Ce texte est paru dans Echanges n° 127 (hiver 2008-2009).
La chronologie succincte, telle que nous la publions ci-dessous, des trois semaines de manifestations et d’émeutes que la Grèce a connues en décembre 2008 en souligne assez les caractères pour qu’il ne soit pas nécessaire d’ajouter plus qu’une brève analyse. Ce que nous présentons ici n’est qu’une première discussion.
Nous avons publié ultérieurement (Echanges n°133, été 2010) un texte du groupe athénien TPTG, Les luttes récentes en Grèce : il n’y a plus qu’une seule chose à régler : nos comptes avec le capital et son Etat.
Les raisons habituellement invoquées pour expliquer cette longue explosion de violence se réfèrent, pour l’immédiat, à une agitation persistante dans tout le système éducatif depuis des mois voire des années (Pour ceux qui voudraient approfondir ce point, voir « La crise permanente dans l’éducation : sur quelques luttes récentes en Grèce »). Plus spécialement l’échec patent de ce système qui jette sur le marché du travail des diplômés sans autre espoir que de gagner 600 euros par mois.
On retrouve là un problème commun à tous les pays capitalistes avancés et bien connu en France au cours des décennies passées avec les mobilisations récurrentes des jeunes et parents de touts les échelons du système éducatif. Les derniers actes en sont la levée anti-CPE, en 2006, et le mouvement en cours aujourd’hui dans le secondaire.
Comme partout, la crise financière et économique ne fait qu’exacerber les tensions sociales déjà existantes. Certains, pour la Grèce, se réfèrent à l’histoire politique mouvementée de ce pays pendant et après la seconde
guerre mondiale. Mais, malgré des aspects spécifiques d’un malaise général marqué plus qu’ailleurs par la corruption et le népotisme, on retrouve les traits généraux de l’évolution contemporaine de toutes les sociétés industrialisées. Cette évolution est marquée essentiellement, même si cela ne s’exprime pas ouvertement, non seulement par la faillite du politique – au sens que tout le monde doute que l’on puisse contrôler d’une manière ou d’une autre la marche inexorable du capitalisme – mais aussi et d’abord par le doute sur la viabilité d’un système, même si rien ne se dessine qui puisse s’y substituer.
La force de ce malaise souvent refoulé et dévié s’exprime par des explosions sociales. Le fait qu’une telle explosion ait été déclenchée par l’assassinat d’un jeune manifestant et sa généralisation rapide à tout le pays peuvent être rapprochés de l’explosion des banlieues françaises à l’automne 2005 suite à la mort de deux adolescents (2). A la différence qu’en Grèce, ce sont des jeunes de milieux différents qui sont descendus dans la rue, tout au moins au début. En France, cette explosion répandue sur tout le territoire était quand même restée limitée aux banlieues des villes.
Par d’autres aspects, le présent mouvement en Grèce s’apparenterait plus au mouvement anti-CPE de 2006 en France, bien que ce dernier n’ait pas pris ce caractère insurrectionnel. Mais on y trouve les mêmes tentatives de groupes plus ou moins informels, d’une mouvance « d’avant-garde » mal définie, de se greffer sur un large mouvement aux objectifs limités, pour tenter de lui insuffler des objectifs plus généraux de critique sociale et d’aspiration à une société communiste. Ils profitent d’actions ponctuelles pour tenter de former des pôles de regroupement, de propagande et d’action.
On trouve des tentatives de ce genre en Grèce comme auparavant en France. Elles s’apparentent aux tentatives passées des partis dits révolutionnaires. Mais alors qu’en France, ces actions ultra-minoritaires étaient restées limitées à l’occupation de bâtiments scolaires et universitaires, en Grèce non seulement ce type d’occupation s’est étendu à des sièges de syndicats, à des mairies et à d’autres bâtiments officiels... mais encore le mouvement a pris des formes plus radicales : attaques de banques, de magasins et de commissariats, pillages de magasins.
Ces actions militantes ont échoué. Elles portaient la marque d’une tendance radicale qui semblait soutenue par l’ensemble des participants au mouvement ; mais la distance entre ces groupes radicaux et la majorité s’est élargie au fil des jours.
Les chiffres donnés par les participants à ces émeutes dans la chronologie ci-après montrent bien cette juxtaposition complexe entre les deux courants. La force du mouvement à son origine, force qui s’exprime dans le nombre des manifestants, fait que les diverses actions d’avant-garde peuvent paraître l’expression de la volonté de l’ensemble des participants : elles bénéficient alors d’une sympathie générale et attirent aussi nombre de ceux qui ne les envisageaient pas au départ... Mais les mêmes chiffres montrent qu’à mesure que le mouvement général se délite, tout l’édifice qui a pu être plaqué sur ses véritables tendances s’écroule.
« Faire bouger » la classe ouvrière ?
Fin décembre, les manifestations se réduisent à quelques centaines de participants, les actions radicales à quelques dizaines de militants. L’évacuation volontaire successive des divers bâtiments occupés (et destinés dans l’esprit des initiateurs de ces occupations à être des bases pour un essor révolutionnaire) témoigne bien de cette chute de tous les espoirs militants. Une autre évidence s’impose, non plus seulement vis-à-vis du mouvement lycéen et étudiant, mais du mouvement des jeunes en général : en occupant le siège des syndicats, en lançant des appels à destination des travailleurs, cette avant-garde diffuse espérait « faire bouger » l’ensemble de la classe ouvrière. D’autant qu’elle pensait que, comme dans le secteur de l’éducation, des grèves de l’ensemble des travailleurs officiellement déclarées pourraient servir de base à un mouvement plus important (plus ou moins le mythe de mai 1968 en France).
Là aussi c’est l’échec. Il serait trop facile de faire reposer cet échec sur l’action « contre-révolutionnaire » des bureaucraties syndicales. Celles-ci ne peuvent réprimer le développement d’un mouvement sauvage, même si elles tentent de s’y insérer pour accomplir et préserver leur fonction sous le capital. La même question se posait en France dans les mouvements dont nous avons parlé : pourquoi l’ensemble des prolétaires, pourtant durement malmenés par diverses mesures sociales, ne se sont-ils pas engouffrés dans ce qui n’était que l’expression d’une résistance à des mesures identiques à celles qui les frappaient ?
La réflexion doit porter sur le sens de ces résistances, et non sur les méthodes d’action des avant-garde ni sur ce que pourrait être une société communiste.
H. S.
Chronologie de la révolte
La chronologie qui suit est extraite d’une courte présentation des récentes émeutes à Athènes et à Thessalonique « telles qu’elles ont été vues par quelques participants prolétariens ». Ce texte de 53 pages en anglais du groupe TPTG peut être trouvé sur Internet : http://sites.google.com/site/radica....
Le texte comporte deux parties, l’une consacrée à la région d’Athènes, l’autre à Thessalonique ; nous avons essentiellement conservé la première.
Samedi 6 décembre – Le soir, vers 9 h 30, un adolescent de 15 ans, Alexis Grigoropoulos, est tué par balle par un agent de la police spéciale.
Spontanément des manifestants se rassemblent, indignés et révoltés par cette violence gratuite. Des centaines de policiers tentent de les bloquer. Ils sont attaqués par tous les moyens possibles. En moins de deux heures, ce sont plus de 10 000 manifestants qui s’affrontent avec les forces de l’ordre. L’Université technique nationale (Polytechnique) est occupée, ainsi que la Faculté d’économie et de droit ; ces bâtiments deviennent les quartiers généraux de la lutte et les lieux d’assemblées ouvertes. Des banques, des magasins et un commissariat sont attaqués et les escarmouches durent jusqu’à quatre heures du matin.
La nouvelle du meurtre et des manifestations sont rapidement connues partout en Grèce via les portables et Internet. Un groupe de 150 personnes qui se sont rassemblées dans le centre d’Athènes, attaquent et pillent les boutiques de la rue Ermou, dans le quartier chic de la capitale. Des passants et des habitués des pubs ou clubs les rejoignent. Dans un autre quartier, près de l’Acropole, un commissariat est sévèrement endommagé.
Dans plusieurs villes (Thessalonique, Jannina, Héraklion, Volo) boutiques, banques et commissariat sont aussi attaqués.
Dimanche 7 décembre – A 14 heures, partant du Musée archéologique proche des deux bâtiments déjà occupés, 4 000 manifestants convergent vers le commissariat central, attaquant boutiques chic, hall d’expositions de voitures, banques. Ils s’affrontent avec les policiers qui réussissent à disloquer le gros de la manifestation. Mais les différents groupes, chacun de leur côté, continuent jusque tard dans la nuit actions contre la police et les mêmes boutiques ou banques déjà visées.
Lundi 8 décembre – Le matin, des lycéens de plusieurs établissements se rassemblent spontanément devant le QG de la police à Athènes. De nombreux jeunes des banlieues nord, est et ouest de la capitale convergent vers le centre-ville en une manifestation spontanée. Ceux des écoles du Pirée (le port d’Athènes) attaquent le commissariat central de la ville et retournent les voitures de police. A 18 heures, plus de 20 000 manifestants, principalement des jeunes, se rassemblent sur la place des Propylées, dans le centre d’Athènes.
Un grand nombre vont et viennent hors de la manifestation, attaquant les banques, les boutiques de luxe et pillent ce qu’ils peuvent.
Tout le reste se déplace lentement et personne ne tente réellement de stopper attaques et pillage. Quelques-uns même les applaudissent. Des attaques similaires ont lieu dans d’autres quartiers d’Athènes, soit près de la moitié du centre-ville. Les immigrants se mettent de la partie. Les Albanais s’intéressent plus à la castagne avec les policiers, d’autres, comme les Afghans et les Africains, au pillage des magasins. La police est débordée, ne pouvant être partout à la fois.
A Thessalonique, 400 manifestants attaquent un commissariat pendant que 1 500 autres construisent des barricades. En fin d’après-midi, neuf bâtiments universitaires sont occupés. Plus tard, 6 000 manifestants attaquent banques et boutiques et pillent tout ce qu’ils peuvent.
Mardi 9 décembre – Grève des enseignants du primaire et du secondaire contre les exactions policières. A midi, près de 3 000 manifestants se rassemblent sur les Propylées et se dirigent vers le Parlement. A la fin de cette manifestation, 150 jeunes attaquent les policiers avec des cocktails Molotov. Le Parti communiste grec (KKE) dénonce les « provocateurs » agissant pour le compte de « forces étrangères occultes ».
Dans l’après-midi, à 15 heures, plus de 5 000 personnes accompagnent dans la banlieue sud d’Athènes les funérailles du jeune assassiné par les policiers. La police, présente à distance sur les lieux, est attaquée par 200 jeunes ; elle doit tirer en l’air pour se dégager. Banques et magasins sont attaqués et pillés.
A Thessalonique, suite à la grève des enseignants, 4 000 personnes manifestent devant le siège du ministère régional de l’éducation.
Mercredi 10 décembre – Grève générale lancée depuis un mois par les syndicats Confédération générale du travail de Grèce (GSEE) et Confédération des fonctionnaires (ADEDV) contre les prévisions budgétaires. Considérant la situation et craignant l’élargissement des émeutes, les manifestations prévues sont annulées. Néanmoins, 7 000 manifestants se regroupent dans le centre d’Athènes. De nouveaux accrochages avec la police se poursuivent jusque dans la nuit. Des assemblées dans les universités occupées tentent de définir les actions à venir.
Les émeutes touchent maintenant 42 villes de Grèce, et même des agglomérations où aucune manifestation n’est organisée. C’est partout le même schéma d’attaque des commissariats, banques, magasins et autres bâtiments publics.
Ces émeutes vont bien au-delà des membres des groupes politiques ultra-gauche. Principalement à Athènes et en Crête, nombre d’émeutiers sont des immigrants, ce qui se produit pour la première fois dans ce pays (la moitié des arrestations concerne des immigrés accusés de pillage alors que la quasi-totalité sont des jeunes). Mais à Thessalonique une manifestation regroupe 4 000 étudiants et travailleurs.
Jeudi 11 décembre – Les lycéens abandonnent les établissements secondaires et bloquent les 35 commissariats d’Athènes, parfois accompagnés par leurs parents. La police, à court de bombes lacrymogènes, en importe d’Israël.
Dans la banlieue d’Athènes, une mairie est occupée avec l’appui des agents municipaux et sert de lieu ouvert de communication et de rencontre. Dans plusieurs universités occupées se tiennent des assemblées. Les organisations étudiantes liées au PC grec (PKS) tentent de bloquer ces assemblées et de prévenir les occupations.
A Komotini, dans le nord-est de la Grèce, près de la frontière turque, ce sont des groupes fascistes et des nervis qui au nom de la « sécurité publique » attaquent une manifestation et récupèrent l’université.
A Athènes, dans la soirée, de nouveau 5 000 manifestants agissent selon un scénario devenu habituel.
Vendredi 12 décembre – 700 lycées et une centaine d’universités sont occupées et leur nombre ne cesse d’augmenter. A Athènes, une grande manifestation rassemblant plus de 10 000 étudiants se termine selon le même scénario que les précédentes. Des arrestations, dont des lycéens de 13-14 ans.
Samedi 13 décembre – A l’appel d’un comité de coordination des étudiants occupant les université, un sit-in de plus de 1 000 participants occupe une des places centrales d’Athènes, mêlant étudiants et travailleurs. Ils sont attaqués à minuit par la police. D’autres manifestations dans les banlieues d’Athènes, Nea Smirni, Peristeri, Zografou.
Dans la soirée, le ministère de l’environnement et des travaux publics est attaqué par quelque 200 manifestants. Des escarmouches se poursuivent un peu partout dans la nuit.
Dimanche 14 décembre – De nouveau des manifestations dans différentes villes grecques. Dans la banlieue sud d’Athènes, à Nea Smirni, un café propriété de la municipalité est occupé par une centaine de personnes, militants, conseillers municipaux et résidents pour en faire un centre d’information et de coordination. Dans cette même journée, quatre stations de radio sont occupées et utilisées pour diffuser des communiqués appelant à la généralisation de la lutte.
Dans le centre d’Athènes, un arbre de Noël géant installé par la municipalité est transformé en torche.
Lundi 15 décembre – Une tentative de nervis et de commerçants de reprendre l’ancienne mairie de Halandri (banlieue nord-est d’Athènes), occupée, échoue. A Agios Demetrios, l’assemblée tente, en coopération avec les employés municipaux, de faire redémarrer les services municipaux indispensables. Le matin, une centaine de lycéens et de militants se rassemblent devant le siège des tribunaux en solidarité avec les personnes arrêtées et réussissent à entrer dans le bâtiment.
Au même moment, dans la banlieue de Korydallos, plus d’un millier de lycéens marchent sur la prison (la plus grande de Grèce). Ailleurs, d’autres manifestations ont lieu devant des commissariats, avec des bagarres avec les policiers. Plus de 2 000 manifestants se rassemblent devant le Parlement. L’occupation de bâtiments municipaux et de stations radio continue à Athènes et dans d’autres villes.
Mardi 16 décembre – Un groupe de 50 manifestants entre dans les studios de la télévision publique NET pendant le bulletin d’informations et réussit à se faire filmer pendant une minute en lançant des appels à la solidarité et à la généralisation du mouvement. 70 autres personnes attaquent le commissariat central du quartier d’Ilissia qui est le quartier général des forces spéciales de police (YMET). Rassemblements et manifestations dans les faubourgs d’Athènes (Petralona, Dafni, Agios Demetrios) dans lesquelles se mêlent étudiants, résidents, travailleurs. Dans une station de métro d’Athènes les distributeurs de billets sont vandalisés.
Mercredi 17 décembre – Environ 70 travailleurs occupent le siège de la confédération syndicale GSEE. 50 bureaucrates aidés de nervis échouent à le reconquérir. Une assemblée y réunit plus tard plus de 800 participants. Deux tendances se dégagent à propos de cette occupation : l’une y voit un symbole pour critiquer les bureaucraties syndicales et promouvoir un syndicalisme de base détaché de toute influence politique ; d’autres qui n’ont rien à faire du syndicalisme, veulent faire du bâtiment un centre pour la formation d’une communauté de lutte.
Le matin de ce jour, deux bannières géantes sont déployées sur l’Acropole (où les travailleurs du site sont en grève pour leurs salaires) appelant à des manifestations de masse dans toute l’Europe pour le 18 décembre. Partant de l’ancienne mairie d’Halandri, 400 manifestants attaquent le tribunal local puis le commissariat de la ville. De nouveau des distributeurs de billets sont sabotés dans plusieurs stations de métro. Un autre étudiant est blessé par balle d’un tireur inconnu dans un rassemblement de jeunes à Peristeri, banlieue ouest d’Athènes.
Un groupe d’universitaires professeurs de droit lancent un appel pour une application stricte des lois et notamment entre autre l’utilisation des universités comme asiles politiques, la pénalisation de l’usage de masques dans les manifestations.
A ce jour, les émeutes ont fait 70 blessés et entraîné 400 arrestations.
Jeudi 18 décembre – 800 lycées sont occupés. Des grèves limitées et ponctuelles chez les coursiers, les employés de librairies, les ouvriers du secteur public. Ces travailleurs rejoignent individuellement les manifestations d’enseignants et étudiants : ils sont ainsi plus de 20 000 devant le Parlement. Les mêmes affrontements suivent tout comme dans d’autres villes de Grèce (Thessalonique, Lama et en Crête) A Patras, le siège local du syndicat est occupé.
Vendredi 19 décembre – A midi, l’Institut français d’Athènes est attaqué par 40 militants ; des slogans de solidarité avec le mouvement lycéen en France apparaissent sur les murs.
A 18 heures, quelque 100 militants attaquent le commissariat d’Egaleo, dans la banlieue d’Athènes. Des occupants du siège des syndicats GSEE et ASOEE interviennent dans deux centres d’appel, bloquant le travail pendant quelques minutes.
Dans la soirée, une intervention similaire trouble la représentation au Théâtre national d’Athènes.
Samedi 20 décembre – Trois stations radio occupées. Dans l’après-midi, des centaines de personnes participent à des manifestations à Athènes et dans les banlieues suite à un appel lancé par les assemblées d’occupations pour une journée internationale d’action.
Dans un faubourg pauvre d’Athènes, Agios Panteleimonas, où vivent de nombreux immigrants, un hypermarché est pillé par les résidents locaux. L’immeuble d’une banque Teiresias est incendié.
Toute la nuit des escarmouches avec la police ont lieu à Athènes, dont une attaque contre le département financier de la police grecque.
Dimanche 21 décembre – Fin de l’occupation du siège de la confédération syndicale GSEE. Une nouvelle manifestation dans le centre d’Athènes. Une centaine d’étudiants interrompent les représentations de 15 théâtres en proclamant une « Nouvelle année insurrectionnelle, tout le monde dans les rues » et « On ne peut pas tuer nos rêves ».
Lundi 22 décembre – 100 manifestants occupent la mairie de Peristeri. Une militante syndicale des travailleurs du nettoyage, une migrante très active, est attaquée et gravement blessée avec une projection d’acide.
Mardi 23 décembre – Un groupe « Action populaire » revendique l’attaque par balles d’un bus de la police à Goudi, ce qui semble une provocation pour permettre à la police de se voir donner l’autorisation d’entrer dans les universités occupées. 5 000 manifestants participent à une manifestation à Athènes organisée par le comité de coordination des universités et écoles occupées. Les occupants décident d’évacuer la faculté de Droit.
Dans le quartier populaire de Nea Filadelfia, 200 manifestants attaquent un commissariat.
Mercredi 24 décembre - Les occupants évacuent le siège du syndicat ASOEE.
Nouvelle manifestation de 1 500 militants dans le centre d’Athènes, avec des appels à la continuation de l’insurrection. Fin de l’occupation de l’Université nationale technique.
Vendredi 26 décembre – 150 militants manifestent devant l’hôpital où est hospitalisée la militante syndicale attaquée à l’acide le lundi 22.
Samedi 27 décembre – 300 manifestants occupent le siège d’Athens Piraeus Electric Railways (ISAP), la société qui employait cette militante.
Une assemblée de 500 militants décide d’organiser des actions contre le travail du dimanche (ouverts exceptionnellement, afin de compenser les pertes dues aux émeutes) et une manifestation devant la prison de Korydallos, en solidarité avec les émeutiers qui y sont enfermés.
Dimanche 28 décembre – A 9 h 30, 200 militants se rassemblent devant une librairie du centre d’Athènes et, par groupes de 10 à 20, commencent à bloquer les entrées de magasins de la rue Ernou, la rue des boutiques les plus riches de la ville. Mais à 13 h 30, devant la foule, ils finissent par abandonner la partie.
Lundi 29 décembre – A 15 h 30 à Maroussi, à 15 km d’Athènes, 120 manifestants parcourent « The Mall Athens » le plus grand centre commercial de l’Attique, avec des bannières contre la société de consommation, distribuant des tracts, faisant passer leurs messages dans la sono.
Dans le même après-midi, nouvelle manifestation de solidarité avec la syndicaliste hospitalisée : mais cette fois, les bureaux sont fermés et gardés par la police. Les policiers trop peu nombreux doivent évacuer la place, emmenant à l’hôpital 4 blessés.
Mercredi 31 décembre – A 23 h 30, 1 000 manifestants se rassemblent devant la prison de Korydallos, demandant la libération de tous les prisonniers arrêtés durant les émeutes.