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Allemagne

Les luttes des ouvriers du bâtiment de Berlin (Echanges n° 80 (juillet-décembre 1995).

samedi 21 avril 2007

1 400 000 personnes environ travaillent aujourd’hui en Allemagne dans le bâtiment. Parmi eux, 162 000 immigrants, venus pour la plupart dans les années 60-70, des pays traditionnels d’émigration, mais aussi, après 1989, d’Europe de l’Est, et de l’Ouest, notamment de Grande-Bretagne

Ce texte est paru dans Echanges n° 80 (juillet-décembre 1995).

Quelques informations de base : Crise et expansion

Aujourd’hui, le secteur du bâtiment de Berlin-Brandebourg est à la fois dans une situation d’expansion et de crise. La plupart des entreprises ont une productivité relativement basse et sont souvent lourdement endettées. Ces secteurs du bâtiment et des travaux publics qui dépendent des investissements publics (la construction des routes, par exemple) souffrent des réductions de crédits affectés au développement des infrastructures par les autorités régionales et locales. De plus en plus de sociétés font faillite, particulièrement celles d’Allemagne de l’Est. Souvent, celles qui sont des sous-sous-traitantes sont le plus sévèrement touchées par la concentration du capital.

D’autre part, il y a un boom de la construction à Berlin-Brandebourg et dans l’ensemble de l’Allemagne de l’Est, certainement sans égal en Europe. D’énormes projets nationaux, comme les autoroutes ou de nouvelles lignes ferroviaires, le nouveau quartier des ministères à Berlin (qui va redevenir la capitale fédérale), les gigantesques investissements privés dans des bureaux ou des centres commerciaux, la modernisation des vieux bâtiments de l’Allemagne de l’Est et le boom des maisons individuelles autour de Berlin, concourent à engendrer une croissance annuelle de ce secteur de 40 à 50 %. Quelques chiffres pour l’ancienne RDA : lors de la réunification débutée en 1990, près de 600 000 ouvriers du bâtiment furent licenciés dans cette partie de l’Allemagne, les femmes et les émigrés partant les premiers. Dans beaucoup de secteurs, le boom du bâtiment entraîne un manque de main d’œuvre. Avec, comme conséquence, des salaires relativement élevés dans le secteur bâtiment-travaux publics - presqu’au niveau des salaires équivalents en RFA.

Le nouveau prolétariat

En Allemagne actuelle, environ 1 400 000 personnes travaillent dans le bâtiment avec couverture sociale intégrale (sans compter ceux qui œuvrent dans des métiers subsidiaires).

Parmi eux, 162 000 immigrants. La plupart d’entre eux sont venus dans les années 60-70. La chute du « Mur », en 1989, et l’extension du Marché commun, en 1992, inaugurèrent une recomposition de ce secteur. Plus de 100 000 travailleurs d’Europe de l’Est et un nombre équivalent d’Europe de l’Ouest vinrent travailler « légalement » (avec les papiers officiels) dans cette branche. Selon des chiffres donnés par les associations patronales et le syndicat du bâtiment (IG. Ban Steine Erden), chiffres auxquels on ne peut guère se fier, plusieurs centaines de milliers « d’illégaux » (sans permis) seraient venus les rejoindre.

Ainsi, depuis longtemps déjà, le prolétariat du bâtiment n’est plus guère « national ». Au contraire, aujourd’hui, il est plus « international » que jamais.

Une seule classe ouvrière sur les chantiers ?

Une foule de conditions pour les ouvriers. C’est spécialement vrai à Berlin, la plus grande ville d’Allemagne et un des centres prolétariens. Là, le secteur du bâtiment est un secteur clé. En plus des vieilles communautés d’émigrés (principalement Turcs/Kurdes et Yougoslaves pour Berlin Ouest, Mozambicains et Vietnamiens pour Berlin Est), de nouvelles communautés ont émergé des pays de l’Est européen (principalement Pologne, ex-Yougoslavie, Tchéquie), de l’Ouest de l’Europe (Irlande, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Portugal) et de plus petits groupes de réfugiés d’Afrique et d’Asie. Mais ils ne diffèrent pas seulement d’après leur pays d’origine et leur langue. Ils ont différentes formes de statut légal en terme de résidence et de permis de travail :

• des illégaux totaux au marché noir du travail,

• des résidents « légaux » sans permis de travail,

• des ouvriers sous contrat à durée déterminée ou des saisonniers,

• des « indépendants » ou de faux « indépendants »,

• des bénéficiaires du chômage,

• des ouvriers bénéficiant de plans de « création d’emplois »,

• des équipes de quatre à sept (la normale) professionnels différents travaillant à la tâche ou acceptant jusqu’à 70 heures par semaine, ce qui peut être la norme pour certaines équipes.

En rapport avec cette situation, les salaires peuvent varier de 2 ou 3 DM de l’heure à plus de 30 DM (de 7 ou 10 F à plus de 100 F). La meilleure façon de séparer les ouvriers est l’approche raciste : peu d’Allemands et pas trop d’Européens de l’Ouest travaillent pour moins de 10 DM (35 F), alors que seulement quelques réfugiés ou Européens de l’Est gagnent plus de 70 F. Cette division se retrouve quant aux conditions d’habitat : certains travaillent dur pour pouvoir payer un loyer, d’autres vivent dans des immeubles vides complètement pourris ou dans des camps de réfugiés, dans des caravanes ou des conteneurs, d’autres sont SDF et vivent dans les rues ou partagent une chambre meublée avec trois autres ou plus.

Les anciennes règles de travail ont disparu

Depuis la prétendue « réunification », le travail garanti sous des conditions garanties, des conditions de vie stables, sont devenues rares dans cette branche. Les anciens standards de travail ont disparu, embauche et licenciement sont sans aucune règle et la mobilité totale entre villes et provinces prévaut partout. La plupart des ouvriers d’Allemagne ou de la Communauté Européenne dont le statut était garanti sont devenus des itinérants et/ou des journaliers. Les conditions de travail et de vie de quelques ouvriers du bâtiment à et autour de Berlin correspondent aux standards métropolitains, ceux de la plupart des autres aux conditions de la périphérie de l’Europe ou du Tiers-Monde - et cela au même moment dans la même ville.

Nouvelles luttes.

Construire une classe ouvrière ?

Il n’y a pas eu une seule grève sur un grand chantier du bâtiment au cours des dernières décennies en Allemagne, soit spontanée, soit organisée par un syndicat. Le secteur du bâtiment était réglé par un « marché » entre l’Etat, le syndicat (IG BSE) et les patrons. Cela explique le fait que les travailleurs allemands du bâtiment n’avaient pratiquement aucune expérience des grèves.

Il n’y avait aucune tradition d’action directe, de force collective, etc. Il y eut quelques occupations contre des licenciements massifs dans l’ex-RDA. Et en 1993, plus de 100 000 ouvriers du bâtiment manifestent à Bonn contre l’abolition des indemnités pour intempéries. Jusqu’à maintenant, toute lutte a été contrôlée par l’IG BSE qui ressemble à tous les autres syndicats. De plus, l’IG BSE a entériné un déclin constant des salaires réels (compte tenu de l’inflation) au cours des dernières années. Il essaie de garder le contrôle de tout conflit et non d’impulser la lutte.

En outre, le syndicat a participé à la stratégie patronale de division des ouvriers. Il a entamé une campagne contre les soit-disant « travailleurs illégaux » et a coopéré avec les flics, etc. D’autre part, on a vu apparaître de nouveaux types de lutte. Actions directes comme le blocage des grues (voir ci-après) par des ouvriers des pays de la Communauté Européenne - ce que nous considérons comme très positif. Mais ces luttes restèrent complètement isolées. Elles n’étaient connues que par la presse qui ne parlait que de celles impliquant des ouvriers de la Communauté européenne. Nous ne savons encore que peu de choses sur les actions des migrants de l’Europe orientale et rien du tout sur celles des ouvriers venant du reste du monde. Les luttes rapportées par les médias sont de toute façon seulement la partie émergée de l’iceberg, les conflits quotidiens n’étant jamais mentionnés.

Il est nécessaire d’aller au-delà de l’action spontanée de petites équipes des chantiers isolés. Nous devons communiquer avec les ouvriers des autres groupes linguistiques et, au moins leur dire les conditions minimum au-dessous desquelles personne ne devrait être contraint de travailler...


Deuxième partie.

revue de presse

Les articles suivants sont des résumés des versions des luttes données par les journaux allemands au cours de l’été et de l’automne 94. Nous les reproduisons parce qu’ils donnent un aperçu de la situation des ouvriers du bâtiment à Berlin/Brandebourg. Gardez à l’esprit que ces journaux sont conformistes et libéraux et se soucient comme d’une guigne des intérêts des travailleurs.

1. Travailleurs d’Espagne

- « Des Espagnols bloqués sans argent à Strausbery » (Mrkische Oderzeitung - 1er août 1994)

Des ouvriers du bâtiment à Petershagen près de Berlin, qui n’ont pas été payés pendant des semaines, déclarent que cela leur est déjà arrivé à Leipzig et Dresde.

- « Des Espagnols veulent rester jusqu’à ce que leurs salaires soient payés » (Mriksche Oderzeitung - 3 août 1994)

24 ouvriers du bâtiment de Malaga et Valence ont travaillé pour Bonum Immobilien à Petershagen-Eggersdorf (près de Berlin) depuis le 14 juillet sans être payés. Le consulat espagnol de Berlin les a aidé en leur donnant 300 DM (1 000 F). Certains d’entre eux doivent déjà plus de 500 DM (1 700 F) pour leur logement. Ils sont en grève sur le chantier et demandent à rester jusqu’à ce qu’ils soient payés. Ils sont employés par une boîte d’intérim hollandaise, De Vaut, qui a loué les ouvriers à l’entreprise Wolfgang Sturun. Ces ouvriers ont un contrat de 26 DM l’heure (80 F). Le système fonctionne comme suit : un ouvrier qualifié coûte en moyenne 65 DM (200 F). La boîte d’intérim demande 40 à 50 DM (140 à 170 F), paie les ouvriers 25 DM (77 F) et garde le reste. Elle ne paie aucune charge sociale, déclarant ces ouvriers comme « indépendants à leur compte ».

- « Les ouvriers espagnols obtiennent finalement leurs salaires, mais moins qu’ils espéraient » (Mrkische Oderzeitung - 5 août 1994)

Quelqu’un de Homebau, Livingston, une entreprise affiliée à la boîte hollandaise De Vaut, qui employait les ouvriers espagnols, leur a payé 1 500 DM (5 000 F), alors qu’ils espéraient toucher 2 500 DM (8 700 F).

Il leur fut expliqué que le client n’était pas satisfait de leur travail et qu’ils ne pouvaient obtenir plus. Cet argent leur permettait tout juste de payer les arriérés de loyer. La plupart veulent repartir en Espagne, certains veulent travailler tout près de là à Fredersdorf.

2. Ouvriers du Portugal

- « Les Portugais ne gagnent que la moitié » (Berliner Zeitung - 4/07/94)

L’entreprise portugaise Somec a décroché un contrat dans le centre de Berlin pour le Friedrichstadt-Passagen. 200 Portugais y travaillent 12 heures par jour, 6 jours pas semaine, bien moins payés que les ouvriers allemands avec leurs 8 heures par jour. La Somec dispose de 12 000 ouvriers portugais sur différents chantiers en Allemagne. Au Friedrichstadt-Passagen, la Somec est un sous-traitant de Steiner Infratec. Les ouvriers portugais obtiennent 2 500 DM net par semaine (8 700 F) pour 6 jours de travail, y compris des heures supplémentaires en pagaïe, les ouvriers qualifiés pouvant se faire jusqu’à 3 500 DM (12 000F). Un ouvrier avec un passeport allemand peut obtenir jusqu’à 6 000 DM (20 000 F). Au Portugal, le revenu moyen est de 50 000 escudos (environ 1 700 F). Quelques-uns des Portugais sont là depuis des années, d’autres ont auparavant travaillé en Russie, Irak, Egypte. Un ouvrier accidenté est licencié lorsqu’il reprend son travail.

- « Grève de la faim victorieuse » (Neues Deutschland - 17 septembre 1994)

Vingt ouvriers portugais en grève de la faim à Leipzig parce qu’ils n’ont pas été payés par leur employeur, Dzk de Baz Reichenhall. Dzk leur a payé 2 000 DM (7 000 F) et a promis de leur payer le reste plus tard.

Leurs conditions de vie sont très mauvaises. Trois Portugais vivent dans des conteneurs avec des fenêtres en plastique. Ils travaillent 6 jours par semaine, 15 heures par jour. Dzk emploie des ouvriers portugais, britanniques et turcs, et les paie 20 DM de l’heure (70 F). Ils n’ont pas été payés depuis la mi-juillet. Dzk soutient que ce n’est pas son problème, mais celui du sous-traitant portugais, responsable des paiements, lequel a fait faillite. Dzk a fini par payer.

3. Ouvriers d’Italie

- « Des ouvriers du bâtiment italiens bloquent une grue » (Tageszeitung - 7 mai 1994)

Des ouvriers italiens ont bloqué une grue à Pankov, Berlin, pour réclamer le paiement de leurs salaires. Deux ouvriers ont menacé de sauter du haut de la grue. Des diplomates italiens ont joué les médiateurs.

4. Ouvriers britanniques et irlandais

- « Des ouvriers ont bloqué les grues » (Der Tagesspiegel - 10 mai 1994)

Deux grues ont été bloquées par des ouvriers anglais. Ils demandaient le paiement de leurs salaires, ce que la principale entreprise leur a garanti ; ils ont alors cessé leur action.

- « Des milliers d’ouvriers du bâtiment anglais et irlandais à Berlin. Des agences d’intérim interlopes remplissent leurs poches » (Berliner Zeitung - 28 juin 1994)

Il y a plus de 6 000 Britanniques et Irlandais dans le bâtiment à Berlin. La plupart embauchés par des agences hollandaises. Des ouvriers n’ont pas été payés. On doit 6 000 DM (20 000 F) à un des ouvriers. Son patron, sous-traitant, a disparu avec 100 000 DM (350 000 F) en espèces destinés au paiement des salaires et les permis de travail. Les ouvriers britanniques et irlandais sont venus là parce que les salaires sont meilleurs. Mais ils doivent travailler 60-70 heures par semaine. Beaucoup n’ont pas de permis de travail ou sont à leur compte, sous l’autorité de sous-traitants ou d’autres indépendants qui s’assoient sur les lois allemandes du travail. Les agences d’intérim se font de l’argent en puisant des deux côtés, dans la poche des patrons qui utilisent les ouvriers, et dans celle des ouvriers qui versent des « commissions » proportionnelles à leur salaire. La plupart de ces agences œuvrent en toute illégalité et/ou ne paient pas les salaires. Bien des ouvriers sont lâchés sans argent et essaient de survivre comme ils le peuvent. Les uns travaillent sans permis. Beaucoup vivent dans leur voiture ou dans les « hôtels à cafards » pour 100 DM ou plus (350 F) par semaine. Chaque mois, cent à deux cents d’entre eux se pointent au consulat britannique sans argent pour un billet de retour en Grande-Bretagne ou en Irlande.

- « De plus en plus d’ouvriers britanniques travaillent en toute illégalité sur les chantiers de construction allemands » (Frankfurter Rundchau - 10 août 1994)

Les agences hollandaises louent illégalement des ouvriers britanniques à des entreprises allemandes. Environ cinquante mille à soixante mille ouvriers britanniques travaillent en Allemagne. Les entreprises allemandes paient aux agences 45 DM (150 F) au lieu de 65 DM (200 F) pour les ouvriers allemands. L’agence en garde la moitié et verse de 20 à 25 DM (70 à 85 F) aux ouvriers. Les autorités allemandes envisagent des contrôles sur les chantiers pour enrayer le travail illégal.

- « Les campeurs ouvriers immigrés » (Tageszeitung - 13 août 1994)

Deux cents immigrés irlandais campent avec leur famille dans 75 caravanes dans un parking de Zelheudorf, au sud de Berlin. Ils travaillent sur les chantiers de construction de Berlin et du Brandebourg. Les autorités locales veulent le départ de ceux qu’ils dénomment « squatters illégaux ». Les ouvriers immigrés demandent le minimum de facilités sanitaires en offrant de payer pour, ce que refusent les autorités qui cherchent leur expulsion. Elles leur ont lancé un ultimatum, car elles veulent récupérer le terrain pour le vendre à une société qui veut y construire un motel. Les campeurs ont fini par décamper.

5. Ouvriers allemands

- « Des semaines sans salaire : la grue bloquée » (Berliner Zeitung - 14 juin 1994)

L’entreprise Pape n’a pas versé un centime à ses ouvriers depuis des semaines. Ceux-ci ont grimpé sur la grue au chantier de Marzhan (Berlin) et distribué des tracts pour exiger le paiement de leurs salaires.

- « Des ouvriers du bâtiment protestent » (Berliner Zeitung - 5 septembre 1994)

Le syndicat des ouvriers du bâtiment (IGBSE) menace de lancer une grève si l’indemnité pour intempéries est supprimée. Manifestations et rallyes se sont déroulés dans trois cents villes. La mesure doit prendre effet au 1er janvier 1996. La manifestation de Berlin réunit 1 700 ouvriers. Le dirigeant syndical Kbelle demanda qu’aux prochaines élections les ouvriers votent pour les candidats optant pour le maintien de ces primes.

6. Ouvriers de l’Est européen

- « Journaliers de l’Est Européen » (Berliner Zeitung - 28 août 1994)

Article sur les journaliers dans les grandes villes allemandes. La plupart sont Polonais et, ces derniers mois, venus de l’ex-URSS et de Roumanie. La plupart entrent comme touristes. Ils attendent au coin des rues jusqu’à ce qu’une entreprise ou un particulier les embauche. Ils gagnent 7 à 15 DM de l’heure (de 25 à 50 F). Ils peuvent se faire ainsi 1 000 DM par mois (3 500 F), beaucoup plus que ce qu’ils pourraient gagner dans leur pays.

7. Informations générales

- « Boom sur le travail illégal dans le bâtiment » (Neues Deutschland - 8 juin 1994)

Le vice-président du syndicat du bâtiment (GIBSE) estime à 500 000 les ouvriers illégaux dans le bâtiment. Sur 300 000 entreprises contrôlées l’an passé, 24 % des ouvriers étaient illégaux.

- « Conflits sur les chantiers de Berlin » (Tageszeitung - 27 juillet 1994)

Les ouvriers du bâtiment non qualifiés doivent être payés 16,50 DM (58 F) l’heure, selon le contrat collectif liant les employeurs et le syndicat pour les ouvriers de l’Est, ceux de l’Ouest devant gagner 19,50 DM (68 F). Les Portugais, Espagnols et Italiens du Sud de leur pays gagnent entre 6 et 10 DM (21 et 34 F), les ouvriers britanniques 15 DM (50 F) , mais les Russes, Polonais et Ukrainiens 5 DM (17 F). Les boîtes d’intérim donnent aux Allemands 35 F.

Il y a des conflits sur les chantiers dus à la pression des cadences de travail et du taux élevé d’accidents en résultant. Une autre source de conflits touche les niveaux différents de salaires. Les patrons obligent les ouvriers ayant des passeports allemands à accepter des salaires plus bas ou de se voir remplacer par des immigrés.

- « Boom, mais pas de nouveaux emplois » (Berliner Zeitung - 10 septembre 1994)

Dans le bâtiment, on trouve différentes conditions d’emploi :

1) Il existe des contrats légaux entre les autorités allemandes et des entreprises de l’Europe de l’Est, mais le nombre d’ouvriers en bénéficiant a chuté de 70 000 il y a deux ans à 35 000 l’an passé.

2) Beaucoup d’ouvriers sont employés illégalement sur les plus grands chantiers, pour quelques heures ou quelques jours. Ils gagnent entre 5 et 6 DM de l’heure (17 et 21 F). 3) Des ouvriers des autres pays de la Communauté Européenne sont le plus souvent « à leur compte », recrutés par des officines néerlandaises. L’ouvrier étranger est moins payé, contraint de travailler de longues heures et d’enfreindre les règles allemandes de sécurité. Bien que le bâtiment soit en plein boom à Berlin-Brandebourg et que les entreprises du bâtiment connaissent un turn over important, le chômage dans ce secteur s’accroît toujours.

- « La situation des ouvriers du bâtiment en Allemagne » (Leipziger Volkszeitung - 17 septembre 1994)

Quiconque est embauché en tant qu’ouvrier étranger par une agence ou directement par une entreprise, son salaire moyen est entre 5 et 10 DM (17 et 34 F). C’est le commerce moderne des esclaves. Environ 500 000 ouvriers étrangers du bâtiment sont en Allemagne en regard de 1 400 000 ouvriers allemands de cette branche. Leurs salaires sont plus élevés que dans leur pays, mais ils sont durement exploités et les grandes entreprises en retirent tout le profit.

De nouvelles règles de la Communauté Européenne devraient garantir à chacun salaires et conditions accordés à tous dans le pays où ils travaillent. Cela changerait peut-être la situation, mais la loi est souvent bien loin de la réalité.


* Extrait de tracts et analyses publiés par T.I.M., c/o Sisina, Postfach 360 527 - 10.975 Berlin et reproduits dans Collective Action Notes n° 7-1995.

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