La Fédération CGT des PTT a appelé à une journée d’action et de grève le mardi 18 janvier. Un appel à un rassemblement de préparation a eu lieu le mardi 11 janvier précédent à la Bourse du Travail. Les bureaucrates avaient vraiment mis les petits plats dans les grands !
Fait positif : près de 300 postiers environ étaient présents dans un cadre syndical unitaire avec à la tribune la CGT, FO et SUD. La CNT a même eu droit, fait exceptionnel, à prendre la parole depuis la salle. Les militants de la LCR semblaient absents tandis que ceux de Lutte ouvrière avaient mobilisé leurs contacts et sympathisants, soit un bon quart des salariés présents. En effet les militants du PCF étant pour la plupart aspirés par l’appareil CGT on assiste à une convergence objective, à une sorte de division du travail, dans les PTT à Paris, entre Lutte ouvrière et la tendance Rouges vifs du PCF pour que les luttes locales ne soient pas trop symboliques, chacun y retrouvant son compte : les bureaucrates du PC dirigent tandis que LO fait à la base, d’une façon souple et démocratique, le boulot que faisaient autrefois les militants staliniens combatifs de la CGT de manière autoritaire. Le débat a apporté des informations sur l’état des attaques de la direction, les revendications des collègues. Malgré l’ensemble des interventions plus ou moins radicales la CGT avait déjà décidé du 18 janvier comme journée d’action. Elle a fixé sans concertation le 19 pour les cheminots, le 20 pour la Fonction publique et le samedi 5 février pour le privé et le public. Bel exemple de saucissonnage des luttes, tout en donnant à penser que la mobilisation allait crescendo et converger avec d’autres secteurs, après le samedi 5 février (le choix du samedi étant un signe de faiblesse).
D’autre part, la CGT-PTT, avec l’aval des autres syndicats sur Paris, a déposé un préavis de grève reconductible uniquement pour les bureaux très menacés du XIe et du XVIIe arrondissement, après la journée du 18 janvier, les laissant ainsi isolés et s’épuiser après plusieurs jours de grève pour le maintien d’un samedi libre sur deux, les jours de RTT et le maintien des tournées avec les emplois nécessaires (menaces contre un quart des emplois - tous en CDD). A Paris 11 les contrats de 25 CDD n’ont pas été renouvelés. Et la direction de la Poste n’a pas hésité à appeler la police dès le début de la grève.
En ce qui concerne la journée du 18 janvier aux PTT, cela faisait longtemps qu’une journée nationale avait été « autant » suivie : 25 à 30% de grévistes au plan national et, à Paris, 40% pour le courrier et 50% pour les guichets.
Mais que Sud évoque les « interpro », que la CNT revendique la « grève générale » comme un sésame, que la LCR distribue un tract appelant à un « mouvement coordonné et unitaire », que les militants de LO parlent de « colère et d’unité autour de la CGT » ne change rien.
A la Poste, comme dans tous les autres secteurs, tant que les confédérations syndicales auront le monopole des revendications, des négociations, de l’organisation des luttes, tant que les postiers et les autres travailleurs ne construiront pas leurs propres comités ou collectifs de mobilisation afin de préparer des coordinations indépendantes et légitimes des travailleurs en lutte, les grévistes resteront isolés, fragilisés à la merci de la répression patronale ou étatique. Aujourd’hui, les travailleurs du public sont le dos au mur face à l’accentuation, la généralisation des attaques dans le cadre de l’application des mesures européennes. Après de multiples reculs, les échéances de l’application de la privatisation des services publics arrivent à terme. Les décrets sont votés et en voie d’exécution dans la Santé, l’Education, la Poste, etc., avec à la clé les restructurations à outrance, et la suppression de milliers de postes donc d’emplois.
Par rapport au « calendrier social » des années précédentes il semblerait que nos « organisateurs » soient en avance puisque dès le mois de février ils sont déjà au « maximum » de leurs propositions d’action. Serait-ce pour mieux passer le témoin au terrain électoral du non à la Constitution européenne de leurs amis politiques ?
Christian Béridel