Le mouvement contre la réforme des retraites est aussi
celui contre la précarité et la paupérisation
(Ce texte, écrit avant que le présent mouvement de lutte, ne prenne fin n’est qu’une partie d’un travail plus vaste qui tentera d’aborder tous les aspects de ce qui a largement débordé la réforme des retraites)
Il y a en France une sorte de culte ou de routine de la manifestation qui est plus un acte de pression politique que l’expression d’une action directe de classe. C’est une arme aux mains des syndicats car ils sont pratiquement les seuls à pouvoir en organiser de significatifs à l’échelle de la France.
Gouvernement et confédérations syndicales s’affrontent sur le nombre des manifestants, ce qui serait une sorte de thermomètre de la tension sociale et donnerait plus de poids aux dirigeants syndicaux dans leur dialogue avec le pouvoir. Mais il ne faut pas se faire d’illusion sur ce nombre. En général, il se double d’une « journée d’action », ce qui ne signifie pas forcément une grève mais laisse latitude aux sections syndicales dans l’organisation de la protestation au niveau de l’entreprise. Le nombre peut ne pas venir de la participation active d’un nombre important de travailleurs : c’est un fait bien connu que les confédérations syndicales peuvent, si elles le jugent nécessaire pour cette pression politique, « mobiliser » tous ceux qui, dans les entreprises, ont droit légalement à du temps « non-productif » payé, y compris les « représentants » pris à l’extérieur de l’entreprise ; une usine de taille moyenne, par exemple de 1 000 travailleurs, peut ainsi « mobiliser » une quarantaine de « représentants syndicaux », tous syndicats confondus. S’y ajoutent éventuellement quelques fidèles auxquels les horaires en équipes ou les ajustements de la loi sur les 35 heures permettent d’aller manifester ainsi sans perte de salaire, au point que les détracteurs ont pu parler de « grèves RTT ».
La manifestation est un substitut à la grève, uniquement à caractère politique, sans affirmation sociale en termes de lutte de classe. Cependant, on doit considérer ces manifestations sous un autre aspect. Si, pour les confédérations syndicales, elles sont un moyen de canaliser un mouvement et éventuellement de l’épuiser par leur répétition, ce qui entraîne une désaffection et la mort, elles peuvent aussi avoir un effet exactement inverse : une participation plus importante que prévue, et la nature même de ces actions peut être révélatrice d’une courant plus profond et plus général qui dépasse même l’objet apparent des revendications posées par les confédérations syndicales.
C’est ce qui s’est produit lors de chaque manifestation qui se voulait, semblable aux précédentes, contre les retraites. Non seulement chacune d’elle rassembla autant, sinon plus, de participants que les actions antérieures, mais de telles actions avaient lieu concomitamment dans de nombreuses villes de province, regroupant parfois plus de participants que les effectifs salariés de la ville. Cette caractéristique montrait que la protestation contre la réforme du système de retraite contenait un autre élément plus général : elle traduisait un mouvement ample de mécontentement social, qui ne pouvait s’exprimer en raison des particularismes divers mais qui pouvait profiter de cette opportunité pour paraître au grand jour.
L’unité affichée par les confédérations syndicales dans l’appel à la manifestation portait d’ailleurs témoignage de l’ampleur de ce courant non-apparent de mécontentement social global. Leur embarras sur la suite à donner montre bien la crainte de se trouver devant un mouvement de grande ampleur qui dépasserait leurs forces de contrôle. Des dirigeants syndicaux ont exprimé ouvertement une telle crainte. Ils laissent ainsi apparaître qu’ils n’ont aucunement l’intention de promouvoir une action de grande ampleur, tout en sachant que la réforme sera finalement adoptée et que leur jeu politique avec le pouvoir ne leur permettra de revendiquer que quelques aménagements de détail. Leur rôle effectif actuel, objectivement ou pas, est bien dans la ligne de la fonction syndicale : être les agents efficients de ce dont le capital a besoin pour résoudre les problèmes de sa pérennité et, éventuellement, être les chiens de garde du prolétariat.
Journées de grèves et de manifestations nationales se suivent parfois seulement à quelques jours d’intervalle. Alors qu’ habituellement, cette répétition est plus faite pour décourager, elle réunit au contraire le même nombre important de participants, à une même échelle sur tout le territoire. C’est ce caractère témoignant d’une détermination de la base de ne pas cesser la lutte qui contraint pratiquement d’une part au maintien d’une unité intersyndicale, et de l’autre à l’organisation de ce minimum de lutte visant uniquement la réforme des retraites.
Mais, dans le même temps, s’est développée parallèlement une série d’initiatives diverses qui peuvent émaner de la base syndicale, d’initiatives individuelles ou de collectifs divers, tout comme de fédérations syndicales opposées à la politique réformiste de la confédération. Comme le souligne un journaliste de Libération, on a « d’un côté le gouvernement, les directions syndicales, les partis de gouvernement prêts à un compromis pour sortir du mouvement, de l’autre une partie de la base, les lycéens, certaines professions en colère, certaines organisations CGT, des militants disséminés mais actifs » . Ces initiatives peuvent être de deux sortes : d’une part des grèves qui s’installent dans la durée, d’autre part des participations diverses locales à des actions ponctuelles ou de soutien aux piquets de grève. Les grèves peuvent être limitées à des secteurs bien définis : les dockers du port de Marseille, les éboueurs et d’autres agents municipaux de cette ville, les raffineries de pétrole et le blocage des dépôts pétroliers, secteurs où la grève est totale. Par contre, bien que des grèves reconductibles aient été lancées dans le secteur des transports (Sncf et transports urbains), elles n’ont pas été assez puissantes pour perturber ces secteurs dans le temps. On doit regarder avec prudence l’ensemble de ces conflits qui restent entre les mains des centrales syndicales : leur déclenchement à un moment précis, tout comme leur fin à un autre moment précis, montre qu’au-delà du vernis radical qu’on a pu leur prêter, ils entraient dans une stratégie élaborée et bien contrôlée.
Le blocage du secteur pétrolier a été pratiquement le seul capable de perturber sérieusement le ravitaillement sur certaines parties du territoire et par contrecoup toute l’activité économique. La réaction du gouvernement a été de disperser par la force les piquets de grève, d’utiliser des moyens juridiques pour contraindre au minimum un déblocage de la distribution et de recourir à des importations massives des pays voisins. Ces opérations ont déclenché une solidarité active qui est venue renforcer les opérations de blocage qui, après les interventions policières, se sont déplacées sur le réseau routier. Mais, en général, elles n’ont pas été suffisamment soutenues et permanentes pour entraîner un blocage conséquent. Tant de la part des interventions policières que du côté des « bloqueurs », tout s’est le plus souvent déroulé dans une sorte de modus vivendi ne s’apparentant pas à une guerre de classe.
Alors que le mouvement déroulait depuis des jours ses sempiternelles manifestations s’est développé, également dans toute la France, un mouvement de grève des élèves des écoles secondaires, et pour partie des universités. Cela rejoignait ce que l’on avait pu constater, au cours des mois, de fractions de plus en plus importantes et jeunes de la population ; c’est dans le cadre de ce mouvement qui touche également les jeunes des banlieues que l’on a vu les affrontements les plus violents avec la police. Ces grèves lycéennes et étudiantes ont entraîné une sorte de fusion avec les blocages liés à la grève des raffineries, à d’autres grèves, ou aux journées d’actions syndicales.
L’ensemble du mouvement, à l’origine et encore formellement dirigé contre la réforme des retraites, a pris ainsi davantage la forme d’une expression directe, une protestation contre le gouvernement davantage que contre le système capitaliste dans sa crise présente (bien qu’il soit difficile de le caractériser vraiment tant il présente, même dans sa détermination, une grande confusion).
Ce qui s’est passé et se passe encore n’est en rien comparable à mai 68 par exemple, ou à des mouvements d’ensemble plus récents. Alors que certains revendiquaient un « blocage de l’économie », cette économie capitaliste a continué de tourner sans trop de difficultés. Mis à part ceux que nous avons évoqués, aucun des secteurs clés n’a été en grève, ou alors de manière très limitée. L’inconnue sur ce qui peut survenir tient dans plusieurs points : les lycéens et étudiants, la réforme finalement votée - ce qui conduira certainement certains syndicats à se retirer de l’intersyndicale -, le développement de cette fusion vers un large mouvement de contestation sociale échappant au contrôle syndicalo-politique. Ce qui est certain,c’est que les « marginalités de la lutte », pour déterminées qu’elles puissent être, ne pourront, à elles seules - c’est-à-dire sans un mouvement puissant des travailleurs - dépasser toutes les forces de contrôle social et amorcer dans la lutte le changement de société dont elles rêvent.
« Pourquoi cette étrange défaite de la grève des raffineries ?
12 questions sans réponse.
Tous les amis solidaires qui ont visité dernièrement une raffinerie bloquée ont rencontré des salariés grévistes extraordinairement motivés, fermement décidés à ne surtout pas céder au moment où ce début novembre allait enfin voir se réaliser l’assèchement complet des approvisionnements d’essence du pays, et que, techniquement, les flux d’importations étrangers par la route ne pourraient jamais suppléer.
Tous étaient conscients qu’ils faisaient la grève « par procuration » des trois Français sur quatre qui soutiennent le mouvement sans faiblir, et que le monde entier avait les yeux fixés sur la France, peut-être le seul grand pays pouvant encore contrarier l’offensive planétaire de la finance, déchaînée contre les conquêtes sociales de l’après-guerre et de l’humanisme ouvrier. Tous savaient que si seulement les trois millions de manifestants motivés versaient chaque mois dans les caisses de solidarité des raffineries une somme comprise entre 2 et 100 euros, mettons une moyenne de 20 euros, cela faisait immédiatement 60 millions, de quoi verser 1 500 euros net à 40 000 grévistes, et cela le temps qu’il fallait pour faire céder le gouvernement et que d’autres secteurs prennent le relais après les vacances scolaires. D’autre part, même la presse patronale avait remarqué que cette grève des raffineurs n’était pas perdable, car « le secteur bénéficie ensuite d’un effet de levier extraordinaire parce que le lancement d’un mouvement de grève ne nécessite pas un grand nombre de salariés. Organisées en 3/8, les équipes chargées d’opérer les installations en salle de contrôle sont très réduites. Pour un site de 1 200 salariés, comme la raffinerie Total de Gonfreville (Seine-Maritime), une équipe de quart représente moins d’une centaine de personnes. Si la majorité d’entre eux se met en grève, le site sera contraint de s’arrêter » (Emmanuel Grasland, « Pourquoi les raffineries sont à la pointe de la contestation », Les Échos, 18 octobre 2010).
1 - Alors pourquoi ce revirement subit des douze raffineries en seulement quarante-huit heures ? 2 - De quels chantages ou intimidations ces valeureux grévistes ont-il fait l’objet ?
3 - Quel a été le rôle du ministre désigné par Sarkozy pour gérer la crise des raffineries à la place du titulaire Borloo, cet Hortefeux dédié aux basses bauvres policières du régime ?
4 - De quelles informations, de quel tableau de bord secret ce ministre vichyssois aura-t-il bénéficié, et dont aura été privée l’opinion publique ?
5 - Pourquoi les fédérations des industries chimiques CGT, CFDT et autres n’ont pas instauré un dispositif coordonné, transparent, lisible, facilité, pour dynamiser la collecte nationale des fonds de solidarité aux raffineurs, dispositif qui aurait pu servir pour d’autres grèves et résistances sociales ?
6 - Quels jours de grève seront finalement payés et comment vont être distribués les fonds recueillis ?
7 - Pourquoi les intersyndicales n’ont-elles pas expliqué les vrais motifs à la reprise du travail, sans avoir au moins envisagé une suspension jusqu’à la rentrée scolaire et universitaire ?
8 - Pourquoi la plupart des sites Internet de grève n’ont plus été réactualisés pendant 48 heures, et ne diffusent toujours pas de communiqués expliquant les motifs de la reprise de travail ?
9 - Pourquoi les sites Internet de l’Union nationale des industries chimiques CGT, et même de la confédération CGT, (www.cgt.fr/) sont-ils inaccessibles ce dimanche matin 31 octobre et depuis samedi ?
10 - Pourquoi les 220 agents des terminaux pétroliers du port de Marseille ont-ils déverrouillé vendredi leur grève, qui bloquait 78 navires et 4 péniches, c’est-à-dire l’approvisionnement pétrolier de la plus grande partie de la France ?
11 - Pourquoi la CGT du port marseillais « n’a livré aucun détail sur le contenu des dernières négociations » ? et que « la direction du port n’a pas non plus voulu dire ce qui avait permis de sortir de l’impasse » (Luc Leroux, « La CGT met fin au blocus du port de Marseille », Le Monde, ce dimanche 31 octobre) ?
12 - Pourquoi cette étrange et soudaine défaite de la grève de la filière pétrolière, célébrée avec une joie gourmande par les médias officiels afin de faire douter le peuple de ses capacités ?
Ce sont donc ici douze questions sans réponse pour les douze raffineries de l’Hexagone.
Etats-Unis :Est-ce le début d’une révolte contre l’offensive du capital ?
Cela peut paraître mineur, mais c’est un exemple parmi d’autres d’une résistance de la base ouvrière aux ravages des restructurations qui sévissent depuis plus de deux années.
Cela concerne une usine de General Motors (une des 16 usines promises à la fermeture ou à la cession, suite à la restructuration imposée avec la faillite de ce « grand » de l’automobile américaine comme condition de son renflouement).
Cette usine d’emboutissage à Indianapolis (Indiana) exploite 631 travailleurs, et GM veut profiter du renouvellement du contrat, avec le maintien de l’activité aux mains d’un repreneur, pour imposer des conditions drastiques. Pour l’essentiel, ces conditions comportent une réduction des salaires d’environ 50 % (15,50 $/heure au lieu de 29 $) et d’avantages divers, notamment dans l’assurance santé. Le syndicat UAW a accepté ce nouveau contrat et ses bureaucrates l’ont déjà proposé au vote des travailleurs : 400 d’entre eux l’ont rejeté. Les bureaucrates nationaux ne se sont pas découragés pour autant : ils ont cru qu’en convoquant une assemblée le dimanche 15 août, et en l’annonçant deux jours avant, peu de travailleurs se déplaceraient et qu’ils pourraient faire passer la pilule. Mais une majorité des travailleurs firent le déplacement : à leur entrée, les bureaucrates furent hués, molestés, et durent fuir sans avoir pu prononcer un seul mot. Comme un des ouvriers l’affirmait : « Non c’est non. On ne veut pas du contrat. Fermez l’usine. » Prétendant que les ouvriers sont sous l’influence d’une minorité, l’UAW revient à la charge et organise le 15 septembre un vote étroitement surveillé à bulletin secret par correspondance. Malgré toutes les pressions et toutes ces précautions, l’accord est de nouveau rejeté par 457 contre 96. Aussitôt, le repreneur annonce qu’il n’est plus preneur de l’usine. Et pour faire bonne mesure, l’UAW annonce qu’en cas de grève, il ne versera pas les indemnités de grève. De toute part, c’est une levée de bouclier contre ces travailleurs qui osent défier le capital. La fermeture de l’usine est programmée pour décembre 2011 ; Mais au cours de la bataille est apparu un comité de lutte qui entend ne pas abandonner et qui tente d’élargir sa résistance en appelant les autres travailleurs, d’abord ceux de GM, à la solidarité et à la lutte.
De telles tentatives pour modifier drastiquement le contrat d’entreprise lors de son renouvellement sont devenues pratique courante. Leur rejet par les travailleurs également, et l’insistance des bureaucrates syndicaux pour revenir à la charge tout aussi habituel. En juin 2010, les 2 200 travailleurs de Nexter Automation dans le Michigan ont accepté, lors d’un second vote, ce qu’ils avaient rejeté dans un premier. En juillet 2010, les 239 ouvriers de la fonderie Navistar, qui avaient rejeté un nouveau contrat à l’automne 2009, ont été aussi contraints à un nouveau vote. En janvier 2010, les ouvriers de l’usine NUMMI à Fremont en Californie sont entrés en conflit violent avec les dirigeants de l’UAW après que ceux-ci ont refusé de faire quoi que ce soit pour prévenir la fermeture de l’usine.
Les différentes formes d’irruption de la violence de classe dans le monde
La grève et rien d’autre
Afrique du Sud
Là aussi, la crise frappe durement : depuis 2008, sur 13 millions d’actifs, 900 000 ont été licenciés et un démagogue Zuma s’est fait élire avec un tas de promesses de sortie de crise, mais malgré cette démagogie, la crise reste la cause principale de mouvements divers. Pendant la coupe du monde de football, en juin, des milliers d’assistants engagés spécialement pour quelques mois ont mené des actions spectaculaires avant les matchs pour protester contre le non-respect des engagements de l’embauche (payés 20 euros au lieu des 150 promis). Ils occupaient les stades et devaient en être évacués par les flics, lesquels ont dû finalement prendre en charge tout le travail annexe. Au même moment se déroulait une grève des bus qui a causé de gros problèmes de logistique, les matchs se déroulant dans différentes villes du pays. Ce n’était pourtant qu’un prélude. La pression sociale était telle que le syndicat Cosatu a dû lancer une grève générale des services publics pour les salaires (augmentation demandée de 8,6 % et prime de logement de 90 euros). Le gouvernement offrait 7 %. Le 18 août, plus d’un million de travailleurs de tous les services publics étaient en grève, une grève particulièrement suivie notamment dans l’enseignement et les services de santé. Dans la plupart des hôpitaux, des piquets bloquaient l’entrée tant des jaunes que des ambulances et des patients. Des médecins militaires avaient pris le relais sous protection policière. Il y eut de nombreux affrontements avec les flics, y compris au cours de manifestations monstres. Après trois semaines de grève, le syndicat Cosatu en a ordonné la suspension avec l’ouverture de négociations sur une promesse gouvernementale d’augmentation de 7,5 % et une prime de 86 euros. Dans la même période et ultérieurement, des grèves ont éclaté dans les usines d’automobile pour les salaires après le rejet d’une proposition d’augmentation de 10 %. La grève a touché les usines-mères, puis les sous-traitants équipementiers, garages et stations-service, contraignant les usines de montage (GM, Volkswagen) à fermer. Mais pressions, attaques policières, arrestations et poursuites judiciaires ont ponctué ces 15 jours de grève. Affrontements entre grévistes, non-grévistes et les flics qui les protégeaient, notamment autour des stations-service.
Commencée le 1er septembre, la grève s’est terminée le 16 par une capitulation et l’acceptation des propositions initiales.
Grande-Bretagne
2/11/2010 -Troisième grève de 24 heures du métro de Londres à l’appel des syndicats RTM et TSSA pour une fois réunis, qui bloque pratiquement tout le trafic, en protestation contre la suppression de 800 postes d’agents des stations et l’espacement des contrôles de maintenance de 2 à 4 semaines. Les agents de la petite maintenance sont en grève depuis le 26 octobre mais les trains roulent quand même.
1/11/2010 - Les pompiers sont en grève le 1er novembre pour 24 heures et le sont de nouveau le 5 contre des réductions d’effectifs.
5/11/2010 - Les journalistes de la BBC en grève de 48 heures pour des questions de retraite.
9/10/2010 - Rollins Bulldog Tools à Wigan près de Manchester contre le maintien du temps partiel pendant trois ans et le gel des salaires (une proposition d’augmentation de 1 % et d’un jour de vacances supplémentaire a été rejetée).
9/10/2010 - Usine d’embouteillage de Coca Cola à Edmonton (banlieue nord de Londres). Troisième série de grèves de 6 heures deux fois par semaine pour les salaires (proposition patronale de 2 %, revendication de prise en compte de l’inflation).
4/9/2010 - Bus de la région de Liverpool de la société Stagecoach : 350 chauffeurs mènent 4 jours de grève pour les salaires. Ce n’est qu’une action parmi d’autres : les compagnies privées de transports publics locaux connaissent fréquemment de telles grèves pour les salaires.
États-Unis
17/6/2010 - 30 compagnies aériennes connaissent des conflits avec les travailleurs, pilotes et hôtesses au sujet de blocages de salaires et autres mesures destinées à une réduction de leurs coûts ; ces conflits sont présentement portés devant un médiateur. Dans ce type de conflit, qui touche toutes les compagnies aériennes du monde, la grève des 500 pilotes dans la compagnie low cost basée en Floride, Spirit Airlines, a une valeur exemplaire. Ceux-ci, en grève depuis une semaine, ont refusé une proposition d’augmentation jugée insuffisante. Le syndicat Air Line Pilots Association, qui regroupe 55 000 pilotes, a réuni un fonds de 60 millions de dollars pour soutenir la grève. Les pilotes sont en position de force car il est difficile à Spirit de trouver des jaunes, pilotes de remplacement. La loi fédérale des transports interdit aux travailleurs de ce secteur de faire grève à cause des « risques pour l’économie ». Tout conflit doit être réglé par l’intermédiaire d’un médiateur et ce recours interdit la grève ; dans le cas de Spirit, le médiateur a autorisé cet arrêt de travail. Un accord pour un nouveau contrat a été conclu le 18 juin et le travail a repris. Les discussions pour le nouveau contrat duraient depuis trois ans et demi ; il a été ratifié le 25 juillet par 74 % des travailleurs ; il prévoit notamment des augmentations de salaire comprises entre 10 et 18 % et une majoration de primes.
Grèce
2/8/2010 - Fin d’une grève d’une semaine de 30 000 routiers indépendants contre la libéralisation imposée par l’Union européenne mettant fin à un quasi-monopole national d’un système de licences, et mettant ce secteur des transports en concurrence avec le marché européen. Ces routiers ignorent la déclaration d’état d’urgence mais finissent par céder - avec des aménagements - sous la menace de retrait des licences individuelles aux grévistes.
L’occupation de l’espace public, des usines et de tous bâtiments.
Inde
2/9/2010 - Lanjigarh dans l’État d’Orissa (côte Est). L’expansion de l’usine d’aluminium locale ayant été repoussée pour des raisons environnementales, vu l’opposition de la population locale, la multinationale britannique Vedanta licencie ses ouvriers temporaires. Plus de 4 000 ouvriers envahissent l’usine, armés de bâtons et d’autres engins, coupent l’électricité, vandalisent les bureaux. 75 arrestations, 20 blessés, quand les flics rétablissent l’ordre social.
Panama
15/7/2010 - Épaulés par le syndicat du bâtiment, les travailleurs exploités pour l’élargissement du canal de Panama occupent le chantier pour la sécurité (un accident du travail mortel pour manque de sécurité), des salaires et de meilleures conditions de travail.
Au même moment, à Changuinola près de la frontière avec le Costa Rica, les travailleurs des bananeraies du trust américain Chiquita Brands en grève bloquent les routes, l’aéroport , incendient un commissariat et pillent les commerces. La police tire : 6 morts, un millier de blessés, des dizaines de syndicalistes arrêtés.
Kenya
29/10/2010 - 80 000 travailleurs des plantations de thé toujours en grève depuis le 18 octobre contre l’introduction de machines cueilleuses de thé qui suppriment nombre d’emplois.
Palestine
19/10/2010 - 72 Palestiniens en grève pour leur sécurité dans une usine chimique « délocalisée » d’Israël en Palestine, à Tulkarem, pour échapper à la réglementation antipollution et aux contraintes légales de sécurité.
Les dirigeants séquestrés, injuriés, malmenés, exécutés
Zambie
18/10/2010 - Dans la mine du trust chinois Collum Coal Mine dans le sud du pays, les mineurs impayés pour 11 jours de travail en septembre et mis en chômage technique non-payé se révoltent et attaquent les cadres chinois qui répliquent : 11 blessés par balles. Les conditions d’exploitation sont telles (pour 60 euros mensuels) qu’en 2005, une explosion a tué 46 mineurs et qu’en 2006, une grève pour les salaires avait fait déjà 6 blessés par balles.
La récupération
France
Plutôt que lutter pour la gratuité des transports, des groupes locaux s’organisent un peu partout, y compris à l’étranger, dans des sortes de sociétés de secours mutuel qui remboursent à ceux qui voyagent « gratuit » le montant des amendes dues, quand ils se font choper. Cela moyennant une petite contribution régulière et des recommandations sur ce qu’il faut faire pour limiter les dégâts (y compris un réseau d’avertissement de la présence ponctuelle de contrôleurs).
L’occupation du lieu de travail ou de tout autre lieu public ou pas
Espagne
11/9/2010 - Les mineurs de charbon espagnols mènent un combat d’arrière-garde mais n’en sont pas moins déterminés. La péninsule Ibérique exploitait en 1970 encore 50 000 mineurs ; il n’en reste aujourd’hui que 10 000 et l’Europe impose la fermeture de tous les puits jugés non-rentables. Les centrales thermiques brûlent du charbon étranger moins cher mais un décret leur a imposé d’utiliser un certain pourcentage de charbon local ; ce décret a été bloqué par Bruxelles au nom de la liberté des marchés. Non seulement la fermeture des mines est programmée pour 2014 mais sans client, la plupart des sociétés privées exploitant les mines sont en faillite et n’ont pas payé les salaires (3 000 mineurs sont ainsi sans salaire depuis juin). Pour sortir de l’impasse, les mineurs ont commencé des actions diverses dont les blocages routiers. Et en désespoir de cause, 70 mineurs occupaient le 11 septembre depuis 10 jours la mine de Las Cuevas dans le León (nord de l’Espagne). Les syndicats UGT et CCOO, tout en appelant à cesser l’occupation pour « raisons humanitaires », organisent deux journées de grève du secteur minier les 22-23 et 28-29 septembre avec la revendication de reporter la fermeture des mines jusqu’à 2020. Les 70 sont sortis de la mine le 30 septembre après que Bruxelles a autorisé le gouvernement à imposer aux 10 centrales thermiques d’utiliser 9 % de charbon espagnol, mais avec l’engagement de fermer les mines en 2014.
Guérilla sociale des cités
France
La liste qui suit n’est pas exhaustive de ce qui devient presque quotidien, non seulement dans les banlieues des grandes villes, mais aussi dans les cités ghettos sociaux de petites villes ou même dans les campagnes. Ce sont les incidents les plus marquants, ceux que l’on peut difficilement passer sous silence, ou ceux que le pouvoir peut exploiter politiquement à des fins électoralistes, qui franchissent le mur du silence. À leur sujet, on ne peut que souligner que le niveau « technique » de cette lutte est monté d’un degré : au meurtre d’un jeune par les flics, quelle qu’en soit la cause, la réplique n’est plus seulement dans le caillassage ou l’incendie mais avec des armes à feu. Cette toile de fond d’une sorte de guérilla persistante inquiète le pouvoir, ce dont témoigne les « reprises en mains » qui ne sont pas seulement médiatiques mais répressives à grande échelle. En témoigne aussi, dans les événements récents, les craintes exprimées - et les mises en garde qui les accompagnent - de voir les « jeunes » (sous-entendu ceux des « banlieues chaudes ») entrer en lutte plus ouvertement, perturbant le ballet bien réglé et contrôlé des promenades sans fin autour de la question des retraites. La participation importante à ces manifestations relevant plus du ras le bol généralisé que de l’aménagement du système de retraite pourrait alors s’amplifier dans une radicalité que gouvernement, partis et syndicats essaient à tout prix d’éviter.
*15/5/2010 - Rouen, cité des Sapins. Un jeune est abattu par un gendarme, jeune fuyant à bord d’une voiture volée, cela déclenche une explosion de colère :quatre jours d’affrontements avec les jeunes de la cité.
*18/7/2010 - Les flics ayant tué un jeune gitan qui tentait de forcer un barrage routier, le dimanche suivant, à Saint-Aignan-sur-Cher (Loir-et-Cher) : plus de 50 membres de la communauté manouche attaquent la gendarmerie et cassent tout dans le village.
*19/7/2010 - La mort d’un braqueur descendu par les flics à la porte de son domicile déclenche une nuit d’émeutes dans la quartier de La Villeneuve à Grenoble (Isère), émeutes au cours desquelles les flics se font tirer dessus et doivent riposter de même : 30 voitures cramées. Exploitation politique et médiatique de cette montée d’un degré dans cette résistance des cités, qui connaît pour un temps un véritable état de siège avec barrages et fouilles systématiques.
*23/7/2010 - Vernouillet (Yvelines, banlieue ouest de Paris), quartier Tabellionne. Après l’attaque d’un bureau de poste à Brezolles, un jeune en fuite percute une voiture de flics : grièvement blessé, il décédera quelques jours plus tard. Avant même que son sort soit connu, l’émeute dans le quartier suit le schéma habituel d’affrontements, d’incendies et de guérilla urbaine.
*12/8/2010 - Dans le quartier des Tarterêts à Corbeil Essonne (Essonne), banlieue sud-est de Paris, les flics tombent dans un guet-apens : on leur tire dessus et ils se dégagent avec peine à coup de grenades lacrymogènes et de flash balls.
*21 et 22 août 2010 - Dans le quartier de l’Epeule à Roubaix (Nord), banlieue de Lille, suite à un accident de moto provoqué par une course-poursuite des flics, la bagarre avec les flics est agrémentée par l’occupation d’un transformateur avec coupure du courant dans le quartier. Les voitures de police sont attaquées et de nouveaux affrontements éclatent lorsque les flics tentent de reprendre le transformateur.
*24 août 2010 - Quartier du Mirail, Toulouse (Haute-Garonne), les flics sont accueillis par des tirs de fusils de chasse.
*9/10/2010 - Amiens (Somme), émeutes multiethniques dans des quartiers Nord et Sud-Est (Condorcet) avec incendie de voitures et affrontements avec les flics. « Sans raison », disent les autorités, comme si la raison n’était pas permanente dans la situation sociale et la tension des contrôles permanents.
Les émeutes ne sont pas limitées à la France, mais elles peuvent avoir des origines et des caractères très différents ; là aussi on ne peut qu’en citer quelques-unes ; ceux qui peuvent surfer sur Internet en trouveront bien plus dans le monde entier.
Suède
8/6/2010 - Rinkeby, banlieue de Stockholm peuplée d’immigrés, une centaine de jeunes dont on a refusé l’entrée à une fête scolaire se déchaînent et dans une deuxième nuit d’émeutes, attaquent un commissariat de police, incendient une école, d’autres bâtiments, des voitures, lapident les flics et les pompiers.
Sénégal
16/7/2010 - Béne Baruch, banlieue de Dakar, émeute contre des coupures d’électricité.
Mozambique
1/9/2010 — Ce pays de 800 000 km2, 20 millions d’habitants dont la moitié est illettrée, est un des plus pauvres du monde produisant, malgré de riches terres, seulement 30 % du blé consommé. 70 % de la population vit avec moins de 1,50 euro par jour et le taux de chômage atteint 54 % de la population active. De grands projets d’exploitation minière sont en exécution mais ils sont sans incidences sur les conditions de vie. En 2008, lors d’une augmentation du prix des transports, des émeutes avaient été réprimées dans le sang (6 morts). Ce 1er septembre, l’augmentation de 30 % du prix du pain (liée à la spéculation sur le blé et à la corruption locale) et d’autres de l’eau et de l’électricité déclenchent des émeutes qui durent 3 jours, tant dans la capitale Maputo que dans d’autres villes du pays : bus et voitures incendiées, 66 boutiques pillées, 3 banques dévalisées. Répression sanglante : 13 morts, 450 blessés et 286 arrestations. Le 7 septembre, l’augmentation du pain est annulée. L’émeute fut entièrement spontanée avec un détournement des médias officiels par l’utilisation des portables, transmettant à l’infini des messages ou SMS du genre « Mozambicain, sois prêt à profiter d’une grande journée de grève ».
Kenya
2 /9/2010 - Nakuru, une des principales villes du pays. La police, après une première tentative infructueuse le mois précédent, tente d’expulser les habitants de 6 immeubles d’une cité qui ne paient pas leurs loyers. La population se soulève, dresse des barricades, incendie des voitures, envahit et pille des bâtiments publics. Les flics tirent :2 morts, 7 blessés, y compris trois flics.
10/9/2010 - Nairobi, la capitale : des dizaines de vendeurs de rue dont les échoppes « illégales » ont été détruites se révoltent, bloquent les axes routiers, lapident les voitures avant d’être dispersés par les flics.
États-Unis
9/9/2010 - L’assassinat d’un immigrant guatémaltèque par les flics provoque deux nuits d’émeutes dans un quartier de Los Angeles au cours desquelles le commissariat local est attaqué.
Birmanie
10/9/2010 - Des vendeurs de rue dont les installations ont été détruites par les employés municipaux agressent les représentants municipaux et projettent d’attaquer tout le personnel communal, qui est mis en congé pour éviter tout incident. Le meurtre de 2 jeunes par des militaires après un banal accident de voiture fait craindre une émeute qui est prévenue par un déploiement policier et militaire sans précédent.
Philippines
23/9/2010 - Manille : des milliers de squatters résistent à leur expulsion d’un bidonville, bloquant les axes routiers pendant 5 heures et contraignant les équipes de démolition à la retraite et les autorités à surseoir à leur expulsion après le retrait des flics.
Indonésie
20/10/2010 - Manifestations dans différentes villes contre la corruption et les violations de la légalité avec des affrontements violents avec la police.
Désertion et désobéissance civile
France
26/8/2010 - Les « désobéisseurs », mouvement de résistance des enseignants du primaire, revendiquent cette désobéissance sur le seul terrain pédagogique ; 3 000 enseignants sur 320 000 y participeraient, relations difficiles avec les syndicats enseignants.
États-Unis
19/6/2010 - Beaucoup s’engagent dans l’armée pour des raisons toutes autres que la vocation militaire. Des statistiques en Grande-Bretagne ont montré que les zones de recrutement des « volontaires » recoupaient exactement la carte du chômage. Cela explique la raison pour laquelle, pris dans la réalité de la guerre, particulièrement celle qui se mène sur le terrain actuellement en Asie, les uns craquent, depuis les troubles psychiques jusqu’au suicide, ou désertent. Environ 200 ex-GI déserteurs vivent actuellement au Canada (ils étaient 50 000 lors de la guerre du Vietnam). Mais aujourd’hui, ces déserteurs, peu nombreux, doivent rester clandestins car, pour les « bonnes relations » avec les USA, le Canada leur refuse le droit d’asile et parfois les expulse.
Fin ou suite de luttes
France
5/5/2010 - Après 9 semaines de grève, les 183 travailleurs de Fralib (filiale de la multinationale Unilever spécialisée dans le conditionnement du thé et des tisanes) reprennent - fatigués - le travail, avec un protocole de fin de grève signé par les syndicats qui entérine pratiquement les propositions patronales, lesquelles avaient déclenché la grève (O,8 % d’augmentation des salaires) avec quelques aménagements mineurs (embauche de 4 CDI et contribution mutuelle) (voir précédent bulletin).
19/7/2010 - Dans un imbroglio juridique et un jugement contraignant la direction à rouvrir l’usine, reprise du travail à la raffinerie Total de Dunkerque, mais pas de l’activité de raffinage (voir précédents bulletins).
26/8/2010 - Molex (Villemur-sur-Tarn, Haute-Garonne, voir précédents bulletins). Situation confuse : le licenciement autorisé par le ministre du Travail semble avoir été le résultat de liens politiques entre le ministre Eric Woerth et le sous-traitant. 200 travailleurs ex-Molex ayant attaqué aux prud’hommes pour faire annuler cette décision de licenciement, la société américaine Molex suspend, en représailles, tout financement du plan social.
Septembre 2010 - Après Bosch, Osram et General Motors (voir précédents bulletins), Continental Automotive (pièces détachées), bien que propriétaire de trois usines prospères en Midi-Pyrénées (Toulouse et Boussens en Hautre-Garonne, Foix en Ariège), propose le chantage classique : maintien des 2 300 travailleurs s’ils acceptent 8 % de réduction des coûts, un plafond de salaire, le gel ou la réduction des primes et la suppression de la RTT. Cet accroissement des conditions d’exploitation est voté à 52 % (en fait, 41 % avec les abstentions).
21/7/2010 - Lors du démantèlement suivant la faillite de la multinationale General Motors, une des conditions à son renflouement par le gouvernement américain était la cession d’un ensemble d’usines aux USA et dans le monde. L’usine de Strasbourg (boîtes de vitesse automatiques) se retrouve gérée en 2009 par General Motors Corporation. La nouvelle General Motors Company, qui a repris l’essentiel des activités de l’ancienne General Motors, est intéressée par le rachat de son ancienne usine, mais pas à n’importe quelle condition : pour garder leur emploi, seuls 600 travailleurs (sur 1 150, 270 le rejetant) ont accepté par référendum, à 70 %, un plan prévoyant notamment le gel des salaires pendant trois ans, de l’intéressement pendant trois ans, le licenciement de 198 ouvriers et la suppression des RTT. Le tout avec chantage, manipulations et pressions.
Juillet 2010 - Confusion totale à la raffinerie des Flandres du trust pétrolier Total à Dunkerque (près de 400 travailleurs, voir précédents bulletins). Un jugement de la cour d’appel de Douai contraint le trust pétrolier à une reprise d’activité sur le site promis à la fermeture avec une pénalité de 100 000 euros pas jour de retard. La reprise est effective le 19 juillet mais pour les seules opérations de dégazage. Cela ne présage en rien de la reprise d’activité et les dérobades de Total pour donner une réponse définitive entraînent un conflit entre le syndicat Sud, majoritaire, et la CGT, qui joue les durs et réussit pendant une semaine à faire suspendre les opérations le 10 août. Le 7 septembre, Total ordonne un arrêt temporaire de toute activité soi-disant pour une révision programmée. Le conflit perdure dans la même confusion et est noyé dans le grand mouvement d’actions contre les retraites dans lequel les raffineries pétrolières sont à la pointe pour défendre le raffinage national contre les délocalisations promises sur le plan mondial (raffineries installées près des lieux d’extraction), et dont la raffinerie de Dunkerque ne serait que l’avant-garde.
15/10/2010 - Continental France. Là aussi, confusion quant au chantage sacrifices contre menaces de licenciement, voire de fermeture. Les syndicats majoritaires CGT et CFDT ayant usé de leur droit légal d’opposition à un accord d’entreprise entériné par les autres syndicats, et entériné par un vote majoritaire à 52 % (mais qui ne l’est pas eu égard à l’effectif des travailleurs), une pétition d’origine douteuse (1 120 signatures) remet en cause la représentation syndicale et réclame de nouvelles élections.
Italie
21/6/2010 - Fiat. Marchionne, le PDG, propose aux travailleurs de l’usine de Pomigliano près de Naples un plan draconien concernant la flexibilité, la limitation des grèves, la réduction des temps de pause et de divers avantages dont les indemnités maladie, contre de nouveaux investissements en vue d’un rapatriement de Pologne de la fabrication de la nouvelle Panda, et la promesse de 15 000 embauches. Quatre syndicats donnent leur accord sur ce plan. Malgré la menace de fermer l’usine si un vote ne rassemble pas l’approbation de la quasi-unanimité des travailleurs, 95 % des 4 462 ouvriers ne l’ont voté qu’à 62 %. Malgré un mécontentement ouvertement exprimé sur ce résultat, les nouvelles chaînes de montage sont en cours de construction en vue d’une production débutant en 2011 avec des équipes 24 h sur 24, 6 jours sur 7 ; Par contre, l’usine Fiat Termini Imerese en Sicile doit être cédée à un repreneur.
Allemagne
Octobre 2010 - Débrayages limités et organisés par les syndicats pour appuyer des négociations sur les salaires. Dans la sidérurgie de la Ruhr, dans les chemins de fer. Pour les aciéries, accord de fin de grève avec 6 % d’augmentation.
Chine
18/8/2010 - Foxconn (usines de Shenzhen, Foshan et Kunshan, voir précédent bulletin), pour rétablir sa réputation suite à la vague de suicides de travailleurs migrants pressurés de tous côtés, organise une grande manifestation suivie d’une fête à laquelle sont « conviés » 50 000 des 400 000 travailleurs de l’usine de Shenzhen, tous revêtus de l’uniforme rose sur lequel est imprimé « I love Foxconn », entourés de banderoles sur lesquelles sont inscrits des slogans « Votre vie est précieuse », « « Aimez votre famille », « Soyez solidaires pour un merveilleux futur ». Tout est organisé par une firme américaine de relations publiques, Burston Marsteller, dans le but « d’envoyer un message important aux employés selon lequel ils ne sont pas seuls et que la compagnie est là pour les soutenir et les aider en cas de problèmes ». À ce conditionnement psychologique, des précautions plus matérielles sont prises pour prévenir les suicides : 3 millions de m2 de filets sont installés autour des bâtiments pour empêcher le saut dans le vide. Comme Foxconn envisage de porter le nombre de ses exploités chinois de 900 000 à 1 300 000 (pour ne pas avoir à respecter l’obligation légale nouvelle de payer les heures
Globalisation de la répression
Démocratie ou dictature ne sont que des questions de degré, dans la domination prise par le capital dans des situations données. L’entreprise, le lieu de l’exploitation de la force de travail, est par principe une dictature impitoyable dans laquelle toute incartade à la règle est punie d’exclusion, une exclusion qui, en principe aussi, signifie la perte du droit à la vie. Bien sûr, il y a là aussi des aménagements qui ne sont dictés que par le souci de la classe dominante de maintenir la paix sociale, c’est-à-dire l’acceptation temporaire de la domination capitaliste. Parmi les instruments de cette domination, certains sont apparents et peuvent être combattus pour, sans illusion, en limiter la portée : la répression physique des contrevenants avec tout l’arsenal matériel, depuis le fichage jusqu’à l’emprisonnement et l’assassinat, en passant par toute une gamme d’armes (police, armée) et le conditionnement idéologique (l’appareil médiatique nanti des idéologies religieuses, démocratiques, citoyennes, réformistes, etc.). D’autres instruments, beaucoup moins apparents et plus subtils, touchent des domaines aussi variés que l’utilisation des techniques, la transmission des savoirs, et des domaines aussi éloignés en apparence de leur finalité comme le développement urbain ou tous les éléments du domaine artistique.
Sous l’étiquette « rénovation des cités sensibles » pour les « rendre plus vivables », l’État , depuis une dizaine d’années, prépare de fait le terrain pour une véritable guerre. Les cités ne sont vues que comme les positions retranchées d’un ennemi de l’intérieur. On pense à Haussman remodelant Paris au milieu du XIXe siècle pour pouvoir tirer au canon dans de larges avenues rectilignes, ou couvrant le canal St Martin pour qu’il ne soit pas une barrière naturelle protégeant le faubourg Saint-Antoine, cour des révolutions. Certains militaires, chargés de réfléchir à ces « aménagements » des banlieues (pas seulement architecturaux, c’est en cours), tentent de tirer les leçons de ce qui fut la bataille d’Alger au cours de la guerre d’Algérie pour appliquer aux banlieues ce qui fit sa réussite temporaire : un maillage du terrain, un travail de renseignement et d’actions pour cibler et écarter des personnages clés. Cette guerre urbaine est expérimentée à Saint-Astier (au cour du Périgord) dans un village reconstitué avec ses rues, ses impasses, ses immeubles HLM, où à tour de rôle des unités spécialisées s’initient dans des stages de deux semaines au « maintien de l’ordre » dans les banlieues. On peut penser que les « banlieues » trouveront la réplique dans une dialectique action-répression ; mais on peut penser aussi que cette dialectique ne cessera que par un mouvement de masse, banlieue et hors banlieue, qui déplacera cette lutte sur un terrain beaucoup plus vaste à tous points de vue, celui d’une totale transformation sociale.
France
Septembre 2010 - D’après GrDF, gestionnaire du réseau de distribution de gaz naturel, jusqu’en juin 2010, 300 000 foyers ont été privés de gaz pour défaut de paiement, 30 fois plus qu’en 2008.
Mexique
20/8/2010 - Chez Johnson Controls Interiors, des nervis attaquent une équipe de travailleurs, tabassent les responsables syndicaux et les contraignent à signer une lettre de démission.
États-Unis - Novembre 2010. Les indemnités de chômage cessent au bout de 99 semaines et les tentatives de prolonger cette période ont toutes échouées. Vu le nombre de chômeurs en fin de droits qui n’ont que les secours humanitaires et l’aide alimentaire réduite des food stamps, les craintes de violentes réactions font prendre des mesures préventives de sécurité. Dans l’État d’Indiana, 36 vigiles supplémentaires ont été embauchés pour garder les bureaux de chômage, pour 1 million de dollars.
Espagne -25/8/2010 - »Réforme en profondeur » du chômage dont le taux affleure les 20% officiels : en cas de refus d’un travail quelconque ou d’une formation après un mois de chômage, le chômeur sera privé de toute indemnité. La durée de paiement de l’indemnité de 426 euros versée aux chômeurs en fin de droits est prorogée de six mois, mais en même temps elle est totalement supprimée pour les chômeurs de 30 à 46 ans sans enfants.
Immigration, économie souterraine et globalisation
On peut se demander comment le capitalisme peut évaluer, pour en tirer des orientations, son activité réelle car toute une partie de cette activité souterraine ou clandestine, comme on voudra - échappe, par principe, à tout contrôle.
Une partie de cette activité concerne la production des marchandises (cela va des ateliers clandestins de partout, la culture et le conditionnement de produits interdits comme les drogues, à la fabrication de contrefaçons de toutes sortes et l’exploitation sauvage de matières premières). Une autre concerne la distribution par des circuits qui, partant des pays producteurs, acheminent par des filières, des sortes de parasites des circuits officiels, toutes sortes de marchandises, depuis les matières premières (par exemple les diamants, ou l’or, ou les bois exotiques), les contrefaçons, les drogues, les femmes (140 000 chaque année), les immigrants, les enfants, sans compter les produits du piratage et du kidnapping. Une autre partie non moins importante, mais dont on parle peu, concerne les circuits financiers clandestins, c’est-à-dire hors des circuits officiels recensés, même s’ils peuvent emprunter en partie ces circuits ; cela va des grands mouvements de capitaux réglés de gré à gré et à l’utilisation des paradis fiscaux, du blanchiment de l’argent de tous les trafics (pas seulement de la drogue) au rapatriement de l’argent des immigrants vers leur famille d’origine resté au pays
Chine
6/8/2010 - Dans les banlieues de Pékin, les villages sont divisés en quartiers : d’un côté les résidents ordinaires totalement libres de leurs mouvements, d’un autre les migrants venus de toute la Chine sans permis de résidence et qui sont l’objet d’une reprise en mains : dans 16 villages « expérimentaux », 600 000 migrants sont encerclés par des barrières et sont soumis à un contrôle strict (contrôle d’identité, couvre-feu, contrôles électroniques et contrôle politique). Extension prévue dans d’autres quartiers et d’autres villes
Europe
8/8/2010 - L’Europe a besoin de sang neuf si elle veut maintenir son potentiel économique. Sa population atteint 500 millions (USA 300 millions), près d’un million sur une augmentation récente de 1,4 million vient de l’immigration. La crise (dont les politiques restrictives et répressives) a réduit le flux migratoire, ce qui à terme pourrait avoir un effet boomerang sur l’activité économique.
Israël
26/8/2010 - Pour éliminer les prolétaires palestiniens de leur exploitation en Israël, le recours à une immigration légale sérieusement contrôlée et limitée dans le temps (5 années), et illégale (ceux entrés illégalement ou ceux qui restent, ayant enfreint les conditions strictes - visa supprimé si l’on a une liaison, en cas de naissance d’enfants, fin de contrat) a fait entrer 140 000 immigrants venus principalement de pays non-musulmans (Thaïlande et Philippines). Mais les êtres humains sont des êtres humains et plus de 1 000 enfants « interdits » sont nés en Israël ; 600 auraient été « admis » mais 400 sans aucun statut légal seraient menacés de déportation. D’après le chef du parti orthodoxe Shass, cette naissance d’enfants étrangers serait « un phénomène qui remet en cause la survie d’Israël ». Cette « peur » serait accrue par un afflux de travailleurs africains.
Sri Lanka
14/8/2010 - De janvier à mai 2009, 20 000 civils auraient péri dans l’offensive contre les Tigres tamouls, d’autres sont parqués dans des camps et/ou victimes de discriminations. D’où une immigration clandestine : 500 de ces immigrants débarquent au Canada après un voyage de trois mois dans un cargo pourri à travers le Pacifique.
Arabie Saoudite
26/10/2010 - 30 000 Chinois migrants sont exploités notamment dans le bâtiment. Certains participent à la construction du métro de La Mecque. Pour avoir « dirigé » une manifestation pour les salaires, le 12/10, 16 sont déportés en Chine.
Libye
29/10/2010 - 70 Népalais d’un chantier de construction, en grève depuis trois semaines, sont enfermés dans un local par les patrons, sans nourriture. Il y a trois mois, 100 autres avaient été enfermés de même, avant d’être libérés sur intervention du gouvernement népalais et d’être expulsés.
La lutte radicale des migrants de l’Asie
(voir précédent bulletin sous le même titre)
Ces conflits perdurent et mettent en cause directement les investissements et les productions à bas coûts qui permettent d’endiguer l’inflation et les revendications de salaires dans les pays industrialisés ; la violence règle la plupart de ces conflits, souvent noyés dans le sang. Mais l’instabilité sociale grandissante contraint parfois, comme en Chine, à mettre en place des organes de médiation des conflits sociaux. Mais cela accélère le déplacement des industries de main-d’uvre vers des pays vierges, où le bas-coût peut être provisoirement garanti, ou vers l’intérieur, là où l’on peut encore trouver une telle force de travail. Cela ne fait d’ailleurs que déplacer le problème et d’Asie, ces industries essaiment maintenant vers l’Afrique.
Bangladesh
Septembre 2010 - Les salaires ont en fait baissé du fait de la crise, de 20 à 30 %. À la suite des émeutes de juillet, le salaire mensuel de base dans l’industrie textile a été fixé à 21 euros, salaire qui non seulement est dérisoire quant à la survie quotidienne mais qui n’est guère appliqué, souvent payé avec retard ou pas payé du tout ; le maximum qu’un ouvrier du textile peut atteindre est de 40 à 50 euros mensuels, pour 10 heures de travail par jour, six jours sur sept, mais dans la cascade des sous-traitants les salaires sont souvent inférieurs au minimum légal. De nouveau, des émeutes avaient dévasté 50 usines et fait une centaine de blessés. Un calme apparent a suivi ces émeutes quasi généralisées, dû davantage à la période du ramadan. Début septembre, le gouvernement a conseillé aux patrons de l’industrie textile de payer « normalement » les salaires, mais parallèlement, des réunions gouvernement, patronat, chefs des différentes polices et armée ont mis au point une technique de répression contre des émeutes similaires à celles de juillet. Cette répression se concrétise par le développement de milices privées et par l’arrestation de 3 responsables syndicaux et de 18 travailleurs. Les commentateurs soulignent que l’intensification de la guerre sociale est due à une nouvelle génération de travailleurs, parfois très jeunes (moins de 14 ans, souvent exploités illégalement) qui ne viennent plus des campagnes mais des bidonvilles, plus instruits et plus conscients politiquement. À partir du 1 novembre se mettra en place une police industrielle chargée spécialement d’intervenir localement dans la répression des conflits du travail. Le 15 octobre, une grève des dockers de Chittagong, le principal port du pays, crucial pour les exportations, est brisée par l’armée : 20 blessés, 40 arrestations.
Libye
30/8/2010 - 197 travailleurs originaires du Bangladesh, exploités dans le bâtiment, parqués dans des camps dans des conditions incroyables (l’un d’eux est récemment mort de faim), subissant des sévices physiques et dont les salaires n’ont pas été payés depuis plusieurs mois, se révoltent et assiègent le commissariat de police local. 50 000 travailleurs bangladais sont exploités en Libye.
Cambodge
Septembre 2010 - Comme dans la plupart des pays asiatiques, cibles des délocalisations d’entreprises, la crise fait des ravages : sur 14 millions d’habitants, près de 600 000 y sont exploités (1 femme sur 5 ne survit que dans le textile) à 98 %, dépendent de capitaux étrangers, et 70 000 ont perdu leur emploi dans 93 usines fermées, 60 autres usines proposent du temps partiel. En novembre 2009, 1 500 travailleurs s’étaient mis en grève contre la mise au chômage technique non-payé. En mai dernier, près de Phnom Penh, 80 manifestent devant les bureaux locaux du travail pour la même raison. En juin, 3 000 travailleurs d’Ocean Garment Factory sont en grève pour la réintégration de 7 d’entre eux, licenciés pour avoir protesté contre les heures supplémentaires non-payées. Devant la montée de ces résistances, le syndicat officiel Cambodian Labour Confederation lance le 19 juin une grève générale dans le textile mais début juillet, il annule tout mot d’ordre de grève suite à un accord avec le gouvernement entérinant une augmentation, faisant passer le salaire mensuel de 40 à 50 euros en octobre, et assorti d’un blocage des salaires jusqu’à 2014. Le résultat est que le 25 juillet, plus de 4 000 travailleurs manifestent devant l’assemblée nationale contre la misère. Le 27 juillet, 3 000 de l’usine PCCS Garment Sen Sok dans la banlieue de Phnom Penh se mettent en grève et sont refoulés dans l’usine par les flics alors qu’ils tentent de sortir pour étendre la grève. La pression est telle que le syndicat officiel est contraint d’organiser, pour un salaire de base de 70 euros, une semaine de grève à laquelle ne participent au départ, le 13 septembre, que 60 000 travailleurs de 40 usines ; mais la grève prend si bien que le 20 septembre, plus de 200 000 travailleurs cessent le travail. Le syndicat décide, avant même le terme fixé, de suspendre la grève au prétexte que des pourparlers vont s’ouvrir avec le gouvernement le 27 septembre. C’est alors que dans plus de 20 usines, 200 responsables syndicaux de base sont licenciés, ce qui déclenche des affrontements avec les flics qui font plus de 12 blessés. Alors que les grèves continuent, suivies par des lock out et le licenciement de 94 militants, les patrons de 10 usines attaquent le syndicat pour dommages causés au cours des grèves, alors que ce dernier a tout fait pour les empêcher de s’étendre.
Les crimes du capital
Monde
100 000 mines et engins explosifs sont encore disséminés, rien que sur le territoire colombien. Dans le monde, 70 pays sont encore contaminés par des champs de mines ou des engins dispersés. Les victimes sont recensées dans 110 pays.
Les catastrophes naturelles sont inévitables (pas toujours car de plus en plus, elles sont causées indirectement par le développement effréné du capital) ; ce qui l’est moins, c’est le peu d’intérêt montré par l’ensemble du capital, malgré des médiatisations d’ailleurs très inégales, à la réparation de l’ensemble des dégâts matériels et humains. Quand le capital ne profite pas de la situation. En 2008, 324 catastrophes naturelles ont tué 235 000 personnes et affecté 214 millions d’autres. En août 2010, au Pakistan, les inondations ont poussé à l’exode 17 millions d’habitants, la plupart des paysans. Dans ces zones rurales, les ouvriers agricoles sont dans une situation de quasi-servage dans un régime quasi-féodal. Une aristocratie foncière non seulement contrôle la production mais aussi la collecte et le traitement de cette production. Des milices privées maintiennent par la violence cet esclavage et toute réforme agraire est contestée, y compris sous le prétexte qu’elle serait anti-islamique. Devant la carence de cette structure sociale et de l’ensemble des autorités, des milliers de paysans se sont révoltés, ont manifesté en bloquant les routes, pillant camions ou dépôts simplement pour leur survie. Pour prévenir ces attaques, police et armée ont été déployées autour des camps où sont parqués les survivants des inondations, qui ont tout perdu et sont laissés dans un dénuement total, cela pour prévenir toute attaque sur les convois et dépôts, transformant ainsi ces lieux en camps d’internement.
Chine-16/10/2010 - Encore un coup de grisou dans une mine chinoise du Henan : 26 tués et 11 murés au fond de la mine sans grand espoir de sauvetage. La Chine produit 45 % du charbon mondial mais détient aussi les records de pertes humaines par tonne extraite, à l’égal de l’Inde et des USA (mais au total, elle enregistre 70 % des assassinats mondiaux liés à la mine) : 2 631 en 2009 (chiffre officiel, certainement beaucoup plus élevé car pour éviter les fermetures, bien des propriétaires de mines dissimulent les accidents isolés).
Monde
12/6/2010 - Sur les 215 millions d’enfants astreints au travail dans le monde, 115 millions le sont dans des tâches particulièrement dangereuses (mines, chimie, durée du travail excessive, etc.). Rien qu’en Inde, dans une région minière, plus de 70 000 enfants âgés de 14 à 15 ans sont exploités dans un véritable enfer pour 6 euros par jour.
Salvador-15/9/2010 - Les jeunes émigrés d’Amérique latine, légaux ou illégaux, pris dans l’activité des gangs notamment en Californie, sont expulsés après leur séjour en prison et regagnent leur pays d’origine où ils se regroupent sous l’étiquette de maras. Au Salvador, ils seraient ainsi 30 000 pour 6 millions d’habitants qui « jouent », tout en se combattant entre bandes rivales, à différents trafics, à commencer par celui de la drogue. Rien qu’au Salvador, en 2009, 4 365 assassinats leur sont attribués, 12 par jour.
Bangladesh -26/8/2010 - 97 % des 145 millions d’habitants boit de l’eau des puits. Un quart d’entre eux, soit 35 millions, boit ainsi de l’eau polluée par une concentration importante d’arsenic. Cette eau contaminée entraîne des troubles divers, dont des lésions cutanées qui excluent ces malades de leur communauté car déclarés « contagieux », et une mortalité de 60 à 70 % supérieur à la normale. Les puits ont été creusés dans les années 60 pour accroître la productivité de la production de riz, lequel est aussi contaminé à l’arsenic. La pollution de la nappe phréatique est un phénomène naturel. Les solutions envisagées pour remédier à ce que certains considèrent comme un désastre plus grand que celui de Tchernobyl (filtrage, eau de pluie, etc.) se sont révélées dérisoires eu égard à l’ampleur du problème, au manque de financement et au désintérêt des pouvoirs nationaux et mondiaux.
EXPLICATIONS ET APPEL
Le présent bulletin paraît avec pas mal de retard.
Cela est dû partie aux événements que chacun connaît partie à des difficultés matérielles quant à l’impression.
Jusqu’au numéro précédent, nous avions eu la possibilité, (depuis plus de dix années) d’utiliser un canal spécifique qui ne nous coûtait rien ce qui nous donnait la possibilité de prendre à notre charge les frais d’expédition.
Mais toutes les bonnes choses ont une fin, indépendante de notre volonté et hors de tout conflit politique, ce qui signifie que nous devons trouver une solution.
Il serait bien aventureux de penser qu’une solution identique à ce dont nous avons bénéficié jusqu’à présent ( impression gratuite) puisse être retrouvée dans l’immédiat. Mais on cherche quand même des bonnes volontés éventuelles ou tout au moins des solutions d’impression off set à bas coût.
L’autre solution, celle que nous avons adoptée pour ce numéro est de limiter le tirage pour que la coût en soit supportable. Nous cherchons d’autres possibilité pour réduire les coûts et augmenter éventuellement le tirage
Nous n’avons jamais lancé d’appel au peuple mais, dans la présente situation, si les quelque 150 camarades qui reçoivent des envois groupés, de 5 à plus de 100 exemplaires pour diffusion pouvaient envoyer quelques euros ( timbres, billet ou chèque) lors de la réception de chaque parution, toute cette question de phynance deviendrait supportable et nous permettrait de continuer.