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La situation des classes laborieuses au Japon (12, 2)

mardi 30 août 2011

La première partie de ce chapitre XII, qui traite de la littérature prolétarienne, est parue dans le n° 134 d’Echanges. Cette deuxième partie (Echanges n° 137, été 2011) s’occupe entièrement du roman prolétarien. Une troisième partie a pour sujets le théâtre et la poésie.


Bien que quasiment pure littérature de propagande, tout n’est pas à rejeter dans la littérature prolétarienne japonaise. Il est vrai qu’elle fut plus une activité politique que littéraire et qu’elle pâtit, généralement, d’un style suranné pour un lecteur du XXIe siècle. Il n’en existe pas moins certains romanciers qui ont su trouver un style propre au-delà du pensum idéologique. Je connais trop mal les écrivains prolétariens japonais et suis incapable de distinguer le bien du mal écrire en japonais pour prétendre m’en faire juge. Les notes qui suivent valent uniquement d’introduction dans un domaine qui nécessiterait à lui seul une étude plus étendue.

Nous avons vu que la revue Kindai shisô (La Pensée moderne) avait publié pour la première fois des écrivains ouvriers, tels que Miyajima Sukeo et Miyaji (ou Miyachi, selon certains dictionnaires) Karoku entre 1912 et 1914. Miyajima Sukeo est resté actif dans le mouvement de la littérature prolétarienne impulsé par les diverses organisations citées dans le paragraphe précédent ; en janvier 1916, Kôfu (Le Mineur) de Miyajima Sukeo était interdit dès sa publication. Miyaji Karoku, qui continuait à publier après la deuxième guerre mondiale, semble s’être éloigné assez tôt du mouvement organisé de la littérature prolétarienne.

C’est toutefois dans la revue Bungei sensen que les auteurs prolétariens les plus connus au Japon ont aiguisé leurs premières armes. Donald Keene en cite trois qui lui paraissent emblématiques à cause de leurs origines sociales : Hayama Yoshiki (1894-1945), un ouvrier, Kuroshima Denji (1898-1943), un paysan, et Hayashi Fusao (1903-1975), un intellectuel (1).

- Le principal ouvrage de Hayama Yoshiki demeure Umi ni ikuru hitobito (Ceux qui vivent en mer, 1926), dans lequel référence est explicitement faite au Capital de Marx. Il décrit dans ce roman l’existence infernale d’un équipage d’un navire charbonnier et sa révolte réprimée par la police. Plusieurs de ses nouvelles ont paru dans Bungei sensen : Rôgoku no hannichi (Une demi-journée en prison, octobre 1924) et Inbaifu (La Prostituée) (2) entre autres. Hayama Yoshiki n’était pas sans quelque vernis universitaire ; il était entré à l’université de Waseda, mais s’en était éloigné au bout d’une année et avait alors occupé divers emplois, dont un sur un navire transportant du charbon de Hokkaidô à Yokohama, expérience qui forme la trame de Umi ni ikuru hitobito. En 1934, il quitte Tôkyô pour se lancer dans l’agriculture ; en 1943, il part pour la Mandchourie participer à l’entreprise colonisatrice du Japon dans cette région de Chine (3). De retour au Japon, il meurt peu après la fin de la guerre en 1945.

- Kuroshima Denji, bien que fréquemment rattaché à la « littérature paysanne » (nômin bungaku), appartient de fait à la littérature prolétarienne selon Donald Keene. Il est le moins célèbre des trois auteurs cités et est surtout connu au Japon pour ses ouvrages antimilitaristes. Né dans un petit village de l’île de Shôdo, une île qui a donné deux autres écrivains contemporains : un poète, Tsuboi Shigeji (1898-1975), et une romancière, Tsuboi Sakae (1900-1967) (4), mariée au précédent en 1925. Il monte à Tôkyô en 1919 où il travaille un temps dans le bâtiment, est éditeur d’une revue avicole et étudie le français. Il y retrouve par hasard Tsuboi Sigeji qui l’incite à s’inscrire à l’université Waseda où celui-ci étudie la littérature ; sa scolarité ne l’ayant pas préparé à passer l’examen d’entrée à l’université, c’est un étudiant d’une autre université qui se présente à sa place et réussit le concours en son nom. Kuroshima se préparait à devenir étudiant lorsqu’il est appelé à l’armée en décembre 1919 et envoyé en Sibérie en 1921. Le climat aggrave une tuberculose dont des signes étaient apparus avant son incorporation ; en mai 1922, il est rapatrié au Japon et part se reposer dans son village natal. C’est là qu’il commencera à rédiger des nouvelles dont les sujets sont la vie à la campagne et à l’armée. Revenu à Tôkyô en 1925, c’est encore Tsuboi qui l’aidera à publier ses premiers manuscrits. Ses écrits sur la Sibérie sont explicitement antimilitaristes, par exemple Sori (Le Traîneau, 1927), Uzumakeru karasu no mure (La Ronde d’une bande de corbeaux, 1918), ou bien Busôseru shigai (Les Rues en armes, 1930), ce dernier ouvrage interdit dès sa publication devra attendre 1970 pour être connu dans son intégralité (5). Il s’est expliqué sur l’antimilitarisme bourgeois opposé à l’antimilitarisme prolétarien dans un essai rédigé en 1929, Hansen bungaku ron (Essai sur la littérature contre la guerre) (6).

Kuroshima Denji n’était pas seul. A partir des années 1920, l’affaiblissement économique de l’armée japonaise sous la pression des Etats-Unis et des grandes puissances européennes ainsi que sa réaction à cette volonté d’affaiblissement qui se manifestèrent dans l’occupation de la Sibérie, plusieurs tentatives de coups d’Etat, et surtout dans la politique d’invasion de la Mandchourie dès 1931, ont porté le pacifisme et l’antimilitarisme à son point d’explosion. Plusieurs écrivains s’emparèrent du thème antimilitariste : par exemple, Nakanishi Inosuke (7), qui dénonce l’impérialisme japonais en Corée dans son roman Akatsuchi ni megumumono (Les Pousses de la terre rouge) ; ou bien Edogawa Ranpo, qui n’appartenait ni au courant de la littérature prolétarienne ni à la gauche de l’échiquier politique, dont la nouvelle Imomushi (La Chenille, 1929) est publiée par la revue Shin seinen (Nouvelle jeunesse) après qu’elle eut été refusée pour antimilitarisme par la revue socialisante Kaizô (Reconstruction) (8).

- Quant à Hayashi Fusao, de son véritable nom Gotô Toshio, il était entré à l’université impériale de Tôkyô en 1923 où il adhéra à la Shinjinkai (Société des hommes nouveaux). Il participe en 1925 à la rédaction de la revue Marukusushugi, collabore à Bungei sensen et est de toutes les aventures organisationnelles de la littérature prolétarienne. En 1936, il déclare renoncer à ses activités d’écrivain prolétarien, une déclaration souvent arrachée par la police en échange d’une libération de prison que l’on appelle tenkô (abjuration) en japonais, et évolue dès lors vers l’ultra-nationalisme. En 1963, il affirmait les mêmes opinions nationalistes dans Daito‚ sensô kôtei ron (Essai sur la justification de la guerre de la grande Asie orientale) (9), témoignant par-là qu’il s’agissait plus d’un changement sincère d’opinion que d’une abjuration de circonstance.

- A ces trois noms, il faudrait ajouter une longue liste d’autres romanciers prolétariens qui serait, me semble-t-il, fastidieuse. Je ne citerai ici que quelques-uns d’entre eux : Kobayashi Takiji, Nakano Shigeharu et Tokunaga Sunao ; ainsi que les romancières Hayashi Fumiko, Hirabayashi Taiko, Miyamoto Yuriko et Sata Ineko.

Selon Donald Keene, Umi ni ikuru hitobito de Hayami Yoshiki, dont nous avons parlé plus haut, et Kanikôsen (Le Bateau-usine de crabes) de Kobayashi Takiji (10) auraient été inspirés par un ouvrage paru en 1920, Santô senkyaku (Les Passagers de troisième classe) de Maedakô Hiroichirô (1888-1957), qui appartient à la génération des écrivains socialistes plutôt qu’à celle, stricto sensu, des écrivains prolétariens. Kobayashi a rédigé en 1931, deux ans avant sa mort, une autobiographie pour le Puroretaria bungakushû (Recueil de littérature prolétarienne) (11) (p. 33). Cette même année 1931, il est nommé secrétaire général de la Ligue des écrivains prolétariens du Japon (Puroretaria sakka dômei).

Après l’invasion de la Mandchourie par l’armée japonaise, toujours en 1931, la répression s’accroît et, en mars 1932, après une visite à Shiga Naoya (1883-1971) (12) et alors que débutaient les arrestations de membres de la Fédération des organisations culturelles prolétariennes du Japon (Nihon puroretaria bunka renmei), Kobayashi Takiji entre dans la clandestinité. En août, il prend la tête du regroupement des intellectuels du Parti communiste disséminés dans les organisations culturelles, et dénonce dans des écrits polémiques l’opportunisme des membres de la Ligue des écrivains prolétariens du Japon, en particulier Hayashi Fusao et Tokunaga Sunao. Le 18 février 1933, le public peut lire sa nouvelle Chikuno hitobito (Les Gens du quartier) publiée dans le numéro daté de mars de la revue Kaizô (Reconstruction), qui déclenche une réaction immédiate de la police secrète. L’écrivain est arrêté deux jours plus tard et meurt peu après sous la torture. Son dernier roman, rédigé à la première personne du singulier contrairement à ce qu’il disait rechercher en 1929 à son éditeur (13), Tôseikatsusha (Vie d’un militant du Parti), décrit la vie clandestine des membres du Parti communiste japonais, auquel il avait formellement adhéré en octobre 1931 après que le Parti eut refusé plusieurs fois sa candidature ; ce roman fut publié en mai 1933 avec de nombreux passages censurés sous le titre de Tenkanjidai (Le Tournant). Ce n’est qu’après-guerre, en 1945, qu’une édition complète put en être imprimée.

Nakano Shigeharu (1902-1979) provenait d’une famille de petits propriétaires fonciers cultivant leurs propres terres. En avril 1924, il entre à la Faculté des lettres de l’Université de Tôkyô et suit, dès lors, le chemin de nombre d’étudiants des prestigieuses universités de cette époque : dans le courant de l’été 1925, il adhère à la Société des hommes nouveaux (Shinjinkai), et collabore à la constitution du Cercle d’études sur les arts sociaux (Shakai bungei kenkyû) avec Hayashi Fusao ; de janvier à mars 1926, il participe activement à la grève de l’imprimerie Kyôdô dont Tokunaga Sunao relate les péripéties dans son roman Le Quartier sans soleil ; il est l’un des fondateurs du Groupe marxiste d’étude de l’art (Marukusushugi geijutsu kenkyûkai) (février 1926), lance avec Hori Tatsuo (1904-1953) la revue Roba (L’Ane) (14) (avril 1926), se rallie à la Fédération des arts prolétariens du Japon (Nihon puroretaria geijutsu renmei) après la dissolution du Groupe marxiste d’étude de l’art et le remaniement de la Fédération de littérature prolétarienne du Japon (Nihon puroretaria bungei renmei) en un groupement de militants marxistes (novembre 1926), critique l’influence du « fukumotoïsme » (15) dans la revue Bungei sensen (Front littéraire) (mars 1927) et crée la revue Puroretaria geijutsu (Art prolétarien) (avril).

Quand eurent lieu les élections générales de février 1928, les premières à se dérouler après la promulgation de la loi sur le suffrage universel de 1925, Nakano Shigeharu apporte son concours à la campagne d’Ôyama Ikuo (1880-1956) qui se présentait dans une circonscription de la préfecture de Kagawa sur la liste du Parti ouvrier et paysan (Rôdô nômintô). En avril 1928, il s’affilie à la NAPF au cours de son congrès constituant et on lui confie la rédaction de l’organe du mouvement, Senki (L’Etendard) ; en février 1929, il appartient au Comité directeur de la Ligue des écrivains prolétariens du Japon tout juste fondée ; il adhére dans le courant de l’été 1931 au Parti communiste, et en novembre devient membre du conseil à la direction de la KOPF. De mai 1932 à avril 1934, il est emprisonné et ne sera libéré qu’à la condition d’abjurer ses convictions politiques. Il écrit alors romans ou essais dénonçant le fascisme et le militarisme. En 1937, il est interdit de publication en même temps que Miyamoto Yuriko, dont je parlerai plus bas. En novembre 1945, il réintègre le Parti communiste et prend part à l’organisation de la Société littéraire du nouveau Japon (Shin Nihon bungakukai) ; candidat du Parti communiste aux premières élections législatives de l’après-guerre, en avril 1947, il est élu et siègera à la Diète jusqu’en mai 1950. Lors de la scission du Parti communiste en 1950, Nakano Shigeharu se rallie à la Fraction internationaliste (Kokusaiha), puis s’éloigne peu à peu de toute activité publique (16).

Tokunaga Sunao (1899-1958) est né près de la ville de Kumamoto. Après quelques années d’école primaire il entre, à douze ans, en apprentissage dans une imprimerie puis commence à s’intéresser aux idées socialistes vers sa vingtième année. Monté à Tôkyô, il entre comme linotypiste chez l’imprimeur Hakubunkan (Hakubunkan insatsujo) et adhère au Syndicat des employés de l’édition (Shuppan jûgyôin kumiai). De janvier à mars 1926, il participe activement à une grève à l’imprimerie Kyôdô (Kyôdô insatsu), nouveau nom de l’imprimerie Hakubunkan ; cette grève est un échec et Tokunaga Sunao y perd son emploi. Il en raconte l’histoire dans Taiyô no nai machi (17), roman qui parut par épisodes dans la revue Senki (L’Etendard), organe de la NAPF. Donald Keene affirme que Tokunaga Sunao a commencé à rédiger son roman après avoir lu la nouvelle de Kobayashi Takiji Senkyûhyakunijûhachinen sangatsu jûgonichi (Le 15 mars 1928), parue dans les numéros de novembre et décembre 1928 de la revue Senki et qu’au printemps 1929, il soumet son roman à Hayashi Fusao qui cherchait des écrivains d’origine prolétarienne. Ce dernier trouvant le roman mal écrit le retourne à l’auteur ; Tokunaga soutient alors que son style est fait pour être lu par des ouvriers et non des intellectuels mais accepte de réécrire un nouveau manuscrit selon les recommandations de Hayashi. Des traductions de Taiyô no nai machi ont été faites en plusieurs langues, très rapidement après sa parution au Japon ; le roman se serait si bien vendu que Tokunaga fut le premier écrivain prolétarien à pouvoir se faire construire une maison grâce à ses droits d’auteur (18).

En mars 1932, Tokunaga appelle dans un article de presse à la création d’une littérature populaire agréable à lire pour les prolétaires, profession de foi durement condamnée par Kobayashi Takiji qui accuse son auteur d’« opportunisme de droite » (19). Tokunaga Sunao milite ensuite dans la Ligue des écrivains prolétariens du Japon puis s’en retire en 1933, arguant que cette organisation accordait trop de poids à la politique aux dépens de la littérature. En collaboration avec Watanabe Junzô, il lance, au mois de mars 1934, la revue Bungaku hyôron (Critique littéraire). Souhaitant réinstaller le mouvement littéraire contestataire sur des bases solides, Tokunaga Sunao publie plusieurs romans qui se veulent le plus proche possible de la vie du peuple. Au mois d’octobre 1937, sous la pression de la police, il renonce publiquement à la diffusion de Taiyô no nai machi.

En 1945, juste après la fin de la guerre, Tokunaga Sunao prend part à la création de la Société littéraire du nouveau Japon (Shin Nihon bungakukai), lointain successeur des organisations de littérature prolétarienne d’avant-guerre, aux côtés de Nakano Shigeharu et Miyamoto Yuriko, entre autres. Il adhère au Parti communiste japonais en janvier 1946 et fait publiquement, au mois de février, l’autocritique de son reniement d’octobre 1937. Shiota Shôbei cite plusieurs de ses ouvrages écrits après guerre : Tsuma yo nemure (Dors, ma femme) écrit de 1946 à 1948, dans lequel l’auteur évoque son épouse Satô Toshiko, décédée six mois avant la fin de la guerre ; Shizuka naru yamayama (Les Montagnes tranquilles), écrit de 1949 à 1954, qui a pour sujet une grève dans les usines Tôshiba et Kawasaki ; Nihonjin Satô (Le Japonais Satô), dont le héros est Satô Michio (1900-1922), qui avait rejoint les partisans soviétiques pour lutter contre les généraux blancs (20).

Le recueil Puroretaria bungakushû que j’ai cité plus haut ne rassemble que des textes d’hommes : Hayashi Fusao, Kobayashi Takiji, Takeda Rintarô (1904-1946), Fujisawa Takeo (1904-1989), Murayama Tomoyoshi (1901-1977), Nakano Shigeharu, Kishi Yamaji, Tokunaga Sunao et Ochiai Saburô (1898-1986). Pourtant, ainsi que le soulignait Georges Bénichou dans sa note de lecture de Taiyô no nai machi, paru dans le n° 8 de Masses en 1933, Tokunaga Sunao rendait hommage à « ces femmes grévistes et (...) la place prépondérante qu’elles ont su prendre dans la lutte de classes ». Presque toutes les luttes ouvrières dans l’entre-deux-guerres témoignent du rôle important des femmes, même lorsqu’elles en étaient réduites à assurer l’intendance, à rebours des représentations habituelles de la Japonaise soumise.

- Intellectuelles ou issues des classes ouvrières ou paysannes, il y eut des femmes dans le mouvement japonais de la littérature prolétarienne, quoique ce ne soit qu’après-guerre que leurs noms seront connus du public. Je veux présenter ici quatre d’entre elles : Hayashi Fumiko, Hirabayashi Taiko, Miyamoto Yuriko et Sata Ineko.

Hayashi Fumiko (1903-1951) aurait vu le jour, selon l’état-civil, le 31 décembre 1903 à Shimonoseki. Mais peut-être était-ce à une autre date, ou ailleurs, ses parents, des marchands ambulants qui parcouraient les mines de charbon du nord du Kyûshû, ne se souciant guère de ces détails (21). Dans un de ses ouvrages, Hôrôki (Jours d’errance), paru en feuilleton à partir de 1928 dans la revue Nyonin geijutsu (Les Femmes et les arts) qu’une romancière féministe, Hasegawa Shigure (1879-1941), venait de lancer, puis en volume en 1930 par la maison d’édition Kaizôsha, Hayashi Fumiko inventait un style personnel fait de pièces rajoutées : passages de son journal intime, poèmes, etc. Elle relate dans cet ouvrage sa montée à la capitale, son travail comme servante dans des cafés de seconde zone, ses nuits passées dans les toilettes publiques ou des maisons inoccupées quand elle manquait d’argent. C’est après avoir lu La Faim du Norvégien Knut Hamsun (1859-1952) (22) qu’elle s’était décidé à rédiger ce roman, selon ses dires (23).

On peut la rapprocher de la Néerlandaise Neel Doff (1858-1942), qui écrivait en français (24) : deux romancières confrontées à l’errance qui ne comptent que sur elles-mêmes. Leurs réticences par rapport à la politique de parti et leur individualisme, ainsi qu’un style d’écriture impertinent, semblent leur avoir valu à l’une comme à l’autre des difficultés aussi bien du côté de l’élite bourgeoise que prolétarienne. Bien que n’étant pas intégrée dans un parti politique, Hayashi Fumiko est arrêtée par la police en juillet 1933 pour s’être abonnée à un périodique communiste. Elle se décrivait parfois comme anarchiste de tendance kropotkinienne, apparemment pour exprimer dans une formule à l’emporte-pièce qu’elle ne voulait aucune interférence idéologique dans sa vie privée.

Les ventes de Hôrôki lui permirent de se payer un billet pour Paris en transsibérien, et elle resta en Europe de novembre 1931 à mai 1932 ; son roman sera interdit de réédition pendant toute la durée de la guerre. Après la déclaration de guerre ouverte du Japon avec la Chine en 1937, elle se rend à Nanjing (Nankin), comme correspondante du Mainichi shinbun, et assiste au saccage de cette ville par l’armée japonaise, puis voyage dans plusieurs pays du Sud-Est asiatique. Elle rentre au Japon en 1943 (25). Après-guerre, elle rédige plusieurs nouvelles et romans fondés, pour la plupart, sur ses expériences journalistiques (26).

Hirabayashi Taiko (1905-1972) est née dans la préfecture de Nagano dans une famille de paysans propriétaires de leurs terres, de tradition confucéenne. Adolescente, elle commence à s’intéresser aux doctrines socialistes et, en 1922, à peine achevées ses études de lycée, elle part à Tôkyô où elle rencontre un groupe d’anarchistes regroupés autour d’Iwasa Sakutarô et de Sakai Toshihiko. En 1923, lors du Grand tremblement de terre du Kantô, elle est placée en détention préventive. Elle a participé au mouvement dada au Japon par des publications dans la revue GE.GIMGICAM.PRRR.GIMGEM qui parut en 1924-1925 (27), mais semble s’en être éloignée à cause de l’attitude des anarchistes et artistes d’avant-garde de ce cercle, aspirant à être un jour reconnus comme des génies. En 1924, elle voyage en Chine et en Corée et en 1925, publie des romans policiers, des contes pour enfants et des articles de toutes sortes dans plusieurs revues ; en septembre 1927, elle publiera Seryôshitsu nite (Dans une salle d’hospice) qui raconte son errance en Mandchourie durant cette époque. Elle adhère à la Fédération des arts prolétariens du Japon (Nihon puroretaria geijutsu renmei, en abrégé Purogei) à la fin 1926, après avoir épousé le romancier et critique prolétarien Kobori Jinji (1901-1959) ; puis, en juin 1927,à la suite d’une scission de la Purogei, à la Fédération des artistes ouvriers et paysans (Rônô geijutsuka renmei) où elle est restée jusqu’en juin 1930. Elle quitte alors cette dernière pour entrer à la NAPF. En 1937, elle est arrêtée, puis libérée en août 1938 ; malade, elle ne publiera aucun texte jusqu’à la fin de la guerre du Pacifique.

Après guerre, « elle commença à écrire sur les yakuza (...) Elle semble avoir été attirée par les yakuza parce qu’ils vivaient de fait dans les plus basses couches de la société japonaise, contrairement aux communistes. Chitei no uta (Chant des profondeurs de la Terre, 1948) est fondé sur ce qu’elle a entendu à propos des yakuza (...) » (28). En 1949, elle publie un article dans la revue Shinchô (Cours nouveau) attaquant le Parti communiste. En décembre 1950, elle adhère à la Société littéraire du nouveau Japon (Shin Nihon bungakukai), mais elle ne s’accorde pas avec les anciens membres de la NAPF, sous influence du Parti communiste, et milite dans le mouvement socialiste féministe tout en consacrant la majeure partie de son temps à ses activités littéraires. A l’époque de la guerre de Corée (1950-1953), elle se rapproche des groupes anticommunistes Et à la fin de sa vie, elle rédige une biographie de son ennemie intime, Miyamoto Yuriko ; le livre, intitulé Miyamoto Yuriko, paraît en 1972 peu après sa mort (29).

Miyamoto Yuriko (1899-1951) est née à Chûjô Yuriko à Tôkyô. Son père, architecte, travaillait au ministère de l’Education et sa mère était la fille aînée de Nishimura Shigeki (1828-1902), un penseur de l’ère Meiji. En 1916, elle entre à l’Université de jeunes filles du Japon (Nihon joshi daigaku) et publie en septembre de la même année son premier roman, Mazushiki hitobito no mure (La Foule des pauvres gens), dans la revue Chûô kôron (Forum). En 1918, elle se rend aux Etats-Unis avec son père. En 1922, elle adhère à l’Association des femmes pour secourir les victimes de la famine en Russie (Roshia kikin kyûsai fujinkai), créée par Yamakawa Kikue (1890-1980) et évolue progressivement vers le marxisme. En 1924, elle fait la connaissance de Yuasa Yoshiko (1896-1982), étudiante en littérature russe, et en décembre 1927 elles partent ensemble en Union soviétique, où elle vécut jusqu’en novembre 1930.

A son retour au Japon, elle entre à la Ligue des écrivains prolétariens du Japon (Nihon puroretaria sakka dômei), fondée en 1929 au sein de la NAPF ; puis devient rédactrice en chef de Hataraku fujin (Les Travaillleuses), revue de la KOPF. A l’automne 1931, elle prend sa carte au Parti communiste japonais, et en février 1932 épouse Miyamoto Kenji. Elle signe pour la première fois ses écrits du nom de Miyamoto Yuriko en octobre 1937. Après guerre, elle participe à la fondation du Club des femmes démocratiques (Fujin minsei kurabu) et de la Société littéraire du nouveau Japon (Shin Nihon bungakukai) à la direction de laquelle elle est élue lors du congrès constitutif en décembre 1945. Elle devient membre suppléante au Comité central du Parti communiste, trois mois plus tard, lors du Ve Congrès malgré les critiques de son époux, membre influent du Parti, parce que pendant la guerre elle avait participé à l’Association patriotique de littérature japonaise (Bungaku hôkokukai).

Sata Ineko (1904-1998) (30) est née à Nagasaki dans une famille de samurai liée au clan des Nabeshima, sans jouir des avantages de sa naissance : sa mère meurt lorsqu’elle n’a que sept ans et la prodigalité de son père oblige la famille à monter à Tôkyô. Elle publie ses premiers textes à la fin des années 1920 : des poèmes, dans la revue Roba (L’Âne), et de brefs récits témoignant de la condition ouvrière, dont Kyarameru kôba kara (D’une fabrique de caramels), dans la revue Puroretaria geijutsu en 1928, ouvrage dans lequel elle décrit son expérience dans une usine de caramels où elle avait travaillé à Tôkyô à partir de l’âge de treize ans pour venir en aide à sa famille. Avant guerre, elle tente de préserver ses enfants ; dans Kurenai (Ecarlate), publié en revue en 1936 et en volume en 1938, elle décrit cette période et ses doutes. A partir du début des années 1930, elle participe à l’effort de guerre japonais en se rendant plusieurs fois en Mandchourie en tant que journaliste, ainsi qu’en Malaisie et à Sumatra, et se joint à des « missions d’information » sur divers théâtres d’opérations. En avril 1932, elle remplace Miyamoto Yuriko, qui vient d’être arrêtée, à la tête de la revue Hataraku fujin (Les Travailleuses), et adhère au Parti communiste peu après. Elle est exclue du Parti en 1951, puis réintégrée sans conditions en 1955 et de nouveau écartée en 1964.

J.-P. V.

(à suivre)


La situation de la classe laborieuse au Japon dans Echanges :
- I. Introduction. La bureaucratie. Les employeurs. Les travailleurs n° 107, hiver 2003-2004, p. 37.
- II. La guerre sino-japonaise (1894-1895). L’entre-deux guerres (1896-1904). La guerre russo-japonaise (1904-1905). Lutte de clans au sein du gouvernement n° 108, printemps 2004, p. 35.
- III. Avant 1914 : La composition de la classe ouvrière. La discipline du travail et l’enseignement. Industrialisation et classe ouvrière . Les luttes ouvrières. Les syndicats n° 109, été 2004, p. 25.
- IV. Les origines du socialisme japonais : Le socialisme sans prolétariat. Ses origines intellectuelles japonaises, le bushidó. Ses origines intellectuelles étrangères. Marxisme contre anarchisme n° 110, automne 2004, p. 25.
- IV bis. Chronologie juillet 1853-août 1914 n° 112, printemps 2005, p. 18.
- V. Bouleversements économiques et sociaux pendant la Grande Guerre. Un ennemi : l’Allemagne. Le commerce. L’industrie. La classe ouvrière. Les Coréens au Japon n° 114, automne 2005, p. 32.
- VI. Les grèves pendant la première guerre mondiale. Les conflits du travail de 1914 à 1916. Un tournant : 1917-1918. Les émeutes du riz . n° 115, hiver 2005-2006, p. 41
- VII. La dépression de 1920-1923. Le grand tremblement de terre du Kantô. La crise bancaire de 1927. La crise de 1929 n° 117, été 2006, p. 39.
- VIII. Entre première et deuxième guerres mondiales. Le taylorisme. Les zaibatsu. La lutte des classes. Les Coréens n° 119, hiver 2006-2007, p. 24.
- IX. Les origines réformistes du syndicalisme ouvrier. Parlementarisme et syndicalisme. Les conflits entre syndicats prennent le pas sur la lutte de classes. La guerre contre la classe ouvrière n° 121, été 2007, p. 21.
- X. Les travailleurs des campagnes. Les Coréens. Les burakumin. Patronat et fonctionnaires. Les yakuza n°124, printemps 2008, p. 23.]
- XI. Les partis de gouvernement. Les socialistes. Les anarchistes. Le bolchevisme.. - Osugi Sakae. - Kawakami Hajime. - Katayama Sen.
- XII, 1. Qu’est-ce que la littérature prolétarienne ? Les écrivains prolétariens japonais. Les Semeurs. Revues et organisations.
- XII, 2. Le roman prolétarien. – « Chronologie », de Kobayashi Takiji (1903-1933).
- XII, 3. Le théâtre. La poésie.


NOTES

(1) Donald Keene, Dawn to the West. A History of Japanese Literature (Ouverture à l’Ouest. Une histoire de la littérature japonaise), vol. 3, Japanese Literature of the Modern Era. Fiction (Littérature japonaise de l’époque moderne : Le Roman), Columbia University Press, 1998 (1re édition : 1984), p. 599.

(2) Traduction française dans le recueil de nouvelles Les Noix, la mouche et le citron, éd. Philippe Picquier, 1986. Une autre nouvelle de Hayama Yoshiki, Sementodaru no naka no tegami (La Lettre dans un baril de ciment), a été traduite en français dans Anthologie de nouvelles japonaises contemporaines, t. II, éd. Gallimard, 1989.

(3) Une démarche que beaucoup de militants de gauche ont suivie, illustrée dans le roman de Takami Jun, Iya na kanji, 1960 (traduction française : Haut le cœur, Le Calligraphe/Unesco, 1985).

(4) Tsuboi Sakae n’appartient pas directement à la littérature prolétarienne et a surtout écrit des livres pour enfants. Tous ses ouvrages, même ceux pour adultes, sont empreints de sa province natale et de son expérience personnelle. Selon Donald Keene, Dawn to the West, op. cit., Tsuboi Sakae a vivement critiqué l’attitude féodale de Tokunaga Sunao, en dépit de ses idées avancées, dans le traitement de sa sœur devenue la seconde épouse de celui-ci (note 38, p. 625/626). Bien qu’épouse du poète communiste Tsuboi Shigeji, elle n’a jamais adhéré au Parti et est demeurée en marge des mouvements radicaux tant anarchistes que marxistes.

(5) En 1945, les autorités américaines ont aussi refusé sa publication.

(6) Donald Keene, Dawn to the West, op. cit., p. 605 ; et la biographie de Tsuboi Shigeji écrite par lui-même dans Uzumakeru karasu no mure, éd.Iwanami bunko, 1980, p. 93-104 (1re édition : 1953).

(7) Nakanishi Inosuke (1893-1958) a quitté sa famille vers l’âge de quinze-seize ans et occupé diverses professions : mécanicien, assistant dans une poudrière, etc. Après son service militaire, il part en Corée comme journaliste, où il est emprisonné pour avoir dénoncé l’exploitation de mineurs par le zaibatsu Fujita. Relâché, il se fait embaucher dans la Compagnie des chemins de fer de Mandchourie du Sud, mais rentre rapidement à Tôkyô. Il collabore alors à un journal de cheminots, le Tetsudô jihô (Le Quotidien du rail), et participe activement au mouvement syndical. Il publie le roman Akatsuchi ni megumumono, en 1922, un an avant d’entrer à la revue Tanemakuhito. (G. T. Shea, Leftwing Literature in Japan, op. cit., p. 98-99.)

(8) Edogawa Ranpo (1894-1965), de son véritable nom Hirai Tarô, est considéré comme l’inventeur du roman policier japonais. Son nom de plume est dérivé de la prononciation japonaise d’Edgar Allan Poe, « edog‚ aran pô », et signifie « flânerie au bord du fleuve Edo ». Il a débuté sa longue carrière d’écrivain après le tremblement de terre de 1923, sans jamais manifester une quelconque attirance pour le mouvement socialiste, quoique ses romans mettent souvent en scène des gens du peuple. Imomushi est traduit en français dans le recueil d’Edogawa Ranpo, La Chambre rouge, éd. Philippe Picquier, 1990 ; plusieurs ouvrages de cet auteur ont paru à ces mêmes éditions. La revue Shin seinen avait été créée en 1920 et était éditée par Hakubunkan. Cette revue publiait principalement des romans policiers, en traduction ou d’auteurs japonais.

(9) Shiota Shôbei (sous la direction de), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier international II, Japon, Les Editions ouvrières, 1978.

(10) Donald Keene, Dawn to the West, op. cit., p. 597. Dans la note 15 du quatrième chapitre (Echanges n° 115, p. 45), j’écrivais qu’il n’y avait, à cette époque, pas de traduction française de Kanikôsen ; il y en a maintenant une sous le titre Le Bateau-usine, éd. Yago, 2009.

(11) Puroretaria bungakushû (Recueil de littérature prolétarienne), vol. 62 des Gendai Nihon bungaku zenshû (Œuvres complètes de littérature japonaise contemporaine), éditons Kaizôsha, 1931, recueil de textes de neuf auteurs préfacé par Eguchi Kan (1887-1975) et Kishi Yamaji (1899-1973), p. 176.

(12) Shiga Naoya, un des fondateurs du groupe Shirakaba (Echanges n° 110, note 15, p. 36), était un nouvelliste partisan du « récit à la première personne » (watakushi shôsetsu) qui, pour cela, pourfendait les écrivains prolétariens. Ce qui n’empêcha pas Kobayashi Takiji, lui-même critiqué durement par Shiga, d’entretenir d’étroites relations avec lui. Marc Mécréant a traduit en français plusieurs nouvelles de Shiga Naoya sous le titre général de Le Samourai aux éditions Marabout en 1970.

(13) Il écrivait en 1929 au futur éditeur de Kanikôsen : « Il n’y a pas de héros dans cet ouvrage, pas de caractères dominants ni de personnalités comme on en trouve dans les livres traitant de vies individuelles. Le héros collectif est un groupe de travailleurs. Je crois, sur ce point, avoir fait quelques progrès depuis “Le 15 mars 1928”. (...) Je crois que traiter des groupes est la ligne selon laquelle la littérature prolétarienne doit se développer dans le futur. (...) Les descriptions détaillées du caractère et de la psychologie vont être graduellement éliminées de la littérature prolétarienne. (...) Les forces armées impériales, les zaibatsu, les relations internationales, les travailleurs, ces quatre éléments doivent être vus ensemble dans leurs véritables relations. » (lettre donnée en anglais par Frank Motofuji dans l’introduction à sa traduction de Kanikôsen et de Fuzai jinushi : “The Factory Ship” and “The Absentee Landlord” de Kobayashi Takiji, University of Tokyo Press, 1973, p. XVII-XIX).

(14) Roba s’arrêta en 1928 sur son douzième numéro. Hori Tatsuo y fit paraître de nombreuses traductions de poètes et romanciers modernes français dont Guillaume Apollinaire, Jean Cocteau, André Salmon, Max Jacob et Francis Carco selon Donald Keene, Dawn to the West, op. cit., p. 689.

(15) Sur le fukumotoïsme, se reporter à Echanges n° 128, note 29, p. 57.

(16) Cette note a été rédigée principalement grâce aux renseignements fournis dans Shiota Shôbei, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier international II, Japon, Les Editions ouvrières, 1978. Une nouvelle de Nakano Shigeharu, Gungaku, a été traduite en français sous le titre « Musique militaire » dans Anthologie de nouvelles japonaises contemporaines, tome I, éd. Gallimard, 1986.

(17) Traduction française : N. Tokounaga, Le Quartier sans soleil, éd. Sociales internationales, 1933 ; dans une « Bibliographie sommaire en langues occidentales de Kobayashi Takiji et la littérature prolétarienne japonaise », distribuée à l’occasion de la table ronde organisée le 30 janvier 2010 à la Maison du Japon à Paris, pour le premier jour de la projection du film de Yamamura Sô tiré de Kanikôsen en 1953, Jean-Jacques Tschudin signale une première traduction en français de Taiyô no nai machi aux éditions Rieder en 1929. On peut trouver un compte rendu de Le Quartier sans soleil, éd. Sociales internationales, dans le n° 8 (juillet-août 1933), p. 19-20, de la revue Masses animée par René Lefeuvre (1902-1988), fondateur des éditions Spartacus.

(18) Donald Keene, Dawn to the West. op. cit., p. 612-613.

(19) Ibid., p. 615.

(20) Shiota Shôbei, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier international II, Japon, op. cit.

(21) Jean-Jacques Origas, Dictionnaire de littérature japonaise, Presses Universitaires de France, coll « Quadrige », 2000 (1re édition : 1994).

(22) Roman paru en norvégien en 1890, très tôt traduit en français. Certains en France, comme Octave Mirbeau (1848-1917), avaient cru y voir l’amorce d’une critique sociale. La Faim est toujours disponible aux éditions Presses Universitaires de France. Knut Hamsun a obtenu le prix Nobel de littérature en 1920 et fut pro-nazi pendant la deuxième guerre mondiale.

(23) Donald Keene, Dawn to the West, op. cit., p. 139.

(24) Neel Doff, Une fourmi ouvrière, Au Sans pareil, 1935 ; ainsi que Jours de famine et de détresse (1911), Keetje (1919) et Keetje trottin (1921) regroupés sous le titre Jours de famine et de détresse, éd. Jean-Jacques Pauvert, 1974.

(25) Donald Keene, Dawn to the West, op. cit., p. 1141-1142.

(26) Deux nouvelles de Hayashi Fumiko ont été traduites en français : « Chrysanthème tardif » (Bangiku, 1948), dans Anthologie de nouvelles japonaises contemporaines, tome I, éd. Gallimard, 1986, et « La Ville » dans Les Ailes, la Grenade, les Cheveux blancs, éd. Philippe Picquier, 1986.

(27) Dates selon Donald Keene, Dawn to the West, op. cit, p. 1160, qui est le seul parmi les sources que j’ai consultées, à citer cette participation de Hirabayashi Taiko au mouvement dada au Japon ; Vera Linhartová, Dada et surréalisme au Japon, Publications orientalistes de France, 1987, qui ignore Hirabayashi Taiko, donne pour dates de parution de GE.GIMGICAM.PRRR.GIMGEM juin-décembre 1924 (4 numéros).

(28) Donald Keene, Dawn to the West, op. cit, p. 1181-1162.

(29) Shiota Shôbei, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier international II, Japon, op. cit. ; Keene, Donald, Dawn to the West, op. cit, p. 1159-1162 ; et Jean-Jacques Origas, Dictionnaire de littérature japonaise, op. cit. Il ne semble y avoir jusqu’à maintenant qu’une seule nouvelle de Hirabayshi Taiko traduite en français : « Les Soldats chinois aveugles » (Mekura Chûgoku hei) dans Les Ailes, la Grenade, les Cheveux blancs, Philippe Picquier, 1986.

(30) Aucune note n’est consacrée à Sata Ineko dans Shiota Shôbei, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier international II, Japon, Les Editions ouvrières, 1978. Aux ouvrages précédemment cités de Jean-Jacques Origas, Dictionnaire de littérature japonaise, Presses Universitaires de France/Quadrige, 2000 et de Donald Keene, Dawn to the West. A History of Japanese Literature. Japanese Literature of the Modern Era. Fiction [Ouverture à l’Ouest. Littérature japonaise de l’époque moderne : Le Roman], vol. 3 de A History of Japanese Literature [Histoire de la littérature japonaise], Columbia University Press, 1998, j’ai pour cette notice aussi utilisé Cecil H. Uyehara, Leftwing Social Movements in Japan. An Annotated Bibliography (Les Mouvements sociaux de gauche au Japon. Bibliographie annotée), The Charles E. Tuttle Company, 1959, p. 31.

La situation de la classe laborieuse au Japon dans Echanges :
- I. Introduction. La bureaucratie. Les employeurs. Les travailleurs n° 107, hiver 2003-2004, p. 37.
- II. La guerre sino-japonaise (1894-1895). L’entre-deux guerres (1896-1904). La guerre russo-japonaise (1904-1905). Lutte de clans au sein du gouvernement n° 108, printemps 2004, p. 35.
- III. Avant 1914 : La composition de la classe ouvrière. La discipline du travail et l’enseignement. Industrialisation et classe ouvrière . Les luttes ouvrières. Les syndicats n° 109, été 2004, p. 25.
- IV. Les origines du socialisme japonais : Le socialisme sans prolétariat. Ses origines intellectuelles japonaises, le bushidó. Ses origines intellectuelles étrangères. Marxisme contre anarchisme n° 110, automne 2004, p. 25.
- IV bis. Chronologie juillet 1853-août 1914 n° 112, printemps 2005, p. 18.
- V. Bouleversements économiques et sociaux pendant la Grande Guerre. Un ennemi : l’Allemagne. Le commerce. L’industrie. La classe ouvrière. Les Coréens au Japon n° 114, automne 2005, p. 32.
- VI. Les grèves pendant la première guerre mondiale. Les conflits du travail de 1914 à 1916. Un tournant : 1917-1918. Les émeutes du riz . n° 115, hiver 2005-2006, p. 41
- VII. La dépression de 1920-1923. Le grand tremblement de terre du Kantô. La crise bancaire de 1927. La crise de 1929 n° 117, été 2006, p. 39.
- VIII. Entre première et deuxième guerres mondiales. Le taylorisme. Les zaibatsu. La lutte des classes. Les Coréens n° 119, hiver 2006-2007, p. 24.
- IX. Les origines réformistes du syndicalisme ouvrier. Parlementarisme et syndicalisme. Les conflits entre syndicats prennent le pas sur la lutte de classes. La guerre contre la classe ouvrière n° 121, été 2007, p. 21.
- X. Les travailleurs des campagnes. Les Coréens. Les burakumin. Patronat et fonctionnaires. Les yakuza n°124, printemps 2008, p. 23.]
- XI. Les partis de gouvernement. Les socialistes. Les anarchistes. Le bolchevisme.. - Osugi Sakae. - Kawakami Hajime. - Katayama Sen.
- XII, 1. Qu’est-ce que la littérature prolétarienne ? Les écrivains prolétariens japonais. Les Semeurs. Revues et organisations.
- XII, 2. Le roman prolétarien.
- XII, 3. La situation des classes laborieuses au Japon, 12 (3).


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