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Loin d’être un documentaire d’ "anciens combattants", voilà un documentaire qui donne la pêche et souligne, grâce aux témoignages de plusieurs personnes qui l’ont connu et ont milité avec lui, les aspects essentiels de son combat et ses principales idées.
Un petit aperçu vous est offert ici : http://www.munis.es/?lang=fr
Manuel Fernández-Grandizo y Martínez (18-4-1912 / 4-2-1989), plus connu sous le pseudonyme “G. Munis”, est né à Torrón (Mexique), dans une famille originaire d’Estrémadure en Espagne. Il s’intéresse très jeune au mouvement ouvrier. Il participe aux grèves des travailleurs agricoles de Llerena.
Après son service militaire, il est nommé, début 1934, représentant de l’Izquierda Comunista (Gauche Communiste) –trotskyste- de l’Alliance Ouvrière de Madrid. Après l’insurrection d’octobre 34, il est incarcéré. Il s’oppose à la fusion de l’Izquierda Comunista (Gauche Communiste) avec le Bloc Obrer i Camperol (Bloc Ouvrier et Paysan), dirigé par Maurin, et qui allait donner le POUM (Partido Obrero de Unificación Marxista).
En novembre 1936 il fonde, à Barcelone, la Sección Bolchevique-Leninista de España (SBLE), pro IVème Internationale, qui publie, à partir de janvier 1937, un Bulletin qui s’intitule La Voz Leninista (La Voix Léniniste). Cette publication critique le POUM et la CNT pour leur collaboration avec le gouvernement de la bourgeoisie républicaine et elle appelle à la formation d’un Front Ouvrier révolutionnaire dont le but doit être la prise du pouvoir, la poursuite de la révolution et la direction de la Guerre Civile.
À la fin du mois d’avril 37, Munis et Benjamin Péret (le poète surréaliste) se rendent à Paris pour prendre contact avec l’organisation internationale. Munis retourne fin mai en Espagne, probablement en compagnie de Erwin Wolf. Au cours de l’insurrection (3-8 mai), connue comme Journées de mai 37, il n’y a que le Regroupement des Amis de Durruti et la SBLE qui distribuent des tracts appelant à la poursuite de la lutte, en s’opposant au cessez-le-feu que les dirigeants de la CNT et du POUM demandaient à grands cris.
Munis et la majorité des militants de la SBLE sont détenus le 13 février 1938 sous l’accusation d’assassinat du capitaine des Brigades Internationales Léon Narwicz de nationalité polonaise, agent du service d’information militaire (SIM) infiltré dans le POUM et dans la SBLE. Après un mois d’isolement complet et de tortures dans une “tchéca” stalinienne dirigée par Julian Grimau, ils sont incarcérés le 11 mars 1938 à la prison Modelo de Barcelone. La peine de mort est demandée pour Munis, Jaime Fernández et Domenico Sedran (“Adolfo Carlini”). En octobre, Munis témoigne au procès contre le POUM, en assumant être le dirigeant des trotskystes, ce qui libérait les Poumistes d’une telle accusation.
Munis réussit à s’échapper grâce à la débandade provoquée par l’avancée des troupes franquistes, et passe en France avec un groupe de prisonniers politiques. Fin 39, grâce à sa nationalité mexicaine, il s’embarque pour le Mexique, où il établit des liens personnels et politiques étroits avec Léon Trotsky et sa femme Natalia Sedova. Trotsky le charge de la direction de la section mexicaine. En mai 1940, il participe à la conférence dite d’”Alarme” de la IVème Internationale.
En août 1940, après l’assassinat de Trotsky, il prend la parole aux funérailles de ce dernier, et il intervient plusieurs fois dans le procès intenté contre son assassin (Mercader) comme partie prenante de l’accusation.
Dans les années 40, avec Benjamin Péret, également exilé au Mexique, et Natalia Sedova, il critique la politique du Socialist Workers Party (SWP), l’organisation trotskyste américaine, en l’accusant d’avoir trahi l’internationalisme prolétarien et le défaitisme révolutionnaire au cours de la Deuxième Guerre Mondiale. Il l’accuse d’avoir choisi l’un des deux camps de la guerre impérialiste.
Les divergences entre le Groupe espagnol et la direction de la IVème Internationale sont de plus en plus importantes et insurmontables. En 1946, Munis écrit une brochure “Les révolutionnaires devant la Russie et le stalinisme mondial” où il définit la nature de l’État russe comme capitaliste d’État et le parti de Moscou comme un parti contre-révolutionnaire et anti-communiste. Il refuse donc définitivement la “Défense inconditionnelle de l’URSS”.
En 1948, alors que Munis et Péret sont déjà repartis vivre en France, se produit la rupture définitive et officielle avec la IVème Internationale à son IIème congrès.
En Espagne, en mars 1951, pendant la grève générale des tramways à Barcelone, le Groupe communiste-internationaliste, dirigé par Munis et Jaime Fernández, distribue des tracts où il défend le caractère spontané du mouvement face à la propagande franquiste qui l’attribuait aux francs-maçons et aux staliniens, payés par l’or de Moscou.
À cause de ces tracts et d’une brochure qui dénonçait la politique contre-révolutionnaire des staliniens en Espagne en même temps que le franquisme, Munis et les autres camarades du GCI sont détenus en décembre 1952, les uns à Madrid, dont Munis, puis les autres à Barcelone, dont Jaime Fernandez. Condamné à 10 ans de prison, Munis obtient la liberté conditionnelle en juin 1957. Il retourne alors en France où il renoue avec son activité politique. Fin 1958, il fonde avec Benjamin Péret, Jaime Fernandez et d’autres anciens camarades de lutte, le groupe FOR (Fomento Obrero Revolucionario) qui publie la revue Alarma. Benjamin Péret meurt le 28 septembre 1959.
À Milan, Munis écrit deux de ses textes théoriques les plus importants : Les syndicats contre la révolution, 1960, et Pour un second manifeste communiste, 1961, texte qui est signé FOR. En 1975, il publie en France un autre libre très important sur la révolution et contre-révolution en Russie, “Parti-État, Stalinisme, Révolution”.
Munis et Jaime Fernandez ((J. Costa) multiplient les contacts en Espagne vers la fin de la dictature franquiste, et préviennent de ce que va signifier une transition démocratique en Espagne, toutes forces capitalistes confondues (avec en tête, staliniens et “socialistes”), pour la clase ouvrière : la persistance de la dictature du capital sur le monde du travail, l’encadrement syndical des luttes et la répression en cas de débordements ouvriers.
Le premier numéro de la troisième série d’Alarma, cette fois éditée en Espagne par de jeunes camarades espagnols, paraît en avril 1977. C’est à cette date également qu’il rédige “Reaffirmación” comme épilogue à la réédition par la maison d’édition Zero-ZIX de son libre sur la guerre civile espagnole, “Jalones de derrota, promesa de victoria”.
Dédié au travail organisationnel du FOR, Munis n’a jamais abandonné son travail théorique et militant. Au moment de sa mort, il laisse un manuscrit, non encore édité, sur l’État, son histoire et le besoin impérieux de sa destruction à notre époque.
Munis est mort à Paris le 4 février 1989. Depuis, la publication de ses œuvres complètes est en cours en Espagne. Son livre sur la révolution espagnole a été traduit et publié en français et en italien par les éditions Science Marxiste. Et en France va bientôt paraître un premier tome des œuvres choisies, avec beaucoup de textes inédits en français.