Quelques textes utiles pour comprendre la situation des Afro-Américains et les spécificités du racisme aux Etats-Unis

Depuis quelques jours, les médias français sont polarisés sur les Etats-Unis. En soi, c’est assez banal. Les médias français ont toujours aimé voir dans les Etats-Unis l’incarnation du Mal absolu. Et « la gauche » leur a emboîté le pas dans cette démarche d’exorcisation commode et rassurante. Qu’il s’agisse du Plan Marshall, de la création du Marché commun, des guerres du Vietnam, d’Afghanistan ou d’Irak, de la crise de Cuba, et de tous les coups d’Etat militaires soutenus par les Etats-Unis en Amérique latine ou en Asie, les exemples ne manquent pas où la gauche française a été beaucoup plus prompte à dénoncer les crimes et les manœuvres de l’impérialisme américain que ceux de l’impérialisme français.

L’impérialisme américain a toujours été, dans la conscience de « la gauche » bien plus meurtrier, plus ignoble, plus « fasciste », que l’impérialisme français. Il suffit de voir la faiblesse des réactions face à la présence militaire de troupes et de bases militaires françaises en Afrique depuis la seconde guerre mondiale ; face aux campagnes de recrutement pour l’armée française qui s’affichent impunément sur les murs du métro parisien et les abribus, et dans les opérations portes ouvertes de certains lycées ; face aux dizaines d’interventions militaires de la France sur le prétendu « continent noir » depuis 1945 ; face aux combines de la FrançAfrique ; face à la domination directe exercée encore sur des îles comme la Guadeloupe, la Martinique ou la Nouvelle-Calédonie.

Ce qui est vrai sur le plan international (les interventions impérialistes de la puissance américaine et la façon dont cette puissance influence des institutions internationales comme l’ONU, la Banque mondiale, l’OTAN ou le FMI) l’est aussi sur le plan national. La gauche française s’est toujours indignée contre le racisme aux Etats-Unis et en Afrique du Sud (beaucoup moins en ce qui concerne ce dernier pays si on compare le mouvement contre l’apartheid au Royaume Uni et celui en France). Le racisme a toujours été vu comme un mal externe, étranger à la France – ou en tout cas très secondaire –, comme si le colonialisme français n’avait pas eu une dimension raciste à la fois dans ses colonies et en métropole.

L’assassinat de George Floyd a donné l’occasion à une partie des grands médias en France (y compris Le Figaro !!!) de faire le lien entre ce qui se passe aux Etats-Unis et la situation des personnes originaires d’Afrique subsaharienne et du Maghreb en France. Sur ce point, il faut dire que, sans le travail militant acharné des différents comités locaux pour des enquêtes sérieuses concernant la mort d’un certain nombre de personnes d’origine maghrébine ou africaine entre les mains de la police, la mobilisation et l’intérêt général pour la question des « violences policières » (expression fort ambiguë) serait sans doute bien moindre. L’existence de la vidéo sur l’assassinat de George Floyd a évidemment permis de catalyser l’émotion et la colère. Ce qui n’a pas été le plus souvent possible avec d’autres morts suspectes où la responsabilité des forces de l’ordre était engagée en France. Ajoutons que la violence continue des forces de l’ordre à l’égard des Gilets jaunes (quoi qu’on pense du contenu politique réactionnaire initial de cette révolte durant les premiers mois où elle n’avait pas encore été récupérée par la gauche), les dizaines de personnes mutilées par la police, les milliers de blessés, a aussi permis d’établir un lien ténu, mais réel, entre les Franco-français éborgnés et mutilés, et les personnes d’origine étrangère, les Franco-Africains ou les Franco-Maghrébins qui régulièrement décèdent quand ils entrent « en contact » avec des policiers, sans que ces derniers soient l’objet d’enquêtes sérieuses et encore moins de sanctions sévères.

Pour celles et ceux qui souhaiteraient mieux connaître la situation des Afro-Américains et des mouvements comme les Pantthères noires et la La Ligue des ouvriers révolutionnaires noirs, ce que signifie des termes comme le racisme institutionnel et l’action affirmative, mais aussi engager une réflexion plus vaste sur la place du racisme dans l’histoire américaine voici quelques suggestions de lectures.