Ce texte est principalement centré sur la situation économique des Etats-Unis. Il cherche à montrer la dualité dans laquelle se débat le capitalisme américain et son système de crédit. Les Etats-Unis se comportent comme les banquiers Law et Pereire, défenseurs du crédit que Marx décrivait comme ayant un « caractère agréablement mitigé d’escrocs et de prophètes (1). »
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la croissance a été décroissante en dents de scie. Le graphique ci-dessous montre d’un seul coup d’œil que le capitalisme mondial souffre d’une rentabilité du capital insuffisante qu’il a du mal à contrecarrer. La croissance à 5 % en 2004 est de ce point de vue une parenthèse, rendue possible par la remise en cause des systèmes de retraite et de santé à l’échelle mondiale, jugés contre-productifs. Même le FMI s’est inquiété des conséquences sociales à moyen terme de ce « transfert du risque patrimonial (de pertes) vers les particuliers » « Alors que les banques, les assureurs, et les fonds de pension cherchent à réduire la volatilité de leurs bilans (...), toute une série de risques, traditionnellement gérés par ces instances, passent directement au secteur des ménages » (La Tribune du 6 avril 2005). Pour 2005, la croissance mondiale stagne à 3,1 %, malgré toutes les coupes dans les budgets sociaux. De nouveau l’OCDE elle-même donne le ton pour 2006 en indiquant qu’il faudrait purement et simplement supprimer l’âge de la retraite. Tout laisse aujourd’hui à penser que les contre-tendances s’essoufflent et que le capitalisme n’a plus à offrir que la misère généralisée.
La triche du crédit aura une fin
Quand nos économistes parlent du capitalisme américain, voici ce qu’ils disent en règle générale :
« la performance économique des Etats-Unis a été spectaculaire au cours des vingt dernières années » ;
« la croissance par habitant a été plus forte que dans les autres pays » ;
« Le PIB réel a augmenté d’environ 4 % l’an, cette situation devant persister encore pendant quelques années ».
L’angélisme en matière d’économie mondiale est de taille. Il n’est donc pas inutile de passer au scanner une économie aussi redoutable et performante.
Si, en 1945, le PIB des Etats-Unis représentait, avec 213 milliards de dollar, la moitié du PIB mondial, en 1995 il n’en représentait plus que le quart, avec 7 246 milliards de dollars. La part des Etats-Unis dans la contribution à la richesse mondiale ne cesse de s’amenuiser, et la chute du dollar va amplifier ce « déclin relatif ».
Le déficit croissant et chronique de la balance des paiements (2) depuis les années 1960 n’est plus à démontrer. Pas plus que celui de la balance commerciale à partir des années 1970. Selon Le Monde diplomatique de mars 2005, le déficit commercial atteint le chiffre record de 618 milliards de dollars.
Le chômage, officiellement bien en dessous de celui de l’Europe, devient préoccupant. George W. Bush Jr est le premier président à ne pas avoir créé un seul emploi depuis Herbert C. Hoover (président de 1929 à 1933). Et la tendance aux délocalisations (outsourcing) n’arrange rien. Sachant que le comptage des chômeurs se fait par sondage (un salarié ayant travaillé une journée n’est pas répertorié comme chômeur), nous pouvons donc considérer que le taux de sans-travail est bien plus élevé. Le Financial Times du 18 février 2005 parle d’un taux de 7 %, proche de celui de l’Europe. Les Etats les plus touchés par la précarisation et le chômage sont : l’Ohio, le Michigan, la Caroline du Nord.
Comment donc les Etats-Unis sont-ils jusqu’à aujourd’hui, malgré plusieurs récessions, parvenus à maintenir une croissance « remarquable » ? Simplement par la « triche » du crédit qui est, depuis 1945, utilisée par trois pays : les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Australie. Il permet de stimuler la demande intérieure en laissant filer les déficits extérieurs. Mais aussi, nous le verrons plus particulièrement, en laissant se gonfler artificiellement le déficit commercial.
Si les Etats-Unis sont parvenus dans la période récente à maintenir une progression du PIB de 1 % par trimestre, c’est que la demande intérieure se maintenait entre 6 % et 6,5% du PIB quand le déficit extérieur oscillait dans une fourchette de 5 % à 5,5% du PIB. Il semble, à en croire les prévisions de l’OCDE, que cette période s’achève, le déficit devant cette fois atteindre 6,5 % du PIB.
La « triche » du crédit arrive en bout de course et si, jusqu’à fin juin 2004, la Réserve fédérale (FED, la banque centrale des Etats-Unis), avait laissé son taux directeur à 1 % - très en dessous du taux d’inflation, pour encourager l’endettement des ménages et soutenir de cette manière la consommation (3) -, elle a repris le chemin du crédit cher et stoppé la chute de ses taux d’intérêts. En 2001, en moins de douze mois, la FED a été contrainte de réduire 11 fois les taux d’intérêts - ce qui est du jamais vu depuis 1961.
Le taux d’intérêt directeur était tombé à 1 % en juin 2003, mais depuis juin 2004 les taux d’intérêts aux Etats-Unis ne cessent de remonter, pour attirer les capitaux. Mais si le crédit résout en apparence les difficultés du moment, il ne fait que reporter le problème, et donc réduit la demande future, avec l’incrément en plus que les banques réclament.
Pour que le système puisse encore tenir une année, il faudrait que la demande intérieure du pays soit de 7 % du PIB. Les Etats-Unis ont depuis jeté l’éponge et se sont résignés à provoquer la dépréciation de leur monnaie.
Dépréciation/appréciation du dollar : un jeu qui ne résout rien
Dès la récession de 2001, les Etats-Unis savaient qu’ils devraient déprécier le dollar (4). Dans ce but, le gouvernement et la FED ont déployé à partir de mars 2002 toutes sortes d’initiatives pour affaiblir le billet vert. Après la pause électorale (de février à août 2004), l’organisation stratégique de la dépréciation du dollar s’est poursuivie. La FED a été contrainte d’expliquer « aux marchés » que les Etats-Unis avaient besoin d’une baisse de leur monnaie. Cette annonce allait précipiter la chute du dollar face aux grandes monnaies (5) mais aussi vis-à-vis de la monnaie des « pays émergents » (comme le won coréen, le dollar de Singapour, celui de Taiwan, le zloty polonais, le rouble russe, la roupie indienne, le peso mexicain, le rand sud- africain...). Ce qui veut dire que les 11 000 milliards de « dollars nomades » (6) seront dévalués d’une manière comme d’une autre, entraînant une défiance vis-à-vis du dollar comme monnaie de réserve internationale (7). Certains pays « dollarisés » d’Amérique latine comme le Chili ont, dans la plus grande discrétion, décidé de libeller leurs bons du trésor en euros. Cuba a décidé de convertir intégralement ses échanges en euros.
« Les mouvements des banques asiatiques hors du dollar hantent les marchés », souligne le Financial Times du 18 février 2005. Parmi les pays cités qui se débarrassent de leurs dollars, figurerait la Corée du Sud (8) qui détiendrait 200 milliards de devises étrangères dont 90 % en dollars. Les banques asiatiques détiendraient 3 800 milliards de dollars. La décision de la Corée de diversifier graduellement ses avoirs en devises est suivie par la Thaïlande, Taiwan et l’Indonésie. La Russie aussi décidait de mettre un terme à l’indexation de facto du rouble au dollar ; il y aura donc moins de réserve en dollars dans la Banque centrale de Russie.
« La défiance envers le dollar s’explique aussi par l’échec de la politique de réduction “par le marché” du déficit extérieur, écrit Le Monde diplomatique de mars 2005 (p. 6). Un dollar faible devrait favoriser les exportateurs américains et pénaliser les importateurs. Or, plutôt qu’à un rééquilibrage des comptes, cette politique a contribué au creusement de déficits qui ont souligné les fragilités structurelles de l’économie américaine. Les opérateurs financiers en ont conclu que le dollar n’avait pas suffisamment baissé. Certains suggèrent même que, pour réduire le déficit commercial de moitié, la monnaie américaine devrait perdre 30 % de plus - et ne plus valoir que 0,55 euro... »
Comme nous venons de le voir, la baisse du dollar entraîne une baisse des importations, elle réduit la valeur en devises de la dette extérieure des Etats-Unis, donc la rend plus acceptable pour les investisseurs étrangers, qui cherchent au niveau international le meilleur rapport. Entre 2002 et 2004, le billet vert a perdu 20 % de sa valeur par rapport à l’euro (Le Monde Diplomatique, mars 2005).
Si le dollar ne coule pas à pic, c’est surtout parce qu’il est maintenu à flot par les banques centrales asiatiques, qui depuis 2001 ont acheté 1 200 milliards de dollars qui servent à combler la moitié des 2 milliards de dollars dont les Etats-Unis ont besoin chaque jour pour financer leurs déficits (9).
L’artifice de la baisse des taux d’intérêt et le boomerang de leur hausse
La récession de 2001, comme nous le verrons, a bien marqué un tournant dans la politique monétaire des Etats-Unis. La pléthore de capital permettait à la FED de mener une politique de baisse draconienne des taux d’intérêts, avec comme objectif « la relance de la consommation et de l’investissement ». Cependant, le loyer de l’argent à taux zéro - l’idéal de Proudhon - ne fait que déplacer les problèmes et a pour conséquence la fuite des capitaux étrangers (investissements directs étrangers, IDE) vers des possibilités de rafle financière plus séduisante.
Le capitalisme, c’est de l’argent qui doit rapporter de l’argent. C’est pourquoi il n’a pas fallu attendre trop longtemps pour que la FED annonce la reprise de la hausse des taux d’intérêts. Ceci au moment même ou l’UE tente une percée de rentabilité du capital, en prenant toute une séries de mesures antipopulaires (réformes des systèmes de retraite et de santé, licenciements, délocalisations, droit du travail...). Une concurrence sur les rendements des titres en dollars et autres devises fait rage. Si jusqu’à présent les Etats-Unis étaient parvenus à des rendements plus élevés que celui des titres émis dans le reste du monde, sur le court terme le taux d’intérêt du dollar passe en dessous de celui de l’euro (2001), ses taux long sont semblables à ceux de l’euro, et depuis 1996 les rendements boursiers sont comparables aux Etats-Unis et en Europe (sources CDC IXIS). Les Etats-Unis, jusqu’aux affaires Enron et WorldCom, avaient l’avantage en matière de rentabilité des entreprises et de croissance de la productivité. Or, comme l’expliquait Tom Thomas dans son livre L’Hégémonie du capital financier et sa critique (éd. Albatroz, 1999), les Etats-Unis seront de nouveau contraints à pratiquer une hausse des taux d’intérêts pour attirer des capitaux :
« Cependant, cette hausse de la Bourse, que la crise mondiale alimente et que la spéculation avec effet de levier décuple, induit un “effet richesse”. Les ménages des couches moyennes ou supérieures qui ont un portefeuille et les entreprises, dont les titres sont au plus haut, se trouvent riches. Donc tous consomment allègrement, investissent, et s’endettent même encore plus, sûrs que la hausse leur permettra de rembourser. Et le déficit commercial américain augmente, sapant inexorablement la valeur du dollar. Il est estimé devoir atteindre le chiffre record de 250 milliards de dollars en 1999 (10).
» S’y ajoute le déficit de la balance des paiements par l’afflux des capitaux étrangers, qui sont autant de dettes (par exemple quand ils sont placés en Bons du Trésor). A ce rythme, une hausse des taux d’intérêt se profile très sérieusement à l’horizon, qui sera le résultat tant du ralentissement du flux d’argent étranger, qui ne peut être infini, que de l’inquiétude sur la valeur dollar qui repose sur une montagne de dettes. En juin, le taux de l’emprunt du Trésor américain à trente ans est remonté à 6,15 % (il était de 4,71 % en octobre 1998), déclenchant une mini-panique à Wall Street. Un jour, quelques autres mauvaises nouvelles arriveront, ce que rend inévitable le ralentissement généralisé de la croissance mondiale qui ne peut que se répercuter tôt ou tard sur l’économie américaine aussi. » (Tom Thomas, L’Hégémonie du capital financier et sa critique, p. 135-136.)
Depuis juin 2004, c’est la douzième fois que la banque centrale américaine remonte le loyer de l’argent pour attirer des capitaux et, comme l’inflation menace, elle envisage de porter ses taux à 4 % en novembre et 4,25 % en décembre (La Tribune du 6 octobre 2005).
La récession américaine de 2001
Depuis 1953, les Etats-Unis ont subi neuf récessions (11). Jusqu’en l’an 2001, les récessions entraînaient une baisse moyenne du PIB de 2,3 %, qui était amplement comblée par les poussées de croissance qui suivaient en moyenne 5,25 %. Par conséquent, les reprises ont toujours compensé les récessions.
La récession de l’année 2001 sera particulière. Elle avait déjà commencé bien avant le 11 septembre 2001 (12) : entre la mi-2000 et la mi-2001 la croissance du PIB se limitait à 1,1 %, avec une franche récession dans le secteur industriel - qui était latente depuis 1997. La perte de vitesse des profits des entreprises par rapport à leur valeur boursière va préparer l’explosion de la bulle spéculative en mars 2002.
Au moment des attentats du 11 septembre, la récession de la production industrielle en était à son onzième mois, elle s’était d’abord contractée de 4,8 % pour finir à 6,2 %. Cela signifie que les capacités de production passèrent de 82,4 % à 75,5 % en une année. Les profits après impôts chutèrent de 12,5 % entre le troisième trimestre 2000 et le deuxième trimestre 2001, indiquant en fait qu’il s’agissait bien d’une récession d’ensemble de l’économie américaine. Le capitalisme américain se trouvant contraint d’éliminer ses surcapacités allait devoir tailler dans les effectifs :
dans les services, il y eut deux vagues de licenciements - 241 000 puis 123 000 ;
l’avionneur Boeing a annoncé le licenciement de 4 000 à 5 000 personnes d’ici à la fin 2003. Et le constructeur d’automobiles Ford s’apprêterait à rendre public un plan de licenciements de 2 000 de ses cadres ;
la récession de 2001 aux Etats-Unis ne résultait pas d’un recul de la consommation (2 %) mais d’un brusque retournement à la baisse de l’investissement des entreprises, et de la détérioration du commerce extérieur en volume. Elle fut d’autant plus importante (bien que les économistes cherchent à la minimiser) qu’elle allait révéler que les capitaux privés devenaient insuffisants pour couvrir le déficit courant des Etats-Unis.
« Entre 2001 et 2004, indiquait Le Monde diplomatique du 26 octobre 2004, le budget fédéral est ainsi passé d’un excédent de 100 milliards de dollars à un déficit de 415 milliards de dollars (soit 3,6 % du PNB). Pensant à cela, et au fait que le probable déséquilibre de la balance des paiements (540 milliards de dollars en 2004) correspondra, lui, à 5,1 % du produit national brut, M. Peter Peterson, ancien secrétaire au commerce du président Nixon, a conclu : “Cette administration est responsable de la détérioration des finances américaines la plus massive et la plus imprudente de toute l’histoire.” »
L’année 2001 fut sans aucun doute le début d’un retournement de tendance au niveau international. La défiance envers le dollar est devenue pour les Etats-Unis une menace réelle, d’autant plus après que Saddam Hussein eut pris la décision de payer le pétrole en euros et pu inciter toute l’OPEP à le suivre (13). L’arme de destruction massive était donc là.
Cependant l’ennemi intérieur des Etats-Unis se dissimulait encore derrière les comptes truqués des grosses compagnies. La FED et l’administration américaine savaient que tout reposait sur des sables mouvants, mais il ne fallait pas freiner la croissance, et surtout pas faire peur aux investisseurs étrangers. Tout en espérant un miracle, tous attendaient la catastrophe en chaîne.
Le 2 décembre 2001, la septième plus grosse compagnie américaine, Enron, se déclare en faillite. Le cours de l’action chute de 89 dollars à 1 dollar. Ensuite suivront WorldCom, Tico, Arthur Andersen, Adelphia, Global Crossing, AIG assurances, etc. La tête de proue du capitalisme mondial devient suspecte et les investisseurs étrangers commencent à quitter le navire sur la pointe des pieds.
C’est seulement après l’affaire WorldCom, en 2002, que la classe politique mouillée dans toutes les affaires fut contrainte de réagir. L’administration Bush, les entreprises, un grand nombre de Républicains, ne voulaient pas entendre parler du projet de loi du sénateur Sarbanes. Ils furent néanmoins contraints d’accepter ce texte de moralisation du capitalisme sous la pression de l’opinion publique (cette putain anonyme [14]). Ainsi fut votée par le Congrès la loi Sarbanes-Oxley. Elle oblige les dirigeants d’entreprises à rembourser tous les bonus ou les profits obtenus de transactions passées au cours des douze mois précédant le nouveau rapport, si les comptes sont réajustés pour non-respect des règles. Les dirigeants pris en faute encourent vingt ans de prison. La loi sur les faillites (le souvent cité « chapitre 11 ») ne pourra plus être le refuge des malversations, ni un moyen d’échapper à ses responsabilités. Ensuite, tout le système est une reprise en main par l’Etat, au travers de la mise en place d’un organisme de contrôle et de surveillance, dont on sait qu’il n’existe que pour rassurer, jusqu’au prochain scandale.
Il est toujours difficile, et en particulier pour les journalistes, de s’y retrouver dans l’ensemble des déficits et dettes d’un pays. Ainsi le mot billion n’a pas la même signification aux Etats-Unis, au Canada et en Europe... Donc il faut toujours relativiser les chiffres et en comprendre le sens. Si le déficit croissant de la balance des paiements n’est plus à démontrer (elle représente, pour une période donnée, l’ensemble des paiements intervenus entre un Etat et l’étranger) depuis les années 1960, il faut en connaître la portée et ses limites. Selon la revue Conjoncture de novembre 2003, « le déficit de la balance des paiements est très important : 5,1 % du PIB au cours du deuxième trimestre 2003 ». Son rythme de dégradation annuel s’accélère : 0,6 point du PIB par an au cours des cinq années précédentes.
Cependant, le déficit commercial des Etats-Unis est très relatif, et fait l’objet de frictions régulières avec le gouvernement chinois. Par exemple, en 2002, les Etats-Unis chiffraient leur déficit commercial avec la Chine à 103 milliards de dollars, alors que la Chine considérait qu’il se limitait à 44 milliards. L’enjeu pour les Etats-Unis est de gonfler le déficit pour faire réévaluer la monnaie chinoise et inversement pour la Chine. Ainsi cette même revue Conjoncture de novembre 2003 fait-elle un calcul assez révélateur :
« Sur la base des données du FMI pour 2001 : d’une part, le déficit commercial enregistré par les Etats-Unis avec ses cinq principaux partenaires commerciaux (le Canada avant le rapprochement annuel des comptes, la Chine, l’Allemagne, le Japon et le Mexique) et, d’autre part, l’excédent bilatéral enregistré par chacun de ces pays avec les Etats-Unis.
» Selon les chiffres américains, le déficit commercial total des Etats-Unis avec ces cinq pays s’élevait à 280 milliards de dollars, alors que, selon ces pays, il n’était “que” de 221 milliards. En excluant les deux extrêmes (le Canada et la Chine), les Etats-Unis surestimaient leur déficit commercial de 32 %. Or si l’on applique ce “taux de surestimation” au déficit total de la balance des paiements américaine, on la rabaisse à 327 milliards de dollars, soit 3,1 % du PIB en 2002. »
Les Etats-Unis ont massivement délocalisé le secteur manufacturier à l’étranger. Il en résulte que certains produits de marque américaine vendus aux Etats-Unis sont considérés comme « made in étranger », c’est-à-dire comme des importations classiques. Il ne faut donc pas s’étonner que de telles importations soient à la base du déficit de la balance des paiements des Etats-Unis.
Le Bureau d’analyse économique des Etats-Unis (BEA) confirme ce fait : il a calculé qu’en intégrant les recettes nettes réalisées par les entreprises américaines délocalisées, le déficit commercial de 2001 atteignait 255 milliards de dollars, soit 103 milliards de moins que le chiffre habituel ou, si l’on préfère, une diminution de 29 %.Nous voyons donc que le déficit commercial des Etats-Unis est moindre, et qu’il suffirait qu’une partie des profits réalisés à l’étranger reviennent pour qu’il se réduise encore.
C’est ce qui va s’enclencher en janvier 2005, avec le vote du Homeland Investment Act (15), une loi qui va favoriser le rapatriement des bénéfices réalisés à l’étranger. Leur montant est estimé à 480,350 milliards de dollars, selon le journal Le Monde du 7 octobre 2005. Une somme considérable. Le rapatriement d’une partie des profits va jouer de manière favorable contre la chute du dollar ; cependant, l’opération sera de courte durée et sur le long terme le dollar poursuivra sa chute.
« Les mois passent et la balance commerciale américaine ne cesse de se creuser, souligne L’Expansion.com du 22 octobre 2005. Le déficit s’est hissé à près de 59 milliards de dollars à la fin août, sous l’effet du creusement de la facture énergétique et de la nouvelle poussée des importations de biens de consommation. Sur les huit premiers mois de l’année, le trou dans les comptes extérieurs américains atteint ainsi 463,3 milliards de dollars contre 396,4 milliards sur la même période de 2004. Le déficit de la balance courante pourrait ainsi atteindre près de 7 % de la richesse américaine en 2005. Un niveau record. Les pressions baissières sur le dollar pourraient reprendre l’an prochain [2006]. »
Les récessions américaines et les hausses des prix du pétrole
En règle générale, après chaque forte hausse du prix du pétrole ou choc pétrolier, les Etats-Unis, gros consommateurs, finissaient par entrer en récession. C’est James Hamilton (professeur d’économie à l’Université de Californie à San Diego) qui élabora cette thèse, qui s’est vérifiée depuis 1947 neuf fois sur dix.
Comme les conséquences de l’augmentation sur le PIB arrivent toujours avec un retard de six à neuf mois, nous pouvons considérer que l’économie américaine aurait dû subir une récession suite à la flambée des cours du brut entre décembre 2003 et mai 2004 (le prix du super avait augmenté de 34 %). Il n’en fut rien, l’économie américaine se tira sans trop de dommages de la situation. Cette exception ne veut pas dire que la thèse de James Hamilton est fausse ; elle indique simplement que des facteurs sont venus corriger ou atténuer le lien entre les récessions américaines et l’envol des prix pétroliers. Par exemple, du fait que l’intensité énergétique (énergie pétrolière utilisée par unité de PIB) a baissé de moitié depuis le premier choc pétrolier.
La nouvelle poussée du prix de l’or noir depuis janvier 2005 aura des conséquences sur le coût des marchandises et l’inflation mondiale reprendra du service. Les milieux financiers parlent déjà de troisième choc pétrolier. La hausse des prix du pétrole résultait le plus souvent des conflits militaires au Moyen-Orient. Cette fois, on nous indique qu’elle serait la résultante d’une croissance mondiale exceptionnelle en 2004 : + 5 %, la plus forte depuis vingt-cinq ans. Cette croissance aurait tiré à la hausse la demande de pétrole (+ 3,4%) et de matières premières.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) tablait sur une croissance mondiale en 2005 de 4,25 % et une demande mondiale en hausse de 2,2 % (84,3 milliards de barils/jour). La réalité est tout autre puisque la Banque mondiale vient de réviser à la baisse la croissance mondiale à 3,1 % pour 2005. Nous voyons donc que la hausse des prix des hydrocarbures n’a pas de lien avec la croissance mondiale.
Il est prévisible que les importations nettes de pétrole des Etats-Unis passent de 1,1 % du PIB en 2003, à 1,6 % en 2005. Si le prix du pétrole se maintient au-dessus de 50 dollars le baril, la récession deviendra alors inévitable, même si les consommateurs restreignent leurs déplacements et même si le gouvernement puise dans les réserves, ce qu’il vient de faire après le passage de Katrina (16). A noter que le passage des cyclones Katrina et Rita qui ont ravagé le sud des Etats-Unis a provoqué un mini-choc pétrolier. L’ensemble de la chaîne des hydrocarbures est affecté dans la zone pétrolière du golfe du Mexique.
Ralentissement de la croissance mondiale et récession
Alors que l’année 2004 était une année exceptionnelle de la croissance mondiale - retrouvée à 5,1 % selon les derniers chiffres du FMI -, nombreux étaient les économistes qui pensaient que le capitalisme allait retrouver son rythme de croisière des « trente glorieuses » (les années 1945 à 1975, réputées sans crise, heurt, inflation, stagflation...).
Le ciel vient de nouveau de s’assombrir suite aux déclarations du FMI et aux indiscrétions de l’OCDE. Le 14 avril, le FMI semait le doute : la croissance mondiale sera encore soutenue en 2005 mais elle apparaît de moins en moins équilibrée. Les raisons superficielles invoquées sont toujours les mêmes : les déficits jumeaux des Etats-Unis, la hausse du prix du pétrole, la faiblesse des demandes européenne et japonaise, l’accumulation asiatique et des pays producteurs de pétrole de réserve de change en dollars. Mais, comme toujours, pour nous ces phénomènes cachent des difficultés internes du système capitaliste mondial, phénomènes liés à l’accumulation du capital. Il nous faut noter que malgré toutes les mesures de décroissance sociale (santé, retraite, indemnisation du chômage), le capitalisme ne parvient pas à stopper la décroissance économique mondiale.
En dehors des effets de manche et de l’annonce de bénéfices spectaculaires de quelques firmes capitalistes, la morosité gagne du terrain et la croissance est revue à la baisse. Dans la zone euro, de 1,9 % elle a chuté à 1,6 % puis à 1,2 % ; la récession n’est plus loin. Pour le Japon, de 2 % la croissance est ramenée à 1 %. Quant aux Etats-Unis, ils suivront la même tendance et peuvent entrer en récession comme le craint Alan Greenspan, le président de la FED (La Tribune du 22 avril 2005). Le passage de Katrina a déjà fait chuter la croissance de 4 % à 3,25 %. La Banque mondiale n’est pas plus rassurante et revoit aussi à la baisse ses prévisions de croissance mondiale pour 2005 : de 3,8 % elle passe à 3,1 %, avec cette caractéristique que le recul est plus manifeste dans les pays riches, qui de 3,2 % chutent à 2,4 % (Le Monde du 8 avril 2005).
En effet le secteur productif de plus-value aux Etats-Unis donne des signes d’essoufflement. Général Motors (17) et Ford sont en difficulté (18) début octobre, l’équipementier Delphi (19) dépose son bilan. Les investisseurs viennent soudainement de déserter les marchés d’actions (un signe) au profit d’emprunt d’Etat. L’industrie américaine a commencé à ralentir, suite à sa forte hausse de 2003-2004. Entre février et mars 2005 la production industrielle n’a augmenté que de 0,3 %, poussée pourtant par le secteur des mines et les services aux collectivités. Par contre, la production manufacturière stagne et recule. Le choc pétrolier et la décélération du commerce mondial affectent l’industrie des Etats-Unis.
L’industrie de l’électronique et de l’informatique (toujours en forte croissance officielle) accuse le coup avec ce que la presse appelle « l’accident de parcours d’IBM ». La société informatique a annoncé 13 000 licenciements en Europe. Le numéro 1 américain de l’informatique prétend être victime du ralentissement économique de l’Allemagne, de la France, de l’Italie et duJapon, qui représentent 25 % de son chiffre d’affaire. Cependant IBM n’est pas une exception. Apple, malgré un trimestre record, est boudé par les investisseurs et plonge de 15 %.
A ce tableau morose il convient d’ajouter la forte baisse de consommation des biens durables (- 2,8 %, le plus important déclin depuis deux ans et demi), mais aussi la chute de la mise en chantier de logements (- 17,6 %).
Tous ces indices ont provoqué le 18 avril 2005 une dégringolade des principaux indices boursiers. Depuis janvier le Dow Jones a perdu 6,60 %, General Motors 36,62 %,Nasdaq composite 12,07 %, eBay 43,95 %, Alcatel 24,20 % ...
Pour faire chuter le prix du baril de pétrole et doper la Bourse, le président Bush a indiqué, le 27 avril 2005, que pour garantir l’approvisionnement énergétique des Etats-Unis, il fallait recourir au nucléaire et au développement des raffineries. Le soir même, le prix du baril chutait de 2,59 dollars et à Londres le brent perdait déjà 1,95 dollar. Au moment même où Bush annonçait la baisse spectaculaire du déficit budgétaire des Etats-Unis, qui passe de 413 milliards de dollars en 2004 à 317 milliards en 2005 (Le Monde du 7 octobre 2005), un nouveau scandale financier de type Enron venait jeter le doute sur les marchés. C’est l’affaire Refco : deux mois après son introduction en Bourse, le premier courtier de marché à terme s’effondre, démontrant que la loi Sarbanes-Oxley n’était qu’un rideau de fumée pour rassurer les investisseurs. D’autres défections sont dans les tuyaux, car les entreprises américaines sont accablées par le financement de leurs fonds de pension. L’organisme de garantie des fonds de retraite américains chiffre à 450 milliards de dollars, le déficit de financement des pensions (Le Monde du 18 octobre 2005). Les dépôts de bilan de Delta Air Lines et de Northwest Airlines laissent un trou de 100 milliards de dollars à combler...
En ce qui concerne la zone euro, les ministres des Finances de l’Euroland réunis à Luxembourg se sont déclarés, parlant de la croissance, « sérieusement préoccupés par son évolution », ainsi que l’a expliqué le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, qui préside l’Eurogroupe jusqu’en 2007 et l’UE jusqu’en juillet.
L’Italie a ainsi connu son second trimestre de baisse de l’activité, ce qui constitue la définition d’une récession : « On ne s’attendait pas à un chiffre aussi négatif », a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia. Ce dernier, ministre néerlandais des Finances, dont le pays est au bord de la récession, est optimiste et pense naïvement que les choses iront mieux en fin 2005.
Mais Jose Manuel Gonzalez Paramo, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), est plus pessimiste : les facteurs qui pourraient miner la croissance économique de la zone euro sont maintenant en train d’émerger, a-t-il estimé. Deux bulles menacent actuellement le système financier international. La première, c’est l’affaiblissement du dollar qui devrait continuer à faire du Yo-Yo. La seconde concerne le secteur immobilier. La hausse des prix de 10 % par an aux Etats-Unis et de 20 % en Grande-Bretagne n’est plus soutenable. Une chute du marché immobilier aura des effets négatifs sur les dépenses, entraînant l’économie mondiale vers le bas.
Gérard Bad
(avril-octobre 2005)
(1) Karl Marx, Le Capital, t III, chap. XXVII (Editions de Moscou, page 465). Law (1671-1729), sous la protection officieuse du Régent, fut contraint de fuir à Venise. Son système financier a ruiné bon nombre d’actionnaires, enrichi quelques autres et notablement assaini la dette de l’Etat, l’ayant fait prendre en charge par de nombreux épargnants. Mais il a fait perdre confiance dans le papier-monnaie... et l’Etat.
(2) Document statistique présentant pour une période donnée, l’ensemble des paiements intervenus entre un Etat et l’étranger.
(3) L’Etat fédéral a abaissé fortement le taux d’imposition des ménages et accordé un amortissement fiscal accéléré aux entreprises qui investissaient entre juin 2003 et décembre 2004. La « relance » par la consommation à crédit a tout au plus maintenu le taux de consommation.
(5) Euro, yen, dollar canadien et australien, franc suisse et couronne suédoise.
(6) « Dollars nomades » : dollars détenus hors des Etats-Unis.
(7) Mais, en réponse à l’effritement du dollar, certaines banques centrales ont décidé de réduire leurs achats de dollars au profit d’autres monnaies, l’euro en particulier. Ce revirement stratégique s’explique : subir quelques pertes pour favoriser ses ventes à l’étranger est une chose, faire les frais d’une débandade continue en est une autre. Le 19 novembre, Alan Greenspan, le président de la Réserve fédérale, a jeté un pavé dans la mare en rappelant que les investisseurs étrangers se lasseraient un jour de l’accumulation des déficits et qu’une « perte d’appétit pour les actifs libellés en dollars » était inévitable. Quelques jours plus tard, M. Yu Yong-ding, membre du comité monétaire de la Banque centrale de Chine, indiquait que la Chine avait « diminué la part relative de ses réserves de change détenues en bons du Trésor américains, mais pas leur montant absolu, pour se prémunir contre la faiblesse du dollar ».
Cette tendance vient d’être confirmée par un sondage auprès de soixante-sept banques centrales publié par Central Banking Publications : au cours des quatre derniers mois de 2004, plus des deux tiers des établissements interrogés ont diminué la part relative du dollar dans leur portefeuille (elle reste démesurée, proche de 70 % du total, mais elle se situait à 80 % il y a une trentaine d’années). Pour M. Nick Carver, l’un des auteurs de l’étude, « l’enthousiasme des banques centrales pour le dollar semble s’être refroidi. L’Amérique ne doit plus compter sur leur soutien inconditionnel ». Les pays producteurs de pétrole, qui dirigent une bonne part de leurs achats vers la zone euro, ne sont pas non plus enchantés de voir la hausse des cours de leur matière première largement entamée par la baisse de valeur de la monnaie de facturation. Au demeurant, certains Etats arabes redoutent qu’un jour leurs avoirs aux Etats-Unis ne soient gelés au nom de la lutte contre le terrorisme. (Le Monde diplomatique, mars 2005.)
L’heure semble-t-il a sonné en faveur d’un panier de monnaie comme le yen.l’euro, le yuan.
(8) La Tribune du 7 mars 2005 p. 47 indiquait que la Corée avait démenti.
(9) « Ainsi, la part des actifs financiers américains détenus par des investisseurs étrangers s’est accrue considérablement. Les non-résidents détiennent en 2003 12% des actions américaines contre 4% en 1975, 25% contre 1% en 1975 des titres de dette privée et 44% contre 20% des titres du Trésor américain. » (Reuters du 3 mars 2005).
(10) En 1999, le déficit commercial américain a finalement dépassé 27 milliards de dollars. En 2005, il s’est à nouveau creusé en octobre, pour atteindre 68,9 milliards, contre 66 milliards le mois précédent, selon des données publiées par le ministère américain du commerce. Les prévisionnistes tablaient en moyenne sur un reflux, à 62,8 milliards d’euros.
Ce creusement inattendu s’explique par une augmentation des importations de l’ordre de 2,7 %, alors que les exportations s’appréciaient de 1,7 % seulement. Parmi les importations ayant le plus contribué au déséquilibre, on retrouve l’automobile, les télévisions et l’or noir (la balance pétrolière américaine a accusé un solde négatif de 24,3 milliards de dollars, et ce malgré la baisse des cours. Les Etats-Unis ont importé 304,5 millions de barils, contre 278,5 millions un mois plus tôt.) Le déficit a notamment atteint un plus haut historique avec les pays de l’Opep, le Canada, le Mexique, l’Union européenne et surtout la Chine : le déséquilibre atteint 20,5 milliards de dollars avec l’Empire du Milieu, contre 20,1 milliards en septembre, soit une hausse de 2,1 %. Fin novembre 2005, le déficit commercial des Etats-Unis se montait à 598,3 milliards de dollars. Pour l’ensemble de l’année 2004, il s’était élevé à 617,7 milliards.
(11) En 1955, 1959, 1961, 1971, 1975, 1981, 1983, 1991, 2001.
(12) Les économistes du National Bureau of Economic Research (NBER), chargés de dater officiellement les cycles économiques aux Etats-Unis, précisent que cette récession, démarrée en mars 2001, fut l’une des plus courtes de l’après-guerre. La fin de cette récession, poursuivent-ils, « ne signifie pas forcément que les conditions économiques sont devenues favorables »,.
(13) Ce n’est pas la première fois qu’une telle tentative a lieu. Quand Giscard d’Estaing était président de la République française, il avait envisagé de fusionner le Fonds monétaire européen avec le Fonds monétaire arabe.
(14) L’attitude de la classe politique se modifia dans le contexte de l’affaire WorldCom. Michèle Rioux, dans un article de l’Observatoire des Amériques, « A la rescousse du capitalisme américain : la loi Sarbanes-Oxley », rappelle « les demandes émises par le président du syndicat AFL-CIO, John Sweeney, la croisade du procureur de l’Etat de New York, Eliot Spitzer, pour nettoyer Wall Street, l’exaspération des salariés et actionnaires... » Disponible sur Internet : www.apdc-france.com/fichier/...
(15) Le journal La Tribune indique qu’« une loi entrée en vigueur le 1er janvier permet aux entreprises américaines opérant à l’étranger de rapatrier les bénéfices réalisés par leurs filiales dans des conditions fiscales défiant toute concurrence. »
Cette loi, appelée Homeland Investment Act, offre une réduction d’impôts (5,25 % au lieu de... 35 %) sur les bénéfices rapatriés aux Etats-Unis pendant l’année. Les entreprises semblent ravies de cette offre : « Johnson & Johnson... a annoncé le rapatriement de 11 milliards de dollars... le mastodonte de l’industrie pharmaceutique, Pfizer, envisage de faire rentrer 29 milliards de dollars. » On peut encore citer Procter & Gamble, « qui pourrait ramener une part des 57 milliards de dollars nécessaires pour financer l’acquisition de Gillette ».
« Selon les estimations de la plupart des grandes banques, affirme La Tribune, si la totalité des bénéfices rentraient au pays, le volume déplacé porterait sur quelque 500 milliards de dollars, soit un montant qui s’approche des 570 milliards de dollars que devrait accuser le gouffre commercial des Etats-Unis pour 2004. »
(16) Dès le 6 septembre, George W. Bush a autorisé le département de l’ énergie à mettre sur le marché 30 millions de barils provenant des réserves stratégiques de pétrole.
(17) GM veut supprimer au moins 25 000 emplois d’ici 2008 dans la production, soit 20 % des effectifs.
(18) La vente au début de 2005 du constructeur automobile britannique MG Rover devait se traduire dans l’immédiat par 5.000 licenciements sur les 6 000 employés de son usine de Longbridge.
Le gouvernement travailliste de Tony Blair, pour qui cette crise sociale majeure tombe au plus mal à trois semaines des législatives, s’est alors engagé à verser une aide de 150 millions de livres sterling aux salariés du dernier grand constructeur automobile britannique indépendant. (indemnités de chômage et crédits destinés à financer des formations professionnelles et des redéveloppements de sites industriels).
(19) C’est la plus importante faillite du secteur aux Etats-Unis, ceci malgré la suppression de 10 000 salariés en 2004. 35 équipementiers américains se sont déclarés en faillite depuis le début 2005.
Les crises financières dans « Echanges »
« Les crises monétaires, reflets de la crise mondiale du capital » : nos 78 (juillet 1994), 79 (janvier 1995) et 81 (janvier 1996) ;
« L’emprunt international et la dette du tiers monde » : supplément au n° 84 (avril 1997) ;
« La dévalorisation financière internationale » : n° 86 (janvier 1998) ;
« La crise financière internationale, crise du mode de production capitaliste : La crise asiatique acte II » : n° 88 (automne 1998)
« Réflexions sur la crise finale » et « A propos de La Loi de l’accumulation et de l’effondrement du système capitaliste d’Henryk Grossmann » : n° 93 (printemps 2000) ;
« La crise financière vue d’en bas » : n° 122 (automne 2007).