Entre la première et la seconde guerre mondiale la classe ouvrière japonaise, qui n’avait pas encore perdu la nostalgie d’un monde antérieur et qui n’était pas encore absolument assujettie aux formes de pensée capitaliste, s’est vivement opposée au capital. Ce fut aussi l’époque où on vit apparaître moga (contraction de modan gâru pour l’anglais modern girl) et mobo (contraction de modan bôi pour l’anglais modern boy), filles habillées en jupes et portant les cheveux coupés à la garçonne et garçons arborant les vêtements occidentaux les plus extravagants. Une partie de cette jeunesse contestataire s’empara du mouvement dada, du surréalisme, du marxisme, de tout ce qui lui paraissait répondre en littérature à sa volonté de se faire une place en société.
Cette effervescence n’épargna pas les milieux ouvriers. Depuis que le capitalisme a jeté des masses de travailleurs dans ses usines, l’ouvrier est généralement méprisé par les classes plus favorisées, par les militants politiques et syndicaux et, au sein même de la classe ouvrière, les moins qualifiés font souvent l’objet des quolibets de leurs supérieurs. L’ouvrier est fréquemment considéré comme une brute analphabète aux intérêts limités à ses besoins vitaux.
Pourtant, dans les années 1920 et 1930, plusieurs pays ont vu émerger une littérature prolétarienne qui, lorsqu’on sait la lire, peut nous apprendre beaucoup sur le prolétariat.
Qu’est-ce que la littérature prolétarienne ?
Les écrivains prolétariens ne forment pas une école, mais un courant littéraire hétérogène dont la vivacité fut de courte durée, né au lendemain de la première guerre mondiale et disparu avant l’éclatement de la seconde. Les contemporains de cette période ont cherché à rassembler sous un même concept des personnalités et des pensées différentes, sinon divergentes, à donner une cohérence doctrinale apparente là où il n’en existait aucune, chaque écrivain étant seul et, en fonction de chacun, plus ou moins soumis aux compromis et aux belles espérances.
En France, la littérature prolétarienne fut illustrée par Henri Barbusse (1873-1935) dans sa revue Monde, et par Henry Poulaille (1896-1980) (1). Le premier en défendait une conception politique et le second, une conception sociale : pour Barbusse, les écrivains prolétariens devaient parler du prolétariat combattant, peu importait leurs origines de classe ; pour Poulaille, ils devaient provenir du prolétariat lui-même s’ils ne voulaient pas proférer d’absurdités, et il opposait la littérature prolétarienne à la littérature populiste (2) ou de propagande dans son essai Le Nouvel âge littéraire (1930) ou la revue Nouvel Age (1931), par exemple.
Dans le droit fil de la Deuxième Conférence internationale des écrivains révolutionnaires, tenue à Kharkhov en novembre 1930, les autorités de Moscou définirent une littérature prolétarienne appelée à se soumettre aux Partis communistes nationaux. « Une lettre des écrivains communistes allemands », signée de Johannes Robert Becher (1891-1958) futur ministre de la Culture de la République démocratique allemande après guerre, confirmait cette prise de position dans le n° 3 (mai 1932) du Bulletin des écrivains prolétariens. Organe du groupe des écrivains prolétariens de langue française (3).
Hormis cette tentative de mise au pas, les écrivains prolétariens n’ont, à ma connaissance, en Europe, produit ni programme ni manifeste. « Notre position » parue p. 1 et 2 du premier numéro du Bulletin des écrivains prolétariens « n’est pas un manifeste » souligne le Groupe des écrivains prolétariens de langue française en page 2 du même Bulletin : elle fait tout simplement allégeance à un marxisme passablement confus qui amènera le Groupe des écrivains prolétariens de langue française, tout comme André Breton et certains surréalistes (4), à s’acoquiner avec Trotsky. Marcel Martinet (1887-1944), compagnon de Poulaille, parlait, lui, de culture prolétarienne depuis 1918 (5) : « Ce terme, culture, que je vais être contraint de répéter tant de fois, est bien déplaisant. Il est abstrait, obscur, prétentieux, et il a un arrière-goût assez prononcé de conformisme, de suffisance et de trahison. Il provoque les sarcasmes exaspérés d’excellents camarades, qui déclarent ne connaître d’autre culture que celle des petits pois et des laitues. Et je suis fortement tenté de partager leur répulsion. Mais que faire ? La question est de savoir si ce mot désagréable recouvre tout de même une réalité, si la classe ouvrière peut renoncer à l’intelligence et à la possession de cette réalité sans s’abandonner elle-même. » (6).
Les écrivains prolétariens japonais
Au Japon, la littérature prolétarienne n’a pas connu ces oppositions entre partisans d’une culture prolétarienne et ceux d’une littérature de propagande. Dans sa période de floraison, fixée par une majorité d’historiens de février 1921, date de la parution du premier numéro de la revue Tanemakuhito (Les Semeurs), à février 1933, date de l’assassinat de Kobayashi Takiji (1903-1933), elle fut purement une littérature de propagande. Plus que littérature ouvrière, la littérature prolétarienne au Japon est une littérature de citoyens, ce que l’on appellerait de nos jours une contre-culture, subordonnée aux ligues culturelles mises en place par les léninistes au cours des années 1920.
Ses antécédents ne le laissaient pas entièrement présager. La revue Kindai shisô (La Pensée moderne), 23 numéros parus entre le 1er octobre 1912 et le 1er septembre 1914, animée par Ôsugi Sakae et Arahata Kanson, avait publié pour la première fois des écrivains ouvriers, tels que Miyajima Sukeo (1886-1951) (7) et Miyaji Karoku (1884-1958). L’album Puroretaria bungaku (Littérature prolétarienne) (8) mentionne aussi pour l’année 1919 la parution d’une revue intitulée Rôdô bungaku (Littérature ouvrière).
Ôsugi Sakae demeurait lucide : « J’ai reçu récemment la visite d’un camarade qui, depuis quelque temps, n’a plus que les mots “conscience de classe” ou encore “littérature ouvrière” à la bouche. “Mais ça ne va pas mon vieux ! Tu auras beau répéter ces choses-là sur tous les tons, tant que tu continueras à mener cette vie d’homme de lettres, cette existence indolente qui est la tienne, il n’y a aucune chance, et ce même si tu vis dans la pauvreté, que tu arrives à cette conscience de classe qui te permettrait de dire : « Moi, je suis un travailleur », ni que de ta plume sorte quelque chose que l’on puisse appeler littérature ouvrière !” » (9).
D’autres militants anarcho-syndicalistes, par exemple Hirasawa Keishichi (1885-1923), prenaient les usines pour thèmes de leurs pièces de théâtre (10), rédigeaient des pièces à partir de l’expérience vécue de travailleurs anonymes et de militants, et demandaient à des ouvriers de jouer leurs propres rôles. Mais la répression étatique et le prestige de la révolution russe de 1917 mirent brutalement fin à ce bref épisode. Les assassinats par l’armée, en septembre 1923, d’Ôsugi Sakae, de Hirasawa Keishichi et d’autres anarcho-syndicalistes actifs dans le mouvement littéraire ouvrier naissant, laissaient la voie ouverte à un type de littérature soumise aux diktats de Moscou et du Parti communiste japonais clandestin (11).
Les Semeurs
La première série de la revue Tanemakuhito (Les Semeurs), dirigée par Komaki Ômi, Kaneko Yôichi et Imano Kenzô, commence à paraître en février 1921 et comptera trois numéros jusqu’en avril ; la deuxième série paraîtra entre octobre 1921 et octobre 1923, jusqu’au n° 21 (12).
C’est Komaki Ômi (de son véritable nom Ômiya Komaki, 1894-1978) qui fonda cette revue à Tsuchisaki, une petite ville de la préfecture d’Akita en février 1921 avec l’aide d’amis d’enfance et d’affiliés du clan Ômiya : Ômiya Tomoji, un oncle par alliance, Ômiya Shinsaku, le frère cadet de Tomoji, Hatakeyama Matsujirô, son beau-frère, et Kaneko Yôbun, Imano Kenzô, Yasuda Yôzô et Yamakawa Ryô (13).
Komaki Ômi était le fils d’un commerçant aisé qui avait été actif dans le Mouvement pour la liberté et les droits du peuple (Jiyû minken undô) et qui continuait à joué un rôle dans la politique locale. Il était rentré au Japon en 1918 après un séjour en France où il avait découvert la littérature populaire dans les écrits de Charles-Louis Philippe et le pacifisme dans la revue Clarté (14) animée par Henri Barbusse. « Il s’est fixé deux buts en rentrant au Japon : être le représentant de Clarté et faire connaître le mouvement, alors dans son enfance, de la Troisième Internationale ; c’est ce qu’il s’emploiera à réaliser dans Tanemakuhito (15). »
La première série de Tanemakuhito s’arrête rapidement. La revue reprendra sa parution à Tôkyô, où Komaki Ômi et quelques-uns de ses amis avaient déménagé. Plusieurs d’entre eux sont influencés par Tolstoï et le groupe Shirakaba (Le Bouleau blanc) (16) : Kaneko Yôbun apprend le style auprès de Mushanokoji Saneatsu ; Imano Kenzô se passionne pour Arishima Takeo, dont « Sengen hitotsu » (Un manifeste), paru dans la revue Kaizô (Reconstruction) en janvier 1922, lui attire les foudres de nombreux militants socialistes.
George Tyson Shea minimise l’importance de Tanemakuhito : « La seule nouvelle publiée dans Tanemakuhito à avoir été rééditée plusieurs fois depuis la disparition de la revue est “Kaji no yoru made” (Jusqu’à la nuit de l’incendie) d’Imano Kenzô. Ce qui, pour le lecteur d’aujourd’hui, témoigne indubitablement du faible niveau de travail créatif que l’on peut y trouver (17). »
Tanemakuhito cesse de paraître en octobre 1923 et est remplacée par Bungei sensen (Front des arts et des lettres), qui paraîtra mensuellement de juin 1924 à décembre 1930, avec une interruption entre janvier et juin 1925. Elle fera office d’organe officiel de la Fédération de littérature prolétarienne du Japon (Nihon puroretaria bungei renmei) (18), fondée en décembre 1925 en réponse à l’appel aux artistes du monde entier à se joindre à la lutte du prolétariat lancé par une assemblée d’écrivains prolétariens tenue en Union soviétique en juillet 1924.
Revues et organisations
A ses débuts, la Nihon puroretaria bungei renmei regroupait anarchistes, syndicalistes et bolcheviks, mais elle se rallia rapidement aux idées marxistes-léninistes par suite de la traduction de Que Faire ? (1902) de Lénine en japonais par Aono Suekichi (1890-1961), partielle semble- t-il, parue dans les numéros d’août et septembre 1925 de la revue Marukusushugi (Marxisme). Aono Suekichi appliquait mécaniquement les concepts de Lénine au mouvement littéraire prolétarien naissant sans réellement s’intéresser aux œuvres, soumettant la littérature au feu de la critique politique (19). Il introduisait, ce faisant, une grande confusion qui amènera plusieurs critiques à opposer littérature prolétarienne et littérature classique en termes purement doctrinaux (20) ; ou bien encore à affirmer, comme Kurahara Korehito (1902-1991), en mars 1927 dans un article, « Shizenshugi bungaku no shôchô » (Grandeur et décadence de la littérature naturaliste), paru dans Bungei sensen : « Dans toute société, une œuvre d’art sans contenu réaliste a une faible valeur artistique (21). »
De 1925 à 1932, les ligues de littérature prolétarienne japonaise subiront une suite de scissions et recompositions épousant les zigzag de l’humeur des maîtres du Kremlin. George Tyson Shea, dans son ouvrage Leftwing Literature in Japan, en a dressé un tableau (22).
En 1926, des étudiants de l’université de Tôkyô, parmi eux les écrivains prolétariens en herbe Nakano Shigeharu (1902-1979) et Hayashi Fusao (1903-1975), fondent avec l’aide de quelques membres de la troupe du Petit théâtre de Tsukiji (Tsukiji shôgekijô) un Groupe marxiste d’étude de l’art (Marukusushugi geijutsu kenkyûkai) qui allait jouer un rôle dans la fuite des anarchistes de la Nihon puroretaria bungei renmei (Fédération de littérature prolétarienne du Japon) et la fondation d’une fédération nouvelle, la Nihon puroretaria geijutsu renmei (Fédération des arts prolétariens du Japon) en novembre, qui continuera à avoir pour organe officiel Bungei sensen jusqu’en juin 1927, remplacé par Puroretaria geijutsu (Littérature prolétarienne) de juillet 1927 à avril 1928.
En juin 1927, ce sont Aono Suekichi et Kurahara Korehito qui abandonnent la Nihon puroretaria geijutsu renmei pour créer une Fédération des artistes ouvriers et paysans (Rônô geijutsuka renmei), avec pour organe officiel Bungei sensen jusqu’en décembre 1930, puis Bunsen de janvier 1931 à juillet 1932, la Fédération des artistes ouvriers et paysans ayant disparu en mai 1932. En novembre, Kurahara quitte cette dernière pour fonder une Union des artistes d’avant-garde (Zen.ei geijutsuka dômei) avec pour organe officiel Zen.ei (Avant-garde) de janvier à avril 1928.
En mars 1928, sous l’impulsion des thèses rédigées en 1927 par le Comintern, les artistes de gauche japonais constituent un front uni sous le nom de Nihon sayoku bungeika sôrengô (Fédération des écrivains de gauche du Japon). Suite à l’arrestation de nombreux militants marxistes dans tout le pays, le 15 mars de cette année-là, cette organisation est dissoute, et le 25 du même mois la Nihon puroretaria geijutsu renmei et la Zen.ei geijutsuka dômei fusionnent avec plusieurs associations culturelles de gauche, sous l’égide du Parti communiste japonais, en une Fédération nationale des artistes prolétariens du Japon (Zen Nihon musansha geijutsu renmei, plus connue sous son nom en espéranto, Nippona Artista Proleta Federacio, en abrégé NAPF), avec pour organe la revue Senki (L’Etendard). Cette année 1928 voit de nombreux écrivains publiés sous le label « littérature prolétarienne » (puroretaria bungaku) : Kobayashi Takiji, Tokunaga Sunao (1899-1958), Sata Ineko (1904-1998) et Miyamoto Kenji (1908-2007) en sont les plus connus. En février 1929, la NAPF se réorganise : chaque branche artistique prend son indépendance et forme un conseil de tous les groupes, le Conseil national des organisations artistiques du Japon (Zen Nihon geijutsu dantai kyôgikai) qui conserve le nom de NAPF.
En 1930, certains membres de la NAPF trouvant Senki trop politisée fondent une autre revue, plus littéraire, Nappu. Cependant, une majorité des écrivains du mouvement prolétarien se rapprochent de plus en plus du Parti communiste japonais, et en novembre, une délégation japonaise assiste à la deuxième réunion internationale des écrivains révolutionnaires de Kharkov. La NAPF disparaît en novembre 1931 pour céder la place à une Fédération des organisations culturelles prolétariennes du Japon (Nihon puroretaria bunka renmei, en espéranto Federacio de Proletaj Kultur Organizoj Japanaj, en abrégé KOPF (23), avec pour organe Puroretaria bunka (Culture prolétarienne), qui paraît de décembre 1931 à mai 1934, date de la disparition de la KOPF.
En janvier 1932, la Ligue des écrivains prolétariens du Japon (Nihon puroretaria sakka dômei, en abrégé NALP), non recensée dans le tableau ci-dessus, fondée en 1929 au sein de la NAPF, publie elle aussi une revue, Puroretaria bungaku (Littérature prolétarienne). Mais en mars de cette année-là, le pouvoir lance une vaste répression contre l’ensemble des organisations culturelles de gauche : des écrivains en vue, tels que Kurahara Korehito, Nakano Shigeharu, Kubokawa Tsurujirô (1903-1974), Tsuboi Sakae (1901-1958), sont arrêtés ; d’autres comme Kobayashi Takiji ou Miyamoto Kenji entrent dans la clandestinité. Hayashi Fusao et Tokunaga Sunao critiquent la ligne politique de la NALP ; Kobayashi les accuse de se rapprocher de la droite nationaliste.
L’assassinat de Kobayashi Takiji en février 1933 marque le commencement de la fin de la haute époque de la littérature prolétarienne. En 1934, la NALP et la KOPF disparaissent, la première, qui à son apogée comptait plus de huit cents membres (24), en mars, la seconde en mai. La littérature prolétarienne ne disparaît pas pour autant, mais est supplantée par le réalisme socialiste directement lié à l’Union soviétique.
La NAPF et la KOPF comprenaient des sections de romanciers, de théâtre, de poésie, de cinéma, etc. dont les noms indiquent l’étendue des activités quoiqu’ils semblent parfois ne nommer que des coquilles vides ou presque. N’ayant rien trouvé sur le cinéma prolétarien de l’entre-deux-guerres au Japon je n’en parlerai pas et commencerai par le plus pratiqué des genres littéraires depuis qu’il s’est acquis les faveurs de la presse, le roman.
J.-P. V.
(A suivre.)
NOTES
(1) Europe n° 575-576 (mars-avril 1977), « La Littérature prolétarienne en question ».
(2) Le populisme français s’apparente au populisme russe de la fin du xixe siècle en ce qu’il prétend « aller au peuple ». Le Manifeste du populisme d’André Thérive (1891-1967) et Léon Lemonnier (1890-1953) (publié en 1930, selon le Dictionnaire des écrivains du monde, éd. Fernand Nathan, 1984 ; ou le 27 août 1929 dans le journal L’Œuvre selon d’autres sources), en marque la naissance dans la continuité avec les écrits de Jules Vallès (1832-1885), Charles-Louis Philippe (1874-1909) et Marguerite Audoux (1863-1937).
(3) Bulletin des Ecrivains Prolétariens. Organe du groupe des écrivains prolétariens de langue française n° 3 (mai 1932), p. 4, d’après la reproduction des quatre numéros parus de mars à juin 1932, éditions Plein chant, 2000
(4) Pour un art révolutionnaire indépendant, manifeste rédigé par André Breton et Léon Trotsky en 1938.
(5) Marcel Martinet, Culture prolétarienne, Librairie du travail, 1935 (rééd. François Maspero, 1976), recueil de différents textes.
(6) « Le prolétariat et la culture », dans Culture prolétarienne, 1935, op. cit., note 1, p. 11.
(7) En janvier 1916, Kôfu (Le Mineur), roman de Miyajima Sukeo est interdit dès sa publication, selon la chronologie de la littérature prolétarienne établie dans Kamei Katsuichirô, Noda Utarô et Usui Yoshimi (sous la direction de), Puroretaria bungaku (Littérature prolétarienne), Nihon bungaku arubamu (Culture du Japon/ Album), Chikuma shobô, 1959, p. 78-79.
(8) Kamei Katsuichirô, Noda Utarô et Usui Yoshimi (sous la direction de), Puroretaria bungaku, op. cit.
(9) Ôsugi Sakae, « Rôdô undô to rôdô bungaku » (Mouvement ouvrier et littérature ouvrière), Shinchô (Nouveaux courants), octobre 1922, dans Ôsugi Sakae hyôronshû (Recueil d’essais d’Ôsugi Sakae), Asukai Masamichi (éditeur), Iwanami shoten, 1996, p. 227 (traduction française de Jean-Jacques Tshudin dans Ebisu. Etudes japonaises n° 28 [printemps-été 2002], p. 162).
(10) Du 26 au 28 février, la Troupe théâtrale des ouvriers (Rôdô gekidan), fondée récemment par Hirasawa Keishichi, donne sa première représentation à Minami katsushika (est de Tôkyô) avec une pièce intitulée Chi no tôyo (Camarades de sang) selon la Kindai Nihon sôgô nenpyô (Chronologie générale du Japon moderne), Iwanami shoten, 2001, (1ère éd. : 1968). Selon Jean-Jacques Tschudin, La Ligue du théâtre prolétarien, L’Harmattan, 1989, p. 40, cette troupe théâtrale fut fondée en mars 1921 ; en avril 1921 selon la chronologie de la littérature prolétarienne établie dans Kamei Katsuichirô, Noda Utarô et Usui Yoshimi (sous la direction de), Puroretaria bungaku (Littérature prolétarienne), op. cit..
(11) Il convient de souligner à ce propos que si les anarchistes ont développé une théorie anti-autoritaire, ils ne sont, pour la plupart, pas parvenus pratiquement à étouffer chez eux cette tendance, qu’ils fustigent au niveau de la société toutes classes confondues, à se livrer passivement à des chefs.
(12) Jean-Jacques Tschudin, Tanemakuhito. La Première revue de littérature prolétarienne japonaise, L’Asiathèque, 1979.
(13) Ibid., p. 26-27.
(14) Henri Barbusse fut un des animateurs de la revue Clarté qui tenta de 1919 à 1928 de regrouper les divers courants de la gauche politique sur des positions pacifistes. Tanemakuhito se fera l’écho de la polémique entre Romain Rolland, qui avait publié, en février 1919, une « Déclaration d’indépendance de l’esprit » rédigée avec le pacifiste allemand Georg Friedrich Nicolai, et Henri Barbusse, qui prétendait que les artistes doivent servir les intérêts de la révolution et préparait une Internationale de la pensée sous tutelle de la Troisième Internationale de Lénine. Le groupe Clarté et la revue se transformèrent en un centre d’éducation révolutionnaire et Henri Barbusse s’en éloignera progressivement à partir de 1924. Monde succéda à Clarté et vécut de 1928 à 1935. Il existe un article de Nicole Racine-Furlaud sur la revue Clarté, paru dans la Revue française de science politique, 17e année, n° 3 (1967) qui, quoique dans la ligne du Parti communiste français, n’est pas sans intérêt : « Une revue d’intellectuels communistes dans les années vingt : “Clarté” (1921-1928) » ; disponible sur : http://www.persee.fr/web/revues/hom...
(15) J.-J. Tschudin, Tanemakuhito, op. cit., p. 26.
(16) Sur ce groupe voir Echanges n° 110, note 15, p. 36.
(17) G. T. Shea, Leftwing Literature in Japan (Littérature de gauche au Japon), The Hosei University Press, 1964, p. 93.
(18) Renmei est souvent traduit en français par Ligue et en anglais League. Ce qui est à mon avis une excellente traduction. Les Japonais qui, dans le mouvement prolétarien, traduisaient couramment les noms de leurs organisations en espéranto, se servent, eux, de Federacio. C’est pourquoi j’ai préféré Fédération à Ligue dans l’intitulé des noms propres.
(19) Donald Keene, Dawn to the West. A History of Japanese Literature (Ouverture à l’Ouest. Une histoire de la littérature japonaise), vol. 3, Japanese Literature of the Modern Era. Fiction (Littérature japonaise de l’époque moderne : Le Roman), Columbia University Press, 1998 (1ère édition : 1984), p. 598. ; et G. T. Shea, Leftwing Literature in Japan, op. cit., p. 140-141.
(20) En mars 1921, par exemple, Hirabayashi Hatsunosuke (1892-1931) rédigeait un article, « Seijiteki kachi to geijutsuteki kachi. Marukusushugi bungaku riron no saiginmi » (Valeurs politiques et artistiques. Un réexamen de la théorie marxiste de la littérature), dans lequel il affirmait que La Divine Comédie était artistiquement inférieure aux romans à tonamlité sociale de l’Américain Upton Sinclair (1878-1968), parce que Dante Alighieri (1265-1321) n’était pas imprégné d’idéologie prolétarienne. Hirabayashi soutenait dans cet article qu’il fallait clairement séparer valeurs politiques et artistiques et que certaines œuvres possédant une indéniable valeur artistique, telles que les poèmes de Charles Baudelaire ou d’Edgar Allan Poe, avait un effet pernicieux sur leurs lecteurs (Donald Keene, Dawn to the West. op. cit., p. 611).
(21) Cité par G. T. Shea, op. cit., note 2, p. 148.
(22) G. T. Shea, op. cit., p. 128, tableau amendé d’après Kamei Katsuichirô, Noda Utarô et Usui Yoshimi (sous la direction de), Puroretaria bungaku, op. cit.
(23) Les diverses sources que j’ai consultées ne donnent pas toujours des intitulés en espéranto identiques pour la NAPF et de la KOPF. Faute d’avoir eu accès aux originaux, j’ai choisi ceux qui se trouvent dans le dictionnaire Daijirin, éd. Sanseidô, 1988 aux entrées « nappu » et « koppu » qui sont les manières japonaises de prononcer NAPF et KOPF. Les recherches sur le Japon exigent beaucoup de vérifications du fait que la langue japonaise est extrêmement laxiste aussi bien sur l’écriture des idéogrammes et sur l’orthographe des langues étrangères que sur la prononciation ; Donald Keene fait justement remarquer : « Les diverses organisations littéraires prolétariennes de cette période étaient généralement connues sous leurs initiales en espéranto, mais il y a parfois confusion dans l’ordre des mots. » (op. cit., note 29, p. 625 ).
(24) Voir Jean-Jacques Tschudin, article « Littérature prolétarienne », dans Jean-Jacques Origas, Dictionnaire de la littérature japonaise, Quadrige/PUF, 2000).
La situation de la classe laborieuse au Japon dans Echanges :
I. Introduction. La bureaucratie. Les employeurs. Les travailleurs
n° 107, hiver 2003-2004, p. 37.
II. La guerre sino-japonaise (1894-1895). L’entre-deux guerres (1896-1904). La guerre russo-japonaise (1904-1905). Lutte de clans au sein du gouvernement
n° 108, printemps 2004, p. 35.
III. Avant 1914 : La composition de la classe ouvrière. La discipline du travail et l’enseignement. Industrialisation et classe ouvrière . Les luttes ouvrières. Les syndicats
n° 109, été 2004, p. 25.
IV. Les origines du socialisme japonais : Le socialisme sans prolétariat. Ses origines intellectuelles japonaises, le bushidó. Ses origines intellectuelles étrangères. Marxisme contre anarchisme
n° 110, automne 2004, p. 25.
IV bis. Chronologie juillet 1853-août 1914
n° 112, printemps 2005, p. 18.
V. Bouleversements économiques et sociaux pendant la Grande Guerre. Un ennemi : l’Allemagne. Le commerce. L’industrie. La classe ouvrière. Les Coréens au Japon
n° 114, automne 2005, p. 32.
VI. Les grèves pendant la première guerre mondiale. Les conflits du travail de 1914 à 1916. Un tournant : 1917-1918. Les émeutes du riz .
n° 115, hiver 2005-2006, p. 41
VII. La dépression de 1920-1923. Le grand tremblement de terre du Kantô. La crise bancaire de 1927. La crise de 1929
n° 117, été 2006, p. 39.
VIII. Entre première et deuxième guerres mondiales. Le taylorisme. Les zaibatsu. La lutte des classes. Les Coréens
n° 119, hiver 2006-2007, p. 24.
IX. Les origines réformistes du syndicalisme ouvrier. Parlementarisme et syndicalisme. Les conflits entre syndicats prennent le pas sur la lutte de classes. La guerre contre la classe ouvrière
n° 121, été 2007, p. 21.
X. Les travailleurs des campagnes. Les Coréens. Les burakumin. Patronat et fonctionnaires. Les yakuza n°124, printemps 2008, p. 23.]
XI. Les partis de gouvernement. Les socialistes. Les anarchistes. Le bolchevisme.. - Osugi Sakae. - Kawakami Hajime. - Katayama Sen.
XII, 1. Qu’est-ce que la littérature prolétarienne ? Les écrivains prolétariens japonais. Les Semeurs. Revues et organisations
XII, 2. Le roman prolétarien