Loin de contribuer à une quelconque émancipation féminine, les espaces réservés aux jeunes filles étaient un élément constitutif du puritanisme salazariste.
Contrairement à certains fascismes qui toléraient le libertinage ou la promiscuité sexuelle, en particulier le national-socialisme allemand, le fascisme portugais était un régime de culs-bénis et de puritains qui imposaient partout une stricte division entre les sexes. En métropole, il y avait des lycées masculins et des lycées féminins, mais pas dans les colonies, et même si, durant les deux dernières années de lycée, à cause de la nurie de locaux, les classes étaient mixtes, pendant les récréations, les cours étaient généralement séparées. Les universités étaient mixtes, mais le fascisme y avait créé, au moins dans certaines d’entre elles, des « salles d’étudiantes », parce que, selon l’idéologie officielle du régime, les jeunes filles devaient pouvoir se réunir entre elles, dans des lieux séparés, en l’absence des garçons . C’est pourquoi les élèves masculins n’avaient pas le droit d’entrer dans les « salles d’étudiantes ». Loin de contribuer à une quelconque émancipation féminine, ces espaces réservés constituaient une partie constitutive du puritanisme salazariste. De plus, en raison de la division qu’elles créaient entre les jeunes des deux sexes, elles contribuaient à l’affaiblissement d’une prise de conscience collective.