Ce texte est paru dans Echanges n° 137 (été 2011).
Nous avons appris récemment la mort, survenue en début d’année, de Jimmy Lallement. Né à Saint-Nazaire, Jimmy Lallement s’était établi à Angers où il participa à la vie associative et ouvrière et anima plusieurs revues, de La Gazette d’Angers (1971-1973) à Essais (nouvelle série) (1977-1989), en passant par Point of no return (1974-1975), avec le souci de lutter « contre la séparation du prolétariat et de la poésie », comme l’écrivait le n°44 d’Essais (septembre 1984), et d’agir en association ou de façon collective.
Cette publication se présentait ainsi dans son n° 41-42 : « Essais fut créé en 1970 par Puce Thibaud, Ahmed Hassoun, Rolland Fradet, Joël Guigné (…). Conservant l’outil que constituaient les facilités techniques et administratives de l’ancienne série d’Essais, Puce Thibaud, Joël Guigné, Jimmy Lallement, Guy Pichot, fondèrent en 1976 la “nouvelle série”. Ce changement de série se justifiait amplement par le contenu entièrement prolétaire des nouveaux numéros et de leurs divers suppléments. (…) Si la parution est quelque peu irrégulière, cela tient au fait que nous sommes la plupart du temps impliqués et occupés dans diverses luttes. »
C’est souvent sous forme de lettres échangées entre les divers animateurs de la revue que se présentaient les articles d’Essais.
La présentation que nous avons citée se poursuivait ainsi : « Depuis deux ans nous avons connu sur Angers un certain nombre de camarades ; des discussions ont eu lieu ; un processus associatif s’est enclenché ; des actions, des interventions, des tracts communs ont vu le jour. (…) et tous, à quelque degré que ce soit, ont participé avec nous à la confection de ce numéro. Celui-ci est donc un produit plus ou moins associatif. »
Jimmy Lallement était entré en correspondance avec Henri Simon en 1973, intéressé par la publication des Conseils ouvriers de Pannekoek aux éditions Bélibaste. En 1975, une discussion, purement épistolaire (les deux hommes ne se sont jamais rencontrés), fut engagée sur l’organisation, appuyée sur l’intérêt réciproque de textes comme ICO, un point de vue et Le Nouveau Mouvement d’un côté, et La Raison dans l’histoire, Pour un monde nouveau et le bulletin Point of no return, de l’autre.
Il avait déposé ses archives (collection de revues, brochures, pamphlets, articles sur Guy Debord (1994-1995), documents sur la grève d’ACT, documents sur Joël Guigné) à l’Institut d’histoire sociale d’Amsterdam. On peut trouver aussi ses principales publications, dont La Raison dans l’histoire, publiée par sa « Fondation pour le dépassement préhistorique » (1975), au Centre international de recherches sur l’anarchisme (Cira) à Lausanne.
En 2003, Jimmy Lallement suivit avec attention la lutte des ouvriers d’ACT Manufacturing (groupe Bull) à Angers, et rédigea une chronique et une analyse pour Echanges (n°104, printemps 2003 : « ACT Manufacturing, autopsie d’une lutte »).
Depuis cette date, il semble qu’il s’était retiré, atteint par la maladie.