mondialisme.org

Limites de l’antisionisme (n° 11)

mardi 27 janvier 2009

Commencée en 2002, cette chronique des dérapages de l’antisionisme (qui ne rime pas forcément avec antisémitisme) se poursuit ici tristement. (Pour les 10 premières chroniques on se rapportera au livre-compil "Question juive, sionisme et antisionisme" ou sur ce site les articles 9, 118, 266, 329, 725 et 726)

Et l’article de Luftmenschen sur l’antisionisme à la française http://www.mondialisme.org/spip.php?article1276

RFI et le complot juif mondial

Entendu sur RFI (Radio France Internationale) lors d’un radio-trottoir effectué à Gaza le 20 janvier : « Obama ne pourra rien faire pour la Palestine car il est entre les mains du lobby juif qui a toujours contrôlé les présidents des Etats-Unis. »

Commentaire du journaliste ? Un grand silence…

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Sources douteuses

Lu le 21 janvier, sur une liste de discussion d’anarchistes latino-américains, à propos de la fermeture d’une radio militante en Argentine par ses patrons, un communiqué d’un certain Abudara Bini dénonçant « le lobby qui possède le plus de moyens de communication en Argentine et dans d’autres pays du continent et du monde ». On dirait un extrait du "Protocoles des Sages de Sion"....

Et une semaine plus tôt un article sur les bénéfices financiers (par ailleurs très vraisemblables mais malheureusement non authentifiés par plusieurs sources) réalisés par les entreprises israéliennes en raison du blocus de Gaza, article extrait d’un site négationniste (rafapal), qui croit en l’existence des extraterrestres, aux meurtres rituels d’enfants effectués par les Juifs dès le Moyen Age et au complot des Illuminati !

Dans les deux cas, un manque élémentaire de prudence quant à la reproduction de sources d’ « informations », reproduction typique des usagers d’Internet qu’il s’agisse de sites, de blogs ou de listes de discussion.

Signalons quand même qu’à la suite de ce communiqué une discussion salutaire s’est engagée. Il ne faut jamais désespérer.

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L’extension du domaine du concept....

À chaque crime de guerre de l’armée israélienne, la notion criminelle de « nazisionisme » se répand davantage sur Internet, non seulement dans des communiqués de groupuscules insignifiants comme Drapeau Rouge (ex-Parti Communiste Maoïste de France), le Parti Communiste Maoïste d’Italie ou le Parti communiste d’Espagne marxiste-léniniste, mais aussi sur des sites comme Les Ogres (les potes de Dieudonné), Alterinfo ou La banlieue s’exprime qui passent de nombreux textes de gens réputés « de gauche » ou « d’extrême gauche », ainsi que sur des sites communautaires comme Bladi.net (« première communauté virtuelle du Maroc »), Agora Vox (« l’une des premières initiatives européennes de journalisme citoyen à grande échelle complètement gratuite »), Mejliss el kalam (« espace d’échange d’idées, de débat et de partage sur l’Islam dans le respect des différents courants de pensée, des références spirituelles, et écoles théologiques ») mais aussi sur les forums de discussion de Beurs FM, France2.fr, Le Nouvel Obs.fr, etc.

Le tout sans susciter aucune réaction ou alors des réactions sans commune mesure avec l’énormité des propos. Comme s’il s’agissait déjà d’une évidence acceptée par tous.

Sans parler des nombreuses vidéos sur Youtube et Daily Motion où les termes de "sionazis" et "nazisionisme" sont repris allégrement.

Et c’est dans toutes les langues la même chose : voir par exemple des sites como "Otro mundo es posible" (Un autre monde est possible !), CMI Brasil (l’Indymedia local) ou à titre de curiosité The Radical Mormon… qui soutient l’écologiste Ralph Nader.

En fait, on peut dire que les négationnistes de La Vieille Taupe, les « rouges-bruns » de toutes tendances et tous ceux qui veulent diviser encore davantage les prolétaires israéliens et palestiniens, juif et arabes, juifs et musulmans, ont réussi pour le moment à imposer ce concept ignoble pas seulement en France mais à l’échelle internationale. Pas seulement à droite, mais aussi à gauche, à l’extrême gauche et chez une partie des anarchistes.

Y a du boulot en perspective...

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Haz-âneries

L’éditeur Eric Hazan a tenu à profiter de l’augmentation de sa renommée médiatique (1) pour apporter sa petite pierre à la comparaison entre les massacres israéliens et le judéocide, lors de la dernière agression israélienne barbare contre les habitants de Gaza et à nous infliger ses considérations sur ce mystérieux « quelque chose » qui unirait éternellement tous les Juifs et les juifs et qui ne serait ni l’appartenance à un ou des peuples juifs, ni l’appartenance à la nation israélienne, ni la fidélité à une religion.

Quoi donc ? Il ne nous le dit pas, mais cela doit être maousse costaud comme concept car son texte s’intitule « La deuxième mort du judaïsme ».

Au nom de ce mystérieux « quelque chose », le directeur des éditions la Fabrique renouvelle le registre de la responsabilité-culpabilité collective d’un mystérieux « judaïsme » intemporel, en accusant les « juifs » (groupe dont il se réclame tout en ne lui donnant aucune définition…. Serait-ce l’influence du Comité « invisible » qui l’incite à se réclamer lui aussi d’un groupe flou et confus ?) de ne pas se mobiliser dans les manifs « pour la Palestine ». « Il est temps que les juifs viennent en masse manifester avec les “arabo-musulmans” ».

Dire que ce sont les mêmes zozos qui n’arrêtent pas (avec raison) de critiquer la notion de « conflit des civilisations » … pour mieux régresser vers des définitions identitaires conservatrices !

Pour plus de détails on lira le texte de Hazan et les deux premiers excellents commentaires qui le suivent sur

http://oclibertaire.free.fr/spip.ph...

1. Reconnaissons-lui quand même une certaine cohérence dans ses positions, cohérence qui n’a rien à voir avec l’actualité immédiate, puisque cela fait plusieurs années qu’il publie des livres sur le sionisme, Israël, le judéocide, etc. Nous ne pouvons que recommander la lecture d’excellents bouquins comme « La révolution sioniste est morte », textes choisis et présentés par Michel Warschawski ; « L’héritage de Sharon » de Tanya Reinhart ; « Correspondante à Ramallah », d’Amira Hass ; « À tombeau ouvert » de Michel Warschawski ; ou « La guerre de 1948 en Palestine. Aux origines du conflit israélo-arabe » d’Ilan Pappé et sans doute d’autres que je n’ai pas lus. Par contre c’est aussi cet éditeur qui a publié le très mauvais ouvrage de Norman Finkelstein qui s’appelle « L’industrie de l’Holocauste ».

Nul n’est parfait…

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Quand des "antisionistes" cognent sur... d’autres "antisionistes"

La création récente d’un Parti Anti Sioniste a donné des ailes à un petit contingent (une cinquantaine) de ses adhérents qui se sont rendus à la manifestation place Denfert-Rochereau le 24 janvier 2009. Ils portaient tous une pancarte représentant la France avec en surimposition un drapeau israélien barré d’une croix rouge. Tout un symbole !

Leur pancarte exprimait de façon imagée et cynique ce que beaucoup d’antisionistes d’extrême droite comme d’extrême gauche veulent signifier quand ils parlent des "médias sionistes" ou du "lobby sioniste" en France.

Peu malins, les membres du PAS se sont présentés très en avance à la manif et se sont fait déchirer leurs pancartes par un service d’ordre dont j’ignore la tendance politique, mais que je suppose lui aussi "antisioniste".

Les CRS présents devant la gare du RER, goguenards, regardèrent cet affrontement qui ne dura pas plus de deux minutes, mais l’un d’eux ne put se retenir de frapper dans les jambes un des porteurs de pancartes dudit Parti Anti Sioniste. Et ces "antisionistes"-là de crier aux autres "antisionistes" : "Israël assassin !", slogan que leurs ennemis "antisionistes" auraient pu tout aussi bien crier....

Cela fait quelques années que nous disons que "l’antisionisme" est une cause trouble, qui attire toutes sortes d’éléments d’extrême droite, antisémites, etc., comme en témoignent d’ailleurs les appels de plusieurs sites d’extrême droite à la manif d’aujourd’hui. Et que nous affirmons que se dire "antisioniste" ne suffit pas à se situer dans le champ politique, quand on sait que ce qualificatif est fièrement revendiqué par le président iranien, la plupart des partis d’extrême droite, les partisans de l’islam politique (des djihadistes terroristes jusqu’à la Charte antisémite du Hamas), les négationnistes de tous bords, etc.

Nous ne pouvons que nous réjouir que des racistes et des réacs se fassent botter les fesses dans une manif de "soutien à la Palestine", mais est-ce suffisant ? Ne serait-ce pas trop tard quand on voit fleurir toutes ces croix gammées face au drapeau israélien ou surimposées au drapeau israélien dans les manifestations ? Quand tant de gens, justement indignés par les récents massacres de Tsahal en Palestine, se livrent à des comparaisons ignobles entre la barbarie nazie et la barbarie de Tsahal ?

Ne serait-il pas temps de parler de soutien aux PROLETAIRES israéliens comme palestiniens, plutôt que de brandir des drapeaux ou des banderoles du Hamas, de l’OLP ou de la Palestine ?

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Norman Finkelstein ou le droit à l’ignorance

Norman Finkelstein, auteur du calamiteux ouvrage intitulé « L’ Industrie de l’Holocauste », s’est rendu au Liban pour rencontrer le Hezbollah le 20 janvier 2009.

Voilà ce qu’on peut lire à ce propos sur son site : « J’ai été content de rencontrer les gens du Hezbollah parce que l’on entend rarement leur point de vue aux Etats-Unis. Je n’ai pas de problème à dire que je veux exprimer ma solidarité avec eux, et je ne vais être ni un lâche ni un hypocrite à ce propos. Je ne m’intéresse pas au Hezbollah en tant qu’organisation politique. Je ne connais pas grand-chose à leur politique, et de toute façon ce n’est pas le problème. Je ne vis pas au Liban. C’est un choix que les Libanais doivent faire : qui veulent-ils avoir comme dirigeants, comme représentants. Mais c’est un principe fondamental. Les gens ont le droit de défendre leurs pays contre des envahisseurs étrangers, et ils ont le droit de défendre leur pays contre des envahisseurs qui détruisent leur pays. »

Etablissant ensuite une comparaison entre la résistance « communiste » (stalinienne, en fait) durant la Seconde Guerre mondiale et le Hamas il poursuit : « Si je dois honorer [les résistants communistes] je dois aussi honorer le Hezbollah. Ils font preuve de courage et de discipline. Je respecte cela. »

Pour lire l’interview en entier on se reportera au site http://www.normanfinkelstein.com/ar... ?pg=11&ar=1489

Finkelstein résume parfaitement ce que pensent la plupart des « antisionistes » : ils ne s’intéressent pas aux organisations politiques qu’ils soutiennent, ils ne s’intéressent pas aux positions que ces organisations défendent. Nous irons plus loin : ils ne s’intéressent pas non plus aux conséquences concrètes de ces positions ni aux actions que mènent ces organisations. Chacun doit s’occuper des problèmes de son pays et tout ira bien. Au nom de ce principe, M. Finkelstein aurait-il soutenu le gouvernement américain et les gouvernements européens qui justement laissèrent Hitler tranquille parce qu’il avait été choisi par le peuple allemand… Evidemment non !

De nombreux "antisionistes" soutiennent le Hezbollah ou le Hamas religieusement au nom d’un principe : tout peuple doit résister à une armée qui envahit son territoire. On se demande ce qu’aurait pensé M. Finkelstein des soldats allemands qui luttaient contre les troupes américaines qui « envahissaient » et « détruisaient » leur pays en 1944. Les aurait-il soutenus au nom de ce droit imprescriptible ? Evidemment non !

Quant au "courage" des combattants du Hezbollah ou du Hamas il est indéniable quand ils font face aux chars de l’armée israélienne, mais comment peut-on séparer mécaniquement le courage et la discipline de l’objectif politique que l’on poursuit et de l’idéologie que l’on défend ? (Rappelons que la Charte du Hamas est un texte antisémite qui rend "les Juifs" responsables des différents conflits mondiaux, du communisme, du matérialisme, de l’athéisme, etc. (1))

De plus, cet argument ne peut que l’amener sur un terrain glissant : Finkelstein loue-t-il le "courage" de ceux qui pratiquent les attentats suicides visant les civils israéliens et les "respecte"-t-il ?

Néanmoins, avec les justifications absurdes et les raisonnements bricolés qu’il avance, on comprend mieux pourquoi ce distingué « antisioniste » qui cultive le droit à l’ignorance reproduit des montages photographiques sur son site comparant systématiquement la barbarie nazie et la barbarie de Tsahal.

Il ne s’intéresse ni aux faits, ni au contexte, ni aux différences entre les situations et les programmes politiques, il mène une campagne qui repose uniquement sur l’indignation et la colère contre les crimes de guerre d’un seul camp.

Une telle attitude ne peut aboutir qu’à souder les Israéliens à « leur » gouvernement et empêcher toute solidarité au-delà des frontières, puisque, si les Israéliens devaient suivre le "principe" de Finkelstein ils devraient eux aussi se sentir agressés chaque fois qu’ils reçoivent des roquettes sur leurs maisons ou que les partisans du Hamas ou du Djihad islamique se font sauter au milieu d’une foule…

Où l’on voit que "l’antisionisme" ne fait le plus souvent que fournir des arguments aux nationalismes mortifères qui s’affrontent au Proche et au Moyen-Orient.

1. Sur son site Finkelstein reproduit une déclaration d’un certain MOUSA ABU MARZOOK membre du bureau politique du Hamas. Sous le titre "une déclaration raisonable" ("a reasonable statement" ce sont les mots de Finkelstein), Marzook déclare : "En ce qui concerne la Charte de 1988, si tout Etat ou mouvement devait être jugé seulement sur ses documents de fondation, ses proclamations révolutionnaires, ou les idées de ses fondateurs, il y aurait bien des critiques à faire de tous les côtés."

C’est ce qui s’appelle botter en touche, ce qui est normal pour le Hamas. Mais ce qui l’est moins c’est que des antisionistes cautionnent ce type de pirouette, surtout venant d’un mouvement qui se réclame de Allah, de Mahomet, et considère toute la Palestine comme une terre sainte. Comparer un mouvement qui se réclame du Coran (dicté en principe par Dieu) avec les gouvernements américains qui se réclament d’une Constitution du XVIIIe siècle, comme le fait Abu Marzook, est presque un... blasphème !!!

D’ailleurs, ce n’est pas la branche armée du Hamas (les Brigades Ezzdine al Qassam, créées en 1991) qui nous contredira : en effet, elle considère que son objectif est de « contribuer à l’effort de libérer la Palestine et de restaurer les droits du peuple palestinien en s’inspirant des enseignements islamiques sacrés du Saint Coran, de la Sunna (des traditions) du Prophète Mohammed (que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui) et les traditions des dirigeants et des savants musulmans connus pour leur piété et leur dévouement ».

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Mr J. O. (Jean Oblin) ou le « parler vrai » d’un certain « antisionisme » radical

À la manifestation du samedi 24 janvier, un groupe de personnes diffusait un tract de 6 pages comprenant 3 communiqués intitulés n° 4 ; n° 5 et n° 6. En dehors de sa forme mythomaniaque (Mr J.O. nous présente son parcours professionnel et son palmarès militant de la création d’une obscure « association prolétarienne FNL vaincra » en 1967, à sa participation à la lutte de Saint-Bernard pour la régularisation des sans-papiers, en passant par la marche des étudiants de la Sorbonne jusqu’aux usines Renault Billancourt dont il se présente comme l’inititateur en 1968 !), ce dernier avait au moins un énorme avantage par rapport à toute la propagande « antisioniste » que l’on peut habituellement lire sur Internet ou ailleurs. Il répondait clairement et franchement à la question : que ferait-on des Israéliens si on détruisait « l’entité sioniste » selon la terminologie du Hamas, de M. Oblin et de nombreux antisionistes ?

Pour Mr J.O., « il n’y a qu’une seule solution : que les Juifs qui n’étaient pas en Palestine avant 1933 prennent dès maintenant leurs dispositions pour quitter la Palestine et rejoindre les pays dont ils sont issus, à savoir la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, etc. » On remarquera que Mr J.O. ne mentionne pas les pays arabes et les 800 000 Juifs qui en ont été chassés ou en sont partis « volontairement » après 1948. Un oubli ? Pas plus qu’il ne mentionne le million de Juifs russes arrivés depuis la fondation de l’Etat d’Israël. En bon « anti-impérialiste » il ne mentionne que les grandes puissances occidentales. Un lapsus révélateur des lunettes politiques qu’il partage avec la plupart des groupes d’extrême gauche. Mais continuons notre lecture édifiante : « Quant aux Juifs qui étaient en Palestine avant 1933, ils devront signer une déclaration antisioniste reconnaissant la Palestine arabe. »

Et porter un pin’s représentant le drapeau palestinien ou celui du Hamas à la boutonnière ? Non, Mr J.O. ne va pas jusqu’à là, même s’il souhaite « le renforcement continu du Hamas » et sa « victoire éclatante ». Mais il est amusant que ce grand défenseur des immigrés en France prône exactement le genre de mesures qu’a toujours défendues l’extrême droite gauloise en ce qui concerne les étrangers qui souhaitaient être naturalisés. La peur de la « cinquième colonne » est la même chez tous les défenseurs du nationalisme et du chauvinisme. Il n’y a que le bouc émissaire local qui change à travers l’histoire. Pour les antidreyfusards c’étaient les Juifs, « agents allemands ». Pour l’extrême droite des années 20 et 30, ce furent les Italiens puis les Espagnols. Pour Israël aujourd’hui ce sont les Arabes israéliens, « agents du terrorisme ». Pour les défenseurs d’une « Palestine arabe » (comme Mr J.O.) ce serait les Juifs, agents de « l’impérialisme ».

Rien de nouveau sous le soleil du chauvinisme obscurantiste.

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Juifs "ivres du sang des innocents" ?

Dans la mythologie antisémite, on trouve un thème récurrent celui du Juif buveur de sang. Les « antisionistes » d’À contre-courant syndical et politique expriment leur juste colère devant le « massacre de masse perpétré par l’Etat d’Israël ». Ils ont parfaitement raison, même si nous ne partageons pas tous les détails de leur analyse. Mais qu’est-ce qui a donc pu leur passer par la tête quand ils ont écrit, dans leur bulletin n° 201 de janvier-février 2009, que la soldatesque israélienne était « ivre du sang des innocents » ? que « Livni, Olmert, Barak se nourrissent du sang palestinien » ? que les « dirigeants israéliens engagés dans une campagne électorale plongent leurs mains dans le sang palestinien » ? Cette obsession pour le thème du sang et même du vampirisme (les soldats seraient « ivres » de sang, leurs dirigeants se « nourriraient » de sang), exprimée trois fois de suite en deux pages dans ce petit bulletin, est extrêmement malsaine et politiquement nuisible.

Ces mêmes camarades dénoncent justement, à propos de Tarnac, les effets de la « démocratie émotionnelle » et la façon dont les médias tentent de manipuler nos émotions. Il semblerait qu’ils titillent eux aussi les mécanismes du sentiment (et du ressentiment) quand ils « analysent » les méthodes barbares de Tsahal et les motivations des gouvernants israéliens. On ne voit pas ce que cette obsession (inconsciente ?) pour le « sang palestinien » versé par des Juifs ajoute à la compréhension des problèmes, mais on perçoit, par contre, très bien quel genre de passions souterraines cela peut entretenir ou réveiller.

En se plaçant sur ce terrain, les rédacteurs d’À contre-courant syndical et politique font appel, à leur petite échelle, aux mêmes mécanismes que les médias qui exploitèrent le lynchage de deux soldats israéliens à Ramallah ou les images des attentats-suicides palestiniens en Israël, pour renforcer le sinistre cliché opposé, celui de « l’Arabe sanguinaire ».

Y.C.

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