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RFI veut-il remplacer Radio Courtoisie en diffusant des propos antisémites de Celine et en laissant David Alliot excuser Celine et blanchir Tixier Vignancourt ?

dimanche 19 juin 2011

Aujourd’hui 19 juin 2011, dans le cadre de l’émission de Pierre Edouard Deldique avec David Alliot, un comédien a lu un passage antisémite de "Bagatelles pour un massacre". Non seulement ce passage n’avait aucun intérêt ni littéraire ni politique mais David Alliot n’a pas arrêté d’expliquer que Céline avait des excuses, même s’il n’a pas utilisé le mot l’intention était claire. Son chef était "juif", il travaillait dans une municipalité communiste (on ne voit pas le rapport avec les Juifs), son projet d’adaptation de roman avait été refusé par la MGM dont les fondateurs étaient "juifs", etc.

Donc, en conclura l’auditeur, certes Céline était un peu parano mais quand même le pauvre, il connaissait bien des malheurs à cause des Juifs qu’ils rencontraient "partout" sur son chemin... et surtout dans son cerveau malade et antisémite. Continuant ses mensonges, David Alliot nous expliqua que Celine n’aurait jamais été collaborateur même s’il se retrouva avec tous les pétainistes, les nazis français, à Siegmaringen. Sans doute par hasard ?

Mais oui bien sûr, il voulait juste aller au Danemark, le pauvre.

Certes Céline était "raciste et hitlérien", mais il ne voulait pas de mal aux Juifs, "juste qu’ils partent de France". Pour aller où ? En vacances au Mexique ?

Et M. Alliot mentit encore une fois en affirmant que Tixier Vignancourt n’était "pas un avocat d’extrême droite", seulement un "avocat des causes perdues" en 1951.

M. Alliot a menti puisque Tixier Vignancourt avant-guerre a milité dans plusieurs groupes d’extrême droite puisqu’il fut successivement membre des Camelots du roi, membre des Volontaires nationaux liés aux Croix-de-feu puis du Parti populaire français, parti fasciste. Enfin il fut secrétaire général adjoint à l’Information de l’État français du gouvernement de Vichy de 1940 à 1941, ce qui fait de lui un collaborateur et un pronazi notoire.

Dans " La cohérence d’un engagement" Julien Dohet, Aide-mémoire n° 40, avril-juin 2007 (http://www.territoires-memoire.be/i...) confirme ce que tout journaliste débutant devrait savoir quand il prépare une émission sur Céline.

"Sur le plan politique, Tixier-Vignancour devient membre de l’Action Française pendant ses études de droit. Son militantisme lui vaut un passage par la prison alors qu’il n’a pas encore 20 ans, suite à sa participation à une manifestation anticommuniste au quartier latin. Après un service militaire comme officier de cavalerie, Tixier-Vignancour participe au 6 février 1934 : « Je suis arrivé le 6 février “à l’heure fiévreuse et trouble où le Paris du plaisir remplace le Paris du travail”, place de la Concorde, pour manifester. Je me trouvai parmi les irréductibles qui ne furent pas réduits, place des Ternes, à 3 heures du matin. » 4. En 1936, c’est la première campagne électorale. Malgré une première invalidation, il est finalement élu au parlement où il se distingue par des prises de positions classiques de l’extrême droite : « Lors de la séance du 23 mars, je m’élevai contre les conditions dans lesquelles avait été déclenchée, puis s’était déroulée, la grève du 18 à l’initiative de la CGT. Je profitai de cette occasion pour relever les atteintes à la liberté du travail et stigmatiser les agressions dont avaient été victimes des travailleurs qui entendaient ne pas suivre les instructions de la centrale marxiste. » 5, et s’oppose de toutes ses forces au Front Populaire principalement en raison de la présence du Parti Communiste Français dans celui-ci.

Après s’être battu en mai 1940, Tixier-Vignancour entre au gouvernement : « L’obligation, en ce temps, est de s’abstraire de cette agitation, d’administrer en s’efforçant de prévoir. Pour ma part, ce sera l’époque la plus fructueuse. J’ai été nommé, le 12 juillet 1940, secrétaire général adjoint de l’Information avec la responsabilité du cinéma, de la radio et du livre. Après le départ de Pierre Laval (13 décembre 1940), je deviens secrétaire général. » 6. Dans ses mémoires, Tixier-Vignancour revient à plusieurs reprises sur cette partie de sa vie, défendant sans surprise la théorie pétainiste du bouclier et du moindre mal, tout en qualifiant la Résistance de terrorisme et en parlant pour cette période de guerre civile."

Et le journaliste Pierre Edouard Deldique, ignare ou complice, a laissé M. David Alliot raconter ses insanités sans broncher, sans remettre en cause ce plaidoyer mensonger visant à atténuer la responsabilité d’un écrivain antisémite patenté et à blanchir les positions d’extrême droite de son avocat, Tixier Vignancourt.

Comme disait un "gauchiste" célèbre : "Tixier-Vignancour, c’est Vichy, la Collaboration fière d’elle-même, la Milice, l’OAS" (Charles de Gaulle) !

Y.C, 19 juin 2011

REPONSE de DAVID ALLIOT

Monsieur, Je viens de lire avec un peu d’effarement, votre texte. Je peux comprendre que vous n’aimez pas Céline, mais on ve tenter de rester objectif.

Tout d’abord, permettez-moi de vous préciser que je ne cherche en rien à excuser Céline, mais plutôt à comprendre pourquoi un grand écrivain se fourvoie dans une cause pareille. J’ai toujours préféré la pédagogie (je suis formateur dans le civil... Toutes mes excuses...) aux anathèmes, et mon histoire familiale (grand-père résistant et déporté) fait que je cherche toujours à comprendre ce qui peut pousser des hommes à comettre de tels actes. Pour ce qui est du contenu de l’émission. J’ai exposé les faits qui ont "permis" le basculement de Céline dans une forme de paranoïa antisémite. Rien de plus. Concernant Tixier, je lui ai consacré une importante notice biographique dans mon livre qui ne fait l’impasse sur aucune de ses prises de position idéologiques. Mais au moment de l’Affaire Céline, le cabinet de Tixier était effectivement spécialisé dans les causes perdues. Et pas seulement à l’extrême-droite. Cf. Les militants indépendantistes marocains et tunisiens qu’il a défendus. Pour le reste, je vous invite à lire la biographie d’Henri Godard, qui lui aussi est assez raccord avec mes propos. Mais peut-être que dans votre transe anti-anti-sémite, vous allez m’apprendre qu’Henri Godard est un membre actif du GUD ?

REPONSE D’YVES COLEMAN

Cher monsieur, merci d’avoir pris la peine de me répondre. Malheureusement ce que vous avez dit lors de cette émission diffère de ce que vous affirmez dans votre mail à propos de Tixier-Vignancourt. Vous avez affirmé que Tixier-Vignancourt n’était pas d’extrême droite à l’époque ce qui est faux. Et vous ajoutez maintenant quelque chose que vous n’avez pas dit ce jour-là, "causes perdues et pas seulement à l’extrême droite". Ce jour-là vous avez OPPOSE "causes perdues" et "extrême droite", en réponse à une timide objection de votre interlocuteur.

Quand à la "pédagogie" vis-à-vis d’un antisémite, excusez-moi je n’y crois pas. Mon expérience directe du racisme contre moi-même et de l’antisémitisme contre mes amis juifs m’a appris qu’un antisémite professionnel et militant n’a pas besoin d’être "compris". IL a besoin d’être combattu voire un peu secoué et ostracisé si on l’a en face de soi et surtout si on l’apprécie par ailleurs. Or, en essayant d’expliquer les raisons pour lesquelles Céline était antisémite, vous permettez à des antisémites actuels aujourd’hui de se dire qu’après tout, eux aussi, ils ont de bonnes raisons d’être antisémites, donc de se trouver des excuses.

Le racisme et l’antisémitisme partent souvent d’UN fait concret déplaisant vécu directement, ou par un proche. Ils ne naissent pas toujours d’images télévisées lointaines ou de lectures malsaines. Ils ont souvent un rapport avec UNE expérience directe. Par contre, la généralisation raciste ou antisémite, tout le monde ne s’y livre pas, même après UNE expérience désagréable ou violente avec UN juif ou un Arabe ou un Africain ou un Chinois.

Celui qui généralise, qui s’engage dans un parti raciste ou antisémite, ou qui prend la plume avec constance pour construire des raisonnements antisémites ou racistes doit être combattu sans aucune indulgence. Or lors de cette émission vous n’avez pas expliqué pourquoi les raisons de Céline ne tenaient pas debout. Vous vous êtes contenté de les énumérer. Je ne crois pas que la réhabilitation de Céline-grand-écrivain soit innocente. Nous vivons à une époque où toutes les idées sont considérées comme égales, sans conséquence, dignes du débat démocratique. Il suffit de voir comment les fascistes peuvent se présenter aux rassemblements des Indignés sans être immédiatement expulsés. Il faudrait écouter leurs arguments, les laisser s’exprimer ?

Ce n’est pas mon point de vue. Le racisme et l’antisémitisme ne sont pas des préjugés anodins qu’il faudrait patiemment expliquer aux gens qui les diffusent. Ce sont des idéologies mortifères qu’il faut combattre. Le fait que votre grand-père ait été résistant et déporté et que je descende d’esclaves africains ne vous donne ni ne me donne aucun brevet héréditaire d’antiracisme.

Il est curieux qu’un intellectuel professionnel invoque le passé résistant de son grand-père pour expliquer que lui-même n’est pas antisémite ! Louis Farakhan (dirigeant de la Nation de l’Islam aux Etats-Unis) est un descendant d’esclaves et aussi un antisémite et un raciste. Pour ne pas parler des ancêtres lointains de l’antisémite Dieudonné. Et d’ailleurs je n’ai pas écrit que vous étiez antisémite. Je pense simplement que vous favorisez la diffusion de l’antisémitisme par votre attitude "pédagogique" vis-à-vis d’un écrivain antisémite.

Enfin, vous ne nous expliquez pas pourquoi RFI avait besoin de payer un comédien pour lire des textes antisémites à l’antenne. Internet abonde en textes antisémites. Croyez-vous qu’il soit neutre de les diffuser sur une radio de qualité comme RFI (même si je ne partage pas son idéologie tiersmondiste) ?

Vous pensez qu’il faudrait rééditer "Bagatelles pour un massacre" avec un appareil critique. Vous me permettrez de penser qu’il existe suffisamment d’essais et de romans écrits dans d’autres langues et dont la traduction et l’édition française nous manquent, pour ne pas considérer que la republication de "Bagatelles pour un massacre" soit une priorité. Laissons ce livre dans l’oubli et surtout soyons vigilants face à tous ceux qui veulent faire preuve de "pédagogie" vis-à-vis des antisémites.

Y.C., 21 juin 2011

REPONSE de DAVID ALLIOT

Monsieur,

J’ai le regret de constater que la colère vous égare. Vous me prêtez des qualités que je n’ai pas. Je ne cherche nullement à faire de la pédagogie vis-à-vis des antisémites, cela est complètement inutile, et c’est une perte de temps pour moi. En revanche, je cherche à être pédagogue vis-à-vis du grand public, qui peut légitimement se poser des questions par rapport à l’attitude de Céline pendant l’Occupation. Au prisme de la vie de Céline, je veux démontrer comment un personnage ordinaire, par ailleurs grand écrivain, peut devenir un antisémite. C’est le parcours qui est intéressant. Il faut le montrer, l’expliquer, l’analyser pour éviter que cela ne se reproduise. Si je vous ai précisé que mon grand-père avait été résistant et déporté, c’est uniquement pour vous expliciter mon parcours familial, et vous faire comprendre que dans ma famille il y a des valeurs avec lesquelles on ne transige pas. Or, face à la question antisémite, il y a deux positions, soit on est pédagogue et l’on explique aux gens pour leur donner les clefs de la situation, et faire que cela ne se reproduise pas, soit on jette l’anathème à tout ce qui se rapporte à l’antisémitisme. Je suis partisan de la première, vous de la deuxième. Là se situe notre désaccord. Permettez-moi seulement de vous dire que cela fait trente ans que l’on crie, hurle, rabâche, dans tous les médias possibles que les antisémites et les gens de l’extrême droite sont des salauds, et qu’il faut les combattre, etc. Votre attitude n’a nullement fait reculer les extrêmes, bien au contraire. Vous comprendrez peut-être quand Marine Le Pen sera à 55% des voix. Mais il sera trop tard. C’est RFI qui a pris la décision de passer un extrait de « Bagatelles pour un massacre » à l’antenne, et c’est une très bonne chose. Je pense que les auditeurs de RFI sont assez grands pour pouvoir juger sur pièces, et de faire leur propre opinion, sans avoir recours à un Conducator de le pensée.

Puisque vous vous intéressez à ma bibliographie, vous remarquerez que je suis également un grand admirateur de la vie et de l’œuvre d’Aimé Césaire, qui fait également de ma part l’objet de recherches assidues. Mais cela fait-il de moi un stalino-jdanovien ?

David Alliot

REPONSE de YC

1°) Oui effectivement je suis "en colère" quand j’entends un spécialiste prétendre que le pétainiste collabo Tixier-Vignancourt n’était pas d’extrême droite en 1950/1951 quand il défendait Céline.... Ce qui est un mensonge grossier.

2°) Oui je suis "en colère" quand un intellectuel prétend être "pédagogue vis-à-vis du grand public" en lui cachant les opinions politiques de Tixier Vignancourt et en le présentant uniquement comme l’avocat des "causes perdues". Ce qui est un mensonge grossier.

3°) Oui je suis en colère quand un intellectuel prétend que Céline était un "personnage ordinaire". D’abord parce qu’un médecin et un écrivain dont les livres sont publiés par de grandes maisons d’édition n’est pas un "personnage ordinaire". Tous les Français n’ont pas écrit publié des romans ni écrit des pamphlets antisémites sous l’Occupation allemande.. Ensuite et surtout parce que cette transformation de Céline en individu "ordinaire" vise en fait à transformer son antisémitisme en un phénomène "ordinaire", banal, français, quoi...

4) Oui je suis "en colère" parce que vous n’avez rien "expliqué" du tout. Vous vous contenté de dire qu’en France il y avait eu l’Affaire Dreyfus, merci du scoop, les auditeurs ont dû apprécier votre immense culture historique, et que beaucoup de Français étaient antisémites. Mais vous ne nous avez expliqué ni pourquoi beaucoup de Français étaient antisémites, selon vous, ni si les raisons de Céline étaient fondées ou le fruit d’un individu frustré, au cerveau malade, ayant des opinions politiques réactionnaires, en phase avec les fascistes de son époque, etc.

5° Nous ne devons pas vivre dans le même pays ni dans le même univers. Depuis 30 ans au contraire je ne vois pas la gauche et l’extrême gauche faire un travail sérieux pour lutter contre l’antisémitisme et le parti "sous-fasciste" (l’appellation n’est pas de moi mais elle est parlante) qu’est le Front national. Au contraire je les vois reprendre à leur compte de plus en plus de concepts et de mots de l’extrême droite. Glisser de l’antisionisme respectable à l’antisémitisme méprisable. De l’anticapitalisme à l’anti-oligarchie (un vocable fasciste). Quant aux intellectuels radiophoniques à la Finkielkraut ils charrient, propagent et justifient tous les préjugés racistes possibles tant qu’ils ne touchent pas les Juifs. Et la droite elle tient le même langage que le Front national. C’est qu’est le problème pas dans les protestations symboliques d’une gauche pseudo-morale qui choisit comme idole le pote à Bousquet, le décoré de la francisque et l’organisateur d’un faux attentat contre lui-même. Sans compter celui qui ferma les yeux sur le génocide rwandais. J’ai nommé Mitterrand pour ceux qui n’auraient pas compris. Une gauche pseudo morale qui ne montre jamais sa solidarité réelle, concrète, vis-à-vis des pauvres et des exploités, qu’ils aient ou non des "papiers".

6) Vous prétendez que ce n’est pas vous qui avez pris la décision de diffuser les propos antisémites sur les ondes de RFI mais vous estimez que "c’est une très bonne chose". Donc vous approuvez cette diffusion. Inutile donc d’en rejeter la responsabilité sur RFI puisque vous en êtes complice.

Si vous croyez que diffuser de la propagande antisémite est une "bonne chose" sur les ondes de RFI, et qu’il suffit de laisser les gens "juger sur pièces" je suppose donc que vous auriez laissé Hitler et le NSDAP se présenter aux élections et diffuser leur propagande puisqu’il s’agit d’une opinion qui pourrait être tranchée par un débat démocratique... C’est avec de tels raisonnements naïfs ou complices (je ne vous connais que par votre interview désastreuse, donc je ne tranche pas) que les "idées" fascistes s’implantent lentement mais sûrement. Et quand les fascistes conquièrent le pouvoir par les urnes (comme ce fut le cas de Hitler), le débat démocratique entre gens de bonne compagnie est terminé. La chasse aux Juifs, aux socialistes, aux communistes, aux syndicalistes commence et les gens comme vous doivent tout à coup se réveiller et sortir de leur petit cocon... s’ils sont encore vivants. Ce que je vous souhaite de tout mon coeur.

Donc réveillez-vous avant qu’il ne soit trop tard pour vous aussi, si vous êtes vraiment, comme vous le prétendez, d’un autre bord politique que le docteur Destouches l’a été.

Puisque vous prétendez avoir cette capacité, soyez un pédagogue efficace. Communiquez toutes les pièces du dossier politique de Céline et pas seulement celles qui vous arrange !

PS. Pour finir je conseille aux lecteurs de lire l’article ci-dessous sur Céline et la Collaboration, autre sujet que vous avez soigneusement évité de traiter et que votre interlocuteur n’a pas osé évoquer non plus, pendant cette émission si "pédagogique"....

Il est extrait du site suivant : http://lewebceline.free.fr/contrece...

Céline et la Collaboration

Fidèle à son attitude d’avant-guerre, qui l’avait vu s’engager progressivement et s’insérer au sein de l’extrême droite française, Céline fréquente avec assiduité sous l’Occupation les milieux collaborationnistes parisiens ainsi que les diverses organisations fascisantes mises en place à la faveur des événements : il figure parmi les personnalités présentes (il avait d’ailleurs été invité) à l’inauguration de l’Institut d’étude des questions juives du 11 mai 1941, ainsi qu’à celle de l’exposition "La France européenne" du 31 mai 1941. Sa présence (mais aussi celle de sa compagne Lucette Almanzor, bientôt Destouches) est en outre signalée par L’Émancipation nationale lors d’un meeting de Jacques Doriot sur la LVF au Vel’d’hiv le 1er février 1942 (a-t-il été invité ?). Le 20 mars 1942, Céline assiste au banquet organisé à l’occasion du cinquantenaire de La libre parole (journal antisémite fondé en 1892 par Édouard Drumont). On peut de plus noter son intervention au déjeuner organisé par la Commission d’Études judéo-maçonniques le 29 octobre 1942, durant lequel il fait "un vibrant appel en faveur de la vraie Révolution qui ne pourra pas être considérée comme amorcée tant que le mur d’argent de la juiverie restera debout" (déclarations rapportées par le journal L’Appel du 5 novembre 1942), ainsi que celle qu’il prononce devant le Groupement Corporatif Sanitaire Français lors d’une réunion qui a lieu le 20 décembre 1942, et dans laquelle il vitupère contre "tous les philosémites", contre " les facéties d’une Révolution Nationale qui maintient une Juive dans un dispensaire de banlieue à la place d’un médecin aryen installé depuis quinze ans", et qu’il conclut en proclamant que "La France s’est enjuivée jusqu’à la moelle..." ( Cahiers Céline, n°8, p.175-176).

Céline, de surcroît, figure en 1942 parmi la liste des membres du Cercle européen et fréquente sous l’Occupation régulièrement l’Institut allemand. Sans même appartenir à un quelconque journal ou être membre d’un parti, il devient une figure familière du Paris collaborationniste, au sein duquel il côtoie bon nombre de ses amis tels que Lucien Rebatet, Ralph Soupault (caricaturiste pour les journaux Au pilori et Je suis partout ), l’acteur Robert Le Vigan, Henri Poulain (alors secrétaire de rédaction de Je suis partout), Lucien Combelle, Jean Lestandi, Armand Bernardini, Paul Marion, le professeur Montandon..., mais aussi des Allemands hauts placés dans la hiérarchie des troupes d’occupation comme Karl Epting (dirigeant de l’Institut allemand à Paris), le Docteur Knapp (des services de santé du Reich), le gestapiste Hermann Bickler...

Céline signe aussi le "Manifeste des Intellectuels français contre les crimes anglais", (publié dans Le Petit Parisien du 9 mars 1942, et dans les Cahiers de l’Émancipation nationale d’avril de la même année), qui proclame :

"Si la France et l’Allemagne s’entendent, l’Angleterre est perdue. Elle le sait. Si la France et l’Allemagne s’entendent, la France est sauvée. Comprenez-le. (...) La Grande-Bretagne, qui a toujours affiché le plus profond mépris pour les populations coloniales qu’elle avait conquises, demeure fidèle à sa conception que les nègres commencent à Calais." ( Cahiers Céline, n°8, p.236-238)

Mais son attitude ne reste pas strictement passive : Céline organise en décembre 1941, dans le cadre du journal Au Pilori, une réunion sur la question du racisme et du socialisme. Le projet en est exposé lors d’une déclaration faite à des journalistes du brûlot, rapportée dans le numéro du 11 décembre 1941, dans laquelle il explique :

"Le grand malheur dans l’époque présente, c’est le manque de liaison entre les Français qui ont la redoutable mission d’éclairer l’opinion publique et de diriger les mouvements politiques. Cette liaison, il faut l’établir. AU PILORI se doit de réaliser ce magnifique programme. (...) Antijuif de la première heure, j’ai quelquefois l’impression que je suis, sinon dépassé par certains nouveaux, tout au moins qu’ils ont des conceptions entièrement différentes des miennes sur le problème juif. C’est pourquoi il faut que je les rencontre, il faut que je m’explique avec eux. Tous les Français antijuifs, sans exception, sont exactement dans les mêmes dispositions d’esprit que moi. Ils ne comprennent plus. D’une part, on leur parle d’une Europe nouvelle qui, au point de vue politique, sera régie par le principe national-socialiste, et d’autre part, ils ont l’impression que ceux qui sont soutenus pour rallier les Français à cette Europe nouvelle ont sur le socialisme des idées entièrement différentes des principes socialistes qui ont été incorporés dans le national-socialisme. Quelles questions j’ai à poser ? En voici une qui me vient tout naturellement à l’esprit : chaque fois que Hitler prend la parole, il engage formellement la responsabilité des Juifs quant au déclenchement de la guerre européenne. Alors, pourquoi vous, qui voulez vous incorporer dans le National-Socialisme, n’engagez-vous pas également officiellement cette responsabilité ? Autre question : Êtes-vous raciste comme tous les nationaux-socialistes dont Hitler fut, dès la première heure, le porte-parole, ou êtes-vous antiraciste ? Si vous êtes raciste, pourquoi n’en parlez-vous jamais ? Si vous êtes antiraciste, vous ne pouvez pas vous incorporer dans la politique nationale-socialiste." ( Cahiers Céline, n°8, p.143-144)

Apparemment, la tendance politique du Pilori semble bien correspondre à l’idée qu’il se fait du "Redressement national" ! Sous l’égide de Céline, l’équipe du journal organise donc cette réunion à laquelle sont conviés, entres autres (et selon ses suggestions) : Marcel Bucart, Alphonse de Chateaubriant, le professeur Montandon, Marcel Déat, Eugène Deloncle, Louis Darquier de Pellepoix, Lucien Combelle, Georges Suarez,... Bref, tout le gratin de la collaboration parisienne. Y seront présents, bien que n’ayant pas été initialement invités, les journalistes de Je suis partout Pierre-Antoine Cousteau (le frère du célèbre océanographe) et Henri Poulain. Dans son numéro du 25 décembre 1941, Au Pilori relate avec un grand enthousiasme l’événement :

"Céline prit la parole et résuma en des formules brèves et saisissantes le drame de la nation française. (...) tous les assistants tombèrent d’accord sur les trois points suivants :

1. Racisme : régénération de la France par le racisme. Aucune haine contre le Juif, simplement la volonté de l’éliminer de la vie française. (...)

2. L’Église doit prendre position dans le problème raciste.

3. Socialisme : Aucune discussion possible tant qu’un salaire minimum de 2.500 francs ne sera pas alloué à la classe ouvrière. (...)

Il est nécessaire de redonner au peuple français le goût du beau et de l’effort et de remplacer le matérialisme sordide dans lequel il vivait par un peu d’idéal. C’est à cette seule condition que la France pourra sortir de l’abrutissement où l’ont plongée trois quart de siècles de domination juive" ( Cahiers Céline, n°8, p.145-146)

Quels que soient ses dires d’après-guerre, Céline n’est en rien resté isolé du monde de la collaboration sous l’Occupation. Dans ces circonstances, on comprend sa précipitation à quitter Paris en juin 1944, au moment du débarquement allié, pour se réfugier en Allemagne nazie.

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