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Encore et à nouveau sur le charlatan « marxiste » Costanzo Preve

lundi 15 juillet 2013

L’Histoire critique du marxisme de Costanzo Preve, écrite en 2007 est parue en français en 2011. Les articles louangeurs ou les mentions positives qui ont paru dans des médias de gauche (cf. les sites Contretemps du NPA, Convergences des luttes, L’Humanité, Les lettres françaises, In Limine-Communisation et Anarchie, etc.) ont tous passé sous silence (ou plus vraisemblablement ignoré) la collaboration éditoriale de Preve avec les nazis-maoïstes et les néofascistes italiens, en Italie, la Nouvelle Droite en France depuis respectivement 2003 et 2004, et ses positions politiques « nationalitaires » (social-chauvines, en fait) depuis de nombreuses années (nous y reviendrons dans un autre article, en abordant aussi la question de la présence, en Italie, des néofascistes dans le mouvement altermondialiste).

En dehors de l’ignorance de nombreux critiques, il faut aussi signaler l’habileté manoeuvrière de son préfacier, le « communiste républicain » Denis Collin : celui-ci, dès la quatrième ligne, faisait allusion à la revue Krisis mais sans mentionner qu’il s’agissait de celle d’Alain de Benoist (et non de la revue Krisis de Robert Kurz et Anselm Jappe) tout en ajoutant, à propos de la collaboration de Preve à cette publication, « ce que les bonnes âmes du marxisme orthodoxe ne lui pardonneront pas ».

Une allusion aussi sibylline et la mention de cette revue auraient dû attirer l’attention de lecteurs à l’esprit critique qui n’auraient pas été bluffés par son style pseudo-iconoclaste et son côté Je-suis-un-grand-penseur-indépendant-et-je-renverse-toutes-les-idoles-de-la-gauche. Mais comme, en France, on est encore épaté par la prose ronflante et creuse, il n’est pas étonnant que personne à gauche ou à l’extrême gauche ne se soit intéressé aux véritables positions politiques du charlatan « marxiste » Preve (à l’extrême droite, par contre, cela fait dix ans que les fachos français lui passent de la pommade et flattent son ego).

Nous avions signalé dans un premier article que le « grand philosophe marxiste italien » avait appelé, dans un article, à voter Marine Le Pen en 2012. Cette prise de position de Preve avait, à l’époque, suscité pas mal de réactions en Italie (passées inaperçues en France, tant les Français ignorent les débats chez nos voisins transalpins) et l’avait obligé à se justifier dans un texte (« Politiquement correct, occidentalisme impérialiste et fondamentalisme sunnite ») qui fut traduit rapidement en juin 2012 et posté sur le site d’extrême droite Europe Maxima.

Dans cet article, Preve écrivait : “Le fait qui importe est que Marine Le Pen est moins « dans le système » qu’un Mélenchon.” (Voilà qui fera plaisir à ses admirateurs du PG et du PCF !). Preve poursuit : “Tout ce que le système médiatique unifié diabolise en le qualifiant de populiste et de raciste doit être considéré non pas comme bon a priori, mais du moins comme intéressant. Si Marine Le Pen était victorieuse (ce qui, malheureusement, est improbable), elle ferait un trou dans le mur, et de là il naîtrait peut-être quelque chose. Dorato écrit lui-même que “ toute proposition politique qui met en question les dogmes du néolibéralisme et du capitalisme globalisé est meilleure que la direction politique monstrueuse prise par les classes dominantes depuis une vingtaine d’années”. »

Preve, qui est parfaitement francophone selon ses dires, devrait pouvoir postuler comme consultant au FN : affirmer sérieusement que le FN défend une politique autre et « meilleure » que celle des « classes dominantes », il faut vraiment être un philofasciste pour écrire de telles stupidités !

Preve ne s’arrête évidemment pas là, en ce qui concerne la France, puisqu’il explique à ses lecteurs pourquoi il faut, comme Marine Le Pen, rejeter les Arabes musulmans... pardon la « composante ethnique qui se réclame du fondamentalisme sunnite » (pour un type, qui déteste le politiquement correct, cette appellation alambiquée mériterait une médaille) : « Avec tous ses défauts, la France a été dans l’histoire un pays capable d’assimiler des vagues de millions d’immigrés portugais, espagnols, polonais, italiens, arméniens, et même de l’Afrique noire. » (Visiblement ce monsieur ne connaît rien à l’histoire de l’immigration en France, et particulièrement à celle, douloureuse, des travailleurs immigrés d’Afrique noire.) « Cela avait donné cette civilisation populaire que l’on peut trouver par exemple dans des romans comme ceux de Simenon sur le commissaire Maigret. La seule composante ethnique qui se révèle inassimilable, et qui proclame qu’elle refuse l’assimilation, est celle qui se réfère au fondamentalisme sunnite. En ce qui me concerne, cela ne me rend pas anti-musulman. Au contraire, et je serais favorable à bien des idées de Tariq Ramadan, si la nouvelle de son recrutement par l’Université du Qatar et la Qatar Foundation ne m’inspirait quelque prudence… Mais si je ne peux partager un certain « anti-islamisme * » français, j’en suis d’autant moins scandalisé que je tiens compte de ce caractère inassimilable. »

La note (*) de son traducteur-ami Yves Branca vaut aussi son pesant de cacahuètes : « Le mot « islamiste » n’existe pas encore en italien. Ce terme, « islamista », ne désigne pas, en bon italien, un croyant fanatique, mais seulement un “ islamologue ”. L’italien distingue plus rigoureusement « Islam », « islam politique » (moderne) et intégrisme ou fondamentalisme islamique. Il n’emploie pas « islamisme » dans ces dernières significations. On doit donc bien entendre que le terme d’« anti-islamisme » désigne seulement ici une hostilité à l’islam (une « islamophobie », dans l’actuel jargon de la manie « polémique »), prêtée à Marine Le Pen par les interlocuteurs italiens de Preve, auxquels il répond ici. »

Toute cette propagande raciste et favorable à l’extrême droite se trouve en français sur des sites fascistes ou fascisants et personne ne peut désormais l’ignorer. Et l’on sait que lorsque des fascistes publient des textes de « marxistes », qu’ils ont ce type d’attitudes « ouvertes », « démocratiques », favorables à la « liberté d’expression » pour leurs ennemis (réels ou supposés), c’est que CELA LEUR RAPPORTE UN PROFIT POLITIQUE.

Quels intérêts sert la dénonciation de l’antifascisme telle qu’elle est exprimée par Preve, d’un côté, par l’extrême droite de l’autre ?

Les idées réactionnaires du charlatan « marxiste », « nationalitaire », « communiste-communautaire » Preve ont aussi des conséquences dans le monde réel. Personne ne peut plus se cacher la tête dans le sable.

Y.C., Ni patrie ni frontières

14/07/2013

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