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Les grèves en Mai 68. Deuxième partie :

Les grèves de mai-juin 68, éléments d’analyse

vendredi 30 avril 2004

1. La fin du plein emploi et la stagnation du pouvoir d’achat. - 2. Les limites du travail à la chaîne. 3. Conditions d’une grève générale non-insurectionnelle.

Ce texte est extrait de la brochure Mai 68, les grèves en France

DEUXIEME PARTIE

Eléments d’analyse

Le récit des grèves de mai-juin 1968 qu’on vient de lire montre un énorme mouvement de grève, qui s’est développé en très peu de temps, dans un contexte où personne ne l’attendait, et qui cependant s’achève sans victoire significative. Comment l’analyser, comment le définir ? Nous pouvons regrouper quelques éléments d’analyse autour de deux thèmes que nous avons évoqués déjà : le retour du chômage et la crise du travail à la chaîne.

A partir du milieu des années 1960, on assiste dans la plupart des pays industrialisés à un ralentissement de l’accumulation du capital. Nous n’examinerons pas ici les détails de ce qui, apparaissant d’abord comme un retournement de conjoncture, est en fait la fin d’une époque. Ce qu’on a d’abord pris pour une oscillation cyclique courte était en fait le point de retournement d’un cycle long (168). Il s’agit en effet des premiers signes de l’entrée dans une période de récession longue, dont l’ouverture est souvent fixée à la crise dite pétrolière de 1974 et qui dure encore. La période qui s’achève à la fin des années 1960, parfois appelée celle des trente glorieuses (1945-1975), a commencé après la guerre et a été caractérisée par :

1. une quasi-disparition du chômage ;

2. une élévation régulière des salaires et du pouvoir d’achat ;

3. un rythme soutenu de l’accumulation, dû à des gains élevés de productivité liés au développement du travail à la chaîne ;

La remise en cause de ces trois points donne le contenu des crises sociales du tournant des années 1960-1970, pas seulement en France.

1. - La fin du plein emploi et la stagnation du pouvoir d’achat

Pour des raisons de commodité, nous examinerons les deux premiers points ensemble, et seulement dans le cas de la France.

Face au ralentissement de la conjoncture, sensible dès avant 1968, les capitalistes essaient de renforcer le rapport d’exploitation. Il s’ensuit un regain des luttes, avec l’apparition de grèves dures, difficilement contrôlées par les syndicats, et de manifestations violentes, notamment en province. La toile de fond de ces luttes, c’est la recherche d’une baisse des salaires par les patrons, et ce de deux façons principales :

a) d’une part, on a plusieurs conflits qui éclatent parce que les patrons réduisent la durée du travail sans compenser le salaire des ouvriers payés à l’heure. On a déjà vu le cas à propos de la Rhodiaceta en mars 1967 et de l’usine de Sud-Aviation à Bouguenais, près de Nantes, en avril 1968 (cf. première partie, ¤ I-2). Mais dès avril 1965, le même cas s’est présenté chez Peugeot. La baisse non compensée de la durée du travail correspond ici, de plus, à la perte d’un acquis. Depuis 1955, un fonds alimenté par le patron compensait, au moins partiellement, la perte financière due à une réduction des salaires en cas de réduction d’horaires (169). Cette fois-ci, donc, la non-compensation entraîne un conflit long, faits de débrayages non prévus, de grèves tournantes. La direction riposte par la mise à pied de 2 700 grévistes, et le conflit s’achève par la défaite des ouvriers.

On connaît aussi le cas de la Saviem à Caen (5 000 emplois, dont 3 500 OS). En juin 1967, la durée hebdomadaire du travail est réduite de 47 h 30 à 45 heures avec baisse correspondante de salaire. Le 23 janvier 1968, une grève débute dans l’usine, à l’initiative de la CFDT ; aussitôt, elle s’étend à deux usines voisines, Jaeger et Sonormel. Le 24 janvier, une manifestation donne lieu à des heurts très violents avec la police. Le 26 janvier, un meeting réunit 10 000 personnes, dont des enseignants et des étudiants. La FEN se fait huer quand elle appelle au calme et à la dignité. Les syndicats perdent le contrôle et le défilé qui suit le meeting se finit en émeute dans le quartier de la préfecture. Les jeunes ouvriers se font remarquer par leur agressivité. Ils cassent des vitrines, brûlent des bidons de fuel, utilisent des frondes et des billes d’acier. La bataille dure toute la nuit. Le 29, les CRS envahissent l’usine. Le travail reprend le 5 février sans que les travailleurs de Saviem n’aient rien obtenu. Ceux des deux autres usines ont satisfaction partielle de leurs revendications (170).

Dans ces trois exemples (Peugeot, Saviem, Sud-Aviation) la violence de la réaction ouvrière à une baisse de salaire qui peut paraître minime trente ans plus tard montre un brusque changement de climat dans le rapport des classes. Ce n’est pas que les ouvriers ne puissent pas, " objectivement ", subir une baisse du pouvoir d’achat. Les années qui suivent le prouveront malheureusement. Mais il s’agit d’une première attaque des acquis de la croissance, et la réaction est à la mesure de la surprise.

b) D’autre part, les restructurations qui se mettent en place, dans tous les secteurs, en vue de l’ouverture du Marché commun, provoquent des licenciements et des déplacements de main-d’œuvre qui soulignent également la fin du plein emploi et le retour de la précarité. C’est le cas à la Rhodiaceta, de nouveau. Certes, en septembre 1967, lorsque la société annonce une baisse du temps de travail de 44 à 40 heures, il n’y a pas de réaction ouvrière. Mais quand, en décembre, la direction annonce la réduction de la prime de fin d’année et la suppression de 2 000 emplois d’ici fin 1969, la réaction est violente et déborde les syndicats. Sans résultats toutefois.

Autre exemple : Pierre Viansson-Ponté (171) raconte la journée du 26 janvier 1968 à Fougères (Ille-et-Vilaine). Dans cette paisible sous-préfecture, les syndicats organisent une manifestation pour protester contre les fermetures d’entreprises qui se succèdent depuis des années. Arrivé devant la mairie, le cortège devient violent. Des jeunes cassent les carreaux, arrachent des panneaux de signalisation. Puis ils grimpent sur les grilles de la sous-préfecture, arrachent le drapeau tricolore et le piétinent. Quand la police veut les disperser, ils lui font face et résistent. A cette époque, dans ce contexte provincial, leur réaction semble totalement sauvage.

Elle s’inscrit dans d’autres manifestations de la volonté de " travailler au pays ", qui est particulièrement forte dans l’Ouest de la France. Cette volonté fera le succès de la journée du 8 mai 1968. Ce jour-là, tous les acteurs de la vie politique et sociale de la région, même les curés (172), se sont unis pour demander une relance de l’emploi et de l’économie dans l’Ouest. La mobilisation est élevée. Dans la manifestation d’Angers, on lit des slogans comme " Déplacer les usines, pas les hommes " ou " Non à la déportation de la main-d’œuvre " (173). Ce qui répond très clairement, pour s’y opposer, au souci du patronat et du gouvernement de développer la mobilité géographique de la main-d’œuvre. A partir de 1965, le capitalisme français commence en effet à accélérer sa restructuration. Une loi de juillet 1965 l’y encourage par des dispositions fiscales avantageuses. Dans ses travaux de planification, le gouvernement cherche à encourager la structuration des principaux secteurs autour d’une ou deux entreprises de taille potentiellement internationale. Par exemple, dans l’aéronautique, les grandes manœuvres sont engagées pour la formation de la SNIAS. Le patronat prévoit dès 1965 la suppression de 15 000 emplois, soit 15 % des effectifs. L’un des soucis du gouvernement dans ce contexte est de fluidifier le marché de l’emploi pour favoriser la migration vers les nouveaux bassins d’emploi de la main-d’œuvre libérée par les fermetures. C’est à cet effet qu’est créée l’ANPE, en 1967.

Avec le recul de trente ans, le chômage de 1968 peut paraître bien dérisoire, et on en vient à se demander comment et pourquoi il a suscité tant d’inquiétude. Certes, il a fortement augmenté, de 200 000 chômeurs en 1964 à 300 000 en 1967. La croissance est très forte, mais le taux de chômage reste faible. La courbe ci-dessus pourrait faire penser que les propos alarmants sur la hausse du chômage en 1966 et 1967 étaient peu justifiés. Ils l’étaient au contraire tout à fait. Car ce qui n’apparaît que comme une hausse mineure d’un taux arithmétique est en réalité l’apparition d’un nouveau type de chômage.

A partir de la fin des années 1960, le chômage n’est plus une absence exceptionnelle d’emploi. Il devient aussi un instrument au service de la modernisation du capitalisme français. Selon André Gauron, les facteurs démographiques ne suffisent pas à expliquer la hausse du chômage. De plus, l’économie crée de nombreux emplois. Mais, " entre 1965 et 1970, la mobilité constatée pour les différentes catégories de main-d’œuvre apparaît 50 % plus forte qu’au cours de la période 1959-1964 ". C’est ce volant de main-d’œuvre qui, sous l’effet des restructurations, est à la recherche d’un autre emploi qui explique la hausse du chômage, et qui, déjà, fait baisser le niveau des salaires en remplaçant des vieux par des jeunes, des Parisiens par des provinciaux (174), des hommes par des femmes, des Français par des immigrés. Gauron conclut que " bien plus que la politique des salaires, la mobilité de l’emploi a été l’arme principale d’une dévalorisation globale de la force de travail... (175). " Les discussions auxquelles Georges Pompidou, alors Premier ministre, invite en 1967 les partenaires sociaux vont dans le même sens. Au moment où s’engage le débat sur les ordonnances, Pompidou propose des discussions tripartites gouvernement-patronat-syndicats sur cinq points :

1. augmentation des indemnités de chômage .

2. création de commissions paritaires pour suivre les restructurations et leurs conséquences ;

3. instauration d’un délai d’information pour les licenciements collectifs ;

4. mesures particulières en cas de fusion ;

5. indemnisation du chômage partiel.

Le fait qu’un gouvernement de droite propose d’augmenter l’indemnisation du chômage donne une indication de la rigidité du marché du travail après trente ans d’accumulation accélérée. Après cette phase de plein emploi, il faut ça pour acheter un peu de flexibilité de la force de travail. Ce faisant, les capitalistes instrumentalisent le chômage pour annoncer le retour de la précarité et affirmer le principe de la condition prolétaire : pour travailler, il faut vendre sa force de travail. Il n’y a pas de droit au travail, mais seulement un rapport de force entre acheteurs et vendeurs de force de travail, et la balance est en train de tourner en faveur des capitalistes. Bien sûr, cette instrumentalisation ne se fera que sur la longueur des années et, au début des années 1970, elle sera notablement masquée par le discours idéologique sur la recomposition du travail, soi-disant destiné à surmonter la crise du travail à la chaîne. En attendant, les travailleurs perçoivent presque instantanément la précarisation de leur situation. Les plans de développement du traitement social du chômage ne les rassurent pas, et la revendication de travailler au pays se comprend sur cette base.

Le retour de cette vérité élémentaire que le marché du travail est le lieu de la précarité du prolétaire est selon moi, après les trente glorieuses, un des éléments fondamentaux de la puissance du mouvement social de 1968. C’est lui qui explique la rage des ouvriers de Sud-Aviation, leur acharnement à refuser une baisse de la durée du travail qui ne soit pas pleinement compensée. Ces ouvriers-là ne travaillent pas à la chaîne et leur activisme a une autre source que l’ " anti-travail " des OS (voir plus bas). Cette source, c’est le retour insidieux de la précarité au travers du chômage partiel, des restructurations et des délocalisations de la région parisienne vers la province. Ce n’est pas encore, comme aujourd’hui, l’omniprésence du chômeur dans la société, mais c’est déjà un signe perceptible de ce qui va se développer. Par exemple, c’est ce même retour de la précarité qui explique l’apparition de prolétaires marginaux (loulous, blousons noirs et désœuvrés de toutes sortes) qui seront un ferment actif de radicalisation dès les premières manifestations étudiantes.

Bien entendu, c’est également la fin du plein emploi qui permet de peser sur les salaires. Là aussi, les griefs s’accumulent depuis plusieurs années. Le plan d’austérité que le gouvernement met en place en 1963 pour contrôler l’inflation n’empêche pas que le pouvoir d’achat des salaires augmente de plus en plus lentement. Le pouvoir d’achat du salaire moyen a augmenté de 6 % en 1960, et encore de 5 % en 1963. En 1967, la hausse n’est que de 2% (176). Cette hausse, de plus, se répartit de plus en plus inégalement entre hauts et les bas salaires. L’écart entre les deux augmente au fil des ans. Le rapport entre le salaire moyen d’un cadre supérieur et celui d’un ouvrier augmente de 6% entre 1962 et 1967 (177). Mais c’est surtout l’écart entre le SMIG et le salaire moyen qui est le plus frappant en 1968. De 1955 à 1967, le pouvoir d’achat du salaire moyen passe de 129 à 197 (1950 = 100), alors que le SMIG stagne autour de 120. Cet accroissement de l’écart des salaires sera la base d’une revendication égalitaire souvent exprimée en mai 1968. Les augmentations de salaire en pourcentage seront fréquemment rejetées par les grévistes au profit d’augmentations identiques pour tous. Ils n’obtiendront satisfaction que de façon très partielle, la CGT militant activement pour la hiérarchie des salaires et contre l’égalitarisme.

En fin de compte, le ralentissement de l’accumulation de la fin des années 1960 nous ramène à un capitalisme normal. L’exception des trente glorieuses s’achève. Partout, mais d’autant plus en France que les archaïsmes y étaient plus forts, l’extraordinaire rentabilité du capital dans cette période s’épuise. Elle était liée à l’introduction du travail à la chaîne dans une société qui, à l’éclatement de la guerre, n’avait même pas encore généralisé le taylorisme, et les réserves de productivité étaient donc immenses car fondées sur " les gains cumulés des principes tayloriens et fordiens "classiques" et de ceux résultant de l’emploi des automates industriels (178) ". Immenses, mais pas inépuisables. Car l’organisation fordienne du travail semble, elle aussi, toucher une limite. C’est là le troisième élément caractéristique de la période.

2. - Les limites du travail à la chaîne

L’organisation scientifique du travail (OST) est apparue à la fin du xixe siècle, d’abord aux Etats-Unis. Elle procède à l’analyse des gestes du travailleur qualifié, et décompose cette tâche en une succession de tâches élémentaires requérant le moins de gestes différents possibles. Le but est, très explicitement, d’empêcher le travailleur de se cacher derrière son savoir-faire pour ralentir son activité. Il est simultanément d’augmenter la productivité et le volume de la production par l’emploi massif et bon marché de travailleurs non qualifiés - ou qualifiés en quelques jours.

Peu avant la première guerre mondiale, les travailleurs taylorisés sont reliés les uns aux autres par un convoyeur : ils deviennent des travailleurs à la chaîne. Ce procédé a d’abord été mis en pratique chez Ford, aux Etats-Unis (179). Ce n’est qu’après la deuxième guerre mondiale qu’il s’est universalisé, notamment en Europe et au Japon. La différence par rapport au taylorisme est que le capitaliste gagne encore sur les temps morts et sur la " flânerie ". La chaîne assure toute une partie du travail de manutention et surtout impose son rythme au travail des ouvriers faisant chacun une opération élémentaire sur la pièce qui avance devant eux. Ce sont ces travailleurs non qualifiés qu’on appelle, à l’époque de mai 1968, les OS (ouvriers spécialisés).

Taylorisme et fordisme sont ainsi deux moments essentiels de la déqualification du travail, de la deuxième dépossession du travailleur. Dans la première dépossession, celui-ci a perdu toute propriété de ses moyens de production. Dans la deuxième, il perd toute qualification : speed as a skill (la vitesse comme qualification), voilà ce que demandent les ingénieurs des méthodes. A partir du milieu des années 1960, l’exploitation du travail à la chaîne connaît une perte d’efficacité. Les patrons cherchent à la compenser par la baisse des salaires et l’aggravation des conditions de travail. Nous avons vu que la " révolte des OS " n’est pas absente des conflits annonciateurs de Mai 68 (notamment à Caen). En mai-juin 1968, les signes de la révolte des OS apparaissent aussi dans les grèves : au démarrage dans l’activisme des jeunes ouvriers (Renault en particulier), et surtout à la fin dans la résistance à la reprise du travail (Flins et Sochaux). Cela dit, la crise de l’ " organisation scientifique du travail " qui s’ouvre alors n’est pas un phénomène nouveau. Selon Georges Friedmann, " la seconde guerre mondiale a joué, dans l’histoire de l’organisation du travail, un rôle quasi révolutionnaire en obligeant l’industrie américaine à se convertir brusquement, sous l’effet des pressants besoins de l’armement, vers de nouvelles productions avec une main-d’œuvre souvent inexpérimentée (180) ".

La conversion dont parle Friedmann n’est pas l’introduction de l’OST, qui est déjà bien implantée aux Etats-Unis avant la guerre, mais, déjà, le dépassement de ses limites. Les conditions de la guerre ont été telles que, dès cette époque, on pouvait parler, d’une certaine façon, des limites du travail à la chaîne. Friedmann insiste sur le fait que la remise en cause de l’organisation du travail selon les normes les plus avancées de l’époque ne répond nullement à un souci humanitaire voulant soulager les travailleurs de tâches trop répétitives, mais à des contraintes de rentabilité et d’efficacité. Bien entendu, l’efficacité du travail suppose un minimum de coopération de la part des travailleurs, et c’est sur cette question que managers d’usines et psychologues se retrouvent pour définir les solutions qui donneront ce minimum de coopération.

Georges Friedmann relate l’exemple des tanks fabriqués par Cadillac. Deux usines utilisant les mêmes outils pour faire les mêmes produits ont un important écart de productivité. La première est ultramoderne et conçue entièrement selon les derniers canons de l’OST. La seconde a été improvisée dans des locaux inappropriés et doit sans cesse recourir au système D. C’est évidemment cette dernière qui est la plus efficace : elle a su capter la coopération des ouvriers. Il cite aussi un cas d’enrichissement des tâches mis en place sur un chaîne chez IBM dès 1943. Le résultat est une meilleure qualité des produits, une plus grande satisfaction du personnel (mieux payé, il est vrai) et de moindres frais généraux.

Ces expériences de guerre ont eu des suites après la fin du conflit. Elles n’ont cependant pas connu un développement tel que le problème des limites de l’OST n’apparaisse pas de nouveau dans les années 1960.

De fait, malgré l’enthousiasme qu’il a pour l’enrichissement et la rotation des tâches, Friedmann ne cache pas les limites de l’exercice du " job enrichment ". Il reconnaît que la perspective est surtout au développement de la polyvalence d’ouvriers serveurs de machines automatisées, et que ceci n’est pas particulièrement un " enrichissement des tâches ". Et il rapporte qu’en 1950, aux Etats-Unis, l’enrichissement des tâches dans l’industrie fordienne classique (non automatisée) ne serait économiquement justifiée que pour 500 000 ouvriers, malgré les expériences si concluantes de la guerre. Il y avait à cette date 11,7 millions d’OS et 3,8 millions de manœuvres. Comme il est bien clair que la mise en place de solutions de remplacements de l’OST pure et dure ne se fait jamais que lorsque les patrons y trouvent leur intérêt - y compris en réponse à la résistance ouvrière - il faut conclure de cette diffusion limitée de la " nouvelle OST " qu’elle n’est pas vraiment rentable.

Pour revenir à notre sujet, on aboutit donc au fait que, à la fin des années 1960 en France, les limites de l’OST étaient bien identifiées. Et que malgré cela il y avait encore des millions de travailleurs faisant à la chaîne le travail " appauvri " préconisé par Taylor et Ford. On n’avait pas trouvé mieux pour augmenter la productivité.

Dans une analyse des limites technico-économiques du travail à la chaîne à ce tournant de l’accumulation du capital, Benjamin Coriat identifie deux raisons principales qui expliquent que l’OST bute sur une limite objective :

- d’une part, une trop grande division du travail augmente le temps de transfert, qui est improductif. On divise le travail pour supprimer les temps morts de la flânerie ouvrière, mais on les retrouve objectivés dans un allongement sans fin de la chaîne. " Il en résulte qu’à partir d’un certain seuil de "pertesÓ, il redevient utile de s’interroger sur l’économie de temps véritablement réalisée (181) " ;

- d’autre part, plus les postes individuels de travail sont nombreux, plus la chaîne est longue, et plus l’équilibrage est complexe et difficile à réaliser. Par équilibrage, il faut entendre la coordination des multiples tâches individuelles selon leur ordre de succession et la durée propre de leur cycle spécifique.
-  On retiendra qu’à partir d’un certain degré de division du travail des problèmes d’échelle surgissent, et qu’une bonne recomposition des tâches devrait permettre de les résoudre. Pour une bonne part, cette solution " logique " ne sera pas mise en œuvre au-delà du discours idéologique valorisant quelques expériences.Car à la fin des années 1960, les préconisations des sociologues et autres experts comme Friedmann n’avaient pas débouché sur une autre solution au ralentissement des gains de productivité que... l’accélération des cadences. Que cette solution n’en était pas une, c’est ce que montrent les révoltes d’OS dans les grèves de mai 1968 et, surtout, des années qui ont suivi, en France et ailleurs. En mai 1968, c’est de ce secteur de la classe ouvrière que vient pour une part importante le lancement de la grève (Cléon, Flins). Et c’est dans ce secteur qu’ont lieu les batailles les plus furieuses contre la reprise du travail ordonnée par les syndicats. Ces batailles sont le signe que s’ouvre alors une période de blocage momentané de l’exploitation du travail à la chaîne. Elles forment la base de ce qu’on a appelé le mouvement anti-travail. Les conditions de l’exploitation sont telles que les OS (surtout les jeunes) refusent de continuer à jouer le jeu de perdre sa vie à la gagner. Le " refus du travail " se caractérise principalement par le développement de l’absentéisme et du turn-over, la baisse du soin apporté à la production, voir carrément le sabotage. Tout ceci a un coût, de plus en plus élevé, et bientôt (dès le début des années 1970) les experts recommencent à se pencher sur le problème du travail à la chaîne, et les solutions qu’il est urgent d’apporter pour ramener les coûts et la productivité à un niveau permettant la rentabilité globale du capital. Ils préconisent en général de fractionner la chaîne en mettant des stocks tampons, de faire travailler les ouvriers en groupe et/ou de recomposer les tâches décomposées à l’excès par l’OST. Ces recommandations n’auront guère plus d’effet que celles de Friedmann et consorts.

Benjamin Coriat récuse la notion de " refus du travail " (en général) (182) et estime que les conditions salariales du travail des OS sont la source première de leur révolte. Reprenant un rapport des économistes du 6e Plan, il considère que la base objective de la désaffection vis à vis du travail manuel est à lier :

- à l’absence de statut de ces travailleurs, qui ne sont pas mensualisés ;

- au niveau de leur rémunération : sauf en Italie, la classe ouvrière française est selon lui la moins bien payée d’Europe à cette époque ;

- à la part trop importante des heures supplémentaires dans la formation du revenu, qui dépend donc des aléas conjoncturels. Ce qui revient à dire que les OS ne se seraient pas révoltés

- si, mensualisés, ils avaient été moins précaires ;

- s’ils avaient été mieux payés ;

- et si leur salaire, plus élevé donc, avait été plus régulier.

Il est vrai que les OS de mai 1968 ont demandé à être mensualisés, qu’ils ont demandé des augmentations de salaire et l’intégration des primes (ce qui a le même effet que les heures supplémentaires sur la régularité des salaires). Et il est possible que, si ces revendications leur avaient été accordées à Grenelle ou après, ils auraient repris le travail sans bagarre. Il n’empêche que, historiquement, la " solution " du problème des OS se fera exactement à l’opposé des revendications des OS ou des recommandations des experts : plus de précarité, moins de pouvoir d’achat et plus de flexibilité, dans les horaires et dans les salaires. Et, bien entendu, un travail immédiat absolument pas moins pénible, bien au contraire, pour ceux qui n’ont pas été éliminés par l’automatisation de certaines opérations le long de la chaîne. Comparant la situation des travailleurs d’une usine d’automobile dans un écart de vingt ans (1974 à 1994), Christophe Dejours s’étonne que les experts puissent considérer qu’il y a eu un renouvellement radical des méthodes de travail. Pour lui, " il y a au contraire une similitude incontestable entre hier et aujourd’hui... Le travail, en tant qu’activité (au sens ergonomique du travail), n’est en fin de compte guère différent de ce qu’il était il y a vingt ans, [sauf] que les temps morts ont disparu, que le "taux d’engagement" (c’est-à-dire la part du temps de présence sur la chaîne, consacré à des tâches directes de fabrication, de montage ou de production [une fois soustraits les temps de déplacement, d’approvisionnement, de pause ou de relâchement]) est beaucoup plus pénible que par le passé, qu’il n’existe actuellement aucun moyen de ruser avec les cadences... (182) ". La question se pose donc de savoir pourquoi des conditions pires qu’autrefois n’entraînent pas de révolte des OS aujourd’hui. L’explication tient dans le développement du chômage.

La fin des années 1960 est un point de retournement d’un cycle long. Avant ce point, le capital semble en expansion irrésistible, il semble avoir un besoin insatiable de force de travail fraîche. Après ce point, c’est l’inverse : la croissance ralentit, l’immigration devient problématique, le chômage se développe sans rémission. C’est la particularité de cette situation de retournement qui fait que la révolte des OS s’exprime avec tant de clarté et de violence : elle s’appuie sur des salaires relativement haut et un marché du travail qui est encore demandeur pour protester contre les premiers signes de l’inversion de tendance - ralentissement de la hausse automatique des salaires, accélération des cadences et dégradation des conditions de travail, chômage partiel.

Il faut ici clarifier un point : le chômage est-il oui ou non l’une des causes des grèves de mai 1968 ? Peut-on en même temps dire que la fin du plein emploi et l’apparition du chômage font peur et entraînent à la grève, et que l’absence de chômage permet aux OS de se mettre en grève sans crainte de perdre leur emploi ? Oui, car le chômage n’apparaît pas de façon généralisée. Il se manifeste plus dans certains secteurs menacés par les restructurations (les mines, l’aéronautique...), et il est nettement moins menaçant dans les industries d’OS. Parlant du secteur automobile, Jacques Vincent pense même que l’alimentation des chaînes en OS risque d’être difficile au début des années 1970 (183). De 1962 à 1969, la production automobile française a augmenté de 60 %, et les effectifs de 24 %. Le 6e Plan projette une hausse des effectifs de 35 % pour la période 1970-1975. Cela représente 73 000 travailleurs, dont 56.000 OS. Le marché du travail est donc favorable pour les OS à cette période.

Il faudra plusieurs années pour que les grèves d’OS expriment tout leur potentiel de révolte et de contestation et finissent dans la défaite en raison de la massification du chômage et du développement de l’automation. Mai 68 n’est que l’ouverture de cette période de transition entre la fin des trente glorieuses et l’ouverture de la récession longue de la fin du siècle. Les OS de 1968 se révoltent contre le fait qu’on leur fait porter le poids de la baisse du taux de profit par des cadences accélérées et des conditions de travail aggravées. Ils ont, pour protester contre cet état de fait, une base d’appui : le plein emploi et leur caractèreirremplaçable. En mai 1968 et dans les années suivantes, c’est cette force qui soutient leur révolte. Aussi le capital va-t-il s’employer à réduire cette base d’appui, par l’automatisation, la précarité, le chômage, l’immigration clandestine, etc. A quel point cela est efficace, on le voit dans une comparaison entre les différentes usines du groupe que fait aujourd’hui un directeur de Toyota. Il estime que les ouvriers français, thaïlandais et indonésiens sont 20 % plus productifs que leurs collègues américains, qui " sont plutôt riches et ne veulent donc pas travailler trop fort ". En France " il y a beaucoup de chômeurs et donc [ceux qui ont un emploi] ont tendance à travailler plus fort ". Les Japonais " tirent au flanc " et travaillent moins qu’autrefois. La productivité japonaise est plus élevée parce que certaines machines ne sont pas utilisées ailleurs qu’au Japon pour éviter que la concurrence ne les copie (184). De la même façon, J.-P. Durand observe, à propos de l’industrie automobile, que la contrainte au bon comportement de travailleur zélé " n’est plus rémunérée comme hier (par une augmentation de salaire) ...[mais que] la conformité à la norme a lieu sans contrepartie, sauf [celle] de conserver son emploi (185) ".

3. - Conditions d’une grève générale

non-insurrectionnelle

Retour du chômage et ralentissement de la hausse des salires, limites du travail à la chaîne et début de la révolte des OS : nous avons identifié les manifestations principales du ralentissement de l’accumulation du capital à la fin des années 1960. Elles forment la toile de fond, les causes profondes, des grèves de mai-juin 1968, dont les éléments déclencheurs immédiats sont probablement la crise univesrsitaire et la répression policière. Mais comment passe-t-on de ces éléments au paradoxe de Mai 68, à cette grève généralisée qui accouche d’une souris ? Notre recherche fait apparaître une grève dure et massive - si massive qu’elle comporte nécessairement des points de frottement avec les syndicats et les partis de gauche. Grève dure, qui a eu l’énergie de rejeter Grenelle et de demander plus, mais qui n’a rompu qu’exceptionnellement avec ses représentants et les a presque toujours laissés parler en son nom ; elle n’a pas inventé les modalités de lutte qui lui auraient permis de remporter quelque chose de significatif sur les salaires et les conditions de travail. C’est ce contraste entre la massivité de la grève et la faiblesse de ce qu’elle a remis en cause et obtenu qui rend difficile la définition du mouvement.Faute de mieux, je le définis donc comme un arrêt de travail généralisé non-insurrectionnel. On s’attendrait à ce que 10 milions de grévistes créent un climat insurrectionnel. Est-il possible de comprendre pourquoi ce la n’a pas été le cas ?

Dans Il va falloir attendre, Gilles Dauvé et K. Nésic observent que " l’assaut prolétarien se produit lorsqu’un cycle de production atteint son sommet et commence à entrer en crise. Un prolétariat dynamique suppose un capital dynamique... Après 1960, l’ouvrier pouvait critiquer le travail parce qu’il était assuré d’une embauche quasi permanente... C’est en rejetant la richesse proposée ou promise et non la pauvreté imposée qu’un mouvement social s’affirme communiste (186) ". La référence à la critique du travail et aux années 1960 permet de penser que cette remarque générale concerne aussi Mai 68. Mais en fait non, car à la fin du même texte, les auteurs notent que " 1968 ne fut une crise révolutionnaire pour aucune des deux classes fondamentales en présence. Dans les pays développés, contrairement à ce qui s’était passé après 1917 [autre sommet de cycle], un accord tacite a réuni prolétaires et capitalistes pour ne pas aller trop loin ". Sommes-nous en présence d’une exception ? Dauvé et Nésic ne nous le disent pas. Quoi qu’il en soit, la discussion de la position d’un mouvement social par rapport au cycle est intéressante.

Un bref examen historique des soulèvements du prolétariat montre qu’ils interviennent en de nombreux points des cycles longs de l’accumulation du capital (187). Cela laisse penser que les crises révolutionnaires de l’histoire du prolétariat obéissent à de nombreux facteurs circonstanciels qui ne sont pas tous directement liés au cycle. Il est vrai que la crise allemande de 1918-1919 intervient en haut d’un cycle, mais pas la révolution de 1848, pas le Front populaire français de 1936, pas la révolution espagnole (1936 aussi). Une étude détaillée de cette question reste à faire. Mais, en tout état de cause, " l’affirmation communiste du prolétariat " - ce par quoi je suppose qu’il faut entendre, en l’absence de communisation proprement dite, une critique en acte du rapport social capitaliste (188) - ne peut avoir lieu que sous l’effet de la " pauvreté imposée " par une crise majeure, qui compromettant la reproduction immédiate, peut pousser un mouvement de masse du prolétariat vers le communisme - tel qu’il se définit à chaque époque du mode de production capitaliste (MPC). Cette crise majeure peut intervenir en haut de cycle (la Commune, l’Allemagne de 1917), mais c’est alors en raison de circonstances très particulières (la défaite militaire et ses conséquences).

Plus conforme au cas général " théorique " d’un haut de cycle, le mouvement de Mai doit ses limites aux années de prospérité qui l’ont précédé et dont les acquis sont alors encore loin d’être entièrement remis en cause. La conjonction du ralentissement de la hausse des salaires, de l’apparition du chômage et du problème des OS provoque la poussée revendicative, mais ne fait pas une situation de crise révolutionnaire. Et il n’y a pas eu d’accord tacite entre les classes pour ne pas aller plus loin. Il y a eu accord explicite entre patronat, syndicats et gouvernement pour gérer au mieux une situation difficile, sans doute, mais aussi favorable à la résolution de blocages, notamment politiques, résultant de dix années de gaullisme.

C’est aussi cette position de Mai 68 en haut de cycle qui permet de rendre compte d’un aspect étonnant et peu commenté des grèves, à savoir le faible taux d’occupation des usines. On a vu, que dans bien des cas, les salariés ont clairement montré leur souci de ne pas s’attarder sur les lieux de travail " occupés " dès lors que la grève était décidée. Ont-ils fait grève ou bien ont-ils laissé les autres faire grève pour eux ? Il est évident que les travailleurs ont effectivement fait grève, au sens où ils ne se sont pas présentés sur leur lieu de travail et ont renoncé à leur salaire. Mais ils sont restés chez eux, ne venant que minoritairement aux AG et aux manifestations périodiques convoquées par les syndicats. Cette masse de " passifs " traverse le mouvement en vivant sur ses réserves et en se désintéressant du quotidien de la grève. Son activité de lutte est minimale. Elle ne cherche pas à en suivre les aléas ; on suppose qu’elle attend d’être convoquée à la reprise du travail, ou au vote sur cette reprise, en s’en remettant aux syndicats pour savoir ce qu’il faut penser de tout ça et en se désintéressant de l’enjeu politique supposé de la lutte (alternative démocratique au gaullisme, gouvernement populaire, a fortiori révolution communiste).

Cet absentéisme des grévistes a une double signification :

- d’une part il indique que le lieu de travail (usine ou bureau) n’a plus la fonction centrale qu’il a pu avoir à d’autres époque dans l’affirmation de la classe. La vie des travailleurs au travail, visiblement, n’est pas le lieu de l’affirmation de leur identité. Même les OS, qui ont montré à la fin de la grève que celle-ci comportait pour eux des enjeux importants, n’ont pas occupé les usines. Ils se sont battus, jusqu’à mort d’homme, pour ne pas reprendre le travail dans la défaite. A Sochaux, le 11 juin à l’aube, ceux qui sortent des cars pour reprendre le travail s’engagent aussitôt dans la bataille avec ceux qui étaient restés la veille dans l’usine et qui venaient de s’en faire déloger par les flics. C’est dire si leur frustration de reprendre le travail sans résultat revendicatif digne de ce nom est grand. Et pourtant, ils n’ont pas pensé, depuis le début de la grève, que l’occupation de l’usine augmenterait leur chance de gagner. De la même façon, l’échec de Grenelle a clairement montré que les travailleurs " voulaient plus ". Mais après Grenelle les occupations ne se sont pas renforcées, bien au contraire ;

- d’autre part, l’absentéisme des grévistes, en tant qu’il se manifeste comme repli sur la vie privée plutôt que comme lutte ailleurs que sur le lieu de travail, indique l’existence de réserves, d’une situation de crise non profonde, de la possibilité d’attendre et de faire (plus ou moins) confiance à ses représentants. On peut comparer avec la lutte pour la survie dans la crise argentine récente, où l’espace hors travail a été le lieu de luttes importantes (assemblées de quartier, barrages routiers, attaques de supermarchés). Le faible taux d’occupation des usines a la même base que l’anti-travail des OS : le travail n’est plus la base de l’identité de la classe, les usines et les bureaux ne sont que des lieux où l’on gagne de l’argent. C’est un message très massif que font passer les grévistes de mai-juin 1968, et il n’a été que peu relevé. On peut supposer que, dans une situation analogue aujourd’hui, si les travailleurs entraient dans une grève de masse, le même absentéisme se manifesterait de nouveau. Mais cette fois, les réserves seraient moindres, le repli sur la vie privée, déjà lprécarisée avant la grève, serait plus difficile. L’absentéisme ne serait pas, ou serait plus difficilement, dispersion des individus, et la socialisation de grève devrait être beaucoup plus difficile qu’en mai-juin 1968.

Aujourd’hui, où nous sommes dans une phase basse du cycle long, tous les paramètres d’une révolte des OS et précaires (puisque c’est ça aussi qu’ils sont devenus) sont réunis. Le travail est plus pénible qu’il n’était, il est moins bien payé et ne donne lieu à aucune " reconnaissance ", comme le souhaitait Benjamin Coriat à la fin des années 1970 en réclamant la mensualisation des OS. Cette révolte se fera donc, le cas échéant, malgré et contre la menace du chômage, sans base d’appui dans le plein emploi ou la vie privée. Les travailleurs et les chômeurs devront trouver en eux-mêmes la force, la base d’appui, que ne leur donne plus la socialisation capitaliste. C’est dire que, si la révolte doit dépasser le stade d’une émeute brève, l’activité de grève devra être autrement imaginative qu’en mai-juin 1968. C’est dire aussi que la partie sera beaucoup plus difficile pour les syndicats.

Lire les notes : Les grèves en Mai 68. Notes

Lire le récit des événements : Les grèves en Mai 68. I. Récit des événements, II. Le mouvement des occupations, III. Grenelle, IV. Le démontage de la grève. - Epilogue..

Lire les Annexes :

I - Le début du « Mai rampant » en Italie

II - Le comité d’action RATP

III - Rapport d’orientation présenté à l’AG de Censier

IV - Le comité de liaison interentreprises. Bilan

Les grèves en Mai 68. Bibliographie

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