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"Comment Ségolène Royal écrit l’histoire de France" ? Chiche, messieurs les historiens de la gauche respectueuse

vendredi 27 juin 2008

Décidément, les ntellectuels "de gôche" ne comprennent rien aux dangers et à la fonction politique du patriotisme et du nationalisme. Ou plutôt ils mentent sciemment.

Dans "Comment Sarkozy écrit l’histoire de France, publié en 2008 aux Editions Agone, la vingtaine d’historiens qui ont contribué à ce livre « oublient » de mentionner que, depuis le XIXe siècle, la gauche s’est autant servi que la droite des symboles du nationalisme pour « construire le roman national » français et une « identité nationale ».

La gauche a parfois utilisé exactement les mêmes symboles – il suffit de mentionner l’usage de Jeanne d’Arc par le Parti communiste français durant la Résistance ; le combat des syndicats et partis de gauche aux côtés de De Gaulle contre les grèves et pour l’austérité en 1945-1947 sous prétexte de redresser "l’économie nationale" ; l’opposition du PCF et du PS à l’indépendance de l’Algérie ou des Antilles ; ou l’usage du drapeau tricolore – le drapeau des massacreurs de la Commune – par le PCF et le PS dans leurs manifestations et réunions.

Dernier épisode du feuilleton : "Comment la gauche écrit l’histoire de France pour paralyser les travailleurs au service du Capital" la cérémonie patriotique que propose Ségolène Royal dans son dernier livre "Si la gauche veut des idées" : « J’ai assumé, défendu, illustré l’identité nationale et l’hymne national » durant la campagne présidentielle, dit-elle. « Je propose, pour renforcer le sentiment d’appartenance à la nation, une cérémonie républicaine » aux jeunes qui vont avoir 18 ans et obtenir le droit de vote.

Dans leur livre contre Sarkozy, salué par toute la presse de "gauche" de Charlie Hebdo à l’Humanité, la cécité des historiens "de gôche" va jusqu’à juger positives les déclarations chauvines d’un Mitterrand, mais à juger négatives celles de Sarkozy, sous prétexte que le premier était « cultivé », ce qui ne serait pas le cas du second (ce qui est vrai d’un point de vue factuel, mais politiquement indigent comme argument). D’ailleurs, depuis quand la maîtrise de la « culture » empêche-t-elle de défendre les intérêts des classes dominantes ?

On attend avec impatience que ces historiens "de gauche" nous pondent un bouquin sur l’usage du mythe de l’unité nationale par le PS et le PCF pour mieux rassembler les travailleurs sous les plis du drapeau tricolore et défendre les intérêts des patrons et de l’Etat impérialiste français.

Mais gageons qu’ils voteront Ségolène Royal aux prochaines élections présidentielles, si elle se présente, et resteront muets sur les idées chauvines et pro-impérialistes que défend la gauche, et ce bien avant que Sarkozy ne commence à sévir et à jouer sur le patriotisme économique, la xénophobie et l’identité nationale.

Y.C.

P.S. du 3 septembre

Réflexion faite, ce livre a une fonction politique (et même pré-électorale ; n’oublions pas qu’en France il se tient quasiment une élection chaque année) que je n’avais pas vue, trop "impressionné" sans doute par le statut d’historiens des auteurs de ce livre. En effet, si l’on veut absolument souligner "l’originalité" de la campagne présidentielle de 2007 c’est plutôt la personnalisation à outrance et l’appel constant à "l’amour" et à la "solidarité" vis-à-vis de "ceux qui souffrent", les références religieuses (catholiques) et l’exploitation de l’émotion et des bons sentiments qu’il aurait fallu dénoncer. Mais ces caractéristiques-là étaient grossièrement évidentes, pour n’importe quel téléspectateur, chez Royale comme Sarkozy. C’est pour cela que la polémique contre Sarkozy des historiens est d’une insigne mauvaise foi et constitue une manoeuvre politique déguisée. Par ce livre, ils ont cherché à déplacer la discussion sur un terrain "scientifique" comme si Sarkozy était un universitaire distingué, un spécialiste scientifique reconnu de leur discipline, et non un démagogue de bas étage, un bateleur de piètre niveau. Quiconque a eu le malheur de lire un livre de Sarkozy sait que ce type ne sait ni écrire ni penser au-delà des lieux communs les plus éculés que lui souffle son cerveau ou ses porte-plumes lourdingues. Ce livre d’historiens tend implicitement à nous faire croire, après coup, que les 2 campagnes (celle du PS et de l’UMP) auraient été radicalement opposées (la gauche respectant l’Histoire, la droite la foulant aux pieds), alors qu’elles ont été terriblement semblables : mélange privé-public (péripéties conjugales, photos intimes, mises en valeur et utilisées des deux côtés) ; participation à des émissions-bureau des pleurs, etc., défense des valeurs chrétiennes, manipulation de l’émotion à la télévision, etc. Ces éléments étaient vraiment nouveaux dans une campagne présidentielle, bien plus nouveaux plutôt que l’instrumentalisation de l’histoire par la droite. Mais évidemment faire un tel constat ne convient pas aux politiciens de gauche et aux intellos qui roulent pour eux.

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