Nous reproduisons ci-dessous, en italiques, quelques extraits de notices nécrologiques écrites par des membres de la fachosphère italienne, française et russe à propos du décès du philosophe Costanzo Preve, dont nous avons déjà évoqué les idées réactionnaires dans deux articles :
http://www.mondialisme.org/spip.php...
http://www.mondialisme.org/spip.php...
Mais, pour commencer, nous reproduisons un article nécrologique de Vincent Présumey (V.P.) du groupe Militant, groupe "d’extrême gauche" (1) dont une partie des membres ont adhéré au Parti de Gauche.
Dans cet article nécrologique, l’auteur nie (désormais il ne s’agit plus de méconnaissance mais de négation de faits avérés) toujours l’existence des liens éditoriaux entre Costanzo Preve et la mouvance fasciste et néonazie italienne, liens qui datent de 2003 et non de 2012.
Preve avait pourtant cosigné en 2004 un livre composé de deux interviews et intitulé Dove va la destra ? Dove va la sinistra ? (Où va la droite ? Où va la gauche ?), publié chez une maison d’édition “anticonformiste” (traduire d’extrême droite), avec le « fasciste de gauche », “l’intellectuel hérétique” Giano Accame, qui s’était engagé en avril 1945 dans la marine militaire de la République sociale italienne, avait été un dirigeant du MSI jusqu’en 1968, , avait été l’un des initiateurs de la “stratégie de la tension” lors d’un congrès financé par les services secrets de l’armée italienne en 1965... avant de faire un voyage en Israël et d’y découvrir un... nationalisme authentique.
D’ailleurs Preve lui-même reconnaissait qu’il publiait dans des maisons d’édition « de droite » – les guillemets sont de lui : « Je l’ai fait de façon parfaitement consciente, parce que, particulièrement après un certain nombre d’événements comme la guerre de Libye, la guerre au Kosovo en 1999, etc., j’ai considéré, à tort ou à raison, mais personnellement je crois que j’ai eu raison, que la dichotomie gauche/droite appartenait au passé. » (Interview « exclusive » parue sur le site fasciste Stato & Potenza le 25 février 2012).
V.P. nie également les affinités idéologiques entre les mouvements fascistes et nationalitaires (sur le nationalitarisme de Preve, on se reportera à ses nombreux articles publiés dès 1997 en italien sur le site italien http://www.rivistaindipendenza.org/ Proposta_nazio.htm. « Indipendenza » est une tendance de Rifondazione comunista, encore plus social-chauvine que sa direction néostalinienne... si c’est possible.
V.P. nie enfin les liens de Costanzo Preve avec le Campo anti-imperialista, mouvement qui accueille avec bienveillance les néonazis dans ses manifestations : dès 2003, l’appel du Campo anti-imperialista contre la guerre en Irak avait en effet été signé aussi bien par des négationnistes français comme Serge Thion que par une pléthore de fascistes italiens connus.
La référence que V.P., dans sa notice nécrologique sur Preve, fait à Sorel et à son enthousiasme pour la révolution russe de 1917 montre bien que Présumey (comme d’ailleurs beaucoup de libertaires qui se revendiquent de Sorel) ne comprend pas les enjeux du confusionnisme fascisant ou national-populiste actuel – ou passé ; en effet, il « oublie » de nous dire que Mussolini se réclamait aussi de George Sorel, et que Sorel fut récupéré par l’extrême droite française après sa mort.
S’agit-il d’un simple malentendu à propos de Sorel ?
Ceux qui pensent que cette récupération est injuste trouveront quelques arguments dans l’article du chevènementiste Charzat dans les Cahiers Georges Sorel n° 1 en 1983 (http://www.persee.fr/web/revues/hom...) .
Mais ils pourront aussi, pour contrebalancer cette présentation historique écrite par un auteur social-chauvin, se référer à une longue interview de l’universitaire Zeev Sternell sur la nature du fascisme, interview dans laquelle celui-ci répond à la question : “Comment expliquez-vous que la révision anti-matérialiste du marxisme soit le filon fondamental de l’émergence de l’idéologie fasciste ? C’est ici qu’intervient George Sorel (1847-1922). Ce socialiste français joue un rôle essentiel dans la poussée de la synthèse fasciste en ce qu’il est le premier à lancer une révision "révolutionnaire" du marxisme. Il préconise une révolution en dehors de la matrice marxiste traditionnelle. Puisque le capitalisme ne s’effondre pas et que les masses ne marchent pas à coups de raisonnements, Sorel remplace le contenu rationaliste et matérialiste du marxisme par le culte de l’énergie, l’intuition et la violence. Il entend donc corriger le marxisme en y introduisant des éléments irrationnels. La destruction du régime de démocratie libérale est aussi un fondement de la révision sorélienne : il faut bien comprendre que ce courant révisionniste se dresse autant contre le libéralisme que contre le marxisme, car ce sont des systèmes de pensée matérialistes qui considèrent la société comme un simple agrégat d’individus. Enfin, il ne reste plus aux disciples de Sorel qu’à remplacer par la Nation le prolétariat défaillant dans le combat contre la décadence démocratique et rationaliste. Ainsi s’ouvre progressivement la voie vers le fascisme. » (http://www.resistances.be/sternhell.html)
Une analyse qui éclaire bien des points communs, sur le plan théorique, entre Preve et Michéa (n’oublions pas que tous deux sont passés par la matrice stalinienne, de surcroît dans les deux plus gros partis sociaux-chauvins d’Europe), mais aussi avec bien d’autres idéologues « radicaux » ou "critiques" que ces deux-là citent dans leurs livres ou admirent...
Cela ne fait pas de Preve ou de Michéa des fascistes pur jus, genre chemises noires des années 20 ou crânes rasés des années 30, mais cela fait certainement d’eux des intellectuels réactionnaires dont l’hostilité au "politiquement correct" et à l’antifascisme d’aujourd’hui, l’anti-américanisme primaire, l’apologie des "communautés" traditionnelles (2), la dénonciation de l’immigration organisée par le grand capital mondialiste, etc., rejoignent les thèmes favoris de la Droite décomplexée, de la Nouvelle Droite et de l’extrême droite relookée actuelle. Si Michéa n’est pas publié par l’extrême droite (quoique qu’être interviewé par le mensuel Causeur où sévissent Finkielkraut et Zemmour est déjà un petit pas dans cette direction) et s’il ne dialogue pas avec les fachos, Preve, lui, avait franchi allégrement le pas depuis plus de dix ans et avait construit sa réputation sur Internet (comme Soral en France par exemple) en publiant ses très nombreux articles et interviews vidéos sur toutes sortes de sites d’extrême droite, nationaux-populistes, eurasistes ou fascistes......
Pas étonnant donc que la fachosphère rende hommage à ce "marxiste hérétique".
Notices nécrologiques mensongères et favorables à Costanzo Preve parues dans des sites d’extrême gauche et d’extrême droite
1) Costanzo Preve Nous avons appris, il y a une semaine, le décès de l’ancien militant et toujours philosophe et connaisseur de Marx basé à Turin, où il avait enseigné en lycée toute sa vie, Costanzo Preve. Sur le contenu de ses travaux et réflexions, cet article de Denis Collin donne un excellent résumé : http://denis-collin.viabloga.com/. J’avais fait sa connaissance suite à un article très critique sur son livre traduit en français, Histoire critique du marxisme. Voir : http://www.le-militant.org/Militant....
C. Preve aimait sincèrement qu’on le critique sérieusement et ne prenait pas la discussion comme un affrontement, mais comme un enrichissement porté par la contradiction réciproque. A l’époque, il « fréquentait » déjà Alain de Benoist, sur la base, à mon avis, de son dégoût envers la gauche stalinisante et moraliste dans laquelle il avait vécu, mais aussi d’un certain héritage contradictoire de celle-ci, à savoir ses conceptions géopolitiques « eurasiennes » et anti-américanistes, ainsi qu’en raison de son interprétation du « communautarisme » qui, à mon avis, mais cela devrait être creusé, se méprend en partie sur le civisme des philosophes grecs. Depuis, il avait fait une intervention fracassante et évidemment malvenue en faveur … du vote Marine Le Pen en France (et, à défaut, ajoutait-il : Mélenchon, puis Hollande, mais jamais Sarkozy).
En cohérence avec une partie des positions qu’il développe dans Histoire critique du marxisme, Costanzo Preve jugeait que ce que nous appelons les « frontières de classe » (pour ne rien dire des mots « droite » et « gauche », qui sont une autre question) ne devaient plus faire clivage. D’aucuns penseront qu’il avait ainsi perdu tout repère moral, mais ceci est faux : le respect réciproque, le dialogue civilisé et, par cela même, sans concession, la culture humaine et humaniste, étaient plus que jamais ses idéaux.
C’est pourquoi ma position n’a jamais été de « couper les ponts » et de changer de trottoir. Au contraire, dans un tel cas il faut discuter, argumenter, approfondir. D’autres militants ouvriers eux non plus n’avaient pas procédé ainsi avec quelqu’un qui, dans une certaine mesure, fut un prédécesseur intellectuel de Preve en France, Georges Sorel, lors de ses « mauvaises fréquentations » maurassiennes, avant 1914 (le même Sorel fut ensuite adversaire de l’union sacrée en 14 et partisan de la révolution russe). Cela ne veut pas dire absence de critique.
Au contraire, l’étude et la critique des travaux de Preve sont une nécessité, car nous avons affaire avec lui à un penseur d’un calibre sans conteste supérieur à la moyenne en vigueur et à la mode en matière de « pensée marxiste », « marxienne » ou marxisante, en Europe, et le fait que précisément il ait fini par jouer au « diable » doit nous pousser encore plus à cet examen critique. Être à la hauteur de la théorie est nécessaire pour faire face à la réalité pratique.
VP, 01/12/2013.
Militant n°136 01/12/2013 http://www.le-militant.org/
2) Et pendant ce temps que disent donc les amis fascistes de Costanzo Preve en Italie ¿
« Mais surtout , il faut souligner que la rumeur selon laquelle Preve a "collaboré avec les fascistes" est fondamentalement fausse. Preve n’a jamais travaillé avec les vestiges du fascisme que sont Casapound ou Forza Nuova, l’aile droite de l’empire, ni soutenu leur campagne de soutien hollywoodienne au Tibet ni l’anticommunisme polonais, ces résidus du fascisme qui sont l’autre face des vestiges du communisme italien qui attaquèrent l’ambassade de Libye en Italie peu avant la destruction de l’Etat libyen. Preve a entretenu des relations étroites avec un certain type de courants de droite, ceux qui appartiennent à ce que l’on appelle de façon générale la "Nouvelle Droite ", qui, à la fois en la personne d’Alain de Benoist et en celle d’Alexandre Douguine, croit que le fascisme est dépassé. Exemplaire est en ce sens le livre dédié par Costanzo Preve à Alain de Benoist, car ce dernier avait radicalement remis en cause son passé, chose que Preve, venant de la rive opposée, avait lui aussi fait. Ce type de collaboration est classique dans l’histoire du mouvement communiste, comme on a pu l’observer lors de la récente collaboration entre le Parti communiste de l’Union soviétique, lorsqu’il fut mis hors la loi dans les années 90 (ce qui donnera ensuite naissance au Parti communiste de la Fédération de Russie d’aujourd’hui ) et les forces nationalistes russes au sein du Front de salut national. En plus de collaboration politique il y aura aussi une collaboration théorique entre Ziouganov et Douguine , qui se concentrera principalement sur les problèmes de la souveraineté et de la question nationale, l’une des plus grandes faiblesses du communisme , comme l’histoire l’a démontré. »
Nous voilà donc pleinement rassurés, Preve n’était pas du tout un fasciste. C’était simplement un ami des nationaux-bolcheviks russes, racistes et antisémites et des staliniens de ce même pays. Ouf, j’avais eu peur ¡.....
Le fasciste italien Giorgia Romano Vitali, grand nostalgique de la République de Salo, dite aussi République sociale italienne, créée dans le Nord de l’Italie en septembre 1943 au sein des zones contrôlées par la Wehmacht, rend lui aussi hommage à Costanzo Preve et au communisme – enfin à sa conception du communisme dans une vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=D8VV...
Le sinistre individu en question explique sa dette envers Costanzo Preve et envers le marxisme. Il faut l’écouter vanter comment « le fascisme est le dépassement du marxisme » « et du capitalisme » ajoute son compère alors que le bolchevisme serait – selon ce fumier – la « projection des intérêts économiques et financiers de certains messieurs ». Evidemment le salaud est prudent, il n’ose pas prononcer le mot « Juifs » sur youtube.
Par contre il n’hésite pas à tartiner sur un massacre de soldats italiens qui se serait terminé par des actes de cannibalisme en Afrique à Qindu le 11 novembre 1961, le tout pour attaquer l’actuelle ministre italienne d’origine congolaise dont les ancêtres auraient peut-être (selon ce fasciste) participé à ce pseudo festin cannibale.
Quels charmants admirateurs avait le « grand penseur critique » qu’était Costanzo Preve !!!
Il en est de même sur cet autre site d’extrême droite qui consacre trois articles et une série de photos à la mort de Costanzo Preve centroitalicum.wordpress.com/2013/11/23/costanzo-preve-non-e-piu-tra-noi/ et qui l’avait interviewé en 2005 et en 2006. http://www.centroitalicum.it/giorna... http://www.centroitalicum.it/giorna... Et dans les commentaires on découvre qu’un lecteur avoue s’être réconcilié avec la pensée de Marx grâce à Costanzo Preve. Où l’on voit le point de départ des fameuses passerelles vers l’extrême droite...
3) Et que disent les amis fascistes français de Costanzo Preve ¿
Cela me répugne de reproduire cette prose, mais il est quand même utile d’observer comment les fascistes français parlent de ce « marxiste » qui « avait pris contact il y a quelques années avec le comité de rédaction » de Rébellion, organe du groupe fasciste gaulois de l’OSRE... Bien avant 2012 donc, comme nous l’avions déjà démontré il y a plusieurs mois, n’en déplaise aux admirateurs “de gauche” de Costanzo Preve...
x IN MEMORIAM COSTANZO PREVE
« (...) C’est un authentique communiste, un parfait connaisseur du mouvement ouvrier et plus largement de la philosophie, un homme à l’esprit toujours en éveil, capable de remettre en question les dogmes désuets dont se nourrit une époque devenue incapable de penser, qui nous quitte.
Costanzo avait pris contact, il y a quelques années, avec le comité de rédaction de notre revue Rébellion. Il s’était déclaré enthousiaste à la lecture de celle-ci et avait bien voulu nous accorder un entretien dans nos colonnes. Nous-mêmes avions-nous été profondément intéressés par sa démarche, par quelques uns de ses textes qu’ils nous faisaient parvenir et par la traduction en français de son "Histoire critique du marxisme" ainsi que par son "Eloge du communautarisme" (3) dont nous avions rendu compte.
Capable de s’abstraire de la dichotomie gauche-droite ainsi que du marxisme fossilisé, Costenzo Preve était un penseur de la communauté humaine réunifiée (Gemeinwesen chez Marx). (...) On jugera de l’abjection de notre temps à l’aune des critiques et réactions défavorables dont son œuvre fut gratifiée de la part de l’extrême gauche du capital. (...) » (texte extrait du site fasciste de l’OSRE, évidemment reproduit sur le site d’Egalité et Réconciliation d’Alain Soral)
4) Et les amis fascistes russes de Costanzo Preve ?
« Notre ami Costanzo Preve est mort. C’était un excellent intellectuel marxiste italien qui avait une attitude positive envers l’eurasisme et la 4ePT (4). Costanzo Preeve – ¡Presente ! » Alexandre Douguine
5) Et le site d’extrême droite plurilingue Euro-Synergies ?
Ce « Forum des résistants européens », qui publie entre autres perles les écrits du théoricien belge d’extrême droite Robert Steuckers, pote à Soral et surtout au Vlaams Belang, dresse la liste des hommages rendus à Costanze Preve par la fachosphère...
6) Et pour finir que disait Costanzo Preve lui-même ?
« Pour l’instant, le mieux que nous puissions obtenir c’est la restauration de la souveraineté nationale, monétaire et militaire. Ceci est à la fois le programme minimum et le programme maximum. »
On comprend donc bien pourquoi cette conclusion d’un article de Preve sur « La géopolitique et l’anti-impérialisme » écrit en mars 2012 (http://zecchinellistefano.blogspot....) peut plaire aussi bien à un partisan de Mélenchon, qu’à membre du fan club de Marine Le Pen, un admirateur de Montebourg ou de Serge Ayoub...
Y.C., Ni patrie ni frontières, 13/12/2013
Notes
1. Sur son site qui a pour sous-titre « Pour la Révolution sociale » (bigre, voilà un slogan impressionnant !) on découvre deux membres du comité de rédaction au pedigree pour le moins curieux : le philosophe Denis Collin (cf. nos articles sur ce site : http://www.mondialisme.org/spip.php... et http://www.mondialisme.org/spip.php... ) et le conseiller municipal Jean-François Chalot qui a non seulement collaboré avec les xénophobes de Riposte Laïque pendant toute une période mais en plus continue à défendre ses ex-copains de l’UFAL comme en témoigne cet article de 2011 : « Jean-François est un militant de gauche que notre journal respecte. Il a publié plusieurs articles sur notre site, souvent pour nous exprimer ses divergences, de manière toujours fraternelle. Il nous a toujours défendus face aux anathèmes de certains de ses camarades cherchant à nous faire passer pour des racistes ou des fascistes. »
Décidément entre Vincent Présumey qui dialogue avec Costanzo Preve, Collin avec Serge Ayoub et J.F. Chalot avec les xénophobes de Riposte Laïque, on a une fine équipe : les Trois Mousquetaires de la Confusion. Qui sera le quatrième mousquetaire ? Les paris sont ouverts...
2. Rappelons que les staliniens français à partir de 1934 (après avoir abandonné la tactique classe contre classe et adopté le tournant vers les Fronts populaires imposé par l’URSS suite à la victoire de Hitler en Allemagne) commencèrent à vanter les mérites de l’enracinement local : banlieues gérées par des municipalités « rouges », campagnes riches en produits du terroir « bien de chez nous » (que l’on retrouvait dans les stands de la fête de l’Humanité), grandes régions industrielles ou entreprises françaises (souvent publiques) à la pointe de la technologie. Autant de communautés de vie ou de travail dont les staliniens se présentèrent comme les meilleurs défenseurs : leur « communautarisme » suburbain, agricole, industriel ou professionnel, même s’ils n’utilisaient pas le mot dans leur propagande, est donc en harmonie parfaite avec les divagations communautaristes social-chauvines actuelles des Michéa, Preve et consorts, qui n’ont absolument aucune originalité historique ou théorique.
3. En Italie, depuis les années 60, ce sont les courants nationaux-bolcheviks, nationaux-révolutionnaires, pour simplifier « fascistes de gauche », qui défendent la notion de communautarisme. Ils ont toujours tenté d’ancrer ce concept à gauche voire à l’ultragauche, les plus cultivés faisant référence au concept de communauté chez Marx et même chez un autre ultragauche confidentiel Jacques Camatte. Sur un plan plus pratique, on peut rappeler les tentatives (heureusement) ratées de certains fascistes italiens de réaliser le front unique avec l’Autonomie ouvrière puis avec les Indiens métropolitains à la fin des années 1970 et au début des années 80. Leur création d’un Comité de solidarité avec les détenus politiques, dirigé par un ex des Quaderni Piacentini, et dont l’objectif était de blanchir le fasciste Franco Freda de toute responsabilité dans l’attentat de Piazza Fontana (16 morts, 80 blessés) en 1969. Leur présence massive lors de la manifestation contre le G8 à Gênes en 2001 et leur souhait de conclure un pacte avec les Tutte Bianche dans les centres sociaux. Et la façon dont aujourd’hui ils reprennent sur leurs sites des textes de Chomsky, du commandant Marcos, de certains groupes anarchistes ou de centres sociaux, et de l’insurrectionaliste Alfredo Maria Bonnano.
Dans un tel contexte on comprend leur joie en découvrant que le « marxiste » social-chauvin Costanzo Preve non seulement adoptait leur concept (quitte à le repeindre un peu en rouge) mais surtout acceptait de dialoguer publiquement avec eux, dans leurs médias, mais aussi dans le cadre des activités du Campo anti-imperialista, légitimant ainsi leurs efforts pour sortir de la marginalité dans le champ intellectuel et sur le plan militant.
4. L’ « eurasisme » est une théorie géopolitique réactionnaire imaginée par des émigrés nationalistes russes dans les années 20, et reprise actuellement sous des formes différentes par différents courants, principalement en Russie, de Poutine à Douguine. « 4ePT » est l’abréviation de « Quatrième Théorie Politique » défendue par le fasciste Douguine dont le dernier livre éponyme est préfacé par... Alain Soral et édité par les éditions Kontre Kulture qui publient .... Rébellion le journal des fascistes de l’OSRE. Au catalogue ou en diffusion sur leur site on trouve Drumont, Toussenel, Maurras, Ayoub, Venner, Soral, Dieudonné, mais aussi Proudhon, Sankara et Abraham Léon (un militant trotskyste mort à Auschwitz en 1944, auteur de La conception matérialiste de la question juive), pour que le rideau de la confusion soit bien épais. Décidément le monde des amis du « marxiste » Costanzo Preve est à la fois petit et sans surprises sauf pour les naïfs... et les idiots utiles au sein de la gauche.
++++++
Dimanche 15 décembre 2013
Pour celles et ceux que cela intéresse une "réponse" infrapolitique et calomnieuse ("flic, fasciste, antisémite, complotiste", etc.) est parue sur le site du Militant. Je n’en attendais pas moins d’eux et c’est un honneur que d’être insulté par ces gens-là... Cela dit, Vincent Présumey a raison sur un point, dans cet article, il ne nie pas, il ignore, ou plus exactement il dissimule délibérément les faits graves, les propos ou les idées réactionnaires que j’ai essayé de porter à la connaissance des lecteurs de gauche du "philosophe*" Preve, de Denis Collin ou de J.P. Cruse.
On trouvera la référence de cette réponse ci-dessous et puis, si on aime ce genre de prose et surtout si l’on apprécie l’ambiance feutrée et polie du dialogue avec les réactionnaires, dialogue d’un haut niveau "intellectuel" qu’affectionnent particulièrement Vincent Présumey et ses amis Denis Collin et Jean-François Chalot on ira écouter la conférence de Denis Collin au Local de Serge Ayoub sur "Marx et la Nation" (disponible notamment sur daily motion et sur un site d’extrême droite qui collectionne les perles radiophoniques) et en guise de digestif (ou de purgatif) on lira les vieux articles de J.F. Chalot sur le site de Riposte Laïque.
Contrairement à ce qu’écrit V.P. il ne s’agit pas du tout d’ "infiltrations" de l’extrême droite, mais d’une politique de la main tendue
par le sieur Collin au public réac pour ne pas dire facho du Local tenu par le vieux cogneur fasciste Serge Ayoub (le même Collin qui écrit dans sa notice nécrologique élogieuse sur son cher Costanzo : "“Pour Preve, le communisme est nécessairement un « communautarisme », une proposition qui évidemment choque les Français, mais indique certainement une ligne à suivre pour qui veut rouvrir une perspective émancipatrice. D’où le refus radical de la « mondialisation », de la standardisation des cultures, de la destruction de la culture humaniste classique à laquelle il est toujours resté attaché.’”)
par le sieur Présumey à un professeur de philosophie italien qui publia pendant les dix dernières années ses livres dans des maisons d’édition néofascistes et dialogua avec des néofascistes italiens, français, russes,
et par le sieur Chalot à ses ex-amis de l’UFAL devenus xénophobes et alliés des Identitaires (enfin "devenus xénophobes", je doute que cela ait été du jour au lendemain ; disons plutôt qu’ils ont fait leur "coming out" xénophobe dès 2007 sur le site de l’UFAL, comme je l’avais signalé dans un article avant même leur départ, mais que leurs idées racistes mijotaient sans doute depuis bien plus longtemps).
Vous me direz cela fait trois mains... Et ils en ont six... Alors y aurait-il encore de l’espoir qu’ils se reprennent ?
Je crains que non : nos Trois Mousquetaires de la Confusion ont encore trois autres mains disponibles pour dialoguer avec... (la suite au prochain épisode)
En attendant voici le dernier objet du "débat"
http://www.le-militant.org/Militant...
* Comme le disait, avec humour, une de ses critiques italiennes tous les professeurs de philosophie seraient-ils devenus des... philosophes ?
PPS, 20 décembre 2013
Et maintenant, pour compléter le tableau, l’hommage de l’éditeur du dernier livre de Preve paru en France, Serge Gadal. Ce consultant en stratégie a édité avec d’autres amis une revue papier L’Esprit européen et participe désormais à un site homonyme qui publie les élucubrations xénophobes et racistes d’Alain de Benoist et Pierre Le Vigan (deux admirateurs de Jean-Claude Michéa). Il fréquente la radio d’extrême droite Radio Courtoisie et était suffisamment pote avec Sarkozy en 2009 pour obtenir que ce dernier préface son livre sur les Forces aériennes stratégiques ...
"Le philosophe italien Costanzo Preve vient de nous quitter brutalement dans la nuit du 22 au 23 novembre, alors que La quatrième guerre mondiale venait de paraître en France. Sa disparition nous prive d’un penseur exceptionnel qui avait, dans ses dernières œuvres, magistralement appliqué à la post-modernité la grille d’analyse marxiste, repensée à l’aune de la tradition philosophique européenne, mais aussi et surtout, pour ceux qui l’ont connu, d’un grand humaniste. Nous sommes fiers de pouvoir contribuer, même modestement, à la diffusion de ses idées dans notre pays. Cette triste nouvelle nous incite à redoubler d’efforts en ce sens. Le temps est venu en effet d’approfondir l’oeuvre immense qu’il nous a léguée."
Avec l’aide d’un pote à Sarkozy, d’un ami de Radio Courtoisie et de la Nouvelle Droite, gageons que le "marxisme" va avancer à pas de géant !!!