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Le trotskysme municipal

dimanche 9 mars 2008

Les cinq articles ci-dessous, empruntés à des sites anarchistes et trotskystes, présentent des points de vue contrastés sur le Nouveau parti anticapitaliste proposé par la LCR, le dernier tournant de LO en direction de la gauche pourrielle et ce qui sera peut-être demain le “trotskysme municipal”, après le “socialisme municipal” et le “municipalisme libertaire” (Ni patrie ni frontieres).

- Mais que font les trotskystes ? (Courant Alternatif)

- Les municipales, LO et la LCR : Une tempête dans un verre d’eau tiède (Ni patrie ni frontières)

- Réflexions autour du Nouveau Parti Anticapitaliste (Le Monde libertaire)

- Que proposent LO, le PT et la LCR pour ces élections locales (Le CRI des travailleurs)

- La LCR : un « nouveau » parti à grands renforts médiatiques (La Riposte)

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Mais que font les trotskystes ?

Courant Alternatif

Depuis l’été dernier, les deux grosses organisations trotskystes que sont la Ligue Communiste Révolutionnaire et Lutte Ouvrière semblent effectuer un revirement stratégique. D’un côté, L.O. envisage de se présenter sur des listes communes avec le PS, en vue des Municipales de Mars prochain. De l’autre, Besancenot, le leader de la L.C.R. lance un « appel pour constituer un nouveau parti », qui s’appuierait sur des « discutions locales dans les lycées, les facs, les quartiers », dans le but de fédérer ceux et celles qui luttent pour constituer une dynamique anticapitaliste.

La L.C.R. est connue pour ses manoeuvres politiciennes et son électoralisme, mais elle semble mettre de côté les Municipales et se concentrer sur les luttes. Inversement, L.O. qui est connue pour son implantation dans les entreprises, et son dogmatisme « révolutionnaire », veut des conseillers municipaux coûte que coûte. Ces nouvelles stratégies de la part de « l’extrême gauche » s’appuient sur des changements d’appréciation de la situation politique actuelle. Nous pensons qu’il est important d’analyser les évolutions du paysage « contestataire » français, d’autant plus que ne nous avons nous aussi des questions à nous poser, tant au niveau de la stratégie révolutionnaire globale que dans nos modes d’interventions au quotidien.

Le Nouveau Parti Anti Capitaliste : sur quelles bases ?

Bien que les dirigeants de la Ligue aient certainement des idées très précises sur ce qu’ils veulent, il est aujourd’hui très difficile de savoir comment peut se structurer le nouveau parti. Les militants répondent quasi systématiquement que le N.P.A.C. sera ce que les gens en ferons. « Tous ceux qui veulent en être pourront contrôler démocratiquement, de A à Z, la construction du nouveau parti anticapitaliste que nous voulons créer » affirmait Besancenot lors de l’ouverture du congrès de la L.C.R. (24 janvier 08). L’idée fondamentale de ce nouveau parti est de fédérer les militants et militantes anticapitalistes et révolutionnaires. Le parti s’affirme comme étant dans la continuité du Mouvement ouvrier. Dans les textes du congrès, il est dit que la LCR est favorable à ce que le N.P.A.C. s’affirme dans une nouvelle Internationale « anticapitaliste, révolutionnaire, démocratique, capable de formuler une politique pour la classe ouvrière pleinement indépendante ». Lors d’une réunion parisienne, fin 2007, le « facteur » nous avait le coup du retour aux sources, en affirmant que les divergences qui avaient traversé le mouvement socialiste depuis la Première Internationale devaient être dépassées aujourd’hui. Il s’est même payé le luxe de citer « Louise Michel, l’anarchiste »... Il semble que le Nouveau parti ai des visées hégémonique sur le mouvement social. Aussi, on a parfois l’impression qu’ils veulent prendre la place du P.C.F. d’autres fois celle laissée vacante par le P.S., ou sinon devenir LA force issue du « Non de gauche à la constitution européenne ». En fait, ils jonglent habilement entre un réformisme antilibéral et des positions vaguement Marxistes. Le N.P.A.C. vise « les secteurs de la jeunesse et du monde du travail les plus avancés dans le combat anticapitaliste ». Leur éventail de personnes à convaincre est large : depuis les militants actifs du milieux étudiant, aux militants des S.U.D. ou de la F.S.U. et certains syndicats C.G.T. Puis ils s’adressent aux « courants issus de la crise du P.S. et du P.C.F., les Collectifs antilibéraux, les équipes du Mouvement social et du Mouvement syndical, les révolutionnaires dont Lutte Ouvrière » et ce, surtout localement. Les « libertaires » sont aussi taquiné et notamment Alternative Libertaire qui frétille tel un goujon depuis qu’elle a droit a une tribune sur le site internet de la grande sœur trotskyste. Le NPAC entend mettre la question sociale au « centre » de son programme. Cela concerne la « défense générale des intérêts et revendications des travailleurs, le féminisme, l’écologie, les droits de la jeunesse, ceux des populations immigrées et de tous les secteurs discriminés – et la question démocratique (défense de tous les droits démocratiques, rupture avec la Véme République, élection d’une Assemblée constituante, contrôle des travailleurs et de la population, pouvoir à des assemblées élues dans les communes et les entreprises…). »

On ne peut que constater que la LCR n’entend pas renier ses fondamentaux communistes. Pour autant, ils s’inscrivent plus dans la continuité de la gauche parlementaire française que dans la lignée des grosses organisations révolutionnaires. « Un tel parti à une influence de masse, s’adresse à tous ceux et celles qui veulent construire ou reconstruire une nouvelle force politique vraiment à gauche, dans le camp des travailleurs. »

Aussi, Besancenot met souvent en avant la nécessité (pour les travailleurs) de voir appliquer rapidement son « programme d’urgence ». Cela consiste en quelques mesures « clef en main » telle que les 32h., l’interdiction des licenciements collectifs, la défense des services publics,...

Aussi, le nouveau parti entend se faire sa place en se distinguant totalement du P.S. « social liberal »,... et en pratiquant à outrance un antisarkozysme primaire.

Après avoir « Osé Bové », Olivier veut « Niquer José » ?

Que se soit par les différentes initiatives auxquelles a participé la L.C.R. récemment, ou par les problématiques abordées dans sa propagande « grand public », on se rend compte que le rayonnement culturel de la Ligue se fait plutôt chez les alter mondialistes et les antilibéraux. Le parti se veut avoir comme perspectives le changement de société. Pourtant, les stratégies annoncées n’apparaissent pas ou très peu comme révolutionnaires. En apparence la LCR semble moderniser la question sociale, en adaptant son discours à la « conscience des masses » (sous prétexte que les masses ne seraient pas capable de comprendre ce qu’est la plus value ou les Soviets). En réalité, ils nous refont toujours et encore le coup du réalisme politique, en se contentant de défendre le compromis capital-travail issus des 30 glorieuses, sans autres perspectives concrètes que « d’être le porte parole des luttes pendants les élections ».

Par exemple, lors d’un comité local sur une fac, les J.C.R. (organisation « de jeunesse » liée à la L.C.R.) mettait en avant la défense inconditionnelle du service publique, présenté comme un « début de socialisme »…

Bien sûr il ne faut pas oublier ce qui s’est passé durant la campagne électorale. L’appel de Besancenot est dans la continuité des Comités du non à la constitution dont la L.C.R. s’est fait largement l’écho (et s’était largement satisfaite de leur existence). À l’époque, l’accord s’était fait sur des perspectives aussi creuses que le « non antilibéral à la constitution de Chirac » et, dans les faits, n’avait pas été moteur de quelque dynamique sociale que ce soit. Pendant la lutte contre le C.P.E., chaque chapelle (Attac, P.C.F,. les Alternatifs, etc.) était retournée à ses stratégies propres, de peur de louper quelque chose et, bien sûr, pour tirer la couverture à soi. Tout ce petit monde s’était ensuite re-re-trouvé pour préparer les élections présidentielles. Mais là, les enjeux de pouvoir sont ressortis comme jamais. Tout le monde voulait être « unitaire » mais chacun cherchant à faire passer ses idées (et son ou sa porte parole) avant les autres, la L.C.R. la première. Tout cela a donné ce que l’on sait. Étant donné que Besancenot est celui qui s’en est le mieux sorti (près de 5%), sa formation remet aujourd’hui sur le tapis la dynamique unitaire dont tout le monde rêve. Mais cette fois, la ligue met clairement SES conceptions et SON porte parole comme préalable à l’unité.

Pourquoi LO ne les rejoint pas ?

Lutte Ouvrière est une organisation vieillissante. Ses dirigeants commencent à se rendre compte que leur rigidité dogmatique fait peur à tout le monde. Ils se préparent actuellement à remplacer la vieille Arlette et commencent à aborder des sujets un peu plus larges que les seules combats ouvriers. Par exemple, ils publiaient en septembre dernier un article intéressant sur l’écologie dans leur journal théorique. Lors de leur congrès de décembre 2007, ils ont questionné leur « rayonnement politique ». C’est bien connu, tous les étés, L.O. traverse le pays avec ses « caravanes », à la rencontre du prolétariat. Et bien maintenant, ils tenteront de le faire tous les deux mois quand c’est possible. Un des fers de lance de leur implantation locale est d’avoir des conseillers municipaux. Pour arriver à leurs fins ils sont prêts à des listes commune avec le PS et le PC comme à Ivry sur seine (94), et ce « dès le premier tour ». Ils comptent se présenter dans plus de de 128 communes. Comme l’évoquent les militants de leur Fraction, les candidatures de LO risquent de ne servir que de faire valoir d’extrême gauche, dans les mairies P.C.F. pour pouvoir résister au PS. Inversement, si le PS accepte l’extrême gauche sur certaines listes, ce n’est que pour affaiblir son rival communiste. C’est bien dommage pour des trotskystes que de faire le jeu à la fois des staliniens et des sociaux-démocrates !

La L.C.R., pour sa part, se dit prête à se présenter dans 180 villes, sur des listes indépendantes, qui peuvent éventuellement fusionner au second tour. Elle compte sur les militants pour recruter des gens à mettre sur les listes (par exemple les copain-copines des militants dans certains quartiers !). Ces listes ne semblent pas relever d’enjeux fondamentaux pour la Ligue, mais semble n’être qu’un outil de plus pour lancer et populariser le nouveau parti. Au contraire, LO mise beaucoup sur ces élections. D’après eux, les conseillers municipaux ont un rôle important et permettent par exemple de faciliter le soutien aux grèves locales, comme en obligeant une mairie de gauche à soutenir financièrement des grévistes, ce qu’ils auraient déjà permis… Sur le terrain, le discours est tout autre. Une candidate L.O. sur une liste commune en banlieue parisienne explique sa candidature ainsi : « face à la droite, même si la ville ne peut pas tout pallier, nous voulons contribuer à améliorer la vie des gens »... avec le P.C.F., le P.S. et les subventions de l’Etat...

Il est intéressant de voir que L.O. ne suit pas la dynamique lancée par la L.C.R., en argumentant que ce n’est pas le Parti dont ils rêvent, qu’ils ne parlent pas explicitement de révolution communiste. Bien qu’ils souhaitent au Nouveau parti de réussir, on sent un léger mépris paternaliste : « Certains s’engagent dans des O.N.G. pour intervenir dans des pays sous développés, d’autres le font plus près de chez eux pour aider les Sans papiers ou les Sans logis, d’autres, simplement outrés par les mesures du gouvernement souhaitent s’y opposer selon leurs moyens. Et ce serait une bonne chose qu’à défaut d’être révolutionnaire, ils puissent trouver une organisation importante, vaste, susceptible d’agir et qui corresponde à leurs idées » (texte du congrès). De fait Lutte Ouvrière préfère se replier sur ses acquis : l’implantation dans les entreprises et une formations rigoureuse (et dogmatique) de militants recrutés à la sortie des grandes écoles.

Au niveau de ses axes politiques, L.O. semble rejeter l’antisarkozysme et préfère se concentrer sur une analyse de l’hégémonie politique de la droite. L’organisation d’Arlette semble comprendre qu’il y a un enjeu à défendre sans concession un programme de lutte de classe, plutôt que de se placer sur le terrain de la gauche de la gauche. Ils font le choix de développer leurs acquis, jouant sur le fait que la radicalisation de la droite attirera le prolétariat vers « son vrai parti »... La Ligue elle, on l’a vue, fait le choix du « pragmatisme » de gauche.

Vers une stratégie révolutionnaire unitaire ?

La question que l’on pourrait ainsi se poser est : doit on se méfier du Nouveau parti et continuer nos affaires dans notre coin ou bien tout plaquer et rejoindre les camarades dans un grand élan de spontanéité « unitaire »... ? Bien évidemment l’un ou l’autre de ces choix serait trop simple. Nous avons déjà évoqué à plusieurs reprises que l’unité, même seulement chez les libertaires a valeur de mythe. Il ne serait pas sensé de croire que tout les militantEs « anticapitalistes » peuvent lutter dans la même organisation. Pour répondre à Besancenot, les divisions qui traversent le Mouvement ouvrier depuis la Première internationale relève d’enjeux fondamentaux. Il ne peut, par exemple, y avoir de conciliation entre ceux qui sont prêts à défendre l’Etat par antilibéralisme et ceux qui veulent en finir le plus vite possible avec lui. À ce sujet la question de la défense du service public est fondamentale... Pour nous, des militants révolutionnaires conséquents ne peuvent pas faire l’impasse sur l’analyse du service public comme étant une nécessité du capitalisme, plus ou moins forte suivant les époques. Les classes populaires on évidemment tout à craindre d’une défaillance de celui-ci, mais, un discours révolutionnaire se doit, au moins, de proposer de dépasser la gestion étatique des besoins de la société plutôt que de défendre un statu quo avec la bourgeoisie. Si un jour une situation révolutionnaire se présente, on peut se permettre de douter qu’un Parti qui risque de faire plus de 10% aux élections, d’avoir des députés, voire des mairies, nous suive et plaque tout ce qu’il a réussi à construire au sein des institutions... Pourtant, les communistes savent que seuls les conseils révolutionnaires (d’entreprise, de quartier) peuvent être l’avenir des exploités.

Pour autant, plutôt que de railler de la proposition de la L.C.R. nous nous devons de suivre cela de près car il se peut que le N.P.A.C. devienne un espace important de la recomposition du mouvement social. Nous n’avons pas à en avoir peur puisque, à priori, cette organisation véhiculera tout de même des perspectives de rupture, et surtout la nécessité de lutter. Ils contribueront certainement à renforcer la visibilité politique des « anticapitalistes » dans la société, ce qui serait un point d’appui pour l’émergence d’un mouvement social révolutionnaire. Au moins, la Ligue pose concrètement les questions de l’organisation, et de l’émergence d’un discours politique conséquent pour les luttes, questions qui sont fondamentales.

Quant à LO, il y a de forte raison que l’on se retrouve (comme souvent) à leur côté pour développer des positions de classe dans des luttes. De plus, même au sein d’un Nouveau parti, il y a de fortes chances que les militants de la Ligue gardent leur stratégie d’opposition syndicale avide de prise de pouvoir au seins des directions (notamment dans l’Union Solidaires., ou il devrait rapidement y avoir un certains nombres d’enjeux). Alors, nous ne pourrons que nous satisfaire si les militants de LO prônent comme nous, une autre approche de la lutte dans le monde du travail. D’autant plus que si le N.P.A.C. veut regrouper large, cela comprendra tout un tas de carriéristes et d’apprentis bureaucrates qui n’ont que faire de l’évolution du rapport de force entre les classes, et préfèreront développer leur propre organisation pour elle-même et leurs ambitions, plutôt que des perspectives communistes et révolutionnaires.

Séba,

OCL-banlieue rouge (pâle),

24 janvier 2008

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Les municipales, LO et la LCR : une tempête dans un verre d’eau tiède

23 mars 2008

Suite à la parution d’un article intitulé « Mais que font les trotskystes ? » dans Courant alternatif, mensuel de l’Organisation communiste libertaire, un débat s’est engagé sur Internet à propos de l’initiative de la LCR et de son Nouveau Parti Anticapitaliste mais aussi du dernier tournant de LO en matière de tactique électorale.

Il est dommage que cet article et ce débat ne tiennent pas compte du numéro de Critique communiste de décembre 2007 où des conseillers municipaux de la LCR évoquent leur expérience institutionnelle. En lisant leurs articles, on ne comprend absolument pas en quoi leur participation à des conseils municipaux a vraiment aidé la population à gagner ne serait-ce que quelques conquêtes (de la non-construction d’un incinérateur dans une ville à la construction d’une crèche dans une autre – en l’espace de dix ans !). Les conseillers municipaux de la LCR montrent eux-mêmes que tout dépend de la mobilisation À L’EXTERIEUR des conseils municipaux. De plus, il y a une certaine hypocrisie de leur part à proclamer fièrement leur indépendance vis-à-vis de la gauche pourrielle : « Nous on ne vote pas le budget municipal » du PS, puis à le voter par tranches (à 80 % selon ces mêmes conseillers municipaux de la LCR).

Sur ce dernier point, LO a une approche encore plus cynique puisqu’elle a apparemment accepté à l’avance de voter les budgets présentés par la gauche dans les 66 villes où elle s’est présentée sur des listes d’union (1) dont 38 dirigées par le PCF, 27 par le PS, une par le MRC (les chevènementistes). Elle admet que les « équipes municipales n’ont certes pas le pouvoir de contrecarrer la politique de l’État, et encore moins celle du patronat, mais elles peuvent dans une certaine mesure en atténuer les effets (2), en facilitant la vie des travailleurs plutôt que systématiquement celle des patrons. Elles peuvent aussi aider à l’organisation et aux luttes des travailleurs. » On prendrait davantage Lutte ouvrière au sérieux si elle précisait en quoi ses conseillers municipaux ont « atténué les effets » de la politique de l’Etat, ou en quoi ils ont renforcé les luttes à partir de leur position au sein des municipalités. Mais, prudente, elle ne s’aventure pas sur ce terrain glissant et se contente de proclamer vouloir « battre la droite », comme nous le serinent la LCR, le PS et le PCF à chaque élection, avec le brillant résultat que l’on connaît quand la gauche accède au pouvoir local, ou national.

Qu’est-ce qui a changé depuis 2001 ?

Rappelons à ce propos ce que déclarait LO au soir des municipales de 2001 : « Pour nous, c’est un résultat extrêmement significatif de la déception d’une partie importante des classes populaires envers la politique d’un gouvernement qui se dit de gauche. Là où nous pouvons nous présenter au deuxième tour (quelques cas au moins), nous nous maintiendrons. Là où nous ne pouvons pas, nous n’appellerons en aucun cas à voter pour la gauche gouvernementale car les travailleurs ont été bien assez trompés depuis 1981. L’Humanité, dans une de ses premières pages de la semaine dernière, annonçait que les entreprises françaises avaient fait des bénéfices fabuleux au cours de l’année 2000. Mais c’est au détriment du monde du travail qu’elles l’ont fait et couvertes par le gouvernement socialiste-communiste. »

Rappelons aussi que les conseillers municipaux de Lutte ouvrière refusaient de serrer la main à leurs collègues socialistes, au grand scandale de ceux-ci qui considéraient ce comportement comme digne d’une « secte » (comme l’affirmaient, il y a quelques mois, des dirigeants du PS tels que Valls et Moscovici, lors d’une émission de télévision). Avec le nouveau tournant de LO, on suppose que les militants de cette organisation serrent désormais la paluche des socialos qu’ils traitaient hier comme des ennemis de classe. Cela prouve le peu de consistance et de sérieux de leur attitude précédente, mais aussi, ce qui est plus inquiétant, leur docilité et leur manque d’esprit critique à l’égard des revirements brusques décidés par leur direction.

Sur le fond, on ne voit guère ce qui a changé depuis 2001.

1) Les entreprises ont continué à faire des « bénéfices fabuleux » pour reprendre le vocabulaire consternant de LO (à partir de quel niveau la plus-value devient-elle « fabuleuse » ?).

2) Ni le PS ni le PCF n’ont lutté pour les exproprier entre 2001 et 2008 et elles n’ont aucunement l’intention de le faire au cours des 7 années suivantes.

3) Quant aux travailleurs, une bonne partie d’entre eux votaient déjà (sans illusions) pour le PCF et le PS en 2001 et ne comprenaient (ou ne partageaient pas) la position de Lutte ouvrière consistant à refuser de voter pour la gauche.

Donc, soit LO mentait aux travailleurs en 2001 (et faisait le jeu de la droite et des patrons au détriment des partis de gauche qui défendaient alors les intérêts des travailleurs), soit elle ment aujourd’hui en prétendant pouvoir « faciliter la vie des travailleurs » ( ?!) en concluant des alliances électorales avec le PS et le PCF.

Quels sont les objectifs des trotskystes ?

En fait, l’objectif actuel des trotskystes est simple et beaucoup plus prosaïque que leurs justifications alambiquées et contradictoires. La LCR ne le dit pas clairement car ses capacités d’organisation ont toujours été faiblardes (comme en témoignent ses difficultés financières perpétuelles depuis 40 ans), mais LO le formule très explicitement dans ses articles.

Il s’agit d’abord pour ces organisations de se renforcer ; notamment en recrutant des militants, y compris en en piquant au PS et surtout au PCF (mais, sur ce plan-là, les progrès sont infinitésimaux, si l’on fait le bilan de leurs 80 ans d’existence indépendante du stalinisme et de la social-démocratie).

« Défendre les valeurs du mouvement ouvrier », oui mais lesquelles ?

Il est intéressant à ce propos de citer ce que LO écrit dans La Lutte de classe de mars 2008 : « Et par les temps qui courent, où le recul du nombre de militants politiques, dans les quartiers populaires fait régresser les idées et les valeurs du mouvement ouvrier, la solidarité et la conscience de classe, il est important que, partout où faire se peut, ces idées soient de nouveau affirmées. » Arrêtons-nous une seconde sur cette stupéfiante révélation : LO défendrait donc les valeurs du mouvement ouvrier pendant les élections !!! Quelles valeurs ?

L’expropriation de tous les patrons, que leurs profits soient « fabuleux » ou pas ? l’occupation immédiate de tous les logements vides ? l’arrêt immédiat de toutes les productions polluantes ou meurtrières ? la dissolution de la police et de l’armée ? la légalisation de tous les sans-papiers ? la suppression de tous les travaux socialement inutiles (des contrôleurs du métro et du bus à l’industrie publicitaire) ? la réduction radicale de la journée de travail ? l’arrêt du nucléaire et la sortie progressive d’une économie fondée sur l’automobile et le pétrole ? la suppression des prisons ? la gratuité totale des soins médicaux et dentaires ? la restructuration de toute la production agricole européenne pour permettre à l’humanité de liquider la question de la faim dans le monde ? la création d’un programme de collaboration technologique et éducative avec les pays du tiers monde pour permettre à ceux-ci de sortir de la misère et du sous-développement dans les plus brefs délais ?

Soyons sérieux, lors de ses campagnes électorales, LO (tout comme la LCR) ne présente qu’un programme syndical minimum (à l’exception du prétendu « contrôle des livres de comptes » qui est inapplicable dans le cadre du système capitaliste, et équivaudrait à la suppression des banques et de tout le système bancaire, ce que ne défendent pas les trotskystes dans les médias), dans un cadre purement franco-français, sans envisager une seconde comment pourrait fonctionner une autre société à l’échelle européenne et encore moins mondiale.

Lutte ouvrière veut devenir le SOS-Amitié des « ex-militants » et des « communistes » trop timides pour s’afficher

Mais continuons notre édifiante lecture : « C’est une façon de redonner courage à ceux qui ont cessé de militer ou ceux qui voudraient bien militer mais qui, se sentant isolés, ne voient pas comment ils pourraient le faire. »

On ne comprend pas bien quel est – comme disent les publicitaires – le « cœur de cible » de LO : ce n’est certainement pas ses ex-militants, car, sur le plan électoral, ils ne constituent pas un réservoir numériquement intéressant et que LO a plutôt tendance à traiter ses « ex » comme des chiens crevés. Il ne s’agit sans doute pas des ex-militants d’extrême gauche ou libertaires (dont le nombre est déjà plus significatif, si l’on additionne tous ceux qui ont passé quelques années dans ces groupes depuis 40 ans), car LO n’a jamais défini la moindre stratégie vis-à-vis de ces derniers et on doute qu’ils soient subitement séduits par LO. Si l’on se place d’un point de vue électoral et électoraliste, on peut donc supposer (car LO ne nous le dit pas) qu’il s’agit des ex-militants ouvriers du PS, du PCF ou des syndicats dits de gauche. Donc de gens politiquement très modérés et qui d’ailleurs, comme les « ex » gauchistes des années 60 et 70 ont généralement 50 ans et plus.

En admettant même l’intérêt de cette stratégie électorale, on ne voit pas en quoi le fait, pour ces « ex », de mettre un bulletin dans l’urne aurait le moindre impact sur eux et les pousserait à « reprendre du collier ». Quant à ceux qui se sentent « isolés », les pauvres, eh bien, ils n’ont qu’à se remuer un peu et à rejoindre tel ou tel combat, y compris en dehors de leur lieu de travail, s’ils craignent ou risquent de se faire licencier. Ce ne sont pas les causes qui manquent, des « sans-papiers » aux « mal-logés » et aux SDF, en passant par les fermetures d’entreprises, les licenciements collectifs, les bavures racistes, les discriminations à l’embauche, la répression contre les mouvements étudiants et lycéens, et même les multiples causes écologiques. En tout cas, s’il y a des jeunes travailleurs (ou des moins jeunes) qui meurent de trouille devant leurs chefs et leurs patrons, on voit mal en quoi le bulletin de vote de LO changera quelque chose à leur peur !

Et LO de conclure sa brillante démonstration : « Cela permet aussi d’associer à cette présence politique des femmes et des hommes qui, sans vouloir militer pour autant, sont fiers de leurs idées communistes et tiennent à les affirmer. »

Ah ! LO se présente donc aux élections pour donner du courage aux déçus, aux démoralisés, aux grands timides, aux partisans mollassons du « communisme » ! Difficile d’imaginer un programme plus enthousiasmant !

Les explications de LO, si elles ne sont pas convaincantes, ont au moins un mérite : ce groupe ne nous sert pas des raisonnements alambiqués et pseudo-radicaux comme la LCR pour justifier son opportunisme électoral au nom d’un « guévarisme » introuvable et de fumeuses idées « libertaires » ! Avec LO, on sait à quoi s’en tenir et on comprend ainsi un peu mieux le contenu populiste de ses affiches.

Le véritable but des trotskystes est de conquérir l’appareil d’Etat

Néanmoins, il faut aller plus loin dans l’analyse car les trotskystes ne se présentent pas simplement pour renforcer leur audience électorale. Il s’agit surtout, pour LO et la LCR, de conquérir progressivement l’appareil d’Etat (ce qu’ils appellent dans leur jargon creux « construire un rapport de forces » ou « disposer de points d’appui » !).

Il ne s’agit plus pour les trotskystes de « faire de la propagande pour les idées révolutionnaires », ça c’était bon pour les années 70, et encore de façon très ambiguë (cf. le n° 21-22 de Ni patrie ni frontières et notre dossier sur la politique électorale de l’extrême gauche durant les années 1968-1988). Aujourd’hui, il s’agit de conquérir progressivement l’appareil d’Etat.

C’est pour cela que l’on a retrouvé un ministre trotskyste de la Réforme agraire au Brésil, qu’il y a là-bas des maires trotskystes. C’est pour cela que le gouvernement Prodi était soutenu par le PRC (Rifondazione comunista) qui lui-même comptait dans ses rangs les amis de la LCR. Ces derniers ont eu beau faire du scandale à l’intérieur du PRC et même au Parlement, de fait ils ont cautionné par leur présence au sein du PRC la politique du gouvernement Prodi. Certes, ils ont fini par décider de sortir du PRC italien (comme cela été le cas au Brésil après plusieurs années de collaboration éhontée avec la bourgeoisie), et il est probable qu’ils se feront un jour exclure de Die Linke en Allemagne ou qu’ils en partiront. Et certes, ils affichent des intentions « anticapitalistes » louables, même si on a du mal à percevoir la cohérence entre ces intentions proclamées et leur applications pratiques.

Un constat d’impuissance non assumé publiquement

Mais en réalité, les trotskystes de la LCR font un constat d’impuissance, que l’on pourrait résumer ainsi mais qu’ils n’osent pas formuler aussi clairement : « Puisqu’on ne peut plus croire à la prise du Palais d’Hiver (à une insurrection armée type Octobre 1917 dirigée par un Parti trotskyste), alors nous allons nous livrer à des expériences. Nous noyer dans un parti aux frontières floues (comme le Partido dos trabalhadores au Brésil, Rifondazione Comunista en Italie ou Die Linke en Allemagne) ou le créer de toutes pièces (cf. le Nouveau parti anticapitaliste que souhaite créer la LCR d’ici la fin de l’année 2008) ; puis conquérir peu à peu l’appareil d’Etat par en bas (d’où l’idéalisation du pouvoir communal), puis nous verrons bien ce qui se passera... En attendant un hypothétique Grand Soir, nos élus se feront connaître et reconnaître, nous apprendrons bien des choses sur le fonctionnement de l’administration, de l’Etat, des entreprises, et si cela pète un jour, nous mettrons notre savoir et notre expérience au profit du mouvement social, voire de la Révolution » (mais la Révolution ils n’en parlent plus, même dans leurs meetings).

Le hic, avec ce raisonnement, c’est que c’était déjà celui des socialistes français au XIXe siècle et celui qu’ont tenu tous les sociaux-démocrates, puis les partis staliniens au XXe siècle, dans tous les pays. « Ne vous inquiétez pas, nous ne perdons pas de vue notre but final (le socialisme), mais en attendant nous serons plus efficaces pour imposer des réformes en étant à l’intérieur de l’Etat qu’à l’extérieur. »

C’est ainsi que le PCF de Paris expliquait, pendant la dernière campagne, que ses deux grandes victoires en participant à la majorité municipale de Delanoe dans la capitale ont été 1) le test gratuit pour détecter un éventuel cancer colorectal (test qui n’a qu’une valeur indicative et nécessite toute une batterie d’examens complémentaires, ce que cache le PCF) et 2) le doublement du nombre de logements sociaux (de 3000 à 6000) – quand on sait qu’entre 70 et 100 000 personnes attendent des logements sociaux à Paris et que ce nombre augmente chaque année, se targuer de ce genre de « victoire » est d’un cynisme écœurant.

Il est à craindre que la LCR (ou LO si elle daigne un jour informer ses électeurs de la stupéfiante efficacité de ses 33 conseillers municipaux depuis 2001) ne nous présente ce genre de « bilan positif » bidon dans 7 ans. Car c’est inévitable : on ne peut se présenter régulièrement aux élections sans donner aux électeurs des raisons concrètes et précises de voter pour soi.

La LCR et LO critiquent certes vertement le PS (et parfois le PCF) au premier tour, mais cette année ils ont fait voter contre la droite (donc pour la gauche pourrielle) au second, comme d’ailleurs ils l’ont fait aux dernières présidentielles. Ils agissent en tant que simples aiguillons critiques, pas en tant qu’opposition ayant un autre programme.

Il suffit de lire leurs programmes électoraux ou leurs affiches insipides, LO gagnant sans doute l’oscar de l’apolitisme avec son « Donnez une gifle à Sarkozy », pas loin devant la « claque dans la gueule du gouvernement » que prônait Besancenot…. !

La LCR, une politique tout aussi électoraliste que celle de LO !

La LCR se contente de se battre pour la « défense des régimes de retraite, l’augmentation des salaires et des minimas sociaux et le rejet des licenciements ». Rien qui tranche avec les propos démagogiques que peuvent tenir le PS ou le PCF quand ils veulent se donner un visage radical.

D’ailleurs, lors de ces dernières élections municipales, la LCR s’est alliée soit avec le PCF soit avec la gauche dite antilibérale, soit avec les Alterekolos, qui n’ont aucune intention de se débarrasser du capitalisme, mais seulement de le réformer en améliorant sa gestion : « Sur les 200 listes présentées ou soutenues par la LCR, elle ne s’est présentée seule que dans environ 80 communes. Dans 50 villes, elle a présenté une liste commune avec les collectifs antilibéraux ou la gauche alternative (…). Dans 30 cas, elle s’est présentée avec le PCF local, contrairement à la ligne nationale du PCF (.). Neuf listes ont été présentées avec les Alterékolos (…), 13 listes ont été décrites comme « unitaires » sans autre précision, 11 listes ont été présentées avec des groupes alternatifs locaux (…) » [cf. le bulletin n°9 de Socialisme international, l’un des courants de la LCR]. Il est donc clair que son projet est tout aussi électoraliste que celui de Lutte ouvrière.

Interrogé sur A2 le dimanche 9 mars sur la question de savoir si la LCR avait vocation à devenir une force municipale, Olivier Besancenot a répondu : « Oui, je l’espère » comparant les conseillers municipaux élus par toutes les classes sociales à des « délégués du personnel au sein des institutions municipales » ! Et il a d’ailleurs repris cette comparaison avec les DP dans toute une série de déclarations. D’une part, il n’est pas certain que la majorité des électeurs sachent ce qu’est exactement un délégué du personnel, ni, s’ils le savent, qu’ils aient une grande confiance en ce type de représentants. Avec cette comparaison, Besancenot ne s’adresse qu’à une petite partie des salariés qui connaissent des délégués du personnel vraiment battants. Mais le problème est plus grave. Si la LCR ne sait pas faire la différence entre un délégué du personnel élu par les ouvriers (ou les employés) d’une entreprise et un conseiller municipal éligible par n’importe quel électeur d’une commune (quelle que soit son appartenance de classe), c’est qu’effectivement son objectif est bien de conquérir l’Etat.

Il est certes positif de s’interroger sur ce « que font les trotskystes », comme l’a fait l’OCL dans son article de février 2008, malheureusement ils font grosso modo toujours la même chose :
- chercher des recettes pour se trouver de l’oxygène politique,
- construire leurs petits appareils avec des méthodes plus (LCR) ou moins (LO, PT) démocratiques,
- essayer de piquer des militants au PCF et au PS (voire en détacher des fractions),
- récolter de l’argent de l’Etat (n’oublions pas que les sommes accordées à ces groupes en fonction du nombre de voix récoltées permettent de payer le matériel de propagande de ces organisations et se chiffrent à des centaines de milliers d’euros)
- et surtout, lors des élections, ramener les électeurs des classes populaires qui sont écœurés de la gauche pourrielle vers le PCF et le PS pour « faire barrage à la droite »... tous ensemble dans les urnes.

Les trotskystes sont dans une impasse politique qu’ils ont délibérément choisie par opportunisme congénital et manque total d’imagination politique. On peut observer leurs gesticulations électorales ou partidaires avec sympathie et même une certaine empathie, mais on doit garder à l’esprit le cadre intellectuel, « programmatique » comme ils disent, dont ils sont prisonniers. Et dans ce domaine-là il n’y a pas de place pour une opposition frontale à l’Etat, aux bureaucraties des syndicats et des partis. Il y a seulement de la place pour des critiques limitées, au ton démagogique et populiste, des compromis permanents, justifiés avec un langage de moins en moins radical.

La LCR déploie un rideau de fumée quand elle déclare vouloir construire un parti « anticapitaliste ». Elle « oublie » tout simplement que le capitalisme repose sur au moins 3 autres piliers que la seule entreprise privée. Le capitalisme repose notamment sur :

- l’Etat que les trotskystes veulent cogérer avec la gauche pourrielle en partant des municipalités ; ils se gardent bien de nous dire comment demain ils réquisitionneront les logements vides, instaureront la gratuité des transports, des cantines scolaires, ou empêcheront les patrons de fermer les usines ou de licencier, même s’ils étaient majoritaires dans quelques dizaines de conseils municipaux ;

– les médias, dont Laguiller et Besancenot n’attaquent jamais publiquement le fonctionnement, où ils n’exposent jamais leur programme socialiste ou communiste, où ils cautionnent par leur présence des émotions « people » lamentables (de plus ils acceptent que les médias tronquent leurs propos, censurent ce qui est le plus politique pour ne garder que les considérations les plus télévisuelles et superficielles – cf. à ce sujet l’article de Johann Colin (« Un portrait médiatique d’Olivier Besancenot en personnage médiatique » qui décortique bien, sur le site Acrimed, comment la télévision affadit l’image de Besancenot mais n’en tire aucune conséquence politique quant à la présence des révolutionnaires dans ce type de médias. Même Bourdieu – un des maîtres à penser d’Acrimed et qui n’était pas un révolutionnaire – avait compris qu’on est toujours manipulé par la télévision) ;

– et les syndicats où ils cherchent à grimper dans l’appareil (LCR) ou à faire fonctionner les sections syndicales de base (LO) en refusant de réfléchir et d’agir pour dépasser ces structures d’intégration capitalistes.

Tant que les trotskystes n’avanceront pas sur ces questions élémentaires (et sur bien d’autres aussi, d’ailleurs) on ne voit pas bien en quoi leurs péripéties organisationnelles pourraient ouvrir de nouvelles perspectives aux combats des sans-papiers, des chômeurs, des travailleurs salariés et de tous les exploités.

Y.C.

1. Il est amusant, alors que Lutte ouvrière s’est présentée sur des listes d’union (de la gauche) dans 66 cas sur 117, qu’elle écrive que ses candidats aient été « dans la majorité des cas » (sic) sur des listes LO. (cf. Lutte de classe n° 111, mars 2008)

2. Ségolène Royal, quant à elle, parle de « réparer les dégâts nationaux au niveau des régions ». On n’est pas très loin du discours de LO en période électorale

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« Le Monde »… à l’envers : quand un journaliste bourgeois démolit les bases de l’électoralisme trotskyste

À l’heure où l’Etat central français se décharge d’une partie de ses responsabilités pour les confier aux régions, voire aux municipalités, les trotskystes se mettent au service des édiles locaux pour renforcer la base de l’Etat bourgeois et les illusions sur sa fonction « sociale » ou neutre de « service public » (ou plutôt de sévices publics). LO et la LCR veulent à la fois renflouer les municipalités et exiger de l’Etat qu’il « joue son rôle ». C’est ainsi, par exemple, qu’ils exigent

- la municipalisation de l’eau (comme si les tarifs des services publics n’augmentaient pas tous les ans),

- le refus des subventions aux entreprises qui licencient et font des profits « fabuleux » (comme si les communes, dans le cadre du système capitaliste, pouvaient attirer des entreprises en ne leur faisant aucun cadeau),

toutes mesures qui, même si elles pouvaient avoir un effet légèrement positif (ce qui reste à démontrer), n’exigent nullement d’avoir des élus municipaux trotskystes. Seule une mobilisation locale massive pourrait obliger les conseils municipaux à s’affronter aux patrons privés… ce qui aboutirait rapidement à vider les caisses de la commune !

Pour le moment, les trotskystes français constituent une force municipale ridicule (une centaine d’élus) et inexistante sur le plan parlementaire. En 80 ans, ils n’ont même jamais atteint le niveau atteint par le PSU dans les années 60 et 70 avant de se fondre dans le PS. Néanmoins, depuis 30 ans, ils ne font que renforcer les illusions électoralistes en se présentant au suffrage universel.

Jean-Louis Andréani, dans Le Monde du 19 mars 2008, sous le titre « Contre-pouvoir local ou bouclier ? » rappelle à quel point les régions et les municipalités ont les mains liées par le pouvoir central. Si son article concerne uniquement le PS, il s’appliquerait tout autant aux trotskystes, si ceux-ci avaient une position de force dans les institutions. C’est pourquoi nous reproduisons en grande partie les arguments d’Andréani dans les citations ci-dessous.

Au niveau des régions, même si les trotskystes, par miracle, détenaient une présidence de région, longue est la liste de ce qu’ils ne pourraient pas faire. Ils ne pourraient :

- ni « changer la politique judiciaire » (dont on sait à quel point elle est favorable aux patrons et aux propriétaires),

- ni « intervenir sur la répartition ou la pression fiscale des impôts nationaux » (qui saignent les travailleurs),

- ni « toucher au montant du SMIC ou aux caractéristiques du contrat de travail » (droit du travail qui est en train d’être profondément modifié au bénéfice des patrons),

- ni « modifier les critères d’attribution du RMI ou des allocations chômage »,

- ni « revenir sur l’instauration d’une franchise médicale pour les patients »,

- ni « intervenir dans la fixation du montant des retraites et l’allongement de la durée de cotisation »,

- ni « limiter la hausse des prix »,

- ni s’opposer « à une fermeture d’usine ou une vague de licenciements »,

- ni fixer les tarifs du TGV ou du gaz,

- ni « décider d’un encadrement des loyers »,

- ni « bannir les OGM », etc.

On l’aura compris avec cette liste impressionnante, les régions et à fortiori les municipalités ne peuvent rien changer en ce qui concerne le travail, le logement, le chômage, la santé, la retraite, les prix, les transports ou l’agriculture.

Alors à quoi servent donc les régions et les municipalités ? C’est là que l’article d’Andréani devient intéressant. Selon lui, elles ont « un rôle clé dans les questions d’aide sociale », elles sont « un bon bouclier » (dixit Claude Bartolone) pour les couches populaires. En effet, « plus l’Etat se décharge d’un certain nombre de missions sur les collectivités pour alléger ses problèmes financiers, plus il renforce leur pouvoir ». Et les collectivités de gauche (et demain les collectivités menées par LO ou la LCR en cas de victoire électorale de ces organisations) « s’emploient à reboucher les trous ou à combler les carences » de l’Etat. Et pour cela quelle solution ont-ils ? Augmenter les impôts locaux (donc pressurer les salariés) ou augmenter l’endettement des collectivités (ce qui à terme les conduira à perdre le pouvoir…. Ou à augmenter les impôts locaux). Les municipalités sont donc complètement coincées. Comme l’écrit Andreani, « les élus locaux n’ont pas vocation, en tant que tels, à organiser des rassemblements régionaux de contestation, aptes à se fédérer en un mouvement national. Dans ce contexte, l’idée d’un bloc des territoires de gauche se dressant contre le gouvernement et l’obligeant à reculer sur ses projets serait une vue de l’esprit. »

Si une telle stratégie est une « vue de l’esprit » pour le PS, qui détient presque toutes les présidences de régions et a au moins 33 000 élus (1), pour la LCR et LO la présence au sein des institutions est, plus prosaïquement, une escroquerie politique, du moins tant que ses organisations se prétendront « révolutionnaires » ou « communistes ».

(1) Les élus ont un rôle décisif pour les partis institutionnels. Ainsi les 13 000 élus du PCF lui rapportent 17 millions d’euros par an (dont 9 millions assurés par les conseillers municipaux et généraux)

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Les trotskystes font table rase….de leur passé

Voilà ce qu’écrivait l’Internationale communiste en 1920 à propos des élections municipales :

« Au cas où les communistes obtiennent la majorité dans les institutions municipales, ils doivent :

a) créer une opposition révolutionnaire au pouvoir central bourgeois ;

b) faire tout pour rendre service à la population pauvre (mesures économiques, organisation ou tentative d’organiser une milice ouvrière armée, etc.) ;

c) en toute circonstance signaler les obstacles que le pouvoir d’État bourgeois dresse contre tout grand changement effectif ;

d) sur ce terrain mener une propagande révolutionnaire énergique sans craindre les conflits avec les pouvoirs d’État ;

e) dans certaines circonstances (dans une situation révolutionnaire aiguë) remplacer les organes locaux municipaux par des soviets locaux de députés ouvriers. 



De cette façon tout le travail des communistes dans les institutions municipales doit être une partie de leur travail de désagrégation de l’État capitaliste. »

(Résolution du IIe congrès de l’Internationale communiste sur le parlementarisme, 1920.) L Y.C.

(mis en ligne le 18/2/2008 puis modifié le 9 et le 23/3/2008)

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Réflexions

autour

du

Nouveau Parti Anticapitaliste

Nous ne pouvons pas ignorer les appels du pied répétés de Besancenot vers les anarchistes : ils sont évidents, et souvent explicites. Cela n’empêche pas la LCR de se référer aussi au Che, icône mondiale du modèle révolutionnaire. Il y a eu la chute du mur de Berlin et l’évanouissement des régimes communistes, il y a eu les chutes des tours à New-York et le début de la guerre en Irak, tout cela sur fond de mondialisation et d’échec du marxisme-léninisme. En même temps, il y a eu l’émergence de manifestations géantes autour des G8, de mouvements sociaux revendicatifs, ouvriers ou étudiants, et même de luttes sociétales.

Tous, sous des formes apparemment différentes, ont mis en oeuvre des pratiques que l’on peut décrire comme libertaires à un moment ou à un autre, c’est-à-dire privilégiant l’auto-organisation et l’action directe.Si cette évolution réjouit les anarchistes, elle ouvre l’appétit à bien des généraux en mal de troupes.

Une place de libre à gauche

L’arrivée de Sarkozy au pouvoir a fait éclater une gauche qui ne s’était pas relevée de sa disqualification à la présidentielle de 2002, ni de son désarroi devant le référendum sur le Traité constitutionnel européen. La présidentielle de 2007, avec le « hold-up » de Royal sur le Parti socialiste, a fait éclater les structures politiques encore en place.

L’appétit sarkozien assumé pour un pouvoir tous azimuts et le succès de sa tactique de débauchage ont eu pour conséquence de faire apparaître les organisations de gauche pour ce qu’elles étaient : des écuries de prétendants au pouvoir et seulement à cela. Elles sont toutes en faillite. Elles ne sont pas discréditées par leur incapacité de gérer le pays, mais par l’absence totale de différence fondamentale entre leur programme et le tsarkozisme.

Le seul message que le PS et le PC comme les Verts sont désormais capables d’émettre est le suivant : « Gardons nos places à défaut d’en conquérir d’autres. » Il n’y a plus de programme politique, si tant est qu’il y en ait eu un. Une place traditionnelle, celle que l’on nomme « tribunicienne », longuement occupée par le PC dans le passé, est donc à prendre. Ce rôle est tenu aujourd’hui par la Ligue communiste révolutionnaire.Jamais elle n’a été aussi importante et avec autant de personnes capables de tenir des débats. Jamais un leader trotskyste n’a été aussi haut dans les sondages : Besancenot est actuellement la principale personnalité de gauche à passer dans les médias bourgeois ; il est dans ce contexte le politicien le plus féroce contre Sarkozy.

La caractéristique fondamentale de la Ligue, c’est, à défaut d’être une organisation nouvelle, de rassembler un grand nombre de jeunes gens représentatifs d’une société où la classe ouvrière s’est diluée dans une multitude de sous-divisions sociologiques. Elle est en train de créer une« nouvelle orga » : le Nouveau Parti anticapitaliste pour affirmer cette image « jeune », « récente ». C’est l’une des clés de son succès. Elle devient de fait la référence visible pour tous ceux qui, venant du mouvement contre le CPE ou bien contre le référendum européen ou encore des grèves sans débouchés, cherchent une issue « constructive ».

Un nouveau parti ?

Le PS n’offrant plus de perspective transformatrice de la société, la LCR pense avoir un créneau dans la recomposition de la gauche : celui délaissé par un PC toujours en crise.

Cette vision traditionnelle de la classe politique et une pratique autoritaire au sein de l’organisation sont en fait les seuls restes de sa référence au trotskysme. Pour le reste, elle vise à présenter un visage rénové à un public jeune qui n’a plus les références idéologiques des « anciens ». Les conséquences idéologiques sont la dilution de la contestation dans la référence « 100 %à gauche » ; ce faisant, la LCR espère capter ceux et celles qui sont révoltés sans références idéologiques nettes. Dans ce cadre, le mot « libertaire » a la même fonction que « féministe » ou « écologiste » : il vise d’abord à rassembler autour du parti des pratiques qui existent de fait dans la société. Dans ce contexte, nous ne pouvons pas ignorer les appels du pied répétés de Besancenot vers les anarchistes : ils sont évidents, et souvent explicites. La mise en avant de ses propres références libertaires, culturelles ou politiques (Louise Michel, les Bérurier noir, etc.) s’accompagne de nets clins d’oeil idéologiques. Il affirme ainsi la dimension individualiste comme déterminante dans sa propre réflexion ; Philippe Corcuff, qui est un des membres idéologiquement influents de la LCR aujourd’hui, ne cesse de mettre en avant l’héritage de Proudhon. Cela n’empêche pas la LCR de se référer aussi au Che, icône mondiale du modèle révolutionnaire. En oubliant de mentionner ses crimes, commis autant contre le peuple cubain que contre tous les autres révolutionnaires, dont les anarchistes.

Pour créer cette nouvelle organisation, les dirigeants de la LCR n’ont pas hésité à solliciter Alternative libertaire qui s’en est tirée par une pirouette : d’accord pour créer un parti anticapitaliste mais non à l’électoralisme. Penser que cela pourrait être une opération sans lendemain serait ne pas voir la réalité.

Cette démarche doit nous alerter. L’objectif de créer un « parti révolutionnaire » qui serait un creuset de toutes les sensibilités révolutionnaires, du marxisme à l’anarchisme, n’est pas nouveau. Ces rassemblements ne se sont guère soldés par des réussites jusqu’à maintenant, même si les raisons des échecs sont diverses. En revanche, ils se sont toujours accompagnés de la neutralisation et de l’affaiblissement des forces libertaires au bénéfice des autoritaires.

Eux et nous S’il peut sembler exclu de voir ce NPA participer un jour au pouvoir national, rappelons nous pourtant la participation formelle de la LCR aux pouvoirs régionaux. Malgré cela, on peut s’attendre à ce que le slogan « Autogestion ! » redevienne d’actualité, de la même façon que les revendications écologistes sont devenues des mots d’ordre du capitalisme moderne. En effet, comment le capital ne souhaiterait-il pas avoir des ouvriers, des techniciens et des employés qui assumeraient volontairement sa loi d’airain ? Quand Philippe Corcuff cite Proudhon, il le fait dans le cadre d’un concept politique qu’il baptise du nom de « social-démocratie libertaire ».

Quand Daniel Bensaïd, autre mentor de la LCR, critique les positions de John Holloway, il dénonce en fait les conceptions anti-étatistes libertaires. Il les qualifie de « fétichisme » ou « d’illusion symétrique » au socialisme étatique et dont « les ultimes conséquence seraient ce paradoxe libertaire de l’individualité absolue dressée contre « la tyrannie de l’entraide » et contre toute forme d’organisation collective ». On touche alors du doigt ce qui fait notre singularité. Nous ne sommes pas uniquement anticapitalistes ou antifascistes ou anti quoi que ce soit,nous sommes anarchistes ! Si nous nous élevons contre l’exploitation économique, nous n’oublions pas non plus de dénoncer la domination étatique. Nous ne sommes pas naïfs au point de croire qu’il suffirait de ne plus avoir de patrons pour ne plus avoir d’État. Car, au fond, ce que pensent ces nouveaux généraux en quête d’armée, c’est qu’il faut conquérir l’État pour se défaire du capitalisme. C’est le retour de la vieille illusion qui, de Lénine à Mitterrand en passant par Castro ou Chavez, n’en finit pas d’accumuler les démentis et, plus grave, de discréditer l’idée même d’un changement social.

Nous sommes d’accord avec les dirigeants de ce futur parti : la conquête de l’État nécessite une organisation structurée efficace et disciplinée ! Mais ce sera sans nous. Les anarchistes ont payé par le passé un trop lourd tribut à ce genre de conception pour s’y fourvoyer.

Les divergences entre la LCR et les anarchistes ne sont donc pas seulement idéologiques ; elles se retrouvent dans les finalités mêmes des combats où nous sommes souvent amenés à côtoyer les militants trotskystes.

Notre démarche y est résolument tournée vers l’autonomie des individus et l’autogestion des mouvements sociaux en lutte. Nous ne voulons pas de parti qui parle et agit en notre nom, pour mieux institutionnaliser nos aspirations, dans des mécanismes dont la seule fonction est de gérer l’intolérable capitaliste et étatique. En outre, nous savons le prix des trahisons et des renoncements politiques autant que syndicaux. C’est bien pour cela aussi que les stratégies de prise de pouvoir nous laissent froids, car l’essentiel est ailleurs : il est de réhabiliter l’idée, le projet et les pratiques révolutionnaires, de faire naître et durer les oppositions aux capitalistes et aux gestionnaires de l’État et de ses rouages, de fédérer les secteurs de la société qui sont en lutte, à partir de modalités porteuses d’émancipation individuelle et collective, pour aujourd’hui et pour demain. Et, surtout, loin des écuries électorales.

En conclusion

Nous pensons que la rupture ne peut arriver que par l’auto-organisation des luttes. Pour cela, il faut chercher et construire des alternatives autogestionnaires. Celles-ci doivent être anticapitalistes et tendre à nous émanciper des tutelles institutionnelles qui, sous le manteau de la social-démocratie, participent à la gestion d’un système qui ne profite qu’aux puissants et à leurs complices. Les anarchistes ont été et sont toujours acteurs de ces alternatives dans les champs syndical, culturel,pédagogique, féministe, associatif, écologique. Nous continuerons à rencontrer dans ces diverses luttes des militants du futur NPA – s’il voit le jour – quand ils ne seront pas, malheureusement, accaparés par des tâches politiciennes. Et si nous ne devons pas faire l’économie d’un examen critique de nos cultures, de nos organisations, de nos pratiques,de nos partenariats, etc., il est certain que nous ne gaspillerons pas nos efforts à construire le NPA.

Daniel (Nîmes), François (Rennes), Guy (Paris), Pierre (Strasbourg)

membres de la Fédération anarchiste in Le Monde libertaire n°1506 du 28 février au 5 mars 2008

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Nous sommes loin de partager les analyses du Groupe CRI (trotskyste) sur de nombreuses questions, mais nous avons trouvé utile de présenter des extraits de sa « Déclaration politique du 29 février 2008 » concernant les élections municipales et les manœuvres des trois grands groupes d’extrême gauche français. Ceux qui souhaiteraient lire la version intégrale de ce texte pourront aller sur le site du groupe CRI http://groupecri.free.fr

(Ni patrie ni frontières)

Groupe CRI

QUE PROPOSENT

LUTTE OUVRIERE,

LE PARTI DES TRAVAILLEURS

ET LA LIGUE COMMUNISTE REVOLUTIONNAIRE

POUR CES ÉLECTIONS LOCALES ?

(…) Tout d’abord, ces organisations n’expliquent pas qu’il est impossible, au-delà d’améliorations de détail, de transformer réellement la situation des travailleurs au niveau municipal (seule LO le dit un peu, mais c’est pour remettre au PS le soin d’apporter ces améliorations de détail, alors que toute la politique nationale et locale de ce parti bourgeois va depuis longtemps dans le sens contraire !).

(…) LO, le PT et dans une large mesure la LCR parlent principalement de politique locale, tout en mettant en avant un programme qui ne va jamais au-delà d’un plat réformisme municipal (construction de logements sociaux à hauteur des normes légales bafouées par les élus des autres partis, remunicipalisation de l’eau, transports publics gratuits, fonds publics à l’école publique, soutien aux associations de quartiers, etc).

(…) En outre, alors qu’il faudrait dénoncer sans pitié le PS qui soutient la politique du gouvernement, les pleurnicheries platoniques du PCF et la collaboration des directions syndicales, les trois principales organisations d’« extrême gauche » se donnent toutes pour principal objectif de… « battre la droite » !

LO a tout fait pour obtenir le maximum d’accords avec ces partis dès le premier tour : c’est assurément elle qui a été le plus loin dans la capitulation politique face à la « gauche plurielle ».

Le PT a passé aussi d’assez nombreux accords avec celle-ci dès le premier tour, en les subordonnant uniquement à des revendications locales et à quelques phrases critiquant la politique européenne.

La LCR, enfin, a certes choisi une politique le plus souvent autonome pour le premier tour, mais s’engage à servir de rabatteuse de voix pour le PS au second dans bien des villes, allant jusqu’à lui proposer des accords, présentés comme « techniques », là où elle aura dépassé les 5% requis — sous réserve, dit-elle, que le PS ne s’allie pas avec le MODEM. (…).

Enfin, alors que LO, la LCR et le PT sont incapables d’agir ensemble sur le terrain de la lutte de classe et se considèrent réciproquement comme de dangereux adversaires, (..), ils n’éprouvent en revanche plus la moindre réticence quand il s’agit de s’unir… sous la houlette du PS ou du PCF !

C’est le cas à Saint-Quentin dans l’Aisne, où on a une alliance PS-PCF-Verts-MRC-LO-LCR-PT (sic !), à La Seyne-Sur-Mer (alliance PCF-LCR-PT), à Béziers (PCF-LCR-PT), à La Courneuve (PCF-LO-PT), à Aubervilliers (PCF-LO-PT), etc. Par contre, lorsque ni le PS, ni le PCF ne patronnent la liste, LO, LCR et PT vont par principe séparément au combat !

(…) La LCR a ressorti son slogan « 100% à gauche » (au détriment du « communisme révolutionnaire », voire de l’anti-capitalisme) et elle défend avant tout des programmes municipaux centrés sur des revendications locales réformistes. Elle va jusqu’à faire croire, comme dans son programme marseillais, qu’« il faut des élu(e)s différent(e)s pour imposer cette autre politique ». Elle ajoute qu’il faut « instaurer des conseils de quartiers (ouverts à tous les résidents, français ou étrangers), dotés d’un budget participatif ». (...) Enfin, la LCR prévoit clairement (notamment à Paris, Marseille, Rennes…) d’appeler à voter pour la gauche et notamment pour le PS au second tour, voire de passer des accords pour figurer sur ses listes au second tour, sous prétexte de « battre la droite ».

C’est sans doute LO qui va le plus loin dans le révisionnisme, dans la mesure où sa politique a au moins le mérite d’être systématique :

-  Dans plusieurs villes (Clermont-Ferrand, Villeneuve d’Ascq, Liévin, etc.), LO a osé accepter de s’engager à voter le budget de l’éventuel maire PS en échange de quelques places sur ses listes, et même d’un poste d’adjoint au maire dans le cas de Villeneuve d’Ascq ! Or le budget est la principale décision annuelle d’un conseil municipal, puisqu’elle concentre toute son orientation politique. Quant au poste d’adjoint au maire, c’est évidemment une responsabilité exécutive. Cela prouve que les accords de LO avec le PS et/ou le PCF ne sont pas seulement électoralistes, mais visent bien à soutenir la politique de ces partis. C’est exactement la même logique que celle par laquelle le PCF a toujours justifié son soutien parlementaire au PS, voire sa participation au gouvernement de ce parti. La direction de LO prétend certes, pour mieux faire passer la pilule à ses militants, qu’elle garde une totale autonomie de critique à l’égard du PS, mais dans la pratique ses tracts, communiqués, éditoriaux, etc., dénoncent exclusivement le gouvernement et la droite, non le PS et ses alliés.
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-  De plus, le vote du budget implique le soutien à la politique de subventions publiques au patronat, dénoncée naguère (notamment quand LO avait des conseillers régionaux, entre 1999 et 2004) avec tant de virulence comme le nerf des politiques territoriales de la « gauche plurielle » !
- 
-  À Saint-Denis par exemple, le candidat de LO, Philippe Julien, par ailleurs secrétaire du syndicat CGT de PSA-Aulnay et l’un des principaux animateurs de la grève héroïque de mars 2007, se présente sur la liste de Didier Paillard, maire sortant PCF ; or le programme de cette liste se prononce notamment pour « la médiation entre habitants et entreprises, l’insertion et la formation, le soutien à l’économie solidaire et aux PME [NDR : Petites et Moyennes Entreprises] et TPE [Très Petites Entreprises] ».
- 
-  Mais même là où LO se présente seule, elle ne s’oppose plus par principe aux subventions au patronat : c’est le cas par exemple à Nantes, où Hélène Defrance, conseillère municipale LO sortante, conduit une liste autonome parce que le PS local a refusé toute alliance. Or, selon Ouest-France du 11/02, qui cite la candidate, « Lutte Ouvrière s’élève contre les patrons qui empochent des fonds publics et ne rendent pas de comptes, "ne serait-ce que pour dire précisément combien ils ont embauché de gens". D’où cette remarque à l’adresse de Jean-Marc Ayrault : "Le devoir d’une municipalité au service de la population serait d’exiger au moins ce minimum et le remboursement des subventions s’il n’y a pas d’embauche ou délocalisation." » C’est une claire politique réformiste de collaboration de classe : LO ne s’oppose plus par principe aux subventions au patronat, mais propose de distinguer les « bons » et les « méchants » patrons.
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-  Enfin, dans certaines villes, le fait de se présenter avec des partis bourgeois comme le PS, le PRG et le MRC conduit logiquement les candidats de LO à figurer sur les listes électorales aux côtés de… membres du MODEM et d’authentiques patrons !
-  C’est ainsi que, dans le premier secteur de Marseille, LO participe à la liste PS conduite par Patrick Menucci aux côtés notamment de Mouad Boualem, adjoint UDF-Modem au maire UMP de ce secteur, Jean Roatta !

De plus, en participant à la liste PS dans ce secteur, LO participe de fait à la liste PS pour toute la ville de Marseille, derrière le candidat au poste de maire, Jean-Noël Guérini. C’est pourquoi, même si la LCR elle-même appelle à voter au second tour pour la liste PS, Rouge du 21/02 est fondé à écrire que, pour le premier tour, en menant « campagne sur "Marseille, ville olympique", en faisant de la sécurité un axe principal de sa campagne, Jean-Noël Guérini, président du conseil général et candidat soutenu par le PS, opte également pour un changement en profondeur du visage de Marseille. Ce représentant du PS le plus libéral, qui ne se revendique ni de la gauche ni même de son propre parti, a pourtant réussi à faire l’unité entre des représentants de l’UMP, Lutte ouvrière et le PCF, ce qui laisse nombre de militants de ces organisations dans le désarroi ! »

À Perpignan, les candidats de LO se retrouvent quant à eux avec Raymond Mitjavala, patron d’une entreprise de stores de 762 salariés faisant 106 millions de chiffre d’affaires annuel (cf. http://www.lentreprise.com/article/...), qui explique sur le site même de la liste : « Depuis plusieurs années, alors que la Droite est au Gouvernement et que les financiers du CAC 40 multiplient leurs bénéfices, les PME comme la mienne continuent à souffrir non seulement de la concurrence internationale, mais aussi de l’alourdissement des coûts du travail en France » (http://www.amiel-donat.typepad.fr/). Il part aussi en guerre contre la loi TEPA de Sarkozy, au prétexte qu’elle aurait rendu le paiement des heures supplémentaires plus cher pour les entreprises de moins de 50 salariés !

- De même, à Drancy, la liste sur laquelle figurent des militants de LO a comme numéro 2 Gilles Saulière, membre du PS tendance Royal et actuellement directeur associé d’Imaterialis, une entreprise de télécommunications d’environ 50 salariés, après avoir été PDG d’Adesium, société informatique de plus de 50 salariés (cf. http://www.6nergies.net/people/4981...).

Bref, LO appelle les travailleurs à s’unir avec leurs exploiteurs et à voter pour eux !

Après cela, elle peut toujours dire qu’elle refuse de participer à des listes d’union avec la LCR sous prétexte que son NPA serait « un parti un peu attrape-tout, pour ceux qui se disent les orphelins des partis, mais qui veut renoncer à certaines choses auxquelles on tient, nous : le marxisme, le trotskisme » (AFP, 19/02)… (...)

Mais LO n’est nullement la seule à défendre une orientation ouvertement réformiste la conduisant à des extrémités honteuses. Dans plusieurs villes, c’est le cas aussi du PT, voire de la LCR :

-  LO et le PT participent tous deux à la liste du maire sortant d’Aubervilliers, Pascal Beaudet, et de son adjoint Jean-Jacques Karman (dirigeant de la soi-disant « gauche communiste » du PCF et par ailleurs vice-président du conseil général de Seine-Saint-Denis) ; or ces bureaucrates du PCF n’avaient pas hésité, en octobre dernier, à faire appel à la police pour expulser des familles, en majorité immigrées (avec donc des arrestations de sans-papiers à la clé), qui occupaient des logements vides, puis de nouveau pour les évacuer du campement qu’elles avaient dressé pour exiger leur relogement. D’ailleurs, préparant cet accord électoral, LO avait alors refusé, contrairement à sa Fraction, de dénoncer cette expulsion, reprenant au contraire les arguments du maire et arguant que la droite faisait pire ailleurs ! Le PT, lui, avait préféré observer un silence non moins complice, quoique plus hypocrite.
- 
-  De la part du PT, il ne s’agit d’ailleurs pas seulement d’une lamentable capitulation opportuniste face au PCF : même dans une ville où il se présente seul, comme à Achères (Yvelines), le PT n’hésite pas à défendre la police nationale ! On lit en effet dans un tract daté du 08/02/08 : « Contre la mise en place d’une police municipale : Les Achérois n’ont pas à financer une police municipale. La police relève des attributions de l’État. » Bref, il n’est pas besoin d’une police municipale, car la police nationale fait déjà assez bien son travail ! (…)
- 
-  Mais l’exemple de Saint-Quentin est sans doute le plus intéressant pour observer jusqu’où LO, la LCR et le PT sont prêts à aller dans la compromission avec le réformisme. Dans le programme commun du fameux front populaire municipal PS-PCF-Verts-MRC-LO-LCR-PT, tous chantent en chœur les louanges de la « gauche », c’est-à-dire du PS et de ses satellites !
-  Après avoir critiqué la politique du logement du maire UMP de la ville, ils déclarent : « Pourtant, Conseil général et Conseil régional à majorité de gauche investissent pour aider à la construction de logements sociaux. Rien qu’en 2007, le Conseil régional a déboursé plus de 12 millions d’euros. Pierre André préfère, lui, être le maire qui aura fait disparaître une rue dont on dit qu’elle a mauvaise image à Saint-Quentin. » (…) Mais ce n’est pas tout : toute la gauche et l’extrême gauche plurielles de Saint-Quentin tombent en outre d’accord pour donner l’argent public aux patrons !

En effet, sur le site de leur liste commune « Unité de toute la gauche pour Saint-Quentin » (http://www.saintquentin-autrement.f...), emmenée par J.-P. Lançon, un ami de Fabius en conflit avec la section locale dirigée par un partisan de Strauss-Kahn, on peut lire dans la rubrique « Emploi et développement durable », article intitulé « Mieux accéder au travail, un véritable enjeu » : « Nous soutiendrons l’économie sociale et solidaire, nous conditionnerons l’aide aux entreprises à leur capacité à fournir de réels emplois. » Dans cette ville, LO, le PT et la LCR (sachant que leurs directions nationales respectives n’ont évidemment rien trouvé à redire à l’accord) s’engagent donc ensemble à subventionner les « gentils » patrons qui « fourniraient » du travail (…). Enfin, leur liste de front populaire municipal entend « favoriser l’implication et la responsabilisation des entreprises », substituant ainsi le mythe typiquement réformiste du patron « responsable », veillant à l’intérêt de ses salariés, à la lutte de classe, seule capable d’arracher la moindre conquête au patronat.

(Texte extrait de la « Déclaration du groupe CRI sur la situation politique du 29 février 2008 »)

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Et pour finir une petite curiosité sectaire où l’on voit des trotskystes militant à visage découvert au sein du PCF reprendre, vis-à-vis de la LCR, les attaques traditionnelles des staliniens (« vous faites le jeu de la bourgeoisie »), en les mêlant avec des considérations plus politiques et parfois justes d’ailleurs. Une nouvelle vérification de l’hypothèse matérialiste selon laquelle les idées des êtres humains sont en grande partie déterminées par le milieu social et politique dans lequel ils vivent… (Ni patrie ni frontières)

LCR :

un « nouveau » parti

à grands renforts médiatiques

La LCR a annoncé son intention de se dissoudre à la faveur d’un nouveau parti « anti-capitaliste ». En fait, la LCR est déjà un parti – et déjà un parti « anti-capitaliste ». Qu’y aurait-t-il donc de nouveau ? Au fond, la direction de la LCR a tiré la conclusion que l’avenir de son organisation serait plus prometteur si elle n’était plus considérée, aux yeux de l’opinion publique, comme communiste ou « trotskiste ». Il faut donc changer l’emballage, se présenter sous une autre étiquette – et le tour sera joué.

Pourquoi cette démarche aurait-elle plus de succès que toutes celles, du même genre, qui l’ont précédée dans l’histoire de la LCR ? Parce que la forte médiatisation d’Olivier Besancenot, nous dit-on, change la donne. En effet, les journaux et chaînes de télévision dont les propriétaires – comme Bolloré, par exemple – sont notoirement réactionnaires, ne lésinent pas sur les moyens pour promouvoir Besancenot, le présentant systématiquement sous un jour favorable. Le soutien accordé à ce « révolutionnaire » par les médias capitalistes peut paraître paradoxal, mais il s’inscrit dans une stratégie bien réfléchie de l’Etat et des représentants du capitalisme.

Les grands groupes capitalistes ne sont pas indifférents aux évolutions à l’œuvre dans les partis de gauche. Leurs intérêts vitaux sont en jeu. Les capitalistes soutiennent toujours la droite contre la gauche, mais il leur importe aussi que les partis de gauche soient sous contrôle. C’est dans l’intérêt du capitalisme de promouvoir tout ce qui contribue à diviser la gauche et à l’affaiblir sur le plan électoral et organisationnel. Surtout, il est d’une importance primordiale, du point de vue des capitalistes, de renforcer les éléments les plus ouvertement pro-capitalistes dans les instances dirigeantes des partis de gauche, et notamment dans le PS et le PCF.

C’est pour cette raison que les banques, les industriels et les médias capitalistes soutenaient Rocard (qui s’opposait à la nationalisation des banques) contre Mitterrand, dans les années 70. C’est aussi pour cela qu’ils ont appuyé Ségolène Royal, en 2007. Au PCF, la « mutation » opérée par Robert Hue a été vivement encouragée par les médias capitalistes. Cette mutation a débouché sur un décalage vers la droite dans la politique du PCF, au point que la direction du parti a reconnu l’économie de marché (le capitalisme) comme la seule forme de société possible. Les dirigeants du PCF ont ainsi soutenu et approuvé les privatisations massives réalisées entre 1997 et 2002.

Aujourd’hui, la presse capitaliste et l’industrie audio-visuelle travaillent à renforcer la position de Royal, considérée comme le plus fiable de tous les « éléphants » socialistes. Ils appuient en même temps les « liquidateurs » comme Zarka, Gayssot, etc., qui sont favorables à la dissolution du PCF. Le calcul, derrière la promotion de Besancenot, c’est que toute progression électorale de la LCR se fera au détriment du PS et du PCF. Le PCF a déjà été considérablement affaibli par le comportement de ses dirigeants, dans le dernier gouvernement de gauche, et par la dilution « anti-libérale » de son programme. Les capitalistes espèrent qu’un nouveau revers électoral finira par le briser, politiquement et financièrement. D’où l’intérêt de faire la promotion de Besancenot.

Cette stratégie pourrait avoir un certain effet. Il n’est pas exclu, par exemple, que les effectifs de la LCR augmentent légèrement – pour un temps. Mais cela ne débouchera pas sur la création d’un « grand parti anti-capitaliste ». Sur le plan électoral, le nouvel emballage de la LCR ne fera pas de grande percée. Face à la droite, l’immense majorité des électeurs de gauche se tourneront nécessairement vers le PS, comme la seule force capable de la battre. Quant au PCF, la cause principale de son affaiblissement – qui n’est pas qu’électoral – réside dans le caractère réformiste de son programme, qui ne lui permet pas de se distinguer de la politique du PS. Mais le PCF a subi, et subira encore, les conséquences de ce « vote utile » en faveur du PS.

Il en sera de même pour la « nouvelle » organisation de Besancenot. En fait, cette organisation n’aura de nouveau que le nom. Quant à son programme, il sera encore plus ouvertement réformiste. En substance, les programmes de la LCR et du PCF sont déjà quasiment identiques. La seule différence, entre les deux partis, sera la taille et l’implantation sociale beaucoup plus importantes du PCF, et ce malgré les ravages de ce mélange incongru de bricolage fiscal et de « commerce équitable » qui forme l’ossature de son programme actuel.

Le projet de la LCR ressemble à celui du PCF en 2006-2007, mais sur la base d’une assise militante beaucoup plus petite. Les dirigeants du PCF ont voulu se présenter aux élections sous les couleurs d’un « rassemblement anti-libéral » prétendument plus « ouvert », plus « large », etc. L’idée était que le terme « communiste » ne plaisait pas assez aux électeurs, et qu’il fallait donc se cacher derrière une autre étiquette.

Dans un article publié par La Riposte et repris dans le journal de la fédération PCF du Pas-de-Calais, Liberté 62, nous avons résumé cette expérience dans les termes suivants : « De nombreux communistes, marqués par le mauvais score du parti en 2002, ont été séduits par la stratégie des collectifs, dont ils pensaient qu’elle permettrait de renouer les liens entre le PCF et une partie de son électorat potentiel, et de reconquérir ainsi du terrain perdu. Mais à quelques exceptions près, l’expérience montre que la création des “collectifs” n’a pas mis le parti en contact avec une couche plus large de la population, mais seulement avec une flopée bigarrée d’ex-communistes, d’ex-socialistes, de gauchistes divers et autres “indépendants” plus ou moins petits-bourgeois, qui n’ont apporté au mouvement que démoralisation et confusion. »

Même après l’échec des collectifs anti-libéraux, le PCF s’est présenté, pendant la campagne présidentielle, sous le nom de Gauche populaire et anti-libérale. Mais cette opération de « marketing politique » n’a trompé personne et n’a certainement pas élargi la base électorale du parti. De la même façon, le fait que la LCR change de nom et se proclame plus « large » ne lui permettra pas de se renforcer de façon significative. Ses dirigeants nourrissent l’espoir de provoquer des scissions de ralliement dans le PCF et le PS. Nous pensons que ceci est très improbable. Mais même si de telles scissions devaient avoir lieu, elles seraient de très faible ampleur.

De nombreux communistes, sympathisants de notre journal, nous demandent ce que La Riposte pense de ce projet de « nouveau parti ». Ils veulent savoir si nous nous laisserons tenter par cette aventure. C’est absolument exclu. La Riposte est engagée dans une lutte pour défendre les idées, le programme et la théorie du marxisme au sein du PCF. Elle ne se laissera pas détourner de cet objectif. Les militants de La Riposte appellent tous les communistes à rester fidèles au PCF, et tous ceux qui – déçus par ses dérives – l’ont quitté dans le passé, à y revenir. Il faut renforcer le parti en nombre et en idées. Il faut l’aider à tourner le dos au réformisme et à renouer avec les idées du marxisme.

Greg Oxley (PCF, Paris 10)

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