La fin du XXe siècle est une période charnière pour le monde. Les Etats-Unis viennent de remporter leur partie de bras de fer politique et économique avec l’URSS, ouvrant la voie à la mondialisation libérale et la course au pillage généralisé. Devant l’émergence de l’Europe et la forte concurrence japonaise, les Etats-Unis, conscients que les ressources naturelles représentent le nerf de la guerre pour maintenir leur hégémonie, vont s’attaquer logiquement à leur arrière-cour, l’Amérique latine, nettoyée de l’opposition marxiste et dont les dirigeants sont tous des libéraux, clients de Washington.
Le FMI et la Banque mondiale vont pousser tous les pays du sous-continent à des privatisations tous azimuts au détriment des investissements publics dans le domaine de la santé, de l’éducation, de l’énergie et des services des eaux sous le prétexte fallacieux que privatiser mène à une efficience accrue, à une indépendance à l’égard des intérêts politiciens et du coup à des améliorations pour les consommateurs. En fait, malgré les avantages contractuels exorbitants (infrastructure installée, exonérations fiscales, subventions publiques, garanties de bénéfice à long terme) accordées aux entreprises privatisées par l’Etat, les privatisations ont engendré généralement d’énormes affaires de corruption et se sont traduites par une augmentation permanente des tarifs sans amélioration des prestations.
Au Venezuela, de très nombreuses entreprises du secteur des télécommunications et de la production d’électricité tombèrent aux mains d’entreprises américaines. De même, la décision fut prise de diviser la PDVSA, la compagnie pétrolière nationale, entre divers groupes de sociétés étrangères. Chávez en conservera l’idée dans la constitution, lui donnant la possibilité de privatiser à son gré.
Parallèlement, Washington, par sa politique d’intégration du continent (l’ALENA, Accord de libre-échange nord-américain signé en 1994, cause déclarée du soulèvement zapatiste au Mexique) et les décisions économiques qui s’y rattachent (Plan Puebla Panamá [voir La commune de Oaxaca a vécu, Echanges n°119, p. 7)) avançaient ses pions pour que ce pillage s’institutionnalise et perdure. Mais la faillite économique et le chaos social ont mis l’intégration régionale entre parenthèses.