Ôsugi Sakae (1885-1923)
Ôsugi Sakae est né en janvier 1885 dans la préfecture de Kagawa, dans l’île de Shikoku. Son père était officier dans l’armée. En avril 1899, il entre à l’école des cadets de Nagoya. Deux ans plus tard, en avril 1901, il reçoit 31 jours d’arrêts disciplinaires, probablement pour homosexualité, et sera finalement expulsé de l’école des cadets après avoir reçu un coup de couteau lors d’une querelle avec un congénère.
ll déménage à Tôkyô en 1902. En septembre 1903, il se rapproche du christiannisme et en décembre adhère à la société Heiminsha (Société du peuple) de Kôtoku Shûsui (1871-1911). Il est arrêté en mars 1906 lors d’une manifestation contre l’augmentation du prix des tickets des trolleybus à Tôkyô ; il sera libéré sous caution en juin, et en septembre commence à enseigner l’espéranto. Il fait plusieurs séjours en prison entre 1907 et 1910, pour diverses raisons, entre autres à la suite de l’incident du drapeau rouge (Akahata jiken). En octobre 1912, il commence à publier la revue Kindai shisô (La Pensée moderne) qu’il arrêtera en septembre 1914, et reprendra en octobre 1915 jusqu’en janvier 1916. Il est l’éditeur de nombreuses revues plus ou moins éphémères : du Heimin shinbun (Le Journal du peuple) d’octobre 1914 à mars 1915 ; de la Bunmei hihyô (Critique culturelle) de janvier à avril 1918 ; du Rôdô shinbun (Journal ouvrier) jusqu’en juillet de la même année. En octobre 1919, il commence à publier Rôdô undô (Mouvement ouvrier), jusqu’en juin 1920.
En octobre 1920, il assiste à Shanghai (Chine) au Congrès socialiste d’Extrême-Orient, auquel les marxistes bolchevisants invités le délèguent, faute d’avoir, semble-t-il, le courage d’y aller eux-mêmes. En décembre, il est arrêté à Tôkyô au congrès fondateur de la Nihon shakaishugi dômei (Ligue socialiste du Japon), une organisation précurseur du Parti communiste japonais.
En janvier 1921, il reprend la publication de Rôdô undô, aidé financièrement par le Comintern ; il l’arrêtera en juin, puis entreprendra une troisième fois de le faire reparaître ; le dernier numéro est daté de juillet 1923. En septembre 1922, il participe à une réunion pour fonder un syndicat d’envergure nationale à Ôsaka, où anarchistes et bolcheviks s’opposeront avec violence, tuant cette tentative dans l’œuf. En novembre de la même année, il est invité à assister au Congrès anarchiste qui devait se dérouler au début 1923 à Berlin. Il arrive en France en février 1923, et participe à la manifestation du 1er mai, où il sera arrêté par la police ; en juin, il est expulsé de France vers le Japon, où il arrive en juillet.
Ôsugi Sakae, Itô Noe (1895-1923), qui avait quitté son mari Tsuji Jun (1884-1944), poète influencé par le mouvement dada et traducteur de Max Stirner, en mai 1916, pour vivre avec Ôsugi, et un des neveux dÔsugi, Tachibana Sôichi, sont massacrés par des gendarmes (kenpeitai) au poste de police de Kôjimachi le 16 septembre 1923, faisant partie des nombreux opposants politiques et Coréens assassinés dans les jours qui ont suivi le tremblement de terre du Kantô du 1er septembre.