Les capitalistes, il nous faut le répéter inlassablement, ne sont pas là pour produire seulement des objets de consommation, utiles ou inutiles, à l’intention des populations. Les capitalistes vivent sur l’accumulation de travail gratuit, en terme marxiste accumulation de plus-value. Il en résulte que, depuis son avènement, le capital ne vise que sa reproduction élargie, et pour cela il adapte, recompose en fonction des rapports de force intra capitalistes, les représentations de ses superstructures, les Etats et les organisations internationales… Nous entendons par là, la nécessité, vitale pour lui, de toujours valoriser le capital argent accumulé. Aussi des sommes toujours plus énormes circulent-elles d’un lieu de la planète à un autre, afin de trouver la meilleure valorisation (certains disent spéculation). Comme le disait en son temps Michel Camdessus :
« Nous sommes dans un monde dans lequel les marchés peuvent changer leur jugement sur un pays, et assécher le financement extérieur de ce pays dans l’instant « Journal officiel du 8 mars 1996, Avis au Conseil économique et social.)
C’est ce qui se prépare actuellement, vis-à-vis des pays émergents, dont les balances de paiements sont catastrophiques.
Crise de liquidité ou crise de valorisation du capital ?
Il n’ y a pas de réelle crise de liquidités, le capital argent a atteint le nirvana. Sa base monétaire mondiale croît plus vite que la production mondiale : il y a ainsi excès de création de liquidité d’environ 2 200 Mds $ entre 1994 et 2005 .Si, depuis 1994, la base monétaire mondiale avait progressé comme le PIB mondial, elle serait plus faible de 42 %, soit de 2 200 Mds $ ( sources Patrick ARTUS dans Flash du 15 juin 2005).
Et c’est la son problème la richesse croule sous la richesse, siphonnant à l’échelle mondiale toutes les richesses (matières premières, et force de travail) réduisant le monde à un état de survie et de pauvreté côtoyant le plus impressionnant développement des forces productives, tout en en annonçant sa fin. Le capitalisme parvenu au stade de l’hégémonie du capital financier et des oligopoles mondiaux a vu son développement se maintenir par le système de l’endettement généralisé, ( période dite Keynésienne) qui depuis Law est la forme trompeuse d’ un système de crédit qui tend toujours à dépasser les réalités de l’ économie réelle1.. L’ idée que l’ argent doit rapporter de l’ argent , comme le poirier des poires comme avait coutume de le dire K Marx, n’ est qu’ une idée qui fonctionne tant que le système du crédit peut en assumer la triche.
Depuis le retournement monétariste, ou libéral de 1979 le capitalisme s’est projeté dans les plus folles aventures, et essuyé pas moins d’ une crise financière importante tous les quatre ans entrecoupée de mini crise et de scandales financiers comme ( Le crédit Lyonnais ( France),Parmalat( Italie), Enron (USA) Les pyramides albanaises…) avec des dévalorisations financières importantes, se cumulant dans le temps pour finalement , par le jeu de son évolution en spirale, prendre son expression la plus adéquate de crise systémique mondiale.
Voilà où nous en sommes en ce mois de juillet 2008, après nous avoir raconté que la page de la crise des crédits hypothécaires était définitivement tournée, faisant croire que la catastrophe était encore une fois épongé, que la FED avait les capacités de sauver Bear Strens et d’ autres, les médias reviennent en force et sonnent en cœur le tocsin final. En plein mois de juin 2008, deux banques importantes montent au créneau La banque écossaise « La Royal Bank of Scotland » et la « Barclays banque » . La première nous met en garde sur un Krach d’ ici septembre, la seconde annonce une tempête financière, ainsi que l’effondrement de la crédibilité de la FED dans un contexte de récession mondiale au cours des trois prochaines années. Le FMI évoque le risque d’éclatement d’autres crises financière un peu partout dans le monde et fait état que 81 pays pauvres où à revenus intermédiaires auront des problèmes de balance des paiements. La BRI Banque des règlements Internationaux dans son rapport publié début juillet, affirme qu’une panique sur le dollar n’est désormais plus à exclure. Au moment ou je termine cet article , La Tribune du 9 juillet 2008 titre « La descente aux enfers des fleurons de la Bourse » et d’ aligner les dix plus fortes baisses depuis le début de l’ année du CAC 40 entre 40% et plus de 48% comme Dexia et Renault.
Conclusion provisoire : Encore une fois dans l’histoire du capitalisme, nous constatons que celui-ci est dans l’incapacité intrinsèque d’achever son circuit (Argent, Marchandise, Argent). C’est la domination grandissante de l’élément spéculatif propre au système du crédit, qui engendre un capital fictif, ou "une bulle spéculative " sans rapport avec le capital réel. Cette incapacité périodique de valorisation du Capital, entrave le processus de reproduction élargie du Capital total , C’est alors que la crise à proprement parler du Capital éclate,l’élément spéculatif étant dominant une partie du capital composée de titres fictifs par rapport à la plus value totale se trouve dévalorisé régulièrement, les fameuses pertes d’ actifs financiers. Les dévalorisations financières ne suffisent pas à elle seules à faire entrer le Capital dans une crise profonde il faut que la dévalorisation s’étende à l’ économie réelle, qui était déjà bien malade et était incapable de valoriser une masse de capital fictif aussi démentielle. En se déplaçant sur les matières premières pour se valoriser le capital ne fait qu’accroître sa vulnérabilité. Toute hausse du prix des matière premières venant entraver l’accumulation de plus value et par conséquent accentuer la crise économique et sociale que nous vivons actuellement. La question qui se pose, n’ est pas de lutter pour une bonne régulation du capital, de lutter pour éliminer son mauvais coté ( la spéculation), la question est celle de l’ éradication du capital de la planète, toute autre perspective est vouée à l’ échec , la misère la dépravation humaine, socialisme ou barbarie telle est l’ équation. Gérard Bad
Note : Actuellement ce dépassement représente 7 fois la base monétaire mondiale. Aux Etats-Unis, les prêts représentent 60 fois les réserves des banques à la Banque Centrale ; dans la zone euro, 80 fois ; au Japon 10 fois ; au Royaume-Uni, 110 fois l’excès de distribution mondiale de crédit dû à « l’excès » de création de base monétaire, de 1994 à 2005 est de 9 300 Mds $ (60 % de 7 fois l’excès de base monétaire, ( sources Patrick ARTUS dans Flash du 15 juin 2005)