Les deux textes ci-dessous ont été glanés sur les sites du Collectif national pour les droits des femmes et de la revue électronique http://divergences.be/
Nous présenterons d’autres articles ou interviews à condition qu’ils apportent de véritables informations sur ce qui se passe dans les pays du monde arabo-musulman, tout comme les interviews réalisées par le site par Lieux communs que nous avions reproduites ici ( TUNISIE : Le mouvement tunisien est politique et social (entretien à 2 voix de camarades militants) et Tunisie : "Ni cellules destouriennes, ni partis politiques !").…. (Ni patrie ni frontières).
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Interview de Nadia Chabaane, tunisienne, militante féministe
Collectif national pour les Droits des Femmes : Tu es au Collectif national pour les Droits des Femmes depuis quasiment sa création. Tu es tunisienne. Dans quelles circonstances es-tu arrivée en France ?
Nadia Chabaane : Pour faire mes études à l’Université. J’étais déjà militante en Tunisie dans une association de femmes à Nabeul. En arrivant en France j’étais au comité anti apartheid et dans le mouvement étudiant. J’ai rejoint l’Union Générale des Étudiants Tunisiens assez rapidement, le mouvement féministe de France, les associations de l’immigration ainsi que les associations de l’opposition tunisienne de gauche en France.
Après ma soutenance de thèse je me suis posé la question de rentrer ou pas. Mon implication dans les mouvements de l’immigration et de l’opposition ainsi que la confiscation de tous les espaces de liberté en Tunisie m’ont amenée à réfléchir autrement en me disant que je serai plus efficace en restant en France parce que je pourrais contribuer à être un peu porte-voix de ceux qui n’avaient pas de voix, ceux qui étaient privés de voix. On assistait déjà à un durcissement très important de la dictature de Ben Ali qui avait tissé une toile confisquant tous les espaces d’expression et effectivement celles et ceux qui étaient en France on avait la tâche de faire savoir, d’informer, de relayer. Et il m’a semblé que je pouvais être plus utile en étant ici que là bas. Et en même temps rentrer là-bas pour y faire quoi ? Est-ce que c’est rentrer dans les rangs pour y être prof d’université et y faire ma petite vie dans l’anonymat et le silence ? Je ne me voyais pas du tout dans ce profil. Intégrer l’opposition existante pour faire bouger les choses ? J’ai hésité, j’ai choisi plutôt de rester ici me sentant complètement utile dans ce rôle de relais.
Collectif : Le relais d’associations féministes sur place ou pas ?
Nadia Chabaane : Alors, il se trouve que l’on n’a pas d’associations féministes de femmes tunisiennes sur Paris mais on a toujours soutenu les femmes tunisiennes présentes sur Paris qui sont dans les associations de l’immigration. Je suis en l’occurrence à l’Association des Tunisiens en France, on a toujours relayé les campagnes menées par les copines de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates, de l’Association des Femmes Tunisiennes pour la Recherche au Développement. On a toujours été en contact, on les a invitées pour des débats, des rencontres, on a toujours été sur la même longueur d’ondes sur les revendications. On a toujours essayé de faire connaître la cause des femmes tunisiennes. Il faut pas croire que c’était facile.
Aujourd’hui la Tunisie fait la une de la presse mais il fut un temps où c’était très compliqué ne serait-ce que d’avoir un petit encart dans un journal parce que c’est un petit pays qui n’intéresse pas grand monde et pour lequel les autorités françaises avaient une position pré-définie : c’est un pays stable, rempart de l’islamisme, rien à en dire, point à la ligne. Rares étaient les journaux qui informaient de ce qui se passait en termes de censure, en termes d’oppression , en termes de tortures, en termes de procès faits aux étudiants, en termes d’emprisonnement, en termes d’entraves à tout ce qui pouvait être toute forme de contestation. Les femmes quand elles voulaient organiser une réunion, elles ne pouvaient pas, elles ne pouvaient organiser un meeting qui ne parle que de revendications féministes, elles ne pouvaient pas aller au-delà. C’était infernal. Pour nous c’était important de jouer ce rôle de porte-voix de celles et ceux qui étaient sans voix et vivant dans une espèce de prison à ciel ouvert avec l’accord de tous les gouvernements d’ici, aussi bien de gauche que de droite d’ailleurs.
Collectif : Tu as fait référence à deux association, l’ATFD et l’AFTURD. Est-ce que tu peux décrire les activités qu’elles avaient là-bas si elles pouvaient avoir des activités ?
Nadia Chabaane : Ce sont deux association autonomes du pouvoir tunisien puisqu’il y a d’autres associations complètement affiliées au RCD et elles sont porteuses des revendications des femmes tunisiennes en termes d’égalité des droits. Elles ont mené une campagne depuis plusieurs années sur l’égalité successorale. Elles gèrent un centre d’accueil pour les femmes victimes de violences sur Tunis, elles ont un centre de consultations juridiques, elles font beaucoup de publications sur les aspects de droit et d’accompagnement. Elles font un boulot formidable mais qui mérite d’être connu et qui était beaucoup entravé par le pouvoir politique en Tunisie de Ben Ali. Parce qu’il a instrumentalisé, lui, la cause des femmes en Tunisie. Donc c’était extrêmement compliqué de paraître dans le paysage et de prendre leur place. Les revendications des femmes restent d’actualité après la chute de Ben Ali. On veut l’égalité réelle à tous les niveaux et on veut la séparation du religieux et du politique de manière à ce que l’on puisse être des citoyennes à part entière. Et en même temps 23 ans de Ben Ali, c’était 23 ans d’instrumentalisation des femmes parce que le seul truc qu’il pouvait brandir comme étant quelque chose de positif, c’était la place des femmes.
Effectivement les femmes tunisiennes sont pionnières sur plein de choses. C’est le taux d’alphabétisation le plus fort, c’est également le pourcentage de femmes travailleuses le plus important de l’Afrique et du monde arabe. C’est les femmes qui ont investi tous les secteurs professionnels, qui sont à la tête d’entreprises, qui sont à la tête de secteurs entiers, qui exercent sans complexes partout, c’est une grande fierté pour nous. Mais en même temps le pouvoir a monopolisé une sorte de discours autour des femmes parce qu’il n’avait rien d’autre à dire. Et c’est effectivement compliqué pour nous dans les enjeux d’aujourd’hui car dès qu’on parle des femmes on nous rappelle instrumentalisation. C’est extrêmement complexe.
Ces associations ont résisté à Ben Ali. Elles étaient présentes dans les revendications de démocratie, de liberté. Ces associations ont été motrices dans beaucoup de mouvements de contestation les dernières années. Ces associations appellent à une Marche le 29 janvier pour l’égalité et la citoyenneté. Cinq associations appellent à cette Marche, la Marche des femmes. C’est à l’appel de l’ATFD, l’AFTURD., la commission femmes de l’UGTT, (Union Générale des Travailleurs Tunisiens) le collectif Maghreb Égalité ainsi que la commission femmes de la LTDH. (Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme). Les femmes ont participé à la Révolution depuis le premier jour. Et la première manifestation de contestation qui a eu lieu à Sidi Bouzid, il y avait déjà des femmes dans la rue. Elles n’ont pas du tout quitté la rue aujourd’hui : elles continuent à être dans les sit-in, les comités de vigilance, elles continuent à être partout. Mais effectivement on n’a pas encore entendu des revendications spécifiques. Cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas. Il y en a effectivement. La revendication première est celle de l’égalité qui n’existe pas encore pour le moment.
Collectif : Peux-tu donner des précisions là dessus ? On entend beaucoup dire que l’égalité existe sauf en termes successoraux. On peut imaginer que c’est l’égalité formelle (sauf l’héritage) et pas l’égalité réelle.
Nadia Chabaane : La réforme la plus attendue et la plus importante pour rétablir cette notion d’égalité puisque l’on parle d’égalité mais elle n’existe pas réellement, c’est la réforme de l’héritage puisque l’on n’est pas sur un régime égalitaire à ce niveau-là. Mais il y a également de petites déclinaisons dans le code de statut personnel qui marquent des discriminations à l’encontre des femmes. Il y a par exemple des exclusions qui sont dues à de l’appartenance confessionnelle : vous êtes non musulmane, vous n’avez pas forcément les mêmes droits qu’une musulmane. Quand vous n’habitez pas en Tunisie, vous n’avez pas les mêmes droits qu’une Tunisienne qui habite en Tunisie. On va donner la priorité à la personne qui habite sur place plutôt qu’à la Tunisienne qui habite en Italie, en France, en Libye ou ailleurs par rapport à la garde ou par rapport à des choses de cet ordre-là. Donc il y a des inégalités qui persistent.
Nous on veut mettre à bas ces inégalités. Et le seul garant, et là je parle en mon nom et au nom d’un certain nombre de femmes qui ont signé un appel et lancé une pétition. Nous ce que l’on souhaite, c’est que l’on puisse séparer le religieux du politique, qu’on puisse travailler autour d’une base qui soit dépouillée de tout référence religieuse de manière à ce que l’égalité réelle puisse être assurée. Et on souhaite qu’il n’y ait pas de légalisation de partis tant qu’il n’y ait pas cet engagement de fait et cette garantie de prise.
Collectif : La signature de la pétition semble bien marcher sur le net.
Nadia Chabaane : Effectivement. Disons qu’en moins de 24 heures, on a eu 500 signatures et en passant uniquement par un réseau assez restreint. La diffusion commence à peine et cette pétition commence à tourner. Il se trouve que cette revendication répond à une attente importante de la part de femmes et de jeunes femmes tunisiennes puisqu’il y a beaucoup d’étudiantes qui la signent. Si on veut rebâtir une Tunisie demain qui tienne compte des aspirations de la population, il va falloir que l’on tienne compte de toutes ces jeunes qui ne sont pas forcément sur une volonté de couper la poire en deux, sur de la négociation. Elles veulent l’égalité et pas négocier autour de cela.
Collectif : Je crois que l’on a compris que les femmes veulent préserver les acquis et aller beaucoup plus loin. Peux tu parler de la situation générale parce que ça bouge d’heure en heure ? On a l’impression , pour parler vite, qu’on a un débat entre réforme et révolution. Tout le monde s’intéresse à la situation générale en Tunisie. Il y a des manifestations à la casbah pour faire tomber les ministres RCD qui occupent des postes clés. Il y a des gens cependant qui disent qu’il faut s’appuyer sur leur expérience. Ton avis Nadia : faut-il une Constituante ou peut-on s’appuyer sur la Constitution actuelle parce qu’elle offre suffisamment d’espaces pour avancer ? Est-ce « du passé faisons table rase » ou pas ? C’est une vraie question. C’est une situation quand même révolutionnaire.
Nadia Chabaane : Effectivement, on est face à une Révolution, pas à une réforme. Donc je pense qu’il ne faut pas hésiter à l’animer. Je l’appelle la Révolution tunisienne, pas la Révolution du jasmin. C’est une Révolution tunisienne pour la démocratie. C’est une première dans l’histoire de l’humanité, je crois qu’il n’y a pas eu de précédent de cet ordre-là. On aura beau vouloir calquer les Révolutions du passé, les autres contextes, on aura beau essayer de faire des comparatifs, je crois que l’on n’arrivera pas à établir un comparatif. On est entre le Portugal, la Pologne, plusieurs configurations.
Et en même temps il y a quelque chose d’inédit : c’est la manière de faire, c’est une Révolution qui s’est faite à mains nues sans armes, sans organisation leader, sans aide étrangère. Donc c’est quand même une configuration unique. On n’a jamais vu ça. Elle s’est faite en l’absence de leader et les Tunisiens ont exprimé haut et fort qu’ils ne voulaient plus de leader. Y’a pas besoin de leader pour arriver. Et la cohésion s’est faite dans le même sens puisqu’il y avait une convergence où les gens aspiraient à la liberté. Et qu’on soit ouvrier, médecin, journaliste, avocat, agriculteur ou autre, la revendication de la liberté, elle est commune, elle est universelle, les gens aspirent à la liberté. Peut-être pas les mêmes libertés mais en tout cas il y a une convergence des revendications de liberté qui allaient dans le même sens et qui ont fait tomber ce pouvoir.
Aujourd’hui qu’il y ait du cafouillage, qu’on soit pas sur une situation claire est extrêmement normal et banal. Moi je trouve que la pression qui est mise sur la Tunisie aujourd’hui de sortir une solution est complètement occultante de la réalité du pays, des enjeux qui sont en place et de l’importance que doit prendre la parole de la rue et de ceux qui étaient à l’œuvre et qui ont fait cette Révolution dans le débat. On peut pas leur confisquer leur Révolution ces gens-là. C’est eux qui ont mis leur vie en péril, qui se sont exposés au tir des balles et on n’a pas le droit de leur confisquer leur Révolution. Que eux ils aient besoin de temps, qu’ils ne soient pas clairs et qu’ils veulent que les symboles forts de ce régime, c’était pas simplement Ben Ali, c’était aussi le RCD, disparaissent du paysage est légitime et plus que légitime.
Moi je peux pas recommencer avec un homme qui était 23 ans en règne et qui a fermé sa gueule pendant 23 ans, qui n’a rien dit. Même s’il est intègre par ailleurs, il n’ a pas volé, il n’est pas corrompu, mais il est quand même lié avec un régime qui a du sang sur les mains. On peut pas être avec un ministre des Affaires étrangères aujourd’hui qui était l’homme de Ben Ali dont tout le monde parlait comme étant le successeur éventuel. On n’en veut pas . On veut pas non plus d’un Ministre de l’intérieur qui soit RCD. Le ministre de l’Intérieur incarne en Tunisie quelque chose de ….. D’ailleurs, pendant les manifestations les gens l’ont baptisé « Ministère de la torture et la répression ». Comment voulez-vous laisser ce ministère, ne serait-ce que symboliquement aux mains du RCD ? C’est im-pen-sa-ble. Les gens ne peuvent pas le comprendre. Et ça c’est légitime que les gens soient contre.
Après que l’on soit pour une Constituante, pour faire table rase, pour un gouvernement de transition avec ou sans RCD ou autre, moi je pense que toutes les éventualités sont à observer. En même temps, moi je ne suis pas pour faire table rase. Parce que je suis une femme et que l’histoire des femmes m’a appris qu’en général les premières sacrifiées sont les femmes. À chaque fois que l’on a fait table rase, ce sont les femmes qui ont été sacrifiées. Moi j’ai des acquis aujourd’hui que je n’ai pas du tout envie de brader ni de les remettre en discussion. Et ces acquis ne me suffisent pas. Je veux leur élargissement et je veux que l’égalité réelle soit quelque chose de constitutionnel une fois pour toutes. Donc mon cœur, mes convictions, mon engagement iraient plutôt vers de la réforme constitutionnelle, qui travailleront sur du long terme, qui proposeront quelque chose qui me convienne en tant que femme avant tout. En même temps chasser du pouvoir et des postes clés le RCD, cela me paraît un minimum en vue des dégâts qui ont été commis et en plus c’est un parti qui ose aujourd’hui regarder les gens en face et dire : « Oui mais nous on peut être aussi la transition avec vous, on vous écoute… » Pendant 23 ans ils ont réprimé, pillé, corrompu. Ils ont pratiqué une politique abjecte, ils n’ont toujours pas fait leur mea culpa. Donc pourquoi voulez-vous que je les croie ?
Collectif : Et les islamistes ?
Nadia Chabaane : Les islamistes en Tunisie sont présents. C’est une des composantes politiques de la rue tunisienne, ils sont là. De toute façon je suis obligée de faire avec. Ils ne représentent pas… c’est-à-dire au niveau de la revendication politique de l’Etat islamique, c’est quelque chose de marginal, extrêmement marginal et pas inquiétant à ce niveau-là. Par contre la recomposition et les négociations qui vont se faire vont tenir compte de leurs revendications. Moi je ne leur fais aucunement confiance et j’ai besoin que l’on mette fin à la négociation à tout bout de champ de tous les partis politiques qui fassent la demande pour qu’il y ait des garanties de prises au niveau constitutionnel.
Les islamistes, s’ils sont d’accord avec la Constitution séparatiste, moi ils ne me posent aucun problème. Ils ont droit à l’existence, c’est une composante politique. Comme ils n’arrêtent pas de se revendiquer des Turcs en disant « On est comme les Turcs et on prend comme modèle les Turcs. » Les Turcs ont une Constitution laïque qui fait une nette séparation. Donc moi ça ne me pose pas de problème qu’ils soient légalisés après coup. Mais qu’ils soient légalisés dans l’état actuel des choses sans qu’il y ait de garantie de prise, sincèrement là je ne suis pas d’accord du tout
Collectif : il y a différentes mouvances. Effectivement la plus importante se réclame de l’AKP turc mais il y en a d’autres qui semblent plus dures mais qui sont très minoritaires.
Nadia Chabaane : ils sont très minoritaires, ils se revendiquent du wahhabisme, de tout un tas d’autres groupuscules mais n’empêche qu’ils sont quand même à l’œuvre, ils sont actifs, ils ont commencé à investir les mosquées. Moi je suis vigilante, en tant que femme et on retient les leçons de ce qui s’est passé ailleurs. En Iran, en Algérie, au Soudan, en Égypte, moi j’ai pas la mémoire courte. On sait ce qui s’est passé ailleurs et j’en tiendrai compte. La Tunisie est peut être différente des autres pays mais en même temps je sais que les droits des femmes ne sont jamais acquis définitivement et qu’il faut continuer à se battre et rester vigilante. Donc moi, je continuerai à me battre et rester vigilante. Je ne suis contre personne mais du moment qu’ils respectent un cadre, qu’ils garantissent mes droits.
Collectif : Qu’est-ce qui pourrait menacer la révolution tunisienne et penses-tu qu’il peut y avoir une influence de cette révolution sur d’autres pays. On a vu que l’Égypte commençait à bouger.
Nadia Chabaane : Je vais répondre séparément à ces deux questions. Mes craintes c’est les pays arabes. Et leur degré de dangerosité parce que ça n’arrange aucun pouvoir arabe ni africain d’ailleurs. Ce qui se passe en Tunisie leur fait peur. Donc ils seront prêts à se mouiller, je veux dire la Libye elle est capable demain de faire des choses, d’occuper, d’envoyer des commandos, d’infiltrer. On l’a connu dans notre histoire tunisienne d’ailleurs. Donc moi j’ai des craintes de ce côté là. Du côté des pouvoirs et des dictateurs qui nous entourent.
Alors ce qui se passe en Égypte aujourd’hui. Moi ce qui m’a fait rire en voyant des vidéos c’était que le mot d’ordre était « Moubarak dégage ». C’est exactement le même terme « dégage. » Et il y a un parlementaire qui a pris la parole aujourd’hui et il a utilisé le même terme « dégage » en parlant à Moubarak. Donc on est sur un mot d’ordre qui est repris, les gens pensent que c’est possible, que ce qui a été possible en Tunisie, ce petit pays un peu isolé où tout avait l’air de bien se passer, stable…. Donc ils pensent que c’est possible.
Mais en même temps les configurations ne seront pas les mêmes. Les histoires des pays ne sont pas les mêmes. Le régime tunisien n’est pas un régime militaire. Ce qui n’est pas le cas du côté de l’Algérie, de l’Égypte ou ailleurs. Donc moi je ne sais pas du tout ce que sont les rapports de forces de la rue face aux militaires. Je n’ai aucune idée de la capacité de réponse des militaires car en Tunisie les militaires c’est des appelés, alors…. On est vraiment très très loin d’avoir des contextes similaires.
Collectif : Les militaires étaient tenus à l’écart ?
Nadia Chabaane : Les militaires ont été tenus à l’écart en Tunisie par tous les pouvoirs. Bourguiba a essayé de limiter leur importance en mettant en place un organigramme qui faisait qu’ils n’avaient pas de pouvoir réel. Ben Ali n’a jamais consolidé leur pouvoir même s’il est issu des militaires. Lui quand il est arrivé au pouvoir il avait l’appui des militaires mais il avait surtout l’appui du RCD, du PSD comme il s’appelait à l’époque, le parti destourien. Les militaires n’ont rien eu à faire d’ailleurs. Ils étaient là s’il y avait des dérapages mais ils n’ont rien eu à faire. C’était quelque chose qui s’est passé sans aucune contestation puisque le parti et la machine de l’État étaient de son côté.
La configuration de l’Égypte est complètement différente, celle de l’Algérie est complètement différente. Ce qui s’est passé autour de l’unité nationale qui a eu lieu en Tunisie, aujourd’hui on en est très loin en Algérie. L’opposition, les syndicalistes, les associations ne sont pas encore arrivés à un point de dépassement pour s’unir et faire front. Chose qui, en Tunisie, s’est faite de manière extrêmement rapide parce qu’il y avait un telle répression que les gens n’avaient pas le choix, il y avait une question de survie, c’était irréversible. Cette configuration n’y est pas encore en Algérie. Elle n’y est pas encore complètement en Égypte, car il y a beaucoup de divisions donc je ne sais pas quel sort va leur être réservé : est ce que l’armée va agir et dans quel sens ? Je ne crois pas que l’on puisse calquer les situations.
On a vu une immolation en Tunisie a provoqué une révolte. On en est à la 8e en Algérie et il ne se passe pas grand-chose encore. Ça montre que la copie ça n’est pas l’original. Il y a un terreau qui précipite les événements, qui fait que la mayonnaise prend et que les événements s’enchaînent. Après une machine, une fois qu’elle est mise en place, parce que ce qui s’est passé en Tunisie c’est qu’au bout de quinze jours on était entré dans l’irréversible. Parce que autrement on allait vers le suicide collectif. Donc soit on y allait tous et on mourait tous et on se faisait massacrer, soit c’est Ben Ali qui partait. Mais on était acculés. La population était acculée du jour où elle a franchi le cap et elle a dit « Ben Ali dégage ». Tout le monde sentait l’importance des mots qui sont sortis à ce moment-là. Les gens ont pesé un poids, des mots qui ont été décisifs et qui ont en même temps libéré la parole et les actes et la peur. Et surtout ils ont libéré les gens de la peur. Je ne connais pas suffisamment l’Égypte ou l’Algérie ou d’autres pays pour pouvoir en juger, mais en même temps je sais que le contexte est très très éloigné et qu’on n’est pas du tout dans la même configuration.
26 janvier 2011
http://www.collectifdroitsdesfemmes...
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Révolution en Tunisie
Mohamed (groupe P. Besnard, FA)
Au début des années 1960, Jean Duvignaud, professeur de sociologie à la faculté de Tunis, emmena ses étudiants à Chebika, une oasis pauvre et archaïque du sud de la Tunisie, pour le but de réaliser une étude sociologique de terrain. Les jeunes hommes et femmes qui participèrent à cette recherche — issus de la moyenne et haute bourgeoisie tunisoise — découvrirent avec stupeur la réalité d’un pays qu’ils ne soupçonnaient même pas, un pays à mille lieux des promesses de développement que la toute jeune république tunisienne d’alors, encore ivre de sa toute fraîche indépendance, servait au peuple tunisien [1].
Cinquante ans plus tard, c’est avec la même surprise, teintée d’incrédulité, que les opinions publiques occidentales découvrent la face cachée du « miracle » tunisien, avec l’irruption du peuple de Sidi-Bouzid.
Qu’un pays aussi calme, vanté pour sa stabilité, sa modernité et sa prospérité, fasse irruption de manière aussi inattendue sur la scène de l’histoire, et s’invite dans le mouvement des insurrections, diantre, voilà de quoi réviser les certitudes, selon lesquelles les peuples de la périphérie n’ont d’autre choix que la chicotte autoritaire ou la férule religieuse. D’un tel événement, on ne peut dire qu’il surgit de nulle part, comme si le peuple qui l’a mis au jour n’avait pas d’histoire, et aucune conscience de celle-ci.
Des insurrections, l’histoire tunisienne en a connu, et certaines des plus célèbres, comme celle de 1864 [2], sont nées précisément dans cette même région du centre ouest, déshérité et frondeur, qui a déclenché la révolution de décembre 2010. Plus tard, au premier temps du protectorat français, instauré en 1881, d’autres soulèvements populaires ont marqué la mémoire du peuple tunisien, et la naissance du mouvement indépendantiste. Des grèves, des affrontements parfois durement réprimés, des assassinats, dont celui du leader syndicaliste Ferhat Hached [3] en 1952, ont scandé la marche vers l’indépendance, acquise en 1956. Le long règne de Habib Bourguiba ne s’est pas passé sans heurt ni frictions : 1969, émeutes dans tous le pays contre la collectivisation des terres (la Tunisie vit alors une expérience « socialiste » sous la conduite du Premier ministre Ben Salah) ; 1972, manifestations d’étudiants durement réprimées (et coup de pouce donné aux islamistes par le gouvernement pour contrer les gauchistes) ; 1978, le jeudi noir du 26 janvier, 200 morts lors de la répression contre les manifestations, à l’appel de l’Union Générale Tunisienne du Travail (un certain Ben Ali était à la direction de la sécurité) ; 1984, émeutes dites du pain, encore une fois durement réprimées. Mais s’il faut chercher une source au mouvement qui a pris naissance le 17 décembre dernier, c’est la révolte du bassin minier de Gafsa de 2008.
Cette région du sud-ouest, à l’orée du désert, près de la frontière algérienne, a été le théâtre durant l’année 2008 d’une série d’émeutes et de mouvements de protestation préfigurant ce qui vient de se produire en décembre 2010 et janvier 2011 [4]. Dans cette région, le principal employeur est la Compagnie Générale du Phosphate. Ses salariés sont bien payés, eu égard au standard tunisien : 1000 dinars (500 €), soit près de 5 fois le salaire minimum.
Cette activité a subi des plans de libéralisation et de restructuration qui ont divisé par 3 les effectifs en 20 ans, sans qu’aucun projet de réindustrialisation ou de reconversion ne vienne suppléer à cette situation. Alors que les cours mondiaux du phosphate s’envolaient (+125% entre 2007 et 2008 !), le taux de chômage officiel, dans la région, atteignait près de 30 % ! Ce sont les jeunes chômeurs diplômés, regroupés au sein d’une Union des Diplômés Chômeurs, non reconnue, qui ont lancé le mouvement de protestation, rejoint par les lycéens, les travailleurs précaires, les familles d’ouvriers accidentés du travail. Sit-in, manifestations, blocages des routes et des chemins de fer (par où transite le phosphate extrait des mines), affrontements avec la police : toutes les modalités d’action furent mises en oeuvre dans cette lutte, de manière spontanée, sans cadres politiques et avec très peu de soutien syndical. La maigre opposition politique reconnue alors par Ben Ali est loin du terrain et préoccupée par l’élection présidentielle de 2009, à laquelle, toute honte bue, elle a décidé de prendre part : on connaît les résultats de cette mascarade [5]. Le soutien syndical est resté strictement local, pratiquement sans aucune implication de l’échelon régional, sinon contre lui, et encore moins national. L’isolement, l’absence de soutien extérieur [6], l’inexpérience des protestataires et surtout le déploiement de tout l’appareil répressif ont eu raison de ce mouvement. Mais des « germes ont été semés dans le désert » [7].
Lorsque le général Ben Ali prend le pouvoir, le 7 novembre 1987, à la faveur de ce qu’on a appelé un coup d’État médical, le régime issu de l’indépendance est à bout de souffle. Le président Bourguiba qui a fait modifier la constitution en 1975 afin d’être président à vie, est quasiment sénile. Le mouvement islamiste pose des bombes et menace de prendre le pouvoir. La situation est extrêmement tendue ; aussi, l’annonce de la déposition du « combattant suprême » est accueillie avec soulagement par un grand nombre de Tunisiens. D’autant plus que le nouveau président s’engage à réformer l’État, à démocratiser la société, et à préserver les principaux acquis du bourguibisme que sont le droit des femmes et l’accès à l’éducation pour tous. Mais faut-il croire en la parole d’un flic ?
Très vite, le nouveau maître de Carthage va cadenasser la Tunisie. Après avoir durement réprimé le mouvement islamiste, emprisonnant 30 000 de ses membres avec l’aval de tous les partis, il va peu à peu retourner son appareil répressif contre ces mêmes partis, les faisant disparaître, contraignant les leaders de l’opposition à l’exil. Peu à peu, une chape de plomb va tomber sur la Tunisie. Dans le même temps, il obtient l’appui des puissances occidentales en leur servant le discours frelaté du rempart contre l’islamisme, de défenseur du droit des femmes et de modernisateur de la Tunisie.
L’ouverture des frontières avec la suppression progressive des droits de douane, l’adoption des plans d’ajustement du FMI, et l’application du modèle économique capitaliste dans sa version néolibérale, ainsi que son alignement sans réserve sur la politique extérieure des Etats-Unis et de la France au lendemain de la chute du mur de Berlin, font de lui l’un des meilleurs élèves du système. Alors qu’il n’a aucune étoffe, aucune légitimité historique, contrairement à son prédécesseur, il impose son style, ou plutôt son absence style, en s’appuyant sur les deux principaux piliers de son système : la police et le Rassemblement Constitutionnel Démocratique, qu’il a construit à partir du vieux parti socialiste destourien, héritier du Neo Destour de Bourguiba.
La conjoncture internationale lui est propice : l’économie tunisienne décolle, avec des taux de croissance annuelle de 5 % entre 1995 et 2002. La faible croissance démographique (1,3 % par an), l’installation de nombreuses industries étrangères attirées par une main-d’œuvre à bon marché, réputée travailleuse et docile, le développement du tourisme, tout concourt à ce qu’on appelle alors la naissance du dragon africain. Le revenu par tête d’habitant devient le premier d’Afrique du Nord. La politique du crédit facile permet à la classe moyenne de se donner l’impression d’accéder à la prospérité : ce sont les années du « Consomme et tais-toi ». Ben Ali s’achète ainsi facilement l’accord de la majorité de la population, séduite par ce nouveau modèle économique qui lui apporte les joies du consumérisme. Cela vaut bien qu’on ferme les yeux sur les dérives autoritaires.
Le voisin, le géant algérien depuis toujours craint par les Tunisiens, est plongé dans une guerre civile atroce dont Ben Ali profite indirectement : « C’est moi ou le chaos. » Le RCD étend alors son emprise sur la société : pas un village, pas une administration ou une entreprise qui ne possède sa cellule. Le RCD voit tout, sait tout et presque tout passe par lui. Une démarche administrative ? Un emploi dans la fonction publique ? Un logement ? Le RCD est là. Il finira par revendiquer près de 2 millions d’adhérents (soit 20% de la population !). La plupart adhèrent par opportunisme plus que par idéologie. L’autre pilier du régime, la police, va prendre un essor considérable. Selon les sources, on compte entre 100 000 et 180 000 flics dans la Tunisie de Ben Ali : ceux en tenue, mais aussi les polices parallèles, les indicateurs, les milices. Autant de flics qu’en France, pour une population 2 fois moindre.
Ce qui est nouveau dans ce régime, c’est la main-mise sur l’économie du pays par une clique maffieuse, qui se constitue autour des familles de Ben Ali et de sa femme, Leila Trabelsi [8]. Depuis la chute du dictateur, les médias — jusque-là aveugles — ont fait leurs choux gras des comportements de ces voleurs et de leurs prédations. Tout ce qui pouvait être source de profit était accaparé par la famille, au besoin par la violence et les menaces, et pratiquement au vu et au su de tous. Des industriels, des banquiers, des hommes d’affaires, tunisiens et étrangers étaient soumis au racket de cette bande. À tel point que des investisseurs potentiels ont préféré mettre un terme à leur projet plutôt que de composer avec les clans. Ces attitudes ne sont pas spécifiques à la Tunisie, mais elles y ont atteint un tel degré que cela a alerté l’ambassade des Etats-Unis qui y voyait une menace pour la stabilité économique et politique du pays [9]. Alors que sous Bourguiba la corruption était quasiment inexistante, elle est devenue systématique et à tous les échelons de la société. Même le Tunisien lambda se voyait harcelé par les flics qui lui extirpaient 20 dinars pour une infraction imaginaire au code de la route.
Ce qui frappait le voyageur débarquant en Tunisie — à condition qu’il sorte des réserves à touristes du bord de mer —, c’était l’omniprésence du portrait du dictateur dans la rue, dans les boutiques, partout. De même les avenues du 7 novembre, places du 7 novembre, cafés du 7 novembre, avec leur monument, sommet du kitsch à la gloire du 7 novembre, chiffre 7 fétichisé jusqu’à paraître idolâtre dans un pays musulman, 7 novembre date du début de « l’ère du changement » selon la logomachie officielle.
Depuis la fin des années 1990, la peur devient plus palpable avec la méfiance qui s’instille sournoisement et pourrit les relations. La présence policière permanente, pesante, que l’on ressent dés l’arrivée à l’aéroport, avec ces flics arrogants, méprisants, sûrs de leur impunité. Les discussions chuchotées, le silence devant l’étranger, la peur du mouchard au café ou dans le taxi : voilà quel a été le quotidien des Tunisiens pendant toutes ses années. Ajouté à cela, le sentiment d’être pris pour des demeurés, des idiots auxquels quotidiennement et inlassablement était répété à la télé, à la radio et dans les journaux, que le président avait « pris en charge le destin de la nation et que sous sa conduite clairvoyante la société, forte de ses acquis en matière de démocratie et de droits humains, dus à la sûreté des choix présidentiels, allait relever tous les défis posés à la nation sur la voie du changement » : véridique !
Pour ceux qui n’avaient pas connu les démocraties populaires de l’autre côté du rideau de fer et pour ceux qu’un voyage en Corée du Nord effrayait (à juste titre), la Tunisie de Ben Ali offrait tout ce qu’un Big Brother était à même de fournir : le décalage total, radical, entre le discours et la réalité, à des sommets qu’Orwell lui-même aurait eu du mal à imaginer.
Pour la galerie, il y avait quelques partis d’opposition tolérés, certains ayant même des strapontins à l’Assemblée nationale. Lors des élections présidentielles, des opposants, choisis par le parti présidentiel, se présentaient, en s’excusant et en appelant le peuple à voter pour leur supposé adversaire. À l’issue de ces mascarades, le président Ben Ali se trouvait crédité de 95% des voix… Et il recevait les félicitations de ceux, nombreux, qui, en France et ailleurs, voulaient faire croire à la démocratie en Tunisie. Par souci d’humanité, nous ne citerons aucun nom, les mêmes qui aujourd’hui apportent leur soutien « désintéressé et sincère aux légitimes aspirations du peuple tunisien » [10]. Mais dans cette société, maintenue sous l’étouffoir, quelques-uns et quelques-unes ont résisté avec courage. Des avocats, des militants et militantes des droit de l’homme, des politiques, des écrivains, des internautes ; certains l’ont payé cher, certains y ont laissé leur vie, je pense à Zouhair Yahyaoui, entre autres…
Celui qu’on croyait absent, écrasé, marginalisé est réapparu, presque par surprise, par une sorte de pied de nez que l’histoire. Et il y a eu Mohamed Bouazizi, marchand ambulant de Sidi-Bouzid, dont le geste de désespoir a soulevé tout un peuple : ce qui n’avait pu se faire en 2008 à Gafsa a tout à coup été possible, la jonction entre les différents acteurs de la société s’est réalisée : jeunes des villes et des campagnes, chômeurs et ouvriers, avocats et marginaux. Et très tôt, ce que nos pitoyables journaux français ont appelé une émeute, comme s’il s’agissait d’un fait-divers de banlieue, s’est transformé en une gigantesque tornade qui a balayé un dictateur et qui s’en prend maintenant à la dictature. Aujourd’hui, un peuple a retrouvé sa dignité. Le peuple d’un petit pays de la périphérie, assigné au rôle de destination du tourisme de masse et de réserve de main-d’oeuvre à bon marché, a su renverser le cours de l’histoire et a soulevé une gigantesque vague d’espoir dans le monde entier. Un peuple désarmé, seul, sans aide extérieure est en train de filer la trouille à tous les tyrans, de démentir tous ceux qui pensent que seule la dictature convient aux métèques « arabo-musulmans » qui seraient par essence incompatibles avec l’idée même de démocratie [11]. Un peuple aux prises avec son histoire, qui a encore bien d’autres obstacles à surmonter. Toutefois, par sa volonté de résister, il a forcé le destin, il a dissipé les ténèbres et il a brisé ses chaînes.
[1] Chebika, Jean Duvignaud, Plon, coll. Terre Humaine, 1968. Un très beau film a été tiré de ce livre : Les remparts d’argile de Jean-Louis Bertucelli (1970).
[2] L’Insurrection de 1864 en Tunisie, B. Slama, MTE, Tunis, 1967.
[3] Ferhat Hached a fondé l’Union Générale Tunisienne du Travail en 1947, qui a été l’un des principaux artisans de l’indépendance. Les rapports de ce syndicat avec le pouvoir ont toujours été conflictuels et même Ben Ali n’a pas réussi à le mettre totalement à sa botte.
[4] Pour de plus amples informations : L’Année du Maghreb, vol V, 2009 : « La Tunisie entre la révolte du bassin minier de Gafsa et l’échéance électorale de 2009 », L. Chouikha et E. Gobe (article disponible en ligne).
[5] Lors de cette élection, Ben Ali n’obtient que 89,62 % des suffrages…
[6] À l’exception de la ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), du Parti communiste ouvrier tunisien (PCOT, interdit à l’époque) et de quelques personnalités…
[7] Moncef Marzouki, opposant de la première heure à Ben Ali, ancien dirigeant de la LTDH, président du Conseil pour la république (CPR, interdit sous Ben Ali).
[8] La Régente de Carthage. Main basse sur la Tunisie, Nicolas Beau et Catherine Graciet, La Découverte, 2009.
[9] Les câbles américains sur la Tunisie sont consultables en français sur internet : « tunileaks ». Les autorités françaises n’ont rien vu venir…
[10] Pour immortaliser cette amitié franco-tunisienne du temps de Ben Ali, un mur de la honte (wall of shame) se constitue sur Facebook.
[11] Michel Onfray, préface à L’Impasse islamique, Hamid Zanaz, Éditions libertaires, 2010.