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Note sur « Mouvement ouvrier et déplacements du capital »

lundi 13 septembre 2010

Forces of Labor. Worker’s Movement And Globalization Since 1870.

(Forces du mouvement ouvrier, Mouvement ouvrier et globalisation depuis 1870)

Cambridge Studies in Comparazive Politic, Beverly J. Silver. Cambridge University Press, 2003.

Ce n’est pas par hasard que nous plaçons cette brève critique parmi ces textes sur la Chine car l’ouvrage tente de montrer, études statistiques à l’appui, que le capital a constamment déplacé ses lieux centraux de production — à la recherche du profit —, déplaçant du même coup les points cruciaux de la lutte de classe : ce point se trouverait actellement en Chine dont l’essor capitaliste — et de la lutte de classe — le produit direct du mouvement du capital pour le rétablissement du taux de profit.

Il est difficile de donner un aperçu succinct de tout ce que l’on peut trouver dans cet ouvrage, travail universitaire collectif de recherche et d’analyse regroupés autour de The World Labor Group Datebase.

(Nous en avons traduit le chapitre 2 : Les mouvements ouvriers et la mobilité du capital, de Beverly J. Silver (« Forces of Labour »))

La réflexion de ce collectif de chercheurs fut axée sur le thème large des relations entre le mouvement ouvrier et les déplacements du capital. Pour étayer leur approche de cette globalisation de l’exploitation capitaliste et des luttes s’y oposant, ils ont entrepris une analyse statistique approfondie, mais limitée à quelques quotidiens nationaux bien choisis, des rapports des conflits sociaux majeurs depuis 1870.

On peut critiquer cette méthode d’investigation mais il n’en reste pas moins qu’à l’époque où maints commentateurs découvrent la mondialisation, la globalisation et autres « -tions », en passant par la fin du travail, la fin du prolétariat et autres lunes, l’ensemble ainsi présenté offre un tableau saisissant des déplacements géographiques d’industries (qui remontent aux tout débuts du capitalisme, on ne parlait pas alors de « délocalisations ») par un capital à la recherche du profit maximum en raison d’une montée de la lutte de classe qu’il avait lui-même créée par l’exploitation du travail. On peut objecter que le choix de l’industrie textile (industrie majeure à la fin du xviiie siècle et au début du xixe) et de celle de l’automobile(le xxe siècle) est assez limité, mais les auteurs soulignent eux-mêmes cette limite alors même qu’ils évoquent le développement de nouvelles industries qui s’engagent dans un processus identique : l’électronique, les services... - le chapitre sur « l’industrie de la connaissance » donne à lui seul largement matière à réflexion. S’il était nécessaire d’y trouver la confirmation d’une évidence - l’importance de ces transferts des capitaux et d’industries, le développement de la lutte de classe - l’ouvrage démontre remarquablement, graphiques à l’appui, le déplacement parallèle des conflits sociaux majeurs dans les nouvelles concentrations ouvrières.

Alors qu’il aborde le problème des industries nouvelles et des luttes nouvelles qui en résultent, l’ouvrage n’examine pas par contre l’aspect récent des résistances dans les pays développés face au développement et aux transferts déjà en cours dans ces industries (voir par exemple la délocalisation dans les services avec le déplacement des centres d’appels, des labos de recherche ou d’analyse, des services divers de gestion informatique).

Il n’examine pas plus les conséquences récentes de la pression qu’exerce ces transferts sur les conditions de travail (qualification, salaires, horaires et rythme de travail) sur les travailleurs « dépossédés » des pays développés. Néanmoins, cet ouvrage reste un bon instrument pour une réflexion et une approche plus globale et plus étendue sur des questions trop souvent limitées dans leur appréciation aux frontières nationales, européennes ou « occidentales ». Il permet aussi d’alimenter les éternels débats théoriques entre la domination formelle et la domination réelle du capital et autres « fin du travail ».

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