mondialisme.org

Cessez de nous coller l’étiquette de « musulmans » !

jeudi 26 avril 2007

Le discours ci-dessous de Mina Ahadi a été prononcé à Londres le 8 mars 2007 lors d’une réunion sur les droits des femmes, le hijab et les lois religieuses.

Je voudrais vous parler aujourd’hui d’une campagne qui a eu beaucoup d’écho en Allemagne au cours des dernières semaines. J’habite en Allemagne depuis onze ans. J’ai été interviewée pour la première fois sur la lapidation par la télévision nationale allemande il y a sept ans. Quand je suis revenue chez moi, j’ai regardé l’interview et j’ai découvert qu’ils m’avaient présentée comme « Mina Ahadi, une femme musulmane ». J’ai immédiatement appelé la chaîne pour me plaindre. Je leur ai demandé si, lorsqu’une femme politique ou la porte-parole d’une organisation allemande était interviewée, ils la présentaient comme une « femme chrétienne » ? Non seulement moi-même, mais trois millions et demi de personnes originaires d’Iran, d’Irak, d’Afghanistan, etc., sont étiquettées comme « musulmanes ».

Une autre fois, pendant le scandale à propos des caricatures de Mahomet, j’ai vu un homme barbu déclarer, dans une interview, que les 3,5 millions de musulmans vivant en Allemagne avaient été « offensés » par les caricatures. En Allemagne, les organisations islamiques considèrent qu’elles représentent 3,5 millions de musulmans, dont je suis censée faire partie, et le gouvernement leur accorde ce droit, lui aussi. Je me suis battue contre les politiques du gouvernement allemand et des organisations islamiques et j’ai mené de nombreuses campagnes ; les médias et les politiciens nous connaissent. Mais au bout d’un moment je me suis rendu compte qu’il fallait lancer une campagne qui prendrait en compte toutes les questions différentes pour lesquelles j’avais milité auparavant.

Je me suis placée au centre de la société et j’ai déclaré : « Je ne suis pas une musulmane. » J’ai invité ceux qui voulaient, de façon provocatrice, manifester leur opposition à l’Islam et à la politique du gouvernement allemand à dire : « Je me suis détourné de la religion » et à joindre une photo. En 1971, s’est déroulée une campagne en faveur du droit à l’avortement durant laquelle les femmes qui avaient avorté sont apparues publiquement avec leur photo et ont déclaré : « J’ai eu un avortement. » Trois cents d’entre nous ont déjà brandi leur photo en disant : « Nous nous sommes détournés de la religion. » L’annonce de notre action collective a eu l’effet d’une bombe dans la société allemande. 110 représentants des médias sont venus à notre conférence de presse, y compris ceux de Reuters, de la BBC, de CNN, etc. Nous avons expliqué que nous représentions une autre politique. Nous sommes contre la division du monde entre des pays « islamiques » et des pays « non islamiques ». Nous dénonçons le fait que tous ceux qui ont quitté des pays dévastés par l’Islam soient étiquettés comme « musulmans » ou le fait qu’être « musulman » soit leur caractéristique la plus importante. Lors de la conférence de presse, j’ai dit qu’on nous a collé beaucoup d’étiquettes et qu’à mon tour j’aimerais coller une étiquette sur les organisations islamiques - « périmées ».

Aujourd’hui je suis venu pour dire que notre campagne a reçu le soutien sans précédent d’innombrables personnes. Je reçois 250-300 lettres par jour - la plupart me félicitent et me trouvent courageuses. 3% m’annoncent qu’elles me tueront avec le poison de Dieu. Le magazine Focus a publié ma photo et une interview dans laquelle je déclarais que j’étais né dans une famille musulmane par accident et que j’avais 14 ans quand j’avais rejeté l’Islam. Trois heures plus tard, les policiers allemands sonnaient à ma porte pour m’annoncer qu’ils devaient assurer ma protection parce que les islamistes avaient menacé de me tuer.

L’islam politique est un mouvement international et l’assassinat l’un de ses moyens importants. Les gens me demandent si je n’ai pas peur d’attaquer publiquement les islamistes. Je connais très bien ce mouvement. Nous avons mis à genoux les dirigeants de ce mouvement en Iran. Khomeini et les chefs du régime islamique m’ont condamnée à mort il y a 28 ans. Mais aujourd’hui je dis que, dans quelques années, si nous restons silencieux, ils lapideront des femmes dans les rues de l’Allemagne et de l’Angleterre. Les gouvernements allemands, britanniques et européens se compromettent avec les groupes islamiques. Ils organisent des conférences avec des organisations terroristes au sujet de la façon d’intégrer des personnes comme nous dans la société. Quand ils nous collent l’étiquette de « musulmans » et nous mettent tous dans le même sac, ils transforment les dirigeants des organisations islamiques en nos dirigeants et leur laissent le soin de nous « intégrer ».

En Europe on entend seulement deux versions à propos du voile, celle des politiciens et celle des groupes islamiques. Nous nous sommes levés et nous voulons maintenant faire en sorte que l’on entende des gens comme Maryam Namazie, par exemple. Elle a une autre politique à proposer. Nous sommes pour l’universalité des droits de l’homme. Nous pensons que l’affiliation religieuse n’est l’identité principale de personne en ce siècle. Tous les êtres humains ont le droit d’être libres, prospères, d’aimer et d’être aimés au XXIe siècle. Nous ne laisserons pas des gouvernements, de concert avec les islamistes, violer les droits des enfants, des femmes et des hommes qui ont quitté les pays dévastés par l’Islam. Nous représentons une nouvelle Renaissance en Europe. Nous défendons la laïcité. Nous défendons la liberté d’expression et la liberté de parole. En Allemagne, on a annulé la représentation d’une pièce de théâtre à cause de sa critique de l’Islam. Au cours des deux dernières semaines, j’ai pu constater que le vaste soutien que nous avons reçu représente s’étend à l’échelle internationale. Aux côtés de personnes du monde entier, nous disons : « Stop. Trop c’est trop. » Nous luttons contre l’islam politique, contre la tolérance et le multiculturalisme prônés par les gouvernements occidentaux, contre les tentatives de dépeindre l’islam politique et sa politique inhumaine comme une culture du peuple. Nous défendons l’universalité des droits humains. J’espère que ce type d’organisation va se créer dans plusieurs pays et que ce mouvement deviendra international afin de repousser l’Islam politique.

Mina Ahadi a fondé le Conseil central des ex-musulmans et est membre du Bureau politique du Parti communiste-ouvrier d’Iran.

Mina Ahadi (PCOI)

**************************************

Aucune religion n’est réformable

Mina Ahadi, fondatrice du Conseil central des ex-musulmans, s’est entretenue avec DW-WORLD.DE au sujet des objectifs de son organisation, de l’approche de l’Allemagne face à la communauté musulmane et de l’impossibilité de réformer l’islam.

Vous avez fondé le Conseil central des ex-musulmans avec 30 autres personnes. Comment cette idée vous est-elle venue, et quels sont vos objectifs ?

Actuellement nous sommes 150. Il y a 20 jours, nous étions seulement 30. Pendant environ une année, nous avons rencontré diverses organisations de défense des droits de l’homme, comme la Ligue internationale des non-religieux et des athées.

Nous avons toujours essayé d’avoir une démarche unitaire afin de parler d’une seule voix quand des sujets comme les crimes d’« honneur », le port du hijab ou les cours de religion ont été soulevés en Allemagne. Nous avons essayé de présenter notre position, mais nous avons eu très peu d’occasions de le faire. Les médias ne nous ont pas pris au sérieux.

Il existe un stéréotype selon lequel tous les gens originaires d’Iran, de Turquie, etc., seraient tous les mêmes et tous musulmans. Nous avons donc décidé de trouver une manière de présenter nos idées qui soit provocatrice et obtienne l’attention des médias, parce que nous ne soutenons ni la politique du gouvernement allemand ni celle des organisations musulmanes.

Vous avez des objectifs politiques ?

Nous brandissons une banderole qui affirme : « Stop ! Pas en notre nom ! » Nous ne croyons pas que les organisations musulmanes représentent les citoyens originaires d’Iran, de Turquie, d’Irak, etc. Ce sont ces organisations elles-mêmes qui constituent le problème. Elles représentent l’islam politique en Allemagne.

Deuxièmement, nous ne pensons pas que le gouvernement allemand doive entamer la moindre démarche en direction des organisations musulmanes. Si vous les étudiez attentivement, vous découvrirez que ces organisations prônent une politique de séparation entre les « autochtones » et les « étrangers », les « musulmans » et les « non-musulmans ». Ils disent que les musulmans et l’islam sont uniques. Ils défendent la charia, une loi hostile aux femmes, et favorable au port du hijab pour les enfants, aux cours de religion, et aux crimes d’« honneur » en Allemagne.

Ces organisations ne peuvent pas parler de l’intégration. L’intégration signifie que les hommes et les femmes sont des individus libres et devraient avoir une chance de rester et vivre ici - indépendamment du pays d’où ils viennent, de leur religion ou de leur couleur de peau.

Pour ces organisations, l’identité principale des êtres humains est l’identité religieuse, et une telle conception va dans une direction opposée à l’intégration.

Est-il nécessaire de rejeter l’islam pour soutenir la lutte de votre organisation ?

D’un côté, il y a l’islam politique, dont l’existence justifie notre revendication politique : les organisations musulmanes ne doivent pas s’impliquer pas dans la vie politique ou la vie quotidienne des individus.

De l’autre, il y a la religion elle-même. Nous croyons que beaucoup de personnes dans les pays européens sont parvenues à avoir un esprit critique et à replacer la religion dans la sphère privée et à ne pas en faire une question politique. Je ne pense pas que l’Allemagne soit un Etat purement laïque. L’Eglise et l’Etat sont tout à fait séparés ici, même si je critique beaucoup la religion en Allemagne.

Notre organisation cherche à faire comprendre aux gens qu’ils n’ont pas besoin de la religion pour être heureux en ce monde, et que la religion peut théoriquement être une contrainte. Nous nous sommes détournés de la religion et de l’islam parce que l’islam est très problématique et que ce mouvement se mêle de nos vies et des questions politiques. C’est pourquoi nous avons décidé de prendre ce chemin et d’être provocateurs, et nous avons réussi.

Vous avez dit que vous ne voulez pas que le gouvernement allemand s’assoie à la même table que le Conseil central des musulmans. Mais le Conseil central représente trois millions de musulmans, et vous n’en représentez que 150.

Mais c’est seulement le commencement. Et personne en Allemagne n’a fait de sondage pour découvrir combien de gens se sentent représentés par le Conseil central des musulmans. À l’avenir, je voudrais savoir combien de personnes sont d’accord avec le Conseil central. Nous représentons les non-religieux - tous ceux qui ne s’identifient pas au Conseil central.

Avez-vous peur des extrémistes islamiques ?

J’ai une longue expérience de ces gens-là. J’ai eu pendant longtemps des problèmes avec les organisations islamiques. En Iran, j’ai été condamnée à mort - et la sentence est encore valable. Maintenant une seconde sentence de mort pèse sur moi parce que j’ai appelé les gens à exprimer leur approbation ou leur désapprobation vis-à-vis du Conseil central.

On ne doit pas se laisser intimider, même si ces organisations ont beaucoup de pouvoir. La terreur est un instrument très important de ces organisations. Mais des millions de gens les critiquent en Iran, en Turquie, en Arabie Saoudite, au Soudan, en Egypte et en Allemagne.

Êtes-vous contre toutes les religions, ou juste contre l’islam ?

Je suis contre toutes les religions.

Mina Ahadi

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0