Caricatures de Mahomet : la liberté d’expression n’est pas un « point de détail » !
Le texte suivant a été écrit par Sean Matgamma, militant de l’Alliance for Workers Liberty en Grande-Bretagne sous forme d’un dialogue imaginaire et est paru sur le site Internet de l’AWL. Nous avons opéré de légères coupes indiquées par des points de suspension entre parenthèses. Malgré les qualités indéniables de ce texte, nous sommes en désaccord avec certains points développés par l’auteur, notamment lorsqu’il mentionne l’existence d’une « civilisation démocratique-bourgeoise » ou « bourgeoise démocratique ». Chacune de ces deux notions (« civilisation » et « démocratie bourgeoise ») doit être maniée avec des pincettes et définie précisément, ce que l’auteur ne fait pas ici. De plus, leur fusion dans un seul concept risque d’être assimilée à une version light de la « civilisation occidentale » - de bien triste mémoire. L’auteur serait plus convaincant en étant plus explicite. En effet, autant la question des droits et libertés démocratiques nous paraît absolument essentielle dans tous les pays de la planète, autant l’enfermer dans une question « civilisationnelle » mène, à notre avis, à une impasse politique et théorique pour des révolutionnaires. D’autre part, nous ne partageons pas ses jugements à l’emporte-pièce sur la question du suicide en islam (que cette religion condamne clairement) et nous pensons qu’il existe d’autres motivations moins folkloriques que le (trop fameux) harem des vierges qui attendraient les djihadistes au Paradis (comme nous l’expliquons dans un commentaire placé en annexe : Quelques brèves remarques sur les motivations des commandos-suicides islamiques ). Pour le reste, c’est-à-dire à nos yeux l’essentiel, cet article nous semble mettre la question de la liberté d’expression au centre du débat et se démarquer de tous les Ponce Pilate gauchistes, libertaires, tiers mondains, islamophiles ou tout simplement « mous du bulbe » de la gauche et de l’extrême gauche - ce que l’auteur appelle les « invertebrated liberals » que l’on traduira par la « gauche invertébrée » ou les « libéraux invertébrés », au choix. En cela, ce texte est profondément salutaire, car il rappelle que les révolutionnaires ne sont pas du tout indifférents à la question de la liberté d’expression. De plus Sean, Matgamma identifie clairement l’islam politique comme un ennemi pour le prolétariat, et non comme un allié, fût-il circonstanciel, ce qui est le BA-BA de toute politique révolutionnaire aujourd’hui. (Ni patrie ni frontières)
Q. : Pour les révolutionnaires quel est le problème central soulevé par le scandale international qui a suivi la parution des caricatures de Mahomet ?
R. : Pour nous, la question essentielle est de savoir si les adeptes d’une religion, quelle qu’elle soit, ont le droit d’imposer leurs principes, leurs règles et leurs traditions à ceux qui n’acceptent ni cette religion ni ces règles. Ou encore (et cela est également important pour de nombreuses personnes de culture musulmane) s’ils ont le droit d’imposer leurs conceptions à ceux qui, tout en acceptant une grande partie des principes de la religion concernée, sont en désaccord avec certaines de ses règles et de ses traditions. Ceux qui réclament que, parce que la plupart des musulmans s’opposent à la représentation de Mahomet, personne ne puisse représenter « le Prophète », exigent en fait que les non-musulmans suivent des règles édictées par les musulmans. Le combat contre la domination des religieux et le fait qu’ils imposent leurs croyances aux non-croyants (comme cela s’est passé en 1925, en Irlande, avec l’interdiction du divorce imposée par les catholiques aux protestants, aux juifs et aux non-croyants) a été et est encore l’un des enjeux essentiels du combat entre la civilisation démocratique-bourgeoise et les vieilles tyrannies.
Q. : La vague internationale d’indignation ne provient-elle pas du fait que les musulmans ont l’impression que leur religion a été insultée et qu’ils donc ont été eux-mêmes insultés ?
R. : Parler d’« insulte » est un procédé idéologique spécieux. L’ « insulte » se résume au fait que des non-musulmans ont défié l’interdiction de dessiner ou peindre « le Prophète », interdiction soutenue par la plupart des musulmans. Mais pourquoi des non-musulmans obéiraient-ils à une telle règle ? Pourquoi devraient-ils laisser un groupe religieux interdire une pratique banale aux yeux des non-musulmans ? Pourquoi devraient-ils respecter une prescription religieuse imposée par la violence ou la menace de l’usage de la violence ? Pourquoi des révolutionnaires et des laïques devraient-ils se laisser intimider ?
Parce que Mahomet est exclusivement la propriété des musulmans ? Parce que la représentation de Mahomet est une question pour laquelle les non-musulmans doivent en référer uniquement aux musulmans ? Il s’agit encore une fois ici d’imposer aux non-musulmans d’obéir aux traditions d’une religion qu’ils rejettent. Dans un monde où l’islam n’accepte qu’une seule façon de voir les choses, pourquoi devrions-nous nous plier à ce point de vue ?
La revendication que des non-musulmans doivent s’en remettre à l’opinion des musulmans aboutit inévitablement à placer la conception du monde islamique au-dessus des autres. Elle conduit à ce que l’islam soit au-dessus de toute critique, ou soit du moins exempté de toute critique sévère ou « offensante ». Selon une telle conception, ce sont les religieux qui doivent :
dicter la façon dont leurs adversaires les critiquent ,
décider quels sont les éléments de leur doctrine qui ne peuvent être ni méprisés, ni tournés en dérision, ni critiqués,
et décider quelles sont les règles et les traditions que les non-croyants doivent respecter, dont celle de la non-représentation de Mahomet.
Selon une telle conception, les régles et les traditions de l’islam devraient être imposées aux non-croyants sous la pression, que ce soit par un tollé général, par le désordre, par l’assassinat - ou par des lois imposées par l’Etat britannique et les autres Etats, comme l’exigent désormais les musulmans « modérés » en Grande-Bretagne.
En fait, la revendication qui est en train de prendre forme aujourd’hui - comme le confirme implicitement la déclaration du cardinal Murphy-O’Connor - est que les principales religions devraient avoir ce privilège. Les protestations des musulmans encouragent les autres religions à demander pour elles-mêmes ce que les bigots musulmans veulent imposer par les menaces et la violence.
La revendication musulmane d’interdire la publication des caricatures, les manifestations bruyantes, les menaces terrifiantes, les incendies d’ambassades, les boycotts de produits danois, etc., tout cela suggère implicitement que la religion musulmane ou toutes les religions devraient disposer de certains privilèges.
En effet, pourquoi ce processus devrait-il s’arrêter à l’interdiction islamique aux non-croyants de représenter Mahomet ? Pourquoi un acte aussi banal et bénin (pour des non-musulmans) que la « critique » de l’islam contenue dans une caricature serait-il interdit, et pas les critiques ou les commentaires hostiles contre l’islam et contre les grandes religions, si les manœuvres d’intimidation actuelles réussissaient ?
Il faut noter que la pression de l’islam a déjà conduit le gouvernement de Tony Blair à essayer de légiférer contre la liberté de critiquer la religion en général.
Q. : Tu oublies que les caricatures, et leur reproduction dans plusieurs journaux européens (ainsi que deux journaux jordaniens et un malaisien) étaient une « provocation ». Ne penses-tu pas qu’il aurait mieux valu, dans la situation actuelle, ne pas les publier ?
R. : Peut-être, ou plutôt oui, il aurait sans doute mieux valu que cette question des caricatures ne prenne pas la dimension qu’elle a prise. Est-ce que nous, révolutionnaires, nous aurions publié de tels dessins ? Non, certainement pas. Le dessin sur le paradis qui est « à court de vierges » m’a semblé adéquat, drôle et bien cibler l’islamisme. Mais, dans une société où il existe du racisme contre des gens que l’on peut facilement identifier comme musulmans, de telles caricatures constituent une arme dangereuse qui peut faire de trop nombreuses victimes par ricochets. Mais les caricatures ont été publiées. C’est donc maintenant la question de la liberté d’expression qui est en jeu et celle-ci inclut le droit de tenir des propos qui peuvent « provoquer » autrui. « La liberté est destinée à celui qui veut manifester son désaccord. » La question de la liberté ne se pose que lorsque quelqu’un exprime une idée qui te dérange tellement que tu as envie de lui dire de se taire. La publication des caricatures dans les journaux danois et les réactions que cette publication a suscitées ont créé une situation particulière : la discussion ne porte plus désormais sur le bien-fondé ou la stupidité de la décision du rédacteur en chef danois mais sur les représailles engagées contre cette publication et sur la façon d’empêcher et d’interdire, par la force, de telles publications à l’avenir. Etant donné nos choix actuels, nous ne pouvons que défendre la liberté d’expression. Dans l’immédiat cela signifie aussi défendre les plus vulnérables : ceux qui, dans les pays principalement musulmans, sont en désaccord avec les bigots et les réactionnaires. Nous assistons à une mobilisation importante de l’islam politique - mais aussi d’autres forces politiques réactionnaires arabes, tels les baasistes en Syrie et au Liban, pour leurs propres objectifs politiques. Il nous est impossible d’opérer une séparation entre l’élément spontané de la protestation musulmane et la mobilisation politiquement orientée qui a conduit à un tel mouvement, au bout de quatre mois. Nous ne pouvons nous incliner devant l’indignation spontanée des croyants en oubliant les partisans de l’islam politique qui l’ont organisée. De plus nous n’avons pas à nous incliner devant des bigots réactionnaires, même s’il s’agissait d’un mouvement religieux entièrement spontané. Quand les ambassades danoises à Damas et à Beyrouth sont incendiées au nom de la religion, et que des manifestants à Londres (justement dénoncés par les dirigeants musulmans britanniques comme des « fascistes ») appellent à tuer ceux qui offensent la sensibilité islamique, alors les opposants à la religion et à l’islam se retrouvent face à un nouveau défi. Et l’une de nos tâches essentielles est de soutenir ceux qui, dans les pays musulmans, sont directement menacés par les bigots et pour qui les manifestations actuelles représentent une force d’intimidation et une arme de répression.
Q. : Mais il ne s’agit pas seulement d’une question religieuse. Dans les pays musulmans, et même en Europe, la religion exprime aussi des sentiments sociaux, un ressentiment contre le fait d’être exclu et discriminé ou de vivre dans un monde dominé par les grandes puissances capitalistes.
R. : Sans aucun doute.
Q. : Nous ne pouvons pas donc seulement réagir à ce ressentiment en parlant de la religion, des tentatives d’intimider les ennemis de l’islam et des conséquences des protestations sur les libertés démocratiques traditionnelles en Occident.
R. : Les manœuvres d’intimidation se sont avérées très efficaces ! Nous, révolutionnaires, combattons l’exclusion et les discriminations en tant que telles. Nous défendons les musulmans en tant qu’êtres humains opprimés et exclus, mais pas en tant que musulmans (même si nous soutenons, bien sûr, leur droit à pratiquer librement leur culte). Pour prendre une métaphore, nous défendons ces chanteurs, mais nous sommes radicalement hostile à leur chanson, comme à toutes les chansons similaires. Sous prétexte qu’il s’agirait d’une réalité différente, nous ne pouvons soutenir, ni même tolérer, la bigoterie islamique ni la bigoterie de tout autre religion, et encore moins les fascistes de l’islam politique. Quels que soient les facteurs sociaux et politiques, nationaux et internationaux, qui nourrisssent les réactions des musulmans, l’islam politique est d’abord et avant tout un mouvement politico-religieux qui, en alliance avec la réaction chrétienne et soutenu par elle, menace les libertés de la société démocratique-bourgeoise. Il représente une menace mortelle pour les libertés, y compris le droit des dissidents, des hérétiques et des athées de ne pas obéir aux diktats de la religion. Le mouvement ouvrier et la gauche ont joué un rôle irremplaçable dans la mise en place de ces libertés, sans lesquelles les possibilités du mouvement ouvrier et, dans un sens plus large, les acquis de la civilisation bourgeoise-démocratique seraient énormément limités.
Q. : Mais nous devons tenir compte des dimensions sociales et anti-impérialistes du mouvement islamiste, au Proche et Moyen Orient.
R. : Oui, en essayant de leur donner des objectifs rationnels, progressistes et démocratiques et en aidant ceux qui, dans les communautés et pays musulmans, ont une telle démarche. Ce n’est pas seulement les mouvements réactionnaires islamiques qui ont un contenu social déformé, c’est aussi le cas, dans un pays comme la Grande-Bretagne, pour le racisme de la classe ouvrière et les votes ouvriers en faveur du British National Party. Le racisme de la classe ouvrière s’appuie souvent sur des griefs réels contre l’injustice et l’exploitation. Mais ces griefs prennent pour boucs émissaires les immigrés, les réfugiés, etc., plutôt que de s’attaquer lucidement et politiquement aux vrais responsables de l’exclusion sociale, de la pauvreté et de l’oppression en général. Les révolutionnaires ne se soumettent pas pour autant à de tels préjugés racistes, à moins de vouloir se suicider en tant que socialistes et que démocrates.
Q. : Mais ce sont quand même des journaux de droite qui ont publié les caricatures - le premier journal qui les a publiées au Danemark et les premiers journaux qui l’ont imité en France, en Allemagne, etc. Pourquoi devrions-nous les soutenir ?
R. : Parce que nous sommes favorables à la liberté d’expression pour de tels journaux. Nous sommes partisans de fixer des conditions à cette liberté d’expression uniquement quand il s’agit d’incitations à la haine raciale, religieuse, homophobe, etc. Mais nous ne nous trouvons absolument pas dans un tel cas ici.
Q. : Mais tu ne peux nier que les positions de droite de ces journaux ont déterminé en partie leur choix.
R. : Peut-être et même certainement. Leur conception de la « liberté d’expression » est contaminée par leur hypocrisie bourgeoisie. La liberté d’expression n’est pas vraiment un problème pour les propriétaires des grands journaux ! Néanmoins il existe dans les démocraties bourgeoises un accord général pour respecter la liberté d’expression. Si, dans certains Etats démocratiques-bourgeois, la presse de droite utilise de façon agressive son droit d’être en désaccord avec l’islam et de le caricaturer, cela n’est pas une mauvaise chose.
Q. : Mais les journaux de gauche ou libéraux corrects n’ont pas reproduit les caricatures : le Gardian, l’Independent, l’Observer, etc.
R. : L’Irish Times, journal de la minorité protestante paraissant dans l’Irlande catholique, a publié une vieille caricature d’un musulman dissident sur Mahomet. En France Libération a publié trois des caricatures danoises. Le problème avec le Gardian, l’Independent, etc., c’est qu’ils font partie de cette « gauche invertébrée », sans principes, sans courage et perspective historique. Ils ont de nouveau agi selon leur nature. Ils sont généralement moins fermes sur des questions comme la liberté d’expression et la critique de l’islam que les journaux démocratiques-bourgeois moins à gauche. Ce que Trotsky écrivit à propos des sociaux-démocrates norvégiens, dans les années 30, en les comparant avec les vieux fonctionnaires démocratiques-bourgeois norvégiens, garde encore une certaine validité : « J’eus rapidement l’occasion de constater que les vieux fonctionnaires bourgeois ont parfois un point de vue et un sens de la dignité plus large que ceux de Messieurs les ministres socialistes », écrivit-il. De plus, le gouvernement britannique a sans doute exercé des pressions sur les journaux pour qu’ils n’ « empirent pas la situation » des troupes britanniques en Irak.
Q. : Tu admettras quand même que ces caricatures sont racistes : elles présentent une image stéréotypée des musulmans, et les assimilent tous, ainsi que leur religion, au terrorisme.
R. : C’est l’argument qu’ont brandi les journaux de la « gauche invertébrée », en tout cas à propos de la caricature où l’on voit Mahomet avec une bombe dans son turban. Mais ces dessins n’ont rien de raciste.(...). Ceux qui ont critiqué la politique défendue par certains musulmans en s’appuyant sur une figure archétypique de l’islam (celle de Mahomet) ont certes couru le risque de pousser certaines personnes à identifier tous les musulmans aux terroristes se réclamant de l’islam. A part ceux qui détestaient déjà les musulmans, je doute que quelqu’un se soit mépris sur le sens de cette caricature qui vise les musulmans terroristes. Par définition les caricatures exagèrent, ridiculisent et jouent avec des stéréotypes. Demander à des dessins d’obéir à une autre règle pour bénéficier du droit d’être publiés revient à interdire toute caricature ayant un contenu politique ou social. Et c’est accorder aux cibles d’une caricature le droit de juger ce que l’on peut publier sur elles-mêmes. (...)
Q. : Je ne suis pas du tout d’accord avec toi ! La caricature représentant Mahomet et la bombe dans son turban est ouvertement raciste !
R. : Si ce dessinateur a eu des intentions racistes, nous rejetons bien sûr de telles intentions. (...) Comme le dit un lecteur muslman dans le Gardian du 6 février 2006 : « (...) Ces caricatures m’ont mis en colère (...) et ma colère vient du fait qu’elles offrent une représentation exacte [de l’islam] (...). [Les caricatures politiques] sont un miroir qui élimine les élements superficiels et montre, en l’ exagérant, ce que le dessinateur pense être le cœur d’un problème. Si un journal danois demande à des dessinateurs de trouver une image du prophète Mahomet, dans quel répertoire d’images vont-ils piocher ? Dans le tableau que leur présente le monde musulman actuel et celui-ci n’est pas brillant. C’est l’image de la bombe qui se trouve au-dessus du cerveau, sur le point d’exploser, prête à détruire la raison ; celle de l’épée qui veille sur un groupe de femmes réprimées, effrayées et dissimulées aux regards d’autrui ; la vision d’un paradis qui correspond à un fantasme masculin voluptueux qui incite des gens à assassiner des innocents et à se tuer eux-mêmes. Ils auraient pu montrer d’autres scènes écoeurantes : des exécutions étatiques, ou des manifestations d’antisémitisme ou d’intolérance contre d’autres religions ou d’autres points de vue [que l’islam]. L’image la plus effrayante que j’ai vue c’est celle des pancartes devant la mosquée de Regent’s Park qui affirmaient “A bas la liberté d’expression” et “Décapitez ceux qui insultent le Prophète”. De tels individus prétendent vénérer et réciter le Coran et les hadiths, mais ils ne les ont pas lus, ne les ont pas étudiés et ne les mettent pas en pratique. » Ce lecteur, Rafiq Mahmood, ne considère pas que cette caricature l’agresse, mais qu’elle offre une critique cruellement exacte des forces politiques qui se développent actuellement dans le monde musulman, de gens comme Ben Laden et les ayatollahs iraniens.
Q. : Mais la plupart des musulmans trouvent ces caricatures racistes !
R. : En es-tu sûr ? Les manifestations de protestation ont été organisées par les partisans de l’islam politique, elles ne proviennent pas vraiment d’un mouvement spontané, qui serait parti des fidèles de base. L’accusation de « racisme » est une façon d’exprimer, dans le langage et les préoccupations de la société bourgeoise démocratique, un ressentiment religieux et politique, et le refus de toute critique et de toute moquerie antireligieuse. C’est une tentative cynique d’offrir une « bonne » raison au ressentiment et de rationaliser une réaction et un retour en arrière religieux. Et tout cela pendant que les partisans de l’islam politique, et la majorité des journaux des pays arabes, publient des caricatures racistes contre les Israéliens et les Juifs, caricatures dignes des nazis.
Q. : Tu oublies que, pour les musulmans, l’islam n’est pas seulement une religion, mais l’élément fondamental de l’identité de leurs communautés.
R. : Peut-être. Oui. Mais il ne s’ensuit pas que si nous critiquons l’islam, ou offensons ses bigots en refusant d’obéir aux règles islamiques, alors nous devenions automatiquement « racistes ». Nous ne devons pas nous laisser intimider par cette accusation. Accepter le fanatisme islamique aurait un coût politique et social énorme, spécialement pour les musulmans qui ne sont pas bigots, ceux qui veulent réformer l’islam, et les non-croyants dans les communautés et pays musulmans. Le fait que la presse de gauche et pseudo-révolutionnaire capitule devant ce fanatisme a et aura des conséquences très graves.
Q. : Même si l’on peut admettre que des caricatures soient de mauvais goût ou « injustes », certaines sont pourtant inacceptables, les caricatures nazies ou antijuives par exemple, non ?
R. : Bien sûr. Aucune des caricatures danoises ne relève de ce genre nauséabond. Nous avons évidemment une idée de ce qui est acceptable et de ce qui ne l’est pas, mais nos critères ne sont pas ceux des fondamentalistes religieux ! Ni des journaux de la « gauche invertébrée » qui prétendent être des antiracistes hypersensibles, alors qu’ils font simplement preuve de lâcheté et qu’ils trahissent la cause de la liberté d’expression pour les partisans de la laïcité.
(Fin de la première partie. Commentaires dans la seconde partie)