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Dans le monde, une classe en lutte février 2012

lundi 20 février 2012

Ce bulletin, comme les précédents, ne peut, dans ses limites contraignantes de coût donc de pagination, évoquer toutes les luttes qui, sous des formes diverses, se déroulent dans le monde – toutes défensives, depuis des revendications sur les salaires et les conditions de travail, l’opposition aux délocalisations, jusqu’aux manifestations diverses, et aux émeutes contre les mesures d’austérité souvent drastiques touchant toutes les couches sociales, mesures destinées à tenter de sauver le capital dans sa dérive mondiale. Depuis plus d’une année maintenant, une série d’événements dans ce monde capitaliste ont pu donner à la fois des raisons de craindre un assujettissement répressif encore plus grand, et des raisons d’espérer que la conjonction des mouvements de lutte permettrait d’ouvrir une porte vers un monde nouveau.

Les craintes peuvent paraître se matérialiser aujourd’hui ; pour le capital, la crise économique et financière faisant toujours rage. Cela fait l’objet de maints commentaires et pronostics, y compris dans les colonnes de l’ultra-gauche. Pour les tenants du capitalisme, le problème central est rarement évoqué directement : comment restaurer le taux de profit, ce qui ne peut venir que de l’exploitation de la force de travail d’où toutes les mesures dites d’austérité qui ne visent qu’à cette fin. Pour tous ceux qui voudraient œuvrer pour une société d’où l’exploitation de la force de travail serait bannie, « crainte » n’est pas vraiment le mot juste, car si l’on pense que le système capitaliste aura une fin ce sera avec la conjonction de ses problèmes intrinsèques et de la lutte de classe conséquente.

Les raisons d’espérer en cette fin peuvent venir des errements du capital mais surtout de l’apparition presque concomitante, depuis une année, et apparemment dans la plus grande confusion, de luttes dans les secteurs les plus divers, les unes dans la continuation des luttes antérieures (parfois avec une radicalisation nouvelle) contre les conditions présentes dans l’exploitation de la force de travail – souvent cantonnées et localisées –, les autres plus générales bien que souvent plus confuses, avec des caractéristiques et une dimension que l’on n’avait pas connues depuis longtemps.

Ce sont surtout ces dernières, développées depuis début 2011 qui, nées dans un pays et dans des circonstances spécifiques, ont sauté les frontières et ont gagné, parfois sous d’autres formes et d’autres vocables, tant des pays en développement que des pays industrialisés. Elles constituent, par-delà toutes leurs vicissitudes présentes, un véritable mouvement d’ensemble sous-tendu, malgré toutes ses ambiguïtés, une aspiration profonde à un changement de société. La latence d’un tel courant se révèle dans le fait qu’il suffit, pour les banlieues britanniques ou françaises comme dans la révolte tunisienne, d’un incident pour que s’allume un incendie qui se généralise à tout le pays.

Ce serait être bien naïf de penser que la classe capitaliste ignore une telle situation et qu’elle ne pense pas tenter une autre réponse, tant économique que politique, non seulement pour combattre la montée des résistances mais aussi, par une montée vers une nouvelle guerre mondiale. Le développement récent de perspectives guerrières n’est pas spécialement rassurant et une nouvelle guerre, si le capital parvenait à l’imposer, serait la plus grande défaite de l’ensemble du prolétariat.

USA

La dérive du capitalisme

Le tableau ci-dessous, emprunté au journal financier britannique Financial Times, illustre, entre autres, comment au cours des quarante-cinq années écoulées la part des richesses produites par l’exploitation de la force de travail a été accaparée dans des proportions sans cesse grandissantes par la fraction très réduite des détenteurs et principaux acteurs du capital (il est parfois difficile de distinguer les vrais patrons et ceux qui, sans posséder une grande fortune, sont les maîtres incontestés d’empires économiques et/ou financiers).

Le chiffre figurant dans chaque cercle dit combien de fois le salaire ouvrier moyen représente la rémunération d’un haut dirigeant, dans l’ordre de haut en bas, 1965, 1975, 1980, 2000, 2010.

En regard, on ne peut que mettre ces constatations sur la situation présente aux USA.

Les chiffres économiques de l’année 2011, presque trop gros pour y croire, sont :

- 1 - 48 % des Américains sont considérés comme ayant de « faibles revenus » ou vivant dans la pauvreté ;
- 2 - approximativement 57 % des enfants des USA vivent dans des foyers à « faible revenus » ou sous le seuil de pauvreté ;
- 3 - si le nombre d’Américains « ayant ou désirant un emploi » était aujourd’hui le même qu’en 2007, le taux de chômage officiel selon le gouvernement serait de 11 % ;
- 4 - la durée moyenne de chômage entre 2 emplois pour un actif américain est de 40 semaines ;
- 5 - une étude récente a montré que 77 % des PME ne prévoient pas d’embaucher ;
- 6 - il y a aujourd’hui moins d’emplois salariés aux USA qu’en 2000, alors que la population a augmenté de 30 millions de personnes ;
- 7 - depuis décembre 2007, le revenu médian aux USA a diminué de 6,8 %, compte tenu de l’inflation ;
- 8 - selon le Bureau of Labor Statistics, 16,6 millions d’Américains étaient des travailleurs indépendants en décembre 2006. Aujourd’hui leur nombre a chuté à 14,5 millions ;
- 9 - un sondage effectué cette année a montré qu’environ 20 % des Américains ayant un emploi se considèrent comme sous-employés ;
- 10 - selon Paul Osterman, environ 20 % des adultes travaillent pour une rémunération au niveau du seuil de pauvreté ;
- 11 - en 1980, moins de 30 % des emplois aux USA étaient à bas salaires. Aujourd’hui, plus de 40 % des emplois sont à bas salaires ;
- 12 -en 1969, 95 % des hommes entre 25 et 54 ans avaient un emploi. En juillet 2011, seul 81,2 % des hommes de cette tranche d’âge avait un emploi ;
- 13 - une étude récente a montré qu’un Américain sur 3 serait incapable de payer la mensualité de son emprunt ;
- 14 - la Réserve fédérale a récemment annoncé que le capital net des ménages américains avait diminué de 4,1 % au cours du seul 3e trimestre 2011 ;
- 15 - selon une étude récente, menée par BlackRock Investment Institute, le ratio dette des ménages sur revenus des ménages est de 154 % ;
- 16 - en 2011, l’économie a ralenti et le nombre de mariages avec. Selon Pew Reserch Center analysis, 51 % des Américains majeurs est actuellement marié. En 1960, ils étaient 72 % ;
- 17 - l’US Postal Service a perdu 5 milliards de dollars en 2011 ;
- 18 - à Stockton, Californie, les prix de l’immobilier ont baissé de 64 % si on les compare au pic ;
- 19 l’État du Nevada a enregistré le plus important taux de saisie immobilière du pays pendant 59 mois consécutifs ;
- 20 - si vous arrivez à y croire, le prix moyen d’une habitation à Detroit est maintenant de 6 000 $ seulement ;
- 21 - selon le US Census Bureau, 18 % des habitations de l’État de Floride est vacant. C’est 63 % de plus qu’il y a dix ans ;
- 22 - la construction d’habitations neuves aux USA est sur le point d’atteindre son plus bas niveau historique ;
- 23 - 19 % des Américains de 25 à 34 ans vivent chez leurs parents ;
- 24 - les montants des factures d’électricité aux USA ont augmenté plus vite que le taux de l’inflation pendant 5 années consécutives ;
- 25 - selon le Bureau of Economic Analysis, les dépenses de santé comptaient pour 9,5 % du total des dépenses personnelles en 1980. Aujourd’hui elles comptent pour environ 16,3 % ;
- 26 - une étude a montré qu’approximativement 41 % des actifs avait des problèmes pour payer leurs factures de santé ou ont actuellement un emprunt pour y faire face ;
- 27 - 1 Américain sur 7 possède au moins 10 cartes de crédit ;
- 28 - les USA dépensent environ 4 $ en produits et services chinois pour chaque dollar que la Chine dépense en produits et services américains ;
- 29 - la prévision pour le déficit commercial des USA en 2011 est de 558 milliards de dollars ;
- 30 - la crise des retraites aux USA continue à empirer. Selon l’Employee Benefit Research Institute, 46 % des actifs ont moins de 10 000 $ d’épargne pour leur retraite, et 29 % moins de 1 000 $ ;
- 31 - aujourd’hui, 1 personne âgée sur 6 vit sous le seuil de pauvreté ;
- 32 - selon une étude qui vient de paraître, les revenus des P-DG des plus grosses entreprises américaines ont augmenté de 36,5 % sur les douze derniers mois ;
- 33 - aujourd’hui, les banques « too big to fail » (trop grosses pour faire faillite) sont plus importantes que jamais. Le total des actifs des 6 plus grandes banques américaines a progressé de 39 % entre le 30 septembre 2006 et le 30 septembre 2011 ;
- 34 - les six héritiers du fondateur de Wall-Mart, Sam Walton, ont un capital net presque équivalent à celui des 30 % des Américains les plus pauvres ;
- 35 - selon une analyse des données du Census Bureau, faite par le Pew Research Center, le capital médian des ménages de plus de 65 ans est 47 fois plus important que le capital médian des ménages de moins de 35 ans ;
- 36 - 37 % des ménages américains de moins de 35 ans ont un capital de 0 $ ou moins ;
- 37 - le pourcentage d’Américains vivant dans l’extrême pauvreté (6,7 %) a atteint un nouveau record. Désormais, il est 33 % plus élevé que ce qu’il était en 2007 ;

- 42 - en 1980, les prestations sociales représentaient 11,7 % des revenus. Aujourd’hui elles en représentent plus de 18 % ;
- 43 - 48,5 % des Américains reçoivent des aides du gouvernement. En 1983, seul 30 % en bénéficiait ;
- 44 - actuellement, les dépenses du gouvernement fédéral représentent 24 % du PIB. En 2001, elles représentaient seulement 18 % ;
- 45 - pour l’année fiscale 2011, le gouvernement fédéral a enregistré un déficit budgétaire de presque 1 300 milliards de dollars. C’est la 3e année consécutive que le déficit budgétaire dépasse les 1 000 milliards de dollars ;
- 46 - si Bill Gates donnait toute sa fortune jusqu’au dernier centime au gouvernement, cela couvrirait seulement 15 jours de déficit budgétaire ;
- 47 - le gouvernement des États-Unis a accumulé une dette totale de 15 000 milliards de dollars. Quand Barack Obama est devenu président, la dette nationale était de 10 600 milliards de dollars ;
- 48 - si le gouvernement fédéral commençait à l’instant même à rembourser la dette nationale au rythme de 1 $ par seconde, il faudrait 440 000 ans pour effacer la dette ;
- 49 la dette nationale a progressé en moyenne de 4 milliards de dollars par jour depuis le début de l’administration Obama ;
- 50 - pendant la présidence de Barack Obama, le gouvernement américain a plus augmenté la dette que pendant la période allant de l’investiture de George Washington à celle de Bill Clinton.

Le mouvement Occupy, qui s’était étendu dans les principales villes du pays (voir précédents bulletins), a fini par décliner, à la fois à cause d’une répression multiforme mais aussi par le fait qu’il ne s’est pas étendu, notamment dans le monde ouvrier. Ce déclin a permis à des noyaux plus politiques, qui ne pouvaient guère intervenir dans la montée du mouvement, soit de lui donner une orientation plus radicale, soit de l’orienter vers le soutien de luttes ouvrières.

L’exemple le plus frappant est celui d’Oakland (banlieue de San Francisco et un des principaux ports de la côte ouest). Le mouvement Occupy a réussi à organiser une manifestation de près de 100 000 participants divers qui a pu bloquer le port pendant une nuit. Par contre, une tentative d’occupation de bureaux abandonnés pour les transformer en un centre communautaire, sorte de base permanente du mouvement, a été immédiatement attaquée par la police (80 arrestations). Une tentative ultérieure de soutenir une lutte des dockers d’un petit port céréalier à Longview (État de Washington), et d’en faire une amorce de lutte de l’ensemble des dockers de la côte ouest, a entraîné des controverses au sein du mouvement Occupy d’Oakland ; mais ces 221 dockers ont finalement eu gain de cause (le maintien de leur statut) sans qu’on puisse savoir quel facteur a pu être déterminant dans ce résultat.

LES DIFFÉRENTES FORMES DE LA LUTTE DE CLASSE

Quelles que soient les considérations que l’on peut entendre, notamment dans le milieu « révolutionnaire », sur l’importance de ces luttes, sur leur signification, sur leurs perspectives et même sur leur existence réelle, nous continuons de penser que, dans le monde entier, des exploités , qui n’ont d’autre moyen de vie ou de survie que la vente de leur force de travail, luttent individuellement et/ou collectivement .Aucune de ces luttes, quelle qu’elle soit, ne fait partie d’un mouvement global de lutte qui s’oppose directement au capital mais le capital est contraint d’en tenir compte comme d’un élément central dans l’extorsion de la plus value.

La grève et rien d’autre

Même si parfois elle sort de l’usine pour déborder dans la rue, rencontrant alors la violence policière.

Inde – 12/11/2011 – Dans l’État de Chhattisgarh, 20 000 enseignants sont en grève pour un contrat permanent et pour les salaires. Alors qu’ils veulent manifester dans la capitale Raipur, ils sont stoppés par les flics : 2 000 arrestations.
- 4/11/2011 – À travers les délocalisations, le laboratoire Dr Reddy’s Laboratory (DRL) s’est hissé à la taille d’une multinationale de la pharmacie (13 500 travailleurs de par le monde). Dans l’État d’Andhra Pradesh, 650 travailleurs sont en grève depuis le 13 août pour un contrat permanent et les salaires (salaire mensuel actuel de 100 euros). La police attaque une manifestation de soutien de 10 000 travailleurs de la région.
- 2/01/2012 – Dans l’État de Tamil Nadu à Sankarankovil, 10 000 ouvriers des entreprises de tissage sont en grève depuis le 26 décembre pour les salaires et pour la réduction du temps de travail (11 heures par jour). Ils tentent de marcher sur la capitale de l’État mais sont stoppés par la répression : 700 arrestations.

Bulgarie – 27/01/2012 – Grève des cheminots et des mineurs.

Papouasie (Indonésie) – 17/11/2011 – Mine d’or et de cuivre Freeport McMoran. 8 000 mineurs en grève depuis deux mois pour les salaires (salaires actuels d’1,20 euro de l’heure, offre patronale refusée : 1,60 euro). Toutes les entrées de la mine sont bloquées.

Australie – 15/11/2011 – Baiada Poultry est un trust intégré de conditionnement de volailles qui emploie plus de 2 200 travailleurs dans ses élevages ou dans ses usines, occupant 35 % du marché national. Les chaînes de l’usine de Melbourne voient passer 200 poulets à la minute, traités par 430 esclaves dont 284 permanents, et le reste du personnel est essentiellement composé d’immigrantes vietnamiennes, pour un salaire de 8 euros de l’heure en équipe jusqu’à 20 heures quotidiennes. 200 sont en grève depuis le 9 novembre, les piquets de grève sont attaqués par 8O flics pour faire entrer des jaunes dans l’usine. Le nouveau contrat, refusé, offrait 3 % d’augmentation contre l’abandon de l’indemnisation spéciale des heures supplémentaires et la diminution des jours fériés payés.

Grande-Bretagne – Les résistances aux mesures d’austérité ne s’expriment pas dans un mouvement d’ensemble (sauf pour des manifestations étudiantes ou des journées de grève-manifestation des services publics) mais sous contrôle syndical, par des grèves tournantes d’une journée, inlassablement répétées, sans beaucoup d’effet. Les 2 500 travailleurs de Royal Dutch Shell, la multinationale du pétrole, mènent de telles actions, limitées, contre un projet de réforme de la retraite d’entreprise qui rogne sérieusement leurs droits garantis antérieurement.

Espagne – 9/01/2012 – Grève des pilotes d’Iberia contre la création d’une filiale low cost avec des pilotes sous-payés.

Vietnam – Le salaire pour un travailleur non qualifié est de 80 euros par mois (le salaire minimum imposé par l’État, bien qu’augmenté de 49 % en 2011, reste inférieur) contre 240 euros en Chine. Les firmes qui le peuvent, jouant sur le capital variable, délocalisent. La conséquence de l’afflux de capitaux entraîne une inflation (18 % en 2011) qui à son tour entraîne revendications et grèves. Dans les dix premiers mois de 2011 ont éclaté 857 grèves, le double de 2010 et plus qu’au cours de l’année record de 2008 (inflation alors de 28 %). Ces grèves vont des revendications de salaires à une réaction contre la diminution de la ration de riz par le gargotier de la cantine, de la formation de comités de lutte à des tentatives de médiation. Le syndicat officiel VGCL est impuissant à jouer un autre rôle que répressif. Comme en Chine, la hantise est que ces grèves s’étendent et prennent alors un caractère politique.

USA - 22/12/2011 – 6 000 infirmières des hôpitaux de San Francisco et Long Beach sot en grève une journée pour l’embauche, les garanties santé et des congés maladie.En représailles , elles sont lockoutées une journée . D’autres actions des infirmières à New York et Oakland.

Liban — Une usine électrique en grève trois jours dans le sud du pays car la production de l’usine est envoyée dans d’autres parties du pays alors que le sud connaît des coupures répétées. Les capacités de production déjà défaillantes suite à la guerre de 15 années ont été aggravées par les bombardement israéliens de 2006 qui ont spécialement visé cette source d’énergie

L’occupation des espaces publics, des usines, de tous bâtiments et infrastructures

Bangladesh – 30/01/2012 – Usine textile Rashida Knitting à Ishwardi : des milliers de travailleurs protestent contre des licenciements et le non-paiement d’une prime de fin d’année. Ils occupent l’usine mais en sont chassés par la police et les flics maison : 40 blessés.

Irlande – De nombreux conflits touchent des PME étranglées par la crise.Lugan Brick Ltd ( briqueterie) avise le 15/12/2011 ses 29 travailleurs qu’il ferme, après leur refus d’une réduction des salaires. Un piquet de grève bloque toute sortie de marchandise et du matériel. Soupçon de réouverture avec des intérimaires.

Vita Cortex , emballages plastiques (partie d’un conglomérat Tipperary), 32 ouvriers occupent l’usine depuis quatre semaines pour une indemnité de licenciement.

La Senza, chaîne de magasins de Lion Capital ; les employés licenciés occupent certains magasins depuis la 9 janvier.

Grande-Bretagne – 11/11/2011 – 10 000 étudiants manifestent à Londres contre les frais d’inscription et la réforme de l’université. 4 000 flics sont déployés dans des secteurs entiers du centre pratiquement bloqué, les bâtiments officiels étant protégés par des barrières de 4 mètres de haut ; dans les gares londoniennes, les flic distribuents aux arrivants une brochure prévenant la « Police partout ».

Les blocages

Italie – 24/01/2012 – En marge des journées de grèves syndicales, répétées, mais sans guère d’effet contre les mesures d’austérité, des mouvements sauvages tentent de lutter contre des mesures spécifiques. Routiers et chauffeurs de taxi organisent ainsi 60 blocages routiers dans toute l’Italie (dont celui de l’usine Fiat Melfi) contre une dérégulation de leur profession qui introduirait une liberté d’installation encourageant la concurrence et une baisse des revenus. En Sicile, un mouvement « Pitchforks Movement » avec une base populiste (alliance entre des fascistes et des ex-staliniens) organise les protestations contre les mesures dites anti-crise.

Les derniers recours

Corée du Sud – 14/01/2012 – Après qu’un travailleur de l’usine Hyundai a tenté de s’immoler par le feu, détruit par le harassement de la maîtrise, 2 000 travailleurs débraient à Ulsan et reprennent le travail après 24 heures de grève, alors que la direction a présenté des excuses, sanctionné les responsables et offert des compensations à la victime qui a survécu à sa tentative.

L’émeute

France – 9/01/2012 – Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). La mort d’un jeune entre les mains des flics, suite à une interpellation musclée, déclenche plusieurs jours de révolte dans un quartier de la ville.

Algérie – 10/01/2012 – À Laghouat dans l’extrême sud algérien, dans le champ gazier de Hassi R’mel (500 000 habitants), des manifestants chômeurs demandant l’embauche des résidents se battent avec les flics.

Faire la peau des dirigeants

Inde – 27/01/2012 – Pondichéry, État d’Andhar Pradesh. Regency Ceramics, une firme indo-italienne. Les 1 200 travailleurs sont en conflit avec la direction depuis 2010 sur la formation d’un syndicat et un transfert entraînant des licenciements. La grève du 25/11/2010 au 4/12 est stoppée par le lockout de 800 d’entre eux qui refusent de signer un engagement écrit de « bonne conduite ». Le 27 janvier, plusieurs centaines d’ouvriers envahissent les bureaux, demandant des négociations sur les salaires, la réembauche des licenciés. La direction obtient un jugement interdisant aux grévistes d’approcher de l’usine à moins de 200 mètres et le gouvernement de l’État décrète l’état d’urgence. Les travailleurs en grève rassemblés devant l’usine sont attaqués par la police : un responsable syndical est tué et 13 travailleurs sont blessés. En représailles, les ouvriers envahissent le domicile d’un des dirigeants de l’usine, lui font la peau et vandalisent plusieurs bâtiments.

La piraterie

On n’abordera ici que la piraterie classique, ancestrale, et non la piraterie informatique moderne. « La piraterie est seulement une autre partie du système capitaliste » (Financial Times).

13/01/2012 – La répression internationale a entraîné son extension et sa dispersion, la rendant inefficace : les pirates opèrent jusqu’à plus de 2 000 km de leurs bases (350 attaques en 2011). Un acte de piraterie maritime rapporte en moyenne autant que l’exportation de 1 600 têtes de bétail ; chaque rançon procure en moyenne 4 millions d’euros (plus de 1 015 otages en 2009). L’ensemble du système alimente un travail évalué, pour chaque prise de navire, à plus de 100 emplois. Globalement, l’argent ainsi « collecté » a permis le développement d’autres secteurs, par exemple la création de tout un réseau de transports par camions. De l’autre côté, le contrôle de la zone où transite 36 % du commerce mondial a nécessité la mise en œuvre de moyens divers considérables, y compris la surveillance par satellites, et depuis 2002 des investissements importants y sont consacrés.

Des tentatives de prise en main du lieu de travail

Grèce – 5/02/2012 – Kilkis, dans l’extrême nord de la Grèce, près de la frontière bulgare. L’ensemble des travailleurs de la santé prend possession de l’hôpital local et tente de le faire fonctionner sous son contrôle, toutes les décisions étant prises en assemblée générale. Pour le moment, les travailleurs n’assurent que les services d’urgences jusqu’à ce que leurs salaires soient payés et veulent le retour aux salaires antérieurs aux mesures d’austérité. Sans satisfaction, ils passeront à un stade de gestion totale.

La manifestation et rien d’autre

Russie – En décembre 2011 et en 2012, des manifestions répétées à Moscou d’un cartel hétéroclite de groupes politiques tentent de mobiliser une opposition contre les manipulations électorales et de polariser un mécontentement général. Ce n’est pas tant la répression et un durcissement de la censure qui limite l’impact de ces actions mais leur grande confusion et la détermination du pouvoir en place.

CHINE

Comment la Chine se gouverne quotidiennement

Luoyang, ancienne capitale de la Chine, seulement celle du Henan aujourd’hui, 1 500 000 habitants. Un responsable du parti local a kidnappé puis séquestré dans une cave six femmes pour qu’elles deviennent esclaves sexuelles. Deux ont résisté et ont été assassinées. Un journaliste qui avait fait ces révélations est accusé d’avoir « révélé des secrets d’État » et a été menacé des peines les plus lourdes. Il avait découvert toute l’affaire alors qu’il enquêtait sur la mort suspecte d’un autre journaliste local, assassiné alors qu’il enquêtait sur la mise sur le marché d’huiles de friture recyclées après la collecte d’huiles de toutes sortes déjà utilisées. Les autorités locales faisaient tout pour étouffer cette série de scandales, cherchant à gagner pour leur ville le concours national de la « cité la plus civilisée » du pays.

De nombreux conflits sont évoqués dans les médias ; bien qu’ils aient en commun une répression souvent violente, ils peuvent être classés en deux types, même s’ils peuvent interférer les uns sur les autres :

les uns impliquent la totalité de la population locale en réaction à des exactions des dirigeants locaux du parti, exactions qui vont de l’expropriation des terres (révoltes paysannes, 65 % des 180 000 conflits de ce type sont liés à des expropriations) à des faits divers de corruption, d’agressions, de mépris des doléances, notamment quant aux dommages environnementaux ; les autres impliquent les travailleurs dans les termes classiques de la lutte de classe, mais dans les conditions d’exploitation particulièrement dures et avec l’inexistence des médiations syndicales, le syndicat officiel ACFTU n’étant qu’un rouage de l’appareil de domination au service du parti et des dirigeants d’entreprises.

La révolte de Wukan

La connaissance de ce qui s’est passé à Wukan tient à sa proximité avec Hong Kong (et son statut spécial) mais aussi à l’impossibilité pour le parti de maîtriser totalement les techniques modernes de communication.

La vente des terres, propriété de l’État, allouées aux paysans par le comité local du parti avec une sorte de bail, est devenue, dans les zones d’expansion industrielle, un moyen pour ces autorités d’assurer l’équilibre des finances locales (jusqu’à 40 % des recettes de ces collectivités) mais c’est aussi une source importante de corruption et d’exactions.

Wukan, sur la côte sud de la Chine, est un « village » de 13 000 habitants, agricole mais avec un développement industriel depuis 1990. D’un côté, les dirigeants du parti récupèrent les terres pour les vendre aux promoteurs en récupérant au passage leurs prébendes ; de l’autre, les paysans utilisent terres et bâtiments pour d’autres installations ou pour des logements ouvriers. Un autre élément semble avoir pesé dans la révolte, le retour des migrants chassés des usines par la crise voulant récupérer « leurs » terres et s’apercevant qu’elles ont été vendues.

En septembre 2010, le dirigeant local du parti, bureaucrate en place depuis quarante ans, ayant déjà à son actif un palmarès de corruption, veut exproprier 275 hectares de terres agricoles pour l’installation d’un complexe hôtelier de luxe. Le promoteur paie 85 millions d’euros et chaque paysan reçoit 66 euros. À partir du 20 septembre, des manifestations répétées regroupent l’ensemble de la population avec déjà un début d’émeute (attaque d’un commissariat). Un comité d’organisation élu prend les choses en main : le 11 décembre, l’un des animateurs de ce comité est arrêté et battu à mort par les flics. Aussitôt, c’est l’émeute, les responsables du parti et les flics sont chassés de la ville ; des barricades sont dressées et l’on forge des armes de fortune. Les échelons régionaux du parti organisent le siège de la ville, entièrement encerclée par l’armée.

Ce siège dure dix jours ; mais tout finit par filtrer à Pékin et à l’étranger. La solution de force semble exclue d’autant plus que dans une ville proche, Haimen, la population se dresse contre l’extension d’une centrale thermique dont les rejets empoisonnent tout le voisinage. Le conflit se répercute dans les instances supérieures du parti entre les « durs » et les « réformistes ». Ce sont ces derniers qui font pencher la balance : le 21 décembre, le siège de la ville est levé et des pourparlers son entamés, non sans quelque méfiance. Finalement, les prisonniers sont libérés, le corps assassiné restitué, l’expropriation annulée et l’équipe dirigeante du parti local limogée. Le comité élu reste en place et est plus ou moins coopté pour administrer la ville : le 17 janvier, son « leader » est promu dirigeant local du parti.

L’affaire a encore actuellement des répercussions dans les hautes sphères et l’action des paysans de Wukan pourrait être le modèle d’une réforme des administrations locales.

La lutte de classe

Il est vraisemblable que cette perspective soit aussi alimentée par la vague de grèves à laquelle doivent faire face les dirigeants d’entreprises et du parti : là aussi, des discussions, pas nouvelles, sur la création d’instances de médiation des conflits de classe. Déjà , dans certaines villes ou provinces, le salaire minimum a été relevé jusqu’à 25 % ; mais il n’est pas toujours appliqué et les causes de conflit peuvent être toute autre que la question du salaire de base (accessoires du salaire impayés, délocalisation, etc.). Impossible de les citer toutes. Malgré la répression policière, surtout préoccupée de maintenir les luttes là où elles se déroulent, ces révoltes se terminent souvent par des concessions.

Quelques exemples récents de ces luttes :

- 29/12/2011 – LG Display à Nanjing, 8 000 travailleurs sur 13 000 bloquent la production et saccagent la cafétéria et les bureaux. La direction, par suite d’une réduction d’activité, veut réduire la prime de fin d’année et cède après un jour de grève, doublant la prime sous condition d’une reprise immédiate du travail. Et sous la menace de fermer l’usine.
- 2/01/2012 – Fujian Crown Ocean Shipbuilding Industry, chantiers navals à Fuzhou (Fujian) dont les commandes ont chuté de 47 % , plusieurs centaines de travailleurs bloquent le trafic routier pour avoir paiement des trois derniers mois.
- 4/01/2012 – Chengdu (Sichuan) 10 000 travailleurs de l’aciérie bloquent une autoroute pendant trois jours.
- 5/01/2012 – Dalian (Liaoning, nord de la Chine), 1 000 travailleurs d’une brasserie occupent l’usine pour les salaires.
- 7/01/2012 – Wuzhou dans le Guangxi, 1 300 ouvriers occupent l’usine de jouets pour les salaires.
- 14/01/2012 – Usine Foxconn, des centaines d’ouvriers menacent d’un suicide collectif si les revendications sur les salaires et les conditions de travail n’aboutissent pas.
- 14/01/2012 – Des milliers d’ouvriers en grève dans une usine d’ordinateurs à Dongguan à propos de la qualité de la nourriture à la cantine, suite à la découverte de souris dans la bouffe lors du repas de Nouvel An. Cesse sur la promesse des dirigeants de manger chaque jour à cette cantine privatisée.

LA REPRISE EN MAINS DE CE QUI N’ÉTAIT PAS DES RÉVOLUTIONS

Partout dans le monde, alors que se poursuivent les luttes de toujours des travailleurs contre les offensives du capital sur l’exploitation de la force de travail au sein de l’entreprise, des mouvements plus globaux de résistance – ceux qui étaient porteurs confus d’un espoir de transformation politique profonde, comme ceux qui tentent de s’opposer aux mesures générales de sauvetage du capitalisme dans des cadres nationaux – se heurtent soit à une répression plus ou moins violente, soit à un encadrement dans des manifestations rituelles inefficaces.

Il n’est guère possible de retracer en quelques mots l’étendue de ces répressions, sauf de les citer ou d’en évoquer les plus marquants. Les travailleurs des pays du sud de l’Europe sont ceux qui subissent le plus lourdement le poids de la crise du capital et les mesures de restructuration imposées par les milieux financiers, et les États ayant encore – faiblement parfois – des marges de manœuvre diffèrent pour eux-mêmes ces mêmes mesures. Partout, dans ces pays (Grèce, Italie, Espagne), les mouvements de protestation (souvent seulement une ou deux journées de grève générale) restent dans l’ensemble encadrés par les syndicats et n’ont guère d’effet, même répétés inlassablement, sur la nature et le rythme de ces réformes. Pourtant, des résistances plus profondes, individuelles ou collectives (refus de paiement de dettes, de loyers ou d’obéissance aux ordres mettant en place les mesures imposées) se font jour sans qu’il soit possible d’en mesurer l’étendue, qui n’apparaît alors que dans l’impuissance des gouvernements à faire jouer la violence de l’appareil d’État pour imposer cette politique.

Après avoir soulevé autant de curiosité, de commentaires et d’espoirs, et s’être étendu presque dans le monde entier avec des points forts, le mouvement des Indignés, faute de s’étendre notamment au monde des travailleurs, a commencé à décliner tant à cause d’une répression directe policière et militaire bien dosée – et parfois meurtrière –, qu’à cause des dissensions de tous ceux qui ont cherché (et pouvaient le faire à cause de ce déclin) à le « radicaliser », ou à l’orienter vers d’autres luttes. Il est impossible de retracer toutes ces péripéties et même présentement de dresser un bilan quelconque.

Les sacrifiés de la lutte du « Printemps arabe »

Pour quelle émancipation ? Chiffres officiels de décembre 2011, partout à la hausse : Tunisie, 250 tués, Égypte près de 1 000 tués, Syrie 5 000, Libye près de 15 000, Yemen 350, Bahrain 50... Et chaque jour allonge la liste.

Tunisie – 14/01/2012 – Un an de « révolution » . L’armée a pris le pouvoir avec présentement le soutien des partis islamistes sortis des « urnes démocratiques ». Ils contrôlent difficilement les mouvements de lutte causés par la chute de l’économie, notamment du tourisme, l’inflation, le chômage. L’exploitation des phosphates dans la région de Gafsa est paralysée à 90 % depuis un an et les aides financières promises pour une reprise ne sont pas venues. Le porte-parole du gouvernement juge « inadmissible » la persistance des grèves et des occupations sauvages (en 2011, sur 513 grèves, seules 164 étaient considérées comme légales).

Un exemple de la situation : l’usine du groupe automobile Leoni employait 2 700 personnes à Mateur, dans le nord de la Tunisie. Le groupe allemand a annoncé, vendredi 10 février, sa fermeture. En cause : des "sit-in anarchiques" et des menaces de grève qui perturbent l’activité et provoquent des "retards de livraison", selon un responsable du groupe.

Égypte – 3/02/2012 – Non seulement les militaires reçoivent une « aide » annuelle de plus d’un milliard d’euros des USA mais ils sont une puissance économique contrôlant plus de 25 % de toute l’économie, utilisant notamment les 500 000 conscrits comme main-d’œuvre gratuite dans ses établissements agricoles ou industriels. L’armée, épaulée par les islamistes forts de leur légitimité électorale, tente d’endiguer les oppositions plus radicales qui cherchent l’élimination de tous les tenants de l’ancien système et essaie de briser les luttes des travailleurs qui attendent du changement politique une amélioration de leur sort. Affrontements, répression avec son cortège de morts, de blessés et d’arrestations sont quasi quotidiens dans une sorte de chaos dans lequel il est parfois difficile de déceler les manipulations.

La suspicion d’une provocation de l’armée – lors d’un match de foot entre les équipes de Port Saïd et du Caire qui dégénère en une bagarre générale laissant 73 morts et 1 000 blessés – entraîne dans les jours qui suivent d’imposantes manifestations au Caire, des affrontements avec la police, l’armée, et avec les Frères musulmans. Ces affrontements, plus axés sur la contestation de l’armée, sont quasiment quotidiens.

Libye – 5/01/2012 – Le pays est entré dans un chaos marqué par les affrontements armés entre factions rivales plus ou moins tribales, dans une sorte de guerre civile, alors qu’un ancien commandant des forces spéciales de Kadhafi est promu chef des armées.

LES RESTRUCTURATIONS DU CAPITAL

Bien sûr, ces restructurations se font toujours sur le dos des travailleurs. Elles peuvent prendre des formes très diverses : les concentrations d’entreprises, y compris les multinationales, les rachats d’entreprises, souvent par des fonds spéculatifs ne visant que la liquidation des actifs, les délocalisations, qui ne touchent pas seulement les pays industrialisés mais tous les pays, la concurrence acharnée exacerbée par la crise autour du moindre coût de production, entraînant des déplacements et donc des délocalisations. Au passage, la mise en faillite est un moyen pratique d’échapper au paiement des derniers salaires ou indemnités, et cette pratique est mondiale. D’autre part, dans les pays industrialisés, notamment aux USA, la restructuration vise, à travers des vicissitudes financières pour éponger les dettes et imposer des déductions drastiques des conditions d’exploitation du capital variable, à modifier la composition organique du capital en investissant dans les instruments de production les plus modernes de façon à diminuer les coûts de production en réduisant la part de capital variable. Cette dernière forme de restructuration est particulièrement insidieuse car elle se superpose aux restructurations antérieures classiques ayant entraîné des luttes, et ne résout en rien le problème du chômage.

Grande-Bretagne – 4/02/2012 – Depuis 2001, les postes britanniques, Royal Mail, ont vu leurs effectifs fondre de 45 000 postes de travail. Ce dernier Noël, 18 000 temporaires ont été embauchés pour quelques semaines par une boîte de fournisseurs d’esclaves temporaires, Angard Staffing Solutions Limited, laquelle détient le monopole d’embauche à Royal Mail mais qui a oublié de payer les esclaves de Noël (une partir d’entre eux, chômeurs, ont aussi perdu leurs allocations).

De telles restructurations des services postaux sont générales dans le monde entier : au Japon, le Japan Post Service emploie plus de temporaires que de permanents, en Hollande la poste TNT en emploie plus de la moitié dans ses effectifs, en Allemagne 60 % des nouveaux entrants se voient dotés de mini-contrats à 400 euros mensuels, en Suède, Bring Citymail exploite plus de 1 000 esclaves payés à l’heure.

Chine – 4/12/2012 – Hailong Storage Products (filiale du japonais Hitachi) à Shenzhen, profite de la fusion avec Western Digital pour imposer aux 4 500 travailleurs (majoritairement des femmes) l’effacement total des avantages, notamment ceux relatifs à l’ancienneté. 2 000 travailleurs occupent l’usine mais 1 000 réussissent à résister à une tentative d’évacuation par la force. Le conflit se termine avec une prime de « retour au travail », laquelle aurait entraîné des divisions entre les grévistes.

Allemagne – 16/01/2012 – Comment fonctionne le « modèle allemand ». Un exemple. Manroland (machines d’imprimerie) exploite sur trois sites : Wiesbaden, Augsbourg et Plauen (ex-RDA). La liquidation de ce dernier site est en discussion depuis sept semaines. Une manif centrale à Munich, devant le siège du principal actionnaire, la banque-assurance Allianz, est décommandée par le syndicat IG Metall pour des manifs sur chaque site. L’usine de Wiesbaden n’emploie plus que 1 000 travailleurs sur 1 900. À Augsbourg, sur 2 400 travailleurs, 400 licenciements et des réductions de primes sont prévus, alors que l’usine travaille à temps partiel depuis mars 2010.

7/11/2011 – En Saxe, une usine de wagons FTD propose un nouveau contrat pour un an avec la semaine de travail passant de 38 à 48 heures, les 3 x 8, la réduction des congés payés de 30 à 24 jours, une réduction des salaires et la fin des avantages ancienneté ; en prime des pénalités pouvant atteindre jusqu’à 50 % du salaire en cas de défaut de fabrication. Le syndicat IG Metall aurait donné plus ou moins son consentement. Le refus de ces nouvelles conditions d’exploitation vaudra une accusation de sabotage et de refus du travail.

Italie – Les classes moyennes perdent leurs privilèges. Routiers, chauffeurs de taxi, pharmaciens et autres professions libérales entament des actions (essentiellement des blocages routiers) non seulement contre le prix de l’essence mais surtout contre des mesures de « libéralisation » de ces activités pour faire jouer la concurrence. Parallèlement, cette « libéralisation » touche les travailleurs avec un projet de lever toute réglementation des licenciements.

France – 15/01/2012 – Que peuvent les 93 travailleurs sur les 144 de l’usine Bosal le Rapide (sous-traitant de l’automobile, ils étaient 250 il y a peu) qui doivent être licenciés pour cause de délocalisation en Allemagne et en Hongrie, sinon chercher à retarder le plus longtemps possible l’échéance ?

Nigeria et Roumanie 

Des réactions aux impératifs du FMI

Le Nigeria, presque deux fois la France, 160 millions d’habitants, qui sera en 2050 le troisième État le plus peuplé du monde, est un État pétrolier sous la coupe des multinationales, miné par la corruption, aux prises avec des conflits ethniques et religieux sanglants et une guérilla dans la zone côtière pétrolière. Bien qu’il soit richement doté de ressources minières et agricoles, la corruption n’a d’égale que la pauvreté, avec comme corollaire un déficit obligeant à recourir aux subsides du FMI, lequel, comme toujours, impose les mesures d’austérité bien connues. Dans ce cas, ce sont les subventions de l’État pour les produits de première nécessité qui doivent être supprimées.

Il peut paraître paradoxal qu’un des premiers États pétroliers mondiaux soit contraint d’importer des produits finis parce que ses capacités de raffinage sont dérisoires, les multinationales n’ayant aucun intérêt à en financer leur modernisation ou leur construction. Dépendant de la fourniture de produits pétroliers à bon marché, utilisés tant pour le chauffage de la cuisine domestique que pour l’alimentation des groupes électrogène, très répandus à cause des carences dans la distribution d’électricité, et pour la circulation automobile, le gouvernement est contraint pour maintenir la paix sociale d’accorder des subventions d’autant plus importantes que les prix mondiaux s’élèvent constamment.

Lorsque, le 1er janvier 2012, le gouvernement décide la suppression pure et simple de ces subventions, ce qui double d’un coup le prix du litre d’essence de 0,35 euro à 0,70 euro, des milliers de manifestants descendent dans la rue à Lagos, manifestation violemment réprimée : un mort, des blessés. Un slogan : « Un jour, les pauvres n’auront rien d’autre à manger que les riches. » Cette répression n’arrête pas la montée de l’opposition au point que les deux principaux syndicats se voient contraints d’organiser une journée de grève générale (en en excluant pourtant le secteur vital de la production pétrolière). Le lundi 9 janvier, la paralysie est totale et la grève qui se poursuit les jours suivants tourne à l’émeute : incendie de voitures, de bâtiments publics, 5 morts et des blessés. Ce n’est pas tant la menace syndicale de faire entrer progressivement le secteur pétrolier dans la grève que la généralisation de l’émeute (qui, dans le nord, tourne parfois en des affrontements religieux) qui conduit le gouvernement à faire des concessions, après avoir tenté la manière forte de l’état d’urgence, du couvre feu, d’appel à l’armée. Le 16 janvier, il annonce que le prix de l’essence sera seulement augmenté à 0,45 euro et les deux syndicats s’empressent de décider de la fin de la grève. Il aura fallu 10 morts et près de 600 blessés pour ce résultat alors que sont maintenus couvre-feu et état d’urgence.

La Roumanie, le pays le plus pauvre de l’Union européenne, miné aussi par la corruption, se débat avec les restructurations et les mesures d’austérité imposées par le FMI. Les mines (National Coal), entre autres entreprises encore nationalisées mais croulant sous les dettes, doivent fermer les une après les autres. Parmi les mesures plus récentes figure la privatisation du système de santé (en mars 2011, déjà 67 hôpitaux ont été fermés, entraînant le licenciement de près de 3 000 soignants). Le ministre de la Santé s’y oppose et doit démissionner. Le 13 janvier 2012, des manifestations spontanées éclatent, s’étendent dans tout le pays et tournent à l’émeute. La répression (36 arrestations, 60 blessés) ne change rien. D’abord la réforme est annulée et le ministre de la Santé rappelé. Mais la contestation touche plus haut et le gouvernement doit démissionner : le nouveau Premier ministre était, sous le précédent gouvernement, le chef des services secrets…

GRÈCE

Ce qui nous attend si on laisse le capital tenter de sauver ses meubles « En réalité, des expressions telles qu’« austérité draconienne » sont absolument insuffisantes pour décrire ce qui est en train de se passer en Grèce. Les salaires et les retraites sont amputés de 50 % ou même, dans certains cas, de 70 %. La malnutrition fait des ravages parmi les enfants de l’école primaire, la faim fait son apparition surtout dans les grandes villes du pays dont le centre est désormais occupé par des dizaines des milliers de SDF misérables, affamés et en haillons. Le chômage atteint désormais 20 % de la population et 45 % des jeunes (49,5 % pour les jeunes femmes). Les services publics sont liquidés ou privatisés, avec comme conséquences que les lits d’hôpitaux sont réduits (par décision gouvernementale) de 40 %, qu’il faut payer très cher même pour accoucher, qu’il n’y a plus dans les hôpitaux publics de pansements ou de médicaments de base comme de l’aspirine.

L’État grec n’est toujours pas capable, en janvier 2012 !, de fournir aux élèves les livres de l’année scolaire commencée en septembre passé. Des dizaines de milliers de citoyens grecs handicapés, infirmes ou souffrant de maladies rares se voient condamnés à une mort certaine et à brève échéance après que l’État grec leur a coupé les subsides et les médicaments. Le nombre de tentatives de suicide s’accroît à une vitesse hallucinante, comme d’ailleurs celui des séropositifs et des toxicomanes abandonnés désormais à leur sort par les autorités. Des millions de femmes grecques se voient maintenant chargées des tâches normalement assumées par l’État à travers ses services publics, quand ceux-ci n’étaient pas encore démantelés ou privatisés par les politiques d’austérité. La conséquence en est un véritable calvaire pour ces femmes grecques : non seulement elles sont les premières à être licenciées et sont contraintes d’assumer les tâches des services publics en travaillant de plus en plus gratuitement à la maison, mais elles sont aussi directement visées par la réapparition de l’oppression patriarcale qui sert d’alibi idéologique au retour forcé des femmes au foyer. » (Sonia Mitralia devant la Commission sociale de l’Assemblée européenne le 24/01/2012)

LE CAPITAL CONTRE-ATTAQUE

Dans le monde entier, les travailleurs refusant d’accepter une intensification de l’exploitation sont placés devant le dilemme : ou accepter, ou être licenciés, le lockout étant un des termes du chantage en réponse à la grève.

USA – 3/02/2012 – À Findley dans l’Ohio, les 1 050 travailleurs de Cooper Tire refusant la réduction des salaires sont lockoutés depuis deux mois. Dans une autre usine du groupe à Texarkama en Arkansas, les 1 500 travailleurs avaient voté pour la grève contre les mêmes mesures mais le syndicat USW avait conclu un accord entérinant les propositions patronales, accord qu’il a réussi finalement à imposer par un vote au finish.

Inde – 12/11/2011 – Maruti Suzuki (voir précédents bulletins). Après six mois de lutte, le syndicat Maruti Suzuki Employees Union (MSEU) ordonne la reprise du travail après avoir signé un accord boiteux. Les 30 licenciés pour leur appartenance syndicale restent licenciés mais les deux principaux responsables syndicaux ont reçu pour leur « démission » de larges indemnités (jusqu’à 60 000 euros), ce qui a « encouragé » les 28 autres à faire de même mais avec des indemnités beaucoup plus faibles.

Canada – 17/01/2012 – 750 travailleurs de Rio Tinto Alcan à Alma (Québec) sont lockoutés pour avoir refusé un nouveau contrat et voté la grève. Avec des temporaires et les cadres, la mine tourne au tiers de sa capacité. Les cheminots refusent de traverser les piquets de grève mais doivent céder sous la menace du licenciement.

4/02/2012 – Electro Motive Diesel (EMD) (locomotives Diesel), les 465 travailleurs ayant refusé un nouveau contrat imposant une réduction des salaires de 55 % , des avantages retraite et voté la grève, sont lockoutés depuis six semaines et comme ils s’obstinent, des rumeurs de fermeture définitive sont lancées. Une situation similaire à l’aciérie d’US Steel à Hamilton où 900 travailleurs sont lockoutés depuis trois mois.

Allemagne – 12/01/2012 – Usine Schleicher Electronics (systèmes électroniques industriels) à Spandau (Berlin). Le syndicat IG Metall conclut avec la direction en 2010 un accord « de maintien du site industriel » sous la menace d’une délocalisation. Les travailleurs doivent renoncer à diverses primes, ce qui correspond à une diminution des salaires de 10 %. ; prévu en 2010 pour trois ans, un retour progressif à la « normale » vient d’être reporté à cinq ans

ACTIVITÉS SYNDICALES

France – 15/12/2011 – Une commission parlementaire avait planché sur le financement des organisations syndicales, tant patronales, agricoles, qu’ouvrières. Son rapport final ne sera jamais publié et restera secret en raison d’oppositions conjointes, tant politiques que syndicales. Qu’ont-ils tous à cacher ? Presque tous proclament du bout des lèvres qu’ils sont pour cette publication mais ce sont les mêmes qui font tout pour qu’elle finisse dans les oubliettes.

Novembre 2011 – Les « petits » syndicats qui qualifient la loi de 2008 (voir précédents bulletins), précisément faite pour les éliminer, de « Yalta syndical », galèrent dans des marchandages pour conserver à tous les niveaux leur représentativité. Regroupements souvent inattendus, scissions, tout est permis pour continuer à profiter de prébendes légales qui font vivre une bureaucratie syndicale.

Décembre 2011 – Onze jours de grève, commencée le 16 décembre, des agents de contrôle de la sécurité aéroportuaire, exploités par 4 entreprises (10 000 travailleurs en tout), `pour obtenir une augmentation mensuelle de 200 euros (actuellement, avec des horaires très flexibles, ils n’ont environ que 1 600 euros brut mensuels à temps plein) perturbent sérieusement mais inégalement les aéroports lors de vacances de Noël 2011. La grève est brisée par l’utilisation des flics comme jaunes, par des conflits entre la base et les syndicats. Elle se termine le 26 décembre avec une prime annuelle de 1 000 euros et l’ouverture de négociations sur les conditions de travail et la sécurité de l’emploi. Mais la grève a également entraîné une levée de boucliers autour de l’imposition d’un service minimum pour toutes les liaisons aériennes. L’ensemble des syndicats de tous les travailleurs des services aériens ont lancé dans la semaine du 5 février 2012 plusieurs jours d’une grève relativement suivie pour tenter d’empêcher le vote d’une loi imposant ce service minimum.

Italie – 13/12/2011 – L’accord signé par la majorité des syndicats pour une réduction du temps de pause et l’extension du travail de nuit (voir précédents bulletins) permet à Fiat de rapatrier à Pomogliano d’Arno, près de Naples, la production des Fiat Prada. Un nouvel accord l’étend aux 86 000 travailleurs du groupe à partir de janvier 2012. Inaugurant la nouvelle chaîne de montage le PDG Marchione, celui qui a réussi à balayer tous les accords contractuels, annonce la « création d’une nouvelle culture industrielle ». La nouvelle chaîne , hautement automatisée permettra, couplée avec la flexibilité totale de cette nouvelle culture, une adaptation presque immédiate de la force de travail aux impéraitfs de production. Le même PDG qui l’est aussi de Chrysler aux USA vient de signer avec le syndicat de l’automobile UAW, un contrat de 4 ans qui prévoit pour les 25 000 travailleurs un salaire horaire qui passera progressivement dans cette période de 15,78 dollars à 19,28 dollars ( 12 euros à 16 euros)

LA VALSE MONDIALE DES RAFFINERIES

Alors qu’en France, la période électorale permet le sauvetage du soutien-gorge français (affaire Lejaby où, pourtant, plusieurs centaines de travailleurs restent sur le carreau) ou plus récemment, des 430 du panneau solaire français de Photowatt, les mêmes politiques ne peuvent rien devant les fermetures des raffineries car cela se déroule au niveau des puissantes multinationales du pétrole et non d’une PME de secteurs marginaux de l’économie.

Dans les précédents bulletins, nous avons évoqué ce problème, notamment à propos de la fermeture de la raffinerie de Dunkerque et de la tentative avortée, au cours du mouvement contre la réforme des retraites fin 2010, de faire de la lutte contre la fermeture d’autres raffineries le fer de lance d’un combat global. Dans une politique mondiale des multinationales du pétrole, la délocalisation des raffineries permet à la fois d’échapper aux contraintes de la réglementation du travail et environnementales, et d’accroître son pouvoir sur la marché global pétrolier (voir à ce sujet les problèmes de pays pétroliers comme le Nigeria ou l’Iran) ; de plus, cela autorise d’en construire de plus modernes et de plus conséquentes. Pétroplus, pourtant multinationale du raffinage, acculé à la faillite de concert complice entre les producteurs pétroliers et les banques, est un cas exemplaire et les travailleurs des raffineries françaises (notamment de Petite-Couronne près de Rouen) de ce trust mis au chômage n’y peuvent pas grand-chose. C’est une situation identique pour ceux de LyondellBasell à Berre près de Marseille.

Aux USA , les raffineries tournent à 86 % et sont mises en vente. On peut mesurer l’étendue du problème lorsqu’on sait que l’essence raffinée en Chine peut être vendue en France à des prix inférieurs à ceux pratiqués pour des raffineries françaises. Dans de telles situations, la lutte de classe ne peut déboucher dans l’immédiat que sur une revendication d’une indemnisation plus conséquente, et à long terme sur la fin du capitalisme.

LES CRIMES DU CAPITAL

Mexique – 24/01/2012 – La sécheresse et la hausse des prix des produits alimentaires (de 45 % en 2011) réduisent à la famine (cortège de suicides et de morts de la faim) les paysans des États du Nord, qui lancent une « caravane de la faim » aboutissant à Mexico par un campement devant le ministère de l’Agriculture. Une partie du problème vient de l’extension des grandes propriétés agricoles aux mains des multinationales produisant pour l’exportation et la fabrication d’éthanol (le trust Cargill détient ainsi le monopole de la production du maïs).

USA – 2011 – Le gouvernement élève le taux des normes de recyclage des produits toxiques mais en autorise l’exportation, notamment au Mexique (20 millions de tonnes de batteries diverses, sans compter les cargaisons clandestines) où l’on trouve de nombreux cas d’intoxication par le plomb.

Turquie – 2011 – Les chantiers navals de Tuzla près d’Istanbul ne connaissent pas la crise. 15 000 ouvriers sont exploités dans une quarantaine d’entreprises aux salaires de misère et dans des conditions dangereuses (en 2009, 60 000 accidents du travail sont enregistrés sur ces chantiers).

Chine – 4/02/2012 – La ville de Liuzhou (Guangxi, 3,7 millions d’habitants) est menacée par une pollution des eaux potables au cadmium, déversé par des industriels en amont de la rivière Long, et que les autorités tentent de prévenir par tous les moyens ; ce n’est qu’un exemple des conséquences du capitalisme sauvage qui sévit particulièrement en Chine.

IMMIGRATIONS ET MIGRATIONS

USA – 9/01/2012 – Les douaniers et la police des frontières se voient dotés de 9 drones pour surveiller la frontière mexicaine, mais comme ils seront opérationnels jour et nuit (vision infrarouge et trente heures d’autonomie de vol), sur tout le territoire américain, on peut penser à toute autre utilisation dans l’arsenal répressif.

14/12/2011 – Depuis la prise de fonctions par Obama, plus de 1,1 million d’immigrés illégaux ont été expulsés, le taux le plus élevé depuis soixante ans. Un nombre croissant de citoyens américains victimes d’une chasse au faciès ont été détenus pendant plusieurs jours sur le simple soupçon d’illégalité.

Philippines – Le 11 janvier, pour installer un centre commercial et des bureaux, 400 flics et des équipes de démolisseurs détruisent un bidonville Burungay à San Juan, mettant 300 familles à la rue après une bataille rangée.

Monde – 7/12/2011 – La crise ne freine pas les migrations, au contraire ; on a compté en 2011 24 millions de migrants supplémentaires ; globalement, les migrants internationaux sont 214 millions de par le monde, où l’on compte aussi 16,3 millions de réfugiés, 42 millions de personnes déplacées. En 2010, la sécheresse ou les inondations ont poussé à migrer 38 millions de personnes.


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