Alors que le monde capitaliste se réjouissait de la reprise quasi générale de la croissance, que la nouvelle économie ou « net économie » était la nouvelle Jérusalem qui devait sauver le monde, l’économie réelle a subitement ramené nos prédicateurs à la réalité.
Il est vrai qu’après les dévalorisations financières latino-américaine, asiatique et russe de 1997-1998, le capitalisme mondial a eu un regain de santé. La croissance mondiale, qui s’était fortement ralentie après les dévalorisations reprenait son souffle sur la base de la destruction de la pléthore de capital. Le taux de croissance mondial passait de 2,5 % en 1998 à 3,3 % en 1999 et les prévisions étaient des plus optimistes pour l’année 2000 on parlait de 4 % de croissance. Les capitaux les plus puissants et donc hégémoniques renforçaient leur présence dans tous les coins du monde au détriment de certaines industries nationales.
De l’effet Viagra de la hightech à la débandade
C’est à partir de mars 2000 que l’enthousiasme pour la nouvelle économie va tracasser le monde de la finance. Une véritable campagne d’intoxication en faveur de la nouvelle économie a été propulsé par les médias et les experts de l’OCDE... Pour l’OCDE la page était tournée, désormais les Etats-Unis entraient dans une « nouvelle économie » qui serait soumise à des lois différentes de l’ancienne.
La promotion de la Bourse, des actions et de la « nouvelle économie » commença à battre de l’aile quand le Nemax 50, l’indice de la Bourse de Francfort des valeurs de nouvelles technologies, commença à retomber à moins de 9 600 points (son sommet). Tous les gogos intoxiqués par la propagande d’un capitalisme renouvelé jugèrent cette faiblesse de l’indice comme une bonne occasion pour acheter à bas prix de la « nouvelle économie ».
A la mi-octobre 2000, la catastrophe était consommée, le Nemax 50 chutait de 60 % par rapport à son sommet. Dans le même temps l’euro plongeait de 30 % par rapport au dollar malgré l’intervention du G7. « Le G7 a réagi pour éviter une catastrophe boursière et non pas pour défendre l’euro » (Antoine Brunet, chef économiste de marché au CCF). On allait encore une fois se rendre compte que la crise financière (monétaire et économique) était toujours là en toile de fond, malgré les cris de joie sur la croissance retrouvée. L’onde de choc de la dégringolade de la « net-économie », celle de l’Euro et, comme cerise sur le gâteau, la hausse du prix du pétrole (1) va tuer dans l’œuf les espérances d’un renouveau capitaliste en Asie. Le Japon, toujours en train de panser ses blessures financières, doit main- tenant faire face aux catastrophiques faillites de ses sociétés d’assurance-vie et autres. Le secteur du bâtiment et travaux publics (BTP) est toujours sous perfusion et ne survit que grâce aux grands travaux gouvernementaux. La dette publique continue de grimper (132 % du PIB), elle était à 115 % à la fin de 1998. Le 18 octobre, le gouvernement japonais décidait, pour éviter une nouvelle « liquidation à la Bourse », de reporter sa réforme de l’impôt, un indice de plus qui montre la fragilité actuelle des places financières. En Asie, les grands marchés boursiers se retrouvent à la case départ, l’indice Nikkei tombait à la mi-octobre à son niveau le plus bas depuis dix-neuf mois.
Tout a été fait pour masquer ou minimiser le krach de l’an 2000 : la mise en spectacle des élections américaines, la crise de la vache folle en Europe et l’éternel hausse des carburants qui expliquerait tous les déboires de la société. Souvenons-nous : en octobre 1987, le cours des actions chutait de 20 % et toute la presse titrait sur « le krach boursier du siècle ». Le Nasdaq (indice new-yorkais des valeurs de nouvelles technologies) prend le bouillon. Depuis le 1er janvier 2000, indique Le Figaro-économie du 29 novembre 2000, les indices boursiers américains ont chuté : le Nasdaq a perdu 32,8 %, le Dow Jones 8,6 %, le Standard & Poor’s 9,1 %. Le Journal des finances du 24 novembre 2000 donne d’autres chiffres - 25 % pour le Nasdaq depuis janvier, 7 % pour le Dow Jones.
Peter Geibel, gestionnaire de fonds basé à Genève, qui selon l’hebdomadaire Le Point avait prévu le krach de 1987 et le plongeon de 1998, se doit de déclarer : « Pour ma part, je prévois un Nasdaq à 2 500 points (2) d’ici trois à six mois [contre 3 316 points le 13 octobre]. » Des secteurs entiers sont en effet toujours surévalués. Je pense en particulier à celui des petites valeurs de télécommunications, des fabricants d’équipements pour cette activité ou des sociétés de biotechnologie. « Nous allons encore avoir des morts ! » (Le Point du 17 novembre 2000).
Actuellement, de nombreux pays du monde sont directement ou indirectement entrés en récession : l’Argentine (3) considérée fin décembre comme en faillite (4), puis la Turquie (5), les Etats-Unis, le Japon, l’Europe occidentale, le Brésil. On parle même maintenant de « risque souverain » pour des pays comme l’Argentine, la Turquie, le Liban, le Brésil, la Thaïlande et les Philippines.
Etats-Unis : le terrorisme de la récession
Depuis 1996, l’économie américaine se targuait d’une croissance de 4 % en rythme annuel ; elle a même atteint des pics de 5,1 % au second semestre 1999 et 5,6 % au premier semestre 2000. Pour l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) la page était tournée ; désormais les Etats-Unis entrait dans une « nouvelle économie » qui serait soumise à des lois différentes de l’ancienne. Dans son rapport annuel, la Banque des règlements internationaux était beaucoup moins optimiste : elle considérait que la croissance américaine était plus lente que lors des phases d’expansion de l’après guerre : « Cette expansion n’a pas été la plus forte : même au cours des quatre dernières années, la croissance moyenne a tout juste atteint le rythme des années 1980, loin derrière celui des années soixante » (juin 2000, page 15).
Même le FMI restait très sceptique à l’égard d’un « nouvel âge d’or ».
La situation économique des Etats-Unis était caractérisée par l’essor des produits technologiques (informatique, télécommunications) mais aussi, il faut le souligner, par un ralentissement industriel marqué. Les investissements en nouvelles technologies dans les services vont dans le sens contraire du développement même du capital si les hausses de productivité restent nulles. Il n’a d’ailleurs pas fallu attendre longtemps pour que l’extase retombe ; on ne comptait plus les articles faisant état de la débandade de la « nouvelle économie ».
Ed Yardeni, chef économiste de la Deutsche Bank, déclarait fin octobre 2000 : « La chute de l’euro a plombé les comptes des grands groupes américains, provoqué une forte chute de leurs cours en Bourse, et donc pesé surla croissance de l’économie des Etats-Unis » ; et il précise : « Si l’on exclut la high-tech (6), la production industrielle a stagné. »
« Il est donc probable que la prochaine récession aux Etats-Unis sera sévère, quel qu’en soit le facteur déclenchant, puisqu’on y verra à la fois un fort recul de l’investissement des entreprises et des dépenses des ménages nécessaires pour stabiliser les taux d’endettement. » (P. Artus, Etats-Unis : menace sur la croissance mondiale, page 28.)
Il semble qu’actuellement nous en soyons arrivés là :
la période de croissance ininterrompue aux Etats-Unis avait pour caractéristique la hausse de la dette des ménages (120 % de leurs revenus nets), des entreprises et du pays. La presse relatait assez souvent que les Etats-Unis vivaient au-dessus de leurs moyens, que les ménages s’endettaient et n’épargnaient plus depuis 1992 (début de la forte hausse des cours boursiers et de l’endettement). En effet, les dettes des ménages étaient payées à terme par les rendements boursiers. Cependant, en 2000 la catastrophe est au rendez-vous et la récession menace au Etats-Unis.
Une à une les entreprises révisent leurs bénéfices à la baisse (une partie des profits des entreprises venant de gains en Bourse) et engagent des restructurations. La plus grande entreprise automobile du monde, General Motors (388 000 salariés), vient d’annoncer une réduction d’effectifs de 10%. L’usine Eaton américaine de Saint-Nazaire va fermer ; l’entreprise, qui produit des boîtes de vitesses semi-automatiques, arrête ses activités en Europe. Le goupe VF, fabricant de Lee et Wrangler, va licencier 13 000 salariés, soit 18 % des employés de son usine de Caroline du Nord (15 novembre 2001). Au début du mois de décembre 2001 c’est la faillite du géant américain Enron de l’électricité.
Si la récession frappe, ainsi que le chômage, l’ensemble des ménages américains seront contraints de vendre leurs portefeuilles d’actions pour rembourser leurs dettes, la valeur des actions chutera et la capitalisation boursière ne couvrira plus leurs dettes.
Au quatrième trimestre de l’année 2000, les profits des entreprises non financières diminuaient de 38,9 %. Voilà où en était l’économie américaine. Le jeudi 4 janvier 2001, le quotidien français La Tribune titre : « La Fed abaisse ses taux pour conjurer la récession », puis développe : « La multiplication des signes d’un atterrissage catastrophe de l’économie américaine et ses répercussions sur les marchés financiers et le dollar ont conduit Alan Greenspean à intervenir avant la prochaine réunion de la Fed », par une baisse surprise d’un demi-point de son taux inter-bancaire, ramené à 6%.
Après les attentats du 11 septembre 2001
Nous venons de voir que la récession américaine était depuis longtemps à l’ordre du jour, et que ce n’est pas (comme veut le faire croire Bush) les attentats qui ont précipité l’économie américaine dans la récession. Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, les dévalorisations financières successives ont rongé le système capitaliste dans son ensemble, au point que la dernière manoeuvre possible consiste à retourner à la formule du vieux Proudhon (7) des prêts à taux zéro. C’est le Japon qui en est arrivé à cette situation : il a voulu remonter les taux, mais rapidement il en est revenu au taux zéro c’est-à-dire à la relance de la consommation par le crédit, la Suisse est aussi à taux zéro.
Les Etats-Unis sont sur la même voie : en octobre 2001, les taux directeurs de la Réserve fédérale américaine étaient de 2,5 %, sous le taux de l’inflation qui est de 2,7 %. Le mardi 6 novembre 2001, la Réserve fédérale américaine (banque centrale) annonce qu’elle ramène le taux bancaire à 2 % et le 12 décembre à 1,75 %. Quant aux industriels de l’automobile, ils proposent des taux zéro pour vendre leur surproduction (8). Selon la presse, rien que pendant le mois de novembre, 415 000 emplois ont disparu, portant le taux de chômage des Etats-Unis de 4,9 % à 5,4%, le même qu’au Japon.
Le Japon vers la dépression
Le Japon tente de sortir de la récession au prix d’un accroissement de faillites (plus de 21,5 % en un an, la plus spectaculaire ayant été celle de la chaîne des grands magasins Sogo) et d’une hausse du taux de chômage. La reprise de l’économie japonaise pourrait tourner court, prévient le ministre de la planification, Taichi Sakaiya. Les dépenses publiques vont fléchir et la consommation va rester atone, a-t-il expliqué. La production industrielle a reculé de 0,9 % en juillet 2000. Le gonflement continu de la dette (132 % du PIB) devient limite. A noter que l’économie nippone représente 15 % du PIB mondial et que son budget militaire est le deuxième de la planète.
Les deux grandes faillites d’assureur-vie, laissent une dette respective de 3 500 milliards de yens et 4 600 pour Chiyoda Mutual Life. Nippon Shinpan, le numéro un des cartes de crédit japonais, est au bord de la faillite et réclame à ses créanciers 500 milliards de yens. La destruction de capital au Japon est très importante - 13 000 milliards de yens actuellement, soit 932 milliards de francs (même si le taux de croissance est revu à la hausse : 2 %.)
Nous voyons qu’un des principaux bastions productifs du capitalisme mondial est mal en point, et la hausse des produits énergétiques ne va pas arranger ce pays très dépendant (progression plus rapide des importations, +16 %, que des exportations, +8,6%).
Fin janvier 2001, le Japon a désigné un nouveau ministre de l’économie, Monsieur Taro Aso, qui par ses déclarations indique l’état réel de la crise : « Le temps où le Japon dépendait des grands chantiers publics, de la politique du taux zéro [abandonnée en août par la banque du Japon] et des injections de fonds publics est fini » (La Tribune, 24 janvier 2001).
Les financiers indiquent qu’il ne viendront plus au secours de l’économie, ils vont « laisser faire » la grande dégringolade, même la banque du Japon ne bougera plus. La suppression des taux zéro ne tiendra pas longtemps. Le Japon, qui s’achemine vers sa quatrième récession (l’investissement productif a chuté de 2,8 % en novembre 2001), a été contraint de revenir au taux zéro. La publication, le 28 septembre 2001, du rapport Tankan de la Banque du Japon a sanctifié le déclin de l’économie japonaise. « Ce n’est plus une récession, c’est une dépression », déclarait la banque britannique HSBC. En octobre 2001, la presse indiquait que le nombre de faillites d’entreprises continuait de progresser de 11,7 % sur un an.
La grande menace qui pèse en cette fin 2001, c’est une dévaluation du yen. « Mais pour qu’elle ranime l’activité, la baisse du yen devrait au moins atteindre 40 % (9) », précise Robert Feldman, chef économiste chez Morgan Stanley à Tokyo. Une forte dévaluation du yen atteindrait de plein fouet la sidérurgie américaine et son industrie automobile, elle ruinerait les géants coréens et taïwanais de l’électronique. Sur qui faire retomber la charge de la crise ? Tel est le jeu macabre du capital.
glissement annuel (%) | 2e trim. 2000 | 2e trim.2001 |
Etats -Unis | 5.2 | 6.5 | 1.2 | -2.2 |
Zone euro | 3.2 | 5.1 | 1.8 | 0.1 |
Japon | 0.1 | 6.9 | -0.8 | -5.6 |
L’Europe occidentale
Comme toujours, en apparence, tout allait bien en Europe fin 2000-début 2001, mais la baisse de l’euro (fuite de 200 milliards de capitaux depuis 1999) et son impact sur les compagnies américaines avaient fait fortement reculer les Bourses mondiales. Dans toute l’Europe, l’inflation renaissait de ses cendres : 3,2 % en moyenne.
Depuis, ce ne sont plus seulement les marchés boursiers qui chutent, c’est aussi l’économie réelle, les licenciements collectifs se multiplient : environ 300 000 licenciements. Le numéro un européen de la chimie BASF va fermer 10 sites et 14 usines dans le monde, et tout le secteur des nouvelles technologies annonce qu’il va devoir réduire de 30 % son personnel. Début octobre, Nortel annonçait 20 000 suppressions d’emplois en plus des 30 000 du printemps, soit une chute de 50 % de ses effectif depuis le début de 2001 ; et Lucent Technologies liquide 50 000 emplois sur 100 000. Le secteur des microprocesseurs est en pleine crise (10), le secteur aéronautique-aérien fait la une des médias ; les compagnies américaines parlent de 100 000 licenciements. En Europe et dans les autres pays, le bal infernal des licenciements se poursuit : Alcatel, après avoir mis en œuvre la suppression de 23 000 emplois depuis le début de 2001, annonce une nouvelle fournée de 10 000 suppressions d’emplois en Europe. Dans les transports aériens, c’est la catastrophe : chez British Air (5 000 licenciements), la compagnie hollandaise KLM (2 500, et 12 000 en chômage technique), Swissair et sa filiale Sabena (toutes deux en faillite en novembre), l’espagnole Iberia (2 500 suppressions d’emplois en novembre).
En cette fin 2001, la croissance est revue à la baisse dans toute l’Europe (où l’inflation culminait à 3,4 % en mai) : au Portugal, la banque centrale tablait sur 2,5 % de croissance, elle ne dépassera pas 1,5 %, l’Allemagne est entrée en récession (c’est-à-dire qu’elle a connu deux trimestres de suite de croissance négative) et voit sa production industrielle chuter de 2 %, pendant que sa force militaire fait la queue aux portes de l’Afghanistan pour s’ouvrir des marchés. La Grande-Bretagne ne résiste à la récession qu’au prix d’un accroissement du chômage, tout comme l’Espagne où le taux des demandeurs d’emplois était de 9,11 % en octobre 2001, contre 8,81 % en septembre. La Finlande est en fin de boom (croissance + 0,5%), l’Autriche, la Belgique, la Norvège, le Danemark, vont bientôt décrocher eux aussi.
En France, la presse était optimiste. Le bimensuel L’Expansion du 12 octobre 2000 indiquait que les capacités de production sont saturées ; dans l’industrie manufacturière, les usines tournent déjà à 87,5 % de leurs capacités, dans l’industrie automobile, à 95,8 %. Fin 2001, Renault est contraint d’arrêter ses usines de Curitiba (Brésil) et de Cordoba (Argentine) du 3 décembre 2001 au 26 janvier 2002. La croissance française se limiterait à 1,6 % en 2002 contre 2,1 % initialement prévus.
L’année 2000 aura été l’achèvement de la mise à plat de toutes les conventions collectives ; toutes ont été revues à la baisse. La loi Aubry sur les 35 heures a permis d’introduire la flexibilité totale du temps de travail et le patronat français à enfin le pouvoir de bientôt faire tourner ses entreprises 24 heures sur 24, jours fériés et week-ends compris ; il s’attaque en ce moment à la retraite, qu’il veut repousser à 68 ans. Pour rentabiliser les entreprises, l’Etat les aide le plus possible : le coût du travail baisse par le biais des prélèvements directs d’impôts sur les salaires, les retraites, les indemnités des chômeurs (CSG, CRDS c’est-à-dire 8,5 % du salaire brut environ) et des ristournes de l’Etat (11).
A cela il faut ajouter les multitudes de contrats précaires qui par roulement permettent de maintenir un coût du travail extrêmement bas (CDD, temps partiel, contrats de qualification) ces derniers contrats payés à un pourcentage du SMIC qui va de 30 % à 75 % en plus de l’exonération des cotisations patronales de Sécurité sociale, les employeurs passent encore à la caisse de l’Etat providence ils touchent une prime de 5 000 F à 24 000 F selon l’ancienneté dans le chômage..
Le patronat français vient de faire passer sa politique de travail obligatoire, politique qui se veut humaniste mais qui en fait n’est que la fameuse dictature de la valeur toujours utilisée sous le vocable « qui ne travaille pas ne mange pas ». La France va de nouveau connaître le STO ou ses « samedis communistes ». Le principal c’est de relancer, la compétition des travailleurs entre eux à l’échelle mondiale, d’ou la nécessité d’ouvrir les frontières et pas seulement pour de la main-d’œuvre.
La Chine entre dans l’OMC
En entrant dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Chine va concurrencer d’un coup tous les pays de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) au moment même ou il y a une crise des semi-conducteurs (les prix chutent depuis le mois de septembre 2000, certains en dessous du coût de production). Le Japon, dont nous venons de voir les difficultés, cherche à resserrer ses liens avec la Chine. Le premier ministre chinois Zhu Rongji a passé début octobre 2000 six jours au Japon. Le capital japonais et l’américain sont cette fois sur le même terrain de chasse. Le Japon est déjà le premier partenaire commercial de la Chine.
La Chine va émettre pour 150 milliards de yuans (18 milliards de dollars) de bons du Trésor pour stimuler encore son économie. Elle compte procéder à la rationalisation de sa production d’acier (elle est le premier producteur mondial), sacrifiant 5 millions d’emplois. Le combat risque d’être très rude puisque les numéros deux et trois de la sidérurgie mondiale viennent de passer un accord de coopération (Nippon Steel et Usinor) pour relever le défi de la mondialisation. Nous verrons comment le prolétariat chinois va réagir aux prévisions de suppressions d’emploi.
L’Asie depuis la fin novembre 2000, et plus particulièrement depuis le sommet des dirigeants de l’ASEAN et de Chine, Corée du Sud et Japon, cherche à constituer une association de libre-échange (ALEA) élargie, ainsi qu’une zone d’investissement asiatique (ZIA) et réaliser de grands projets de développement régional. Tout comme la constitution de l’Europe, le projet asiatique se présente comme un véritable barrage aux projets américains sur la région. Mais plus ambitieux encore sont les projets de Fonds monétaire asiatique (FMA) et d’Initiative de Chiang Mai (ICM) de soutien aux monnaies nationales contre les attaques spéculatives.
L’Asie de l’Est, la croissance des illusions
A l’exception de la Chine et de l’Inde, tous les pays asiatiques sont affectés par la récession américaine. Les 4 « tigres » connaissent une croissance de 8 %, ce qui est assez spectaculaire, mais ils sont repartis de très bas (- 2.3% en 1998). Dernièrement on assiste à un ralentissement de ces économies avec une défiance pour leurs devises. La crise asiatique a permis aux capitaux étrangers les plus puissants de pénétrer en force l’industrie automobile. Exemples : GM (General Motors), premier constructeur automobile mondial, renforce sa présence en Asie. Il va doubler sa présence dans Suzuki (Japon 10 %), il détient déjà 49 % d’Isuzu (Japon) et 20 % de Fuji Heavy. Ford, qui devait reprendre Daewoo, se retire, et GM tente de négocier. Renault a mis la main sur Samsung Motor et ses installations ultramodernes de Pusan (Corée du Sud 70,1%) et sur Nissan (Japon 36,8%), Daimler-Chrysler (Allemagne) a 34 % de Mitsubichi Motors (Japon) et 10 % de Hyundai Motor (Corée du Sud).
Le retour à la croissance des pays les plus frappés par la crise de 1997 ne va pas faire illusion longtemps. L’assainissement financier est très lent. En Indonésie, en Thaïlande et en Corée du Sud, les mauvais crédits dépassent encore les 20 %, les surcapacités de production ne se résorbent pas. En Corée du sud, 52 groupes ont été déclarés en faillite en novembre 2000. Dean Witter, économiste de Morgan Stanley à Séoul, déclarait : « La dette des chaebols (les conglomérats) dépasse encore une année de production nationale, et la persistance des participations croisées multiplie les risques de faillites en chaîne ». Et, comme toujours, les dettes des capitalistes deviennent des dettes nationales et les dettes nationales des hausses d’impôts : plus 10 % pour l’an 2001. « La dette publique, en d’autres termes l’aliénation de l’Etat, qu’il soit despotique, constitutionnel ou républicain, marque de son empreinte l’ère capitaliste. La seule partie de la soi-disant richesse nationale qui entre réellement dans la possession collective des peuples modernes, c’est leur dette publique. » (K. Marx, Le Capital, t. I., Ed. de Moscou, p. 721.)
L’Etat sud-coréen injectait, fin 2000, 4 130 milliards de wons (22,4 milliards de francs) dans six banques défaillantes après l’engagement de procéder à des licenciements (75 000 emplois). Le gouvernement prévoit même une rallonge de 3 000 milliards de wons (16,3 milliards de francs) courant 2001. Le personnel des banques Kookmin Bank et Housing and Commercial Bank étaient en grève avec occupation des locaux ; la poursuite de la grève a poussé quelque 3 000 policiers anti-émeute à demander des renforts. Des hélicoptères ont patrouillé, exhortant les manifestants à mettre fin à leur grève qui paralyse un tiers du marché de la banque de détail du pays. Le KFTU menace de généraliser la grève à toutes les banques.
La dévalorisation financière de la nouvelle économie va avoir des répercutions directes sur les économies de l’Asie de l’Est qui est l’usine mondiale de la nouvelle économie (neuf circuits intégrés sur dix et six écrans à cristaux liquides sur dix y sont fabriqués). La hausse du prix du pétrole n’arrangera rien pour la Corée du Sud. Seules la Malaisie et l’Indonésie sont exportatrices nettes.
L’Asie du Sud
L’Asie du Sud totalise 22,3 % de la population mondiale. Cela fait maintenant trois ans que cette zone affiche les meilleurs taux de croissance du monde (c’est la vitrine). De l’autre côté, le sous-continent indien bat le record de pauvreté ; la création de richesse par habitant y est la plus faible du monde. Si la croissance moyenne de ces pays est de l’ordre de 6 % en 2000, une bonne partie est le résultat du boom des technologies de l’information. L’Inde est le leader incontesté de la production de logiciels, et les exportations des technologies de l’information progressent de 50 % par an. Dewang Mehta (président de l’association nationale des logiciels et de compagnies de services) prédit que l’industrie informatique atteindra un chiffre d’affaire de 87 milliards de dollars d’ici à 2008, soit 20 % de la production annuelle du pays. En fait, si nous gommons cette industrie, il y a un ralentissement de l’activité industrielle, comme aux Etats-Unis. Nous voyons que l’économie indienne, qui manque terriblement d’infrastructures (ferroviaires, routières, électriques...) va elle aussi mettre le genou à terre et offrir aux capitaux en jachère les privatisations qu’ils attendent (construction automobile Maruti, pétrochimie, phosphates...)
Au Pakistan, comme partout ailleurs, le programme libéral capitalistique ne fait qu’engendrer un peu plus la misère, l’inflation et la dette extérieure (40 % de la population en dessous du seuil de pauvreté). Quant au Bangladesh, il fait de plus en plus figure d’usine textile de la planète. La mondialisation, c’est de plus en plus la division internationale du travail comme contre-tendance à la baisse du taux de profit. Comme nous venons de le voir, l’Inde alimente le monde entier en capital constant informatique à bas prix, le Bangladesh livre son textile à bas prix et permet de bloquer ou de baisser le pouvoir d’achat des salariés tout en leur permettant de s’acheter autant de vêtements et autres qu’avant. En revanche, les accords multifibres qui protégeaient l’Europe de cette concurrence tombent, et l’industrie textile d’Europe ferme ses portes. Le problème semble résolu d’un côté mais il va renaître plus fort de l’autre... L’Afghanistan est ravagé par des années de guerres.
La Russie entre ombre et lumière
En apparence, des succès comptables ont été remportés par l’Etat, le déficit budgétaire a reculé passant de 6,7 % en 1997 à 4,9 % en 1998 et 2,3 % en 1999. Les dépenses publiques sont de nouveau en hausse, on parle même d’augmenter les fonctionnaires de 10 %. Le budget de la défense est le mieux servi : +50 % en l’an 2000. En 2001, il passe à 218,9 milliards de roubles (7,3 milliards de dollars). La rente pétrolière vient à point pour redonner un peu de souffle comptable à la Russie. Le PIB a augmenté de 7,6 % et la production industrielle de 9 % (2000). Et fin décembre 2001 la Russie de Poutine remboursait intégralement son emprunt de 1996.
Cependant l’appareil de production russe est complètement obsolète et il devra laisser le champ libre aux investissements directs étrangers. Le ministère russe de l’économie évalue à 2 500 milliards de dollars le montant nécessaire sur vingt-cinq ans, dont le quart devrait venir d’investissements étrangers. A en juger par les faits, entre 1992 et 1998 il n’y a eu qu’une douzaine de milliards de dollars d’investissements en Russie. Selon le ministre russe des finances, Alexeï Koudrine, la croissance économique devrait atteindre 4 % en 2001 et permettre en quatre ans d’augmenter le revenu disponible des Russes de 25 %. Plus de 40 millions de Russes vivent sous le seuil de pauvreté, soit 27,2 % de la population.
Comme nous le disions en 1999, la Russie est déçue de l’Occident. Le bombardement de la Yougoslavie et le soutien de l’OTAN aux Tchétchènes va la conduire à renouer des liens avec ses anciens alliés (12). La Russie ne veut pas que ses richesses énergétiques tombent sous la coupe des Etats-Unis. Car Washington fait tout pour mettre la main sur les gigantesques réserves de pétrole, de gaz et de minerais du Caucase et de la Sibérie. La Russie de Poutine compte bien retrouver son pouvoir en dominant la zone économique de la CEI (13), y compris en utilisant sa force armée.
Les Echos du 27 décembre 2000 indiquaient que « les commandes d’armements de l’Etat russe vont plus que doubler l’an prochain, augmentant de 135 % par rapport à celles de l’année 2000 ». La presse financière s’inquiète du risque politique de cette décision sur le cours des grands métaux industriels (nickel, étain, cuivre, palladium). « Les Russes se préparent à relancer une industrie d’armement très gourmande en métaux de base » (La Tribune du 17 février 2000). Certains spécialistes considèrent que le programme russe pourrait réduire de 65 % les disponibilités de métal russe à l’exportation.. Les Japonais ont passé un accord de livraison sur le long terme de palladium avec le géant minier russe Norilsk ; le cours du palladium est passé en dix jours de 600 dollars l’once à 965 dollars. Le même phénomène va se produire pour les autres métaux : platine et cuivre... d’autant que l’Indonésie ne sera pas en mesure de compenser cette déficience.
L’Etat russe reprend en main la situation économique et Vladimir Poutine veut « une stratégie de développement de l’Etat russe jusqu’en 2010 », notamment par des accords avec les pays asiatiques et l’Europe occidentale (14). Lors du sommet de l’APEC, Poutine a proposé aux pays asiatiques une collaboration dans plusieurs domaines, notamment : projets de transports à grande échelle (15), coopération technologique et de développement conjoint de la Sibérie en relation avec la récente percée de la Russie et l’Europe continentale, centrée sur les accords de « pétrole et gaz contre technologie ». Il a évoqué de grands projets énergétiques : « Pont énergétique entre la Russie et le Japon via Sakhaline, des gazoducs entre la région de Tomsk et la Chine occidentale, ainsi qu’entre Irkoustsk et la Chine orientale, se prolongeant vers les Corées du Nord et du Sud. » La Russie va jusqu’à favoriser l’accès des pays asiatiques aux technologies de pointe en matière aérospatiale ou de machine-outil.
Le président chinois Jiang Zemin s’est rendu à Moscou afin d’y signer, le 16 juillet, avec le président russe Poutine, un traité d’amitié et de bon voisinage. Une volonté de voir émerger un monde multipolaire où l’influence américaine ne resterait pas sans contrepoids (Le Monde du 17 juillet 2001).
Le New York Times (17 juillet 2001) résume le traité en ces termes : « Ils s’engagent à s’opposer ensemble au système de sécurité internationale que les Etats-Unis veulent mettre en place ; il les unit dans leur opposition aux plans de missiles américains et lie la Russie encore plus solidement à la revendication chinoise de souveraineté sur Taiwan ; il renforce la coopération militaire entre Pékin et Moscou tout en condamnant l’intervention de l’Otan dans les Balkans en 1999 (16). »
La Russie adhère au front anti-terroriste uniquement pour contraindre les Etats-Unis à respecter le rôle institutionnel de l’ONU et du Conseil de sécurité, dont la Chine et la Russie sont membres permanents. Dans le conflit de l’Afghanistan, les troupes russes n’interviendront que sur la demande des Nations-Unies, a encore déclaré Sergei Ivanov, le ministre de la Défense russe. Ce conflit fait de plus en plus penser au partage de la Pologne ; il faut bien se rendre compte, que petit à petit, les Etats-Unis cherchent à encercler la zone Eurasie, pour empêcher sa consolidation.
Les pays d’Europe centrale
En Europe centrale, la progression du PIB sera probablement en 2002 inférieure à celle de 2001. Les experts tablent sur une croissance de 2,5 % à 3 % contre 3,5 % à 4 % en 2001 (Bulgarie, Croatie, République tchéque, Pologne, Roumanie). La Hongrie et la Slovaquie se maintiendraient avec une croissance de 3,5 % à 4 %. L’Europe centrale est citée au tableau des bonnes performances, mais à quel prix !
Dans tous ces pays, la « colonisation financière » (17) a balayé les industries nationales. En trois ans (1994-1997), la part du secteur privé dans le PIB est passée en Hongrie de 55 % à 75 %, en République tchèque de 65 % à 75 %, en Roumanie de 35 % à 60 %. Les capitaux les plus puissants au niveau mondial appliquent l’IDE (investissement direct étranger) et bénéficient d’énormes avantages fiscaux et douaniers (exemption d’impôt pendant cinq ans en Roumanie), du droit de rapatrier les bénéfices, de procéder à des restructurations et licenciements. Les multinationales imposent toute une série de règles qui favorisent leur pénétration. En 2000 les IDE ont battu leur record : 27 milliards de dollars investis principalement dans les privatisations.
Les transnationales françaises EDF, GDF, France Télécom, Vivendi (ex-Générale des Eaux), Bouygues, Lafarge, Renault (Roumanie) entrent en force en Europe de l’Est. La Pologne cède 35 % de son opérateur de télécommunications TPSA à France Télécom pour 4,3 milliards de dollars. La Roumanie se fait reprendre par Renault le constructeur automobile Dacia. La Slovaquie lâche Slovak Telecom à Deutsche Telekom en juillet 2000 ; son aciérie géante VSZ passe aux mains de US Steel. L’Ukraine va être contrainte de céder un tiers de son réseau de gazoduc au russe Gazprom pour vingt-cinq ans, au titre du remboursement de la dette. Ce même Gazprom est sur la liste des privatisables qui seront mises aux enchères sur le marché domestique ou international. pour rembourser la dette russe auprès du Club de Paris.. Kiev souhaite restructurer sa dette de 500 millions de dollars auprès du Club de Paris, alors que déjà en mars 2000, c’est plus de 2,5 milliards de dollars de sa dette extérieure qui avaient été restructurés (le montant total de la dette est de 10 milliards de dollars). On peut se demander pourquoi les Occidentaux s’intéressent de si prés à l’Ukraine et pourquoi le FMI a débloqué 246 millions de dollars dans le cadre d’un prêt élargi d’un total de 2,6 milliards de dollars.
Le taux d’inflation de l’Ukraine était de 26 % en 2000. La Pologne, dont la presse vantait le taux de croissance, est dans l’incapacité de faire face au paiement de 600 millions de dollars du Club de Paris. Pour 2001, la croissance est quasi nulle. De plus, la population de la plupart des pays de l’Est, consomme à crédit et dit : « Avant, sous le “communisme”, on avait de l’argent mais les magasins étaient vides ; aujourd’hui les magasins sont pleins mais nous n’avons pas d’argent. » Le taux de chômage est de 12 % en Lituanie, de 14 % en Pologne, de 18 % en Bulgarie, de 19 % en Slovaquie. La situation de l’Union européenne (elle absorbe 70 % des exportations de l’Europe centrale) aura fatalement des répercussions négatives sur cette zone et l’embellie pourrait se transformer en déboires et catastrophe pour les salariés.
Pour conclure
Nous venons de voir comment après les dévalorisations financières en Asie (1997), en Russie (1998), et au Brésil (1999), le contre-coup de la crise est remonté jusqu’au cœur même du système capitaliste (les Etats-Unis). La « nouvelle économie », qui devait provoquer un rebond de l’économie mondiale, termine sa course avec 4 000 milliards de dollars partis en fumée (la moitié du PIB des Etats-Unis). La mondialisation de la récession est au rendez-vous. Au moment ou j’écris ces lignes, la presse reconnaît que la croissance globale sera voisine de 1 %, et moins pour la France et la zone euro. Les Etats-Unis et l’Allemagne seront en croissance zéro et le Japon en dépression avec -2%. Quant aux pays de la périphérie, certains sont déjà en situation de faillite, où pré-faillite (l’Argentine, la Turquie, Le Liban, Le Brésil, la Thaïlande et les Philippines). La situation est telle que le FMI envisage de définir le « risque souverain » dans un cadre légal pour gérer la débâcle.
Cette situation va donner un véritable coup de fouet à la lutte des classes, tout d’abord sous la forme de révoltes spontanées (comme nous venons de le voir en Argentine avec les pillages de magasins), ensuite sous la forme d’une véritable contagion vers les pays où la population n’a plus rien à perdre, et enfin dans les pays du centre où le chômage et les liquidations d’emplois pousseront à la riposte généralisée contre l’insécurité sociale.
L’année 2002 ne sera certainement pas une année de paix sociale, et les dirigeants de ce monde en sont parfaitement conscients, c’est pourquoi à la faveur des attentats du 11 septembre contre le Pentagone à Washington et le World Trade Center à New York, ils viennent de lancer une opération sécuritaire (18) de grande envergure dans le monde, contre le réseau Ben Laden et ses complices...
Pour nous, cette opération aura surtout pour conséquences de renforcer et d’entraîner dans le réel les forces de l’ordre à des opérations d’intervention et de contrôle qui ciblent surtout les prolétaires, la campagne « anti-terroriste » cherchant à criminaliser les actions de grévistes comme « associations de malfaiteurs », et à justifier les crédits pour le renforcement de la sécurité en s’appuyant sur les classes moyennes. Nous avons d’ailleurs, pu le constater en France, quand les actions illégales des prolétaires de Cellatex et autres ont été condamnées (voir De Cellatex à Moulinex, une explosion de violence sociale ?, ou détournées vers des utopies comme l’autogestion.
Gérard Bad
octobre-décembre 2001
Courriel : echanges.mouvement@laposte.net
NOTES
(1) La raréfaction des sources énergétiques et la croissance ne font pas bon ménage ; les pays du Moyen-Orient et de l’OPEP ont profité (avec l’appui des grandes compagnies pétrolières mondiales occidentales) de la situation pour augmenter leurs prix de manière drastique.
(2) Il n’a même pas fallu attendre trois mois ;début janvier 2001 le Nasdaq plongeait en dessous de 2500 points, et les équipementiers licenciaient massivement.
(3) L’Argentine est incapable de faire face à son échéancier de dette externe. Le Monde du 20 décembre 2000 titrait : « L’Argentine a obtenu un soutien financier international de 39,7 milliards de dollars. Le gouvernement s’engage à réformer la protection sociale et les retraites. » Le gouvernement s’est donc engagé à faire payer le peuple par la « suppression du système étatique des retraites qui devrait réduire de 500 millions les dépenses publiques annuelles, la privatisation d’une partie du recouvrement des impôts ainsi que la dérégulation du système de Sécurité sociale, le contrôle par les syndicats d’une sorte de “refondation sociale” ».
(4) Le Fonds monétaire international (La Tribune du 28 novembre 2001) veut permettre à un Etat victime de surendettement de se mettre en faillite dans un cadre légal, c’est le cas de l’Argentine.
(5) La Turquie vient de prendre le bouillon, l’indice IMBK 100 de la Bourse d’Istanbul a fait une chute spectaculaire en novembre 2000 (de 15 000 points à 7 000). Afin d’éviter une dévaluation de la livre turque (l’inflation voisine les 40 %) et de contaminer toute l’Europe émergente, la banque centrale turque a dû remonter ses taux d’intérêts à 1 700 % et injecter plusieurs milliards de dollars de liquidités. Comme en Corée du Sud, le gouvernement se retourne contre ceux qui travaillent : hausse des impôts, accélération des privatisations et « aides » du FMI et de la Banque mondiale.
(6) Patrick Artus donne, pour 1998, une idée de la proportion de la high-tech :« La contribution de l’investissement en nouvelles technologies à la croissance de l’investissement a été de 7,8 % (sur une progression de l’investissement de 12 %), soit une contribution à la croissance du PIB de 1,9 % (sur 3,9 %) » (Patrick Artus, Etats-Unis : menace sur la croissance mondiale, CDC Marchés, pp. 17-18).
(7) Proudhon voulait instaurer une « banque du peuple » dispensant le « crédit gratuit » qui permettrait aux ouvriers d’acquérir les moyens de production. Trois pays pratiquent le taux zéro : le Japon, l’industrie automobile des Etats-Unis, la Suisse.
(8) La Tribune du 14 novembre 2001, p. 13.
(9) Le 27 décembre 2001, il fallait 132 yens pour un dollar, la monnaie japonaise, est de 15 % plus basse depuis septembre. En 1998 le yen avait reflué jusqu’à 147, aujourd’hui pour relancer les exportations il faudrait un yen à 170 yen pour un dollar.
(10) Le japonais NEC, deuxième producteur mondial de semi-conducteurs, planifie 14 000 suppressions d’emplois par départs en préretraite des salariés âgés de 45 à 50 ans,. Les effectifs ont été réduits de 7 900 en 2001 (5,3 % des effectifs) (La Tribune du 9 novembre 2001).
(11) Chaque entreprise qui introduit les 35 heures et embauche a droit à une ristourne (pendant cinq ans) sur tous les salaires de l’entreprise (Journal officiel du 29 mars 2000).
(12) L’ONU a voté, par 167 voix contre 3, une résolution pour mettre fin au blocus de Cuba. La Russie a salué ce vote. Il s’agit pour elle « d’un signal de la communauté internationale sur la nécessité de mettre fin à cet embargo, un vestige de la guerre froide, qui ne s’inscrit pas dans les réalités du xxie siècle ». (La Tribune du 30 novembre 2001.)
(13) Au sommet de la CEI du 30 novembre 2001, le président du Kazakhstan a annoncé qu’il avait proposé à Vladimir Poutine de créer une organisation analogue à celle de l’OPEP au sein de la CEI, et il a suggéré au Turkménistan, à l’Ouzbékistan et à l’Azerbaïdjan d’adhérer à cette alliance.
(14) Parlant de la demande d’adhésion de la Russie à l’OMC, G. Deliaguine, qui dirige l’Institut des problèmes de globalisation dans la capitale russe, dit que l’adhésion à l’OMC « vise à réorienter la Russie vers l’Europe, afin que notre pays ne soit pas trop proche des Etats-Unis et de la Chine ».
(15) Poutine précise ses objectifs : le chemin de fer transsibérien représente la ligne la plus courte et la plus pratique « de Yokohama à Rotterdam ».
(16) En avril 1996, Boris Eltsine et Jiang Zemin signaient un pacte militaire, sans les Occidentaux ni le Japon, avec trois pays d’Asie centrale : Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan (Etat frontalier avec la Chine et la Russie).
(17) La banque est le secteur le plus dominé par les Occidentaux. Des groupes bancaires allemands surtout, mais aussi autrichiens, britanniques, italiens, américains et français, se sont emparés de la majeure partie du marché bancaire des pays de l’Est (voir Les Echos du 12 décembre 2001).
(18) « La sûreté est le plus haut concept social de la société bourgeoise, le concept de la police, c’est l’idée que la société tout entière n’existe que pour garantir à chacun de ses membres la conservation de sa personne, de ses droits et de la propriété. » Marx, La Question juive.