Fantasme répandu à l’extrême droite et chez une certaine ultragauche post-situ, post-moderne, insurrectionniste, etc. Pour l’extrême droite, ce sont les « étrangers », les « nouveaux barbares », les jeunes « bronzés » des banlieues, de préférence musulmans, qui mèneraient cette guerre fantasmatique. Pour les apologues de « l’insurrection qui vient », les « émeutiers » des banlieues seraient devenus la nouvelle avant-garde quand ils ne vantent pas les exploits de mythiques « guérilleras noires » durant les émeutes de 2005 (cf. nos articles critiquant l’anthropologue Emilio Quadrelli dans le numéro 21-22 de NPNF). Dans ce jeu de miroirs, et cette course à la radicalité « littéraire » (pour ceux qui apprécient le verbiage et la prétention pompeuse des écrits insurrectionalistes ou post-situs), ce qui compte ce n’est pas la description des réalités sociales concrètes, mais la diffusion d’une idéologie apocalyptique, catastrophiste, qui joue sur les émotions, les frustrations, la colère et la rage des exploités sans laisser la moindre place aux discussions stratégiques.
Des questions comme celles des « émeutes » et de la guerre civile doivent être abordées de façon rationnelle, et non émotionnelle, en disposant d’une bonne connaissance du terrain, de contacts militants fiables sur place, et en sachant bien différencier les situations (une émeute à Watts n’est pas la même chose qu’une émeute à Rio de Janeiro ou à Gennevilliers). Cela suppose de ne pas chercher pas à faire rentrer les émeutes, les insurrections, les soulèvements populaires ou les guerres civiles de toute la planète dans des schémas pré-établis. En clair, de ne pas prendre ses désirs pour des réalités.
On pourra se reporter aussi au n° 27/28/29 de Ni patrie ni frontières sur le « gauchisme post-moderne ».
Extrait du n° 36/37 de Ni patrie ni frontières : "Extrême gauche, extrême droite : inventaire de la confusion"