Katayama Sen est né dans l’actuelle préfecture d’Okayama dans une famille de paysans aisés qui assumait les fonctions de chef du village. Il était ouvrier imprimeur de profession. Ses origines géographiques, familiales et professionelles en font un cas à part dans les milieux socialistes japonais. Il adhère au christianisme social enseigné par les évangélistes américains, et en 1884, il part pour les Etats-Unis où, en dépit de difficultés financières, il obtient une licence de théologie à l’université de Yale.
Il rentre au Japon en 1896, et participe l’année suivante à la fondation de l’Association pour la promotion des syndicats ouvriers (Rôdô kumiai kiseikai) aux côtés de Takano Fusatarô, et à la naissance du syndicat des métallurgistes (Tekkô kumiai) et de la revue socialiste Rôdô sekai (Le Monde du travail) (voir Echanges n° 109, p. 35). Cette revue qui connut deux périodes de parution, de décembre 1897 à décembre 1901, puis d’avril 1902 à février 1903, contenait quelques colonnes en anglais afin de faciliter les contacts internationaux. Il publie la même année une biographie de l’Allemand Ferdinand Lassalle (1825-1864), Rôdôsha no ryôyû Lasâruden (Biographie d’un ami des travailleurs, Lassalle).
Jusqu’en 1900, il mène conjointement une action syndicale et politique. Après la promulgation de la Loi de police sur la sécurité publique (Chian keisatsu hô) cette même année, il s’oriente définitivement vers l’action politique et paticipe en 1901 à la fondation du Parti social-démocrate (Shakai minshûtô), interdit deux jours après sa création. En décembre 1903, il repart aux Etats-Unis, où il résidera jusqu’en 1906. Pendant la guerre russo-japonaise (1904-1905), il participera au 6e Congrès de la Deuxième Internationale à Amsterdam (août 1904) en tant que délégué des sociaux-démocrates japonais ; une photographie l’immortalisera serrant la main du délégué russe Plekhanov. Après son retour au Japon, il s’oppose au courant représenté par Kôtoku Shûsui. Il continuera de faire de la propagande socialiste au sein de la classe ouvrière malgré la répression gouvernementale, dont l’affaire des drapeaux rouges (Akahata jiken [juin 1908]) et l’affaire du crime de lèse-majesté (Taigyaku jiken [1910-1911]) constituent les points forts.
En 1912, Katayama Sen est condamné à plusieurs mois de prison à la suite de la grève des employés des tramways de Tôkyô. A sa sortie de prison, en 1914, il quitte définitivement le Japon pour les Etats-Unis, où il fréquentera les socialistes américains et des exilés russes tels que Léon Trotsky et Alexandra Kollontai. Il deviendra le porte-parole du communisme japonais au sein du Comintern après la révolution russe, et assumera diverses tâches pour celui-ci (il interviendra par exemple dans les querelles internes au Parti communiste mexicain, selon Barry Carr, Marxism and Communism in Twentieth Century Mexico, University of Nebraska, 1982).
Il participe en août 1921 à la fondation du Parti communiste ouvrier de l’aube (Gyômin kyôsantô) qui sera à l’origine du Parti communiste japonais (Nihon kyôsantô), fondé le 5 juillet 1922. Katayama Sen a résidé à Moscou de 1921 jusqu’à sa mort en 1933.
La situation de la classe laborieuse au Japon dans Echanges :
I. Introduction. La bureaucratie. Les employeurs. Les travailleurs
n° 107, hiver 2003-2004, p. 37.
II. La guerre sino-japonaise (1894-1895). L’entre-deux guerres (1896-1904). La guerre russo-japonaise (1904-1905). Lutte de clans au sein du gouvernement
n° 108, printemps 2004, p. 35.
III. Avant 1914 : La composition de la classe ouvrière. La discipline du travail et l’enseignement. Industrialisation et classe ouvrière . Les luttes ouvrières. Les syndicats
n° 109, été 2004, p. 25.
IV. Les origines du socialisme japonais : Le socialisme sans prolétariat. Ses origines intellectuelles japonaises, le bushidó. Ses origines intellectuelles étrangères. Marxisme contre anarchisme
n° 110, automne 2004, p. 25.
IV bis. Chronologie juillet 1853-août 1914
n° 112, printemps 2005, p. 18.
V. Bouleversements économiques et sociaux pendant la Grande Guerre. Un ennemi : l’Allemagne. Le commerce. L’industrie. La classe ouvrière. Les Coréens au Japon
n° 114, automne 2005, p. 32.
VI. Les grèves pendant la première guerre mondiale. Les conflits du travail de 1914 à 1916. Un tournant : 1917-1918. Les émeutes du riz .
n° 115, hiver 2005-2006, p. 41
VII. La dépression de 1920-1923. Le grand tremblement de terre du Kantô. La crise bancaire de 1927. La crise de 1929
n° 117, été 2006, p. 39.
VIII. Entre première et deuxième guerres mondiales. Le taylorisme. Les zaibatsu. La lutte des classes. Les Coréens
n° 119, hiver 2006-2007, p. 24.
IX. Les origines réformistes du syndicalisme ouvrier. Parlementarisme et syndicalisme. Les conflits entre syndicats prennent le pas sur la lutte de classes. La guerre contre la classe ouvrière
n° 121, été 2007, p. 21.
X. Les travailleurs des campagnes. Les Coréens. Les burakumin. Patronat et fonctionnaires. Les yakuza n°124, printemps 2008, p. 23.]
XI. Les partis de gouvernement. Les socialistes. Les anarchistes. Le bolchevisme.. - Osugi Sakae. - Kawakami Hajime. - Katayama Sen.
XII, 1. Qu’est-ce que la littérature prolétarienne ? Les écrivains prolétariens japonais. Les Semeurs. Revues et organisations.
XII, 2. Le roman prolétarien