mondialisme.org
Accueil du site > Ni patrie ni frontières > 16-17 : Révoltes de la jeunesse lycéenne et étudiante > Questionnaire sur les mouvements anti-CPE de février-avril 2006 (...)

Questionnaire sur les mouvements anti-CPE de février-avril 2006 (8)

lundi 18 septembre 2006

Interview de Marc (Reims)

Dans quelle faculté étudies-tu ? Lettres et sciences humaines à Reims.

Appartenais-tu à un syndicat, un groupe, politique, une association avant le début du mouvement ? A une association.

Travailles-tu à temps partiel pendant tes études ? Es-tu boursier ? Boursier.

Y a-t-il eu des luttes auparavant dans ta faculté ? Bride de lutte contre le LMD (licence master doctorat) vite étouffée en 2003 ; lutte face au délabrement du campus en 2004 ; lutte face à l’expulsion d’un étudiant étranger suite aux émeutes de novembre 2005 ; prise de conscience sur le problème et incertitude face à l’évolution concertée de ses situations.

Y a-t-il eu des grèves dans d’autres lycées ou facs de ta ville ? On a essayé de mobiliser les autres campus sans succès ; on s’est coordonné avec quelques lycées quand ils sont entrés en lutte.

Les « émeutes » de novembre ont-elles été discutées dans ton établissement ? Quels liens établis-tu entre les deux mouvements ? La sensibilisation face aux émeutes est restée pratiquement nulle malgré la proximité du quartier Croix-Rouge et de cet étudiant qui s’est retrouvé dans les affres du système judiciaire par simple concours de circonstances. Ce sont toutes les deux des révoltes de jeunes même si la première, en absence de conscience militante et d’acteurs pour la porter à maturation, est restée cantonnée dans une violence gratuite qui était hélas le seul moyen de se faire entendre.

Le retrait du CPE était-il l’unique revendication ? Quelles étaient vos autres revendications ? Retrait du CNE, toute la loi contre légalité des chances + plate-forme de revendications de la Coordination étudiante dont on faisait partie.

Qui les a rédigées ou mises en avant ? Discussion entre étudiants au niveau national, entre nous (militants actifs) et avec des syndicats de la fac (UNEF) et autres acteurs : chercheurs, profs, personnels, etc.

Certains grévistes ont-ils refusé d’avancer des revendications, considérant qu’elles limitaient le mouvement ? J’étais pour une globalisation de la lutte, pour montrer aux gens qu’une seule chose nous mettait à mal, l’Etat, et de surcroît de droite. Je n’étais pas contre l’ouverture de cette plate-forme à des luttes internationales (Chiapas, Tibet) même si cela ne touchait pas le public et restait purement symbolique.

Quels départements de la faculté ont été le plus mobilisés ? Beaucoup d’étudiants en histoire, AES, et d’étudiants en lettres et droit. Les historiens (bien qu’une partie faisaient partie des anti-bloqueurs) sont toujours ceux qui sont le plus proches de la lutte du fait de leur programme.

Combien d’étudiants comporte ton établissement ? 4000 étudiants côté lettres.

Quelle est la composition sociale des étudiants ? Marnais + Ardennais ( un peu de l’Aisne aussi). Plus de filles côté lettres. Beaucoup d’étudiants étrangers en droit et éco, composition sociale assez diversifiée.

Quelle est l’influence du statut social ou de l’appartenance de classe des parents sur la lutte ? Pas mal d’étudiants en lutte issus de la classe ouvrière (au moins un parent) sinon les autres sont souvent fils et filles de profs.

Quelle a été l’attitude des enseignants et du personnel de la faculté ? Soutien actif d’une partie du personnel ouvriers (femmes de ménage, hommes d’entretien) malgré les ordres de leurs supérieurs (qui ont lâché du lest après la deuxième semaine de lutte). Chercheurs + profs syndiqués assez mobilisés restent minoritaires

Qui a déclenché la grève ? Coordination de syndiqués et non-syndiqués étudiants mobilisés suite à une AG.

Le conflit s’est-il étendu et comment ? Des lycées ont suivi en se mettant en blocage aussi, mais les autres campus n’ont rien fait.

Quelle a été l’originalité du mouvement dans ta ville par rapport à d’autres ? A Reims, il n’y avait rien eu de si fort sur le campus depuis près de dix ans. On n’a jamais été un berceau de lutte. L’originalité de Reims par rapport aux autres villes peut être vue par rapport au nombre d’étudiants qui venaient encore sur le campus alors que la grève était bloquée. De plus, nos AG étaient plutôt bondées (+ de 1000).

Quelle influence ont eue les étudiants de base sur le conflit ? Ils ont suivi les grandes lignes nationales.

Qui a fait les propositions ? Les syndicats pour les manifs, des indépendants pour les actions coups de poing .

Les propositions de la base ont-elles été prises en compte, ignorées, déformées ? Comment, par qui et pourquoi ? Très mauvaise organisation de la base qui a fortement ralenti les actions + pression du syndicat pour casser les formes d’organisations indépendantes de peur de perdre le mouvement (pour leur compte).

Quelles initiatives ont été prises pour obtenir le soutien d’autres gens que les grévistes ? Information par tract plus débats.

Quels ont été les moyens utilisés pendant la grève ? Blocage partiel + affiches+ tracts +opérations coups de poing ; essai d’actions à la gare, blocages d’autoroute, attaque du siège du ministre Dutreuil, collages sauvages, tags, peinturlurages.

Quelles ont été les initiatives prises contre la grève ? Médias contre nous + syndicat UNI + collectif d’étudiants contre le blocage contre manif, désinformation, remise en cause du cadre démocratique jouant sur la légitimité et la volonté de faire jouer les bulletins secrets dans les votes.

Quel a été le rôle politique des organisations extérieures à la faculté ? Aide des syndicats pour les tracts + services d’ordre ; pas trop de politique.

Qu’ont-elles fait concrètement ? Soutien de militants d’extrême gauche + libertaires dans l’organisation du mouvement.

Que pensent les étudiants ou les lycéens de ces organisations ? Peur de la récupération du mouvement par les politiques.

Quelles ont été les formes d’organisation pratiquées par les étudiants ? AG souveraine + tentative de création d’une Coordination + réunion interpro sur le campus.

Quels problèmes ont-ils rencontrés en s’organisant ? Problème pour trouver un consensus.

Quel a été le rapport entre actions « légales » et « illégales » ? Comment ont-elles été perçues par les grévistes, les non-grévistes, les salariés de la ville ? Moitié moitié. Dans l’ensemble bons contacts avec la population, plus de problèmes avec les étudiants consommateurs

Quels sont les effets de la grève ? Un peu de tension, mais vu que l’administration soutenait le mouvement (vote au conseil de gestion ) ça se passe plutôt bien.

Que pensent les étudiants grévistes des conséquences du conflit ? Déçus du fait qu’on parle de victoire, alors que seul le CPE a été retiré, mais heureux et motivés d’avoir recréé une dynamique de lutte qui va perdurer grâce à la réouverture d’une asso sur le campus ( alternactif(ves)).

Quelle a été l’attitude des médias locaux ? Médias de merde, tous contre nous, décrédibilisation = « mauvaises troupes » pendant le déroulement de la lutte.

Comment la lutte s’est-elle développée ? AG croissante = 50, 100, 300, 500, 1000 et toujours plus.

Comment le moral des étudiants a-t-il évolué ? Crescendo avec toujours un petit groupe super-militant toujours présent pour la moindre action. Y a-t-il eu des conflits parmi les grévistes ? Conflits entre syndiqués et non syndiqués face à la récupération à titre partisan.

Comment ont-ils été résolus ou affrontés ? Légère scission entre bureaucrates cogestionnaires et membres actifs révolutionnaires.

Comment ont évolué les conflits personnels ou politiques entre les grévistes pendant la grève ? Parmi les indépendants, la dérision et l’amicalité ont étouffé tout problème, et la volonté de faire les choses ensemble malgré nos diversités.

Quelle est la réaction de l’administration et des enseignants après la fin de la grève ? Administration avec nous, profs retournent à la vie habituelle.

Quelles ont été les tentatives de médiation et de négociation (comité de grève, syndicats, etc.) ? Rapport de force et cogestion.

Que va-t-il se passer maintenant ? Une semaine de cours en plus et tout ce qui n’a pas été vu ne fera pas partie des partiels, quelques rattrapages de cours

Que pensent les étudiants de l’expérience qu’ils ont vécue ? Heureux et volonté de continuer, globalisation à d’autres actions pour sensibiliser la masse inerte.

Que pourrait-on améliorer ou faire différemment la prochaine fois ? Meilleure organisation (expérience gagnée), ne pas accorder d’importance aux troubles-fête

Quels liens les étudiants établissent-ils entre leur lutte et la situation sociale générale ? Précarisation de tous face au capitalisme.

Quels liens établissent-ils avec les luttes des salariés ? Quelques contacts de solidarité.

Comment s’est fait le travail de popularisation de la lutte ? Information et contacts avec les ouvriers, liens avec les syndicats, contacts entre étudiants.

Les filles ont-elles participé moins, autant ou plus que les garçons aux AG, aux actions, aux discussions ? Plus de filles dans la lutte à tous les niveaux des actions.

Les organisations syndicales ou politiques ont-elles recruté pendant et après le mouvement ? Quelques cartes syndicales, peu de politique mais une réelle sensation de besoin de lutte face à l’Etat.

Les comparaisons incessantes avec Mai 68 à chaque grand mouvement étudiant ou lycéen te semblent-elles pertinentes ou pas ? Pourquoi ? Qu’en pensent les autres étudiants ou lycéens ? Chiant. 68 c’est vieux pas les mêmes revendications, causes, luttes. On cherche toujours une position passée pour expliquer cet élan, mais rien à comprendre, seule comparaison sur l’action de révolte spontanée face à un système injuste.

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0