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« Occupy… » et « indignés » dans les publications

samedi 25 février 2012

Revue de presse parue dans Echanges n° 139 (hiver 2011-2012)

Etats-Unis

- Pour le réseau de groupes libertaires américain « First of May Alliance », dit M1, dans un article traduit dans Alternative libertaire n° 214 (février 2012), « le mouvement Occupy a engendré une escalade des formes de résistance au système : grèves, blocages de ports et actions directes », et « si les manifestations de masse ne reflètent pas toutes la pratique et les idées du mouvement, elles expriment bien un réel potentiel d’élargissement et d’évolution de la critique de classe et de l’Etat. » Tout en étant conscient que « le très populaire phénomène Occupy [est] un pot-pourri de tensions, de factions politiques, parcouru d’éléments antisociaux sapant la cohésion politique et organisationnelle », « appelé à durer, ce qui le rend attirant pour certaines factions de la classe dominante (notamment le Parti démocrate) ». 
- Pour le « situationniste » américain Ken Knabb (bureau of Public Secrets), traduit dans le n° 214 (novembre 2011) de Courant alternatif, au contraire, le mouvement Occupy… « laisse désemparés les “radicaux” doctrinaires qui restent à distance, prédisant frileusement qu’il sera récupéré ou lui reprochant de ne pas avoir adopté d’emblée les positions les plus radicales. Ils devraient savoir pourtant que la dynamique des mouvements sociaux est bien plus importante que leurs positions idéologiques affirmées (…). Alors que le mouvement se répand (…), il est important de noter que chaque nouvelle assemblée reste totalement autonome ». Bizarrement ce texte attribue par ailleurs la paternité de Mai 68 aux situationnistes, « ces gens qui ont fait naître ce que beaucoup considèrent comme la révolution globale, en 1968 (…) C’était dû à un petit groupe de gens, les situationnistes (…) C’est de ce mouvement que nous sommes issus. » L’important cependant reste que, selon l’auteur, au fil de la participation aux assemblées permanentes, « on commence à goûter une nouvelle vie ».
- « Par les mouvements des “indignés”, et maintenant le mouvement “Occupons Wall Street” aux Etats-Unis (depuis mi-septembre), ce qui tente de faire son chemin c’est la création d’un nouvel espace démocratique. » selon le n° 18 (novembre 2011) de la revue Critique sociale, Bulletin d’informations et d’analyses pour la conquête de la démocratie et de l’égalité.
- CNT, l’organe de la Confédération nationale du travail espagnole, analyse « Participation et influences anarchistes dans Occupy Wall Street » dans son n° 383 (novembre 2011) : « Les conceptions libertaires ont influencé de manière importante l’organisation interne des manifestations. »
- Trois articles sur le mouvement Occupy dans le n° 91 (automne 2011) de la revue allemande Wildcat introduits par quelques remarques sur les limites de ce mouvement au niveau mondial mais aussi de son potentiel présumé qui a incité le groupe Wildcat à s’y intéresser. Deux entretiens avec des participants à ce mouvement en Allemagne et en Israël, plus un courrier des Etats-Unis : « Occupy Frankfurt » interroge, le 20 octobre 2011, deux participants à l’occupation des abords de la Banque centrale européenne à Francfort ; « Israël : Et tout d’un coup le mouvement qui a tout balayé » résulte d’une discussion, menée le 5 septembre 2011, avec un Israélien vivant à Berlin, impliqué dans le mouvement contre la vie chère en Israël, entretien poursuivi et mis à jour le 17 octobre ; enfin, un courrier que Wildcat a intitulé « Occupy Oakland ! », parvenu après la dispersion du mouvement par la police dans la nuit du 25 au 26 octobre 2011, présente le mouvement Occupy qui s’était emparé de cette ville portuaire de Californie le 10 octobre. Des luttes et des impressions différentes mais qui relèvent d’un même mouvement anticapitaliste global selon la revue allemande.
- Grève générale à Oakland, ville portuaire près de San Francisco aux Etats-Unis, le 2 novembre 2011 contre la répression policière, contre les suppressions de postes dans l’enseignement et parmi les dockers, pour de meilleures conditions de vie. Tom Weizel, membre de Workers Solidarity Alliance, rend compte de l’importance d’un mouvement que la ville n’avait pas connu depuis 1946 dans le n° 384 (décembre 2011) de CNT, l’organe de la Confédération nationale du travail espagnole. Il raconte comment militants et syndicalistes ont contourné la défense qui leur est faite par la loi d’appeler à la grève et l’enthousiasme des travailleurs et de la population lors d’une journée de grève qui a « secoué Oakland ». Pour en savoir plus, en anglais : occupyoakland.org ; ilwu.org (ilwu est le syndicat des dockers) ; et workersolidarity.org
- En Israël, la pauvreté cantonnée jusqu’à présent au sous-prolétariat sépharade, yéménite, éthiopien ou arabe israélien gagne maintenant les franges des ashkénazes diplômés, bien intégrés mais ne pouvant plus faire face à la chèreté de la vie, qu’il s’agisse d’alimentation ou de logement, souligne Courant alternatif n° 214 (novembre 2011), dans « L’été des indignés, et après ? » C’est la première fois qu’un mouvement social apparaît dans un pays vivant sous la chape de plomb de la sécurité nationale. Cependant les tenants du mouvement ne veulent pas mêler à leurs revendications le conflit avec les Palestiniens. Certains Arabes israéliens ont tenté d’infléchir cette position, en plantant au milieu du boulevard Rothschild, au centre de Tel-Aviv, où ont lieu les discussions et les manifestations, une tente qu’ils ont baptisée « 1948 », estimant que c’est alors que « l’injustice sociale a commencé ».

Espagne
- L’Espagne connaît une grave crise immobilière après des années folles de construction et d’incitations à devenir propriétaire ; de nombreux propriétaires sont tellement endettés que les banques les expulsent de leurs logements pour les vendre à l’encan et tenter de récupérer un minimum des dettes contractées. Dans le sillage des manifestations des indignés, une campagne en faveur du maintien dans les lieux des occupants ­actuels, propriétaires ou locataires, veut briser cette logique financière : « L’occupation comme outil de lutte contre les expulsions », un article dans le n° 382 (octobre 2011) de CNT, l’organe de la Confédération nationale du travail espagnole, appelle à ce type d’action alors que « plus de 300 000 personnes se retrouvent sans toit depuis le début de la crise ».
- « Ce n’est pas l’économie mais l’idéologie qui est derrière les suppresssions de postes brutales dans l’enseignement » en Espagne selon le n° 382 (octobre 2011) de CNT, l’organe de la Confédération nationale du travail espagnole. En janvier 2012, les actions se poursuivaient dans l’enseignement à Madrid, mais le mouvement s’essoufflait selon le n° 385 (janvier 2012) de CNT, entraînant une disparition progressive des assemblées générales.
- Courant alternatif n° 214 (novembre 2011) ne se contente pas de faire un tour d’horizon des luttes en Espagne, notamment sur le ­logement – blocage des saisies immobilières, occupations de logements en Andalousie, à Barcelone et à Madrid, assemblées de quartiers du « 15 M  », grève des enseignants, grandes manifestations du 15 octobre... – mais élargit la réflexion sur le sens de la grève aujourd’hui, reproduisant un texte qui circule « dans le mouvement » :

« Dans l’hégémonie du travail salarié, il suffit que les travailleurs décident de ne pas se rendre à l’usine. Mais comment peut exercer son droit de grève la multitude de sujets anormaux, précaires, atomisés, flexibles, qui forment le tissu productif de l’économie post-industrielle ? Si avant “faire grève” pouvait s’assimiler à“ne pas aller travailler”, aujourd’hui cette relation n’est plus suffisante. Dans le post-fordisme, “faire grève” doit signifier nécessairement bloquer la mobilité, la communication, les transactions. Il est nécessaire d’inventer de nouvelles pratiques de sabotage et de réappropriation… » (Voir dans notre numéro la discussion sur le blocage de l’économie, p.52-53.)

Courant alternatif rappelle que certaines de ces pratiques ont été courantes en Espagne à la fin du franquisme. D’autres parlent aujourd’hui de « grève sociale » : aller travailler par exemple dans les centres de santé fermés par le capital, les ouvrant sauvagement, ne faisant pas payer les soins... Le mensuel de l’OCL souligne l’importance de ne pas présenter les intellectuels précarisés comme le nouveau sujet central de ces mouvements, de la place Tahrir à la Puerta del Sol, mais de rappeler non seulement que la société est divisée en classes, mais de produire une réflexion critique sur ce qui définit la “richesse” dans cette société.
- « Dernières informations sur l’Espagne » dans le n° 91 (automne 2011) de la revue allemande Wildcat : la crise de la dette et l’appareil d’Etat, le mouvement du 15 M, la répression, les syndicats contre l’auto-organisation des travailleurs et la lutte des enseignants sont les thèmes abordés dans cet article daté du 24 octobre 2011.
- Dans Article 11 n°7 (décembre 2011-janvier 2012), sous le titre « Madrid : les racines du 15 M », le reportage – compte rendu d’un séjour dans un hôtel occupé de Madrid. A l’étiquette d’« indignés » nombreux sont ceux sont qui préfèrent le « 15 M », en référence en 15 mai 2011 (occupation de la Puerta del Sol). « Un mouvement aux racines multiples, qui s’est construit dans la durée et continue à se renforcer », selon le journal - notamment à travers les assemblées de quartiers (voir précédents Echanges).

Grèce
- En mars-avril 2010, le gouvernement grec imposait un premier plan de rigueur ; en septembre-octobre 2011, le pays en est à son quatrième plan. Un article, « Grèce : Unité et division – Grève générale contre le quatrième plan de rigueur », dans le n° 91 (automne 2011) de la revue allemande Wildcat, rédigé à partir de comptes rendus d’un camarade grec, complétés par une discussion téléphonique avec ce même camarade, tente une analyse des luttes contre le démantèlement d’une manière de vivre au profit de son assujettisement au capitalisme mondialisé après la grève générale des 19-20 octobre 2011. Les soupapes de sûreté : 70 % à 80 % des Grecs sont propriétaires de leur logement, jusqu’à maintenant l’Etat ne se préoccupait pas de faire rentrer les impôts, etc., fonctionnent malgré un chômage estimé par les syndicats à 22 % ou 23 % de la population. Pour l’instant chacun se soucie de s’en tirer le mieux possible, et les luttes quotidiennes qui secouent le pays ne parviennent pas à se coordonner. Un taux de chômage qui ne cesse d’augmenter, touchant principalement les plus jeunes, et la pression sur l’économie informelle ouvriront-ils la voie à une véritable explosion ? se demande l’auteur de l’article.

Italie
- Des aperçus sur le syndicalisme de base dans « Syndicalisme : la base reprend le dessus » dans Alternative libertaire, n° 210, octobre 2011
- Les journaliers africains, qui composent la majorité de la main-d’œuvre affectée à la récolte des fruits et légumes en Italie, se rebiffent depuis quelques années : les révoltes des Maghrébins à l’automne 2006 à Salerne, des Subsahariens en 2008 et 2010 à Rosarno, etc. ont laissé des traces ; l’arrivée récente d’immigrés originaires de Libye, Tunisie ou Egypte, qui ont appris que seul le combat paie ; l’arrivée aussi de travailleurs industriels licenciés par plusieurs entreprises du Nord de l’Italie ayant la même expérience de l’organisation et de la lutte a renforcé cette tendance à ne plus se laisser exploiter docilement ; enfin, la présence de plus en plus grande d’associations de défense des travailleurs migrants sur leurs lieux de travail et de logement favorise la prise de conscience par ces travailleurs que les lois leur donnent des droits. C’est ainsi qu’un article, « récolte des tomates à Nardò (Pouilles) : la première grève auto-organisée des journaliers » dans le n° 91 (automne 2011) de la revue allemande Wildcat rapporte un mouvement de grève entamé le 30 juillet 2011 par des cueilleurs de tomates, principalement venus de toute l’Afrique, dans la région de Nardò pour de meilleures conditions de travail et pour la suppression du système du caporalato, un système d’exploitation en vigueur dans le sud de l’Italie. Le caporale désigne le possesseur d’une camionette qui se déplace tôt le matin dans les villages pour récupérer des journaliers qu’il transporte ensuite dans les champs ou sur des chantiers de construction, empochant en gros pour cela 50 % à 60 % du salaire de chaque journalier.

De nombreux caporali sont eux-mêmes des immigrés, surtout Soudanais et Tunisiens à Nardò. Suite à la grève, qui n’a duré que quelques jours, les journaliers de Nardò n’ont pas obtenu grand-chose concernant leurs revendications (contrats légaux, permis de travail, meilleure paie, etc.) ; toutefois, un décret du 12 août a fait du caporalato un délit, et ils ont prouvé qu’ils pouvaient s’unir au-delà des nationalités et des barrages des langues. Plus d’informations sur :www.wildcat-www.de/aktuell/a089 nar... (en allemand)

France
- « Antisocialistes primaires ? », un article dans le n° 18 (novembre 2011) de la revue Critique sociale, Bulletin d’informations et d’analyses pour la conquête de la démocratie et de l’égalité qui traite de l’élection d’un candidat aux présidentielles, au début octobre 2011, au sein du Parti socialiste français, appuyé par le Parti des radicaux de gauche, conteste le titre de socialiste au PS et appelle à une « démocratie réelle ».
- Indignations de cette même revue Critique sociale dans son n° 19 (janvier 2012) : « En finir avec la société hiérarchique-capitaliste », « Contre le nouveau plan de rigueur du gouvernement », « Les inégalités sont en forte hausse depuis 2004 » et « Ni dieu, ni césar, ni Mélenchon : Les habits neufs d’un tribun démagogue ».
- A noter dans La Forge (organe central du Parti communiste des ouvriers de France (PCOF) n° 524 (décembre 2011), deux pages sur les luttes ouvrières : « Chômage ou précarité. Le tribut des jeunes à la crise. »
- Dans le n° 522 de La Forge, son organe central, le Parti communiste des ouvriers de France (PCOF) dans un communiqué, indique qu’il devient membre du Front de gauche, l’ argument très basique et récurent consiste à dire qu’il faut l’unité ouvrière, certains lui répondront mais sur quelles bases ? et au moindre virage à droite du Front de gauche, chacun reprendra ses billes en accusant l’autre de révisionnisme. Ce n’est certainement pas un hasard si le PCOF précise « Construire le FDG à la base »... La Riposte fait aussi l’éloge du Front de gauche.
- « Mayotte, une poudrière sociale » dans Alternative Libertaire n° 212 (décembre 2011).
- « Mayotte, la contestation muselée », dans Courant alternatif n° 214 (novembre 2011).
- Retour sur la grève du Novotel des Halles à Paris, dans Courant alternatif n° 216 (janvier 2012).
- « Salariées du nettoyage : un mois de grève dans un quatre-étoiles » (le Novotel des Halles), dans Alternative libertaire n° 212 (décembre 2011).
- « Quelques conseils pour faire face aux contrôles domiciliaires de la CAF » brochure collective (copie à Echanges) aussi sur le site www.cep-idf.org

Une seule solution…

- « Quatre mensonges, une seule solution » dans « Les habitants de la lune » n° 6 (sur la Tunisie, la Grèce, la Grande-Bretagne et la politique) (copie à Echanges).

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