LA RESTRUCTURATION MONDIALE DE L’INDUSTRIE AUTOMOBILE MAÎTRISEE PAR LES SYNDICATS ET LES ETATS .
L’industrie automobile reste un des éléments essentiels de l’activité capitaliste mondiale. Ses présentes mutations et les échos qu’elles rencontrent montrent non son déclin mais une expansion et des restructurations. Les conséquences, pour les travailleurs, sont telles que d’un côté, les uns voient une dégradation constante de leurs conditions d’exploitation, voire la perte de leur emploi et que d’un autre côté, les autres trouvent un travail souvent dans des conditions similaires à celles d’il y a un siècle.
Les multinationales de l’automobile, sauf les japonaises, sont dans la tourmente des surproductions et des concurrences, en partie japonaises, en partie naissantes dans les pays en plein développement industriel. Même si certaines, notamment aux U.S.A. semblent en perdition, ce qui entraîne des éclatements et des fusions, il ne faut pas trop y voir leur mort car elles disposent d’une masse de capitaux et de possibilités de redressement que leur offre à la fois les innovations techniques, les changements de méthodes de production, les déplacements géographiques, les capitaux nécessaires , les influences politiques adéquates et l’aide nécessaire des organisations de contrôle des relations de travail, les syndicats.
On a trop tendance à penser que les firmes en question ont des difficultés à résoudre les problèmes sociaux posés par ces mutations et restructurations, à tenir des engagements antérieurs notamment concernant, pour les USA les retraites et l’assurance maladie et à pouvoir payer des indemnités de licenciements suffisantes pour éviter les explosions possibles d’une force de travail exploitée souvent pendant des années et dont on se débarrasse parce qu’on en trouve une autre ailleurs procurant plus de plus-value. Ce serait méconnaître la structure présente de cette industrie dans laquelle la part des salaires est souvent suffisamment faible pour que l’éviction des travailleurs, même indemnisée, ne soit pas une charge catastrophique et que, jusqu’à maintenant, dans pratiquement tous les pays, les fermetures d’usines automobile n’ont pas soulevé de grandes vagues de révolte. Les exemples récents qui suivent sont là pour prouver que le capital dispose toujours de capacités d’adaptation aux révolutions industrielles qu’il se crée lui-même.
Volkswagen - Bruxelles - Forest
Offre un des meilleurs exemples de restructuration d’une grosse unité « en douceur ». Nous avons, dans le précédent bulletin tenté de montrer comment le chantage à la fermeture totale, les concessions progressives et les complicités syndicales des deux côtés du Rhin avaient entretenu l’espoir (entretenu en partie par le souvenir de Renault-Vilvorde) que « tout serait réglé pour le mieux » et que l’attente était préférable à toute action plus radicale. Nous avions évoqué l’annonce le 6 décembre 2006 de propositions patronales pour une réouverture de l’usine permettant de « sauver » 3000 emplois (sur 5.300 sans compter quelque 10.000 chez les sous-traitants). Les accords parallèles vont alors se succéder qui permettront de détacher à chaque fois près d’un millier de travailleurs du gros des grévistes, la vieille tactique de division de la lutte. Le 8 décembre, un vendredi, est annoncé un accord VW-syndicats sur une prime de départ : 5.700 euros par année d’ancienneté avec un plafond de 114.000 euros. Les 170 intérimaires, eux, n’auront pas le choix : tous licenciés avec une prime unique de 25.000 euros. Le lundi 10, il y a la queue au bureau d’enregistrement des départs et à la fin de la journée, 800 sont déjà partants ; il y en aura 1.500 au total ; La motivation est donnée par un ouvrier : » On en a ras-le-bol des incertitudes et si on reste, les conditions de travail empireront » Le jeudi 21 décembre, un nouvel accord VW- syndicats est annoncé. 900 travailleurs de plus de 50 ans iront en préretraite avec70 à 80% du salaire jusqu’à la retraite, sans prime de départ.
Début janvier, les dernières propositions tombent : 2.200 resteront dans l’usine dans une période de transition de deux ans avec la promesse du lancement d’un nouveau modèle et une embauche qui porterait l’effectif à 3.000 (ce qui semble inclure les quelque 700 laissés pour compte des « dégraissages » successifs). Les horaires seront portés de 35 à 38 heures sans augmentation, les équipes de nuit et du week-end seront supprimées avec fermeture de l’usine le vendredi. D’où une chute des salaires réels avec la disparition des heures supplémentaires ou majorées.
Un vote a lieu sur ces propositions le vendredi (!) 5 janvier ( d’après la législation la grève se poursuivra si plus des 2/3 des votants s’y oppose ). Le vote exclut les »partants » en vertu des accords précédents et sépare ouvriers et employés (450).Sur près de 3.000 travailleurs restants, 2.000 participent au vote ; 54,6% pour les ouvriers, 78% chez les employés.
L’usine rouvre le lundi 8 janvier après sept semaines de grève.
De nouveaux remous se sont produits récemment avec résurgence de conflits limités lors de la mise au point de ces accords. La direction menaçait de nouveau de fermer le site si les coûts de production n’étaient pas réduits de 20%.VW et syndicats avaient conclu un nouvel accord en ce sens, mais ont été contraints de soumettre toute une série de mesures sur les conditions de travail à l’approbation des travailleurs, qui ont finalement été approuvées le lundi 26 février. Quelques jours auparavant,VW annonçait qu’un modèle Audi serait produit à 100 000 exemplaires par an d’ici 2009, et que son .bénéfice opérationnel pour 2006 était en hausse de 52% : preuve que la liquidation d’une usine au prix d’une surexploitation des travailleurs « survivants » est un bon calcul pour une multinationale qui peut également compenser ses difficultés nationales par ses opérations sur le plan mondial. Par exemple, L’usine de Pampelune en Espagne est menacée de fermeture car la production de la Polo est en fin de vie et a été même prévue d’être transférée un temps à Bruxelles A signaler aussi que VW dispose en Belgique de sa boîte d’intérim - Autovision - qui lui permet éventuellement de jouer sur un volant de main d’œuvre précaire pour une flexibilité des effectifs en fonction du marché.
Etats-Unis
On n’a guère à ajouter sur les restructurations des trois ex-grands américains - Chrysler, Ford et Genaral Motors et des filiales d’équipementiers - Delphi et Visteon - Dernière des recompositions : l’alliance de Chrysler et du premier chinois Chery Motor ( qui entérine l’entrée des Chinois de l’automobile sur le marché américain. Sur la lancée, Chrysler, comme ses compères annonce la suppression de 13.000 emplois. Les ex-grands sont toujours aux prises avec les problèmes des retraites et de l’assurance maladie qu’ils tentent de résoudre - en partie- par une réforme nationale du système de base retraite - maladie pour un transfert de ces charges à l’Etat américain.
Quelques détails méconnus sur cette saga qui dure depuis des années.
En mars 2006 les dirigeants de Ford et ceux du syndicat de l’automobile UAW se sont rencontrés à Las Vegas ( !) pour mettre au point un « Competitive Operative Agreement » et un « Special Incentive Program » visant notamment à remplacer les personnels permanents par des temporaires. Y fut également mis au point tout un plan de médiatisation pour inciter les travailleurs à quitter Ford avec une indemnisation : annonces alléchantes sur Internet, distribution de DVD, assemblées syndicales, le tout montrant notamment comment les « exclus » des joies de l’automobile avaient retrouvé de « bons emplois » ( y compris dans les rangs de la CIA). Le pilonnage réussit : alors que le plan visait 30.000 départs, 38.000 partirent avec des indemnités jusqu’à 140.000 $ ( 115.000 euros). Chrysler fait de même le 1 mars, visant 13.000 départs ( 13% des effectifs US)
DANS LE MONDE ENTIER, GREVES CONTRE LA PRESSION SUR LES SALAIRES
Il est clair que les différentes méthodes de surexploitation du travail pour atteindre les moindres coûts de production par une flexibilité totale et l’utilisation, dans les pays en développement de la variable capital fixe (investissements dans les automatismes) capital variable ( surexploitation de la main d’œuvre avec un minimum d’automatismes) commence à atteindre des limites insupportables. On peut ainsi regrouper les grèves pour la rémunération ( qui peut également prendre la forme de conflits sur l’aménagement du temps de travail pour atteindre cette flexibilité) Corée du Sud - Hyundai , le second « chaebol » ( conglomérat coréen) du pays ( aux prises par ailleurs à toute une série d’accusations de corruptions politiques et syndicales et de détournement de fonds) a connu, l’été dernier toute une série de grèves perlées de trois semaines pour les salaires des 40.000 travailleurs : la direction avait dû céder mais avait perdu la production de 50.000 voitures. Pour tenter de récupérer ses pertes, elle a tenté d’éviter de verser 50% d’une prime de fin d’année promise quel que soit le niveau atteint du plan de production annuel. Pour ces 900$ ( 750 euros), une grève a été déclenchée par le syndicat, mais elle ne concernait ( comme la prime) que les travailleurs « permanents » ( salaire moyen annuel 50.000$ - 40.000euros) à l’exclusion des « temporaires » bien moins payés. La grève n’était pas tant pour l’argent mais pour le respect de la parole donnée. La grève s’est terminée le 17 janvier par un compromis : la prime sera payée fin février seulement si par un travail extra, le trou de 50.000 voitures est comblé. Comme déjà les ouvriers font 50 heures semaine en deux équipes ( la moitié font plus de 60 heures), ils ont dû travailler jusqu’à 64 h semaine et les week-ends et jours fériés pendant deux mois.
France
General Motors, usine de Strasbourg (boîtes de vitesse) -Après une semaine de grève ( avec blocage des issues pour empêcher le départ de la production), reprise du travail le 18 janvier de 650 ouvriers de production (sur 1500) avec une augmentation de 75 euros brut mensuels au 1er juin ( de 2,9 à 5,2 %), la récupération des heures de grève et le gel d’un projet d’embauche d’intérimaires et de manipulation des RTT. Faurecia (équipementier lié à PSA qui a quelques problèmes de pots de vin). 28 février 2007- Les discussions sur les salaires s’accompagnent de débrayages d’une heure par équipe dans les différentes usines du groupe (3.500 travailleurs au total) à Beaulieu (échappements), Valentigney (ceintures et airbags), Audincourt (planches de bord, pare-chocs ). Gains : 1,2% en 2007 pour ouvriers et techniciens (10 euros pour les bas-salaires), blocage pour les cadres ; Renault 1 février 2007 - 1.000 travailleurs de différentes usines Renault et de sous-traitants appelés par les syndicats, manifestent devant l’usine de Cléon (Seine-Maritime) contre les conditions de travail ( notamment les manipulations des RTT) et les délocalisations. Les tentatives d’appliquer à l’usine du Mans des pratiques de travail impliquant la flexibilité déjà acquises dans les autres usines du groupe rejetées par 80% des ouvriers, déclenchent toute une série de débrayages depuis le 8 février. Le groupe PSA est aussi confronté à des revendications et conflits touchant salaires et conditions de travail. A l’usine de Poissy (banlieue ouest de Paris), suite à un arrêt de travail des caristes d’un atelier le 1 février, la direction veut sanctionner un délégué CGT ; Les débrayages de solidarité se transforment en une revendication de 150 euros mensuels avec un nouveau débrayage le 28 février A l’usine d’Aulnay-sous-Bois (banlieue nord-est de Paris) après une grève de quatre jours, le sous-traitant Magnetto ( qui a récemment récupéré le secteur presse de PSA) a obtenu 85 euros d’augmentation nette, une prime de 75 euros, 15 euros de Plus au 1 septembre et le paiement des heures de grève. Cela a suffi pour mettre le feu aux poudres dans l’usine mère où des débrayages limités ( 200 grévistes le 28 février) se poursuivent pour des revendications identiques. Le 8 mars la grève continuait à Aulnay avec des tentatives de l’étendre au site de Poissy. Les réclamations : 300 euros net d’augmentation par mois pour tous, un salaire d’embauche minimum de 1 525 euros net, l’embauche des intérimaires, le départ en retraite dès 55 ans.
Russie L’usine Ford de Vsevolojsk ( Saint-Pétersbourg ) (1900 travailleurs) est en grève illimitée depuis le 15 février pour les salaires et conditions de travail ( salaire, 17.000 roubles, 500 euros mensuels) suite au refus de propositions patronales. Un accord est signé le 1/3 qui accorde de 14 à 20% et autres avantages notamment la couverture maladie. L’usine avait connu une grève d’une semaine en 2005 et de nouveau en 2006 autour de la garantie d’emploi et l’utilisation des intérimaires ; 14% d’augmentation avaient été acquis. L’usine semble avoir repris certaines pratiques des unités de travail sous le régime soviétique avec des avantages liés à l’usine : crèches, soins maladie, vacances, études
Roumanie - 27/2/2007-A l’usine Dacia de Pitesti ( 100km au nord ouest de Bucarest), Renault, pour construire se voiture bas de gamme la Logan a misé sur l’exploitation de la main-d’œuvre ( plus value absolue) :95% du travail est manuel sur une chaîne traditionnelle, il n’y a que trois robots ( montage des pare-brise, des portes et du tableau de bord)dans l’usine (12.100 travailleurs, 35% de femmes, moyenne d’âge, 35 ans embauchés avec au minimum l’équivalent bac). L’usine de montage travaille à flux tendu avec 143 fournisseurs. Le salaire moyen pour 40 heures est de 200 euros ( contre 100 en moyenne dans le pays), repas de midi gratuit et crédit pour acheter une Logan)Après une grève d’avertissement de deux heures, prélude à une grève générale quelques jours plus tard, la direction cède 20% d’augmentation. Il lui reste quand même une énorme marge.
LES LIMITES DE L’EXPLOITATION ET DE LA COURSE A LA PRODUCTIVITE : LE STRESS ET SES CONSEQUENCES
Le Technocentre Renault de Guyancourt (Yvelines, banlieue sud-ouest de Paris) ( 12.000 ingénieurs et techniciens) d’où doivent sortir toutes les innovations et qui détient la clef du futur de la firme est en quelque sorte le centre névralgique de toutes les stratégies de la multinationale. C’est dire si, en cette période de féroce compétition et de restructuration sans fin dans ce secteur, ceux qui y sont exploités sont soumis en temps normal et plus encore aujourd’hui à une pression qui va au-delà de l’implication personnelle qu’on leur demande d’emblée. La venue du redresseur de Nissan à la présidence du groupe et les présentes difficultés inhérentes au secteur ont fait qu’un plan stratégique « Contrat Renault 2009 » a fixé au technocentre des objectifs élevés : sortir d’ici 2009 26 nouveaux modèles ( 6 par an au lieu de 4). La nature du travail, des réorganisations matérielles supposées accroître la productivité, la pression intériorisée et externe ont fait que les plus fragiles, victimes du stress ont craqué : en 2006, deux tentatives de suicide et un réussi, en 2007, deux nouveaux suicides à quelques semaines d’intervalle qui déclenchent des manifestations le 30 janvier (800 participants) et la 23 février ( 2.000 participants)
La focalisation médiatique a fait ressortir les conditions de l’exploitation dans ce centre et les conséquences extrêmes sur toute la vie, non seulement par la fatigue du stress mais aussi par une extension du travail avec des devoirs à domicile pour les soirées et les week-ends. Renault d’une certaine façon paie une politique d’écrasement de la masse salariale qui frappe l’ensemble des travailleurs mais particulièrement ceux qui pouvaient de par leur rang s’estimer à l’écart de telles pressions : une réduction massive du nombre des cadres ( autorisée par l’automatisation et l’informatique ) est de toutes façons à l’ordre du jour sous une forme ou une autre par l’ouverture dès 2008/2009 de 3 autres technocentres en Roumanie, Corée dans la filiale Samsung et au Brésil, et fait que les survivants sont surchargés de travail et soumis bien que différemment aux mêmes pressions que le travailleur sur la chaîne.
Cette médiatisation, nuisant à l’image de marque de la firme a fait descendre dans l’arène les plus hautes autorités dont le PDG Ghosn. Pas question bien sûr de changer quoi que ce soit au « Contrat 2009 » .L’objectif reste un profit à 6% en 2009, quel qu’en soit le prix humain. Les syndicats proposent une « gestion du stress en mettant fin à la déshumanisation et à la perte de contacts qu’a entraîné le tout-informatique ». On a vu apparaître dans les revendications syndicales la demande de mesures pour « réhumaniser les relations de travail » et pour des « formations au stress. Depuis 1997, il existe chez Renault un « Observatoire du stress » qui ne semble guère opérationnel.. Lors d’une convention interne de 2.500 cadres Renault le premier mars, Ghosn a déclaré que « le management est une notion fondamentale parce qu’elle touche à la première ressource d’une entreprise : les hommes et les femmes ». On ne saurait mieux dire que le capitalisme vit avant tout de l’exploitation de la force de travail.
Mais, il est tout aussi évident que cette exploitation suppose un minimum de participation du travailleur alors même qu’il vit la sujétion à la dictature patronale. Une telle participation est d’autant plus importante que le secteur de travail est essentiel pour l’entreprise : c’est pour cela, qu’au-delà de la médiatisation, les dirigeants de Renault sont préoccupés par les conséquences des mesures imposées pour la survie de l’entreprise ; on touche ici ce que signifie la domination globale du capital sur la vie du travailleur et l’armée de sociologues oeuvrant pour rétablir le minimum de participation face à des tendances adverses du système peuvent ainsi en être réduits à rechercher « les éléments d’engagement que les équipes dirigeantes peuvent influencer », y compris dans la vie privée de tout travailleur. La contradiction face aux impératifs de la production capitaliste est que les conditions actuelles de travail détruisent constamment ce qui, dans la vie de chaque travailleur pourrait « influencer son engagement » et lui font souhaiter « en sortir » d’une manière ou une autre , s’il le peut bien sûr.
D’une certaine façon, ces irruptions médiatiques sur le stress ne font que souligner deux aspects de l’exploitation de la force de travail : Elles rejettent dans la nuit de l’exploitation, l’immense majorité des travailleurs qui subissent tout autant le stress quotidien (précaires et chômeurs peuvent l’être tout autant même hors du travail ) et qui peuvent être aussi acculés au suicide parce que la société capitaliste a fait d’eux et de leur vie familiale et sociale une chose insupportable et sans espoir. Les médias insistent plus sur les troubles musculo squelettiques sans doute parce qu’ils sont physiques et contrôlables que sur le stress qui est au moins aussi généralisé. On découvre la lune. Au début des années 80, le Japon avait dépassé la plupart des pays industrialisés et le style japonais de management devenait, raison de concurrence, le modèle d’efficacité et de paix sociale autant que d’une production de qualité. Une bonne partie des mutations industrielles ont dès lors tourné autour de ces modèles d’exploitation de la force de travail. Mais ce faisant, on importait aussi la mort par surmenage ( pas seulement par suicide), à laquelle les japonais avaient donné un nom précis le le « Karoshi » qui devint un sujet public au Japon à la fin des années 1980. Les chiffres avancés au Japon sont 2500 morts par suicides ou surmenage contre 700 à 800 en France où le sujet est largement tabou ! En 1994,on estimait qu’au Japon, 10.000 travailleurs mouraient de crise cardiaque chaque année pour avoir travaillé trop dur.
La destruction des travailleurs par le stress jusqu’à la mort firent alors l’objet d’études sérieuses y compris de procès retentissants accordant des indemnités substantielles aux familles des victimes du karoshi. Une couche sociale qui, en raison de sa position dans le système de production et de son salaire pouvait espérer avoir une vie tranquille se trouvait, et se trouve présentement eu Europe, soumis aux mêmes servitudes que le tout venant des travailleurs dans une autre forme de prolétarisation.
De plus en plus, le stress est ainsi le lot commun de tous ceux qui vendent leur force de travail ( pas seulement ceux qui sont exploités dans les centres d’appel dont on parle le plus souvent), quelle que soit leur position sociale ( avec des conséquences variables suivant le niveau de cette position). D’après une enquête du Ministère de l’emploi, 60% des travailleurs disent « bosser dans l’urgence » et ce sont ceux qui travaillent dans les pires conditions qui sont les plus touchés par l’aggravation des pénibilités physiques. En constante augmentation depuis 1984 , on voit dans tous les secteurs un renforcement des contraintes de rythme et de charge mentale - notamment dans la distribution ( 650.000 travailleurs) où 80% des exploités sont à l’œuvre avant 7h du matin et 38% assujetti au travail de nuit. On pourrait multiplier les exemples mais on y parle peu sur les conséquences sur la santé et sur la vie. Voilà qui relativise, toute cette médiatisation autour du surmenage dans le Technocentre Renault.
GUINEE
9.400.000 habitants sur un territoire presque la moitié de la France, de considérables richesses minières (1/3 des réserves mondiales de bauxite, mines de fer, de diamants, d’or et vraisemblablement du pétrole) proie facile des multinationales sous le parapluie de la France, ancienne puissance coloniale qui entretiennent un régime politique parmi les plus corrompus d’Afrique.
Comme il se doit, le pays le plus riche est aussi le plus pauvre : la moitié de la population vit avec moins d’un dollar (0,80 euro) par jour. Corruption et pillage des ressources font que les importations (principalement de France) des produits de base sont de plus en plus chers et que le niveau de vie est de plus en plus bas. Ce sont les hausses de prix successives (récemment, le litre d’essence à été porté à 1,20$ plus que le revenu moyen de 1$ par jour) qui déclenchent des vagues de révolte que les syndicats canalisent dans des grèves. Pour compliquer encore la situation politique, la Guinée a servi plus ou moins de base de repli et de trafic aux conflits intérieurs armés qui ont ravagé les pays frontaliers le Liberia, la Sierra Leone et la Côte d’Ivoire
L’opposition politique étant tout autant corrompue que celui du dictateur au pouvoir après un coup d’Etat militaire ( l’armée restant un élément central de la domination post coloniale) ce sont les syndicats qui, surfant sur une hostilité croissante de l’ensemble de la population suite à la baisse continue du niveau de vie, se trouve le fer de lance d’une opposition qui mélange revendications de base (essentiellement salaires et baisse des prix) et politique ( le clan au pouvoir appuyé sur l’armée, sur des groupes de soutien armés et sur la corruption liée aux intérêts capitalistes ayant toutes les armes pour résister à toute contestation).
La pression populaire devient si forte à mesure que les conditions de vie se détériorent que les syndicats sont acculés à une surenchère, poussés par leur base. En novembre 2005, ils doivent lancer une grève générale de 48 heures essentiellement pour les salaires. Sans résultat, elle est renouvelée en mars 2006 et est suivie peu après par une grève des enseignants. Et en juin 2006, une grève générale illimitée dure 9 jours pour être écrasée par une violente répression de l’armée et qui fait plusieurs dizaines de morts.
De nouvelles hausses de prix, notamment de l’essence font que les syndicats doivent lancer une nouvelle grève générale illimités le 10 janvier dernier. Elle touche les banques, le commerce, l’enseignement, l’administration et le secteur minier. Elle s’étend à tout le pays. L’annulation des examens du bac amène la révolte des lycéens qui érigent des barricades ; d’autres émeutes touchent les banlieues de Conakry la capitale, barrages, attaques de commissariat, etc. Déjà la répression a fait plus de 15 morts.
Les revendications syndicales deviennent politique : l’exigence du départ du président, le général Conté. Le 27 janvier, les syndicats, abandonnant cette exigence populaire, décident la fin provisoire de la grève sur la promesse de Conté de nommer un nouveau premier ministre tout en laissant planer la menace d’une nouvelle grève générale pour le 12 février. Le 9 février, Conté nomme ce premier ministre qui n’est autre qu’un de ses hommes liges de la même sphère de corruption.
Immédiatement, désavouant les dirigeants syndicaux, une réaction populaire violente reprend spontanément la grève générale ; des affrontements éclatent dans tout le pays. Le 21 février, l’état de siège est proclamé et l’armée procède à plus de 400 arrestations. La répression fera plus de 100 morts et des centaines de blessés. Mais la grève ne cesse pas pour autant et finalement Conté accepte de nommer un nouveau premier ministre. Celui-ci sera choisi par lui dur une liste de quatre présentés par les syndicats et les partis d’opposition. Le choix se porte sur un ancien diplomate Lansana Kouyaté. Le 27 février, les syndicats suspendent la grève et le travail reprend début mars.
Quelle sera la suite ? Rien de fondamental est changé : le président Conté et sa clique restent au pouvoir et occupent tous les rouages économiques du pays, L’ex puissance coloniale s’est empressé d’adouber le nouveau premier ministre en envoyant la ministre de la coopération nantie d’une enveloppe de subsides. Aucun mesure n’a été prise pour les revendications de base touchant les conditions de vie.
MEXIQUE : LES SUITES D’OAXACA
(voir précédents bulletins) Aujourd’hui, Oaxaca vit dans un état de siège camouflé, mais la résistance continue. Les prisons clandestines, l’impunité, la terreur et les enlèvements rappellent les années sombres des dictatures militaires d’Amérique du Sud. Avec une nouveauté inquiétante : à la différence des groupes armés du passé l’APPO est un mouvement essentiellement pacifique Les 23 personnes assassinées (plus une centaine de disparus) sont d’un seul côté : celui du mouvement. Et les autorités se gardent bine d’arrêter les coupables. Tout cela, et plus encore, est décrit dans les moindres détails dans le terrible « informe sobre los hechos de Oaxaca » ( rapport sur les événements d’Oaxaca fait par la Commission civile internationale d’observation our les droits humains (CCIODH), organisme international qui a visité Oaxaca entre le 20 décembre 2006 et le 20 janvier 2007. . A l’appui de 400 témoignages environ, de dizaines de photos et documents et d’une vidéo, le document est disponible en ligne : http://cciodh.pangea.org Sa lecture évoque une continuité perverse avec les événements d’Atenco, en mai 2006. Dans les deux cas, les pouvoirs locaux ont agi avec la complicité des pouvoirs fédéraux, et vice versa. Cela signifie que la responsabilité de ce qui arrive à Oaxaca n’est pas uniquement le fait du psychopathe Ruiz, mais aussi celui du gouvernement fédéral. Nous sommes face à une expérimentation de management social : face à l’insurrection de la contestation, le gouvernement "étudie" jusqu’à quel point il peut emprunter la voie de la répression violente. Seule la réponse combative de la société civile peut arrêter un jeu si pervers et irresponsable
BANGLADESH
(voir précédents bulletins) Comme nous l’avons indiqué, un accord est finalement intervenu pour régler l’impasse politique et faire cesser les affrontements politiques violents qui masquent les conflits sociaux de l’été dernier mais perturbent sérieusement l’activité économique.
Le 11 janvier, un nouveau médiateur pour la période préélectoral - le gouverneur de la Banque nationale du Bangladesh - a té désigné en même temps qu’était proclamé l’état d’urgence. L’armée avait alors carte blanche pour arrêter n’importe qui, n’importe où, à n’importe quel moment simplement sur la suspicion d’avoir enfreint l’ordre public. Plus de 40.000 arrestations soi- disant pour combattre la corruption et le gangstérisme. Mais on peut supposer que cette répression a permis d’éliminer tous ceux qui auraient pu se mettre en avant dans les émeutes de l’été dernier. Ce que semble confirmer le fait que le 28 janvier, les arrestations se poursuivaient au rythme de 1.000 par jour
JUSQU’OÙ NE PAS ALLER ?
La tentation est grande, lorsque des travailleurs se trouvent dans une situation sans issue qu’ils ressentent comme une injustice particulière après de longues années d’exploitation ayant fait de l’entreprise et de sa production comme une partie d’eux-mêmes de penser à des solutions radicales. C’est un moyen de se faire entendre, mais au-delà des solutions ressenties comme pouvant, outre la vengeance contre le système qui les réduit à n’être plus rien, ouvrir , qui sait, ouvrir une porte sur un autre monde où tout cela n’existerait plus. Dans la période récente, les travailleurs de Cellatex (été 2000) avaient ouvert cette porte. D’autres encore récemment ont tenté de l’ouvrir. Mais les pompiers veillent, les syndicats et s’ils ne parviennent pas à canaliser la violence, les flics s’en chargent. Dans le précédent bulletin nous avons évoqué l’intervention rapide et puissante des flics pour empêcher les travailleurs de Thomé-Génot d’aller au-delà des limites permises. Plus récemment, ce sont les 223 travailleurs de Sublistatic International ( papier transfert pour l’impression sur textile) à Hénin-Beaumont ( Pas-de-Calais), victimes, bien que l’entreprise soit prospère du système rachat d’entreprise par les fonds de pension, d’une mise en faillite, qui ont occupé l’usine et menacé de déverser des produits polluants sur le site. Tout était prêt. Leur revendication était un indemnité de licenciement de 100.000 euros. Suite à la mise en liquidation le 15 décembre, les syndicats ont promené les grévistes dans des opérations escargot et autres manifestations et démarches traditionnelles. Les flics n’ont pas eu à intervenir pour que la menace ne devienne pas réalité, car comme le déclarait une ouvrière »ça ne reste qu’une menace, tout est super bien contrôlé...la moindre personne qui déborde est tout de suite recadrée ». Si bien recadré que les 223 ont mis fin à la grève le 27 janvier sans avoir obtenu autre chose que les indemnités légales. Le 18 janvier les 169 travailleurs licenciés de l’usine Arena ( maillots de bain) occupent l’usine de Libourne (Gironde) fermée pour cause de délocalisation en Chine, bloquant un trésor de guerre de 200.000 maillots, produit de leur propre travail. Ils demandent la vente de l’usine pour pouvoir toucher une meilleure indemnisation mais ils ne semblent pas penser à utiliser le stock qu’ils bloquent pour se payer ; En 1973, les travailleurs de Lip l’avaient fait avec des montres et plus récemment ceux de Bata avec des chaussures, pourquoi pas avec des maillots. Mais faute de se décider, l’usine fermera le 31 mars et seuls 47 resteront dans les fonctions commerciales.
CONDITIONNEMENT IDEOLOGIQUE - LA MANIPULATION
Grande-Bretagne - *12/2/2007 - Chaque matin depuis plus de 7 ans, 130.000 banlieusards sont contraints de voyager dans des conditions plus que déplorables. Le situation ne pourra qu’empirer car les emplois devraient s’accroître de plus de 600.000 dans les 10 années à venir avec un développement de la banlieue sud-est et qu’un haut fonctionnaire a déclaré qu’une modernisation et un développement du réseau (privatisé) entraînerait une hausse inacceptable pour les usagers déjà lourdement mis à contribution. Des voyageurs se sont révoltés et un groupe d’entre eux a émis de faux tickets portant la mention « Classe wagons à bestiaux » La privatisation des chemins de fer a encore frappé avec un nouvel accident dû au mauvais entretien des voies, profit contre sécurité. Un exemple pour la France : une ligne TGV a été concédée au privé et Veolia, le trust des transports de l’eau et des voyageurs forme des agents de conduite dans ses propres écoles pour les transport de fret déjà ouvert au privé et en prévision de la privatisation du transport des voyageurs en 2009. Monde - *19/12/2006 - Marché libre -Le mot barbare « oligopole » désigne, à l’inverse du monopole une entente entre plusieurs grandes firmes d’une même branche de ne pas se faire concurrence et de se partager les marchés (y compris publics) en fixant un prix maximum pour leurs prestations. On les trouve partout et seulement de temps en temps ils sont révélés par des enquêtes et quelque médiatisation : téléphones, banques, grande distribution, services des eaux et récemment ascenseurs. France - *Janvier 2007 - Ordinateurs, outils dangereux. Au GAN (Assurances) un délégué a failli être licencié pour utilisation « abusive » de la messagerie professionnelle à destination syndicale (annulation du licenciement faute de preuves). Mais un arrêt récent de la Cour de Cassation donne raison aux patrons qui peuvent prouver que l’instrument en question a été utilisé hors travail à des fins personnelles ou syndicales (cela fait penser à la répression de la perruque autrefois en usine) *Janvier 2007 - Liberté syndicale - Dalkia du groupe Veolia ex Vivendi (200.000 travailleurs) du centre courrier d’Evry-Courcouronnes Des dissidents CGT, mécontents de l’orientation de la centrale, tentent de former un syndicat de lutte, le délégué qui s’en prévalait est licencié dans le silence des syndicats « reconnus » *25/12/2006 - situation identique au magasin Virgin -Grands Boulevards à Paris où des actions se poursuivent, plus de l’extérieur que de l’intérieur, pour la réintégration d’une syndicaliste licenciée *15/1/2007 - La France partage avec l’Espagne le privilège d’avoir 80% des jeunes de 18 ans en CDD, 40% à22 ans et seulement 2% après 26 ans Corée du Nord - *19/12/2007 - Bien que classée « Etat voyou » la dictature nord-coréenne intéresse fort les capitalistes qui y trouvent des conditions d’exploitation hors du commun. Des réformes préparent leur venue avec l’autorisation des investissements étrangers, la liberté pour les salaires et la circulation des exploités, le marché libre etc. Sont intéressés, la Chine, Taiwan et la Corée du Sud. Comme atouts supplémentaires un niveau d’éducation élevé (2% d’analphabètes), de riches gisements miniers, l’Etat resterait propriétaire des moyens de production, mais ce n’est pas un obstacle ; Les experts de la grande banque Citygroup apprécient « Les progrès réalisés sont bien au-delà de ce qu’on pense » Chine -* janvier 2007-Disney tire une partie de ses profits des produits dérivés, tous fabriqués en Chine dans 14 usines du Guangdong suivant le rythme des commandes. Les travailleurs peuvent chômer sans être payés ou indemnisés jusqu’à 16 jours par mois amis peuvent en d’autres périodes faire de 11 à 16 heures et jusqu’à 30 heures d’affilée, - à 7 jours par semaine sans rémunération supplémentaire. Sans protection et à cause de la chaleur, les accidents du travail sont nombreux, pas indemnisés et souvent une raison de licenciement. Disney a signé le « code de conduite » des multinationales avec des visites « indépendantes » des lieux de production. Prévenues de ces contrôles les directions des entreprises sous-traitantes déplacent avant ces visites les indésirables et ont organisé des cours de « formation » pour que les travailleurs donnent les « bonnes » réponses, ce qui est sanctionné par des primes ou par la porte. Etats-Unis - *30/1/2007 - Pour la première fois depuis 10 ans, la majorité démocrate nouvellement élue a augmenté le salaire minimum horaire de 5,15$ à 7,25$ (de 4,10 à 5,80 euros)... en 2009 ; outre cette prudence, c’est un peu un coup de fouet dans l’eau car 32 états sur 50 ont déjà majoré ce minimum. Les îles Samoa où prospèrent des usines modèle chinois avec des immigrés traités comme des esclaves sont exclus également de cette majoration.
DELOCALISATIONS /RELOCALISATIONS RESTRUCTURATIONS-LICENCIEMENTS
Les déplacements du capital là où la plus-value est la plus forte. Maroc - *13/12/2006 - Les salaires sont le 1/3 des salaires français les plus bas, le code du travail est presque inexistant. Un paradis pour les délocalisations de langue française et pour la proximité du marché français. Ce ne l’est pas seulement pour les centres d’appel (passés de 3 à 70 depuis 2002) ou pour le textile mais pour toutes industries : aéronautique (dont Airbus), une filiale de Safran (entretien d’avions), l’assurance, la banque, l’informatique. Même les retraités s’y délocalisent et le compagnies aériennes low cost y prospèrent. *7/12/2006- Une réforme portuaire est entrée en vigueur le 5 décembre 2006. Elle prévoit le licenciement de 2.000 dockers. Des journées de grève ne stoppent pas des pourparlers pour la mise en route de cette restructuration propre à tous les ports mondiaux Bangladesh - *12/11/2006-Une section des dockers du port de Chittagong s’oppose par la grève à la mise en route de grues modernes de manutention des conteneurs. Après une tentative de briser la grève, un accord est conclu dont on ignore les termes. Cette grève se conjugue avec les conséquences des troubles politiques dont nous parlons par ailleurs, le port de Chittagong étant pratiquement bloqué par plus de 20.000 conteneurs alors que 20 navires sont en attente de déchargement. France -*3/ 2007 -Personne n’y échappe : Décret et grève à l’ANPE... quel service public de l’emploi ? Suite aux bons vœux de Chirac sur la nécessaire fusion ANPE / Unédic via les Maisons de l’ emploi et la mise en place de la « sécurité sociale professionnelle ».Tous les syndicats de l’ANPE appellent à une grève le jeudi 29 mars prochain. Ce n’ est que par la lutte et non par le bulletin de vote que les travailleurs peuvent vaincre ce pouvoir. Ce qui se passe à l’ ANPE apparaîtrait malheureusement comme précurseur de ce qui attend nombre d’activités d’intérêt général dans la France de demain. La liste des licenciements totaux ou partiels s’allonge toujours
France- *3/2/2007 - le groupe britannique Astra-Zenca (laboratoire pharmaceutique) prétextant la concurrence des produits génériques supprime 3.000 emplois sur 3 ans dont 2.300 en France en vendant son usine de Monts (Indre-et-Loire) et réduisant l’activité de celles de Dunkerque, Rennes et Calais. Aterme, le nombre d’usines du groupe sera réduit de 93 à 48 *23/1/2007 - Pour les mêmes raisons le trust américain Pfizer supprime 10.000 emplois (10% dans le monde mais 20% en Europe) dont 500 en France sur 3.600 *16/1/2007- Nokia (téléphones portables) contraint son fournisseur et filiale finlandaise Perlos à supprimer 4.000 postes d’ici 2007 (1/3 des effectifs) dont 500 en France sur 3.600 avec fermeture du site d’Amboise (Indre-et-Loire) (154 travailleurs) *6/2/2007 - Hershey, la plus grand chocolatier américain, une affaire de famille centrée sur une seule ville américaine Hershey en Pennsylvanie supprime 1500 travailleurs dans cette ville (10% des 13.000 travailleurs) mais ouvre une nouvelle usine au Mexique, con principal concurrent Mars délocalisant dans une joint venture en Chine. *16/2/2007 - La fusion du français Alcatel et de l’américain Lucent entraîne restructuration et licenciements : 12 à 13.000 dans le monde dont 1468 en France : 110 sur 1500 à Alcatel Business Systems à Altkirch (Bas-Rhin) ,63 à Eu (Seine-Maritime), 100 à Orms (Loire) 217 sur 441 à Lannion (Côtes-d’Armor) 150 à St Grignon et 56 à Cesson-Chevigné (Indre-et-Loire). Quelques débrayages sporadiques à l’appel des syndicats. *5/1/2007 - Le budget 2007 de la SNCF prévoit 2.490 suppressions d’emplois sur 162.000 *13/12/2007 - Kodak, usine de Chalon/Saône prévoit la fermeture de l’usine (1.800 travailleurs) avec 500 mises en retraite ou préretraites, 400 réembauchés chez un sous-traitant et 600 resteront salariés mais pour les 2/3 dispensés d’activité jusqu’à ce qu’ils retrouvent un emploi mais à n’importe quelles conditions. *14/12/2006 - Continental et Motorola (électronique automobile) à Angers délocalisent en Chine et en Roumanie. Sur les 800 travailleurs exploités en 1973, il n’en reste encore que 330 qui seront licenciés. *Février 2007 -Stora Enso, papeteries à Corbehem (Pas-de-Calais) ferme trois lignes de production et supprime 400 emplois. *14/1/2007 - Romorantin (Loir-et-Cher) L’usine de quad AXR licencie 28 travailleurs, la moitié de ses effectifs bien qu’ayant touché 500.000 euros d’une subvention de 1.500.000 euros de l’Etat et des régions pour garantir l’embauche de 120 travailleurs. *7/2/2007 - La compagnie aérienne Japan Airlines veut réduite 10% de ses effectifs soit 4.500 travailleurs d’ici 2010, conséquence d’une gestion hasardeuse et de prévarications. *15/1/2007- Usine Pleyel, Alès (Gard).Un capitaliste peu intéressé ferme l’usine de la marque célèbre de pianos est licencie 62 travailleurs sauf 19 qui acceptent une mutation dans une nouvelle usine dans la banlieue nord de Paris. *9/3/2007 - Aubade, lingerie de luxe, St Savin et La Trémouille (Vienne) 140 licenciements sur 180 travailleurs, malgré toutes les promesses et interventions des politiques, démontrant une fois de plus que, ce qui ne s’avoue jamais, ils ne peuvent rien contre la marche inexorable de l’économie. Seule la lutte de classe... *21/2/2007 - SEB (électro ménager) emploie en France la moitié de ses 14.000 travailleurs. La poursuite des délocalisations signifie la suppression de 1.000 emplois dans l’hexagone. Union Européenne -*5/2/2007 - La réorganisation européenne du marché du sucre aboutirait à la fermeture de 100 usines (40% du total) et la suppression de 150.000 emplois. Chine - *Octobre 2006 - De 1994 à 2004, les entreprises d’Etat ont jeté 28 millions de travailleurs, souvent dans des conditions qui ont entraîné des vagues de protestations toujours localisées, en hausse de 50% au cours des deux années écoulées
D’AUTRES ATTAQUES DU CAPITAL L’OFFENSIVE CONTRE LES COÛTS DE PRODUCTION LES RESISTANCES OUVRIERES
Grande-Bretagne - *début 2007 -L’application de l’accord syndicats-gouvernement signé en 1997 pour un statut unique des travailleurs des collectivités locales ( voir bulletin de décembre p.4) sert toujours de prétexte aux municipalités pour rogner bien des avantages spécifiques ( contrairement à la France, aussi bien dans l’éducation que dans tous les services des collectivités publiques hors l’Etat, tout travailleur est lié seulement par contrat particulier avec la collectivité qui l’emploie comme avec un employeur quelconque sans garantie de réemploi ailleurs dans les mêmes conditions). Ce nivellement est la source présentement de toute une série de conflits locaux. Des grèves ou menaces de grèves dans différentes villes ou régions. Manchester a connu ainsi une « journée de 24 heures » au cours de laquelle des piquets de grève ont bloqué les bâtiments publics et des milliers de fonctionnaires, employés municipaux et de l’entreprise Fujitsu en grève (centre d’appel) se sont retrouvés dans les rues pour une fiesta géante. *10/2/2007- Toujours les mêmes constantes escarmouches dans Royal Mail. Après 19 jours de grève au cours des 4 derniers mois, les postiers de Manvers (South Yorkshire) ont obtenu des aménagements d’horaire, des embauches et la promesse qu’aucune modification des conditions de travail n’interviendrait sans l’accord de la base. A Bristol, les postiers ont participé par solidarité à la grève de 130 travailleurs d’une station locale de télévision appartenant au même syndicat CWU dont les emplois sont menacés de délocalisation en Inde Algérie -*25/12/2006 - 30 révoltés impliqués dans les émeutes de Ain M’lila (est du pays) passent en jugement, ce qui déclenche de nouvelles émeutes. Brésil - *11/12/2006 - En septembre 2006, une collision entre un jet privé et un avion de ligne fait que ce dernier s’écrase dans la forêt amazonienne : 154 morts. Les contrôleurs aériens (pas la vétusté des installations et les effectifs réduits) servent de boucs émissaires : 10 contrôleurs aériens sont suspendus. Tous les contrôleurs aériens déclenchent alors à la mi-octobre une grève du zèle (en ne prenant en charge en même temps que le nombre réglementaire d’avions) ce qui en peu de temps entraîne le chaos total dans le trafic aérien brésilien, aggravé début décembre par la fermeture plusieurs heures de tous les aéroports suite à une erreur de maintenance qui met en panne tous les centres de contrôle aérien. Les sanctions sont finalement suspendues USA - *3/1/2007 - Goodyear (pneumatiques) (voir précédent bulletin) fin de 12 semaines de grève de 17.000 travailleurs dans 12 usines du pays et du Canada (sur 80.000 dans 29 pays) suite à un accord direction -syndicat USW ( rejeté par I/3 des grévistes) : maintien de la couverture santé ( au prix d’une ponction supplémentaire sur les augmentations accordées) mais aussi maintien de la fermeture de l’usine du Kansas, ce qui était à l’origine de la grève. Le syndicat y gagne la gestion d’un fonds spécial prenant en charge la couverture maladie et retraite. L’accord devrait servir de modèle aux autres grands du pneu Bridgestone et Firestone France - *30/12/2006 - Novotel à Bagnolet (banlieue est de Paris) cède après quelques jours de grèves des femmes de ménage sur les cadences de travail, une prime de fin d’année et l’attribution de tâches supplémentaires pour augmenter les salaires *février 2007 - Après trois jours de grève les travailleurs du fast food Kentucky Fried Chicken de St Denis Basilique (banlieue nord de Paris obtiennent une amélioration des conditions de travail particulièrement déplorables et l paiement des jours de grève. *Décembre 2006 - série de grèves des agents de conduite sur les conditions de travail, la productivité et les déroulement de carrières dans différents centres Saint-Étienne (Loire), Marseille, Avignon , Paris-Montparnasse et Austerlitz etc. suite à des changements de services et de nouveaux roulements *7/12/2006 - Lille (Nord) Hôpital psychiatrique - 1.100 sont en grève depuis trois semaines pour le temps de travail et le recrutement *16/11/2006 - Rive-de-Gier (Loire) - Après rachat par Sinan Solmaz, Duralex (verrerie) avait licencié en 2005, 85 travailleurs avec la promesse d’une indemnité de 6.000 euros non payés. 24 h après la séquestration du directeur, 1.700 euros sont débloqués. *2/2/2007 - Marseille : Enseignement public - grève dans trois collèges contre les réductions d’effectifs suite à des suppressions de postes ou de classes. *8/2/2007 - depuis plus de trois mois, des grèves tournantes touchent 50 des 110 centres de tri pour les salaires et les conditions de travail. Par crainte d’extension, la direction des services postaux annonce l’ouverture de négociations sur ces revendications. D’autres grèves touchent les facteurs différents centres de distribution de l’Essonne (banlieue sud est de Paris) qui ont un plan progressif d’action. D’abord ils respectent strictement le temps de travail et ne distribuent pas ce qui reste alors de courrier (ce qui a contraint la direction à embaucher 15 CDFD) et lancent pour le 10 mars la grève du samedi. Ils essaient d’étendre leur grève à d’autres centres notamment au centre courrier d’Evry-Courcouronnes *24/11/2006 - Le PDG d’Alstom (matériel ferroviaire entre autres) s’envoie une augmentation de 37% ( 187.000 euros annuels) : c’est normal, au premier trimestre 2006, les recettes ont augmenté de 67% Alors que les syndicats discutent d’une augmentation de salaire sans trop mobiliser, une grève sauvage éclate le 13 novembre dans l’atelier des alternateurs ; une trentaine de travailleurs réclament une ,prime de 1.000 euros et une augmentation de 150 euros mensuels ; La grève s’étend mais est reprise en mains par les syndicats qui la transforment en une grève perlée et des débrayages d’une. La direction propose 400 euros de primes et des négociations sur les salaires. Après 12 jours de grève, la situation est dans l’impasse. Grande-Bretagne - *30/1/2007 une grève de 2 jours des 14.000 navigants non pilotes de British Airways est annulée 12 heures avant son échéance, la direction ayant cédé dans un accord qui couvre les absences pour maladie, les retraites et les salaires (4,6% d’augmentation), mais trop tard pour récupérer les innombrables annulations par les voyageurs, ce qui crée quand même un chaos de plusieurs jours Pologne - *décembre 2006 - Après des grèves dans le service postal en novembre 2006, les sanctions pleuvent contre les participants et notamment contre les activistes syndicaux (déplacements, licenciements, etc....) Grèce - *7/2/2007 - Grèves de l’enseignement (voir précédents bulletins). Depuis 25 jours, l’Ecole polytechnique d’Athènes est occupée par les étudiants qui protestent contre une réforme du système universitaire qui aboutit à sa privatisation et qui s’insère dans une réforme de tout le système éducatif objet de nombreuses actions d’enseignants et élèves depuis plusieurs mois.
OÙ VONT LES PRODUITS DE L’EXPLOITATION DU TRAVAIL ?
Monde- *6/12/2006 - La Société d’étude américaine The Economist Intelligence Unit estime que « l’économie mondialisée fait pression sur les salaires...d’où les conditions de vie qui se dégradent pour une partie de la population » et conclut « qu’il y a rarement eu de périodes aussi favorables aux riches ». Le nombre de ceux qui possèdent plus de I million de dollars (800.000 euros) a augmenté de 158% seulement dans les pays du G7, la moitié d’entre eux seraient en France (2,6 millions y possèdent plus de 1 millions de dollars et 352.000 plus de 5 millions) Un grand patron français gagne en moyenne par mois 300 fois la moyenne des salaires mensuels (1.315 euros) En France, 5% des ménages vivent avec plus de 5.000 euros par mois et 10 % des ménages tiennent en leur possession 46% des richesses nationales. Il paraît qu’en 2.030, le monde sera moins pauvre en raison du développement des pays « pauvres » mais que la distribution des revenus sera encore plus inégale Les hommes d’affaire russes se distinguent particulièrement parmi les « nouveaux riches » et leurs dépenses ostentatoires. L’un d’eux qui représente la 89ème richesse mondiale a acquis récemment pour offrir une montre de 365.000 euros et organisé une soirée rock pour 500.000 euros. 1/3 des résidants des zones de pauvreté définies comme ZUS qui représentent 10% de la population française sont en mauvaise santé contre ¼ en moyenne pour l’ensemble de la population (23% en incapacité de travail contre 20%) USA -*12/11/2006 - Les économistes soulignent que le salaire moyen a décliné en termes réels au cours des 5 dernières années alors que les bénéfices et la bourse ont atteints des sommets. Les salaires représentent la plus petite proportion du PIB depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Pour les 2/3 des foyers le niveau de vie a stagné ou décliné LES CRIMES DU CAPITAL
Ukraine - *5/2/2007 - Des milliers de tonnes de blé ont été jetées dans la Mer Noire alors qu’ils pourrissaient dans les stockages portuaires de fortune, bloqués par des blocages gouvernementaux restreignant les exportations, mesure décidée par le pouvoir soi-disant pour permettre de reconstituer les stocks stratégiques suite aux mauvaises récoltes de l’an passé, en réalité dans un bras de fer entre les producteurs de céréales voulant profiter de l’envolée des cours mondiaux et le gouvernement. Etats-Unis - *19/12/2006 - En 1990, la multinationale du pétrole BP rachète la raffinerie de Texas City et malgré des recommandations de travaux de sécurisation exige au contraire des réductions de 25% des dépenses d’entretien. Dans l’unité d’isomérisation de l’usine, les travailleurs font des journées de 12 heures, parfois 30 jours d’affilée avec 2 heures journalières de transport. En 2002, les ingénieurs proposent de nouveau différentes mesures pour accroître la sécurité et c’est de nouveau écarté à cause des coûts de production. Des accidents divers avaient sonné comme des avertissements : au cours des 5 dernières années l’usine avait dû être stoppée 19 fois pour réparations et au cours des 10 années écoulées, on comptait un incendie mineur par semaine. Le 23 mars, l’usine explose. 19 morts, 500 blessés. Comme l’incendie se propage, les travailleurs qui tentent de fuir sont retardés par les clôtures de barbelés. Des accidents sérieux ont déjà également eu lieu dans les exploitations de BP en Alaska (voir bulletins antérieurs) Philippines - *24/12/2006 - Comme la côte d’Ivoire a été récemment, entre autres pays d’Afrique le dépotoir de l’Europe, les Philippines sont le dépotoir du Japon avec la complicité des autorités. D’où des polémiques qui ne règlent rien. Soudan - *12/1/2007 - Sang et pétrole. On en parle constamment mais beaucoup moins que l’Irak. Rien n’est réglé et le conflit déborde sur les pays voisins notamment le Tchad ( voir les précédents bulletins) en 4 ans, 200.000 morts et trois millions de personnes déplacées Nigeria - *10/2/2007 - « La merde du diable » Toutes les multinationales se ruent sur le pétrole nigérien (1er producteur d’Afrique et 6ème mondial) profitant d’un gouvernement particulièrement corrompu pour exploiter cette richesse nationale au mépris des hommes (130 millions d’habitants) et de l’environnement. Un Mouvement d’Emancipation du Delta du Niger (MEND) où se trouvent les principales exploitations tente d’obtenir un partage des prébendes par des actions de guérillas (kidnapping, attaques de navires, rackets...) Comme les raffineries sont très vétustes et qu’il n’y a pas d’investissements, le pays doit importer la quasi-totalité des produits pétroliers consommables ; l’extrême pauvreté amène les plus pauvres à tenter de se procurer du carburant par de dangereuses coupures de pipelines. Le 27/12/2006, une nouvelle explosion d’un pipeline coupé a fait plus de 500 morts ; la dernière, aussi meurtrière avait eu lieu en mai dernier. Zimbabwe -*12/2/2007 - autre produit de la décolonisation avec un dictateur paranoïaque et déclinant qu’une réforme agraire qui a ruiné une agriculture prospère et un clientélisme effréné entraîne dans une spirale infernale d’inflation (1600%) cause de revendications constante notamment des fonctionnaires (notamment des enseignants) et une dégradation générale de toutes les infrastructures du pays. Sur 13 millions d’habitants, 4 millions ont déjà émigré, les 2/3 en Afrique du Sud
MIGRATIONS
Union Européenne -*27/12/2006 -Bien que leur pays entrent dans l’U E, Bulgares et Roumains sont barrés de la libre circulation. En principe, car ils peuvent, entrés avec un simple passeport, ils peuvent y travailler comme « indépendants ». Le Royaume Uni, l’Irlande et la Suède n’appliquent pas ces restrictions. Mais il est difficile d’évaluer le nombre des illégaux dans tous les pays d’Europe (par exemple, il y aurait déjà 800.000 bulgares immigrés) Partout, on déclare hypocritement que les immigrés « acceptent de bas salaires et contribuent à contenir l’inflation » ou comme en Espagne qu’ils contribuent au renflouement des caisses de retraite et de l’assurance maladie car, jeunes dans leur grande majorité, ils contribuent mais ne consomment pas. Leur présence, les difficultés d’intégration et cette pression économique déclenche des réactions d’hostilité, perceptibles en Grande-Bretagne et déclenchant des violences entre jeunes en Espagne. Etats-Unis - *14/12/2007 - Une étude concernant les principales villes américaines montre que le revenu moyen annuel en 2005 des Blancs non latinos est de 37.479$ alors que celui des Noirs est de 15.670$. D’autres chiffres montrent que le fossé entre les conditions de vie entre Blancs et Noirs s’accroît constamment. France -*17/1/2007 - 18 esclaves immigrés d’une blanchisserie industrielle Modelux de Chilly-Mazarin (Essonne, banlieue sud-est de Paris) licenciés en octobre 2006, soutenus par une grève de huit jours des 160 travailleurs de l’entreprise ont finalement été régularisés. *5/1/2007 - Des travailleurs polonais recrutés sur Internet avec des salaires alléchants de 100-1200 euros mensuels (contre 180 en Pologne) ont travaillé pendant plusieurs mois de 8 à 13 heures par jour avec seulement 20 à 30 euros par semaine pour leur nourriture pour s’apercevoir que la société qui les avait embauchés avait disparu sans payer leurs salaires. Afrique - *En raison de la répression aux frontières, les filières migratoires se modifient constamment. De plus en plus d’Asiatiques transitent maintenant par l’Afrique centrale et de l’Ouest. En 2006, 31.000 migrants ont réussi à atteindre les Canaries, porte d’entrée de l’Espagne et de l’Europe ; 6.000 se seraient noyés avant d’y parvenir.