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révolte des cités / émeutes de banlieue / mouvement anti CPE

De la révolte des cités aux mouvements étudiants et lycéens

mardi 6 juin 2006

Les émeutes de nombreuses banlieues françaises en novembre 2005 et les manifestations contre le projet gouvernemental de « contrat pour l’emploi » sont nées du même mouvement du capital qui tend à marginaliser deux populations qu’apparemment tout oppose.

Ce texte est paru dans Echanges n° 116 (printemps 2006)

Le texte qui suit a été rédigé pour un réseau de discussion pendant le mouvement des étudiants et lycéens, avant que ce mouvement ne connaisse sa fin peu glorieuse. Il a fait d’emblée l’objet de débats critiques et de compléments, destinés notamment à des camarades étrangers ou vivant à l’étranger, plutôt perdus dans la profusion d’informations privilégiant le spectaculaire. Derrière une apparente simplicité des enjeux se dissimule mal l’entremêlement complexe des intérêts économiques, politiques et syndicaux manifestement surpris par ce mouvement plus ou moins sauvage, et qu’ils ont cependant tenté d’utiliser. On pourra retrouver ces pistes de réflexion,plus développées, dans notre brochure La révolte des cités françaises, symptôme d’un combat social mondial .

Nous reviendrons sur ces analyses et débats et invitons chacun à nous adresser ses propres expériences et réflexions.

La révolte des cités de l’automne 2005 contre leurs conditions de vie et les mouvements étudiants et lycéens contre le contrat précaire dit CPE au printemps 2006 sont les deux extrémités du même bâton : le mouvement mondial du capital. Cela ne veut pourtant pas dire, dans la situation présente, notamment en France, que les deux extrémités peuvent se rejoindre ; au milieu, il y a la grande masse des travailleurs, ceux qui assurent ici la marche du capital et dont seule une lutte généralisée pourrait sinon ouvrir la voie vers une autre société, du moins oposer une résistance autrement plus puissante à l’offensive menant à la dégradation des conditions d’exploitation du travail.

Avant tout, il faut considérer que la France n’est plus, malgré les prétentions des politiques et des organisations politiques et syndicales de toutes obédiences, un « Etat souverain » ; elle n’est plus qu’un élément dans une Union européenne économique supranationale cohérente. Cette Union européenne est elle-même incluse dans une dynamique capitaliste mondiale que personne ne maîtrise et qui impose ses lois à toute structure œuvrant dans son sein et/ou pour sa pérennité. Même si on peut déceler des éléments de crise dans les mouvements actuels, on ne doit pas sous-estimer les possibilités d’adaptation du capital, comme il a pu le montrer dans le passé face à des situations autrement plus grave, comme la dépression des années 1930.

Le problème essentiel qui se pose à notre réflexion, eu égard aux deux mouvements qui ont secoué la France en quelques mois, ne se trouve ni dans les gloses sur les stratégies des organisations ou réformistes ou révolutionnaires qui prennent le train en marche comme on jouerait en Bourse pour faire un bon placement ; ni dans la discussion sur les mesures cosmétiques qui seront inévitablement prises pour éteindre le feu ; ni dans des condamnations au nom d’une morale (prolétarienne ou pas). Les luttes sont ce qu’elles sont et il s’y mêle toujours des éléments « perturbateurs », y compris des provocations policières. Mais face à des faits d’une certaine dimension, il s’agit d’abord de comprendre et de tenter de voir ce qu’ils expriment socialement. Les mesures prises par le gouvernement, celles qui sont contestées et celles qui éventuellement les remplaceront, ne visent, dans le cadre national, qu’à maintenir la « paix sociale » en atténuant quelque peu les effets de la dynamique du capital au plan mondial. Le problème essentiel se situe précisément à ce niveau planétaire et ce qui se passe en France n’en est qu’un aspect spécifique : toute lutte qui reste circonscrite à un seul problème, à un seul pays ne réussit finalement qu’à assurer la pérennité du système en l’aidant à surmonter ses difficultés présentes.

Au fur et à mesure que le capital se développe (et il l’a fait considérablement dans les cinquante dernières années, en envahissant des espaces où il n’existait pas),il développe en même temps une armée de réserve de plus en plus importante [1]. Cette armée de réserve atteint de par le monde au moins un milliard d’individus. Depuis la dépression des années 1930 et la seconde guerre mondiale, elle ne recrutait plus dans parmi les natifsdes pays développés,mais principalement dans les pays du tiers-monde.

Aujourd’hui, elle envahit peu à peu l’ensemble des pays industrialisés, qui connaissent une présence permanente du chômage, dont on tente de dissimuler l’importance par des artifices divers. La dimension démesurée de cette « armée de réserve » conduit à considérer que, pour la plus grande partie, il ne s’agit plus de travailleurs éventuellement utilisables, mais d’inexploitables, donc rejetés définitivement hors du circuit de production capitaliste. Par l’action du capital, ils ont souvent été dépossédés de leurs moyens traditionnels d’existence non capitalistes et contraints de venir s’accumuler dans les excroissances misérables des grandes villes. On pourrait voir, sous cet angle ici même en France, la distinction entre chômeurs recensés et RMistes non recensés comme chômeurs, qui ne serait pas seulement une question d’indemnisation mais celle d’une segmentation entre ex-travailleurs potentiellement récupérables et irrécupérables pour le capital. On pourrait même voir les nouveaux contrats précaires « nouvelles embauches » (CNE), « première embauche » (CPE) et « fin de carrière » comme destinés à faire le tri entre les récupérables et les irrécupérables pour le capital.

Le problème actuel pour le capital devant cette masse énorme croissante d’inutilisables n’est pas de savoir comment les intégrer éventuellement dans le circuit de production capitaliste, mais plutôt de les maintenir dans les limites de la survie, afin de conserver le minimum de paix sociale lui permettant soit de continuer à exploiter des ressources de matières premières, soit de poursuivre l’exploitation du travail de la main d’œuvre « utilisée ». Bien sûr, les solutions diffèrent selon les situations. Cela va de solutions genre RMI dans les pays industrialisés à l’aide alimentaire via les ONG dans les pays du tiers-monde. Mais on peut trouver des similitudes entre les « solutions de survie dans les cités françaises, les bidonvilles du monde entier ou les ghettos noirs des Etats-Unis : trafics en tous genres y compris de drogue, travailau noir... tout ce qu’on appelle économie souterraine.

Une question que l’on peut se poser est de savoir si, sur le plan mondial, le capital peut distraire suffisamment de plus-value pour maintenir la tête hors de l’eau de cette masse d’inutiles et garantir la paix sociale globale qui lui est nécessaire. Toute une série de mesures d’ordre social prises en France ne visent qu’à ce but et il est évident que, même restreint au cadre national, elles posent un problème de financement et donnent lieu à des politiques de « récupération » artificielle pour tenter de réinsérer les « inutilisables » dans le circuit capitaliste élargi pour la circonstance à des secteurs non productifs. Il est évident que le CNE tout comme le CPE procèdent, en partie, de telles politiques.

Cette question n’est pas si simple car elle se télescope avec l’impératif pour le capital de trouver des mesures contrant la baisse du taux de profit (qui est elle-même une conséquence de l’extension du capital). Dans le monde entier, le capital doit tenter partout de récupérer la plus-value maximale et de réduire autant que possible la part de cette plus-value distraite pour assurer la reproduction de la force de travail. Dans les sociétés industrialisées, cela signifie reprendre, d’une manière ou d’une autre, ce qu’il avait concédé ou dû concéder dans les années passées pour assurer la paix sociale et/ou obtenir des efforts des travailleurs dans des périodes d’accumulation primitive ou, après les guerres, de reconstruction. Il n’est pas besoin de s’étendre beaucoup, en ce qui concerne la France (comme d’autres pays) sur les attaques tous azimuts visant à réduire les « avantages sociaux » mais aussi à accroître la productivité du travail, c’est-à-dire à extraire le maximum de plus-value.

L’augmentation de la productivité du travail est au centre du processus de production capitaliste et un élément essentiel de la compétition entre capitalistes, notamment quant à leurs bases nationales et au maintien des privilèges liés à cette base. Pour la France, la réforme du contrat de travail, dont on parle à propos des CNE et CPE, n’est pas un faits isolé mais doit être replacée dans le contexte des réformes touchant l’exploitation du travail dans les vingt dernières années :

- l’annulation par le patronat de la plupart des conventions collectives de branche qui prévoyaient des garanties à l’embauche et en cas de licenciement ;

- les lois Aubry qui ont permis la flexibilité totale du temps de travail avec l’annualisation (qui de l’aveu des organisations patronales ont permis de donner à la France la première place des pays industrialisés quant à la productivité heure/travailleur) ;

- le développement de contrats précaires de toutes sortes (il peut y en avoir près de 15 différents, donnant un choix aux entreprises pour adapter les conditions d’embauche à leurs besoins).

Toutes ces mesures furent les premières étapes vers la flexibilité (passées sans opposition sérieuse à cause de la pression économique ou de présentations fallacieuses). Le CNE pour les entreprises de moins de 20 travailleurs, adopté au cours de l’été 2005 sans provoquer véritablement de réactions syndicales, fait partie de l’étape suivante. Il s’agit en fait, avec le CPE et le contrat spécial préretraite, des éléments d’un puzzle destiné à harmoniser et à unifier les conditions d’embauche en laissant aux entreprises la possibilité, à moindre coût, de disposer d’une flexibilité prévisionnelle de deux années. Ces dernières mesures peuvent permettre une adaptation, sur le long terme, de l’exploitation du travail aux fluctuations du marché. Tous ces éléments ne sont disparates qu’en apparence et constituent une des étapes peu avouée vers une simplification, dans l’intérêt des entreprises, de l’ensemble des conditions d’exploitation. Contrairement aux déclarations de soutien aux réactions de la base (pour les émeutes de banlieues, c’était carrément un rejet), les syndicats, notamment la CGT et la CFDT étudient depuis pas mal de temps leurs propres réformes en ce même sens (voir page 9) et les mouvement actuels ne vont leur servir qu’à se réintroduire adans le mouvement d’ensemble de réforme du code du travail. Toutes ces mesures s’intègrent dans un plan « sécurité sociale professionnelle » qu’un commissaire européen qualifiait de « flexsécurité » (Les Echos, 23 mars 2006). Il ne faut pas ignorer, dans tout ce débat, que cette même réforme se joue aussi au niveau européen : ce n’est pas une simple coïncidence si l’Allemagne veut elle aussi porter à deux ans la période d’essai lors d’une embauche.

L’élan pris par la lutte anti-CPE (qui recoupe en partie la précarisation générale du travail, d’où le soutien au moins passif de la marginalité « intégrée » du travail), relayé par le soutien intéressé et restreint des centrales syndical ouvre la voie à un « Grenelle Sécupro » et à un relookage syndical (avec en vue une réunification syndicale CGT et CFDT dans le « syndicat rassemblé », dont certains éléments sont déjà en place). Le capital se trouve devant un dilemme : contraint d’une part d’entretenir une masse considérable de non-travailleurs inutilisables, d’autre part de pressurer toujours plus l’ensemble des travailleurs, productifs et improductifs (cherchant encore à réduire la part de plus-value qui entretient ces derniers - et c’est la diminution des aides sociales diverses,la réduction des subventions, etc.). Les deux termes apparemment contradictoires ont en commun de pouvoir être générateurs de troubles sociaux, ce qui contraint à consacrer des dépenses considérables et toujours plus importantes pour la « sécurité », celle du capital bien sûr, pour une paix sociale reposant sur « l’équilibre de la terreur ».

Jouent encore ici, par le canal des entreprises, des trusts, des multinationales et des Etats, tout un ensemble de problèmes inhérents au capital lui-même, découlant de la compétition acharnée au sein de la jungle capitaliste. Nous n’avons pas l’intention de décrire ici les canaux industriels et financiers par lesquels joue cette compétition, mais nous voulons souligner que l’économie mondiale se débat, dans tous les domaines, avec une surproduction qui aiguise encore plus cette compétition.

Le capital, pour se maintenir et progresser, a besoin au bout de la chaîne de consommateurs pour réaliser la plus-value (même si certains affirment que seul l’investissement productif compte pour cette réalisation). Outre le maintien de la paix sociale, c’est aussi le sens de l’entretien minimal de survie des non-travailleurs. Mais s’il réduit la portion concédée aux travailleurs, c’est une contradiction de plus par rapport à ses impératifs. D’où le recours au crédit sous toutes ses formes ; celui-ci est une manière d’entretenir la consommation, mais aussi de faire des prélèvements sur la part future de plus-value concédée aux travailleurs. C’est un cercle vicieux puisqu’avec les pressions exercées sur les salaires et les conditions de travail, ce futur des travailleurs est déjà largement obéré.

Personne ne peut dire ce que sera l’avenir des deux mouvements distincts de lutte que nous avons évoqué au début de ce texte. Celui des banlieues s’est éteint étouffé par la répression et certainement par le fait qu’il n’a pas été relayé par d’autres que les jeunes des cités eux-mêmes (mais le feu couve toujours - ce que craignent les dirigeants - car la situation reste inchangée hors des promesses verbales et le restera après que la question du CPE aura été réglée). La grande différence avec le mouvement des étudiants et lycéens, c’est que ceux-ci, dans leur grande majorité issus de ce qu’on pourrait appeler une large classe moyenne, luttent pour un futur qu’ils pensent menacé, alors que les autres luttaient pour un présent, l’impossibilité de vivre « normalement » tout de suite - et bien sûr aussi dans le futur. Les méthodes de lutte diffèrent aussi totalement :

- une similitude avec le mouvement ouvrier pour les étudiants-lycéens, qui restent à ce stade dans un légalisme avec occupations, blocages, manifestations et un rejet majoritaire de la « violence » et une revendication initiale précise, le rejet du CPE (ce n’est pas un hasard si la plupart recourent aux syndicats ouvriers pour l’organisation même des manifestations purement étudiantes et son encadrement flicard) ;

- une démarche totalement différente pour les jeunes des cités, d’emblée la violence, dans le seul lieu public où elle peut s’exercer, la rue, et pratiquement aucune revendication précise sauf en arrière-fond pour que « ça change ». Il n’est nullement étonnant que ces « jeunes des banlieues » profitent des grands rassemblement pour « exercer leur activité marginale », partie de leur survie, le vol par agression ; ils l’ont toujours fait lors des rassemblements festifs ou commémoratifs ou d’autres manifestations. Qu’on le veuille ou non, quelle que soit l’interprétation qu’on donne à cette violence, elle marque une différence de classe : classe dangereuse contre classe moyenne, et cela n’a pas grand chose à voir avec les violences « motivées » des avant-garde politisées. Ils n’ont rien à faire des « réformes » car ils savent de par leur quotidien qu’aucune mesure ne changera leur présent et leur futur : n’attendant rien, ils prennent pour survivre ce qui est à leur portée. La violence et l’illégalité sont les seuls moyens d’y parvenir.

Il ne dépend de personne de faire que les uns et les autres débordent ce stade premier de leurs actions, se donnent des revendications plus générales remettant en cause non pas le présent gouvernement, mais le système lui-même, qui les a faits tels qu’ils sont. Bien sûr une infime minorité tente de « radicaliser » le mouvement étudiants-lycéens, soit par des actions violentes en marge des manifestations ou des occupations sauvages, soit en tentant d’élargir le champ revendicatif ou en posant le problème de la société globale. Ils peuvent aussi penser que des « jeunes des banlieues » viendront les relayer (ce qui est parfois le cas mais pour de tout autres motivations). Jusqu’à présent, ces efforts sont restés vains même s’ils donnent parfois au mouvement un caractère spectaculaire. Tout cela dépend de la dialectique de la lutte, des actes répressifs et/ou conciliateurs des détenteurs du pouvoir politique et de la détermination des uns et des autres de ne pas céder aux sirènes de la médiation, mais surtout et avant tout de l’entrée dans la lutte de l’ensemble des travailleurs (ce qui n’est pas le cas). Il est certain que le pouvoir dispose de nombreuses possibilités d’établir des contre-feux et que, pour ce faire, dans la ligne de ce que nous avons dit de l’attitude des syndicats, ces organisations sont prêtes, sous certaines conditions, à œuvrer pour un retour au calme : c’est leur fonction dans le système capitaliste et il est parfaitement illusoire de penser qu’ils pourraient agir autrement.

Que restera-t-il de ce mouvement du printemps 2006 comme de celui de l’automne 2005 ? Quelle que soit la réponse, ces deux mouvements ont présenté un trait commun, qui les relie aux grands mouvements de lutte d’un passé récent, y compris celui de mai 1968. C’est la recherche d’une sorte de jonction mythique étudiants-ouvriers, classes dangereuse-classe ouvrière, c’est leur généralisation rapide à l’échelle nationale, à partir d’un fait précis, débordant, par sa spontanéité et son imprévisibilité, le cadre étroit revendicatif et syndical.

Cette tendance est balbutiante quant à ses formes d’organisation, son contenu et ses formes d’action. Elle se heurte aux cadres étroits de la revendication traditionnelle qui la dévie, la contient, l’utilise et au besoin la réprime. On ne peut en tirer de conclusion, sauf de constater qu’elle se reproduit au fil des années avec plus ou moins de force et en précisant plus ou moins ses caractères. Et ceci, sans qu’on puisse parler d’une transmission quelconque d’une expérience passée. Sinon qu’elle est le produit des formes et du contenu de la domination capitaliste, qui, intégrant dans sa répression les caractères des mouvements spontanés, transmet objectivement les termes de ces luttes antérieures.

Une telle tendance n’est d’ailleurs pas spécifique à la France. On peut déceler des mouvements similaires par exemple en Grande-Bretagne, lors de la grève des mineurs de 1984-1985 ou du mouvement de résistance à la poll tax. Mais là non plus, personne ne peut prévoir un futur qui dépend du mouvement du capital, des réactions aux mesures que ce mouvement impose aux politiques, de l’ampleur de ces réactions dans la dialectique des relations avec les répressions de tous les pouvoirs de domination. L’extension d’un mouvement de lutte, son unification à tous les exploités, sa généralisation, dépendent des travailleurs eux-mêmes : si, à un moment donné, celle-ci s’arrête pour une raison quelconque, tout retourne, même avec des « succès » qui ne peuvent être que temporaires, dans le cadre des relations de domination capital-travail. Et tout est à recommencer, ou plutôt à continuer : la lutte pour l’émancipation est un long chemin parsemé d’échecs et de luttes toujours recommencées, mais jamais identiques, elles-mêmes modelées par l’évolution du capital et par ses contradictions ainsi que par ce qu’il a intégré des luttes antérieures.

H. S.

Notes

[1] « L’armée industrielle de réserve est d’autant plus nombreuse que la richesse sociale, le capital en fonction, l’étendue et l’énergie de son accroissement, donc aussi la masse absolue du prolétariat et la force productive de son travail sont plus considérables. Les mêmes causes qui développent la force expansive du capital développent la force de travail disponible. La grandeur relative de l’armée industrielle de réserve s’accroît donc en même temps que les ressorts de la richesse. Mais plus cette armée de réserve grossit, comparativement à l’armée active du travail, plus grossit la surpopulation consolidée, excédent de population, dont la misère est inversement proportionnelle aux tourments de son travail. Plus s’accroît enfin cette couche des Lazare de la classe salariée, plus s’accroît aussi le paupérisme officiel. Voilà la loi absolue, générale, de l’accumulation capitaliste. L’action de cette loi, comme toute autre, est naturellement modifiée par les circonstances particulières. » - Le Capital, Livre premier, ch. XXV : « L’accumulation du capital », partie IV : « Différentes formes d’existence de la surpopulation relative. La loi générale de l’accumulation capitaliste », p. 465. Traduction de Joseph Roy revue par Marx. On trouve ce passage dans la traduction de Maximilien Rubel dans la « Bibliothèque de la Pléiade », p. 1162 des Œuvres de Marx, « Economie », t. I.

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