Cet article est paru dans Echanges n° 131 (hiver 2009-2010).
Contre le mythe autogestionnaire Téléchargeable, ou prix libre en librairie (Infokiosk...)
80 p.
Contact : Ottogeyrtonnex@live.fr
Commençons par citer cette déclaration des auteurs de Contre le mythe autogestionnaire : « Ce texte est une tentative d’élaborer une critique de cette perspective largement répandue aujourd’hui dans les milieux militants qui se revendiquent, du moins formellement, de la nécesité de changer radicalement le monde. » Cette critique de l’autogestion vise à « nous permettre de mieux saisir où nous en sommes aujourd’hui à travers toute nos forces et nos contradictions internes ». Elle se veut également un « appel pour que d’autres prolétaires, d’autres révolutionnaires apportent leur contribution dans un permanent mouvement de constitution et de renforcement de notre classe. »
Quant au texte lui-même, il se divise en deux parties d’égale dimension : une analyse critique des mouvements historiques revendiqués par le courant autogestionnaire, et des considérations sur des perspectives révolutionnaires.
Le choix historique concerne l’ Espagne autogestionnaire de 1936, l’atelier Lip à Besançon (France) en 1971, l’Argentine de 2001 (c’est la partie la plus développée, d’autant plus que les auteurs reviennent sur ce sujet dans la seconde partie, ce qui se comprend car c’est la référence actuelle). Des annexes ajoutent des documents, sur Lip (« Les syndicats copropriétaires de la classe ouvrière ») et sur l’Argentine (« La grande escroquerie du troc’n’roll »). En revanche, la brochure fait l’impasse sur tout le courant et les expériences autogestionnaires britanniques dans les années 1970 et d’aures beaucoup moins connues.
Ce qui apparaît dans ces exposés historiques et ces documents est repris d’une manière plus générale et systématique dans la deuxième partie, qui se veut une « Critique théorique de l’imposture autogestionnaire » (p. 34). Il faut enfoncer le clou : « Ce que [les] autogestionnaires ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre c’est que toucher un salaire implique un échange : ma force de travail contre le fric sans lequel je peux crever dans ce monde où l’argent est roi » Rappelant qu’au xixe siècle on pouvait écrire : « Au lieu du mot d’ordre conservateur “Un salaire équitable pour une journée équitable”, [les travailleurs] doivent inscrire sur leur drapeau le mot d’ordre révolutionnaire “Abolition du salariat” » (Marx), le texte regrette la disparition de cette idée.
Sa critique est détaillée en plusieurs thèmes : 1) la croyance en l’idéalisme et en la volonté de changer le monde ; 2) la croyance que l’autorité façonne la société ; 3) la croyance que le fédéralisme garantit l’autonomie ouvrière. S’ensuit toute une série d’affirmations (parfois contradictoires) qui sont aussi des questionnements, sous le titre « Insurrection versus autogestion (et réciproquement »), et des « Perspectives ».
Il s’agit de réaffirmer l’idée que si occuper des usines peut être un acte révolutionnaire, organiser une production en fonction des besoins d’une unité de fabrication (de quoi que ce soit) est contre-révolutionnaire..., et de briser l’identification du prolétaire à son travail.
Des perspectives qui appellent une plus longue discussion.
H. S.