mondialisme.org

Grèce ou Californie : même motif, autre punition ?

lundi 13 septembre 2010

Ce texte est paru dans Echanges n° 133 (été 2010).

La dette grecque menacerait la stabilité économique de l’Union européenne et un effet de domino faisant chuter l’Espagne et l’Italie sonnerait la fin de l’euro : c’est du moins ce que l’on nous martèle depuis des mois pour faire avaler, à l’échelon européen, tout un arsenal de restrictions diverses conduisant à faire payer, par différents canaux, aux travailleurs (les seuls produisant de la valeur) le poids de la crise du capital qui n’est pas seulement financière et vise finalement à diminuer les coûts de production dans la compétition mondiale – la clé du système et de la crise. Ce n’est pourtant qu’une affaire euro-européenne puisque la dette grecque est détenue en grande partie par des banques allemandes (dont certaines contrôlées par l’Etat et une autre partie par les banques françaises). La « solidarité franco-allemande » conduit au sauvetage de leurs banques avec un arrière-plan de manipulation dans le grand jeu mondial des parités monétaires, la « faiblesse » de l’euro alimentée par le battage médiatique sur la faillite de certains Etats de l’Union favorisant les exportations de la zone et la « reprise ».

L’Etat de Californie, dont l’économie représente cinq fois celle de la Grèce, est pratiquement en faillite (1), ne peut payer ses fonctionnaires et met en œuvre un plan drastique de réduction de tous ses services, mais personne ne prétend que cette situation met en danger le dollar et menace l’existence des Etats-Unis. Pourtant, population et production de ces deux unités, Etats-Unis et Union européenne, sont presque égales. De plus, les dettes intérieure et extérieure des Etats-Unis sont largement supérieures à celles de l’Union européenne.

Alors ? Que signifie toute cette instrumentalisation de la « dette grecque », sinon faire accepter aux travailleurs, afin d’extraire le plus possible de plus-value, ces plans d’austérité qu’une politique commune européenne impose à tous les Etats, ceux-ci n’ayant que le choix des moyens adaptés aux conditions nationales ?

(1) Voir la brochure La Crise en Californie, de Gifford Hartman, Echanges et Mouvement.

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0