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Olivier Besancenot, la réincarnation de Babeuf ?

samedi 1er février 2014

C’est aux éditions Le Cherche Midi que l’ex-leader du NPA Olivier Besancenot a publié son dernier livre, La conjuration des inégaux, La lutte des classes au XXIe siècle. Et c’est avec une certaine tristesse que l’on referme ces cent cinquante pages.

Malgré le titre tape-à-l’œil, on se trouve à des années-lumière de Babeuf et compagnie, auxquels le titre fait implicitement référence. Olivier Besancenot a voulu consacrer son livre à la description des deux classes antagoniques : la bourgeoisie et le prolétariat, en tentant de découvrir en quoi, contrairement à la classe des capitalistes, les exploités avaient perdu leur conscience de classe. Serait-ce la conséquence d’un complot (la “conjuration”) de la bourgeoisie ?

Il ne cache pas la position de faiblesse des exploités, malgré quelques sursauts de révolte face des licenciements, des fermetures de boîtes annoncés... L’auteur reste principalement descriptif, sans aller plus loin dans les propositions, se montrant certes abordable au grand public, mais séchant sur la question de la conscience de classe.

Mais Olivier Besancenot sèche également sur la façon que les exploités pourraient prendre le dessus dans la luttes des classes. Quelques pistes de réflexion auraient été souhaitables, certaines luttes dans le monde (celles des piqueteros en Argentine, celles des habitants d’Oaxaca...) auraient pu servir de point d’appui pour comprendre ce qu’il est envisageable ou non de faire. À sa façon, il aurait pu également remettre au goût du jour des méthodes de luttes, d’action directe façon Émile Pouget, d’action artistique façon dada, surréalistes ou situationnistes ?

Pour Olivier Besancenot, l’existence de deux classes suffit à elle seule de démontrer qu’il existe une lutte des classes. Rien n’est formel dans La Conjuration des inégaux, mais l’on y entrevoit l’idée - implicite - de mécanismes économiques et sociaux aboutissant à la crise finale - sans doute est-ce la manifestation d’une certaine paresse intellectuelle. Quid alors de la conscience de classe ? L’expérience récente démontre que les crises, aussi violentes soient-elles, ne suffisent pas à abattre le capitalisme. Sans stratégie, sans tactique, mais aussi, au préalable, sans la possibilité de s’auto-éduquer, les prolétaires n’iront pas loin dans l’offensive à laquelle les exhorte des Olivier Besancenot.

Tout ceci manque dans le livre du porte-parole du NPA, la conclusion, façon yakafokon, est bien terne : il faut se fédérer, prendre exemple sur les luttes antérieures, faire payer aux riches le vol de la plus-value - que nous leur offrons sur un plateau doré... Sauf que sans les clés de contact, on ne peut pas faire tourner le moteur de l’histoire !

Zacharie Leroy

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