 arrestations. Grèce – 18/08/2012 – Le marché municipal Kypseli à Athènes, bâtiment classé mais abandonné depuis des années, était occupé comme espace autogéré dispensant des cours aux immigrés, ayant des activités culturelles, et tenant un marché bio alternatif alimenté directement par les producteurs. Après une tentative avortée de mainmise par le parti social-démocrate de gauche sur cet ensemble, la police fait évacuer le bâtiment qui est depuis totalement fermé. 20/07/2012 – L’aciérie Ellinili Halivourgia dans la banlieue d’Athènes était occupée depuis novembre 2011 pour s’opposer à sa fermeture. Un raid de la police des émeutes expulse : 6 arrestations. Italie – 3/09/2012 – Les nombreuses mines de Sardaigne (charbon et métaux divers) ne supportent plus le poids de la concurrence mondiale et de la crise : la fonderie d’aluminium de Portovesme est fermée, la dernière mine de charbon Carbulescis près de Carbonalusa (2 000 travailleurs) doit aussi cesser toute activité. Après une semaine d’occupation de 373 mineurs qui se relaient, au fond de la mine (avec assez d’explosifs pour la faire sauter), le travail a repris avec la promesse de continuation d’activité pendant plus d’un an.

Les dirigeants séquestrés, injuriés, malmenés et supprimés

Inde – 18/07/2012 – Maruti Suzuki près de New Delhi (voir précédents bulletins). Depuis des mois, la tension est constante dans l’usine, où la journée de travail va de 8 à 12 heures, six jours sur sept, avec 1/2 heure de coupure pour le repas, exploitant moitié de « permanents » (payés 150 euros mensuels et jusqu’à 120 euros de prime) et moitié d’intérimaires pouvant œuvrer depuis des années (payés seulement la moitié des salaires et primes des « permanents »). Les revendications touchent les salaires, les conditions de travail, la titularisation des intérimaires et la représentation syndicale ; mais malgré la récurrence des grèves, rien n’est vraiment réglé. Ce 18/07, un contremaître injurie et frappe un ouvrier, un « intouchable » ; un autre ouvrier frappe le contremaître et est aussitôt mis à pied. C’est la révolte : les ouvriers s’enferment dans l’usine, saccagent et attaquent tous les cadres à coups de barres de fer, une centaine seront blessés ; dans la foulée, les ateliers sont pillés, saccagés, incendiés, le DRH est tué dans l’incendie d’une partie de l’usine. La police intervient : 91 arrestations. L’usine est fermée. Des centaines de travailleurs sont licenciés et l’usine ultra sécurisée. Elle ne rouvrira que le 21/08 mais avec une activité restreinte : 300 ouvriers et 1/3 de la production Suzuki en Inde. Reprise sélective de 1900 temporaires dont beaucoup sont retournés dans leurs village pour échapper à la répression et survivre. Le 27/8, plusieurs centaines d’étudiants manifestent à Delhi devant le siège de Maruti Suziki en soutien à ces luttes.

Egypte – 25/08/2012 – Un travailleur a été tué et 7 autres blessés lors d’affrontements entre la police et les travailleurs en lutte de la centrale électrique d’Aboukir, près d’Alexandrie. Les manifestants s’étaient réunis pour protester et avaient séquestré les directeurs de la société.

Blocages d’usine, routiers et autres

Bangladesh – Juin 2012 – Autour de Dhaka, les ouvriers en grève bloquent régulièrement les axes routiers proches de l’usine. D’où des affrontements entre la police et les grévistes. 300 usines du secteur ont été fermées pendant quatre jours par crainte de contagion.

La récupération

Espagne – Août 2012 – Avec des mesures drastiques d’austérité, des initiatives diverses tentent de régler les problèmes de logement et de survie dans la foulée du mouvement des Indignés. Cela autorise des initiatives comme celle de Juan Manuel Sanchez Gordillo, maire de Marinelada (bourg de 2 000 habitants) en Andalousie (taux de chômage de 30 %), déjà champion de la récupération des terres agricoles, d’organiser une marche contre l’austérité dans cette province, occupant au passage les banques, et sortant des marchandises des supermarchés pour les distribuer aux banques alimentaires des pauvres. Lui est protégé par son immunité mais pas ses compagnons traduits devant les tribunaux. Cela masque aussi d’autres initiatives moins médiatisées, individuelles ou collectives, de récupération dans les centres commerciaux. En Andalousie, le chômage oscille entre 35 et 40 %. En Catalogne, à Gérone, la municipalité a cadenassé les poubelles des supermarchés pour prévenir les émeutes de ceux – trop nombreux luttant pour leur survie – qui y cherchent leur subsistance. Dans plusieurs régions, les enfants doivent apporter leur repas de midi à l’école mais doivent payer 3 euros pour la simple utilisation des locaux de la cantine. Séville – 11/08/12 – 20 jeunes entrent par effraction à 6 heures du matin dans un supermarché et récupèrent pour 400 000 euros de marchandises. Mais la police intervient… Le 24/08 à Merida (Estrémadure), 70 chômeurs qui tentent une récupération similaire se heurtent au même problème. Monde – Une étude de 2011 révèle que sur 10 000 ados de tous milieux sociaux, 10 % considère comme « normal » de voler dans les magasins. Les taux de « récupération » les plus élevés ne sont pas dans les pays les plus pauvres, mais les pays « riches » comme la Suisse ou le Japon figurent en bonne place dans le palmarès. Pour la France, cela coûterait aux rapaces du commerce de détail 5 milliards par an (1,45 % des ventes).

L’émeute Inde – 2/08/2012 – 60% de la population vit de l’agriculture et 65% d’entre eux dépendent de l’irrigation. Le déficit en eau en 2012 atteint entre 20 et 80% des sols. Les conséquences humaines ( misère, poids des usuriers, suicides, etc..) n’a d’égale que les coupures nationales d’électricité dues à l’utilisation intensive des pompages/ L’Assam, province reculée au nord-est, coincée entre le Bangladesh, la Birmanie et le Bhutan, avec des populations musulmanes, bouddhistes, et diverses ethnies, est le théâtre d’affrontements et d’émeutes récurrent es pour lesquels il est difficile de démêler les arrière-plans nationaux et internationaux (dont une présence grandissante de la Chine), ainsi que l’impact de la crise mondiale sur des populations très pauvres. En 2008, de telles émeutes ont fait 70 morts. Des troubles éclatent fin mai autour d’une mosquée, se prolongent jusqu’en juillet entre une ethnie locale, les Bodos, et des musulmans : des deux côtés les villages sont attaqués et incendiés : 86 morts et plus de 400 000 réfugiés. Pour prévenir la propagation de ces troubles, le gouvernement impose aux firmes œuvrant sur Internet une censure sur toute information venant de ces régions. Ce qui n’empêche pas que le 11 août, une manifestation de musulmans à Bombay tourne à l’émeute : 2 tués, 52 blessés dont 40 flics, 43 arrestations.

Bangladesh – 30/07/2012 – (160 millions d’habitants) Paradis des délocalisations du monde entier essentiellement dans le textile mais aussi maintenant dans la pharmacie, la construction navale, la métallurgie, qui en feraient l’une des 30 premières puissances industrielles mondiales. Le salaire minimum est le plus bas du monde. Une petite bourgeoisie spéculant sur ce développement. Les aléas de la crise entraînent en 2011 un plongeon boursier local d’une telle dimension qu’une manifestation devant la bourse locale dégénère en émeute.

Pérou – 2/06/2012 – Cajamara dans le nord, plusieurs milliers de manifestants contre un projet de mine d’or et de cuivre qui prévoit l’assèchement d’une lagune qui tarirait l’approvisionnement en eau ; manifestation à l’appel d’un comité de lutte pour une grève illimitée depuis novembre 2011 ; la manifestation réprimée tourne à l’émeute alors que des affrontements similaires dans la région de Cuzco contre une pollution minière font 2 morts. Les revendications ne concernent pas seulement des problèmes écologiques mais aussi le rôle de l’Etat dans le soutien aux multinationales minières, et le partage des richesses minières. Soudan – Fin août 2012 – Depuis mars 2011, les protestations d’étudiants avec grèves, occupations et manifestations, d’abord dans quelques villes (Kartoum, Kassala et Port Soudan), se sont étendues à l’ensemble de la population dans tout le pays, pour des revendications concernant essentiellement les hausses des prix alimentaires. La répression des forces policières fait que les manifestations pacifiques répétées tournent à l’émeute, mais il est interdit aux médias d’évoquer les « troubles » (arrestation de journalistes). Début août, une manifestation a fait 12 tués dans le Darfour. Plus de 2 000 prisonniers sont détenus dans des centres pénitentiaires secrets.

Malaisie – 26/08/2012 – 15 000 manifestants pour l’abolition d’une loi sur la sécurité intérieure autorisant la police à tirer, et à détenir sans jugement toute personne soupçonnée d’être une menace pour la sécurité. Partie des banlieues spontanément, la manifestation converge vers le centre pour atteindre le Palais royal, de plus en plus imposante. Les attaques de la police entraînent une guérilla urbaine qui attaque, bus, trams, boutiques : 175 arrestations.

Chili – 23/08/2012 – Une nouvelle manifestation de milliers d’étudiants soulève des émeutes dont on peut penser qu’y participe également le climat social. Grève à Santiago contre le système éducatif, gratuité et qualité réclamées. Attaquée par la police, c’est l’émeute. Cela se répète le 28/08 lorsque 100 000 manifestants se retrouvent à Santiago.

France – 12/08/2012 – Amiens Nord (Somme). Une manifestation à la mémoire d’un jeune de 20 ans tué dans un accident de moto est perturbée par une intervention intempestive musclée de la police locale. Cela déclenche une émeute pendant tout le week-end au cours de laquelle les flics se font tirer dessus (16 blessés). Une maternelle et une salle de gym incendiées. Dans cette zone, le chômage atteint 40 % et 57 % chez les jeunes. Pakistan – 31/07/2012 – L’électricité est coupée 20 heures sur 24 alors que la température dépasse 40°C. Toute la population manifeste dans différentes villes, bloquant les routes pendant des heures. « Nous vivons à l’Âge de pierre et nous utiliserons les pierres contre le gouvernement s’il ne nous donne pas l’électricité. » La distribution de l’électricité est aux mains de l’Etat alors que les centrales, la plupart alimentées au fioul, sont privées, mais le courant est acheté à bas prix de sorte que les centrales tournent à perte à seulement 50 % de leur capacité.

Thaïlande – 4/08/2012 – Les provinces du Sud sont en insurrection séparatiste permanente (80 % de Malais) combattue sévèrement par le gouvernement. Depuis 2004, plus de 5 000 morts.

Chine – 4/07/2012 – Shifen dans le Sichuan. Une manifestation de milliers d’habitants contre l’implantation d’une usine de cuivre et de molybdène, particulièrement polluante, tourne à l’émeute ; il y aurait eu des morts dans les affrontements avec les flics. Manifestation similaire à Daan dan le Guangdong, contre la pollution de l’eau par une usine chimique.

Tunisie – 14/06/2012 – Prétextant le refus d’extradition de l’ex-Ben Ali et le défaut de censure contre des manifestations artistiques jugées offensantes pour l’islam, les islamistes radicaux organisent plusieurs journées d’émeutes. On peut penser que la situation sociale n’est pas étrangère à ces troubles. Le gouvernement justifie en effet sa déclaration d’état d’urgence et de couvre-feu à Tunis, de même que l’autorisation donnée à la police de tirer à balles réelles, du fait que ces émeutes correspondent à une vague de violence et d’attaques contre des bâtiments officiels et conduisent au pillage.

Argentine – 23/08/2012 – Cordoba : Une manifestation de fonctionnaires contre la réforme des retraites tourne à l’émeute : 22 blessés dont 10 flics.

Algérie – 28/08/2012 – Mini émeute dans la cité Diar el Baraka à Buriki, au sud d’Alger, pour le logement : blocage routier, intervention policière. Bagarres.

La piraterie (sous toutes ses formes)

Monde – 19/07/2012 – L’action militaire contre la piraterie maritime a échoué. Pour protéger les équipages, les puissances ayant regroupé leurs armadas militaires ont dû débourser plus d’un milliard d’euros, sans compter les 600 millions de primes d’assurance contre ce risque de transport. Les pirates s’adaptent à la répression en déplaçant leurs attaques dans des zones plus vastes, moins surveillées, hors de la zone de la mer d’Oman au large de la Somalie, base arrière des pirates. En 2011, la chaîne logistique a dû débourser en rançons près de 150 millions d’euros contre 80 millions en 2010 ; les pirates détiennent, en attente de rançon, plusieurs navires et 211 otages.

La mutinerie

Venezuela – 21/08/2012 – Émeute dans une des plus grandes prisons du pays, due à la surpopulation carcérale et à l’affrontement de gangs armés : 25 tués, 40 blessés.

Les solutions de désespoir Les moyens inhabituels

Nouvelle Guinée – 29/08/2012 – En conflit avec les paysans, la société australienne Newcrest Mining a dû stopper toute activité de la mine d’or Lhir : ceux-ci ont encerclé la mine de tabous, des plants de gingembre, une sorte de piquet de grève qu’aucun des travailleurs locaux ne franchit, ce qui équivaut à une grève totale. Chine – 27/04/2012 – Wuhan. 200 travailleurs de Foxcon (40 % de la production mondiale d’électronique, 1,2 million de travailleurs), menacent pour la seconde fois d’un suicide collectif pour les salaires et les conditions de travail. Le 11 avril précédent, une douzaine de travailleurs de l’usine de Shenzhen avaient tenté le même chantage. Le salaire moyen mensuel s’élève à 250 euros pour 60 heures de travail hebdomadaires. Le montage de l’Iphone 4S d’Apple revient à 7 euros, et est vendu500 euros.

France – 23/08/2012 – Chômeur de 51 ans devant vivre avec 474 euros mensuels, impayés pour le cause d’un quelconque papier manquant : il s’immole par le feu dans le centre de la Caisse d’allocation familiales où on vient de lui refuser son maigre paiement et en meurt. 5/09/2012 – Un éboueur de Lyon tente de s’immoler par le feu suite à un conflit avec un cadre et une menace de mise à pied.

LA REPRESSION SOUS TOUTES SES FORMES L’OFFENSIVE DU CAPITAL

Nulle part, on ne peut parler de « contre-révolution » car nulle part il y eut de « révolution. Il y eut bien sûr des luttes avec des formes traditionnelles et d’autres avec des formes nouvelles qui ont quand même secoué les régimes en place et les ont contraints de quelque peu changer les équipes politiques et les modes de domination. Il a suffi de ces menaces potentielles pour que se mettent en place un peu partout des mesures répressives qui prennent différentes formes mais qui visent toutes à faire rentrer dans le rang ceux qui ont eu l’audace de sortir du rang que le capital leur assigne. On n’épiloguera pas sur le destin des « printemps arabes » d’Egypte ou de Tunisie, celui des « Indignés » d’un peu partout. Disons seulement que la lutte de classe continue de toute façon et que ce qui s’est déroulé depuis maintenant presque deux années laissera des traces pour les luttes futures. Ce qui suit ne concerne que partie de la répression du mouvement Occupy aux USA ; USA – 3/12/2011 – Los Angeles – La police disperse le camp regroupant 800 participants (dont un tiers de SDF). Des centaines d’arrestations. Au même moment, attaque similaire sur le camp Occupy à Philadelphie. 14/12/2011 – Baltimore – La police vire sans ménagement les occupants de Inner Harbour occupé depuis dix semaines tant par des activistes que par des SDF. 21/05/2012 – Il est impossible de citer toutes les liquidations des camps de tentes du mouvement Occupy au cours du premiers semestre 2012. A Chicago, trois arrestations préventives de militants du mouvement ont lieu sous l’accusation de terrorisme projetant de participer à une manifestation contre la conférence de l’OTAN : le seul motif, la possession d’une liste des ingrédients permettant de fabriquer des cocktails Molotov. 17/9/2012—une tentative de relance du mouvement pour son anniversaire annuel ne rencontre que peu d’écho mais entraîne une mobilisation policière sans précédent. 200 arrestations rien qu’à New York. Parallèlement, on assiste à une multiplication de mouvement basiques de résistance ( contre les expulsion, communes de survie, etc..)

Canada – 21/05/2012 – Cette 21e manifestation élargie depuis le début du mouvement étudiant, plus violente et plus politique, déclarée illégale au dernier moment, est violemment réprimée et se transforme en guérilla urbaine nocturne : 10 blessés, 110 arrestations. France – 8/09/2012 – Entre 2009 et 2010, le nombre de ceux qui doivent vivre avec moins de 964 euros par mois (soi-disant le seuil de pauvreté) s’est accru de 444 000, passant à 8 6000 000 personnes (14 % de la population).

LA BAISSE DU COÛT DU TRAVAIL

Ce qu’une coalition entre le Parti socialiste et les Verts actuellement au pouvoir en France peut nous valoir peut être analysé à la lumière de ce qu’une même coalition, socialistes du SPD et Verts allemands (les Green), a fait en Allemagne il y a dix années, et qu’aucun gouvernement de droite n’avait jamais osé. La commission qui s’est tenue entre tous les protagonistes sociaux, patrons, syndicats et experts, et qui doit de nouveau se réunir peut aboutir au même consensus qui a présidé à ce qui, en Allemagne, fut appelé le comité Hartz, lequel s’était vu confier par le gouvernement Schröder la tâche de « réformer le marché du travail ». Celui qui présidait ce comité d’experts, Peter Hartz, était le DRH de Volkswagen, un homme d’expérience dans les méthodes d’exploitation du travail, également membre du puissant syndicat de la métallurgie allemande, IG Metall. Après ces dix années, les relations de travail ont été profondément modifiées en Allemagne, pratiquement sans oppositions notables ce qui vaut que méthode, dispositions et résultats pour le capital soient également loués, notamment en France. Sans doute concevrait-on mal que le comité éventuel d’experts chargés de la réforme des relations de travail en France soit le DRH de PSA ou de Renault, mais on trouvera toujours un expert « neutre » pour présider un tel comité, un expert ayant la confiance à la fois des patrons et des syndicats « responsables ». D’après une étude de l’OCDE publiée en 2011, les inégalités de revenu se sont aggravées beaucoup plus rapidement en Allemagne que dans n’importe quel autre pays d’Europe ; c’est là l’exemple de la prétendue prospérité de l’Allemagne. Il y a dix ans, l’économie allemande était fortement critiquée pour payer des salaires excessifs, pour avoir un marché du travail trop rigide et un système social beaucoup trop généreux. Un refrain qui sonne étrangement aujourd’hui à l’oreille des travailleurs français. Le problème, pour le gouvernement allemand d’alors, tout comme il l’est aujourd’hui pour le gouvernement socialio-vert en France, est de savoir comment modifier le contrat de travail et les accords sociaux, les acquis sociaux, sans provoquer de résistances. Le gouvernement allemand choisit alors une manière différente de ce qui se pratiquait habituellement. Au lieu de chercher une confrontation frontale avec les secteurs les plus combatifs de la classe ouvrière, il créa un marché du travail auxiliaire dominé par de bas salaires et par la réduction drastique des avantages sociaux. Ce fut le but de la commission Hartz, comme c’est ce qui s’amorce actuellement en France. En tant que membre du SPD et du plus grand syndicat allemand IG Metall, Hartz avait toutes les relations souhaitables pour mener à bien sa réforme. Il ne fait aucun doute que l’on peut trouver un personnage semblable en France. Dans le comité Hartz se trouvaient des experts en relations sociales, des consultants, des managers et des universitaires, des représentants syndicaux comme ceux du syndicat des services publics Verdi ou celui de la métallurgie IG Metall, et le ministre du Travail et des affaires sociales de Rhénanie-Westphalie du Nord, qui était aussi un bureaucrate syndical. On n’était pas loin de ce comité convoqué par le Premier ministre en France au lendemain de la victoire électorale du PS. En Allemagne, les dirigeants syndicaux n’avaient aucune objection quant à la création d’un secteur de bas salaires, pour autant que leurs positions et leurs privilèges dans les usines n’étaient pas remis en cause. En fait, ils répondirent avec enthousiasme aux propositions de réduire le coût du travail dans le but de renforcer la compétitivité de l’économie allemande sur le marché mondial. Bien que la situation syndicale en France soit différente de celle de l’Allemagne, il n’est pas interdit de penser que les syndicats français, soit directement comme pour la CFDT, soit indirectement, au-delà de déclarations de principe pour FO ou la CGT ne s’alignent déjà sur une telle position. La commission Hartz présenta un tas de propositions pour contraindre les travailleurs à accepter différentes formes de travaux à bas salaires. La plupart ont été oubliées aujourd’hui. Parmi les propositions, celle de la création d’une Agence du personnel de services (Hartz I), qui donnait à l’Etat la fonction d’une agence de l’emploi. Les chômeurs se voyaient supprimer les avantages sociaux avec la création de dénommés « mini jobs », « midi-jobs » (Hartz II). La réorganisation de l’Office fédéral du travail en fonction du principe du « soutien mais obligation » (Hartz III) visait à accélérer le placement des emplois et organisait une pression sur les chômeurs pour les contraindre à accepter n’importe quoi. Tous les participants officiels sont d’accord avec l’idée que Hartz IV a été un succès, bien que les chômeurs aient perdu dans cette réforme tous droits à indemnisation au bout d’un an et se trouvent ensuite réduits à des miettes sociales. En effet, après une année de chômage, les travailleurs pouvaient seulement prétendre à une allocation de 347 euros mensuels et cela seulement après avoir épuisé leurs économies et si leur conjoint n’était pas capable de les nourrir. Ils devaient aussi prendre n’importe quel emploi, quels que soient leur qualification et leur salaire précédents. Quiconque tombait dans la trappe de Hartz IV n’avait plus guère de chances d’échapper à la pauvreté. Selon une étude du Joint Welfare Association, les ¾ de ceux qui sont tombés dans la trappe sont restés en permanence dépendants de Hartz IV. La simple menace de tomber dans la trappe de Hartz IV a contraint bien des chômeurs à prendre des emplois sous-payés, avec des réductions d’horaires et sans aucune sécurité d’emploi, de droits à la retraite et autres avantages. Dans un commentaire lors de l’anniversaire de Hartz, le Suddeutscher Zeitung concluait : « Hartz IV a établi le principe qu’il est toujours préférable de travailler pour moins d’argent qu’une vie dans une dépendance permanente de l’Etat. » Les résultats des 4 lois Hartz peuvent être constatés dans les statistiques : sur les 42 millions de travailleurs, 29 millions ont encore un emploi avec la totalité des avantages sociaux, quelque 5,5 millions travaillent à temps partiel et 4,1 millions gagnent moins de 7 euros de l’heure, 4,5 millions dépendent de Hartz IV, y compris 1,4 million qui ont un travail mais ne peuvent gagner assez pour couvrir le nécessaire. Le secteur bas salaires a servi de levier dans toute l’économie. Au cours de la dernière décennie, l’augmentation du coût de l’unité de travail a été réduite au minimum ; le pays, sur ce point, est au plus bas de l’échelle européenne. Les associations patronales, les médias et les responsables des principaux partis ont célébré à l’envi la réforme Hartz comme un grand succès. Dans le Bild, Schröder loue les mesures prises comme un « bénéfice net pour la société », « payantes pour notre pays ». Si par « notre pays », Schröder comprend les 10 % plus riches de la société allemande, il a raison ; ceux-ci en ont énormément profité. Ici aussi les statistiques parlent d’elles-mêmes. En 2001, le revenu des 10 % plus riches était 8 fois plus élevé que celui des 10 % plus pauvres. Cet écart s’est accru dans les quatre années écoulées depuis le déclenchement de la crise économique. Dans les années 1990, il n’était que de 6 contre un. En 2011, 924 000 millionnaires vivent en Allemagne, face à 4,5 millions soumis à Hartz IV. Aujourd’hui, ils seraient plus d’un million. La mission de Hartz et l’agenda prévu par le SPD et les Verts représentent la réforme du système welfare qu’aucun gouvernement conservateur n’avait jamais osé achever. Ces réformes furent seulement possibles avec l’actif soutien des syndicats. Peter Hartz lui-même ne put jamais jouir de son « succès ». En 2007, il est condamné à deux ans d’emprisonnement et à une sérieuse amende et il vit maintenant en marge de la société. Hartz était impliqué dans un scandale comprenant également les représentants syndicaux de Volkswagen, scandale si manifeste que l’appareil judiciaire s’est trouvé contraint d’agir.

LES LAISSES POUR COMPTE DES RESTRUCTURATIONS ET DE LA CRISE

France – Printemps 2012 – La liste est longue des victimes de la crise : des délocalisations qui furent largement médiatisées durant les campagnes électorales, avec un flot de promesses qui n’ont d’autres résultats que de montrer l’impuissance des politiques à endiguer les mouvements du capital à la recherche de profits. Les 1 030 travailleurs de GM de Strasbourg sont au chômage partiel alors que la multinationale cherche un repreneur. Ceux de Fralib à Gemenos près de Marseille occupent, après deux années de lutte, le site depuis le 11 mai et se battent avec la multinationale de la chimie Unilever qui refuse une reprise d’une marque de thé. Ceux de Florange se battent contre la multinationale Arcelor depuis des mois contre le projet de fermeture de l’usine sidérurgique, toujours dans l’incertitude malgré les promesses électorales des uns et des autres. Ceux de Seafrance, après des mois d’atermoiements, reprennent la mer avec activité réduite sous une forme bâtarde qui ne garantit rien pour l’avenir, dans un secteur hautement concurrentiel. La raffinerie Petroplus à Petite-Couronne près de Rouen est larguée par Shell dans le cadre d’une restructuration mondiale du raffinage mais, et pour cause, ne trouve que des repreneurs douteux. Un grand bien français de l’agroalimentaire , le volailler Doux, boit le bouillon après des spéculations hasardeuses au Brésil, et doit être démantelé avec plus de 1 000 licenciements à la clé. Les travailleurs de l’usine PSA d’Aulnay, dans la banlieue nord de Paris, ne savent pas pour le moment ce que va signifier la fermeture programmée du site, et surtout la dimension des licenciements envisagés pour différents sites du trust en France. De plus petits poissons : Lohr, Sodimétal, Technicolor, Neo Sécurité mettent la clé sous la porte, les exploités de ces boîtes rejoignant le flot qui enfle des candidats au chômage. Etats-Unis – 20/12/2011 – Baltimore, Aciérie Sparrow Pont : 2 000 travailleurs sont avertis lors de l’embauche de la « mise au repos » de l’usine et de leur mise à pied pour une durée illimitée. Le président du syndicat USW (United Steel Workers) n’a aucun commentaire à faire et envoie un mail à chacun des travailleurs leur demandant de « ne parler à quiconque de ce qui se passe ». La fermeture est la conséquence de la crise mais aussi de diverses tractations souterraines. Un commentateur patronal déclare que dans un marché de l’acier saturé, la fermeture est quelque chose de « bon pour le marché de l’acier ». Chine – 6/09/2012 – Samsung Electronics exploite directement 6 usines sur 8 dans le pays, sans compter la sous-traitance. Une de ces usines emploie uniquement de jeunes étudiants de 16 à 20 ans qui doivent payer plus de 100 euros pour être embauchés. Dans les 8 usines concernées, les heures supplémentaires peuvent atteindre jusqu’à 180 heures par mois ; chez un sous-traitant, il est courant de trouver des travailleurs de moins de 16 ans. Le taux de cancers est élevé car on ne trouve aucune protection contre les substances cancérigènes dans la fabrication des semi-conducteurs. Espagne – 31/08/2012 – A partir du 1er septembre, les sans papiers seront exclus du système de santé public auquel ils avaient accès gratuitement jusqu’alors, sauf les femmes enceintes et les mineurs. Répondant à l’appel « Droit à guérir », près de 1 300 médecins et infirmiers « objecteurs de conscience » se sont engagés à passer outre

IMMIGRATION

Monde – Août 2012 – Des centaines de milliers de personnes contraintes de fuir en abandonnant tout pour survivre à la famine, à la guerre, aux massacres… Depuis cinq ans, elles sont ainsi 7 200 000 dont 800 000 rien qu’en 2011. 30 % d’entre elles vivent dans des camps de l’assistance mondiale parcimonieuse. Depuis 1998, 18 000 migrants se sont noyés rien que pour traverser la Méditerranée, fuyant leur misère vers ce qu’ils croyaient être une vie meilleure. Etats-Unis – 19/04/2012 – Il y a davantage d’Afro -Américains en prison aujourd’hui qu’il n’y avait d’esclaves dans le pays en 1850. En trente ans, la population carcérale est passée de 300 000 à 2,2 millions, soit sept fois plus ; 60 % sont des Noirs ou des Latinos et les 4/5 des entôlés le sont pour des histoires de drogue. Les USA, qui représentent 5 % de la population mondiale, regroupent 25 % des emprisonnés du monde entier.

France – 4/05/2012 – 744 cheminots marocains embauchés par la SNCF se sont vu refuser le statut d’agent de la SNCF comme tous ceux – français – qui ont eu la même fonction et la même longue carrière. Ce qui leur est dû s’élèverait à plus de 300 millions d’euros mais procès sur procès n’ont encore rien résolu.

Colombie – 26/04/2012 – Des paysans réclament la restitution de leurs terres volées par les militaires dans les années 1990 : 70 de ceux qui s’avancent trop dans cette voie ont été assassinés depuis 2006.

Grèce – 24/08/2012 – Plus de 3 000 manifestants dont beaucoup d’immigrés dans le centre d’Athènes contre la politique anti-immigration (depuis le 2/08, 12 455 interpellations, 200 arrestations et 250 expulsions ont eu lieu) et contre la multiplication des agressions contre des immigrés par des commandos fascistes, avec la complicité du pouvoir et de la police. Monde – Août 2012 – 7,2 millions de réfugiés depuis plus de cinq ans et 30 % d’entre eux vivent dans des camps ; en 2011, leur nombre s’est accru de 800 000. Depuis 1998, 18 000 auraient disparu en mer.

Afrique du Sud : le visage réel du capital.

Derrière la réalité du massacre d’une cinquantaine de mineurs sud-africains en août dernier, tout un réseau complexe d’explications peut se résumer par la crise mondiale présente du capital, où l’on retrouve les impératifs financiers, la compétition internationale autour des matières premières et l’exacerbation d’une situation sociale propre à l’Afrique du Sud. Le secteur des mines est au cœur même du développement capitaliste, requérant des capitaux énormes pour des extractions, dans des conditions extrêmes, tant dans les conditions naturelles (des mines d’or jusqu’à 5 000 mètres de profondeur) que dans la surexploitation de la main-d’œuvre (0,55 euro par jour pour les mineurs de diamants de Sierra Leone). Ces conditions reflètent la compétition féroce entre groupes capitalistes et Etats, où la corruption règne en maître et où les capitaux engagés requièrent une rentabilité supérieure à 15 %. Face aux multinationales minières, dont les profits d’une seule sont 20 fois supérieurs au budget d’un de ces Etats miniers, que pèsent les pouvoirs politiques locaux, sinon d’être les larbins de ces groupes miniers et de leur garantir leur profit par le maintien de conditions terribles d’exploitation des travailleurs, au besoin par la violence ? Les 15 % de profit des énormes capitaux nécessaires aux infrastructures et autres engins d’exploitation surdimensionnés dépendent essentiellement de la surexploitation de la main d’œuvre locale. L’Afrique du Sud n’échappe pas à une telle situation, malgré la richesse de son sous-sol en minéraux de toutes sortes (depuis le charbon jusqu’aux mines de diamants, en passant par l’or et le platine), ou plutôt à cause de cette richesse. Mais le fait d’avoir été parmi les premiers pays à exploiter en grand ces richesses – depuis 1866 pour la première mine de diamants – la place dans une position d’infériorité, eu égard à ses concurrents mondiaux exploitant des mines plus récentes, plus modernes, et plus facilement exploitables. Comme il faut toujours aller au plus profond (jusqu’à 5 000 mètres), la rentabilité diminue si les autres conditions d’exploitation – celle de la main-d’œuvre notamment – restent constantes. Les capitaux à la recherche d’investissements plus rentables vont ailleurs ou, s’ils s’investissent, vont exiger de cette main d’œuvre des rendements croissants donc des conditions de travail plus exigeantes. Par exemple, la production des mines d’or a diminué de moitié en dix ans et si les mines d’or produisaient annuellement 200 tonnes d’or en 1970, elles n’en produisent plus en 2011 que 100 tonnes. Même si la production minière représente encore 20 % du PIB et 50 % de la balance du commerce extérieur, l’Afrique du Sud n’occupe plus que la 5e place mondiale dans la production des métaux précieux, après la Chine, l’Australie, les USA et la Russie. Nous verrons que cette situation devient un problème politique qui divise les différents partis, orientant certains vers une radicalisation. Mais les conditions particulières de l’Afrique du Sud sont un obstacle supplémentaire à cette recherche de rentabilité. Si l’apartheid et le maintien de la population noire dans une situation de semi esclavage garantissaient l’acceptation de conditions d’exploitation particulièrement misérables, la fin de l’apartheid il y a vingt ans a seulement transformé un apartheid racial en un apartheid social. De plus, la lutte anti-apartheid masquait et déviait en quelque sorte le conflit social ; la fin de l’apartheid a mis sur le devant de la scène ce conflit social mais toujours dans des conditions spécifiques. Le secteur minier emploie encore 1 million de travailleurs, la moitié d’entre eux directement exploitée dans les mines, l’autre moitié dans le traitement des minerais. Le problème majeur quant à cette exploitation – et cela est aussi un frein aux investissements – est que la situation de l’ensemble des travailleurs, notamment ceux de ce secteur, n’a guère changé depuis vingt ans et que les troubles sociaux récurrents ne touchent pas seulement les relations de travail mais l’ensemble des conditions de vie. La fin de l’apartheid a signifié l’ascension, avec l’accession au pouvoir d’une coalition ANC – Parti communiste d’Afrique du Sud soutenu par le syndicat unique COSATU –, d’une petite minorité noire qui s’est parfaitement intégrée dans l’appareil politico-financier, similaire en cela à ce que l’on peut voir dans certains pays d’Afrique ayant des richesses exploitées par les multinationales. En août 2011, cette minorité de privilégiés a paru être pour un bref temps la garantie de la paix sociale mais aujourd’hui, le fossé est tel entre cette bourgeoisie noire et la masse des Noirs victimes de cet apartheid social que cela ne se manifeste pas seulement par des clivages politiques et par la formation de groupes plus radicaux, tentant de s’appuyer sur tout un ensemble de résistances, tant dans l’ensemble de la population dans les faits de la vie quotidienne que dans les relations de travail. En août 2011, les ¾ des membres du gouvernement ANP-SACP ont des intérêts financiers dans les affaires, de même que 50 % des parlementaires. Ramaphosa, un des fondateurs du syndicat des mineurs NUM affilié au COSATU est membre du conseil de direction de Lonmin, la société possédant la mine de Marikana, là où ont eu lieu les tueries de prolétaires mineurs. Shandaka, un des hommes les plus riches d’Afrique du Sud, a été, comme d’autres, un des dirigeants de l’ANC ou du COSATU qui aujourd’hui font partie de l’élite multimillionnaire du pays, et qui ont des liens étroits avec le monde des affaires. En regard de cette poignée de profiteurs, la grande masse de la population vit dans une misère faite de privations quotidiennes autour des fournitures d’électricité et/ou d’eau potable, des écoles, des transports : rien qu’en 2012, on a dénombré près de 113 émeutes impliquant près de 3 millions de participants. A la violence de la répression policière répond la violence des populations locales : chaque année, près de 100 flics trouvent la mort dans ces troubles. Si le platine est un des métaux les plus recherchés (plus cher que l’or), c’est pour une bonne part à cause de son utilisation industrielle (piles à combustible, verre… 20 % des produits industriels en contiennent), notamment comme catalyseur dans les pots d’échappement des moteurs Diesel : la crise de l’automobile ayant réduit cet emploi, l’effet redescend au niveau de l’exploitation du travail, notamment, pour les cas de l’Afrique du Sud, dans les « vieilles » mines où déjà les coûts sont supérieurs à ceux des mines plus récentes. Le pays détient quand même en 4 mines 80 % des ressources mondiales de ce métal. L’ensemble – réduction d’activité, pression sur la productivité et sur l’ensemble des salaires et accessoires – fait que des résistances ouvrières surgissent, mais qu’en face de revendications conséquentes, les résistances patronales sont tout aussi fortes et que l’emploi de la manière forte devient de plus en plus inévitable. D’autant plus qu’en 2011, le prix du platine a baissé de 17 %. Arriver au « métal platine » est un processus complexe : il faut extraire une tonne de minerai pour en tirer entre 4 et 7 grammes de métal avec un processus complexe. Le fait qu’il faille ainsi extraire une quantité énorme de roche pour une faible quantité de métal donne une importance décisive dans le processus d’extraction aux drill operators, ceux qui, au fond, percent la roche avec des marteaux-piqueurs pour y installer des explosifs qui feront tomber inlassablement des masses de pierres qui doivent être ensuite évacuées vers des traitements de surface. Sans leur travail, toute l’activité de la mine est stoppée. Le travail de ces mineurs est particulièrement dur et dangereux, entre huit et neuf heures passées sous terre six jours sur sept par une température de plus 40°C, pour un salaire mensuel d’à peine 600 euros et dans des conditions de sécurité minimales (notamment quant à l’inhalation de poussière, en 2009, on dénombrera 288 000 ex-mineurs atteints sérieusement de silicose). Propos d’un de ces drill operators : « Quand on est au fond on est en face de la mort, de la blessure ou de toute autre chose. » La mine offre parfois le choix entre le logement dans les dortoirs (sept dans une seule pièce) de la compagnie, mais beaucoup préfèrent toucher l’allocation de logement pour compenser le faible salaire et vivre dans les conditions excessivement précaires des bidonvilles proches. On doit ajouter qu’une bonne partie des mineurs sont des émigrés des Etats voisins dont le salaire sert à faire vivre les familles restées au pays. On doit dire ici quelques mots de plus sur ces conflits : les rivalités syndicales. Depuis la fin de l’apartheid, les liens se sont renforcés entre la coalition au pouvoir – ANC-SACP – et la fédération syndicale COSATU dont le syndicat des mineurs NUM (300 000 membres) est une des pièces essentielles. Son secrétaire général Boleni empoche, rien que pour cette fonction, 140 000 euros par an, ce qu’un drill operator mettra vingt-neuf ans à gagner ; mais il est aussi rémunéré comme membre des conseils de la Banque de développement de l’Afrique du Sud, de la Rand Mutual Assurance et membre de la Fédération internationale des syndicats de la chimie, de l’énergie et des mines. En 1998, des critiques sont nées dans ces organisations noires, reflétant la montée des critiques contre l’intégration poussée de ces « élites » dans le système d’exploitation. Mathenjwa a été expulsé du NUM pour « indiscipline » et a fondé un syndicat « indépendant » : l’Association des travailleurs de la mine et de la construction, AMCU, qui se trouve normalement conduit à soutenir, à exploiter dans son intérêt les grèves sauvages. De son côté, l’ANC a expulsé un opposant interne, Malena, qui se trouve contraint d’adopter une même attitude. Les affrontements entre les militants de ces organisations dissidentes tournent souvent à une guerre des gangs dont le seul résultat est d’engendrer une méfiance générale à l’égard des syndicats quels qu’ils soient. Lors de la grève sauvage de la mine de platine de Marikana, Bodlani, un des cinq représentants mandatés par les mineurs pour les représenter dans les pourparlers, a déclaré : « Ce ne sont ni l’AMCU, ni le NUM qui nous ont dit de faire grève, c’est nous les travailleurs, pas les syndicats, et ce ne sont pas eux qui nous diront ce que nous devons faire. » Quelques mots maintenant de la multinationale Lonmin qui contrôle la mine de Marikana, à quelque 150 kilomètres de Johannesbourg. Elle est l’héritière du démantèlement d’un conglomérat d’un millier de sociétés très diverses assemblées dans les années 60 par un de ces forbans capitalistes, Tiny Rowland, aujourd’hui décédé. Il affirmait : « Je n’ai pas besoin de respectabilité mais de bénéfices et d’affaires qui tournent », mais avec des méthodes de gestion « musclées ». Méthodes de gestion renforcées par les difficultés financières de Lonmin, criblée de dettes, notamment avec la crise et la chute du prix du platine, bien qu’on ne sache pas trop qui, entre les fonds de pension ou les hedge funds possède réellement la mine parmi des groupes capitalistes divers pour qui seule compte cette rentabilité de 15 % et l’abandon de tout investissement, voire de la mine, si cette rentabilité n’est pas atteinte. La grève sauvage des 3 000 drill operators de Marikana ne tombe pas du ciel mais d’une situation globale du prolétariat sud-africain aggravée par la crise mondiale. Début 2012, une grève de six semaines dans la plus grande mine du monde, à Rustenburg (du trust Impala Platinum), a fait 4 morts mais s’est terminée par une augmentation de salaires. Une des spécificités des mines de platine d’Afrique du Sud est que, contrairement aux mines d’or, elles ne sont pas couvertes par des contrats collectifs mais par des négociations mine par mine ; ce qui fait que toute concession dans une mine à la suite de luttes peut faire école dans une autre mine, mais toujours localisée. Ultérieurement, dans une autre grève, dans une autre mine de Lonmin, il y eut 10 morts dont 2 flics, et devant la tension plus de 3 000 flics ont été déployés dans la région, sans doute avec une certaine volonté d’en découdre. C’est dans ces conditions que les 3 000 drill operators de Marikana (28 000 travailleurs au total) décident de se mettre en grève le 10 août 2012 avec une revendication centrale d’un salaire mensuel de 1 200 euros, presque trois fois leur salaire actuel : bien sûr ils se heurtent à un refus catégorique de leur employeur. Il est difficile de démêler ce qui va se dérouler la semaine suivante : les grévistes, assemblés sur une colline (qui deviendra la « colline de l’horreur ») près de la mine, armés de lances, de machettes et – peut-être – de quelques armes à feu, harangués depuis une voiture de police par le président du NUM, finalement expulsé du site, mais pour être eux-mêmes expulsés sans ménagement, une partie d’entre eux est finalement poussée dans une sorte de nasse dans les bras de tueurs qui tireront dans le tas sans aucun préavis. D’un côté les mineurs, dont certains diront qu’ils « préfèrent mourir que de continuer à travailler dans de telles conditions », de l’autre des flics voulant une revanche et tirant dans le dos des grévistes en fuite ou les abattant au sol d’un tir à bout portant. Epilogue sur le nombre de morts (plus de 50), de blessés (plus de 80), d’arrestations (259 dont certains blessés à leur sortie de l’hôpital). Les opposants syndicaux et/ou politiques tentent d’exploiter le massacre : 3 000 se retrouvent le 18 août pour être harangués par Malena, l’exclu de l’ANC. Ce qui permet au secrétaire général de l’ANC de déclarer : « Marikana a été confisquée et des contre-révolutionnaires vinrent pour miner notre mouvement. » Le 30 août, l’annonce que les 270 mineurs arrêtés vont être inculpés de « meurtre » en vertu d’une loi datant de l’apartheid provoque une tel tollé qu’elle doit être annulée, le plupart des mineurs arrêtés sont libérés tout en restant inculpés de troubles à l’ordre public. La grève de Marikana touche d’autres mines dans les jours qui suivent et c’est la hantise des autorités qu’une explosion sociale ne s’étende aux autres mines et à l’ensemble du pays. Pour Marikana, malgré les communiqués donnant des chiffres de reprise dérisoires, il semble qu’une organisation de la grève se soit mise en place avec des contrôles, dans les bidonvilles mêmes ou dans les transports, pour empêcher les jaunes de gagner la mine, contrôles dénoncés par les autorités comme des menaces et des pressions. Au moment où nous écrivons, la situation reste confuse, et si les grèves dans le secteur minier persistent, elles ne se sont pas étendues aux services publics ou au secteur industriel, pas plus qu’à la population noire engagée souvent des actions de protestations locales.

On ne peut que retracer les derniers épisodes de cette lutte dans le secteur minier, qui lui-même n’est pas totalement touché par une grève générale. 23 août : les drill operators de Royal Bakofong (7 000 travailleurs) bloquent la mine avec les mêmes revendications que ceux de Marikana. 26/8 : les 12 000 mineurs de Gold Fields sont en grève et reprendront le travail le 19/9 avec des concessions sur des questions d’assurance. 3/9 : mine de Modder East près de Johannesbourg, suite à une grève sauvage en juin dernier, 1 044 mineurs ont été licenciés. 500 d’entre eux ont été réembauchés depuis, quelques centaines des laissés pour compte se rassemblent à l’entrée de la mine tentant d’en interdire l’entrée : 4 blessés. 11/9 : seconde grève de 15 000 mineurs à la Gold Fields. 13/9 : lockout : Anglo American Platinum décide de suspendre toute activité dans les 5 mines de Rustenburg exploitant 26 000 travailleurs. 14/9 : refus des mineurs de Marikana d’une augmentation de 80 euros. 14/9 : rassemblement de milliers de mineurs auxquels il est proposé par différents groupes de déclencher une grève générale des mineurs. 15/9 : Marikana : la police disperse sans ménagement un rassemblement de plusieurs centaines de mineurs en grève près du site minier. Ceux-ci se replient dans le bidonville voisin où ils sont pourchassés. Dans la nuit qui suit, descente de 500 flics dans les foyers d’hébergement de la mine pour saisir des « armes » (bâtons et machettes). 12 arrestations. ; Le 20/9 un accord pour une augmentation des salaires entre 11 et 22% et une prime de 200 euros semble amorcer la reprise du travail mais , dans les mines, la situation reste précaire en raison de l’impact de cet accord sur les revendications des autres mineurs et de la situation économique mondiale qui met les mines sud africaines notamment du platine en difficultés financières ?

LES CRIMES DU CAPITAL EN DETAIL

Conséquences – Le taux de CO2, considéré comme un des principaux agents du changement climatique, ne cesse de s’accroître, avec l’impossibilité du capitalisme de modifier quoi que ce soit dans cette marche au désastre qui s’exprime présentement par des sécheresses étendues ou des inondations catastrophiques, sans parler des ouragans. D’ores et déjà, les conséquences sociales de ces phénomènes récurrents sont meurtrières :
- la sécheresse et la désertification (USA, Inde,Cambodge, Afrique centrale… ) entraînent une hausse générale des prix des produits alimentaires de base ce qui, dans les pays les plus pauvres, déclenche des « émeutes de la faim ». Parallèlement, on assiste, pour garantir l’approvisionnement des pays riches et/ou celui des multinationales du commerce alimentaire, à un accaparement des terres les plus fertiles (avec monopolisation des ressources en eau) dans les pays pauvres avec l’élimination des paysans par éviction ou tarissement des ressources en eau ;
- La pénurie d’eau et la sécheresse entraînent un défaut d’approvisionnement en électricité, ce qui déclenche des coupures de rationnement et des pannes géantes d’où, pour la première fois, des émeutes contre le manque de courant. Venezuela – 28/08/2012 – L’explosion de la raffinerie d’Amuay, la plus grande du pays, fait 41 morts, 80 blessés et détruit 200 maisons environnantes. Des bruits de sabotage mais plus vraisemblablement des défauts d’entretien et le manque d’investissement pour remplacer du matériel obsolète en sont la cause.

Inde – 28/05/2012 – Jharia (Dhanbad), Jharkland au nord-est, de nombreuses mines de charbon à ciel ouvert sont exploitées par la population locale, y compris des enfants de 5 ans qui, pieds nus, charrient de lourd paniers de houille.

Etats-Unis – Ce que le capital fait des hommes. 75 % des jeunes de 17 à 24 ans sont inaptes au service militaire pour cause d’obésité, d’usage de drogue, d’abus d’alcool, de carences physiques ou mentales, ou d’un très bas niveau de connaissances.

Mexique – 4/03/2012 – L’économie souterraine où tous les coups sont permis ne concerne pas seulement celle de la drogue et son cortège d’assassinats. Elle exploiterait 16 millions d’esclaves, un tiers des « légaux », et assumerait une production évaluée à 35 % du PIB (chiffre pas très éloigné de l’Espagne, de la Pologne ou de l’Italie : 25 %). Elle n’échappe pas à une organisation maffieuse comme, par exemple, celle d’un commerçant ambulant qui ne se fait qu’à peine 20 euros par jour et qui doit payer 10 euros par semaine à un « leader de rue ». Monde-24/08/2012 – Les nanomatériaux sont partout et s’accumulent, en particulier dans les sols. Une étude officielle américaine a montré que cette accumulation (qui vient de l’épandage des boues autant que du Diesel des engins agricoles) est particulièrement nuisible aux cultures, entraînant des baisses de rendement notamment pour le soja. Mais l’étude ne dit rien des effets sur la vie des humains, seule la productivité des semences intéresse le capital. Monde – 15/06/2012 – Il y a de moins en moins de différence entre les engins militaires et ceux exploités par l’Etat pour la sécurité civile. La liste est longue de ces nouveaux gadgets qui sont en fait des auxiliaires précieux comme instruments de domination : depuis des robots « exosquelettes » qui portent des charges, des caméras qui voient à travers les murs, des gants détecteurs de métaux donc d’armes, etc. 15/06/2012 – Concernant l’accaparement des terres fertiles et bien approvisionnées en eau qui sont la proie d’Etats riches ou de multinationales, l’exemple du Nil est particulièrement édifiant : 10 pays dépendent d’un potentiel hydraulique régulé qui couvre 8 millions d’hectares. 4 pays, Egypte, Soudan, Sud-Soudan et Ethiopie en couvrent 5,4 millions. Les récentes cessions de terrains en Ethiopie accaparent 8,6 millions d’hectares et sont concentrées sur les zones bien approvisionnées en eau, dont la consommation pour le type de culture (riz, canne à sucre) sera multipliée par 9, tarissant du coup l’approvisionnement en eau des régions avoisinantes.

Italie – 15/08/2012 – Ilva –Tanburi – Tarente (Pouilles, sud de l’Italie) : la plus grande aciérie d’Europe (12 000 travailleurs), mais aussi la plus polluante (interdiction dans certains quartiers de la ville de toucher au sol, pâturages interdits dans un rayon de 20 kilomètres, etc.) ; le taux de cancers est supérieur de 30 % à la moyenne nationale et les troubles respiratoires innombrables. Le scandale est si grand qu’un jugement du tribunal local ordonne la fermeture de certains hauts-fourneaux parmi les plus polluants, et l’arrestation de membres de la famille Riva, propriétaire du site. Le gouvernement fait appel. Le 2 août, les syndicats organisent une manifestation des ouvriers de l’usine autour du slogan « Plutôt mourir d’un cancer que de faim », soutenue par un ministre qui surenchérit : « Perdre son travail est mauvais pour la santé ». Quelques jours plus tard, à l’appel d’un comité local dont nombre d’ouvriers, plus de 2 000 manifestent à Tarente malgré l’interdiction autour d’un autre slogan : « Nous voulons vivre.  » Suisse – 17/05/2012 – « A côté des impératifs du business, le facteur sécurité alimentaire a peu de poids. » C’est la conclusion d’une ancienne employée de Nestlé, licenciée pour avoir trop parlé quant à la manière dont la boîte traitait la sécurité alimentaire de ses produits. Pakistan— 13/9/2012 -310 morts d’ouvriers carbonisés dans deux incendies d’usines de chaussures ( 21 morts) et textiles (290 morts) - 65 blessés de ceux qui ont sauté dans le vide. Toutes les portes étaient condamnées pour prévenir les vols ou les évasions. Des émeutes de proches et parents aux alentours des usines.

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